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La Romagne et les curés de son église


Monseigneur Antonio Barberini, 91e archevêque de Reims, de 1657 à 1671.
Monseigneur Antonio Barberini, 91e archevêque de Reims, de 1657 à 1671.

Parmi ceux qui ont exercé leur ministère dans cette paroisse, on peut citer vers 1663 F. Prony[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Remi[1] Bayen, prémontré de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine, est probablement curé de La Romagne entre 1663/1664 et 1665, après avoir été à La Hardoye (Ardennes) puis à Rocquigny (Ardennes).


[1] Saint Remi (sans accent) est l’un des patrons du diocèse de Reims.


Pierre Le Heutre, né vers 1636 dans le diocèse, est ordonné en 1660 à presque 25 ans. Il est le curé du village pendant dix-sept ans de 1665 à 1682. Quoique son nom n’apparaisse pas, c’est sûrement lui qui est affecté à ce lieu[1] en 1665, alors que la paroisse de Montmeillant (Ardennes) était « abandonnée » et son église « en très mauvais état ».


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252, page 213 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Monseigneur Charles-Maurice Le Tellier, 92e archevêque de Reims, de 1671 à 1710.
Monseigneur Charles-Maurice Le Tellier, 92e archevêque de Reims, de 1671 à 1710.

Nicolas Jouvant, né à Reims (Marne) vers 1656, est ordonné en 1682. Il est nommé ensuite pour quelques mois à La Romagne et, fait curieux, avant son ordination. Cependant, ce cas n’est pas exceptionnel en Champagne, puisque monseigneur Le Tellier attribue souvent des « titres de paroisse » avant que le titulaire ait « reçu la prêtrise[1] ».

Ces nominations sont « maintenues comme exactes ». Cet ecclésiastique est affecté peu de temps après son ordination à la cure de Saint-Jean-aux- Bois (Ardennes) puis à Chémery (Ardennes). Il est nommé doyen rural jusqu’en 1719 et décède en 1734. Il est alors curé d’Aÿ[2] (Marne).


[1] Archives  départementales  des Ardennes, 1J  128-1 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 128 = papiers de l’abbé Emile Bouchez, le clergé des Ardennes en 1789 et sous la Révolution (don de monseigneur Leflon, janvier 1961, entrée 421), pièce 1J 128-1 = répertoire alphabétique des curés et vicaires de l’ancien diocèse de Reims d’après les archives diocésaines, 1663-1791, registre de 173 pages].

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, quarante-quatrième année, n° 3 du samedi 21 janvier 1911, page 35, vue 40/847, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Nicolas Lambinet, originaire de Brieulles-sur-Meuse (Meuse), où il est né vers 1643, est le curé du village de septembre 1682 au 27 juin 1686, avant de rejoindre la cure de Lametz (Ardennes) jusqu’au 1er janvier 1713.


Adrien Desjardins remplit un court intermède d’une dizaine de mois. Ce prêtre, venu de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine (Ardennes) où il est sous-prieur[1], rejoint Rubigny (Ardennes) en février 1687 où il décède le 13 août 1697 [2].


[1] Religieux qui supplée le prieur.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, quarante-cinquième année, n° 20 du samedi 18 mai 1912, page 243, vue 260/900, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Les lettres patentes du roi en forme d'édit du mardi 29 avril 1664 ordonnent que les bulles des papes Innocent X et Alexandre VII seront publiées dans tout le royaume.
Les lettres patentes du roi en forme d’édit du mardi 29 avril 1664 ordonnent que les bulles des papes Innocent X et Alexandre VII seront publiées dans tout le royaume.

Nicolas Norbert Dehaulme, né vers 1653, occupe la cure pendant quinze ans, du 31 mars 1688 jusqu’en octobre 1703, et se dévoue à sa paroisse. C’est à l’origine un religieux du couvent de Chaumont-la-Piscine (Ardennes). Lorsque son ministère romanais prend fin, il y retourne, comme cela se passe assez souvent pour les moines réguliers.


