Quatre-vingts ans environ se sont écoulés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quelques mois après la victoire, Alcide Cugnart, maire de La Romagne, écrit un discours pour le 14 Juillet[1] 1945.
Il y évoque l’histoire de la fête nationale et de sa capacité à unir le peuple français. C’est avec joie que la population romanaise retrouve la commémoration de cette journée républicaine.
Ce document d’époque a été transmis par Virginie Périn, son arrière-petite-fille, et est publié avec son aimable autorisation. Son édition diplomatique respecte les règles typographiques employées par l’auteur.
[1] « Les noms de fêtes s’écrivent avec une capitale initiale au nom caractéristique et à l’adjectif qui éventuellement le précède ». De même, « Lorsqu’une date est mentionnée pour évoquer un événement historique et que l’année n’est pas indiquée, le nom du mois prend une capitale initiale. ». En revanche, « Il s’écrira normalement si cette même date n’indique que le jour où s’est produit l’événement sans représenter son contenu historique », selon le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale.
Depuis les jours sombres de 1940, lorsqu’arrivait la date du 14 juillet, nos cœurs se serraient encore plus car, loin de pouvoir nous réjouir, nous avions la vue de l’ennemi détesté, maître de toute notre chère France, qui nous enlevait toutes nos libertés et voulait faire de nous un peuple d’esclaves.
Chassons de notre mémoire ces heures et ces pensées douloureuses et ne songeons qu’à la solennité qui doit émouvoir tous les cœurs républicains. Sa date, glorieuse entre toutes, nous rappelle un des événements les plus décisifs de notre Histoire.
Aujourd’hui, il n’y a plus de sujets ni de despotes, il n’y a que des citoyens instruits de leurs droits et de leurs devoirs, libres, et qui célèbrent avec gratitude l’anniversaire de leur émancipation.
Ce qu’était la Bastille[1] que le peuple renversa en 1789, je ne vous l’apprendrai pas. Forteresse, prison, tombeau où pourrissaient ensemble coupables et innocents, selon le caprice des grands, elle se dressait comme le symbole, le signe visible du despotisme[2] royal.
[1] La Bastille Saint-Antoine est une forteresse érigée au XIVe siècle sous Charles V. Elle protégeait la route de Vincennes à Paris. Elle devient ensuite une prison d’état. En 1789, il n’y avait plus que sept prisonniers. Elle est détruite au lendemain du mardi 14 juillet 1789 par Pierre-François Palloy (1755-1835) un entrepreneur de travaux publics et architecte.
Son existence et sa fonction étaient la conséquence du régime du bon plaisir et des lettres de cachet[1]. Son nom seul épouvantait les plus braves. Sa masse puissante et sombre, son profil dur, ses murailles hautes et muettes cadraient bien avec ce pouvoir absolu dont elle était la signification et comme le rempart.
Eh bien, en 1789, dans un élan de généreuse colère contre l’injustice et l’oppression des rois, le peuple de Paris s’empara par la force de cette forteresse qui était impénétrable et qu’on regardait comme imprenable. Et il rendit à la liberté les victimes d’une autocratie[1] qu’il était enfin las de subir.
Brusquement, dans le flamboiement des châteaux, les privilégiés[1] virent apparaître ce prolétariat[2] auquel ils n’avaient point pensé. Une révolution sociale était faite. Le principe était proclamé de l’égalité de tous les Français et de la suppression de tous les privilèges.
[1] Les privilèges honorifiques, fiscaux ou judiciaires.
Ce principe s’inscrivait bientôt dans la déclaration des Droits de l’homme[1]. Et notre devise nationale resplendissait de 3 grands noms : Liberté ! Egalité ! Fraternité ! Fraternité !
Que notre vie se passe dans la Fraternité, dans cette belle, vivante, agissante Fraternité qui, après avoir uni la rude main calleuse de l’ouvrier et la main toute blanche de l’écrivain ou du fonctionnaire, met en contact les cœurs et les âmes.
[1] Cette déclaration est inspirée des principes des Lumières. Elle définit les droits naturels de l’homme, les droits politiques du citoyen, et reconnaît le principe de la séparation des pouvoirs.
Pourquoi restons-nous fidèles à cette pieuse cérémonie ? c’est que chacun de nous obéit à l’impulsion du plus noble des sentiments qui peuvent soulever l’âme humaine : le souvenir.
Un peuple ne doit pas en effet oublier ceux qui sont morts pour lui donner cette liberté qui lui a ouvert les voies du bonheur et du progrès.
Cette année, nous prendrons part à notre Fête nationale avec l’enthousiasme, la joie de notre liberté totale. Et nous communierons ensemble dans cette réconfortante pensée que la Fête de la Nation[1] est la fête de famille de l’ensemble des Français. »
[1] La fête de la Fédération est célébrée le mercredi 14 juillet 1790 pour commémorer le premier anniversaire de la prise de la Bastille. Le mardi 6 juillet 1880, le 14 Juillet devient fête nationale française. C’est un jour férié avec un défilé militaire et des festivités tels des feux d’artifice et des bals populaires.
Afin de remplacer les fêtes religieuses qui ont eu cours jusqu’à la Révolution, l’idée de créer des fêtes civiques est inscrite dans la Constitution présentée au roi par l’Assemblée nationale en septembre 1791[1].
Elles ont pour but d’attacher tous les citoyens à la Constitution, de maintenir entre eux la fraternité, et de garder le souvenir de la Révolution, mais aussi de rappeler l’homme à la pensée de la divinité. Aux fêtes des 14 Juillet et 10 Août, s’ajoute donc une fête de l’Être suprême[2] le 20 prairial an II (8 juin 1794).
[1] Adoptée le 3 septembre, elle est promulguée le 14 septembre 1791 à la suite de la prestation du serment royal.
[2] A l’initiative de Robespierre l’assemblée révolutionnaire introduit le 19 floréal an II (8 mai 1794) le culte de l’Être suprême. La fête de la nouvelle divinité, sans nom et sans visage, coïncide avec le dimanche de la Pentecôte ou 8 juin 1794 (20 prairial an II).
Le nouveau calendrier est adopté le 14 vendémiaire an II (5 octobre 1793). Il divise l’année en douze mois de trente jours, et le mois en trois parties ou décades. Le dixième jour, ou « décadi », est consacré au repos et aux fêtes, tandis que les écoles vaquent.
Ce jour-là, les membres de l’administration municipale, de la justice de paix, et les fonctionnaires publics du canton doivent se réunir et se rendre, précédés de représentants de la garde nationale de chaque commune, au temple décadaire.
Là, le président de l’administration du canton[1] fait lecture à l’assemblée des citoyens du bulletin décadaire, de circulaires ou d’adresses[2] diverses, avant que des hymnes patriotiques ne soient chantés.
[1] A cette époque, La Romagne dépend du canton de Rocquigny (Ardennes).
[2] Écrits ou discours présentés à une autorité par une assemblée.
Lors de l’organisation de l’instruction publique par un décret du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), il est décidé que, annuellement, on instituerait dans chaque canton sept fêtes : celles de la Fondation de La République, de la Jeunesse (le 10 germinal ou 30 mars), des Epoux (le 10 prairial ou 30 mai), de la Reconnaissance, de l’Agriculture, de la Liberté et des Vieillards (le 10 fructidor ou 27 août).
Puis le conseil des Cinq-Cents ajoute une fête de la Souveraineté du peuple par un décret du 11 pluviôse an VI (30 janvier 1798). A Rocquigny (Ardennes), se déroulera le 10 germinal an IV (30 mars 1796) une fête de la Jeunesse pour tout le canton, grâce à la volonté de certains représentants locaux du peuple. Toutes les fêtes décrétées ne sont cependant pas célébrées.
La fête du 10 Thermidor an VII (28 juillet 1799), qui se déroule également à Rocquigny (Ardennes), a pour but de rassembler toutes les fêtes républicaines. Elle a soigneusement été organisée, afin de revêtir une grande solennité.
Aux membres habituels s’ajoutent un tambour, un peloton de la garde nationale sédentaire et son drapeau, une musique qui exécute en particulier « Allons enfants de la patrie[1] » ou Veillons au salut de l’empire[2], avant d’en interpréter d’autres, parmi lesquels celui composé par un professeur de l’Ecole centrale (le citoyen Haguette).
L’ensemble du cortège officiel et tous les citoyens présents se rendent ensuite auprès de l’arbre de la liberté, où s’ouvre un bal public qui dure jusqu’à la nuit, et où ont lieu divers jeux.
[1] Premier couplet du Chant de guerre pour l’armée du Rhin, passé à la postérité sous le titre de la Marseillaise, après avoir été chanté par les fédérés de Marseille lors de l’insurrection des Tuileries le 10 août 1792.
[2] Ce chant révolutionnaire de 1791, sur des paroles d’Adrien-Simon Boy (1764-1795), chirurgien en chef de l’armée du Rhin et jacobin de Strasbourg, reprend l’air de Vous qui d’amoureuse aventure, courez et plaisirs et dangers, tirée de l’opéra-comique Renaud d’Ast par Nicolas Dalayrac (1753-1809). Il est à noter que le mot « empire », qui rime avec « conspire », est employé ici dans le sens d’une « autorité politique souveraine » telle que la définit le Dictionnaire de l’Académie française.
Pour fêter les changements intervenus avec la Révolution, une plantation d’arbres de la liberté est décidée dans les villes et villages de France.
En 1889, La Romagne, comme toutes les communes de France, veut donner un éclat particulier au centenaire de l’ouverture des Etats généraux[1], qui se traduit par un vin d’honneur offert aux pompiers, des salves d’artillerie, et un bal pour la population. La tradition est mise en place, et va se perpétuer désormais chaque année.
Bicentenaire de la Révolution, 1989, défilé de La Romagne (Ardennes) à Draize (Ardennes), enfant à la grosse caisse. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Bicentenaire de la Révolution, 1989, défilé de La Romagne (Ardennes) à Draize (Ardennes), enfant à la grosse caisse & madame Geneviève Fleury en arrière-plan. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Quant au premier arbre de la liberté, il trouve un successeur dans un tilleul, dont l’achat est acté lors de la séance du conseil municipal du 16 février 1989 pour commémorer le bicentenaire de la Révolution française (1789-1799).
Une ancienne tradition est respectée chaque année, et ce jusque tard dans le XXe siècle : il s’agit du charivari ou chambardement. Gare aux imprévoyants qui oublient de rentrer les instruments agricoles et autres objets, ou qui attachent mal leurs volets car, le matin du 1er Mai, ils risquent de les retrouver sens dessus dessous dans des endroits incongrus !
Charivari ou chambardement du Premier Mai. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
La fête patronale, dont se réjouissent les habitants, et pour laquelle la musique est traditionnellement choisie et payée par les jeunes gens, réapparait dès les années vingt (après quatre ans de privations, de tristesse et de peur). C’est un moment privilégié et attendu pour rencontrer la parentèle et les amis.
La date de cette fête varie selon les époques ; elle a lieu le dernier dimanche de septembre jusqu’en 1938 inclus. Puis, de 1939 à 1957 (exceptées les années de guerre), elle se déroule l’avant-dernier dimanche du mois d’août : cette date, moins tardive en saison, permet d’avoir un temps en général meilleur et des journées encore assez longues.
Elle ne se révèle pas aussi favorable que l’avait pensé la municipalité. D’autres fêtes se déroulent en même temps à la Neuville-lès-Wasigny (Ardennes), ou à Rozoy-sur-Serre (Aisne), et une partie de la jeunesse des environs boude celle de La Romagne. C’est pour cette raison qu’à partir de 1958, la fête locale se déroule désormais le dimanche précédant le 15 août. Dans les années 1950/1960, elle a lieu les dimanche et lundi.
Programme de la fête patronale de La Romagne (Ardennes) les dimanche 19 et lundi 20 août 1945. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Quelques jours auparavant, l’arrivée d’un forain qui installe balançoires, manège et boutiques de confiseries, stands de tir à la carabine à plomb, de chamboule-tout, etc., séduit la population.
Stands forains et enfants dansant pour leur premier bal. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Fête foraine & manège, photographie en couleurs. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
C’est aussi un moment très intense pour le boulanger, qui pétrit et cuit une quantité plus importante de pains qu’à l’ordinaire, ainsi que des brioches et des gâteaux mollets, recette emblématique des Ardennes.
Ce fameux dimanche, les Romanais et leurs invités se rendent, pour la plupart, à la messe célébrée par le curé de la paroisse. A la sortie, après une visite au cimetière sur les tombes des ancêtres (où l’on dépose quelques fleurs), quelques-uns vont prendre l’apéritif au café, avant de regagner leur maison, où les attend un copieux et long repas, souvent confectionné à partir de produits tirés de l’élevage domestique, du jardin et du verger.
Pour accompagner le café servi à l’issue de ce moment, une part de gâteau mollet est proposée, ainsi qu’un petit verre d’eau-de-vie de fruits ou de la crème de cassis.
Fête à La Romagne (Ardennes) le dimanche 9 août 1950, photographie en noir et blanc, tirage sépia (collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Musiciens à La Romagne (Ardennes). Photographies anciennes en couleurs d’après des diapositives, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Tout le monde ensuite se prépare pour le bal apéritif. L’orchestre, composé de quelques musiciens (dont un accordéoniste), parfois juché sur une charrette à foin, joue des airs entraînants ou plus langoureux, dont la Mattchiche[1] ou la Valse brune[2]. Le soir, c’est le grand bal, qui dure tard dans la nuit.
[1] Paroles de Léo Lelièvre (1872-1956) et Paul Briollet (1864-1937), arrangement de Charles Borel-Clerc (1879-1959). L’interprétation de Félix Mayol (1872-1941) l’a rendue célèbre.
[2] Paroles de Georges Villard (1879-1927) et musique de Georges Krier (1872-1946).
Bal populaire et camion de la société Malherbe et Fils. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Vidéo Mattchiche, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Guy Béart.
Vidéo André Grassi et son orchestre – Valse brune, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – chanson française.
Le lendemain, au cours de la messe du matin, le curé n’omet pas de rappeler le souvenirs des morts, et invite la communauté à prier pour eux.
Joueurs de boules en bois portant des bachis publicitaires en papier crêpon de marque Atlantic (chaudières, pompes à chaleur, chauffe-eau) ; mesure des distances. Photographies anciennes en couleurs d’après des diapositives, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
L’après-midi, on joue aux boules en bois[1]. Parfois, les équipes s’accordent une petite pause, le temps d’écouter l’aubade donnée devant un petit groupe de maisons. Le dimanche suivant, c’est le « réchaud ». Cette reprise des festivités se termine sur un dernier bal.
[1] Ce sport de rue se pratique encore aujourd’hui dans des boulodromes grâce à des associations ou des fédérations de boulistes ardennais. Il a ses concours et ses championnats.
Joueurs de boules de la famille Malherbe en juilllet 1931, photographie ancienne en noir et blanc, tirage sépia (collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Ces jeux de boules sont l’une des grandes distractions des dimanches, si bien que dans l’entre-deux-guerres, des concours sont organisés entre les différents villages des environs, tantôt à Montmeillant (Ardennes), tantôt à Rocquigny (Ardennes), ou à La Romagne. Ils connaissent un vif succès, à partir des années trente, par le nombre de participants. Ces derniers n’hésitent pas à venir de Rethel (Ardennes), Mainbressy (Ardennes), Chaumont-Porcien (Ardennes) ou Fraillicourt (Ardennes).
La Romagne réussit à rassembler 120 participants (le village finit à la huitième place), puis Montmeillant (Ardennes) reçoit à son tour 56 participants répartis en quatorze quadrettes (La Romagne remporte ce jour-là les premier et troisième prix) et, en 1933, le concours se déroule lors de la Saint-Christophe à Rocquigny (Ardennes). C’est un troisième prix pour le village. A chaque fois, les équipes de la Romagne se classent honorablement.
Joueur de boules en bois prenant son élan. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Le village renoue avec cette tradition, en 1975, lors de la fête patronale. Puis ce sera le rôle de l’association la Rom’Animation, créée en 2000, qui fait suite au comité de la jeunesse de La Romagne[1].
