Cette étiquette rassemble les articles sur l’eucharistie. Elle est employée pour la Cène, la communion, le sacrement de la Rédemption, le saint sacrement.
Les paroissiens romanais participent depuis plusieurs siècles aux pèlerinages des environs, tant en Picardie qu’en Champagne. Dès le XVe siècle, les habitants du Porcien et du Rethélois se rendent à pied, en charrette ou en chariot, au pèlerinage de Liesse[1] en passant par Saint-Fergeux (Ardennes) et les hauts de Recouvrance[2], où se trouvait alors une petite statue de Vierge à l’Enfant[3] en bois[4].
Il n’y a pas de pèlerinage spécifique à La Romagne, même s’il y a une dévotion particulière à saint Eloi (que l’on a célébré pour la dernière fois au village le 1er décembre 2002[1]) et à saint Hubert, que l’on honore de nouveau bisannuellement depuis 1997 vers le 3 novembre[2].
[2] Cette date est celle du calendrier républicain. Il est fêté à cette date-là en Belgique, au Grand-Duché du Luxembourg, etc. Il est célébré d’autre part au 30 mai selon le martyrologe romain.
Le pèlerinage de Chaumont-Porcien (Ardennes)[1] permet de prier à la fois saint Berthauld, sainte Olive et sainte Libérète[2] (filles du seigneur de Hauteville), saint Vivien et saint Amand. L’abbaye de Chaumont-Porcien (Ardennes) possède des reliques, dont certaines ont disparu à la Révolution.
Lors de la visite épiscopale de 1872, on découvre en ouvrant le reliquaire un procès-verbal dressé par M. Poinsignon, premier curé nommé à la suite du rétablissement du culte, qui authentifie la relique du chef[3] de saint Berthauld[4].
Des chapelles élevées pour les deux saintes, détruites à plusieurs reprises, et en particulier lors des guerres de Religion, sont reconstruites par la suite.
Le pèlerinage du Fréty (Ardennes) est dédié à saint Gorgon. Une relique[1] est conservée dans l’église. Le culte de ce saint a probablement été introduit dans ce village par les Pange, propriétaires et seigneurs de la terre de ce lieu.
Des milliers de personnes y participent au cours du XIXe siècle, où il connaît un grand renouveau. Il a lieu aux alentours du 9 septembre[1], et est suivi d’une neuvaine. En 1878, une seconde relique est récupérée. Elle est placée dans la nouvelle église, reconstruite sur un petit monticule. Cette dernière domine les environs, et est consacrée le 2 octobre 1890 par l’archevêque de Reims. D’autres pèlerinages sont également dédiés à ce saint à Avaux-le-château (Ardennes) ou à Pouillon (Marne).
[1] Date de sa fête locale selon le martyrologe romain.
A la suite de l’apparition de la Vierge Marie le 30 avril 1752 à huit enfants, le village de Neuvizy (Ardennes) est devenu un lieu de piété populaire. Chaque année, particulièrement au mois de mai, des pèlerinages y sont organisés. Carte postale ancienne en noir et blanc, Charpentier-Richard, éditeur, Mézières-Charleville (appelée aujourd’hui Charleville-Mézières).
Les principaux voyages de dévotion à Notre-Dame-du-Bon-Secours de Neuvizy (Ardennes) ont lieu traditionnellement le 1er mai de chaque année, durant ce mois marial, à la Pentecôte et à l’Assomption. En 2023, la saison des pèlerinages a été lancée par monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, 111e archevêque de Reims, nommé le 18 août 2018 par le pape François, photographie ancienne en noir et blanc, collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Les paroissiens se rendent également à Neuvizy (Ardennes), principalement en mai ou « mois de Marie », car le pèlerinage est dédié à Notre-Dame-de-Bon-Secours.
Des familles de La Romagne à la sortie de messe à Notre-Dame-de-Bon-Secours à Neuvizy (Ardennes), lors d’un pèlerinage, photographie ancienne en noir et blanc, collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Ce sanctuaire marial rappelle par sa façade celle de Notre-Dame de Paris. Les habitants du canton de Chaumont-Porcien (Ardennes) les accompagnent, lors d’une journée spécialement organisée pour eux le mercredi 7 mai 1930.
La Vierge noire de Liesse (Aisne) est également fort honorée depuis le XIIe siècle par les Ardennais. Ainsi, le 22 juillet 1934, a lieu un déplacement dit « pèlerinage des gerbières[1] », regroupant l’ensemble des paroisses du département et quelque deux mille « pèlerines »[2], dont au moins quatre Romanaises[3].
Ce pèlerinage fort ancien a connu des temps d’arrêt avec la période révolutionnaire, ou durant la Première Guerre mondiale. Néanmoins, et même s’ils ne sont plus aussi fréquentés qu’au XIXe siècle, ces témoignages de foi sont ancrés chez les fidèles ardennais et leur apportent de l’espoir.
Pèlerinage de la Saint-Christophe à Rocquigny (Ardennes) le dimanche 27 juillet 1924.Bénédiction des automobiles à Rocquigny (Ardennes) le jeudi 25 juillet 1912.Saint Christophe signifie « porte-Christ ». Il est le patron de ceux qui utilisent un moyen de transport et donc des voyageurs (automobilistes, cyclistes, etc.). L’arme du Train l’a choisi pour cette raison comme protecteur. Il est fêté le 25 juillet. Le pèlerinage à Rocquigny (Ardennes) qui lui est consacré s’accompagne de la bénédiction des voitures et des bicyclettes. Lot de cartes postales anciennes en noir et blanc.
En 1911, l’abbé Choppin, curé de Rocquigny (Ardennes), crée le pèlerinage des automobilistes et des cyclistes : sa paroisse est sous la protection de saint Christophe, patron des voyageurs puis des automobilistes. L’année suivante, une confrérie lui est consacrée.
Pèlerinage de la Saint-Christophe à Rocquigny (Ardennes) le vendredi 25 juillet 1913.Pèlerinage de la Saint-Christophe à Rocquigny (Ardennes) le dimanche 27 juillet 1924.Un siècle après, la bannière de saint Christophe est conservée à l’église Saint-Christophe de Rocquigny (Ardennes). Lot de cartes postales anciennes en noir et blanc.
Certes, à ce moment-là, il y a plus de bicyclettes que d’automobiles à La Romagne. Cela n’empêche pas la participation à cette fête, au cours de laquelle les habitants sortent la statue du saint. Ils la promènent processionnellement dans le village, précédée de la bannière.
Durant la Première Guerre mondiale, il n’est pas célébré. Mais l’hommage reprend après la victoire. L’affluence est telle que deux, puis trois jours, lui sont dédiés. La célébration a lieu le 25 juillet, ainsi que les jeudi et dimanche suivants.
Celle qui se déroule le 27 juin 1929 est sous la présidence de monseigneur Neveux (évêque d’Arsinoé[1]) : il y a une messe, un sermon, et une procession au cours de laquelle toutes les voitures présentes sont bénites. Lors des vêpres, les reliques de saint Christophe sont vénérées.
[1] Arsinoé d’Arcadie (Dioecesis Arsinoitana in Arcadia en latin) est un siège titulaire de l’Église catholique romaine. Il correspond à l’actuelle Médinet el-Fayoum en Egypte. L’ecclésiastique en a la charge du 16 juillet 1914 à sa mort le 7 septembre 1938.
Une dizaine de tracteurs est bénite par le curé de la paroisse, accompagné des enfants de chœur, photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Au cours de cette journée, le religieux et le profane se mêlent, et ces manifestations populaires sont un des moyens employés par l’Eglise pour ancrer ou raviver la foi des fidèles.
La tradition de la bénédiction des tracteurs, qui se perpétue dans les Ardennes, est une occasion de rencontres et de partage, qui veut protéger les machines et assurer de belles récoltes, photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Eric Lesein, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
On trouve cette même volonté des autorités ecclésiastiques d’unir le temporel et le spirituel dans les bénédictions de la terre ou du matériel agricole.
La relève des agriculteurs romanais est en germe, photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Celles-ci ont encore lieu dans les années soixante. Elles ne sont qu’une version plus contemporaine de la messe du Saint-Esprit, célébrée autrefois fin juillet pour attirer les grâces sur les récoltes.
Ce tracteur ne cache pas son attachement aux Ardennes, photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Après la Première Guerre mondiale, il semble qu’un certain nombre d’initiatives soient prises de la part de l’Eglise pour rechristianiser les populations. Celles-ci s’appuient à La Romagne sur le pasteur du village, à travers l’organisation de manifestations comme celle de la Fête-Dieu, avec la confection de reposoirs[1] dans différents lieux du village. Il s’y ajoute les journées d’adoration perpétuelle.