Le testament d'Hubert Terlot est signé par le curé de La Romagne, Louis Pottin, qui assiste ses paroissiens sur le plan matériel et spirituel. Archives départementales des Ardennes, G 238 [série G = clergé régulier avant 1790, articles G 92 à 272 = églises paroissiales et leurs fabriques], cote concernant les églises de Rocquigny, La Romagne, Romance (Saint-Pierre), les constitutions de rentes, dons et legs, les déclarations de biens 1611-1788.
Le testament d’Hubert Terlot est signé par le curé de La Romagne, Louis Pottin, qui assiste ses paroissiens sur le plan matériel et spirituel. Archives départementales des Ardennes, G 238 [série G = clergé régulier avant 1790, articles G 92 à 272 = églises paroissiales et leurs fabriques], cote concernant les églises de Rocquigny, La Romagne, Romance (Saint-Pierre), les constitutions de rentes, dons et legs, les déclarations de biens 1611-1788.

Louis Pottin passe trente-six ans à La Romagne, de sa nomination vers 1705 jusqu’à sa mort à l’âge de soixante et onze ans environ, le 22 octobre 1740. Tout au long de son sacerdoce, il s’implique dans les diverses tâches auprès de ses paroissiens, tant spirituelles que matérielles.

Ses obsèques sont célébrées par le prieur-curé de Givron (Ardennes) en présence de R. Chanveaux, curé-doyen de Rethel (Ardennes), de Jean-Baptiste Le Roy (maître d’école), Antoine Leblanc et François Merlin.


Jean Maquet lui succède pour un temps très court : neuf mois, du 7 novembre 1740 au 14 août 1741.


Le haut lieu du jansénisme est Port-royal-des-Champs, Abbaye de (Yvelines, France). Museum Catharijneconvent (Utrecht, Pays-Bas), numéro d’inventaire OKM s19, anonyme (école française de peinture), Vue sur l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, peinture à l'huile, canevas, 1e moitié du XVIIIe siècle, vers 1764, notice descriptive consultable en ligne.
Le haut lieu du jansénisme est Port-royal-des-Champs, Abbaye de (Yvelines, France). Museum Catharijneconvent (Utrecht, Pays-Bas), numéro d’inventaire OKM s19, anonyme (école française de peinture), Vue sur l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, peinture à l’huile, canevas, 1e moitié du XVIIIe siècle, vers 1764, notice descriptive consultable en ligne.

François-Jean Bataille, de l’ordre des prémontrés, devient le nouveau titulaire de la cure, du 14 août 1741 jusqu’à sa mort vers août 1747 (les registres paroissiaux entre 1742 et 1753 ont disparu). Il jure avoir « signé les formulaires de foi du pape Alexandre VII qui condamnent le jansénisme ».


Palazzo Barberini (Rome, Italie), numéro d’inventaire 5048, Bernin, Le (1598-1680), Portrait du pape Urbain VIII [Maffeo Barberini], peinture à l'huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1631-1632, huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.
Palazzo Barberini (Rome, Italie), numéro d’inventaire 5048, Bernin, Le (1598-1680), Portrait du pape Urbain VIII [Maffeo Barberini], peinture à l’huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1631-1632, huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.

Depuis le 6 mars 1642, le pape Urbain VIII a porté une condamnation contre les théories de Jansenius[1] contenues dans son livre intitulé Augustinus.

Portrait du pape Innocent X par Diego Vélasquez.
Portrait du pape Innocent X par Diego Vélasquez.

Cette critique théologique est confirmée par une bulle du pape Innocent X le 31 mai 1653, puis par celle d’Alexandre VII le 16 octobre 1656.


[1] Cornelius Jansen.


Walters art museum (Baltimore, Maryland), numéro d’inventaire 37.598, Gaulli, Giovanni Battista (1639-1709) [atelier], Portrait du pape Alexandre VII [Fabio Chigi], peinture à l'huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1667, peinture à l'huile sur canevas, notice descriptive consultable en ligne.
Walters art museum (Baltimore, Maryland), numéro d’inventaire 37.598, Gaulli, Giovanni Battista (1639-1709) [atelier], Portrait du pape Alexandre VII [Fabio Chigi], peinture à l’huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1667, peinture à l’huile sur canevas, notice descriptive consultable en ligne.

En 1661, les évêques de France décident de rédiger un formulaire portant réprobation des doctrines condamnées, et de l’imposer à tous les ecclésiastiques de leurs diocèses. Ces derniers sont contraints de le signer sur-le-champ.