Elle organise en 2001 un concours destinés aux seuls habitants du village. S’y retrouvent vingt-six équipes. En outre, elle s’est occupée également avec un grand dynamisme de l’organisation de la fête de Pâques, du 14 Juillet, de concours de belote, etc.
[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 101, « La Romagne. — fête patronale » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-neuvième année, n° 15096, vendredi 4 octobre 1929, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].
Image populaire et légende de saint Hubert, patron des chasseurs et des forestiers (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †).
En dehors de la fête patronale, il y a quelques autres occasions de se réjouir comme la Saint-Hubert, déjà célébrée avant 1914, et durant laquelle un bal est donné le soir.
Cette fête, tombée en désuétude après les années 70, finit par être supprimée. Or, certains habitants la regrettent, au point que le conseil municipal, avec l’assentiment du maire, décide de la reconduire. Elle a lieu actuellement tous les deux ans.
Lors de la Saint-Eloi, les patrons cultivateurs et le maréchal-ferrant invitaient leurs ouvriers à un banquet, après la célébration d’une messe. Elle n’a plus cours, en raison probablement de la transformation des exploitations, et de la cessation d’activité de la forge.
Les pompiers de La Romagne, eux, se réjouissaient à la Sainte-Barbe. Là encore, les changements d’organisation et le regroupement des moyens ont modifié les traditions.
L’après-guerre est l’occasion d’animer la vie villageoise en apportant de nouveaux centres d’intérêt. La Société des bons loisirs[1], dont l’abbé Godart est le directeur, a pour but l’organisation de séances récréatives et d’excursions.
Elle met également une bibliothèque à la disposition de ses membres. Elle a pour siège la salle Saint-Jean à La Romagne. Son président est Marcel Malherbe, entouré d’un trésorier (Pierre Malherbe), d’un secrétaire-trésorier (Edmond Lesein) et d’une secrétaire (Denise Boudaud).
Maurice Buteux et Gaston Raimond en sont membres dès sa création. Pour y adhérer, il faut avoir dix-huit ans, recevoir le cas échéant l’autorisation de ses parents, verser une cotisation de 20 francs pour avoir le droit aux délibérations.
[1] Archives départementales des Ardennes, 1430 W 25, pièce n° 245 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].
Quelques membres de la clique la Jeanne d’Arc : René Sinet, Jean Picard de Draize (Ardennes), Paul Buschman, porte-drapeau [non identifié], Jean Buschman, [prénom non identifié] Bonnefille d’Herbigny et Gilbert Gravier ; remise du drapeau à monsieur Edmond Lesein par le colonel Bienfait devant le café de Draize (Ardennes). Photographies anciennes en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Jean Buschman).
Pierre Lelong et Marc Barré, parmi d’autres jeunes gens de La Romagne et des villages environnants, jouent au sein de la Jeanne d’Arc[1]. Cette formation musicale paroissiale anime les manifestations environnantes, et accompagne des fêtes plus importantes à Charleville (Ardennes). Le camion, prêté par la cidrerie Malherbe, est décoré ce jour-là d’une maquette du clocher du village.
[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-15582, Fédération sportive de France pour l’éducation physique et morale de la jeunesse chrétienne (auteur), Annuaire national officiel, Paris : Office national de propagande catholique, 1955-[19..], in-8°, années 1958-1959, [union départementale des Ardennes, sociétés féminines], page 174, vue 172/384, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-JO-12364 < 1955. 1957. 1952/59 >.
Clique de la Jeanne d’Arc à Charleville (Ardennes) sur un camion Berliet avec une maquette du clocher de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Photographie en noir et blanc. Collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
Hélas, il faut, selon un témoignage oculaire de Jean Buschman de Givron (Ardennes), le démonter pour pouvoir passer le « pont des deux villes ». Mais cela n’entame pas la bonne humeur des participants, parmi lesquels on peut nommer Claude, Daniel et Denis Buschman, Lucien Paris, Hubert Paul, André Albry, Pierre Hubert, Jean Picart, Ferdinand Samine, Guy Benoît, Yolande Samine, Irène Rogelet, Micheline et Liliane Grimplet, Lysiane Duant et, pour les enfants, Georges Malherbe.
Catherinettes. Diapositives. Photographies anciennes en couleurs d’après des diapositives, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Le successeur de l’abbé Godart, l’abbé Buché, se fait le reporter des divers événements se passant à La Romagne. C’est ainsi qu’il immortalise les musiciens, les catherinettes[1] (25 novembre), le carnaval, les danses folkloriques et les saynètes, auxquels participent les jeunes du village.
[1] Cette journée est dédiée aux femmes n’étant pas encore mariées, sainte Catherine d’Alexandrie en étant la patronne.
Carnaval à La Romagne (Ardennes) : élégante avec chapeau à plumes et écharpe de fourrure ; homme en robe de chambre et femme en tablier et fichu ; maréchal-ferrant, mafieux, homme moustachu et employé de bureau ; marin au bachi et pompon rouge, pirates dont un couvre-œil noir ; masques vénitiens bleus et rouges avec ombrelles ; missionnaire, explorateur, guerriers du désert et commis-voyageur ; Moïse et Ramsès II ; pionnier de l’automobile et vache ; tigre, Inuit, Chinois en bleu de travail, babouchka. Photographies anciennes en couleurs d’après des diapositives, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.Carnaval : faux-aveugles avec des pancartes à l’orthographe fantaisiste. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.Groupes folkloriques de danses écossaise, espagnole, grecque, yéyé, diapositives en couleurs. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.Groupes folkloriques de danse écossaise. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.Saynète.Saynète.Saynète.Saynètes : un bandit se fait arrêter par deux gendarmes ; un conscrit se présente au bureau de recrutement militaire ; instituteur et classe. Photographies anciennes en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Une autre association[1] verra le jour en 1958 sous la présidence d’Henri Mouton. Elle a pour but de défendre les intérêts matériels et moraux de toutes les familles des communes de La Romagne, Givron (Ardennes), Draize (Ardennes) et Montmeillant (Ardennes). Les membres se réunissent à la salle communale de La Romagne.
[1] Vice-président Pierre Vergneaux, secrétaire Janine Malherbe (La Romagne), trésorier Lucien Paris de Givron (Ardennes), et parmi les membres : Marcel Grimplet de Givron (Ardennes), Olivier Léon et Marius Miclet de Draize (Ardennes), Norbert Guerlet de Montmeillant (Ardennes). Voir archives départementales des Ardennes, 1430 W 26, pièce n° 363 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].
Noël 1977 à La Romagne (Ardennes).Noël 1977 à La Romagne (Ardennes).Noël 1977 à La Romagne (Ardennes).Noël 1977 à La Romagne (Ardennes).Noël 1977, madame Roda ; Nicolas Fleury et monsieur Dulieu ; père Noël avec houppelande rouge, canne et lunettes noires dans la cour ; photo de classe. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Noël est le moment attendu par tous les enfants du village, et fêté à l’école dans la salle de classe, décorée de guirlandes et d’un grand sapin, avec distribution de cadeaux par le père Noël. Jusqu’en 1977, elle ne concerne que le village, mais avec le regroupement pédagogique entre Draize (Ardennes), La Romagne (Ardennes) et La Neuville-lès-Wasigny (Ardennes), elle devient commune aux trois écoles.
Noël 1980 à La Romagne (Ardennes).Noël 1980 à La Romagne (Ardennes).Noël 1980, monsieur Lobréau de Chaumont-Porcien (Ardennes) en père Noël ; Mesdames Geneviève Fleury et Danielle Carpentier autour de la bûche. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.Noël 1982 à La Romagne (Ardennes).Noël 1982 à La Romagne (Ardennes).Noël 1982 à La Romagne (Ardennes).Noël 1982 à La Romagne (Ardennes).Noël 1982 à La Romagne (Ardennes).Noël 1982, remise des cadeaux aux enfants par le père Noël. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Draize (Ardennes) accueille la classe enfantine et le cours préparatoire de madame Roda puis de Danielle Carpentier ; La Romagne, les cours élémentaires 1 et 2 de Pierre Fleury ; « La Neuville[1] », les cours moyens 1 et 2 de Jacques Dulieu.
[1] Appellation plus couramment utilisée par ses habitants que Neuville-lès-Wasigny.
Noël 1984, Robert Macquin, maire de La Romagne (Ardennes) et Damien Malherbe, année scolaire 1984-1985 (Pierre Fleury). Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Noël 1987, remise des cadeaux aux enfants par le père Noël. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.Saint-Nicolas 1985, Céline, Christelle, Lise, Hervé, Stéphane, Cédric autour de Saint-Nicolas. Photographie ancienne Polacolor par Polaroid Corporation en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
En plus du père Noël, il arrive aussi que passe à La Romagne saint Nicolas[1], fêté le 6 décembre selon le calendrier liturgique, pour récompenser les enfants sages.
[1] Il est le protecteur des enfants et écoliers, des marins, des bateliers, etc. Patron de la Lorraine, il a longtemps été célébré également dans les Ardennes.
Remise de poupons à des élèves par le père Noël. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Noël se passe toujours à la Romagne ou à « La Neuville », mais jamais à Draize (Ardennes), car la salle de classe est trop petite pour accueillir l’ensemble des élèves.
Ces derniers préparent des divertissements musicaux et des saynètes récréatives. L’exiguïté des lieux scolaires ne permet malheureusement pas aux parents d’assister à ces spectacles, à leur grande déception.
Garçon moustachu jouant de la guitare et interprétant un chanteur à texte ; magicien faisant un tour de cartes et un chauffeur de salle ; révérence finale des artistes. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Noël 1987, école de La Romagne, saynète, cow-boys tirant au revolver et cheval bâton. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Pour Noël 1987, l’école de La Romagne met en scène Blanche-Neige, librement inspirée du conte des frères Grimm et du film de Walt Disney. Non seulement, les élèves ont appris leur rôle, mais ils ont aussi confectionné les costumes et les décors.
Index de l’album photographique, liste des participants au Noël 1987 et à la mise en scène de Blanche-Neige et les Sept Nains. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Noël 1987, Blanche-Neige et les Sept Nains : la Reine et le Miroir magique, la Reine et Blanche-Neige dans la cour du château, l’ordre (secret) donné à Humbert le Chasseur de tuer Blanche-Neige, Blanche-Neige et Humbert le Chasseur. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.Noël 1987, Blanche-Neige et les Sept Nains : panique dans les bois et rencontre avec les animaux de la forêt ; arrivée au chalet et nettoyage de la maison ; les Nains dans la mine, retour de la mine et surprise dans le chalet ; Blanche-Neige endormie, le lavage de mains des Nains. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.Noël 1987, Blanche-Neige et les Sept Nains : danse des Nains dans le chalet ; la Reine transformée en Sorcière offre une pomme empoisonnée à Blanche-Neige ; les Nains et les animaux pleurent Blanche-Neige ; les Nains placent Blanche-Neige dans un cercueil de verre. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.Noël 1987, Blanche-Neige et les Sept Nains : arrivée du Prince ; le baiser du Prince ; le départ de Blanche-Neige et du Prince ; révérence finale des artistes. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Après la fermeture de l’école de La Romagne, les moments festifs sont organisés différemment pour les enfants.
Petit écolier et son cartable. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.Filles, garçons et cartables à La Romagne. Photographies anciennes en couleurs d’après des diapositives, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
En 1999, naît en début d’année un projet d’illuminations du village, qui se réalise en décembre de la même année, avec remise de cadeaux aux enfants et l’installation d’un petit chalet, où sont servies, par des bénévoles, des boissons chaudes et des gaufres.
Gaufres ardennaises & gaufrier traditionnel. Préparation de pâte à la papinette. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
La rue Haute, artère principale du village qui mène de La Romagne à Rocquigny (Ardennes), est mise en valeur par des scènes lumineuses et des sapins enguirlandés fournis par la mairie. Les anciens ne sont pas oubliés. Ils reçoivent en novembre ou décembre un panier garni.
Préparation de pâte à la papinette. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
D’autres fêtes ponctuelles animent parfois ce village, comme l’unique fête du Cheval organisée le 17 septembre 2006 par monsieur Denisson, ou la fête des Villages voisins, qui se passe tour à tour à Givron (Ardennes), Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes) et à La Romagne.
Très récemment, une nouvelle association[1] a vu le jour au Bois Diot, Y’a yauque[2], à l’initiative de Romain Montreuil. Elle propose des événements trois fois par an (mi-mai, fin octobre au moment d’Halloween[3], et avant Noël), valorisant l’artisanat ardennais et les produits locaux, dans une ambiance musicale.
[1] Son objet est, selon sa déclaration en sous-préfecture de Rethel (Ardennes) le 15 novembre 2023 de « promouvoir et valoriser le patrimoine agricole matériel et immatériel ardennais par l’organisation d’évènements, de rencontres et de moments de partage autour de valeurs et de connaissances communes dans des fermes et lieux liés au patrimoine agricole local ».
[2] Patois ardennais qui signifie « Il y a quelque chose ».
A travers toutes ces journées, La Romagne montre son attachement à la tradition, l’engagement de sa population, et son dynamisme par la création d’évènements nouveaux[1].
[1] Voir les résultats de l’enquête de mai 2023 Loisirs des villes, loisirs des champs ? réalisée par Edwige Millery et Léa Garcia, du Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (DEPS) du ministère de la Culture.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/536 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : titre, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Au XVIIe siècle, les environs de La Romagne affrontent sur plusieurs décennies une période de troubles graves en relation avec une rébellion prenant la forme d’une guerre civile[1], d’une part, et de conflits internationaux[2] impliquant le royaume de France et des belligérants étrangers, d’autre part.
Rocroi et ses environs, histoire des princes de Condé.
Un jeu complexe d’alliances, qui se nouent et se dénouent au fur et à mesure des événements, demande d’éclaircir la chronologie et la géographie de ce qui s’est passé précisément dans les Ardennes ces années-là.
Charles II de Gonzague duc de Mantoue par Robert Nanteuil.
La maison des Habsbourg d’Espagne possède alors les Pays-Bas du sud[1], frontaliers de la province de Champagne. Celle-ci comporte encore de nombreuses enclaves. Certaines appartiennent à des princes, comme c’est le cas pour la principauté de Rethel (maison de Gonzague), ou pour celle de Sedan (maison de La Tour d’Auvergne).
Néanmoins, cela n’empêche pas le roi de France d’intervenir partout dans ces territoires, et la région de voir à plusieurs reprises le passage de routiers[2] et de reîtres[3].
[1] Couvrant approximativement aujourd’hui une partie de la Belgique et du Nord de la France, et le Luxembourg.
[2] « Au Moyen Âge, soldat irrégulier appartenant à des bandes organisées qui, en temps de guerre, louaient leurs services à l’un ou l’autre des partis en présence, et, en temps de paix, se livraient pour leur propre compte au pillage et au brigandage. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire principal INV 8506 [autre numéro d’inventaire : MR 2712], Vouet, Simon (1590-1649). Peintre, Louis XIII entre deux figures de femmes symbolisant la France et la Navarre, huile sur toile, 2e quart du XVIIe siècle (vers 1636-1638), notice descriptive consultable en ligne.
Amorcé en 1618, le conflit que l’on nommera ultérieurement la guerre de Trente Ans reprend de plus belle, avec les hostilités déclenchées en mai 1635 par Louis XIII[1] et Richelieu contre les Habsbourg.
[1] Fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, né le 27 septembre 1601 à Fontainebleau et mort le 14 mai 1643 à Saint-Germain-en-Laye, roi de France et de Navarre de 1610 à 1643.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/541 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la maraude, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Elles sont destinées à consolider les frontières du royaume, mais les armées espagnoles parviennent à pénétrer jusqu’en Picardie, et même à atteindre la région de Reims. Les divers ennemis procèdent par « courses », qui sont décrites plus tard par le Comte de Marsy dans son ouvrage Eglises fortifiées[1] :
« Un corps de partisans plus ou moins nombreux, bien montés et légèrement équipés venait par surprise ou par quelques hardis coups de main mettre à contribution une ville ou un village et obtenait par menace ou violence une somme d’argent, une certaine quantité de vivres et l’on se hâtait de repartir. »
Marsy, Arthur de, Les Églises fortifiées de La Thiérache.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/545 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : dévastation d’un monastère, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
En 1637, les armées royales conduites par les seigneurs Conti, Soissons, et La Valette passent à plusieurs reprises sur les dépendances de l’abbaye de Signy[1] et y séjournent, apportant ainsi la ruine de ce territoire.