[1] « Autel orné de fleurs et de feuillages, dressé sur le parcours d’une procession et sur lequel le prêtre expose le saint sacrement au cours d’une halte », selon le Trésor de la langue française informatisé.
Celles-ci se déroulent chaque année de 1921[1] jusqu’en 1939[2], en général en juillet ou en août. Le portail de l’église reste ouvert toute la journée, tandis que le prêtre et les fidèles se relaient pour prier le Christ devant le saint sacrement, symbolisé par l’hostie consacrée, exposée dans un ostensoir ou soleil.
La fédération des œuvres de jeunes filles descend du train le dimanche 8 août 1920 à Launois-sur-Vence (Ardennes) pour se rendre au pèlerinage de Neuvisy (Ardennes). Carte postale ancienne en noir et blanc.
Il existe aussi des initiatives au niveau cantonal, avec la création dans la paroisse de Chaumont-Porcien (Ardennes) d’une section d’une organisation catholique féminine[1], comme il en existe alors plusieurs en France. Elles sont largement encouragées par l’archevêché, et leur prosélytisme se répand dans tout le canton.
[1] La Ligue patriotique des Françaises et la Ligue des femmes françaises (LFF) fusionnent en 1933. Elles deviennent alors la Ligue féminine d’action catholique française.
La fédération des œuvres de jeunes filles, descendue du train le dimanche 8 août 1920 à Launois-sur-Vence (Ardennes) pour se rendre au pèlerinage de Neuvisy (Ardennes), rejoint la foule massée devant Notre-Dame-de-Bon-Secours. L’appellation de basilique inscrite sur cette carte postale ancienne en noir et blanc est vernaculaire et témoigne de la foi populaire. Elle a été érigée en tant que telle par le pape Jean-Paul II en 2002.
La Ligue patriotique des Françaises, dont le but est de promouvoir les croyances chrétiennes de la famille, compte en 1932 soixante-six adhérentes et dix dizainières[1] dans la section de Chaumont. Cette même année, un groupe est formé à La Romagne[2] et dans d’autres villages des Ardennes (Draize, Montmeillant, Chaumont et Rocquigny).
[1] Chacune doit recruter dix nouvelles inscrites, d’où ce nom.
En 1933, toutes les paroisses y ont adhéré. La Romagne compte alors quatre dizainières[1]. Les ligues connaissent de 1940 à 1942 un certain déclin, qui correspond à l’exode et aux difficultés du retour. Dans la période qui suit, elles reprennent avec zèle leur activité.
En dehors de ce maillage du canton, le prêtre, lors de la messe, a l’occasion d’intéresser ses paroissiens à divers organismes, dont des œuvres pontificales missionnaires, pour lesquelles il effectue des quêtes. Le plus souvent, il s’occupe des trois suivantes :
A plusieurs reprises, le nom du village apparaît dans les dons, que ce soit en 1933 ou en 1936, ce qui montre une générosité certaine pour celles-ci. C’est ainsi que sont versées les sommes de 92,20 et 116,70 francs à l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi.
Le but de celle-ci est, dans le diocèse de Reims, de combattre l’ignorance et la superstition, d’étendre par les armes de la charité et de la prière, le règne de Jésus-Christ, c’est-à-dire le royaume de la paix, de la lumière et de la vraie civilisation.
Quant à l’Œuvre pontificale de la Sainte-Enfance, créée en 1843, elle s’adresse davantage aux très jeunes, leur demandant de verser quelques sous et de dire une courte prière. Les fonds ainsi récoltés sont destinés à sauver des enfants abandonnés à leur naissance, par exemple en Chine. La somme de 80 francs a été recueillie pour les deux années citées.
Avec leurs missions, les prêtres ruraux comme le curé Antoine Godart mènent des projets d’évangélisation dans la campagne ardennaise (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
C’est le dimanche 5 juin 1960, jour de la Pentecôte, que se déroule, dans la paroisse, un rassemblement religieux ou Congrès eucharistique régional.
L’assemblée a pour but de renforcer les liens entre les croyants et le Christ par le biais de conférences, comme celles qui ont réuni les femmes dans l’église et les hommes dans la salle des fêtes. Ces réunions s’accompagnent de discussions et d’adoration du saint sacrement.
Le village s’est préparé de longue date à cet événement et, le jour venu, il est décoré de toutes parts de guirlandes, d’oriflammes, de verdure et de fleurs. L’archevêque de Reims est accueilli un peu avant l’entrée du village, puis escorté jusqu’à La Romagne.
Son cortège particulier comprend non seulement une délégation des pompiers à pied, mais aussi des membres de la municipalité et de la communauté paroissiale, montés sur des chevaux ardennais. Il prend place ensuite dans une voiture découverte.
Le texte qui flanque la croix est tiré de Jean XI, 25 « La résurrection, lui dit Jésus, c’est moi. Je suis la vie. Celui qui place en moi toute sa confiance vivra, même s’il meurt. » La traduction est tirée de la version Parole Vivante, transcription dynamique du Nouveau Testament, sous la direction d’Alfred Kuen. Photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †).
Un autel est dressé sur la place du village (qui porte désormais le nom de Jean Malherbe), de manière à pouvoir accueillir les clercs et les enfants de chœur de tout le canton. Une foule énorme[1] s’y presse, avec les quelque huit cents fidèles qui assistent à la messe célébrée par monseigneur Bejot.
Il y a également une procession du saint sacrement marquée par quatre stations, dont les reposoirs ont été élevés par les paroisses de La Romagne et des villages ardennais suivants : Fraillicourt, Remaucourt et Chaumont-Porcien. Cette religiosité populaire, autrefois fréquente dans les campagnes, a aujourd’hui quasiment disparu.
Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse), Cod. Bodmer 12, Augustin, Cité de Dieu, traduction en langue vulgaire attribuée à Jacopo Passavanti, parchemin, I + 319 ff., 33.5 x 25 cm, Italie, probablement de Florence [origine incertaine], manuscrit du début du XVe siècle, en italien, avec décoration (peinture, or et argent, initiale, marge, ornemental, dessin à la plume), reliure du XVIIe siècle, consultable en ligne sur la bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suissee-codices.
Jusqu’à la Révolution, le curé tient une place prépondérante dans la communauté villageoise. Son rôle est si important qu’il mérite un examen soigneux. Il est tout d’abord présenté par l’abbé de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine[1], puis le choix de ce dernier est entériné par l’archevêque, qui s’assure avant ratification que la science du candidat est suffisante et sa conduite honorable.
Ensuite, le religieux dessert la paroisse sous le nom de prieur-curé[1]. Au cas où un curé est empêché par une cause grave, il reçoit l’aide d’un vicaire accidentel ou d’un confrère d’un village proche. Cette manière de procéder permet de ne pas priver les paroissiens du secours de la religion. Elle n’altère en aucun cas les droits curiaux du titulaire.
[1] Titre donné à un desservant provenant d’une abbaye.
Lors du décès en octobre 1740 du curé en titre, l’intérim est assuré par le frère R. Doumel. C’est le cas en 1747 de J. Barré chanoine régulier prémontré, ou du frère F. Pierson en 1769/1770.
Parfois, il est fait appel à des prêtres des villages ardennais voisins, tels Montmeillant, Givron, Le Fréty ou Saint-Jean-aux-Bois : Louis Iénot (vicaire de ces deux derniers villages) et le curé-doyen de Rethel (Ardennes) P. Pillas remplacent successivement le curé Bataille lors de la maladie qui précède son décès[1].
[1]Archives départementales des Ardennes, 1 J21-9 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 21 = histoire du Porcien, dons Didion et abbé Henry, novembre 1949, pièce 1 J 21-9 (Montmeillant et La Romagne. Extraits des registres paroissiaux et d’état-civil (1678-1680). Familles Lantenois, Hamel, Mauroy et Picard, notes par A. Picard, un cahier].
Certains de ces vicaires accidentels aspirent à d’autres destinées. C’est ainsi que Jean Peltier (ou Pelletier), natif de Montmeillant (Ardennes), rejoint la paroisse Saint-Julien de Reims (Marne).
Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse), Cod. Bodmer 161, Thomas d’Aquin, Summa theologica, parchemin, 213 ff., 35.6 x 25 cm, France, Paris, manuscrit du XIIIe siècle, vers 1280, en latin, avec décoration (peinture, initiale, marge, ornemental, dessin à la plume), notation musicale (neumes sans portée), fragments in situ (feuille de garde), reliure du XIIIe au XIVe siècle, consultable en ligne sur la bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suissee-codices.