En 1665, le pape Alexandre VII propose de ne pas admettre un élu quelconque à la jouissance d’un bénéfice, sans qu’il lui fût enjoint de souscrire à ce document condamnant expressément l’erreur janséniste. Cette ferme invitation soulève une opposition formidable en Champagne.

Au XVIIIe siècle, monseigneur François I de Mailly, successeur de monseigneur Le Tellier, se montre, lui, très empressé de faire signer ce document par les différents prêtres de son diocèse.

Monseigneur François I de Mailly, 93e archevêque de Reims, de 1710 à 1721.
Monseigneur François I de Mailly, 93e archevêque de Reims, de 1710 à 1721.

Monseigneur Armand Jules de Rohan-Guémené, 94e archevêque de Reims, de 1722 à 1762.
Monseigneur Armand Jules de Rohan-Guémené, 94e archevêque de Reims, de 1722 à 1762.

Philippe Hennezel, prémontré, occupe la cure du 4 septembre 1747 jusqu’à sa mort vers février 1760, à l’âge de cinquante-six ans. C’est un chanoine régulier de l’ordre des prémontrés. Pour ses obsèques, le service religieux est célébré par le curé de Givron (Ardennes), en présence de J.-B. Davaux et du prieur Godart de la Piscine. Il est inhumé au milieu du chœur de l’église.


Monseigneur Charles Antoine de La Roche-Aymon, 95e archevêque de Reims, de 1763 à 1777.
Monseigneur Charles Antoine de La Roche-Aymon, 95e archevêque de Reims, de 1763 à 1777.

Simon Godart, prémontré, après avoir été curé de Givron (Ardennes), reste à La Romagne de février 1760 à 1769, moment où il démissionne. Cette situation ouvre aux « patrons de la cure » la possibilité de désigner un candidat, dont les supérieurs diocésains agréent ou rejettent la candidature après l’avoir examinée.


D’après le registre consulté, il est le seul à avoir démissionné dans ce village, alors que sur la même période de cent trente ans, quatre curés l’ont fait à Rocquigny (Ardennes), et que trois autres ont « résigné », c’est-à-dire qu’ils ont laissé leur paroisse en faveur, généralement, d’un membre de leur famille. Quelles peuvent-être les raisons de ces différences ? A la suite de ce départ, c’est F. Pierron, curé de Montmeillant (Ardennes), qui pourvoit aux besoins de la paroisse.


Joseph Bourdon[1], religieux prémontré né le 6 mai 1728 à Moncourt[2], prend en charge la cure à partir du 12 janvier 1770, après avoir relevé des diocèses de Rouen (Seine-Maritime) et de Laon (Aisne) et être arrivé dans le diocèse de Reims en 1763.

Certains prêtres comme ce curé reçoivent l’extension des pouvoirs, et les « cas réservés », c’est-à-dire tout ce qui regarde la magie, les superstitions et les maléfices[3].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 137 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].

[2] Dans le diocèse de Metz (Moselle).

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Serment de Joseph Bourdon à la Constitution civile du clergé.
Serment de Joseph Bourdon à la Constitution civile du clergé.

Il est toujours présent dans sa paroisse lors des premières années révolutionnaires. Il prête serment à la Constitution civile du clergé le 28 janvier 1791[1], contrairement à certains de ses confrères. Il est redemandé après la Révolution.

Attestation du serment prêté par le curé Joseph Bourdon.
Attestation du serment prêté par le curé Joseph Bourdon.

Il est l’un de ceux pour qui quelques détails physiques sont notés en l’an VI par les autorités du canton de Rocquigny (Ardennes). Il mesure cinq pieds et cinq pouces, soit un peu plus d’un mètre soixante-cinq. Il a le visage et le menton ronds, une grande bouche, des « yeux roux[2] », des sourcils gris. Ses cheveux sont blancs.


[1] Archives départementales des Ardennes, L 1336 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819], délibération du canton de Rocquigny lors de sa séance du 26 avril 1792.

[2] Cette désignation ancienne d’une pigmentation de l’iris n’évoque plus pour nous une couleur précise.


Monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, 96e archevêque de Reims, de 1777 à 1816.
Monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, 96e archevêque de Reims, de 1777 à 1816.

