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La visite de la paroisse à La Romagne

La paroisse de La Romagne (Ardennes) relève du doyenné de Rethel et de l’archevêché de Reims. Ses curés reçoivent les visites de monseigneur Le Tellier ou des doyens…


La Romagne est un village du doyenné de Rethel (Ardennes) qui faisait autrefois partie de celui de Justine[1]. Le nom de doyen est donné aux prêtres qui sont associés à la tâche pastorale de l’évêque ou de l’archevêque, en exerçant une certaine vigilance sur la circonscription qui leur est confiée, en particulier celle de Rethel (Ardennes) puis de Chaumont-Porcien (Ardennes) après la Révolution.


[1] Justine-Herbigny (Ardennes).


Musée de Picardie (Amiens), numéro d’inventaire M.P.1875.61, anonyme, Plaque de reliure de saint Remi, Reims, vers 880, ivoire d’éléphant, incrustation de bronze doré, legs du docteur Rigollot, président de la Société des antiquaires de Picardie, 1849, notice descriptive consultable en ligne sur le site officiel d'Amiens.
Musée de Picardie (Amiens), numéro d’inventaire M.P.1875.61, anonyme, Plaque de reliure de saint Remi, Reims, vers 880, ivoire d’éléphant, incrustation de bronze doré, legs du docteur Rigollot, président de la Société des antiquaires de Picardie, 1849, notice descriptive consultable en ligne sur le site officiel d’Amiens.

Alors que l’institution des doyens remonte au VIe siècle, Hincmar[1], archevêque de Reims, leur fait obligation de visiter, au moins tous les six mois ou un an, toutes les écoles des villages, et d’en dresser un rapport. Cet usage se trouve confirmé par le concile de Reims[2] en 1583, et les doyens se voient enjoindre de visiter les paroisses de leur ressort, afin de rendre compte de leurs calendes[3] et de leurs déplacements au synode diocésain de l’évêque[4].


[1] Né vers 806 et mort le 21 décembre 882 à Epernay.

[2] Le concile de Reims est tenu par monseigneur le cardinal Louis de Guise, archevêque de Reims, et approuvé par le pape Grégoire XIII.

[3] Assemblées de curés de campagne, convoquées par l’ordre de l’évêque.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) – 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s. n.], 1867-1961, quarante-sixième année, n° 26 du samedi 28 juin 1913, page 311, vue 320/862, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Kimbell Art Museum (Fort Worth, Texas, Etats-Unis), numéro d’inventaire AP 2011.01, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de l’ordination, vers 1636-1640, huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.
Kimbell Art Museum (Fort Worth, Texas, Etats-Unis), numéro d’inventaire AP 2011.01, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de l’ordination, vers 1636-1640, huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.

Il est aussi d’usage au XVIIe siècle dans le diocèse de Reims de donner les calendes le mardi d’avant la Pentecôte. Ces rencontres se passent à tour de rôle chez un curé du doyenné, dont la paroisse se trouve assez au centre pour que chaque prêtre participant puisse rentrer le soir dans sa propre paroisse.

Les dates sont un peu plus mouvantes au XVIIIe siècle, lorsque monseigneur de Rohan ordonne que les prêtres réguliers et séculiers tiennent à l’avenir leurs calendes séparément les uns des autres. Pour les premiers, elles ont lieu le vendredi qui fait suite au quatrième dimanche d’après Pâques, pour les autres le mardi qui précède la Pentecôte.


Musée des Beaux-Arts (Chambéry), numéro d’inventaire M.137 [anciennement 210], anonyme florentin, Portrait présumé d'Ippolito Galantini, prêtre, 17e siècle, huile sur toile, don du baron Hector Garriod, 1969, notice descriptive consultable en ligne sur Agorha, plateforme de données de la recherche de l'Institut national d'histoire de l'art.
Musée des Beaux-Arts (Chambéry), numéro d’inventaire M.137 [anciennement 210], anonyme florentin, Portrait présumé d’Ippolito Galantini, prêtre, 17e siècle, huile sur toile, don du baron Hector Garriod, 1969, notice descriptive consultable en ligne sur Agorha, plateforme de données de la recherche de l’Institut national d’histoire de l’art.

Au cours de ces réunions, le prêtre reçoit, à l’issue de la messe matinale célébrée en présence de tous, les saintes huiles[1]. Ces moments de partage liturgique permettent aux religieux de se retrouver, d’échanger, et même de prendre ensemble un repas. L’après-déjeuner est consacré à l’instruction de chacun : les curés peuvent faire part à l’assemblée des affaires arrivées pendant l’année dans leurs paroisses, et discuter de la conduite à tenir en pareil cas.