[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
Avers.Revers.Portrait de Gaspard III de Coligny, duc de Châtillon, amiral de Guyenne, maréchal de France (1584-1646).
En 1641, le théâtre des opérations se porte sur une autre partie de la région ardennaise. Le maréchal de Châtillon, envoyé contre les rebelles menés par le duc de Bouillon et le comte de Soissons, est battu près de Sedan (Ardennes). Mais, le 21 juillet, Louis XIII marche sur Donchery (Ardennes), dont il se rend maître.
Les Actions du Grand Condé, Rocroi 1643, par Sauveur Le Conte.
Deux ans plus tard, la Thiérache et le pays des Pothées[1] sont une nouvelle fois dévastés. La situation n’est sauvée que par la victoire de Rocroi (Ardennes)[2], où le duc d’Enghien (que l’on appellera par la suite Grand Condé) écrase les Espagnols.
C’est à partir de ce moment, même s’il a déjà fait preuve de son ardeur au combat en participant à d’autres opérations antérieures (Arras[3] en 1640) ou comme commandant en chef de l’armée de Picardie, que se fonde l’aura militaire de ce prince.
[1] La forêt des Pothées (ou des Potées) est située actuellement sur le territoire de la commune d’Aubigny-les-Pothées, dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[2] Le 19 mai 1643. Du côté de la monarchie espagnole, Francisco de Melo a vu sa gloire ternie par sa défaite. Né à Estremoz (Portugal) en 1597 et mort à Madrid (Espagne) le 18 décembre 1651, ce diplomate portugais au service de l’Espagne a été gouverneur (1641-1644) des Pays-Basespagnols.
La paix de Westphalie, peinture de Claude Jacquand d’après Gerard Ter Borch.
Alors que les traités de Westphalie[1] publiés le 24 octobre 1648 mettent fin à la guerre de Trente Ans tout en remodelant la carte européenne, la paix de Rueil (actuellement, Rueil-Malmaison, dans le département des Hauts-de-Seine, en région Île-de-France) est définitivement signée le 11 mars 1649. Elle marque la cessation de la Fronde parlementaire. Le conflit se poursuit désormais avec l’Espagne seule.
[1] Les traités de Westphalie qui mettent fin à la guerre de Trente Ans correspondent à la signature de deux actes diplomatiques séparés : le premier est conclu à Osnabrück (commune située actuellement dans le Land de Basse-Saxe, en Allemagne), le 6 août 1648 entre le Saint-Empire romain germanique et le royaume de Suède, le second à Münster (commune située actuellement dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne) le 8 septembre 1648 entre l’Empereur du Saint-Empire romain germanique et le royaume de France (et leurs alliés respectifs). Le traité de Münster du 30 janvier 1648, signé entre l’Espagne et les Provinces-Unies, clôt pour sa part la guerre de Quatre-Vingt Ans. Selon les contextes, les historiens évoquent donc deux ou trois traités de Westphalie.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/536 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : titre, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
A la guerre avec l’étranger (qui implique les ravages occasionnés par les armées), une trésorerie mal en point (les revenus de plusieurs années sont engloutis d’avance), vient s’ajouter en effet une guerre civile – la Fronde – de 1648 à 1653.
C’est à la fois une révolte parlementaire, nobiliaire, et la cristallisation de tous les mécontentements. Pour autant, les hostilités avec les ennemis extérieurs ne cessent pas, d’autant que ceux-ci ont tout intérêt à ce que le royaume soit déstabilisé.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/537 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : enrôlement des troupes, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Parallèlement à ces événements, c’est aussi dans cette même période que les bandes d’Erlach[1], composées de mercenaires allemands, suédois et polonais combattant pour le roi de France, sillonnent le pays en le pillant et en imposant aux villageois qu’ils viennent de dépouiller une contribution pour racheter le butin. Ils se signalent également par des actes d’impiété, laissant pour des siècles un souvenir épouvantable.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/547 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Bien que de nombreux historiens accusent d’atrocités Jean-Louis d’Erlach, on trouve dans sa correspondance des lettres[1] dans lesquelles il dénonce l’attitude du maréchal de Guébriant, qui laisse ses troupes piller les villages proches d’Hagueneau[2], ce qui est en opposition avec ses pratiques dans cette partie de la Champagne.
[1]Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des manuscrits, Cinq cents de Colbert 111, lettres de Paul Le Prévost, baron d’Oysonville, 1641-1643 (f. 1-75), et de Jean-Louis d’Erlach, gouverneur de Brisach, 1643 (f. 76-90), 96 feuillets [cotes Cinq cents de Colbert 108-116 = registres de copies des lettres adressées à Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant, maréchal de France (1637-1644). XVIIe siècle. Papier. 9 volumes. 290 × 215 mm. Reliure parchemin. Manuscrit en français.]
[2] Commune située actuellement dans le département du Bas-Rhin, en région Grand Est.
De son côté, le bibliothécaire Henri Jadart souligne, dans sa critique d’un ouvrage[1] sur Jean-Louis d’Erlach[2], que l’auteur y brosse le portrait d’un homme se distinguant par « le soin qu’il prenait de bien nourrir ses troupes » et qui « s’efforçait d’adoucir, autant que possible, les rigueurs de la guerre ».
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/530 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : le campement, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.
De manière générale, c’est pendant les quartiers d’hiver que la présence des troupes est la plus nuisible pour un village, en raison de l’indiscipline liée à l’absence des officiers. Ces derniers s’empressent pendant cette mauvaise saison de regagner soit leur foyer, soit la cour de France. L’inaction des hommes laisse place à la rapine car, le plus souvent, ils ne reçoivent leurs soldes qu’avec beaucoup de retard.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/543 Recto [ancien : 10540] Callot, Jacques, graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la Guerre : le pillage d’une ferme, 1633, épreuve du 1er état, eau-forte, notice descriptive consultable en ligne.
Ce ne sont pas les seules exactions commises envers la population, car les soldats endommagent également les fermes plus ou moins isolées, et terrorisent leurs habitants. Rien n’y fait, ni la police des troupes pour les quartiers d’hiver, ni l’arrêt du Parlement en date du 22 décembre 1648[1]
« portant défenses à tous gens de guerre de faire aucune pillerie, insolence ou excès en aucun lieu de garnison et de passage, à peine d’être punis selon les ordonnances, et à leur capitaines et officiers d’en répondre comme de leur propre fait ».
Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot ; Saige, Gustave, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652.
Quant aux recommandations du roi[1] pour que les troupes ne causent aucune répression au peuple, elles semblent ne pas avoir plus d’effet.
[1]Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, manuscrit Français 4224, tome II, folio 148 et suivants, lettre et ordonnance de Louis XIV sur la désertion « pour deffendre ausd. gens de guerre de coupper les bleds » [cotes Français 4223-4224 = recueil de copies de pièces, renfermant, sous le titre Armée, une série de documents émanés principalement de l’administration de Louis XIV, de 1643 à 1660. Ces documents sont rangés par chapitres, selon leur objet, pour servir, sans doute, de modèles de rédaction dans les cas analogues. Un certain nombre, réduits à l’état de formules, n’offrent aucun intérêt et ne figureront pas dans le dépouillement ci-dessous. Sous-unités de description 141 à 148 = lettres et ordonnances de Louis XIV.]
Armand de Bourbon, prince de Conti (1629-1666), anonyme français, miniature musée Condé (Chantilly).
Le gouverneur de la province de Champagne est depuis 1647 (et jusqu’en 1655) Armand de Bourbon[1] prince de Conti[2], frère du duc d’Enghien (le vainqueur de Rocroi)[3]. Deux ans plus tard, durant cette révolte des nobles qu’est la Fronde, tandis que Conti s’allie à sa soeur la duchesse de Longueville[4] et au parlement de Paris contre le roi et la reine-mère Anne d’Autriche, Condé reste, lui, fidèle à Louis XIV, permettant même à ce dernier de rentrer dans Paris (18 août 1649).
[2] Egalement orthographié Conty sur les documents d’époque.
[3] Louis II de Bourbon-Condé (dit le Grand Condé) et Armand de Bourbon-Conti sont les cousins germains du roi de France Louis XIV.
[4] Anne-Geneviève de Bourbon, née à Vincennes le 28 août 1619, fille unique d’Henri II de Bourbon et de Charlotte-Marguerite de Montmorency. Le 2 juin 1642, elle épouse Henri II d’Orléans, duc de Longueville Elle prend le parti des frondeurs et se réfugie en mars 1650 à Stenay (commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est. Disgraciée à cause de son action déloyale, elle finit sa vie loin de la Cour, mais tournée vers la religion. Elle meurt le 15 avril 1679 à Paris.
Lettre du roi au parlement du Dauphiné pour l’arrestation de Condé, de Conti, et de Longueville.
Les trop grandes ambitions de Condé vont lui être contraires, ce qui va contraindre la reine à faire arrêter le 18 janvier 1650 les trois membres de ce clan (Condé, Conti et leur beau-frère Longueville), et à les emprisonner à Vincennes, avant qu’ils ne soient transférés plus tard à Marcoussis[1], puis au Havre[2].
[1] Commune située actuellement dans le département de l’Essonne, en région Île-de-France.
[2] Commune située actuellement dans le département de la Seine-Maritime, en région Normandie.
Le territoire de La Romagne aurait été le théâtre d’une bataille : « Le 25 février 1650, le marquis de la Ferté défit en cet endroit plusieurs compagnies de cavalerie du prince de Conty[1] ».
[1] D’après une fiche catalographique cartonnée sur La Romagne, rangée dans le tiroir « toponymie » d’un meuble de bibliothèque aux archives départementales des Ardennes. Cette dernière ne comporte aucune indication autre que les propos cités. L’absence de référence à une source primaire entraîne une nécessaire réserve quant à l’information délivrée.
Musée de l’Armée (Paris), dossière de la cuirasse du maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 6668 I [autre numéro d’identification : cote Cc 4/1], objet en fer, laiton, velours, acier, fil de métal, toile, technique de la torsade et du métal noirci, XVIIe siècle (2e moitié), notice descriptive consultable en ligne.
Les Notes diverses et fragments d’histoire locale sur la commune de La Romagne issus de plusieurs documents historiques et de recherches personnelles[1] sont tout aussi sujet à caution, faute de citer la moindre source.
Dans une rubrique intitulée Fronde (1650), l’auteur y affirme, sans strictement avancer la moindre preuve de ses dires, que « L’époque de la Fronde fut une période difficile pour notre région, en particulier pour La Romagne. Turenne, alors rebelle du roi de France, passa un hiver à La Romagne avec les troupes espagnoles, en lutte contre Condé. Cet hiver fut a priori [c’est nous qui soulignons][2] celui de 1649/1650 ; les « quartiers d’hiver » de Turenne firent du tort à La Romagne et aux villages voisins ; les pillages successifs et la contrainte alimentaire furent éprouvants pour la population. Par ailleurs, on sait [c’est nous qui soulignons][3] que ce bref séjour de quelques mois à La Romagne laissa le temps à Turenne de laisser un enfant naturel [c’est nous qui soulignons][4] à La Romagne, qu’il ne reconnut apparemment pas puisqu’il partit avant sa naissance. Concernant les troupes espagnoles, l’exiguïté de La Romagne nous laisse à penser [c’est nous qui soulignons][5] que les soldats s’installèrent en rase campagne, dans les terres défrichées de l’époque (La Bouloye[6] à l’est, le Mont de Vergogne à l’ouest)[7] ».
[1] Photocopie d’un cahier à l’écriture manuscrite (collection personnelle de l’auteure).
[2] Non fondé sur des faits. L’incertitude quant à la date montre qu’il s’agit d’une construction intellectuelle a priori, et non d’une déduction a posteriori tirée d’une analyse documentaire.
[3] Ce « on sait » a tout l’air d’un « on-dit ». Cette affirmation péremptoire est à écarter, puisque les registres jusqu’en 1693 ont disparu avant la Révolution. Elle relèverait plutôt d’une rumeur sans fondement.
[4] Cette « preuve anecdotique », recueillie de façon informelle, et s’appuyant sur des témoignages douteux, a une valeur limitée sur le plan historique. Le ton croustilleux employé par l’auteur correspond aux définitions du Larousse « Qualifie ce qui est à la fois audacieux et provocateur, souvent dans un contexte de révélation ou de scandale. » et du Trésor informatisé de la langue française « Plaisant, piquant et grivois. »
[5] Cette supputation ne repose sur aucune preuve historique. Un ressenti n’est ni un fait ni une opinion. Croire n’est pas penser.
[7] Il est permis de douter sérieusement de ces affirmations, qui ne s’appuient pas sur du matériau historique de première main. La disparition quasi-totale de documents des archives départementales des Ardennes concernant l’Ancien Régime, à la suite d’un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale, limite drastiquement l’accès aux sources primaires. Elle concerne plusieurs séries [série A = actes du pouvoir souverain et du domaine public avant 1790. Métrage linéaire après destruction : 1 mètre ; série B = cours et juridictions avant 1790. Métrage linéaire après destruction : 1,20 mètre ; série C = administrations provinciales avant 1790. Métrage linéaire : néant. Série détruite en 1940 ; série D = instruction publique, sciences et arts avant 1790. Métrage linéaire : néant. Série détruite en 1940 ; série F = fonds divers se rattachant aux archives civiles entrés avant 1940. Métrage linéaire après destruction partielle en 1940 : 10 mètres].
Musée de l’Armée (Paris), boulet qui aurait tué le maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 17 [autre numéro d’identification : cote Cc 4], projectile de 3 livres en fer, technique de la fonte, créé sous Louis XIV (1643-1715). , notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : tiré par le canonnier Koch le 27 juillet 1675, il est réputé avoir mortellement blessé Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, lors de la bataille de Salzbach, pendant la guerre de Hollande].
Jusqu’à preuve du contraire, le séjour de Turenne à La Romagne (Ardennes), rapporté par la tradition orale, appartiendrait aux contes et légendes, mais non à l’histoire. Nul élément manuscrit ou imprimé n’a été en effet apporté pour étayer les propos avancés. Aucune source primaire n’a d’autre part été retrouvée dans l’état actuel de la recherche.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire INV 31368 Recto [anciens : NIII 13415 et MA 10747], Nanteuil, Robert (1623-1678) [« copie d’après » ou « entourage de »], Portrait de Turenne, en buste, portant une cuirasse, pastel sur papier brun collé en plein sur carton [verso numéroté 6 au pochoir et 1195 à la craie blanche], notice descriptive consultable en ligne.
Ce qui est en revanche attesté est que Turenne tourne le dos au parti du roi après l’arrestation et l’incarcération des princes. Il se met au service des Espagnols dès le 14 février 1650, par un traité où il s’engage à favoriser la conclusion d’une juste paix avec l’Espagne.
Léopold-Guillaume, archiduc d’Autriche (1614-1662) par Johann Paul Schorr dit Giovanni Paolo Tedesco.
En échange de quoi, il s’installe à Stenay[1] après avoir quitté Paris. Il est à la tête d’une armée au service de l’archiduc Léopold[2], généralissime de l’armée d’Espagne[3], qui lui accorde 250 000 écus[4] pour faire des levées de troupes. Tous les mois, il reçoit une certaine somme[5] pour l’entretien d’icelles[6] et des garnisons des places occupées[7]. Il ne percevra pas régulièrement ces montants.
[1] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.
[2] Léopold-Guillaume de Habsbourg, né à Wiener Neustadt (Land de Basse-Autriche, en Autriche), le 5 janvier 1614, mort à Vienne (Autriche) le 20 novembre 1662, gouverneur des Pays-Basespagnols du sud.
[3] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0957 [= Anciennement 9352 selon une cotation antérieure], numéros de notice 957-960, Mémoire sur la province de Champagne (1708). [XVIIIe siècle. Manuscrit en français sur papier. 492, 418, 488 et 506 feuillets. 370 sur 250 mm. Reliure en veau raciné. Le manuscrit doit être incomplet, car au bas du dernier feuillet du tome IV on lit les mots d’appels pour le feuillet suivant : « De l’évêché. » — Ce mémoire a dû être rédigé par André de Harouys, qui fut intendant en Champagne de 1702 à 1711.]