Dans l’enquête menée le 20 novembre 1807, nous apprenons qu’il a alors soixante-dix-neuf ans et qu’il souffre de nombreuses infirmités qui l’empêchent de dire la messe. En outre, il ne peut se servir de sa main droite[1]. Il décède dans sa paroisse, un an plus tard, le 3 juillet 1808[2], après l’avoir servie pendant plus de trente-huit ans.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 142 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 139 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Monseigneur Jean Charles de Coucy, 97e archevêque de Reims, de 1817 à 1824.
Monseigneur Jean Charles de Coucy, 97e archevêque de Reims, de 1817 à 1824.

Pendant quelques années, La Romagne est une annexe de Montmeillant (Ardennes), avant de redevenir une cure à part entière. De ce fait, elle est desservie par le prêtre de cette commune.


Monseigneur Jean-Baptiste de Latil, 98e archevêque de Reims, de 1824 à 1839.
Monseigneur Jean-Baptiste de Latil, 98e archevêque de Reims, de 1824 à 1839.

Jean-Baptiste Mozin naît à Montcy-Saint-Pierre (Ardennes). De sa nomination (quand la Romagne est redevenue pleinement une paroisse) jusqu’à sa mort le 4 janvier 1842 à l’âge de trente-six ans, il demeure dans le village.


Dans une enquête destinée à l’archevêché, on apprend qu’il y vit en compagnie de sa mère et de sa sœur, et qu’il héberge chez lui quelques écoliers. Il bine[1]. Ce qui s’avère plus important, c’est l’opinion qu’il exprime sur ses paroissiens.

Pour lui, quelques-uns sont superstitieux, mais ne sont pas scandaleux. Cent trente font leur devoir pascal. Néanmoins, il reproche à certains d’être trop lents pour faire baptiser leurs enfants. Mais personne ne néglige de les envoyer au catéchisme.


[1] En droit canonique, biner = célébrer deux messes le même jour, généralement dans deux églises différentes.


La Romagne – L'Eglise, carte postale ancienne éditée par Briard, virage sépia.
La Romagne – L’Eglise, carte postale ancienne éditée par Briard, virage sépia.

Simon Noiville, né le 10 février 1816 à Longwé (Ardennes), reçoit une nomination à La Romagne à partir du 20 juin 1842. Il veille à améliorer son église : pour communiquer avec ses paroissiens à partir des années 1870, il a recours à un petit journal, Le Réveil de Signy-l’Abbaye, qui lui sert de bulletin paroissial.

Monseigneur Thomas II Gousset, 99e archevêque de Reims, de 1840 à 1866.
Monseigneur Thomas II Gousset, 99e archevêque de Reims, de 1840 à 1866.

Monseigneur Jean-François Landriot, 100e archevêque de Reims, de 1867 à 1874.
Monseigneur Jean-François Landriot, 100e archevêque de Reims, de 1867 à 1874.

Dès 1883, une plainte est formulée contre lui auprès du préfet[1], car il manque souvent à ses obligations. Le représentant du gouvernement fait remarquer dans sa réponse qu’il est paralysé et qu’il a soixante-huit ans. Il ajoute qu’on ne peut pas insister pour le faire remplacer, car le presbytère est sa propriété et non celle de la commune.

A partir du mois de mars 1884, c’est le vicaire administrateur Renaudin qui signe les actes pour La Romagne. D’autre part, certaines lacunes apparaissent à la lecture des documents religieux de l’église Saint-Jean (la transcription de la sépulture de Céline Millet ou le baptême d’un enfant de la famille Gosset ne sont ainsi pas pris en compte).


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6655, vue 241/503, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6655 = Reims (diocèse) : J à W].


Une croix surmontait autrefois ce monument funéraire. Tombe de l’abbé Simon Noiville au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Une croix surmontait autrefois ce monument funéraire. Tombe de l’abbé Simon Noiville au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le 3 mars 1885, l’abbé Noiville qui, depuis trois ans environ, était frappé par une maladie paralysant son activité intellectuelle et physique, décède[1]. Il était curé de La Romagne et prêtre depuis quarante-trois ans.

Il est inhumé, le 5 du même mois, dans le cimetière du village, en présence de nombreux prêtres des alentours[2] (Le Fréty, Novion, Saint-Jean-aux-Bois, Estrebay, Rubigny, Montmeillant, etc.) mais aussi de ses paroissiens qui rendent un dernier hommage à celui qui avait été leur « guide sûr », leur « ami vrai » et qui avait partagé leurs joies et leurs tristesses pendant cette longue série d’années si mouvementées.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, dix-huitième année, n° 11 du samedi 14 mars 1885, page 123, vue 131/800, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).