D’autres souhaitent acquérir les grades canoniques[1], comme François Pierron (vicaire intérimaire à La Romagne) , Guillaume Depagny, Henri Antoine Duménil, tous deux vicaires accidentels à Rocquigny (Ardennes). Ces derniers s’astreignent à suivre durant deux ans le cours de philosophie de l’Université et pendant trois ans le cours de théologie. Antoine Duménil obtient successivement les grades de bachelier, licencié et docteur en théologie.
[1] On appelle grades les diplômes de bachelier, licencié et docteur en théologie.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8405312, consultable en ligne sur Gallica, Bonnart, Robert (1652-1733), graveur, Abbé en Sotanne, chez N. Bonnart, rue St Jacques à l’aigle, avec privil. du Roy, 1 estampe, XVIIe siècle. Appartient à [Recueil. Collection Michel Hennin. Estampes relatives à l’Histoire de France. Tome 54, Pièces 4776-4880, période : 1675], référence Hennin, 4867, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-QB-201 (54).
La hiérarchie catholique rappelle aux curés ce que doit être leur comportement spirituel[1], et leurs devoirs à l’égard de leurs paroissiens, afin d’être un modèle. Il importe de ne pas donner lieu à des reproches, comme cela a été malheureusement le cas du curé Davaux de Montmeillant (Ardennes), cible de vives critiques et visé par des plaintes assez nombreuses auprès de l’archevêque.
[1]Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20720, pièce 6, « Les principaux devoirs d’un bon curé », imprimé par l’ordre de l’évêque-comte de Châlons, [Félix Vialart], 1673 [ensemble de 57 documents = XIV (mandements, ordonnances, etc. 1676-1709) de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8452396, consultable en ligne sur Gallica, Jollain, Gérard (16..-1683, éditeur), La Saincte Bible contenant le vieil et nouveau Testament enrichie de plusieurs belles figures, de l’imprimerie de Gérard Jollain rue S. Iacque à l’enseigne de la ville de Collongne, [entre 1655 et 1675], 1 vol. (120 est.), eau-forte, burin, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département Estampes et photographie, RA-41-4.
Il leur faut être tournés en permanence vers Dieu, travailler à sa gloire en se considérant comme des hommes séparés du monde, détachés des biens et des plaisirs de la terre. Ils doivent chercher en eux, par la célébration de la messe et la prière, la force, la résignation et la miséricorde de leurs péchés et de ceux de leurs paroissiens.
Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse), Cod. Bodmer 187, La Bible Rothschild, parchemin, 597 ff., 18.3 x 15 cm, France, manuscrit de la seconde moitié du XIIIe siècle, en latin, avec décoration (autre, figuratif, peinture, or et argent, initiale, marge, ornemental, dessin à la plume), consultable en ligne sur la bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suissee-codices.
Dans la journée, ils consacrent un moment à la lecture de l’Ecriture sainte et de « bons livres ». Monseigneur Le Tellier, à qui l’on peut attribuer cette remarque, préconise que ces lectures portent sur La Sainte Bible et particulièrement Le Nouveau Testament. Le Catéchisme du concile de Trente datant de 1562 les conforte dans leur mission : ils y trouvent la manière d’instruire les fidèles, en fonction de leur compréhension et intelligence. Il leur est aussi conseillé de lire Les Confessions de saint Augustin, Les Méditations chrétiennes ou Les Obligations ecclésiastiques…
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6564765, consultable en ligne sur Gallica, Bourzeis, Amable de (1606-1672) ; Sainte-Marthe, Claude de (1620-1690), Lettre d’un abbé a un evesque, sur la conformité de saint Augustin avec le concile de Trente dans la doctrine de la grâce, [S.l.] M.DC.XLIX, [8]-78 p. ; in-4°, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, département Philosophie, histoire, sciences de l’homme, D-3960.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8406187, consultable en ligne sur Gallica, Bonnart, Robert (1652-1733), graveur, Abbé de Qualité en sotanelle, chez N. Bonnart, rue St Jacques, à l’aigle avec privil. du Roy, 1 estampe, XVIIe siècle. Appartient à [Recueil. Collection Michel Hennin. Estampes relatives à l’Histoire de France. Tome 58, Pièces 5085-5180, période : 1680], référence Hennin, 5089, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-QB-201 (58).
Afin de ne jamais susciter le mépris et la réprobation, il leur est recommandé d’éviter l’oisiveté, et surtout de paraître toujours correctement vêtus d’une soutane ou d’une soutanelle de taille convenable, d’avoir les cheveux courts et la « cronne[1] » (ou tonsure) bien nette.
Pour que la confiance s’établisse avec les paroissiens, ils s’efforcent d’avoir un accès facile, et de parler avec douceur. Ils ont l’obligation de les assister à tous les moments où ils ont besoin d’aide matérielle ou spirituelle. Ils se doivent d’éviter dans les villages les querelles, procès ou dérèglements publics. Ils sont censés porter une attention toute particulière aux malades, et visiter chaque famille du village une à deux fois par an.
Monseigneur Charles-Maurice Le Tellier met en place une administration plus moderne du diocèse de Reims, car celui-ci a beaucoup souffert de la situation belliqueuse qui règne sur le territoire picard et champenois depuis le XVIe siècle. D’autre part, par son étendue, il est l’un des plus importants de France.
Conscient d’un certain relâchement dans la discipline ecclésiastique, et de l’urgence des réformes, il enjoint aux prêtres séculiers et réguliers de se rendre auprès de lui, entre le 20 octobre et le 10 novembre 1671. Aussitôt, il défend à tous ceux qui ne sont pas curés de confesser, prêcher, vicarier[1] jusqu’à ce qu’ils aient obtenu ses approbation et permission[2].
[1] Remplir les fonctions de vicaire dans une paroisse.
[2]Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20721 [ensemble de 205 feuillets = XV (mandements, ordonnances, etc. 1671-1709) de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (suite) (1642-1710)].
Reliure aux armes de Léonor d’Estampes de Valençay au plat inférieur « d’azur à deux girons appointés en chevron, au chef d’argent, chargé de trois couronnes ducales de gueules mises en fasce », image consultable en ligne sur Numelyo, la bibliothèque numérique de Lyon, Chomarat 5343, d’après l’original de la Bibliothèque municipale de Lyon, site Part-Dieu, silo ancien, Chomarat 5343, T. 03, Fachinei, Andrea, Andreae Fachinei Foroliviensis Iuris Consulti Clarissimi, Consiliarij Serenissimi Principis ac Domini, D. Gulielmi Palatini Rheni, utriusque Bavariae Ducis, &c. Et in celeberrima Ingolstadiensi Academia Iuris Caesarei Professoris Ordinarij. Controversiarum Iuris [Livre]. Tomi Tres, nunc primum uno volumine editi, quibus variae Iuris Quaestiones solide, erudite & perspicuè ex ipsis iuris fontibus declarantur & definiuntur, Lugduni Sumptibus Ioannis Pillehotte, 1623.
Il constate également que les plus anciens de son diocèse n’ont pas été formés. Le plus souvent à cette époque, et ce dans le meilleur des cas, les religieux séculiers ne connaissent avant d’obtenir un ministère que les cours publics de l’Université. S’y ajoutent les exercices spirituels préconisés par monseigneur Léonor d’Etampes de Valençay. Les prêtres issus des ordres religieux ont en comparaison une meilleure formation.
Le Grand Séminaire ouvert par monseigneur Le Tellier à Reims prend pour modèle ceux de Paris, inaugurés par Vincent de Paul et l’abbé Jean-Jacques Olier de Verneuil (fondateur de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice). 10. Reims – Façade principale de l’ancien Grand Séminaire, XVIIIe siècle, carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, phototypie J. Bienaimé 1900, cliché F. Rothier 1905.
Pour remédier à cela, monseigneur Charles-Maurice Le Tellier établit le Grand Séminaire de Reims en 1676, et crée celui de Sedan par l’ordonnance du 29 octobre1693. Il a existé un premier séminaire fondé par le cardinal Charles de Lorraine en 1563/1564, et tombé en désuétude un siècle après.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 869.16.5, anonyme rémois, Le Cardinal Charles de Lorraine, 2e moitié du XVIe siècle, vers 1572 [date incertaine], huile sur toile, 56,3 x 43,3 cm [sans cadre], legs Saubinet, 1869, photographie prise par Christian Devleeschauwer, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims.