[1] L’Eglise catholique distingue l’huile des malades et celle des catéchumènes (qui sont bénies) du chrême (qui est consacré).


Dès les XVe et XVIe siècles, des états des doyennés destinés aux synodes diocésains sont régulièrement remplis par les doyens. Ils concernent essentiellement les problèmes matériels liés à l’entretien de l’église ou à la question de la résidence des curés.


Hodler, Ferdinand (1853–1918), Prêtre lisant, huile sur toile, collection privée.
Hodler, Ferdinand (1853–1918), Prêtre lisant, huile sur toile, collection privée.

Outre les calendes, le doyen invite les curés et les vicaires à se rendre chaque mois (sauf en hiver, où les chemins sont trop mauvais et les jours trop courts) à des conférences ecclésiastiques durant lesquelles on traite de l’Ecriture sainte, des sacrements, de la vocation. Ces réunions ne sont pas ouvertes au laïcat.


Monseigneur Le Tellier confie à ses doyens la tâche d’inspecter régulièrement les circonscriptions qui leur sont dévolues. Il fixe de manière très précise les points sur lesquels doit se porter leur attention (consécration du lieu et, si possible, la date de celle-ci, revenu de la cure, dîme, état matériel intérieur et extérieur de l’église, etc.).

Lui-même s’engage fortement : sur les cent vingt-cinq visites pour lesquelles on a retrouvé un compte rendu, il en a effectué quarante-sept personnellement[1] au cours de deux séjours (du 12 au 15 Juin 1676, et du 19 avril au 7 mai 1678).


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LK3-2156 (1,3), Centre national de la recherche scientifique (Paris). Recherche coopérative sur programme n° 206, Répertoire des visites pastorales de la France. 1. 3, anciens diocèses jusqu’en 1710. Mâcon-Riez, Paris : Éditions du CNRS, 1983, 566 p. ; 25 cm + cadre de classement : VIII p.


Durant ces deux périodes, il pourvoit aux besoins les plus urgents en faisant don de calices, ciboires, aubes et autres ornements. D’autre part, il souhaite améliorer « les qualités intellectuelles et morales du clergé paroissial[1] ». Ses visites régulières donnent une photographie de l’état spirituel des prêtres et de leurs ouailles.


[1] Julia, Dominique ; McKee, Menis, « Clergé paroissial dans le diocèse de Reims sous l’épiscopat de Charles-Maurice Le Tellier. Origine et carrières » in Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome XXIX, octobre-décembre 1982, pages 529-583 [article consultable en ligne sur Persée].


Avec une très grande franchise, il dresse des états où il note ses remarques sur les paroissiens, mais surtout sur les curés : il remarque aussi bien les défauts et les manques des pasteurs que leurs qualités. Rien ne lui échappe. Il note ainsi l’insuffisance de l’un qui doit « cesser ses fonctions », la colère d’un deuxième dont les emportements sont devenus « folies insupportables », l’aspect physique d’un troisième : il insiste sur sa  « très méchante mine » et « sa  physionomie peu avenante ».

Il critique la distraction d’un dernier, dont il fustige l’esprit « se mêlant de faire des vers ». Il lui reproche également d’être « bien évaporé ». Il sait en revanche reconnaître les améliorations dans les attitudes personnelles ou à l’égard de la paroisse. Un curé par exemple « s’est corrigé du vin et est un peu plus appliqué ».


Quant aux jugements positifs, il n’en est pas avare : Nicolas Antoine est « fort zélé, appliqué à son devoir et a remis ce peuple à son devoir ». Jean Valentin, lui, est « de bonnes mœurs et fort appliqué à sa profession ». Louis Protte est « un très bon sujet », tout comme Nicolas Jouvant, dont il est « content », ou Lambinet qui est un « très bon religieux[1] ».


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 137 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 129-147 = documentation historique, monographies, notes d’érudits, cote 7J 137 = fonds Bouchez : histoire du clergé du diocèse de Reims. – Liste des prêtres des paroisses du diocèse de Reims avec appréciation des visiteurs épiscopaux, ordre alphabétique des prêtres à l’intérieur de l’ordre alphabétique des paroisses, 6 cahiers (1663-1780)].


National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 D, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de la pénitence, 1647, huile sur toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.
National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 D, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de la pénitence, 1647, huile sur toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.