[2] Tous les villages cités sont dans l’actuel département des Ardennes.


Georges Victor Grégoire naît le 21 septembre 1857 à Floing (Ardennes). En 1881, il est vicaire à Nouzon (Ardennes), puis il est nommé à Daigny (Ardennes), le 31 octobre 1884. Il y reste peu de temps. Après deux avis dont on ne connait pas la teneur (10 et 28 août 1885), la paroisse lui est confiée, ainsi que celle de Draize (Ardennes). Il y reste jusqu’au 21 mars 1901.

Pour lui, l’état d’esprit des habitants est fort bon : toutes les femmes, les enfants et vingt à trente hommes assistent à la messe du dimanche. Il y a beaucoup de monde à la communion pascale et même aux célébrations en dehors de Pâques. Cet avis ne semble pas concorder avec d’autres échos.


Au cours de ces années, quelques incidents relatés dans Le Petit Ardennais révèlent quelques tensions entre le prêtre et ses paroissiens. Le premier a lieu lors de l’inhumation d’un jeune soldat qui accomplissait son service militaire[1]. Ses camarades de régiment avaient offert une couronne, mais celle-ci n’étant pas du goût du curé, elle aurait été jetée par ce dernier.

Peu de temps auparavant, il s’était déjà signalé en retirant à l’instituteur[2], qui était déjà assez vieux et qui ne pouvait plus chanter à l’église, le droit de sonner les cloches[3].


[1] Il s’agit de Jean-Baptiste Emile Mauroy, fils de Jean-Baptiste Mauroy et de Marie Léonie Lelong, décédé le 8 mars 1895 à Vouziers (Ardennes), où il était en garnison comme cavalier au 5e régiment de cuirassiers.

[2] Ce dernier serait Hippolyte Guérard et aurait été âgé de cinquante-six ans au moment des faits.

[3] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 35, « La Romagne. – Un peu plus de tolérance » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, dix-huitième année, n° 5763, vendredi 5 février 1897, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Monseigneur Benoît Langénieux, 101e archevêque de Reims, de 1874 à 1905.
Monseigneur Benoît Langénieux, 101e archevêque de Reims, de 1874 à 1905.

Il ne s’arrête pas là, puisqu’il s’insurge ensuite contre un mariage qui, pour des raisons familiales, sera finalement célébré à Montmeillant (Ardennes), au lieu de l’être à Draize (Ardennes), qui était sous sa tutelle.

L’auteur de l’article du Petit Ardennais, afin d’insister sur la vénalité de l’ecclésiastique, le soupçonne de mener grand bruit car son casuel s’en trouverait diminué. Il se moque que le curé ait porté cette affaire jusque devant monseigneur Langénieux, son archevêque, ne manquant pas au passage d’insister sur le fait que le mariage religieux n’est qu’une « inutile superfétation[1] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 35, « Montmeillant. – A propos d’un mariage » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, dix-huitième année, n° 5776, jeudi 18 février 1897, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Bien qu’il n’y ait pas eu de suite, le maire s’adresse au préfet le 22 mai 1895 pour demander le déplacement de ce prêtre « qui trouble le pays par sa propagande antirépublicaine [1]».

Cette demande n’aura pas de suite immédiate, mais cela n’empêche pas le préfet de dire en 1904 que cet ecclésiastique est hostile aux institutions. Après La Romagne, il rejoint Sévigny-Waleppe (Ardennes), où il décède le 28 mars 1904.


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6654, vue 425/485, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6654 = Reims (diocèse) : A à I].


Edmond François Bastin, « homme énergique qui a le sens des responsabilités et est animé d’une foi profonde[1] », naît en 1873 à Authe (Ardennes) dans une famille très religieuse qui compte plusieurs prêtres et religieuses.

Il a été formé au petit, puis au grand séminaire de Reims (Marne). Tout d’abord vicaire à Rocroi (Ardennes), il est nommé à La Romagne de janvier 1901 jusqu’en décembre 1912, pour être ensuite muté à la paroisse de Challerange (Ardennes).


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfilm, MFILM 8-LC11-842 (7), Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Église de Reims : vie diocésaine, 89e année, n° 13 (1er avr. 1961) -n° 35 (2 nov. 1968), Reims : Archevêché, 1961-1968, n° 27 du 4 juillet 1964.