Pour l’instruction de tous, monseigneur Le Tellier fait publier un Rituel de la province de Reims renouvelé et augmenté (en 1677), un missel, un bréviaire, de nouveaux livres de chants ainsi qu’un enseignement de la foi et de la morale chrétiennes : Le Petit Catéchisme est destiné aux enfants, et ne contient donc que les plus simples éléments de la religion. Le Grand Catéchisme est pour ceux qui sont plus avancés en âge, et qui ont l’esprit plus développé.
Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse), Cod. Bodmer 173, Augustinus Hipponensis, Retractationes, De haeresibus ad Quoduultdeum (Epistulae), parchemin, 99 ff, 12 x 10.7 cm, manuscrit de la deuxième moitié du IXe siècle, d’origine française (nord-est), en latin, exécuté dans la région de Paris–Reims, avec une reliure du XVIIIe siècle, consultable en ligne sur la bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suissee-codices.
A partir du dernier quart du XVIIIe siècle, les jeunes prêtres admis à l’ordination consacrent ensuite une période de six mois au moins à l’étude de la morale, avant d’être employés au ministère[1].
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire INV 6074, Recto [anciens : NIII 1710 ou MA 1643], Polidoro da Caravaggio (Polidoro Caldara, dit), Célébration d’une messe, dessin (plume et encre brune, lavis brun, rehauts de blanc, traces de mise au carreau à la pierre noire, numérotation 301 à la sanguine au verso du papier de doublage en haut à droite, collé en plein), notice descriptive consultable en ligne.
Eté comme hiver, le curé de La Romagne dit la messe à dix heures, ce qui a des répercussions sur la vie des bergers, mais aussi sur l’activité des moulins, qui ne doivent pas tourner depuis le premier coup de la messe jusqu’à une demi-heure après sa fin[1]. Il enseigne lui-même le catéchisme, ou le délègue au maître d’école. Il le dispense à une heure. Il célèbre les vêpres à deux heures chaque dimanche. Le religieux rythme ainsi le jour du Seigneur.
Comme il n’y a aucun « secours » (église dépendant d’une paroisse mère) il ne bine pas, comme c’est le cas pour un certain nombre de paroisses dont celle d’Antheny (Ardennes), dont l’auxiliaire est Fleigneux (Ardennes).
[1]Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.
Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Latin 12834, Maître Honoré (enlumineur) ; groupe de Cholet (enlumineur), Robertus (copiste), Martyrologe-Obituaire de Saint-Germain-des-Prés, parchemin, manuscrit en latin, 190 feuillets précédés et suivis d’une garde parchemin, reliure XXe siècle de cuir blanc, folio 30v, vue 40/401, consultable en ligne sur Gallica.
En dehors de la célébration du culte dominical, le curé se doit de dire les messes de fondation et les obits[1]. Ainsi, le curé Dehaulme consacre quatre célébrations aux trépassés chaque année. L’une concerne le repos de l’âme de Mademoiselle Zenarte, bienfaitrice de la paroisse : elle a légué en 1699, par testament, 50 livres et une nappe.
[1] Messes célébrées pour un défunt à la date anniversaire de son décès.
Environ un siècle plus tard, en 1785, celui de Rocquigny (Ardennes) recueille, après autorisation de l’archevêque, les volontés de deux de ses paroissiens pour la création d’une fondation : Pierre Monnois et sa femme Marie-Louise Porreau, préoccupés par le sort de leur âme[1]. En contrepartie d’une rente de 100 pistoles « sur le clergé de France », il doit dire six messes et six saluts.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)]. Cité par Demaison, Louis, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 rédigé par M. L. Demaison, archiviste, Marne, archives ecclésiastiques – série G, clergé séculier, tome 1, Reims : Henri Matot, 1900, in-fol., IV-380 p., page 245, vue 270/404, consultable en ligne sur Internet Archive [La cote G 268 de l’archevêché de Reims est décrite dans cet ouvrage comme une liasse de 199 pièces, 31 sceaux et 11 cachets. Le fonds désormais déposé aux archives départementales de la Marne porte aujourd’hui la cote 2G 268].
Le curé est amené à faire de très nombreux déplacements à La Romagne ou dans ses écarts pour le service religieux ou pour ses fonctions sacerdotales. Il porte notamment le viatique aux malades et aux mourants.
Le curé effectue en 1699 plusieurs voyages à Charleville (Ardennes) et à Rethel (Ardennes) pour prendre des objets nécessaires pour le culte. Il va d’autre part à Reims (Marne) auprès de l’archevêque, et se rend sans compter dans les villages voisins pour traiter de commandes auprès des artisans locaux.
La tenue des registres est d’abord prescrite par les évêques, puis par le pouvoir royal avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts[1] de 1539. A l’origine, ces registres ne sont le plus souvent composés que de feuilles volantes, qui ne sont pas toujours toutes conservées.
C’est pourquoi le pouvoir royal s’en mêle. L’ordonnance de Louis XIV en 1667 unifie les règles de rédaction : la minute[2] reste dans les mains du clergé, et la grosse[3] est déposée au baillage. Celle de 1674 impose que le papier destiné à recevoir les actes porte le timbre de la généralité[4].
Parfois, le curé insère d’autres actes comme le baptême des cloches, le serment des sages-femmes et les abjurations. Les registres que l’on possède de nos jours pour La Romagne commencent en 1693, avec des lacunes au cours du XVIIIe siècle (de 1702 à 1712, de 1722 à 1732, de 1743 à 1752). Or, dans l’enquête de 1774, le curé affirme que ces derniers sont en bon ordre, non séparés, et qu’ils remontent à 1678. Dans quelles circonstances ont-ils disparu ?
Malgré l’injonction de garder les originaux et de transmettre les copies, le curé de la Romagne, comme nombre de ses confrères, reçoit en 1702 un avertissement pour sa négligence. Il doit faire savoir au greffe desdits registres établi à Reims où ont été remises les grosses de la paroisse depuis 1667 jusque 1691. Cette requête est assortie d’une menace d’amendes pour lui, la fabrique et les marguilliers.
Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse), Cod. Bodmer 30, Calendarium, Biblia latina, Liber Psalmorum, Cantica biblica, Orationes, Hymni, etc., parchemin, 163 + 16 ff., 22.7 x 15.7 cm, Allemagne du Sud, manuscrit du XIIe au XIVe siècle, en latin et allemand, avec décoration (figuratif, pleine page, peinture, or et argent, initiale, marge, ornemental, dessin à la plume), reliure du XVIe siècle, consultable en ligne sur la bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suissee-codices.
Aux yeux de l’Eglise, les naissances légitimes sont celles qui sont survenues au sein du mariage. Dans le cas d’une conception et d’une naissance antérieure à celui-ci l’enfant est « réhabilité » dans sa légitimité par le mariage subséquent de ses parents. Il est placé sous le dais nuptial et, « reconnu sous le voile », reprend tous ses droits.
C’est ce qui se passe pour Jean-Baptiste[1], l’enfant né le 12 décembre 1782, qui est légitimé par le mariage de ses parents[2] Robert Dupont et Marie-Jeanne Deschamps le 16 février 1783.
[1]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 6 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 6 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, baptêmes, mariages, sépultures, 1773-1782], acte de naissance, vue 44/44, consultable en ligne.
[2]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 7 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 7 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, baptêmes, mariages, sépultures, 1783-1792], acte de naissance, vue 2/42, consultable en ligne.
Baptême d’un enfant par l’abbé Pierre Médéric Buché dans l’église Saint-Jean. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
En général, le baptême a lieu le jour même de la naissance, ou le lendemain, tant sont fortes la peur de la mort du nourrisson avant son baptême et la crainte de son séjour dans les limbes. Les prescriptions de l’Eglise et du roi sont très strictes sur ce point : des déclarations royales promulguées en 1698, puis en 1724, rappellent que la cérémonie doit être faite dans les vingt-quatre heures suivant la naissance de l’enfant.
L’acte doit nommer le père et la mère, contrairement à un usage antérieur où seul le père est inscrit, et être signé par le père[1]. C’est le curé qui officie. Très rares sont les indications concernant les nourrissons ondoyés par la sage-femme, tout au moins à La Romagne. Cet acte est pratiqué en présence de deux témoins et, si l’enfant survit, on peut avoir recours à un supplément de cérémonie du baptême.