[4] Les sommes varient selon les sources entre 200 000 et 250 000 écus.
Cependant, après avoir ruiné Marle (Aisne) en voulant contrer les armées royales, Turenne à la tête d’une armée au service des Espagnols assiège successivement Le Catelet[1] (juin 1650), Guise[2] (juillet 1650), La Capelle[3] (août 1650), au moment où la pluie tombe sans discontinuer, provoquant l’embourbement des chemins et le retard d’approvisionnement en vivres.
Pendant ce temps, le maréchal du Plessis-Praslin qui commande l’armée royale se retire derrière Notre-Dame de Liesse[1]. Turenne s’avance ensuite sur Vervins[2] puis vers Château-Porcien (Ardennes), qui n’est défendu que par un groupe d’habitants (trente d’entre eux au moins ont été faits prisonniers). La ville qui subit une nouvelle fois les assauts espagnols ne peut que capituler, le 14 août 1650.
[1] A Liesse-Notre-Dame, commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.
Avec trois régiments d’infanterie et 4 000 chevaux, les troupes de Ferdinand de Habsbourg[1], conduites par Turenne, assiègent ensuite Rethel (Ardennes), pillant et brûlant tout sur leur passage. La ville se rend à son tour (août 1650).
Une garnison de 800 hommes est laissée sur place, sous l’autorité du colonel Giovanni Delliponti[2], « fort estimé en Flandre » selon Turenne[3], jugé plus durement par d’autres auteurs : « Plus de mille personnes périrent de disette & de misère[4]. »
[1] Ferdinand Ernest de Habsbourg, dit Ferdinand III, né le 13 juillet 1608 à Graz (duché de Styrie), et mort le 2 avril 1657 à Vienne (Autriche).
[2] L’Italien est réputé fameux pour la défense des places.
[3]Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6365579 < Tome 1 >, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur, Mémoires du maréchal de Turenne publiés pour la Société de l’histoire de France d’après le manuscrit autographe appartenant à monsieur le marquis de Talhouët-Roy par Paul Marichal, Paris : H. Laurens, 1909-1914, 2 volumes (LXVIII-379, 450 p.), facsimilé, in-8, tome I (1643-1653), 1909, page 146, vue 241/487, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH3-376 (1).
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/533 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.
La présence de Delliponti, désormais gouverneur de Rethel (Ardennes), après avoir été installé dans cette ville par l’archiduc) et des troupes qui y sont laissées, s’avère très vite inacceptable pour les habitants, compte tenu des exigences formulées.
En effet, il faut tout d’abord fournir 50 poinçons de boisson[1], 4 000 paires de chaussures et autant de bas. Telles sont les conditions de la capitulation, auxquelles s’ajoutent 80 000 rations de pain pour les troupes. Et ce, sans oublier le pillage qui s’ajoute à ces demandes « régulières ».
[1] Tonneau de contenance variable selon les régions mais pouvant contenir jusqu’à 250 litres de vin.
Vicomte de Turenne, sculpture d’après Jérôme Derbais, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.
Turenne, après avoir au passage et toujours pour le compte des Espagnols pris Fismes[1], alors que Plessis-Pralin s’enferme dans la ville de Reims[2], fait alors avancer un corps d’armée jusqu’à la Ferté-Milon[3], et se rend maître ainsi des passages jusqu’à Paris. Turenne renonce à avancer et décide de rebrousser chemin.
Il repasse l’Aisne et va assiéger Mouzon[4] sur la Meuse avec une partie de son armée durant sept semaines, avant de s’en emparer. Puis « Turenne passa tout le mois de novembre de l’année 1650 au camp de Romagne[5], entre l’Aisne et la Meuse, pour veiller à la conservation de ses places[6]».
[1] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.
[2] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.
[4] Commune nouvelle située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[5] Romagne-sous-Monfaucon (Meuse). Il est strictement exclu qu’il puisse s’agir de La Romagne (Ardennes) : il est écrit en effet « camp de Romagne » et non « camp de La Romagne ». D’autre part, la description géographique s’applique parfaitement au village meusien et nullement à la commune ardennaise.
Ordre du roi pour que Turenne ne soit reconnu d’aucune troupe.
La situation change : « Turenne était toujours au camp de Romagne. Au commencement de décembre, la garnison française de Donchery lui avait enlevé un de ses meilleurs postes, le château de Chémery[1]. Ses coureurs occupaient le pays entre Montfaucon et Varennes[2]».
Ordre du roi pour empêcher de rejoindre les troupes de Turenne.
Il dispose de régiments d’infanterie, d’une brigade de Lorrains et de régiments allemands, et c’est avec ce « faible effectif que Turenne quitte ses quartiers de la Meuse[1] » pour se rendre à Rethel (Ardennes) aux environs du 13 décembre 1650.
Recueil de portraits d’Antoine d’Aumont Rochebaron.
Or, Mazarin[1], malgré une saison peu clémente, veut reprendre Rethel (Ardennes) aux Espagnols, ville à laquelle il est lié, mais surtout parce qu’elle ouvre la voie de Paris. Il se rend lui-même auprès de l’armée pour mener, le plus rapidement possible, cette opération.
Il rassemble 15 000 hommes, qui s’incorporent aux hommes du maréchal du Plessis-Praslin[2]. Celui-ci est secondé dans son commandement par le marquis de Villequier[3], qui dirige l’aile droite, et le marquis d’Hocquincourt[4], qui conduit l’aile gauche. Les troupes royales sont en bien meilleur état que celles de Turenne, car elles ont eu le temps de se reposer un peu.
[1] Connu sous son titre de cardinal Mazarin, né à Pescina (Abruzzes, royaume de Naples), le 14 juillet 1602 et mort à Vincennes le 9 mars 1661, au service d’abord de la papauté, puis des rois Louis XIII et Louis XIV.
[2] César de Choiseul, né le 12 février 1598 et mort le 23 décembre 1675 à Paris.
[3] Antoine II d’Aumont de Rochebaron (1601-1669), élevé à la dignité de maréchal de France à la suite de la bataille de Rethel (Ardennes).
[4] Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt, né en 1599 et mort au combat le 13 juin 1658 devant Dunkerque, officier sous Louis XIII et Louis XIV, maréchal de France en 1651.
Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt (1599-1658), maréchal de France, par Alexandre-François Caminade.
Elles s’emparent du pont de Thugny[1], afin d’assurer le passage de l’Aisne pour se grouper autour de Rethel (Ardennes). La chute de la ville compromettrait la situation des alliés espagnols de Turenne. Il a avec lui 2 500 fantassins et 5 500 cavaliers, de manière à tenter une charge hardie. La bataille se passe à « Sommepi »[2], plus exactement dans la « plaine nommée le Blanc-Champ »[3], quoiqu’elle porte le nom de « bataille de Rethel (Ardennes)[4] ».
[1] Actuellement Thugny-Trugny, commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[2] Sompy est une variante orthographique retrouvée sur certains autres documents. Actuellement, Sommepy-Tahure, commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est, à la limite des Ardennes. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6365579 < Tome 1 >, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur, Mémoires du maréchal de Turenne publiés pour la Société de l’histoire de France d’après le manuscrit autographe appartenant à monsieur le marquis de Talhouët-Roy par Paul Marichal, Paris : H. Laurens, 1909-1914, 2 volumes (LXVIII-379, 450 p.), facsimilé, in-8, tome I (1643-1653), 1909, page 159, vue 254/487, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH3-376 (1).
[3]John Adams Library (Boston Public Library), document numérique, 39999046674113 [call number = cote], Raguenet, François (1660-1722), Histoire du vicomte de Turenne, par l’abbé Raguenet, nouvelle édition plus correcte que les précédentes, à Paris, rue Dauphine : chez Claude-Antoine Jombert, fils aîné, libraire du roi pour le génie & l’artillerie, MDCCLXXII [1772], 508 p., page 172 et suivante, vue 172/508 et suivante, consultable en ligne sur le site d’Internet Archive, texte reproduit d’après l’original de la John Adams Library (Boston Public Library), Adams 193.8.
[4] Ce nom aurait été donné à la demande de Mazarin en raison de son attachement à cette ville.
Cardinal Jules Mazarin par Grégoire Huret d’après Jean-Baptiste de Champaigne.
Le combat est long, acharné, et sans succès. Tous sont dispersés, et les troupes de Turenne défaites. Les pertes sont estimées à 1 200 hommes. 3 000 soldats sont faits prisonniers.
Vaincu par l’armée royale, Turenne bat en retraite et atteint tout d’abord Bar-le-Duc[1], puis Montmédy[2], où il retrouve une partie de sa cavalerie sauvée du désastre de Rethel (Ardennes). Cette bataille sera, pour lui, l’une des rares qu’il perdra[3].
Ce n’est qu’après cet événement que les troupes prennent, tardivement, leurs quartiers d’hiver.
[1] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.
[2] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.
[3] Depuis le siège de Rethel (Ardennes) en 1411 entre Armagnacs et Bourguignons, la ville a connu de nombreux conflits sous l’Ancien Régime. Voir Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LK7-8263, Jolibois, Émile (1813-1894), Auteur. Histoire de la ville de Rethel, depuis son origine jusqu’à la Révolution, Paris : J.-B. Dumoulin, 1847, in-8°, VII-294 p.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/569, Recto [ancien : 16934], Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : distribution des récompenses, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Le lundi 26 décembre 1650 « furent apportés 28 drapeaux pris en la bataille de Sommepy sur l’ennemi, et furent mis au cabinet du roi[1], où, entrant, il en eut un qui fut reconnu être du régiment du prince de Conti ». Trois jours plus tard, soit le jeudi 29 décembre 1650, ils sont déposés à Notre-Dame.
Portrait d’un officier espagnol, XVIIe siècle, école des Pays-Bas du sud.
Le mois de mai 1651 marque un retournement de situation pour Turenne. Alors que des propositions de paix sont faites par la France (en particulier l’abandon de la Catalogne), les Espagnols ne les acceptent pas.
Turenne, devant cette attitude, ne veut plus avoir affaire à eux, et se sent libre d’abandonner leur parti. Il revient alors dans les armées royales. Absout de sa trahison par le roi, il rentre en grâce et peut de nouveau fréquenter la Cour.
Avers.Revers.Philippe IV, roi d’Espagne, cire, sceau et contre-sceau
En revanche, les troupes de Condé et Conti sont toujours dans l’opposition au roi. Ce n’est cependant qu’à partir de 1652[1] que Condé passera au service du roi d’Espagne Philippe IV, tandis que Conti retrouvera les faveurs du souverain français Louis XIV.
Louis II de Bourbon, Prince de Condé dit Le Grand Condé (1621-1686) par Jean Frosne.
Dès octobre et novembre 1652, le théâtre des hostilités se retrouve être, une nouvelle fois, autour de la rivière Aisne. Les villes de Rethel (Ardennes) et de Château-Porcien (Ardennes) sont menacées, car Condé et les Espagnols veulent s’en emparer.
C’est ce qui arrive d’ailleurs, puisque Condé se rend maître de cette ville en deux jours. Turenne, qui considère que l’entrée de monsieur le prince dans Rethel (Ardennes) comme « le plus grand mal qui peut arriver[1] », passe l’Aisne à Château-Porcien (Ardennes), se loge au château de Chaumont (Ardennes)[2], où se trouvent quelque 200 ennemis qui se rendent.
[1]Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2017-267108, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de), Mémoires du maréchal de Turenne. Tome premier, 1643-1653, La Celle-Saint-Cloud : Éditions Douin, 2017, 1 vol. (379 p.), facsimilé de l’édition de Paris : Librairie Renouard, 1909, page 235.
Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France (1611-1675), sculpture par Augustin Pajou.
Rethel repasse du côté du roi, alors que les troupes condéennes mettent, quelques jours après, le feu à Château-Porcien (Ardennes). Or, comme Turenne veut empêcher à tout prix que celles-ci prennent leurs quartiers d’hiver en France, il les poursuit sans relâche dans une marche parallèle, de manière à s’opposer aux entreprises de Condé et des Espagnols.
Portrait de Michel II Le Tellier (1603-1683), marquis de Barbezieux, peinture d’après Robert Nanteuil.
Dans une lettre du 26 octobre 1652 adressée à Michel Le Tellier[1], Turenne informe ce dernier qu’il a eu « avis comme l’armée des ennemis a passé l’Aisne et marche vers Rethel et Château-Porcien[2] ». Dans une autre, il signale qu’ayant eu « des nouvelles comme monsieur le prince marche vers Château-Porcien », il va s’avancer vers la Champagne[3].
[1] Michel Le Tellier, marquis de Barbezieux, homme d’État français, nommé secrétaire d’État de la Guerre par Louis XIV, né le 19 avril 1603 et mort le 30 octobre 1685 à Paris.
[2]Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 90.
[3] Lettre du 29 octobre 1652. Cf. Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 94.
Le Grand Condé (Louis II de Bourbon, prince de Condé, dit) (1621-1686) par Antoine Coysevox.
L’hiver 1652/1653 est particulièrement rigoureux, avec un froid glacial et un gel extrême, au point qu’il est impossible de creuser la terre. Cela n’empêche pas la prise de Château-Porcien (Ardennes), que tenait Condé, les 18 et 19 janvier 1653, tandis que Rethel (Ardennes) connaît un nouveau siège. Compte tenu d’un temps plus que défavorable, la guerre ne reprend qu’en avril, quoique les frontières soient partout menacées.
Louis XIV terrassant la Fronde, 1653, sculpture par Gilles Guérin.
Si le roi parvient à juguler la Fronde au cours de l’année 1653, rien n’est encore terminé avec les Espagnols : une partie des troupes de Condé remonte sur Sainte-Menehould[1], Bar-le-Duc[2] et Rocroi[3] (30 septembre 1653), sous domination espagnole. Condé se voit confier la responsabilité de cette ville où s’organise, avec les Espagnols, un système d’impôts qui ne cessera qu’en 1659.
[1] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.
[2] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.
[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
Portrait du Grand Condé, en buste, tourné à gauche par Jean I Petitot.
L’ensemble des villages du Porcien est ainsi rançonné par Rocroi, dont le gouverneur[1] exige une contribution pour le compte de Condé. Elle doit normalement mettre à l’abri les villageois de toute forme de représailles, mais ce n’est pas toujours le cas.
[1] Charles de Montsaulnin, comte de Montal (1619-1696), officier militaire, ami proche du Grand Condé.
En outre, certains villages doivent aussi s’acquitter d’un autre tribut « au Hainaut[1] ». Ainsi, le village de La Romagne paie la double contribution : 88 livres pour Rocroi et 120 livres au second. Rocquigny est pareillement taxé et, de plus, il lui faut parfois payer aussi pour récupérer des animaux qui ont été volés dans le village.
Un habitant se plaindra en 1657 auprès de Terwel d’avoir dû se dépouiller de « 240 l.[2] pour rachepter[3] 2 chevaux et remonter 2 cavaliers du régiment de Grandpré[4] pris dans l’églize[5] par ses ennemys[6], à la vendange dernière, qui leur enlevèrent pour 1 000 l.[7] de butin[8] ». Montmeillant paie 44 livres à Rocroi uniquement.
Turenne se trouve le 1er juillet au camp de Wasigny[1]. Le 17 octobre 1653, il est au camp de Signy-l’Abbaye[2], et le village de Son[3] est placé sous la sauvegarde des troupes royales.
Mais Lalobbe[4] est pillée, Mainby détruit, La Férée[5] et Fraillicourt[6] incendiés. Draize[7] comme Montmeillant[8] sont désertés. Quant à Maubert-Fontaine[9], il n’y a plus rien, ni habitations ni habitants, dans cette bourgade. Un autre camp est établi à Rumigny.
[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[4] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[5] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[6] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[7] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[8] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[9] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
Portrait de Turenne, miniature sur ivoire (anonyme français, XVIIe siècle).
Turenne, renforcé par l’armée du maréchal de La Ferté[1] et Conti qui, lui aussi, s’est rallié au roi, arrive une nouvelle fois à proximité de Rethel (Ardennes). La ville repasse du côté royal[2], et Conti retrouve alors son gouvernement de Champagne. Après cette date, la guerre se déplace sur d’autres lieux, en particulier sur le nord du royaume.