Monseigneur Louis-Joseph Luçon, 102e archevêque de Reims, de 1906 à 1930.
Monseigneur Louis-Joseph Luçon, 102e archevêque de Reims, de 1906 à 1930.

Comme ses paroissiens, il part en 1914 pour l’armée, où il est infirmier. Lorsqu’il est démobilisé, il retrouve un village dévasté, dans lequel il reprend son ministère. Lui aussi n’échappe pas aux sarcasmes du correspondant du Petit Ardennais : des pèlerins ayant rapporté à leurs connaissances un flacon d’eau de Lourdes (Hautes-Pyrénées) dite « miraculeuse », ils furent épinglés à travers la création d’un vocabulaire digne de celui de Molière pour dénoncer leur crédulité.

Une analyse pseudo-chimique à caractère satirique de ce liquide en dévoile la « teneur » : six cent vingt-cinq grammes d’eau pure et 0,011 milligramme de sulfate de magnésie. Quant aux autres composants, ils se trouverait en quantité variable de l’acide bétifique, de la crédulose, de la niaisine, du carottate d’argent et de l’attrapure d’or, de l’hypocritine, du cervellate de plomb et du gobe-mouchine[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 58, « La Romagne. – L’eau de Lourdes » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-neuvième année, n° 9856, mercredi 30 septembre 1908, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


L’enquête préliminaire diligentée par l’archevêché auprès des curés des diverses paroisses quelques semaines avant la promulgation de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat est le moyen de connaître la mentalité des paroissiens lors de ce changement, bien que ceux-ci « ne semblent pas croire à la mise à exécution de la loi ».


Pour l’abbé Bastin[1], « Les hommes sont peu portés vers la religion, d’autant qu’il ne s’en trouve que sept qui veulent bien du prêtre au mariage et à la mort. », mais ces derniers « ne viennent pas à la messe chaque dimanche ». « Les femmes sont plus de bonne volonté et résolues. », selon lui.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims, articles 7J 13-28 = contrôle épiscopal, pièces 7J 25 = enquêtes paroissiales, tableaux de l’état des paroisses des archiprêtrés de Notre-Dame de Reims, Charleville, Mézières, Rethel, Rocroi (paroisse de Blombay), Sedan, Vouziers (1905)].


La situation est donc assez confuse. Néanmoins, le curé pense que ses paroissiens réagiront et « pilleront leur porte-monnaie » pour assurer au moins la première année avec 200 à 300 francs de revenu[1]. Cette somme couvrira le lieu de culte, son logement et sa subsistance, quand les fidèles verront « la publication et la réalité de la loi ».

Dans cette même enquête, ce prêtre, qui célèbre les messes aussi à la paroisse de Draize (Ardennes), se montre beaucoup plus pessimiste pour sa situation dans ce village, reprochant à ses paroissiens leur égoïsme et les accusant de « ne vivre que pour eux et pour la terre ».


[1] Mais il émet des doutes pour les années suivantes.


Après la promulgation de la loi de séparation, c’est ce prêtre[1] qui va donc connaître le changement de statut à partir de 1906. C’est une nouvelle occasion pour l’un des journalistes du Petit Ardennais de tourner en dérision cet ecclésiastique, sous le titre ironique « La séparation continue », lors d’une chute à bicyclette, tandis qu’il descendait à « une vitesse vertigineuse » la côte qui va de Montmeillant (Ardennes) à La Romagne, le laissant ensanglanté sur un tas de pierres que la main de la Providence « avait mis là, fort à propos, pour le recevoir[2] ».


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6654, vue 43/485, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6654 = Reims (diocèse) : A à I].

[2] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 53, « Montmeillant – La Romagne. – La séparation continue » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-septième année, n° 8976, dimanche 8 avril 1906, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/6, consultable en ligne].


Les images mortuaires, distribuées à la famille et aux proches, comportent un contour noir plus ou moins épais et, parfois, une photographie du défunt. C’est le cas pour l’abbé Henri-Emile Régnier, curé de La Romagne (Ardennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
Les images mortuaires, distribuées à la famille et aux proches, comportent un contour noir plus ou moins épais et, parfois, une photographie du défunt. C’est le cas pour l’abbé Henri-Emile Régnier, curé de La Romagne (Ardennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Henri-Emile Régnier, né à Clavy-Warby (Ardennes) le 6 janvier 1863, entre au séminaire en 1880, et est ordonné prêtre en 1887. Il rejoint successivement les cures de Faverolles[1] (Marne) et de Beaumont-sur-Vesle (Marne), puis de Landrichamps (Ardennes), avant d’être nommé à la paroisse de La Romagne en 1912.