Au cours de cette célébration, et très traditionnellement jusqu’à la Révolution, l’enfant reçoit trois prénoms. Le premier, si c’est un garçon, est celui de son parrain. La fille porte celui de sa marraine, ce qui fait que parfois, dans une famille, plusieurs enfants héritent un même prénom. Le deuxième est celui d’un aïeul, et le dernier est le prénom d’usage.
Il n’est pas rare d’assister à des échanges familiaux lors de naissances rapprochées : les adultes deviennent alors respectivement les parrains et les marraines de l’enfant de l’autre couple. Ainsi, le 8 février 1696, la fille de Jean Prunier et de Poncette Maupin reçoit le prénom de Marie : sa marraine est Marie Godelle, femme de Nicolas Goulard.
Le 12 mars suivant, la fille de Nicolas Goulard et de Marie Godelle reçoit le prénom de Poncette, car sa marraine n’est autre que Poncette Maupin et son parrain Jean Prunier. Ces choix permettent de tisser des liens au sein d’un réseau familial.
Communiants. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Le dénombrement religieux n’a pas pour premier but le décompte de la population, mais celui des habitants qui accomplissent scrupuleusement leurs Pâques. Sous le terme de « communiant », on ne répertorie que les personnes de plus de douze ans, et l’on estime que celles-ci représentent les deux tiers de la population.
Année de la communion
Nombre de communiants
1671
80
1678
120
1710
150
1745
150
1774
203
1779
200
1786
220 (dont 56 habitent dans les cinq écarts)
1833
130
Dénombrement des communiants de La Romagne (Ardennes) à partir de 12 ans établi à partir des comptes rendus de visites ecclésiastiques.
Communion. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Par la suite, il n’est pas possible de retrouver une estimation chiffrée, tandis que le curé Grégoire signale vers 1890 qu’il y a beaucoup de monde à la communion pascale.
Julia Mauroy (en haut à droite), née le 22 février 1899 au Mont de Vergogne, † le 17 février 1940 à Montmeillant (Ardennes). Photographie de sa communion à l’église Saint-Jean de La Romagne (Ardennes) vers 1911 [date incertaine]. Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Raphaël Lacaille.
Si l’instauration de la communion solennelle (ou profession de foi) remonte au XVIIe siècle, force est de constater que la cérémonie réservée aux enfants n’apparaît pas dans les registres d’avant la Révolution. Elle est alors parfois notée dans les registres tenus par le curé, comme il apparaît pour quelques années à la fin du XIXe siècle. La date n’est pas toujours précisée, même si la liste en est dressée assez régulièrement entre 1884 et 1900.
Garçons
Filles
Devie, Jude
Boudsocq, Marie
Fougne, Arthur
Lépinois, Sidalie (Marie Louise ?)
Marandel, Ernest
Miclet, Adèle
Mauroy, Emile
Roncin, Aline
Pailliot, Honoré
Première communion en 1884 (jour non précisé). Tableau établi à partir des registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne (Ardennes), baptêmes, mariages, sépultures, entre 1884 et 1900. Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 702 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].
Garçons
Filles
Dupont, Hippolyte
Carbonneaux, Marie
François, Albert
Dela, Orphise
Maquin, Eugène
Larchet, Marthe
Roncin, Calixte
Panneaux, Marie
Mauroy, Augustine
Millet, Léontine
Première communion le 28 mars 1886. Tableau établi à partir des registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne (Ardennes), baptêmes, mariages, sépultures, entre 1884 et 1900. Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 702 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].
Année de la communion
Garçons
Filles
1884
5
4
1886
4
6
1887 (5 juin)
5
7
1890 (27 avril)
6
9
1892 (8 mai)
6
6
1894 (15 avril)
6
5
1896 (19 avril)
10
5
1898 (15 mai)
7
4
1900
4
3
Répartition des communiants entre 1884 et 1900. Tableau établi à partir des registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne (Ardennes), baptêmes, mariages, sépultures, entre 1884 et 1900. Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 702 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].
Confirmation dans l’église Saint-Jean. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Là encore, peu de détails sont donnés sur le sacrement de confirmation jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. L’archevêque (c’est le cas pour monseigneur Le Tellier) profite des tournées pastorales pour donner le sacrement de confirmation aux paroissiens des villages visités.
En général, cette cérémonie se déroule dans l’église du chef-lieu de canton, lors du déplacement de l’évêque ou de l’archevêque. Dans le dernier quart du XIXe siècle, cette célébration a lieu dans d’autres églises du canton. L’une d’entre elles s’est ainsi tenue le 25 août 1808, et une autre le 9 juillet 1816 à Chaumont-Porcien (Ardennes). A chaque fois, le nombre des confirmés est impressionnant.
Le prélat est accueilli avec tous les honneurs dus à son rang. Il se rend ensuite processionnellement à l’église de Chaumont-Porcien (Ardennes), tandis que l’on chante le Veni Creator Spiritus, le Benedictus et le Magnificat.
Après la messe, l’ecclésiastique se présente au portail, prêche, puis procède à la cérémonie de confirmation par vagues successives, en fonction des paroisses.
Cette célébration terminée, on entonne le Te Deum laudamus avant que l’officiant ne donne la bénédiction. Il se retire ensuite chez le curé du lieu pour se reposer et poursuivre ensuite ses déplacements[1].
En 1878, une tournée pastorale a lieu le 1er mai à La Romagne, mais aussi à Montmeillant (Ardennes) et, deux jours plus tard, à Rocquigny (Ardennes) et à Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes)[1]. Il s’agit probablement d’une visite au cours de laquelle sont confirmés les enfants de ces lieux.
Médaille commémorative, remise en souvenir de confirmation par monseigneur Benoît Langénieux, archevêque de Reims.
Le 5 avril 1886, monseigneur Langénieux confirme les enfants de La Romagne, puis la confirmation se déroule à Rocquigny en 1890. A Lalobbe (Ardennes), le 28 avril 1894, les enfants de La Romagne reçoivent ce sacrement.
En 1920, la cérémonie de confirmation a lieu à Chaumont-Porcien (Ardennes), et est célébrée par monseigneur Neveux. Elle commence par une messe, puis le sacrement est donné à chacun des enfants en présence au moins d’un parrain pour les garçons, et d’une marraine pour les filles. Pendant l’onction, les adultes mettent la main droite sur l’épaule droite du confirmant, qui peut n’être âgé que de dix ans.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8400565, consultable en ligne sur Gallica, Cochin, N. R. (dessinateur), Le Concile de Trente, [S.l.] : [s.n.], [s.d.], 1 estampe. Appartient à [Recueil. Collection Michel Hennin. Estampes relatives à l’Histoire de France. Tome 6, Pièces 526-607, période : 1563-1568], référence Hennin, 544, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-QB-201 (6).
Pour ce qui est des mariages, ils doivent être célébrés par un prêtre de la paroisse, en présence de deux ou trois témoins, et de jour, selon les prescriptions du concile de Trente.
L’annonce se fait par trois fois au prône[1] du dimanche, la première trois semaines avant l’événement. Quelques dispenses pour liens de parenté, ou pour mariage en « temps défendu », sont accordées. En effet, le droit canon interdit certains mariages en raison des degrés de parenté effectifs jusqu’au 4e degré, à cause des liens par affinité, ou lors de certaines périodes liturgiques (en particulier le Carême ou l’Avent).
Il est possible d’obtenir une dispense, dont le coût est fixé en fonction de la condition des demandeurs, et du degré de parenté. Cela demande la constitution d’un dossier complet, qui comprend la supplique des fiancés, avec les causes dites honnêtes ou infâmantes. A ce dernier s’ajoutent l’enquête menée dans la paroisse, et l’accord de l’évêque. C’est ce qu’ont fait Nicolas Robin et Jeanne Meunier, parents au 4e degré[1].
[1] Aujourd’hui, en droit civil, des cousins germains ont, entre eux, un lien de parenté au 4e degré.
En 1702, François Barré et Barbe Morceau qui désirent s’épouser quoique parents du deuxième au troisième degré[1] pour le droit canon, et dépendants de liens d’affinité reçoivent, après le passage de leur demande en cour de Rome[2], l’autorisation de se marier, et le curé, celle de célébrer ce mariage.
Les démarches, mais surtout les interrogatoires sont stéréotypés : invocation du scandale créé par la situation, relation « incestueuse » pour l’Eglise, nécessité de « réparer son honneur », etc.
[1] Actuellement, au regard de la loi, des petits-enfants, vis-à-vis de leurs grands-parents ont un lien de parenté au 2e degré. Des neveux et nièces par rapport à leurs oncles et tantes ont un lien de parenté au 3e degré.