Comme le clergé paroissial ne donne parfois pas une constante satisfaction, certains sont obligés par son ordre de rentrer dans leur couvent auprès de leurs supérieurs. Ils font alors une retraite[1] qui peut durer de quelques mois à quelques années, à moins qu’elle ne soit définitive[2].


[1] Julia, Dominique ; McKee, Menis, « Clergé paroissial dans le diocèse de Reims sous l’épiscopat de Charles-Maurice Le Tellier » in Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome XXIX, octobre-décembre 1982, pages 529-583 [article consultable en ligne sur Persée]. Voir en particulier page 572 : « Le problème de la mise à la retraite, souvent difficile à régler, impliquait l’abandon d’un bénéfice et partant d’un revenu assuré. Dans la mesure du possible, Charles-Maurice Le Tellier dotait des curés méritants d’une pension viagère de 100 livres qui permettait à ceux-ci de vivre décemment dans l’attente des fins dernières ».

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 136 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 129-147 = documentation historique, monographies, notes d’érudits, cote 7J 136 = fonds Bouchez, histoire du clergé du diocèse de Reims. – Deux feuilles d’explication sur le fonds Bouchez. –Résumé historique, par l’abbé Bouchez, du clergé paroissial du diocèse de Reims de 1663 à la Révolution. – Notices historiques sur le cardinal Barberini ; monseigneur Charles-Maurice Le Tellier ; les visites d’églises au XVIIe siècle ; l’établissement du grand séminaire de Reims ; les présentations aux cures ; monseigneur de Mailly et les jansénistes ; l’épiscopat de monseigneur de Rohan de 1722 à 1762 ; le mouvement des ordinations dans le diocèse de Reims ; l’état moral des paroisses sous la Révolution. – Les curés et vicaires de l’ancien diocèse de Reims d’après leur ordre de succession dans les paroisses de 1663 à 1791 (2 volumes)].


Cela a été le cas pour au moins quatre d’entre eux : René Debar, Robert Davaux de Rocquigny (Ardennes), Nicolas Dehaulme et Le Heutre, sans que l’on ait toujours le motif du rappel, ni son degré de gravité : le retrait de ce dernier est assez confus, puisque l’on ne sait pas s’il a eu lieu « sur le simple ordre de monseigneur ou de sa part[1] ».

Cependant, pour monseigneur Le Tellier, un curé peut être renvoyé dans son couvent s’il fait preuve d’une ignorance habituelle de ses devoirs, mais aussi pour des excès de colère, d’intempérance, des relations et des fréquentations suspectes, de mauvaises mœurs[2].


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, Français 20707, folio 8, doyenné de Rethel [sous-unité de description Français 20707-20770 = collection de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1710), XVIIe-XVIIIe siècle, parchemin et papier, 64 volumes, in-folio, sauf le tome XVIII in-4°, demi-reliure, manuscrit en français, cote Français 20707 = I Clergé, ordinations, séminaire (1682-1709), 235 feuillets. – Présentation du contenu : on y trouve un bref original d’Innocent XI en faveur de l’église paroissiale de Saint-André hors les murs de Reims, 1686, parchemin (fol. 6). — une lettre originale du géographe Chevallier, 1706 (fol. 29). — des pièces concernant le chapitre de Saint-Symphorien de Reims (fol. 32). — une liste des paroisses de l’élection de Rethel, avec les noms des seigneurs (fol. 46). — les serments originaux des sous-diacres ordonnés à Reims, 1682-1703, avec des notes sur leur origine et leurs fonctions].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 137/138 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 129-147 = documentation historique, monographies, notes d’érudits, cote 7J 137 = fonds Bouchez : histoire du clergé du diocèse de Reims. – Liste des prêtres des paroisses du diocèse de Reims avec appréciation des visiteurs épiscopaux, ordre alphabétique des prêtres à l’intérieur de l’ordre alphabétique des paroisses, 6 cahiers (1663-1780) ; cote 7J 138 = fonds Bouchez, histoire du clergé du diocèse de Reims. – Liste alphabétique des prêtres du diocèse de Reims dans l’ordre alphabétique des doyennés et des paroisses, avec appréciation des visiteurs épiscopaux, 3 registres (1663-1780)].


Le doyenné de Rethel (Ardennes) a reçu en 1678 sa visite en personne. Rien ne prouve que les visites archiépiscopales[1]  n’aient pas encore été plus nombreuses. Du reste, cette organisation de la visite du diocèse perdurera bien après la Révolution : monseigneur Langénieux, archevêque de Reims entre 1874 et 1905, visitera systématiquement son diocèse dans son intégralité à raison d’un quart par an[2].