Tombe de l’abbé Henri-Emile Régnier au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tombe de l’abbé Henri-Emile Régnier au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il décède le 8 octobre 1923 à la maison de retraite au Dorat (Haute-Vienne). Il est inhumé dans le cimetière paroissial et, chaque année, une messe anniversaire était censée devoir être célébrée pour le repos de son âme.


[1] Aujourd’hui, Faverolles-et-Coëmy.


Jules Pleugers naît le 8 juillet 1895 à Huppays (Belgique). Sa famille s’installe à Chooz (Ardennes), où il passe son enfance. Il étudie au petit séminaire de Vouziers (Ardennes) puis entre au grand séminaire de Reims (Marne). La guerre de 1914 l’empêche de continuer ses études dans ce lieu. Mais il les poursuit à Namur[1], où il est ordonné le 15 août 1919. Il est d’abord nommé vicaire à Rocroi (Ardennes), puis à l’église de Saint-Nicolas de Rethel (Ardennes).


[1] Capitale de la région de la Wallonie, en Belgique.


Monseigneur Emmanuel Suhard, 103e archevêque de Reims, de 1930 à 1940.
Monseigneur Emmanuel Suhard, 103e archevêque de Reims, de 1930 à 1940.

La Romagne est sa première cure en 1923. Il a en charge, en plus du village, les paroisses de Draize (Ardennes) et de Montmeillant (Ardennes).  Il est naturalisé[1] Français le 4 avril 1927. C’est lui qui célèbre la messe à Chaumont-Porcien (Ardennes) pour la fête de Saint-Berthault[2] (le 16 juin 1932) devant une assemblée très nombreuse et en présence de nombreux prêtres venus de Fismes (Marne) et de quelques villages des Ardennes (Mainbressy, Fraillicourt, Chappes, Sery, etc.).


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-5314, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 13e année, n° 1 (1er janv. 1881) 76e année, n° 204 (24/25 août 1944) ; 76e année, n° 74 (8 sept. 1944) n° 303 (31 décembre 2015), cinquante-neuvième année, n° 80 du lundi 4 et mardi 5 avril 1927, décret du mardi 5 avril 1927, page 3823, vue 31/64, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, département Centre technique du livre, 2009-100524.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, soixantième année, n° 28 du samedi 9 juillet 1932, page 282, vue 12/19, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Monseigneur Louis-Augustin Marmottin, 104e archevêque de Reims, de 1940 à 1960.
Monseigneur Louis-Augustin Marmottin, 104e archevêque de Reims, de 1940 à 1960.

Il quitte sa paroisse en 1945, après avoir soutenu ses paroissiens durant la Seconde Guerre mondiale pour rejoindre Bourg-Fidèle (Ardennes) et Sévigny-la-Forêt (Ardennes). Il quitte son sacerdoce en 1969 après la célébration de ses noces d’or sacerdotales, car il est frappé d’une grave maladie. Il décède le 8 janvier 1975 à Charleville (Ardennes)[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfilm, MFILM 8-LC11-842 (7), Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Église de Reims : vie diocésaine, 89e année, n° 13 (1er avr. 1961) -n° 35 (2 nov. 1968), Reims : Archevêché, 1961-1968, numéro du 24 janvier 1975.


Le curé de La Romagne (Ardennes) propose aux habitants du village un théâtre populaire familial. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Le curé de La Romagne (Ardennes) propose aux habitants du village un théâtre populaire familial. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Antoine Godart, né à Linchamps (Ardennes) le 23 octobre 1919, ordonné prêtre le 29 juin 1943, est nommé à La Romagne en 1946. Il y reste jusqu’aux années soixante. Son action spirituelle et humaine est importante.  C’est sous son ministère qu’a lieu la cérémonie de réouverture de l’église.