[2] Ce n’est qu’à partir du 3e degré de consanguinité que les autorisations sont données par les archevêques ou évêques.
Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse), Cod. Bodmer 28, Biblia latina, parchemin, 416 ff., 35.7 x 25 cm, peut-être du nord de la France [origine incertaine], manuscrit du XIIIe siècle, en latin, avec décoration (figuratif, peinture, or et argent, initiale, marge, ornemental, dessin à la plume, schéma, vignette), fragments in situ (feuillet inséré), consultable en ligne sur la bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suissee-codices.
La dispense donnée au futur couple Barré Morceau l’est moyennant une double pénitence, consistant en un versement d’une somme d’argent destinée aux pauvres de la paroisse, soit 20 sols ou1 livre, et des prières à dire « à genoux et à voix basse » dans l’église paroissiale durant plusieurs dimanches consécutifs[1].
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 1995 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 1757-2020 = officialité métropolitaine et diocésaine de Reims (1483-1790), pièces 2G 1983-2004 = dispenses de Rome pour mariages, requêtes pour fulmination de bulles et brefs par l’officialité, enquêtes et interrogatoires (1666-1789)].
Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse), Cod. Bodmer 188, Guillaume de Conches, Dragmaticon, Comput pour le calcul du calendrier, parchemin, 33 ff., 21 x 13.6 cm, Allemagne de l’Ouest (Rhénanie), manuscrit du XIIIe siècle, vers 1230, en latin, avec décoration (figuratif, pleine page, peinture, initiale, ornemental, dessin à la plume, schéma, vignette), consultable en ligne sur la bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suissee-codices.
La dispense de bans s’obtient un peu plus facilement, parce que les mariages sont interdits durant certains temps liturgiques comme l’Avent ou le Carême, et qu’il est préférable pour des raisons morales que le couple vive dans la légitimité.
Un exemple nous est donné à travers le mariage de Jean Baré et Nicolle Boudsocq, célébré le 28 novembre 1702 avec dispense de deux bans pour temps prohibé. En revanche, rien n’est dit sur la raison de la dispense de deux bans lors du mariage de « messire Firmin Canel et demoiselle Louise Duguet » le 18 avril 1697.
L’une des périodes propices à la célébration d’un mariage est l’hiver, en janvier ou février. A partir de 1783, apparaissent dans les registres de La Romagne des actes intitulés « promesse de mariage ». Il s’agit d’une sorte de publication de bans quelques semaines avant ledit mariage, puis de la célébration de fiançailles impérativement trois jours avant le mariage.
Il se trouve aussi dans les actes la notion d’opposition (par exemple des parents envers un enfant mineur) ou d’empêchement. Les mariés, hommes ou femmes, qui ne sont pas âgés respectivement de trente et vingt-cinq ans, sont considérés comme mineurs[1] et doivent obtenir le consentement de leurs parents. La présence de ces derniers lors de la cérémonie vaut consentement exprès.
[1] Selon les arrêtés de monsieur de Lamoignon datant de 1702.
A partir de la fin du XVIIe siècle, chaque acte mentionne que le prêtre a recueilli le consentement de chacun des époux devant témoins (au moins quatre). Ce qu’atteste l’acte de Toussaint Fondrillon et de Poncette Gouverneur le 30 juin 1696. Le curé (N. Dehaulme) signale que les vœux de mariage ont été exprimés devant les membres de la famille (qui sont nommés), et en présence de plusieurs autres habitants.
Le prêtre doit désormais s’assurer du consentement personnel des futurs époux. Cela répond à une nouvelle prescription de l’Eglise, qui entend ainsi s’opposer au mariage contraint.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 2019.1.37, Pille, Henri, La Messe à Pavant (Aisne), huile sur toile, 100,8 x 81,7 cm, dépôt de l’État, transfert de propriété de l’État à la ville de Reims en 2019, photographie prise par Christian Devleeschauwer, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims.
Environ dans la moitié des cas, le conjoint est originaire d’une autre paroisse que celle dont est issue la mariée : sur les huit mariages célébrés en 1783 et 1784, quatre des mariés sont originaires de Rocquigny, Lalobbe, Chappe et Marlemont (il est à noter que tous ces villages sont situés dans le département des Ardennes).
Cette proportion de 50% est généralement respectée depuis longtemps. C’est ce que l’on constate lorsque l’on analyse les registres de cette époque.
La plus grande mortalité de femmes encore jeunes est la cause principale des remariages. Ils se produisent dans un délai de quelques semaines à quelques mois après le décès de la conjointe. Pour la deuxième ou troisième fois, une nouvelle union est célébrée. La femme ne peut se remarier qu’une année environ après son veuvage. Le remariage est une nécessité sociale et économique pour élever des enfants en bas âge, ou pour gérer et cultiver les terres.
Le curé en charge de la paroisse en 1806 signale qu’il a célébré quatorze baptêmes, une bénédiction nuptiale et cinq sépultures, ce qui correspond, tout au moins pour les deux derniers faits cités, rigoureusement aux actes d’état civil enregistrés à la mairie.
Il semble donc que les habitants soient alors redevenus fidèles à l’Eglise, alors que des villages avoisinants montrent une percée du mariage civil et du concubinage. C’est le cas au Fréty (Ardennes) ou à Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes), où l’on signale que le prêtre a œuvré pour ramener « des ménages égarés ».
En 1833, le curé de ce village signale qu’il y a dix ménages en union civile et « incestueuse » (selon l’expression de ce prêtre), et un séparé sans autorisation expresse. Cette note traduit une montée sensible de la déchristianisation.
L’inhumation d’un défunt a lieu le jour même de son décès, et au plus tard le lendemain. Après la Révolution, comme l’état civil a été mis en place, le rôle du curé se trouve modifié : le prêtre doit attendre pour célébrer un mariage religieux un acte de l’officier d’état civil, prouvant que celui-ci a bien été célébré à la mairie.
Pour les inhumations, le prêtre ne peut procéder à la levée d’un corps sans une autorisation donnée par ce même officier d’état civil, sous peine d’être poursuivi comme contrevenant au lois[1].
[1] Décret impérial du 4 thermidor an XIII (23 juillet 1805).
Le curé est également un lien entre le pouvoir royal et les paroissiens : il est à ce titre chargé de la communication des nouvelles importantes. Même si un édit d’avril 1695, confirmé par une déclaration de décembre 1698, dispense les curés de publier des avis temporels à leur prône[1], un certain nombre continue de le faire tout au long du XVIIIe siècle.
En 1774, les curés des différents villages sont chargés de transmettre les diverses instructions royales qu’ils reçoivent, par l’intermédiaire d’un messager qui va chercher les lettres tous les jeudis à Rethel (Ardennes) et les porte à Wasigny (Ardennes) le vendredi, jour de marché[1].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8600506, page non paginée, vue 1/8, consultable en ligne sur Gallica, Noailles, Louis-Antoine de (1651-1729) ; Eglise catholique. Diocèse (Paris), Mandement de Son Eminence Monseigneur le Cardinal de Noailles, Archevesque de Paris, pour demander par des prières publiques la bénédiction de Dieu sur la résolution que le Roy a prise de gouverner l’Etat par lui-même, A Paris, chez Jean-Baptiste Delespine, imprimeur-libraire ordinaire du roy, & de Son Eminence Monseigneur le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, ruë S. Jacques, à l’Image S. Paul. M.DCCXXVI. Avec privilege du roy, 1726, 7 pages, in-4°, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, département Droit, économie, politique, F-21102 (88).
Il a aussi pour mission de transmettre les mandements de prières publiques pour la prospérité des armées du roi. Deux exemples peuvent être cités : l’un, du 4 juin 1707, demande des prières, une procession, une exposition du Saint-Sacrement jusqu’au 16 octobre 1707.
L’autre, daté du 24 mai 1709, œuvre pour « le rétablissement de la paix et le secours de Dieu dans les nécessités publiques et la conservation de la personne du roy[1] et de toute la famille royale ».
[1] Graphie utilisée jusqu’au XVIIIe siècle. Sa forme moderne est attestée en 1740 par l’Académie française.
Les prières doivent être dites jusqu’au 3 novembre. Depuis des mois, la population connaît de très grosses difficultés économiques, liées aux conséquences d’un terrible hiver.
Droit : buste de Louis XVIII à droite.Revers : la porte du musée du Louvre surmontée du buste de Louis XVIII.Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire ND4221, Andrieu, Bertrand ou Jean-Bertrand (graveur en médailles – médailleur) & Desboeufs, Antoine (graveur en médailles – médailleur), médaille créée en 1817 pour la restauration du musée du Louvre, notice descriptive consultable en ligne.