[1] Qui appartiennent à l’archevêque.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 19 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 13-28 = contrôle épiscopal, cote 7J 19 = visites pastorales. – Pouillé rédigé par monseigneur Péchenard lors des visites pastorales de monseigneur Langénieux (1877-1897)].


National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 F, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de l’eucharistie, 1647, huile sur  toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.
National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 F, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de l’eucharistie, 1647, huile sur  toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.

Pour en revenir à la période d’Ancien Régime, monseigneur de Mailly, qui succède à monseigneur Le Tellier, maintient les visites et les enquêtes régulières. Elles le sont d’autant plus qu’il s’est fait un ardent défenseur de la lutte contre le jansénisme[1], très répandu chez les curés champenois.

Il met en demeure les prêtres de se soumettre à la bulle publiée par Clément XI dite constitution apostolique Unigenitus. Il leur enjoint d’en souscrire l’acceptation, sous peine d’être interdits de leurs fonctions, et d’être excommuniés du seul fait de leur refus[2].


[1] Doctrine condamnée comme hérétique une première fois par le pape Alexandre VII le 16 octobre 1656 puis par le pape Innocent XII.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 137/138 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 129-147 = documentation historique, monographies, notes d’érudits, cote 7J 137 = fonds Bouchez : histoire du clergé du diocèse de Reims. – Liste des prêtres des paroisses du diocèse de Reims avec appréciation des visiteurs épiscopaux, ordre alphabétique des prêtres à l’intérieur de l’ordre alphabétique des paroisses, 6 cahiers (1663-1780) ; cote 7J 138 = fonds Bouchez, histoire du clergé du diocèse de Reims. – Liste alphabétique des prêtres du diocèse de Reims dans l’ordre alphabétique des doyennés et des paroisses, avec appréciation des visiteurs épiscopaux, 3 registres (1663-1780)].


En revanche, ses successeurs agissent de manière différente. Armand-Jules de Rohan (1722-1762) n’a pratiquement jamais visité lui-même son diocèse. Le soin en est laissé aux doyens et aux vicaires généraux : l’un d’entre eux inspecte les vingt-six paroisses du doyenné de Rethel (Ardennes) du 6 au 24 septembre 1745. Du reste, tout comme Charles-Antoine de la Roche-Aymon, il a rarement résidé dans son diocèse.

Pour le second, cela s’explique par ses fonctions de grand aumônier du roi qui le retiennent à la cour. Son coadjuteur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, nommé dès 1766, introduit de la modernité en mettant en place l’emploi généralisé de l’imprimerie : les enquêtes sont désormais des questionnaires adressés aux curés de chaque village.


Le déroulé d’une visite, en 1710, suit le schéma suivant, répondant aux instructions détaillées données par monseigneur Le Tellier : elle commence par des notes nominatives sur l’église et les personnes qui le gèrent (prêtre, présentateur, décimateur).

Puis l’inspecteur passe en revue le revenu de la cure. Il observe l’état de l’église, la présence d’ornements, ce qui doit être corrigé, le presbytère[1] et le nombre de communiants. Ensuite, les assistants ont le droit et le devoir de faire entendre leurs observations relatives à l’exercice du culte dans les paroisses.


[1] Ce dernier doit être à proximité de l’église, afin que le curé soit au plus près de ses paroissiens. Il est ainsi plus à même de répondre à leurs demandes.


En 1745, une plus grande solennité semble donnée, afin de frapper l’esprit des paroissiens. Cela peut s’expliquer comme un moyen de lutter contre le jansénisme. Le combat contre cette hérésie s’est accentué violemment après 1710 et a duré presque un demi-siècle.


Tout d’abord, la visite est annoncée par une lettre d’avis, suivie d’une communication à la messe du dimanche précédant celle-ci. Le jour dit, le vicaire est accueilli à la porte de l’église par le curé qui lui présente l’eau bénite, puis il est conduit au grand autel.


Vidéo O salutaris Hostia, hymne latine chrétienne extraite des laudes Verbum supernum prodiens par saint Thomas d’Aquin, version consultable en ligne sur Youtube pour Cantuale, chaîne complémentaire du Graduale Project, qui vise à enregistrer tout le Graduale romanum, livre de chant officiel de l’Église (édition de 1974).

Il visite successivement le tabernacle, examine le ciboire tandis que l’on chante l’antienne Ô salutaris Hostia et qu’on lui dit la collecte[1].


[1] Liste où figurent ceux qui paient les dîmes.