[1] Henri II, duc de La Ferté-Senneterre (1599-1681), militaire français, maréchal de France en 1651.
[2]Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 490.
Portrait d’Abraham de Fabert, marquis d’Esternay, maréchal de France, musée de Condé (Chantilly).
Pour pallier les nombreux dégâts subis par la région, le maréchal Fabert[1], gouverneur de Sedan[2], suggère à Mazarin dès 1656 d’établir « une taille réelle », basée sur le cadastre. Cette mesure assurerait une répartition équitable de cet impôt entre les paroisses, d’autant que la vie rurale est complètement désorganisée après tous ces événements.
[1] Abraham (de) Fabert d’Esternay, né à Metz le 11 octobre 1599 et mort à Sedan le 17 mai 1662.
[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
Carte pour servir à l’histoire des princes de Condé, tomes III et IV, n° 1.
L’élection de Rethel (Ardennes), tout comme le pays environnant, a vu l’incendie des récoltes ou le saccage sur pied de celles-ci. Le vol et la destruction des charrues entrave l’exploitation des terres. La prise du bétail est également à déplorer, en particulier celle des chevaux et bovins qui servent pour le trait. Il faut y ajouter la disparition des troupeaux d’ovins, dont l’élevage pour le textile rethélois apportait un revenu aux familles.
Terwel est chargé de cette mission et s’en acquitte avec beaucoup de sérieux entre avril et juin 1657. Il doit déterminer la fertilité, l’étendue du terroir labourable : Rocquigny a un « terroir médiocre et mauvais 576 arpents outre quelque vin[1], 188 aux habitants en propre. Prez[2] 269 arpents, 69 aux habitants, le reste à l’églize[3], seigneur et censes. Bois au seigneur 800 arpents [4] ». Celui de Montmeillant est décrit ainsi : « stérile et quantité de vin[5] ».
Affligés de terres infécondes, et surchargés par les taxes, certains habitants en sont réduits à mendier, à manger des racines, à vendre des balais faits avec des branches de bouleau récoltées dans la forêt.
[1] Lire quelques vains, c’est-à-dire des terrains soumis du droit de vaine pâture.
[5] Lire vains. Ce droit était en usage au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/539 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la bataille, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Il dénombre les forêts, les prés, voire des vignobles s’il y en a, ainsi que « les aisances ou usages communs ». Il note le nombre des charrues, des habitations, des habitants.
D’après son décompte, on apprend qu’il ne reste que quatre charrues à Rocquigny, que les habitants sont au nombre de 160, tandis qu’à La Romagne, il n’y a depuis sept ans que « 13 bastiment[1] au village ». C’est dire si ce dernier a subi les affres de la guerre. Montmeillant n’est pas mieux loti avec « pleins mesnages[2] 10 et 8 demy[3] ». Dans l’ensemble, la population des villages a diminué des deux tiers.
Terwell insiste sur la pauvreté de La Romagne et des deux autres villages circonvoisins, due à ces fameuses contributions « obligatoires » pour essayer d’échapper au carnage des diverses armées.
Il pointe aussi la baisse de la population. Château-Porcien[1] qui comptait 538 feux en 1628 n’en avait plus que 212 en 1657, alors que Signy-l’Abbaye (Ardennes) en avait aux mêmes dates respectivement 256 contre 76.
[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
En 1657, pour soulager les habitants, il propose de « tailler les habitants » (c’est-à-dire prélever l’impôt dû au roi) non à 240 livres comme en 1656, mais à 90 livres, Rocquigny à 605 livres au lieu de 760, et Montmeillant à 160 livres au lieu de 240. Cette proposition faite pour de nombreux villages en dit long sur l’état de détresse de ces lieux.
L’Isle de la Conférence (ou île des Faisans), dessin à la plume, sépia.
En 1659, lors de la signature du traité des Pyrénées[1] mettant fin à la guerre contre les Espagnols, et dont nos villageois n’ont eu connaissance que quelques mois plus tard, la contrée est exsangue. Néanmoins, cet acte diplomatique permet de rétablir l’ordre dans la Champagne, exposée depuis plus de cinquante ans à des ennemis de tous bords.
[1] Le 7 novembre 1659 sur l’île des Faisans, à la frontière franco-espagnole.
La pauvreté est si extrême, tant à Rethel (Ardennes) que dans toute la région, que des édiles font appel à plusieurs reprises à la charité du révérend père Vincent, puis à son adjoint le frère Jean Parru, afin qu’elle s’exerce à l’égard des pauvres de la ville.
Tout le secteur est concerné, puisque le « Rethélois et la contrée voisine du Porcien avaient été complètement ravagés en 1649 par les Espagnols et les Suédois, puis au printemps de 1650 par des Polonais au service du roi de France, pendant l’été par Turenne au service de la Fronde »[1].
Ce que confirme Armand Picard[1], qui écrit que « Les habitants ne survécurent que grâce à des aides extérieures et à l’action bienfaisante des missionnaires de monsieur Vincent[2] qui organisèrent ravitaillement et secours[3]. »
[1] Intérimaire en pharmacie et érudit local (1860-1947), habitant de Wasigny (Ardennes).
[2] Vincent de Paul, né le 24 avril 1581 à Pouy (actuellement dans le département des Landes, en région Nouvelle-Aquitaine) et mort le 27 septembre 1660 à Paris (actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la métropole du Grand Paris).
[3]Archives départemental des Ardennes, 1J 21-3 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 21 = histoire du Porcien, dons Didion et abbé Henry, novembre 1949, pièce 1J 21-3, Rocquigny, notes historiques par Armand Picard (1860-1947), 1 cahier].
Bataille de Rethel (Ardennes), 1650, par Franz Ertinger.
Il faut également être conscient qu’à cette époque les frontières sont totalement aléatoires : elles se déplacent en fonction des traités, et les populations à proximité en subissent les conséquences (Les civils ont été à cette époque les premières victimes de guerre).
Les Ardennes, en tant que théâtre de certains affrontements, ont joué un rôle significatif dans ces conflits du XVIIe siècle : la bataille de Rethel (Ardennes) le 15 décembre 1650 a débouché sur une victoire militaire et politique du royaume de France.
La guerre[1] est déclarée le 19 juillet 1870 par Napoléon III au royaume de Prusse, dont Otto von Bismarck est le ministre-président de 1862 à 1890 (il est également chancelier de la confédération de l’Allemagne du Nord de 1867 à 1871). Aux Prussiens se sont associés d’autres Etats comme le grand-duché de Bade, les royaumes de Bavière et de Wurtemberg. Les premiers affrontements ont lieu sur le front de l’Est.
[1] Ce conflit est généralement désigné par le terme « guerre franco-allemande (1870-1871) ». Il peut être également nommé « guerre de 1870-1871 » ou « guerre franco-prussienne (1870-1871) ». Il arrive qu’il soit appelé « guerre de Septante » par certains historiens.
La Romagne et les villages des environs assistent parfois aux passages des troupes, mais ne sont pas directement situés dans la zone des combats, marquée par une cinglante défaite à la suite de la bataille de Sedan (Ardennes).
Les habitants ont cependant ressenti la proximité de la guerre : avant de faire face à l’occupation allemande (le département des Ardennes n’a été libéré de celle-ci qu’en 1873), ils ont été confrontés aux réquisitions de chevaux et de nourriture par les soldats français, aux opérations du 13e corps d’armée, lors de la retraite de celui-ci.
Créée par le décret du 12 août 1870, cette unité militaire défensive[1] débute sa formation le 16 août 1870 à Paris, sous les ordres du général Vinoy[2]. Elle est composée de trois divisions, confiées respectivement aux généraux Exéa[3], Maud’huy[4] et Blanchard[5].
[1] L’armée française gardera cette position, face à des ennemis qui privilégient une stratégie offensive.
[2] Joseph Vinoy (10 août 1800-29 avril 1880), général de division.
[3] Antoine-Achille d’Exéa-Doumerc (24 février 1807-9 février 1902), général de division.
[4] Louis Ernest de Maud’huy (21 janvier 1809-20 octobre 1883), général de division. A ne pas confondre avec son neveu, le général Louis Ernest de Maud’huy (17 février 1857-16 juillet 1921), héros de la guerre de 1914-1918.
[5] Georges Eugène Blanchard (12 octobre 1805-13 février 1876), général de division.
En tout, ces dernières comprennent plus de 30 000 hommes pour l’infanterie (dont certaines recrues, selon le capitaine Vaimbois[1], n’ont jamais ou très peu manié le fusil Chassepot[2]), une réserve d’artillerie plutôt bien préparée, et une division de cavalerie.
[2] Le fusil modèle 1866 tire son nom de son inventeur.
Cette formation quitte Paris le 24 août 1870 par différentes lignes de chemin de fer. Il est prévu qu’elle doit en partie se porter sur la rive droite de l’Aisne à hauteur de Berry-au-Bac[1], mais les directives changent. Seize jours plus tard, le 13e corps est de retour à Paris[2], après avoir vécu de nombreux aléas et péripéties durant sa retraite.
La première division est dirigée sur Reims (Marne). Quant aux deux autres, elles ont pour mission, non de combattre, mais d’inquiéter l’armée du prince Frédéric Charles de Prusse[1] dans sa marche. Or, très vite, elles reçoivent d’autres ordres et doivent se diriger sur Mézières (Ardennes), où elles arrivent le 30 août pour assurer les communications.
[1] Friedrich Karl von Preußen en allemand (20 mars 1828-15 juin 1885).
La situation est déjà compromise : le 18 août a eu lieu la bataille de Gravelotte (Moselle)[1], puis le repli de Bazaine[2] à Metz (Moselle) et son enfermement.
[2] François Achille Bazaine (13 février 1811-23 septembre 1888), général de division et maréchal de France.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8439219, Établissement géographique Erhard frères (auteur), Monrocq imprimeur (auteur), Direction de la marche de l’Armée de Châlons vers Metz (indiquée par le ministre de la Guerre dans le conseil des Ministres), échelle au 1 : 160 000, Paris : Monrocq imprimeur, 1870, 1 feuille en couleurs ; 580 x 440, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-303. Note : Carte de l’Argonne et d’une partie de la Champagne, de Châlons à Verdun. – 1870].
Pour sa part, l’armée de Châlons[1], sous le commandement de Mac-Mahon[2], est arrêtée dans sa marche. En outre, dans la nuit du 30 au 31 août, Failly[3] échoue devant Beaumont[4], alors que ses troupes, qui ont reculé, essaient de résister et de défendre Mouzon (Ardennes), dont les Prussiens ne s’empareront que tard dans la soirée. Les Français reçoivent alors l’ordre de se porter sur Sedan (Ardennes).
[1] Actuellement Châlons-en-Champagne, anciennement Châlons-sur-Marne, chef-lieu du département de la Marne, en région Grand Est.
[2] Patrice de Mac Mahon (13 juin 1808- 17 octobre 1893), général de division, maréchal de France.
[3] Pierre Louis Charles Achille de Failly (21 janvier 1810-15 novembre 1892), général de division.
Les civils fuient sur la route de Sedan (Ardennes) à Mézières (Ardennes). Le 1er septembre, on entend les canons Krupp[1] tonner sur Bazeilles (Ardennes), où se trouve, en particulier, le Ier corps d’armée bavarois[2]. Les combats sont acharnés et sanglants.
[1] L’entreprise de sidérurgie a été fondée par Friedrich Krupp (17 juillet 1787-8 octobre 1826). Le « roi du canon » (« Kanonenkönig ») Alfred Krupp (26 avril 1812-14 juillet 1887) en fait une industrie d’armement de premier rang.
[2]Königlich Bayerisches 1. Infanterie-Regiment « König ». Par convention typographique, les numéros des unités françaises ou alliées se composent en chiffres arabes. Le romain grande capitale est alors réservé aux armées ennemies, pour éviter des confusions.
Après avoir été informé de ce qui se passait à Sedan (Ardennes), le général Vinoy, qui a conscience de l’étendue du désastre, fait savoir au ministre qu’il compte battre en retraite, afin de ramener vers Paris le 13e corps d’armée pour protéger la capitale. Il veut se mettre en route de très bonne heure le 2 septembre, pour prendre de l’avance sur les ennemis qui pourraient le poursuivre.
Une longue colonne s’étire sur plusieurs kilomètres à la sortie de Mézières (Ardennes) pour se diriger sur Charleville (Ardennes) et s’avancer sur la route de Rethel (Ardennes) en passant par Poix[1], Launois[2], Faissault[3], Saulces-aux-Bois[4] et Saulces-Monclin[5].
Les hommes ont très peu de munitions et ne peuvent en obtenir d’autres. Il est décidé qu’en cas d’attaque, cette troupe doit combattre sans arrêter la marche, d’autant que la partie la plus dangereuse se trouve entre Charleville (Ardennes) et Launois (Ardennes).
Aux environs de 6 heures du matin, des échauffourées se produisent entre la colonne française du 13e corps d’armée[1] et les Allemands du VIe cuirassiers[2] et du XVe uhlans[3]. Ces derniers vont se fixer sur la Vence[4].
Or, un évènement peu banal survient : à la suite d’une confusion d’uniformes, des soldats du XVeuhlans[5] et des hussards français se mélangent. Les uhlans se rendent très vite compte de leur erreur, la lutte s’engage et quelques Allemands sont faits prisonniers. La colonne repart de Launois (Ardennes) vers 8 h 30.
[1]Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-2304, Poirier, Jules (auteur), Le 13e corps d’armée pendant la guerre de 1870, 2e édition, Paris : G. Kleiner, 1901, in-8°, 104 p., cartes.
[2]Kürassier-Regiment Kaiser Nikolaus I. von Rußland (Brandenburgisches) Nummer 6.
Attaqué une nouvelle fois à Saulces-Monclin (Ardennes), Vinoy fait déployer l’artillerie. De son côté, le général Bredow[1], voyant que sa tentative échoue, se replie. Une seconde attaque est menée par une brigade de cavalerie, alors que l’ennemi se contente de les observer.
[1] Friedrich Wilhelm Adalbert von Bredow (25 mai 1814-3 mars 1890).
Comme l’artillerie prussienne occupe le terrain de Bertoncourt (Ardennes), la colonne se détourne de l’itinéraire initial pour prendre le chemin qui conduit à Novion-Porcien (Ardennes). Elle ne subit plus que des escarmouches destinées à lui faire perdre du temps.
Lorsque le village de Novion (Ardennes) est atteint vers 15 heures, le général Vinoy met les troupes au bivouac, pour qu’elles se reposent et que l’on puisse s’occuper de la quarantaine de blessés.
Très rapidement, c’est l’affolement, la population craignant l’arrivée des uhlans. Ils occupent le village, dès le départ des Français.
Finalement, le général Vinoy décide de repartir dans la nuit du 3 septembre dans l’espoir de mettre davantage de distance avec l’ennemi. Le départ est fixé à 2 heures du matin et, pour ne pas alerter les éclaireurs de l’autre camp, des traces de vie sont laissées avec le maintien des feux allumés.
La colonne se prépare à gagner Chaumont-Porcien (Ardennes), lorsqu’une forte pluie se met à tomber. Les hommes sont trempés, la boue qui atténue cependant le bruit des roues ne facilite pas les déplacements. Successivement, la troupe traverse Mesmont[1], Bégny[2], Givron (Ardennes).
[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Mesmont (Côte-d’Or), en région Bourgogne-Franche-Comté.
Or, entre Bégny et Givron, une route descend sur Ecly[1] et Château-Porcien[2], où se trouve l’ennemi. C’est là que le guide qui les conduit (et qui pourtant connait le secteur) se trompe et les engage dans la mauvaise direction[3]. Le général Vinoy s’en aperçoit, et fait rebrousser chemin à ses troupes, dans un grand désordre. Bégny (Ardennes) sera lui aussi occupé par des troupes prussiennes.
La colonne arrive enfin à Chaumont-Porcien (Ardennes) vers 8 heures du matin. Les soldats reçoivent un accueil chaleureux de la population. Il leur sera difficile de repartir à l’heure prévue.