Après la Révolution, le soutien du représentant du diocèse de Reims est acquis au roi Louis XVIII. Ce prélat, donnant le sacrement de confirmation en 1816, profite de cette grande réunion pour apporter son soutien au gouvernement en place.
Pour persuader les fidèles des diverses paroisses de suivre ses recommandations, il retient l’assemblée pendant plus d’une heure pour la persuader de s’attacher aux Bourbons et au meilleur des rois[1].
On retrouvera ce soutien appuyé sous le Second Empire. Mais d’autres voix s’élèvent pour s’opposer à cette direction des consciences. Il n’en reste pas moins vrai que dans les villages, surtout durant les périodes de guerre, les paroissiennes et les paroissiens trouvent auprès du curé du village aide et réconfort spirituel…
L’église de La Romagne est divisée en deux parties : le sanctuaire et la nef. Le premier est délimité par une élévation de la hauteur d’une marche, une balustrade faisant office de banc de communion, le maître-autel dans l’axe du portail d’entrée.
Jusqu’en 1710, le sanctuaire est entretenu par les gros décimateurs que sont les abbés successifs de l’abbaye de Chaumont-Porcien. Après cette date, les grosses dîmes sont abandonnées au curé.
Le reste de l’espace est occupé par une nef dépourvue de bas-côtés. Elle n’est pas couverte de voûtes mais d’une charpente, formée de poutres horizontales, qui prennent appui dans les murs juste au-dessus des fenêtres hautes. Son entretien incombe à la fabrique.
Par trois fois au moins, l’intérieur de l’église est détruit : tout d’abord à la suite de la guerre de Trente Ans et de la Fronde, puis à la Révolution, et enfin lors de la Seconde Guerre mondiale.
Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).
En 1659, lors d’une visite, le bilan suivant est dressé : l’église est en ruines tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et on ne peut y officier[1]. Du reste, le curé a parfois célébré la messe dans son bûcher, n’ayant aucun autre lieu pour le faire. Cette situation reste encore valable en 1663.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].
De plus, il ne reste plus que quelques objets sacrés, dont un ciboire en cuivre et un soleil en fer blanc. Il n’y a plus de linge, et si peu d’ornements que le curé ne dispose pas des chasubles aux couleurs des différents temps liturgiques[1].
[1] Chez les catholiques, le violet est associé à l’Avent et au Carême, le blanc à Noël et à Pâques, le rouge à la Pentecôte et le vert au temps ordinaire. Le noir est réservé aux offices funèbres.
Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).
Touchés par tant de misère, et avec la volonté que les paroissiens retrouvent leur église, les délégués de l’archevêque parlent de saisir les décimateurs[1]. Ils souhaitent les contraindre à exécuter des travaux, alors que ces derniers ont connu beaucoup de vicissitudes avec l’incendie et la reconstruction de leur abbaye à Remaucourt.
Lors des tournées suivantes, qui se succèdent tous les deux ou trois ans environ, la paroisse est visitée par monseigneur Le Tellier en personne, ou par ses émissaires.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].
Quelques petites améliorations voient le jour à partir de 1671, mais des manquements sont soulignés, comme le ciboire en cuivre[1], ou le tabernacle posé sur l’autel. Or, il devrait être surélevé et fixé à demeure, selon une tradition établie au XVIe siècle.
Il renferme en effet les hosties consacrées et non consommées, ce qui permet de donner la communion à des fidèles en dehors de la messe, ou le viatique aux mourants.
L’autorité ecclésiastique juge que « les ornements sont malpropres » et constate que « les fonts ne ferment pas à clé », si bien qu’il est donné ordre aux paroissiens de remettre l’église en état[2].
Lors de cette visite, une chasuble (le vêtement doit être en accord avec la solennité de la célébration) et une bourse garnie sont offertes au curé.
[2]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].
Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).
Il faudra environ une trentaine d’années pour que l’église retrouve un meilleur aspect. Ce qui en dit long sur la pauvreté du village, consécutive aux guerres qui ont ruiné la région.
Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).
En 1699, grâce au mémoire dressé par le curé Dehaulme (prêtre de la paroisse entre 1688 et 1710), on peut constater les améliorations apportées pour la célébration du culte : il a acheté une nappe d’autel, une burette[1] d’airain dotée d’un couvercle en fer-blanc.
D’autre part, il a fait réparer le tabernacle, s’est procuré quatre porte-cierge de bois et leurs lampions auprès d’un tourneur résidant au Fréty, et quatre grands chandeliers auprès d’un menuisier.
[1] Vase contenant le vin ou l’eau qui servent à la messe.
Chasuble romaine blanche en soie damassée de croix (XIXe siècle).
Il a fait confectionner un grand surplis et de plus petits pour les enfants de chœur, et orner d’un galon le pavillon du ciboire. Il a acheté des corporaux, un devant d’autel, un ciboire et un soleil d’argent[1].
Tout en exerçant son ministère, il se rend à Charleville ou à Rethel pour des achats, ou pour confier des travaux à des religieuses expertes en broderie et en couture, voire pour faire appel à des artisans locaux.
Cependant, il n’y a toujours pas de bougie allumée devant le Saint Sacrement, en dehors du moment de la messe et des jours de fête. Cela représente une dépense importante, à laquelle la paroisse ne peut pas faire face. La pauvreté du lieu ne permet pas de respecter les règles qui stipulent qu’il faut
« prendre garde que la lampe brûle jour et nuit devant le Très Saint Sacrement soit par l’application de fonds de la fabrique soit par la contribution volontaire des habitants ».
Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.
Cette lumière est un hommage rendu à Dieu, et la liturgie fixe avec précision l’abondance du luminaire en fonction de la célébration. S’il y a un manquement en raison de la faiblesse des revenus, à aucun moment, un quelconque reproche n’apparaît pour ce fait lors des visites du doyen ou du vicaire, tous deux au courant de la situation paroissiale.
En 1710, lors d’une visite, l’église est décrite comme « assez belle si elle était mieux entretenue et mieux ornée ». Il est estimé qu’elle devrait l’être puisqu’il y a quelques revenus. Cette remarque, qui semble concerner l’intérieur, montre que des changements sont intervenus. Il faut cependant attendre une trentaine d’années pour avoir une description plus détaillée :
« Le sanctuaire ainsi que le chœur et la nef sont très propres, plafonnés et lambrissés. »
Ces améliorations sont certainement dues à une période durant laquelle la guerre s’est éloignée de cet endroit, mais aussi à un accroissement de la population[1], et donc des revenus.
[1] L’église semble toujours assez grande pour accueillir tous les paroissiens.
En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.
Elle renferme un seul autel : le maître-autel avec « un tabernacle de bois peint, orné de filets d’or et garni en dedans ». L’église est pourvue d’un ciboire en argent doré en dedans et d’un soleil[1], d’une petite boîte en argent pour porter le saint viatique, d’un calice et d’une patène.
[1] Probablement celui qui a été acheté par le curé Dehaulme.
Les vaisseaux des saintes huiles[1] sont en étain mais mal entretenus[2]. En 1783, l’église est toujours suffisamment grande[3] et assez belle. Il serait simplement nécessaire de réparer le bas des murs et de les reblanchir. La présence d’un nouveau mobilier est relevée, avec un confessionnal[4], tandis qu’il est noté que « les fonts baptismaux sont en règle et fermés ».
[1] Qui servent aux onctions lors de certains sacrements.
La Révolution provoque de grands changements : l’église voit la mise aux enchères de son patrimoine mobilier et immobilier, dans le cadre de la vente des biens nationaux. Toutes les terres que possède la cure, et qui assurent un revenu supplémentaire au prêtre de la paroisse, sont vendues en grande partie aux habitants : Pierre Mauroy, Hubert Laroche, François Arbonville[1], etc.
[1] Orthographié Harbonville sur certains documents.
Après cette période de troubles, le Consulat, l’Empire puis la Restauration redonnent à l’église la place qu’elle occupait dans la vie de la communauté villageoise. Cette nouvelle situation est facilitée par le Concordat[1] conclu en 1801 par le gouvernement de Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII.
A partir de l’année 1827, l’église est rénovée et ornée. Dix ans plus tard se pose à nouveau la nécessité de fermer les fonts baptismaux et de rétablir une piscine. Cela prend un peu de temps avant que celle-ci soit de nouveau présente. Un bénitier est installé. Un confessionnal se trouve en 1831 dans l’enceinte des fonts baptismaux[1], mais il n’y reste pas.