National Gallery of Art (Washington, Etats-Unis), numéro d’inventaire 1946.7.14, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Baptême du Christ, huile sur toile, collection Samuel Henry Kress (1863-1955), notice descriptive consultable en ligne.
National Gallery of Art (Washington, Etats-Unis), numéro d’inventaire 1946.7.14, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Baptême du Christ, huile sur toile, collection Samuel Henry Kress (1863-1955), notice descriptive consultable en ligne.

Ensuite, il donne la bénédiction avant de se livrer à un examen des objets sacrés (calice, soleil, vaisseaux) des fonts baptismaux, de la sacristie, des livres. Il se rend dans le cimetière, regarde l’état global de l’église tant intérieur qu’extérieur.

Puis il s’enquiert du patronage, du nombre des communiants, de l’état économique du curé, prend connaissance des comptes de la fabrique. Le maître d’école et la sage-femme lui sont parfois présentés.


National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 B, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de la confirmation, 1645, huile sur toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.
National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 B, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de la confirmation, 1645, huile sur toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.

En dernier lieu, un procès-verbal de la visite est dressé, lu en présence des habitants assemblés, et signé par le curé et les personnes les plus importantes du village. Pour accomplir cette charge, le vicaire général Zénard Viegen met quelques heures.

Il délègue une partie de sa tâche à l’un de ses assistants : les inspections de La Romagne et de Montmeillant (Ardennes) ont eu lieu le même jour, soit le 23 septembre 1745. Seul le compte-rendu de la première comporte sa signature.


Lorsqu’un doyen est délégué pour cette mission, il prélève sur les fabriques des paroisses une somme d’argent qui lui permet de s’indemniser des dépenses extraordinaires occasionnées par ce déplacement.

Quoique faible, ce droit est désagréable à percevoir pour un grand nombre de fabriques, qui sont souvent très pauvres. En 1786, dans une étude sur les réformes à apporter dans le diocèse de Reims, il est proposé de remplacer ce droit par un revenu annuel[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 131 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 129-147 = documentation historique, monographies, notes d’érudits, cote 7J 131 = histoire du diocèse de Reims. – Registre notifiant les prises de possession des cures, prieurés, les attributions de prébendes, les fondations de chapelles, les grades (1674-1676). – Personnel de l’archevêché (1782). – Administration diocésaine, revenus écclesiastiques, établissement des prêtres assermentés, projets d’améliorations des portions congrues (1794-1796). – Donation à l’abbaye Saint-Nicaise de Reims (1770). – Abbaye Saint-Remi : extraits du registre des délibérations du directoire du district de Reims ; liste des religieux de Saint-Remi (1791-1792). – Abbaye de Saint-Thierry : pétition des religieux auprès des membres du district de Reims qui ont touché à leur place la redevance du curé de Saint-Thierry (1791). – Déclaration des religieux de Châtillon, près de Verdun, lors de l’inventaire des biens par la municipalité (1790). – Liste imprimée des prêtres du diocèse déportés en vertu de la loi du 26 août 1792 (1793). – Documents sur Pouillon, annexe de Saint-Thierry : érection d’une chapelle (1641) ; différends et sentences (1738-1771) ; revenus de la fabrique et baux (1788) ; revenus dus au curé et protestations des habitants de Thil (1791) ; notes sur Thil, Pouillon et Saint-Thierry (1802-1827). – Délibérations du conseil de fabrique de la Neuville-en-Tourne-à-Fuy (1891-1901).


Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2020-175859, Cornu, Marie ; Négri, Vincent ; Sprungard, Suzanne, Code du patrimoine : annoté & commenté, 4e éd., 2020-2021, Paris : Dalloz, 2020, 1 volume, XXX-664 pages (Petits codes Dalloz).
Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2020-175859, Cornu, Marie ; Négri, Vincent ; Sprungard, Suzanne, Code du patrimoine : annoté & commenté, 4e éd., 2020-2021, Paris : Dalloz, 2020, 1 volume, XXX-664 pages (Petits codes Dalloz).

Pour les périodes plus récentes, il est difficile de recenser les visites ecclésiastiques de l’église de La Romagne, dans l’état actuel de la recherche. Il est à noter en effet que les archives ecclésiastiques sont privées, selon le Code du patrimoine[1].

D’après les règles internes de l’Eglise catholique, ce sont des biens cultuels inaliénables et imprescriptibles. Les documents intéressant les paroisses relèvent de l’archiviste diocésain, qui est sous la responsabilité de l’évêque. L’accès aux sources historiques est soumis à autorisation…


[1] Article L 211-5.