Chaumont (Ardennes), vers midi, voit arriver les dragons allemands. Ils prennent position sur les crêtes à l’est du village, et y installent des batteries. Un bataillon se déploie sur la route entre Adon (Ardennes)[1] et Chaumont (Ardennes), avant que deux autres n’occupent le village, qui n’en sort pas indemne.
[1] Actuellement, commune rattaché à Chaumont-Porcien, dans le département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Adon (Loiret), en région Centre-Val de Loire.
Une nouvelle fois, le général Vinoy décide de changer de route, et de se diriger sur Seraincourt[1], Fraillicourt[2], Montcornet[3].
Ignorant qu’elle n’était pas poursuivie par la XIIe division d’infanterie[1], la colonne française fait halte à Fraillicourt (Ardennes) et, dans un dernier effort, se remet en marche jusqu’à Montcornet (Aisne), où elle parvient à 18 heures. Le lendemain elle gagne Marle[2], puis Laon[3], pour rejoindre Paris le 9 septembre.
[1]12. Division [Alte Armee], union des contingents du royaume de Prusse.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10505633, Hadol, Paul (dessinateur), La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores, et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, Chez Rossignol, 11 rue Taitbout ; Au bureau de l’Éclipse, 16 rue du Croissant, Paris, 30 pl., page de titre : lithographie coloriée ; 17 x 27 cm, page non paginée, vue 11/49, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, TF-387-4.
La capitulation de l’empereur Napoléon III ne met pas fin aux combats. Des groupes de francs-tireurs se forment, et n’hésitent pas à attaquer l’ennemi, qui réplique par des représailles comme à Vaux-Villaine (Ardennes), où trois habitants[1] sont fusillés le 27 octobre 1870 au matin.
[1] Jean-Baptiste Depreuve, Louis Georges et Charles Georges.
Après la défaite, le département des Ardennes se voit imposer, dès le 8 septembre 1870, une contribution d’un million de francs pour compenser les pertes allemandes dans divers domaines, et en particulier celles infligées aux navires allemands par les vaisseaux de guerre français[1].
Dans les registres de Mainbressy (Ardennes)[2], à la date du 20 octobre 1870, le conseil municipal se soumet au paiement d’une somme de 1 800 francs pour éviter, par un refus, des mesures de rétorsion, ce qui montre la crainte ambiante.
[1] En 1870, l’Allemagne ne comptait pas du tout au rang des puissances maritimes. Notre Marine lui était alors largement supérieure.
[2]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MAINBRESSY/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MAINBRESSY/D 1 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Mainbressy (Ardennes), 1838-1880].
Peu de temps après, Von Katte[1], qui se présente comme préfet de Rethel (Ardennes), réclame à la commune de Rocquigny (Ardennes)[2] :
Le 12 novembre 1870, la fourniture de 1 500 kg de paille et autant de foin, 30 quintaux métriques (soit 100 kg) d’avoine, et 1 200 kg de viande.
Le 6 décembre 1870, ce sont des réquisitions de literie pour le casernement de troupes prussiennes qui sont mises en œuvre. Quelques jours plus tard, ce sont 75 paires de chaussettes et des couvertures qui sont exigées, sans oublier les sommes sollicitées pour l’éclairage ou des suppléments de gages donnés aux employés des armées prussiennes.
Le 26 janvier 1871, divers ajouts de grains et de blé sont demandés.
[2]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROCQUIGNY/D 1 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Rocquigny (Ardennes), 2 octobre 1865-2 juin 1884].
Dans le même temps, Fraillicourt (Ardennes)[1], occupé pendant 172 jours (du 8 septembre 1870 au 26 février 1871), est exposé à des requêtes considérables, après avoir pourvu à la nourriture et au logement de troupes (un régiment de dragons et le XXVIIe régiment d’infanterie[2]).
A la fourniture de grains, de fourrages, de vin, de cidre, d’eau de vie et de liqueurs s’ajoutent des moyens de transport (voitures de maître, charrettes, chariots), des vêtements confectionnés et de la vaisselle.
En 1871, tout est paralysé dans le département, puisqu’une gouvernance allemande a été mise en place, et que la poste ne fonctionne plus. A tout cela, s’ajoute la rigueur de l’hiver. La misère et la peur règnent une fois de plus sur la contrée.
Cette gestion par les Allemands disparaît après la signature des préliminaires de paix (mars 1871). L’administration française reprend alors sa place. La loi du 14 avril 1871 prescrit à cet effet un renouvellement intégral des membres des conseils municipaux.
La commune de La Romagne est imposée d’une contribution aux frais des besoins de l’armée allemande. Celle-ci s’élève à 50 francs par tête d’habitant, ce qui fait un total de 21 200 francs.
Ces derniers ne peuvent être délivrés qu’au moyen d’un appel aux contribuables les plus aisés de la commune, et d’un emprunt remboursable en 5 ans une fois la guerre terminée.
A partir de 1872, la conséquence de ces contributions est une imposition exceptionnelle. L’autorité allemande ne se contente pas de ces sommes. Elle réclame en sus environ 3000 francs, correspondant à la contribution foncière afférente à l’Etat.
De plus, la commune (tout comme d’autres villages ardennais cités plus haut) est mise en demeure de fournir, en plus de divers produits (dont on ne connaît pas la liste), une voiture de houille attelée de quatre chevaux. Celle-ci pose un certain nombre de problèmes à la municipalité, car le voiturier doit aller chercher en Belgique son chargement avant de le rapporter à Rethel (Ardennes).
Ce qui n’est pas sans risque, puisque l’on craint une confiscation à la frontière, soit par les douaniers, soit par les francs-tireurs. Une solution est arrêtée[1] : monsieur Merlin fournit la voiture et l’attelage, tandis que le village réquisitionné se porte garant du matériel prêté pour cette opération. Apparemment, cette dernière s’est bien déroulée.
[1]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 1 = registre des délibérations du conseil municipal de La Romagne (Ardennes), 24 juin 1849-6 août 1893], décisions des 22 janvier 1871 et 15 octobre 1871.
L’armistice général intervient le 15 février 1871 et, si le traité préliminaire de paix est signé le 26 février 1871 à Versailles[1], ce dernier proclame aussi l’unité allemande.
[1] Actuellement, département des Yvelines, en région Île-de-France.
En réalité, c’est le traité de Francfort-sur-le-Main du 10 mai 1871 qui met fin à cette guerre franco-allemande de 1870-1871. Cette dernière a profondément marqué les Ardennes (qui auront subi l’occupation après la défaite de Sedan, mais aussi en 1914-1918 et en 1939-1945).
Quant à la France, elle offre un nouveau visage, avec le rattachement de l’Alsace et de la Lorraine à l’Empire allemand sous le nom d’Elsaß-Lothringen.
Les villages reçoivent des compensations financières au titre des dommages de guerre. C’est ce qu’indique par exemple la séance extraordinaire du conseil municipal de Montmeillant (Ardennes)[1] du 20 avril 1872, qui précise que la commune se voit accorder une somme de 1 285,40 francs, versée par cinquième.
[1]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/D 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MONTMEILLANT/D 3 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Montmeillant, 1840-1888].
Pour bon nombre de communes, les archives constituées des registres de délibération des séances des conseils municipaux restent la plupart du temps muettes sur la période allant de fin juillet 1870 à l’année 1872.
Les documents subsistants apprennent cependant que quelques Romanais ont été exemptés de la guerre, soit parce qu’ils étaient instituteurs (Alexis Stévenot), ou pour raisons de santé (Théophile Adonis Larchet).
Ils attestent également que Pierre Aristide Devie a exercé sa profession de maréchal-ferrant au sein du 5e régiment de hussards de 1872 à 1877.
Ils témoignent enfin que La Romagne a été touchée par la mort au combat ou l’emprisonnement par l’ennemi de jeunes gens nés dans le village.
Les natifs de La Romagne soldats de la guerre franco-allemande 1870-1871 (A-Z)
Pierre Chailloux[1], fils de François-Xavier Chailloux et d’Adèle Millet, est né le 7 octobre 1847 à La Romagne. Il est incorporé en juillet 1868, puis appelé à l’active dès juillet 1870. Il est soldat de 2e classe à la 2e compagnie du 2e bataillon de la garde mobile des Ardennes, et décède le 1er novembre 1870[2] à Rocroi (Ardennes) à l’hôpital militaire.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1007 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)]. [2]Archives départementales des Ardennes, 2E 369 5 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, baptêmes, mariages, sépultures, cote 2E 369 5 = années 1863-1872], transcription de l’acte de décès, vue 156/177, consultable en ligne.
Alfred Léon Chéry[1], fils de Pierre Chéry et de Marie-Joséphine Ismérie Noël, est né le 10 novembre 1849 à La Romagne. Appelé en août 1870, il est fait prisonnier le 19 janvier 1871 et ne rentre en France que le 24 avril 1871. Il est définitivement licencié par la paix le 31 décembre 1872.
[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1014 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Michel Célestin Dupont[1], fils de Jean Nicolas Dupont et d’Elisabeth Bonhomme, est né le 30 avril 1850 à La Romagne. Devenu volontaire le 16 août 1870, il est incorporé au 1er régiment de chasseurs à pied de Belval (Ardennes), où il est nommé trompette le 31 mai 1871.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1017 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Pierre Millet[1], fils de Pierre Millet et de Félicité Grimplet, est né le 12 juin 1850 à La Romagne. Il est incorporé en août 1870 comme appelé des Ardennes.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1017 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Nota bene : cette liste limitative cite uniquement les Romanais par naissance, c’est-à-dire les personnes qui sont nées à La Romagne, et non celles qui pourraient y avoir habité par la suite.
Après le désarroi provoqué par la défaite de Sedan (Ardennes) et son retentissement national, la déchéance officielle de Napoléon III le 1er mars 1871, et la chute du Second Empire, la Troisième République (régime en vigueur du 4 septembre 1870 au 10 juillet 1940) mène une politique d’expansion des colonies qui aura un certain retentissement sur la vie de La Romagne.
Les natifs de La Romagne et le second empire colonial français (A-Z)
Clovis Dupont, né le 18 juillet 1855 à La Romagne, part pour l’Algérie, où du reste il meurt le 12 octobre 1879 à l’hôpital militaire de M’Sila[1].
[1] Chef-lieu de la wilaya (collectivité territoriale) de M’Sila.
Fernand Gustave Devie, né le 14 décembre 1880 à La Romagne, engagé volontaire, intègre plusieurs bataillons d’infanterie coloniale, et fait les campagnes du Sénégal entre 1901 et 1904.
Nota bene : cette liste limitative cite uniquement les Romanais par naissance, c’est-à-dire les personnes qui sont nées à La Romagne, et non celles qui pourraient y avoir habité par la suite.
C’est ainsi que quelques jeunes hommes natifs du village, lors de leur service militaire ou au cours de leur carrière, participent à la promotion du second empire colonial français[1], principalement en Afrique.
[1] Le premier empire colonial français correspond aux conquêtes de l’Ancien Régime.
Madame Marie-Madeleine Albertini, maîtresse de couture, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Marie-Hélène Beltrami née Albertini).
Outre l’accent mis sur l’enseignement de l’écriture et de la lecture, la loi Guizot du 28 juin 1833 organise l’enseignement primaire en trois divisions correspondant à l’âge des enfants.
La première regroupe les six/huit ans, qui se doivent d’apprendre l’instruction morale et religieuse à travers le catéchisme et l’histoire sainte, deux matières incluses dans le programme. En outre, l’élève fait l’apprentissage de l’écriture, de la lecture à haute voix et des premières notions de calcul.
Dans la deuxième division, les huit/onze ans voient s’ajouter au programme de base l’étude de la langue française (et notamment de sa grammaire), des rudiments d’histoire et de géographie, avec éventuellement un peu de chant et de dessin.
Termes de géographie : paysage de la région tempérée ; région tropicale.Termes de géographie : paysage polaire ; port de mer.Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52514233, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), Termes de géographie :paysage de la région tempérée ; région tropicale. – Au verso : paysage polaire ; port de mer, Paris : Armand Colin, 1885, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vues 1/2 et 2/2 consultables en ligne sur Gallica, lot d’images reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (1/1 BIS-1885). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Documents cartographiques n° 1 et 1 bis].
Quant aux plus grands, ils approfondissent les notions reçues précédemment. Un point concerne l’enseignement particulier donné aux filles : elles doivent être exercées aux travaux de leur sexe, et en particulier à la couture.
Pour toutes ces divisions, le maître doit recommander la propreté du corps ou des vêtements, et punir ceux qu’il trouve en défaut sur ces points.
L’enseignement primaire n’est pas le seul à susciter de l’intérêt pour améliorer le sort de la population : dès la monarchie de Juillet (qui succède en 1830 à la Restauration, après la révolution de Juillet), des tentatives voient le jour pour développer d’autres formes d’instruction (comme l’enseignement agricole, qui vise une meilleure formation des cultivateurs).
Le ministre de l’Agriculture de l’époque a le projet d’établir des fermes-écoles dans chaque arrondissement : y seraient admis des apprentis âgés de seize à dix-huit ans, fils de cultivateurs et d’ouvriers agricoles, afin de parfaire leurs connaissances. Au-dessus de celles-ci, des écoles « régionnelles[1] » [sic] permettent de former des agronomes perfectionnés.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – quai de la Madeleine et école normale d’institutrices, cliché Limbour (photographe) & J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Dans le but que certains élèves puissent acquérir une formation plus approfondie, les chefs-lieux de canton créent une école primaire supérieure, dans laquelle l’enseignant est titulaire d’un brevet supérieur acquis au cours de sa formation dans une école normale ou privée.
L’enquête de 1848 sur le travail agricole et industriel révèle que les quatre cinquièmes des travailleurs savent lire et écrire, qu’un dixième sait lire mais ne sait pas écrire, et que le dernier dixième ne sait ni lire ni écrire[1].
[1]Archives nationales, C 945 [série C = fonds publics postérieurs à 1789, archives des assemblées nationales (1787-1958), cotes C 943-969 = enquête sur le travail agricole et industriel, prescrite par le décret du 25 mai 1848, exécutée par cantons et portant sur l’état de l’agriculture et de l’industrie dans chaque canton, la condition des ouvriers et des salaires, le chômage, les associations, l’état moral et religieux de la population ouvrière, l’émigration des travailleurs vers les villes 1848-1849].
Le département n’est pas indifférent au sort des plus petits, puisque le conseil général des Ardennes, dès 1850, émet le vœu que des salles d’asile pour l’enfance soient établies dans les communes rurales. Il n’est pas possible de déterminer exactement pour La Romagne si ces directives ont été suivies, dans la mesure où les registres des délibérations du conseil municipal de cette époque ont disparu.
La loi Falloux du 15 mars 1850 reconnaît deux types d’écoles : les unes, publiques, relèvent selon leur lieu de l’Etat, du département ou des communes. Les écoles libres dépendant de particuliers ou d’associations.
Ainsi existe-t-il à Wasigny (Ardennes) une école primaire supérieure et privée, avec possibilité d’accueillir des pensionnaires. Quelques années plus tard, la congrégation de l’Enfant Jésus de Reims (Marne) ouvre une école de filles à Lalobbe (Ardennes)[1].
C’est aussi à ce moment-là qu’est imposé le français comme seule langue en usage à l’école. Cette décision est confirmée par le règlement modèle pour les écoles publiques du 17 août 1851 adopté par le ministre de l’Instruction publique Marie Jean Pierre Pie Frédéric Dombidau, baron de Crouseilhes[1], de manière que les élèves soient « formés à l’usage habituel de cette langue », selon son article 29.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10525063, Moreau-Nélaton, Étienne (collectionneur), [recueil de célébrités du XIXe siècle], [entre 1860 et 1880 environ], album de 50 photographies positives sur papier albuminé, format carte de visite, image 33 [portrait de Jules Ferry par Bacard fils photographe], page non paginée, vue 33/116, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-NA-109 (2).
Les lois dites Jules Ferry des 16 octobre 1881 et 28 mars 1882 instituent l’obligation et la gratuité de l’enseignement. Elles affirment la sortie du programme obligatoire d’enseignement de tout dogme, de manière que tous aient accès à la lecture et à l’écriture.