En revanche, à partir de cette époque, un changement important est à noter. Jusqu’à présent, il n’y avait qu’un seul autel : le maître-autel. Désormais, il y en a trois autres consacrés respectivement à la Vierge Marie, à saint Jean l’Evangéliste[1], et à saint Hubert[2].
Vers 1890, une courte description permet de dire que l’autel est en bois à deux colonnes ioniques, avec un retable appliqué au mur plat du fond. Les marches ainsi que le pavé du sanctuaire sont en marbre. Le reste du pavé est en brique.
Tout est fort pauvre et paraît dégradé[1]. L’Etat, la municipalité et des particuliers permettent par des subventions et des dons de réagir. Une nouvelle réfection est entreprise, avec l’exhaussement de la porte d’entrée, le remplacement d’une partie des poutrelles de charpente[2], la réfection des enduits des fenêtres et des murs[3].
[1] Selon le pouillé (registre ecclésiastique) du diocèse de Reims 1874/1894 établi par monseigneur Péchenard
La loi de séparation des Eglises et de l’Etat instaure les inventaires des biens ecclésiastiques, qu’ils relèvent du patrimoine mobilier ou immobilier. Ceux-ci doivent être réalisés dès le début de l’année 1906.
Comme il est impossible de retrouver le moindre document concernant celui de l’église de La Romagne, on ne peut qu’interpréter la presse locale ancienne. Le petit Ardennais en particulier signale chaque fois qu’ils se produisent les incidents occasionnés par ces inventaires.
Rien n’étant dit concernant cette commune, il est probable qu’en dehors peut-être d’une réprobation passive, souvent signalée, les opérations se sont déroulées assez paisiblement.
Celles qui ont eu lieu à Saint-Jean-aux-Bois[1] semblent en revanche avoir été plus problématiques. A la date prévue pour l’inspection de l’église, le maire se trouve dans l’impossibilité d’y entrer, alors qu’il doit, sur la demande du préfet, assister à son inventaire.
La porte, close de l’intérieur, reste hermétiquement fermée, en dépit des sommations de l’édile et de celles des gendarmes présents pour cette opération. Des chuchotements se font néanmoins entendre. Le curé s’est enfermé en compagnie de quelques paroissiens.
L’inventaire est réalisé par la suite. A la date du 6 avril, plus aucun n’est à faire dans tout le département.
[1]Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 53, « Saint-Jean-aux-Bois – L’inventaire » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien, Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-septième année, n° 8939, vendredi 2 mars 1906, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].
Désormais, le conseil municipal peut voter des crédits pour l’acquisition de nouveaux objets, de linge et d’ornements. Il commande en 1929 la « réfection de certains éléments du beffroi et la confection d’agenouilloirs[1] » à Vital Bonhomme, charpentier à la Romagne, tout en envisageant de substituer aux bancs manquants des chaises [2]. C’est cet aspect que garde la nef, depuis de nombreuses années.
[1]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération du 11 novembre 1929
[2]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération des 30 juin et 9 août 1929.
Un peu auparavant, l’abbé Régnier, qui avait officié durant de longues années dans le village, et qui avait vécu avec ses paroissiens les affres de la Première Guerre mondiale, avait offert, par testament, de nouveaux fonts baptismaux, afin d’embellir cette église. Une plaque témoigne de sa générosité.
En 1937, l’église est entièrement refaite à neuf. Mais les Romanais n’en profitent pas longtemps. Après les destructions liées au bombardement de 1940 et aux pillages qui ont eu lieu, les pertes sont considérables : la chaire en bois, les bancs et les chaises, les vases sacrés, l’orfèvrerie[1], le reliquaire, le chemin de croix, les ornements, les garnitures d’autel et même l’harmonium sont manquants.
Tout a disparu ! A la fin de la guerre, le délabrement de l’église est tel que celle-ci n’est rendue au culte qu’en 1948, après décision du maire, monsieur Cugnart.
Dès le retour de la paix et l’attribution de crédits, d’importants travaux de réfection sont entrepris sous la direction des architectes rethélois Gillet et Demoulin. Il faut tout d’abord refaire : la toiture du côté de la sacristie, cette dernière, une partie de la charpente et des soubassements extérieurs. Il est nécessaire aussi de consolider les croisées[1].
[1] Ouvertures laissées dans les murs des bâtiments, pour donner du jour au dedans.
Mais il faut aussi redonner un lustre intérieur à cette église, pillée à plusieurs reprises, et donc démunie de tout. L’autel, en pierre de Savonnières (un calcaire oolithique et coquillier), et dont la frise de feuilles de vigne ornée de grappes rappelle la transsubstantiation[1], est réparé. Il repose sur quatre colonnettes. L’antependium, à décor en demi-relief, évoque les pèlerins d’Emmaüs.
On peut probablement l’attribuer au sculpteur Adolphe Masselot de Lomme (Nord). C’est son atelier qui a exécuté les réparations et fait le nouveau banc de communion en pierre, afin de remplacer l’ancien en bois qui avait disparu. Ce sculpteur a beaucoup œuvré pour les églises des Ardennes.
[1] Chez les catholiques, transformation du vin en sang du Christ.
Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).
Le chœur est décoré entièrement avec le rechampissage de deux niches ogivales, le tracé et la confection de quatre pilastres et de quatre chapiteaux ornementés, le tracé d’une draperie sur les murs de la nef.
Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix, réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
L’ensemble de cette décoration a nécessité quelque deux cent cinquante heures de travail. Un nouveau chemin de croix en peinture laquée sous glace, avec encadrement de bois, orne les murs latéraux. Il a été exécuté par Robert Wattiez, artisan de Reims, entre le 15 novembre 1947 et le 15 mars 1948.
Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Des troncs rénovés remplacent ceux qui avaient disparu. La nef est remeublée avec des sièges et des prie-Dieu qui proviennent d’une entreprise locale située à Sapogne-Feuchères, ou d’artisans des environs (de Rocquigny par exemple).
Il faut encore s’occuper des vitraux qui ont été endommagés : ceux qui se trouvent dans la baie double du chœur, et les trois situés dans la nef gauche. La maison Le Troyer de Reims est chargée de leur réfection. On ne sait rien à propos de ceux qui ont pu orner autrefois l’église, si ce n’est que l’installation des actuels est postérieure au milieu du XXe siècle.
Ceux de la baie géminée[1], qui représentent l’apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous à Lourdes datent de 1903. Ils proviennent de l’atelier rémois Vermonet et marquent une dévotion mariale toute particulière.
Celui de saint Eloi date de 1963 et provient d’un atelier situé à Heitz-le-Maurupt. Le peintre-verrier est Roger Mauret. Ceux de saint Hubert, saint Joseph, sainte Thérèse ne sont ni datés ni attribués mais sont de même facture.
Dans un large médaillon central aux couleurs assez vives, le saint est représenté avec ses attributs : les gerbes de blé[1] pour saint Eloi, la croix entre les bois du cerf pour saint Hubert, le bâton fleuri d’un lys et la barbe[2] pour saint Joseph, un habit de carmélite et une croix entourée de roses pour sainte Thérèse[3].
[1] Symbole de la terre mais surtout du pain eucharistique.
Son nom est inscrit sur le nimbe[1]. Chaque saint est entouré de motifs géométriques et floraux, qui varient par le jeu des couleurs sur un fond de grisaille assez monotone. Par contraste avec ceux de la baie du chevet, ces vitraux ont été offerts par des familles de La Romagne, ou dédiés à ces dernières.
En témoigne le cartouche de chacun d’eux. Il s’agit des divers Devie qui vivaient dans le village (Devie-Patoureaux, Devie-Richard, Devie-Vadez[2], Legros-Devie). Les autres baies sont obturées, faute de moyens et de mécénat, par du verre cathédrale sans décor peint.
[1] Cercle de lumière que les artistes mettent autour de la tête des saints.
[2] Correspondant actuellement à la branche Devie-Bertrand.
Progressivement, le patrimoine ecclésiastique est mieux protégé. Des indemnités pour le gardiennage des églises communales sont prévues. Conformément à la circulaire relative à celui-ci, l’abbé Godart est chargé de cette mission.
Depuis le départ du dernier desservant de la paroisse, les messes sont devenues de plus en plus rares. Néanmoins, la municipalité et les habitants sont attachés à leur église. Des travaux de réfection sont en cours, comme ceux des murs latéraux intérieurs. Ils remettront à nu les pierres dures les constituant, dans le respect de l’architecture paysanne et de la tradition champenoise…