Livret d’instruction civique : opuscule de l’élève.Livret d’instruction civique : opuscule du maître.Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-1197059, Dupuy, Charles (sous la direction de) ; Laloi, Pierre (auteur), Livret d’instruction civique [opuscule de l’élève] : questions – résumés – sujets de rédaction, (L’Année du certificat d’études), Paris : Armand Colin, [1892, Nota bene : date d’après le tampon du dépôt légal], 1 vol. (40 p.), page non paginée, vue 5/50, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-R-10909 (8,2). Voir aussi Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-1197058, Dupuy, Charles (sous la direction de) ; Laloi, Pierre (auteur), Livret d’instruction civique : opuscule du maître – résumés – développement des sujets de rédaction, (L’Année du certificat d’études), Paris : Armand Colin, [1892, Nota bene : date d’après le tampon du dépôt légal], 1 vol. (40 p.), page non paginée, vue 7/50, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-R-10909 (8,1).
L’enseignement civique et moral est en revanche introduit. L’instituteur est chargé de former l’esprit des enfants en développant le bon sens, l’observation, la réflexion et le raisonnement.
En outre, et surtout dans les communes rurales, il doit fortifier ses élèves dans le goût des travaux qui occupent les gens du village, tout en leur faisant comprendre les bienfaits de l’instruction, les inconvénients de la routine et la nécessité du progrès.
On sait peu de choses sur l’enseignement donné par Joseph Hézelle, maître d’école à La Romagne de 1807 à 1816, si ce n’est que, comme il était chantre, il enseigne le chant à ses élèves, mais aussi le « nouveau catéchisme ». Les livres qu’il utilise montrent la prééminence de la religion dans l’enseignement :
L’Instruction de la jeunesse ;
La Pensée chrétienne et quelques autres livres de piété ;
L’un de ses successeurs en 1823, Pierre Emile Fréal, utilise une méthode d’enseignement ancienne : c’est la première allusion vague et très succincte que l’on trouve sur la méthode pédagogique.
Localement, les maîtres sont surveillés par les maires et les curés, signe d’une mentalité très conservatrice qui met l’accent sur l’importance de la moralité. Elle transparaît dans le commentaire identique émis sur ces deux instituteurs : « Il se comporte bien et instruit bien » : la prééminence du comportement sur la qualité de l’enseignement dispensé est notable.
Jusqu’aux lois de 1882, l’instituteur est constamment surveillé sur sa tenue vestimentaire : il ne peut pas se montrer bras nus, sans cravate ou avec un bonnet de coton. Il l’est également dans sa tenue morale, d’autant qu’il doit accompagner les enfants aux offices des dimanches et fêtes, ou à l’époque de la première communion.
A partir de 1816, le roi crée dans chaque canton un comité chargé de surveiller l’enseignement primaire. On retrouve constamment ensuite et malgré les changements de régime cette surveillance religieuse, puisque l’évêque (ou un de ses délégués) fait partie du conseil départemental de l’Instruction publique au même titre que le préfet et deux membres du conseil général.
On est encore loin des inspecteurs primaires mis en place pour veiller à l’application des lois de 1882, mais aussi pour soutenir et conseiller les instituteurs nommés par la République. Ces derniers, titulaires de chaque canton, participent à l’élaboration de la liste des livres en usage dans le département, en assistant chaque année à une réunion, à l’issue de laquelle ils communiquent à l’inspecteur primaire les additions et les suppressions qu’ils jugent utiles.
Ces propositions remontent ensuite vers le recteur, puis au ministre qui statue en dernier ressort : le département des Ardennes dépend d’abord de l’académie de Douai (Hauts-de-France), puis de celle de Lille (Hauts-de-France) à partir de décembre 1888, avant d’être rattaché à l’académie de Reims (Marne) au milieu du XXe siècle.
La Révolution ne modifie pas la manière de recruter les maîtres d’école, qui se trouvent soumis non seulement à la municipalité mais aussi au curé. L’imbrication du civil et du religieux se marque chez l’instituteur par son double rôle dans les communes rurales où, bien souvent, il est également chantre.
La pratique ancienne et pré-révolutionnaire se poursuit, pour lui, à travers l’entretien de l’église, la sonnerie de l’angélus, des baptêmes, mariages et enterrements, ou le portage de l’eau bénite au domicile des malades. Au milieu du XIXe siècle, l’instituteur ne peut plus être contraint à être clerc laïque, sauf si une convention entre la commune et lui est signée lors de son installation.
Il faut attendre la Troisième République et les lois sur l’obligation scolaire pour que les instituteurs soient nommés par le Gouvernement et ne dépendent plus que de lui, même si le microcosme rural se passionne toujours pour les faits et gestes des maîtres et maîtresses de leur village.
Cette nomination par l’Etat modifie profondément le mode de rétribution. Le salaire devient fixe. L’instituteur n’est plus assujetti aux parents, qui avaient pour un certain nombre beaucoup de mal à le payer. Le maire de La Romagne dresse ce constat en 1833 :
« Sur près de cent enfants capables de fréquenter les écoles, la moitié sont dans l’impossibilité de payer les rétributions, puisque la plupart appartient à des parents pauvres qui se privent d’une partie de leur nécessaire pour les envoyer à l’école deux ou trois mois chaque année, et la modicité des revenus du maître ne lui permet pas d’enseigner gratis. »
Avis émis par le maire de La Romagne (Ardennes) en 1833 sur les moyens limités qu’ont les parents pour envoyer leurs enfants à l’école, et sur l’impossibilté matérielle pour l’instituteur d’offrir ses cours.
La succession en 1857 de Marie Frougniet, femme de Victor Graux (instituteur et chantre), nous apprend qu’il y a des arrérages de traitement, et que pour sa fonction de chantre, il perçoit la somme de 30 francs.
Lors de la création de l’école de filles, la municipalité prend en charge le traitement de l’institutrice, et accorde la gratuité aux seuls enfants dont les parents ne peuvent pas payer la rétribution scolaire. Cet effort budgétaire est si important que, parallèlement, le conseil municipal, malgré la demande expresse du préfet et l’intérêt que présente la création d’une caisse des écoles pour les élèves, décide d’ajourner ce projet.
Elle ne verra le jour que quelques années plus tard : elle devient obligatoire aux termes de la loi du 28 mars 1882 article 17. Elle n’est réorganisée qu’en 1926, après avoir connu un moment de sommeil. Pour cela, des crédits sont mis au budget communal dès 1925 (40 francs), puis en 1926 (20 francs), pour former une dotation.
D’autre part, et pour ne citer qu’un exemple parmi d’autres, la coopérative scolaire reçoit quelques subsides à l’occasion des quêtes effectuées lors d’un mariage, comme c’est le cas lors de l’union de Fernand Taillet et d’Ida Carbonneaux[1].
[1]Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 129, « La Romagne. – Au mariage » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, cinquante-septième année, n° 3466, lundi 16 janvier 1939, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/6, consultable en ligne].
Très souvent, après 1882, l’instituteur est secrétaire de mairie. Afin de pouvoir effectuer cette tâche, il doit recevoir l’autorisation du conseil départemental de l’enseignement primaire. Cette fonction, si elle permet d’améliorer la rémunération du maître d’école, l’attache davantage à la commune dans laquelle il exerce.
Les instituteurs sont répartis en plusieurs classes, si bien qu’en 1905, le traitement annuel varie de 1100 francs pour un stagiaire à 2200 francs pour un enseignant de la première classe, sachant que, pour la même catégorie, une institutrice perçoit 200 francs de moins.
Jusqu’à la loi Guizot, il n’y a pas de véritable formation pour les maîtres d’école même si, à partir de 1816, la possession d’un brevet de capacité obtenu après un examen devient obligatoire pour pouvoir exercer dans des écoles primaires. Tout d’abord, ce sont les écoles normales pour les maîtres qui sont créées puis, en 1838, celles pour les maîtresses. Cette formation en écoles normales se poursuit, quel que soit le régime.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – l’école normale de jeunes filles et l’école maternelle, annexe rue Jean-Baptiste-Clément, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – école normale d’institutrices – construite en 1884 par M. Jules Racine, architecte départemental, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Sous le Second Empire, les candidats à l’école normale font l’objet, avant leur entrée dans cet établissement, d’une enquête assez poussée : elle concerne non seulement leur nationalité (il n’est pas exigible d’être français), leur conduite, mais aussi leur constitution physique et leur aptitude à remplir la fonction de chantre, ce qui démontre une fois de plus les liens étroits entre enseignement et Eglise.
Si tous les critèressont réunis, il ne reste plus au candidat qu’à satisfaire au passage devant une commission, qui établit un classement par ordre de mérite en fonction des places vacantes. En dernier lieu, l’admission est prononcée par le préfet, sur la proposition de l’inspecteur d’académie.
Ce dernier tient compte des vœux du conseil municipal alors que, dans les temps précédents, l’instituteur communal était nommé directement par le conseil municipal, après consultation de la liste dressée par le conseil académique du département. C’est ce conseil qui décide du nombre d’instituteurs que doit avoir une commune et qui, pour ce faire, autorise la nomination d’un instituteur adjoint dès l’âge de dix-huit ans, parfois même avant qu’il n’ait passé son examen de compétence.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], 18. Charleville – école normale [Nota bene : la mention « des filles » a été ajoutée à l’encre en écriture manuscrite], Maurice Guillaume (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Quelques jeunes gens et jeunes filles originaires du village sont nommés après leurs études à l’école normale du département, et sont affectés parfois dans les environs. On retrouve parmi ceux-ci :
René-Louis Sonnet, né le 7 octobre 1838 à La Romagne, fils de Jean-Charles Sonnet et de Honorine Boudsocq ;
Marie-Dieudonnée Davenne, née le 28 mars 1852 à la Romagne, fille de Jean-Baptiste Davenne et d’Aurore Louette. Elle exerce successivement au Fréty (Ardennes) puis à Fépin (Ardennes).
Jean-Pierre Ovide Stevenot, né le 1er septembre 1857 à La Romagne, fils de Louis Stevénot et de Marie Madelaine Pélagie Desté ;
Léontine Auzanne-Alloy, née le 3 octobre 1861 à La Romagne, fille de Charles Nicolas Auzanne et d’Amélie Mauroy. Elle enseigne tout d’abord à Thiéry-Pré (Ardennes), à Seraincourt (Ardennes) puis à Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes).
Jean-Baptiste Cambray, né le 19 juin 1867 à La Romagne, fils de Louis Virgile Cambray et de Mathilde Paillon ;
Elie-Clovis Dupont, né le 23 décembre 1879 à La Romagne, fils de François Jules Dupont et de Marie Constance Vuilmet.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – école normale d’institutrices – construite en 1884 par M. Jules Racine, architecte départemental, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Dans les communes rurales, chaque enseignant exerce le plus souvent en classe unique, et fait parfois appel aux plus grands pour aider les plus jeunes.
Pour enseigner, les instituteurs et institutrices du village disposent d’une salle de classe d’une surface d’environ quarante mètres carrés et d’une hauteur de deux mètres (tout au moins pour l’école de garçons), avant la mise à disposition d’une salle plus spacieuse et lumineuse dans la nouvelle école.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-55008728, Selves, Henri (auteur, éditeur, imprimeur, fabricant), Globe terrestre, dressé pour l’usage des collèges, lithographies et limites coloriées, 15 cm de diamètre, 27 cm de hauteur, objet sur pied en bois tourné, page non paginée, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE A-1477 (RES), communication soumise à condition.
Le matériel pédagogique de base est constitué de deux ou trois tableaux noirs, de cartes de géographie des départements, de la France, d’un globe terrestre, d’un nécessaire métrique, d’une collection de solides géométriques.
En outre, depuis 1865, l’école dispose d’une bibliothèque, qui compte alors environ cent cinquante ouvrages. Mais les prêts ne sont pas nombreux (on en dénombre seulement quatorze pour l’année 1920), ce qui peut s’expliquer par le travail effectué après l’école, qui laisse peu de temps libre.
Au fil des années, ces supports sont complétés. Mais, après l’invasion de 1940, le matériel pédagogique, l’appareil cinématographique, les meubles de la bibliothèque et tous ses livres, ainsi que le poêle, disparaissent. Tout est dans un premier temps réparé, et les objets remplacés, à l’exception de l’appareil cinématographique[1]. Ce qui enlève un moyen de réunir les habitants autour d’un film, à un moment où rares sont ceux qui peuvent se rendre en ville pour aller au cinéma.
[1]Archives départementales des Ardennes, 13R 1661 [série R = affaires militaires et organismes de temps de guerre depuis 1800, sous-série 13R = dommages de guerre 1939-1945].
Madame Marie-Madeleine Albertini, maîtresse de couture, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Marie-Hélène Beltrami née Albertini).
En 1950, le conseil municipal propose comme maîtresse de couture madame Marie-Madeleine Albertini pour remplacer mademoiselle Jonnart dans cette tâche. En 1963, c’est madame Geneviève Fleury, la femme de l’instituteur Pierre Fleury, qui s’en occupe. Cet enseignement ne tarde pas à disparaître des programmes, remplacé par d’autres activités.
Si, au XVIIIe et au XIXe siècles, les changements de maîtres sont fréquents dans la commune, celle-ci connaît progressivement une plus grande stabilité : plusieurs enseignants du XXe siècle restent ainsi plus d’une décennie.
La première trace que l’on ait d’un logement fourni par la commune (qui n’en est probablement pas propriétaire) à son instituteur date de 1823, alors que celui-ci perçoit une rétribution de 40 francs[1].
[1]Archives départementales de la Marne, site de Reims, 7J 53 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 53-56 = enseignement, cote 7J 53 = enseignement libre. – Brochures (1834-1895). – Généralités sur l’enseignement libre (1840-1850). – Généralités sur les constructions et l’entretien d’écoles libres (1850-1870). – Compte rendu pour les cérémonies du deuxième centenaire de la fondation des écoles chrétiennes des frères (1880). – Budgets et états d’écoles primaires catholiques du diocèse de Reims (1823). – Plaintes contre les maîtres d’école ; contentieux (1823-1832)].
Plan sommaire du nouveau bâtiment scolaire, daté du 25 juin 1949, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.
En 1849, chaque commune se doit de fournir des locaux décents pour la tenue de la classe et pour l’habitation. A partir de la construction de la première école, puis de la création de l’école de filles, les enseignants sont respectivement logés dans le bâtiment scolaire.
Un rapport daté de 1920/1921 permet de connaître ce qu’est un « logement de fonction » dans une petite commune, quoique la situation varie d’une région à l’autre. A La Romagne, les deux logements sont composés de cinq pièces d’habitation dont quatre « à feu[1] », avec une cave, un puits pour l’eau, une petite remise et un jardin d’environ trois ares. La commune ne fournit ni l’éclairage ni le chauffage du logement.
Plan sommaire du rez-de-chaussée et du premier étage de l’ancien bâtiment scolaire, 1921, échelle au 1 : 100, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.
Selon le plan établi, on peut remarquer que le logement de l’instituteur se trouve disposé sur deux niveaux. La cuisine et la salle à manger voisinent avec la classe, alors que les chambres se trouvent au premier étage à côté de la mairie, ce qui n’est ni pratique ni intime.
Plan de masse, esquisse pour la construction d’une mairie-école, échelle au 0,002 pm, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.
Lors de la reconstruction, un effort tout particulier est fait en ce qui concerne son confort, et le logement est d’un seul tenant. En février 1959, compte tenu de la famille nombreuse de l’institutrice, le conseil municipal décide d’aménager une chambre supplémentaire dans le grenier de l’école. Après la fermeture de l’école, ce logement est loué durant quelque temps.
Plan de l’étage de la nouvelle école, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), calque, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.
La journée de classe se déroule jusqu’en 1882 en général de 8 h à 12 h et de 13 h à 17 h. Par la suite, les horaires comportent deux récréations ponctuées par la sonnerie de la cloche installée en 1886. La durée des vacances d’été varie entre le XIXe siècle et le suivant.
En 1800, elles durent du 5 août au 20 septembre.
En 1894, il y a six semaines de vacances en été.
En 1922, deux semaines sont ajoutées pour les vacances d’été.
En 1939, elles sont fixées du 15 juillet au 30 septembre.
En 1961, elles ont lieu du 28 juin au 16 septembre.
En dehors de celles-ci, le jeudi est le jour hebdomadaire sans classe jusqu’en 1972, moment où il est remplacé par le mercredi. Les élèves ont quelques jours de congés comme le Jour de l’an, les Jeudi, Vendredi et Samedi saints, les lundis de Pâques et de Pentecôte, ainsi que le jour de la fête du roi ou de l’empereur.
C’est en 1894 que les élèves bénéficient d’une semaine à Pâques, et en 1938 d’une semaine à la Noël, avant qu’un remaniement et la création de deux (puis trois) zones scolaires n’interviennent pour favoriser les développements touristiques.
Le repère religieux, bien qu’assez vivace chez de nombreuses personnes, s’efface dans la dénomination officielle, pour faire place aux vacances d’automne, de fin d’année, d’hiver, de printemps et d’été.
Jusqu’à l’application des lois de la Troisième République, le maître d’école, qui doit toujours donner des cours d’instruction religieuse, est aussi tenu de commencer et de terminer la journée de classe par une prière.
Livret d’éducation morale pour les garçons : livret de l’élève.Livret d’éducation morale pour les garçons : opuscule du maître.Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-1197054, Dupuy, Charles (sous la direction de) ; Le Peyre, Jacques (auteur), Livret d’éducation morale pour les garçons [livret de l’élève] (L’Année du certificat d’études), Paris : Armand Colin, 1895, 1 vol. (39 p.), page non paginée, vue 3/44, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-R-10909 (11,2). Voir aussi Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-1194156, Dupuy, Charles (sous la direction de) ; Le Peyre, Jacques (auteur), Livret d’éducation morale pour les garçons : opuscule du maître – développement des sujets de rédaction, (L’Année du certificat d’études), Paris : Armand Colin, [1896. Nota bene : date d’après le tampon du dépôt légal], 1 vol. (62 p.), page non paginée, vue 3/68, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-R-10909 (11,1).
L’instruction civique et morale prend la place de l’instruction religieuse mais le jeudi, journée où les élèves vaquent, permet aux parents qui le souhaitent de faire donner celle-ci à leurs enfants. La laïcité à l’école offre ainsi aux élèves la liberté de croire ou de ne pas croire, tout en les préservant de tout prosélytisme idéologique, économique et religieux.
Les paroissiens romanais participent depuis plusieurs siècles aux pèlerinages des environs, tant en Picardie qu’en Champagne. Dès le XVe siècle, les habitants du Porcien et du Rethélois se rendent à pied, en charrette ou en chariot, au pèlerinage de Liesse[1] en passant par Saint-Fergeux (Ardennes) et les hauts de Recouvrance[2], où se trouvait alors une petite statue de Vierge à l’Enfant[3] en bois[4].
Il n’y a pas de pèlerinage spécifique à La Romagne, même s’il y a une dévotion particulière à saint Eloi (que l’on a célébré pour la dernière fois au village le 1er décembre 2002[1]) et à saint Hubert, que l’on honore de nouveau bisannuellement depuis 1997 vers le 3 novembre[2].
[2] Cette date est celle du calendrier républicain. Il est fêté à cette date-là en Belgique, au Grand-Duché du Luxembourg, etc. Il est célébré d’autre part au 30 mai selon le martyrologe romain.
Le pèlerinage de Chaumont-Porcien (Ardennes)[1] permet de prier à la fois saint Berthauld, sainte Olive et sainte Libérète[2] (filles du seigneur de Hauteville), saint Vivien et saint Amand. L’abbaye de Chaumont-Porcien (Ardennes) possède des reliques, dont certaines ont disparu à la Révolution.
Lors de la visite épiscopale de 1872, on découvre en ouvrant le reliquaire un procès-verbal dressé par M. Poinsignon, premier curé nommé à la suite du rétablissement du culte, qui authentifie la relique du chef[3] de saint Berthauld[4].
Des chapelles élevées pour les deux saintes, détruites à plusieurs reprises, et en particulier lors des guerres de Religion, sont reconstruites par la suite.
Le pèlerinage du Fréty (Ardennes) est dédié à saint Gorgon. Une relique[1] est conservée dans l’église. Le culte de ce saint a probablement été introduit dans ce village par les Pange, propriétaires et seigneurs de la terre de ce lieu.
Des milliers de personnes y participent au cours du XIXe siècle, où il connaît un grand renouveau. Il a lieu aux alentours du 9 septembre[1], et est suivi d’une neuvaine. En 1878, une seconde relique est récupérée. Elle est placée dans la nouvelle église, reconstruite sur un petit monticule. Cette dernière domine les environs, et est consacrée le 2 octobre 1890 par l’archevêque de Reims. D’autres pèlerinages sont également dédiés à ce saint à Avaux-le-château (Ardennes) ou à Pouillon (Marne).
[1] Date de sa fête locale selon le martyrologe romain.
A la suite de l’apparition de la Vierge Marie le 30 avril 1752 à huit enfants, le village de Neuvizy (Ardennes) est devenu un lieu de piété populaire. Chaque année, particulièrement au mois de mai, des pèlerinages y sont organisés. Carte postale ancienne en noir et blanc, Charpentier-Richard, éditeur, Mézières-Charleville (appelée aujourd’hui Charleville-Mézières).
Les principaux voyages de dévotion à Notre-Dame-du-Bon-Secours de Neuvizy (Ardennes) ont lieu traditionnellement le 1er mai de chaque année, durant ce mois marial, à la Pentecôte et à l’Assomption. En 2023, la saison des pèlerinages a été lancée par monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, 111e archevêque de Reims, nommé le 18 août 2018 par le pape François, photographie ancienne en noir et blanc, collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Les paroissiens se rendent également à Neuvizy (Ardennes), principalement en mai ou « mois de Marie », car le pèlerinage est dédié à Notre-Dame-de-Bon-Secours.
Des familles de La Romagne à la sortie de messe à Notre-Dame-de-Bon-Secours à Neuvizy (Ardennes), lors d’un pèlerinage, photographie ancienne en noir et blanc, collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Ce sanctuaire marial rappelle par sa façade celle de Notre-Dame de Paris. Les habitants du canton de Chaumont-Porcien (Ardennes) les accompagnent, lors d’une journée spécialement organisée pour eux le mercredi 7 mai 1930.
La Vierge noire de Liesse (Aisne) est également fort honorée depuis le XIIe siècle par les Ardennais. Ainsi, le 22 juillet 1934, a lieu un déplacement dit « pèlerinage des gerbières[1] », regroupant l’ensemble des paroisses du département et quelque deux mille « pèlerines »[2], dont au moins quatre Romanaises[3].
Ce pèlerinage fort ancien a connu des temps d’arrêt avec la période révolutionnaire, ou durant la Première Guerre mondiale. Néanmoins, et même s’ils ne sont plus aussi fréquentés qu’au XIXe siècle, ces témoignages de foi sont ancrés chez les fidèles ardennais et leur apportent de l’espoir.
Pèlerinage de la Saint-Christophe à Rocquigny (Ardennes) le dimanche 27 juillet 1924.Bénédiction des automobiles à Rocquigny (Ardennes) le jeudi 25 juillet 1912.Saint Christophe signifie « porte-Christ ». Il est le patron de ceux qui utilisent un moyen de transport et donc des voyageurs (automobilistes, cyclistes, etc.). L’arme du Train l’a choisi pour cette raison comme protecteur. Il est fêté le 25 juillet. Le pèlerinage à Rocquigny (Ardennes) qui lui est consacré s’accompagne de la bénédiction des voitures et des bicyclettes. Lot de cartes postales anciennes en noir et blanc.
En 1911, l’abbé Choppin, curé de Rocquigny (Ardennes), crée le pèlerinage des automobilistes et des cyclistes : sa paroisse est sous la protection de saint Christophe, patron des voyageurs puis des automobilistes. L’année suivante, une confrérie lui est consacrée.
Pèlerinage de la Saint-Christophe à Rocquigny (Ardennes) le vendredi 25 juillet 1913.Pèlerinage de la Saint-Christophe à Rocquigny (Ardennes) le dimanche 27 juillet 1924.Un siècle après, la bannière de saint Christophe est conservée à l’église Saint-Christophe de Rocquigny (Ardennes). Lot de cartes postales anciennes en noir et blanc.
Certes, à ce moment-là, il y a plus de bicyclettes que d’automobiles à La Romagne. Cela n’empêche pas la participation à cette fête, au cours de laquelle les habitants sortent la statue du saint. Ils la promènent processionnellement dans le village, précédée de la bannière.
Durant la Première Guerre mondiale, il n’est pas célébré. Mais l’hommage reprend après la victoire. L’affluence est telle que deux, puis trois jours, lui sont dédiés. La célébration a lieu le 25 juillet, ainsi que les jeudi et dimanche suivants.
Celle qui se déroule le 27 juin 1929 est sous la présidence de monseigneur Neveux (évêque d’Arsinoé[1]) : il y a une messe, un sermon, et une procession au cours de laquelle toutes les voitures présentes sont bénites. Lors des vêpres, les reliques de saint Christophe sont vénérées.
[1] Arsinoé d’Arcadie (Dioecesis Arsinoitana in Arcadia en latin) est un siège titulaire de l’Église catholique romaine. Il correspond à l’actuelle Médinet el-Fayoum en Egypte. L’ecclésiastique en a la charge du 16 juillet 1914 à sa mort le 7 septembre 1938.
Une dizaine de tracteurs est bénite par le curé de la paroisse, accompagné des enfants de chœur, photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Au cours de cette journée, le religieux et le profane se mêlent, et ces manifestations populaires sont un des moyens employés par l’Eglise pour ancrer ou raviver la foi des fidèles.
La tradition de la bénédiction des tracteurs, qui se perpétue dans les Ardennes, est une occasion de rencontres et de partage, qui veut protéger les machines et assurer de belles récoltes, photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Eric Lesein, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
On trouve cette même volonté des autorités ecclésiastiques d’unir le temporel et le spirituel dans les bénédictions de la terre ou du matériel agricole.
La relève des agriculteurs romanais est en germe, photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Celles-ci ont encore lieu dans les années soixante. Elles ne sont qu’une version plus contemporaine de la messe du Saint-Esprit, célébrée autrefois fin juillet pour attirer les grâces sur les récoltes.
Ce tracteur ne cache pas son attachement aux Ardennes, photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Après la Première Guerre mondiale, il semble qu’un certain nombre d’initiatives soient prises de la part de l’Eglise pour rechristianiser les populations. Celles-ci s’appuient à La Romagne sur le pasteur du village, à travers l’organisation de manifestations comme celle de la Fête-Dieu, avec la confection de reposoirs[1] dans différents lieux du village. Il s’y ajoute les journées d’adoration perpétuelle.
[1] « Autel orné de fleurs et de feuillages, dressé sur le parcours d’une procession et sur lequel le prêtre expose le saint sacrement au cours d’une halte », selon le Trésor de la langue française informatisé.
Celles-ci se déroulent chaque année de 1921[1] jusqu’en 1939[2], en général en juillet ou en août. Le portail de l’église reste ouvert toute la journée, tandis que le prêtre et les fidèles se relaient pour prier le Christ devant le saint sacrement, symbolisé par l’hostie consacrée, exposée dans un ostensoir ou soleil.
La fédération des œuvres de jeunes filles descend du train le dimanche 8 août 1920 à Launois-sur-Vence (Ardennes) pour se rendre au pèlerinage de Neuvisy (Ardennes). Carte postale ancienne en noir et blanc.
Il existe aussi des initiatives au niveau cantonal, avec la création dans la paroisse de Chaumont-Porcien (Ardennes) d’une section d’une organisation catholique féminine[1], comme il en existe alors plusieurs en France. Elles sont largement encouragées par l’archevêché, et leur prosélytisme se répand dans tout le canton.
[1] La Ligue patriotique des Françaises et la Ligue des femmes françaises (LFF) fusionnent en 1933. Elles deviennent alors la Ligue féminine d’action catholique française.
La fédération des œuvres de jeunes filles, descendue du train le dimanche 8 août 1920 à Launois-sur-Vence (Ardennes) pour se rendre au pèlerinage de Neuvisy (Ardennes), rejoint la foule massée devant Notre-Dame-de-Bon-Secours. L’appellation de basilique inscrite sur cette carte postale ancienne en noir et blanc est vernaculaire et témoigne de la foi populaire. Elle a été érigée en tant que telle par le pape Jean-Paul II en 2002.
La Ligue patriotique des Françaises, dont le but est de promouvoir les croyances chrétiennes de la famille, compte en 1932 soixante-six adhérentes et dix dizainières[1] dans la section de Chaumont. Cette même année, un groupe est formé à La Romagne[2] et dans d’autres villages des Ardennes (Draize, Montmeillant, Chaumont et Rocquigny).
[1] Chacune doit recruter dix nouvelles inscrites, d’où ce nom.
En 1933, toutes les paroisses y ont adhéré. La Romagne compte alors quatre dizainières[1]. Les ligues connaissent de 1940 à 1942 un certain déclin, qui correspond à l’exode et aux difficultés du retour. Dans la période qui suit, elles reprennent avec zèle leur activité.
En dehors de ce maillage du canton, le prêtre, lors de la messe, a l’occasion d’intéresser ses paroissiens à divers organismes, dont des œuvres pontificales missionnaires, pour lesquelles il effectue des quêtes. Le plus souvent, il s’occupe des trois suivantes :
A plusieurs reprises, le nom du village apparaît dans les dons, que ce soit en 1933 ou en 1936, ce qui montre une générosité certaine pour celles-ci. C’est ainsi que sont versées les sommes de 92,20 et 116,70 francs à l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi.
Le but de celle-ci est, dans le diocèse de Reims, de combattre l’ignorance et la superstition, d’étendre par les armes de la charité et de la prière, le règne de Jésus-Christ, c’est-à-dire le royaume de la paix, de la lumière et de la vraie civilisation.
Quant à l’Œuvre pontificale de la Sainte-Enfance, créée en 1843, elle s’adresse davantage aux très jeunes, leur demandant de verser quelques sous et de dire une courte prière. Les fonds ainsi récoltés sont destinés à sauver des enfants abandonnés à leur naissance, par exemple en Chine. La somme de 80 francs a été recueillie pour les deux années citées.
Avec leurs missions, les prêtres ruraux comme le curé Antoine Godart mènent des projets d’évangélisation dans la campagne ardennaise (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
C’est le dimanche 5 juin 1960, jour de la Pentecôte, que se déroule, dans la paroisse, un rassemblement religieux ou Congrès eucharistique régional.
L’assemblée a pour but de renforcer les liens entre les croyants et le Christ par le biais de conférences, comme celles qui ont réuni les femmes dans l’église et les hommes dans la salle des fêtes. Ces réunions s’accompagnent de discussions et d’adoration du saint sacrement.
Le village s’est préparé de longue date à cet événement et, le jour venu, il est décoré de toutes parts de guirlandes, d’oriflammes, de verdure et de fleurs. L’archevêque de Reims est accueilli un peu avant l’entrée du village, puis escorté jusqu’à La Romagne.
Son cortège particulier comprend non seulement une délégation des pompiers à pied, mais aussi des membres de la municipalité et de la communauté paroissiale, montés sur des chevaux ardennais. Il prend place ensuite dans une voiture découverte.
Le texte qui flanque la croix est tiré de Jean XI, 25 « La résurrection, lui dit Jésus, c’est moi. Je suis la vie. Celui qui place en moi toute sa confiance vivra, même s’il meurt. » La traduction est tirée de la version Parole Vivante, transcription dynamique du Nouveau Testament, sous la direction d’Alfred Kuen. Photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †).
Un autel est dressé sur la place du village (qui porte désormais le nom de Jean Malherbe), de manière à pouvoir accueillir les clercs et les enfants de chœur de tout le canton. Une foule énorme[1] s’y presse, avec les quelque huit cents fidèles qui assistent à la messe célébrée par monseigneur Bejot.
Il y a également une procession du saint sacrement marquée par quatre stations, dont les reposoirs ont été élevés par les paroisses de La Romagne et des villages ardennais suivants : Fraillicourt, Remaucourt et Chaumont-Porcien. Cette religiosité populaire, autrefois fréquente dans les campagnes, a aujourd’hui quasiment disparu.
C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français – exposition temporaire à Berlin du vendredi 28 octobre 2022 au mercredi 31 mai 2023