Programme de deux pièces de théâtre jouées à La Romagne (Ardennes) grâce à l'action du curé Antoine Godart. Rosalie fait du marché noir est une comédie en un acte écrite par Jean des Marchenelles en 1945. Théodore cherche des allumettes est une saynète en un acte de Georges Courteline, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol le 10 octobre 1897. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Programme de deux pièces de théâtre jouées à La Romagne (Ardennes) grâce à l’action du curé Antoine Godart. Rosalie fait du marché noir est une comédie en un acte écrite par Jean des Marchenelles en 1945. Théodore cherche des allumettes est une saynète en un acte de Georges Courteline, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol le 10 octobre 1897. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

La vipère est une pièce en un acte de Jules Mauris, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol en novembre 1920. La Farce des bons saints de glace est une pièce en un acte écrite par Henri Brochet en 1942. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
La vipère est une pièce en un acte de Jules Mauris, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol en novembre 1920. La Farce des bons saints de glace est une pièce en un acte écrite par Henri Brochet en 1942. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Dès 1948, Il fait la demande à la commune d’un terrain, sur lequel on pourrait construire une salle des fêtes et de réunions pour les jeunes gens de la localité. Dans sa séance du 17 février 1948, le conseil municipal accepte cette requête, à condition que l’autorité supérieure[1] donne elle aussi son accord. Le terrain communal proposé est situé près du gué Marquigny. Ce projet ne semble pas avoir abouti.


[1] A savoir le préfet.


Station mariale au carrefour des quatre routes des villages guidés spirituellement par l'abbé Antoine Godart. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Station mariale au carrefour des quatre routes des villages guidés spirituellement par l’abbé Antoine Godart. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On lui doit la construction d’un oratoire dédié à Notre-Dame de Lourdes (Hautes-Pyrénées), érigé en 1949 aux confins des paroisses ardennaises dont il a la charge : La Romagne, Draize, Givron et Montmeillant.

Les initiales correspondent aux trois personnes qui ont participé à la construction de cet oratoire [Vasseur, D. – Vuilmet, Paulin – Albertini, Dominique]. Repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les initiales correspondent aux trois personnes qui ont participé à la construction de cet oratoire [Vasseur, D. Vuilmet, Paulin Albertini, Dominique]. Repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Accueil de monseigneur François Marty au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Au premier rang se distingue André Barré en tenue de pompier.
Accueil de monseigneur François Marty au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Au premier rang se distingue André Barré en tenue de pompier.

Antoine Godart est aussi l’instigateur des journées du congrès eucharistique régional de la Pentecôte le dimanche 5 juin 1960.

Monseigneur Georges Béjot (1896-1987), évêque auxiliaire de Reims (1955-1971), en grand apparat, au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Le concile Vatican II, ouvert le jeudi 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII et clos le mercredi 8 décembre 1965 sous le pontificat de Paul VI, simplifie singulièrement la paramentique (vêtements, coiffes, tentures, ornements utilisés dans les liturgies chrétiennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Monseigneur Georges Béjot (1896-1987), évêque auxiliaire de Reims (1955-1971), en grand apparat, au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Le concile Vatican II, ouvert le jeudi 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII et clos le mercredi 8 décembre 1965 sous le pontificat de Paul VI, simplifie singulièrement la paramentique (vêtements, coiffes, tentures, ornements utilisés dans les liturgies chrétiennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

La Jeanne d'Arc, conduite par l'abbé Antoine Godart, défile à La Romagne (Ardennes) lors de la fête nationale du lundi 14 juillet 1952. Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
La Jeanne d’Arc, conduite par l’abbé Antoine Godart, défile à La Romagne (Ardennes) lors de la fête nationale du lundi 14 juillet 1952. Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Il s’implique beaucoup dans la vie du village, tout d’abord en organisant des rencontres de la JOC[1]. Il anime dans le cadre de l’action catholique la fanfare Jeanne d’Arc, regroupant des jeunes gens des différentes paroisses qu’il supervise. Cette clique[2] fort importante par son effectif masculin décline avec le départ de certains de ses membres, rappelés pour combattre en Algérie. Elle disparaît après le départ de la paroisse de l’abbé.


[1] La Jeunesse ouvrière chrétienne est une association catholique de jeunes ouvriers, située à gauche.

[2] Ensemble des musiciens, tambours et clairons.


Mon gosse (Totò e Marcellino) est un film italien en noir et blanc réalisé par Antonio Musu. Il est sorti en Italie le mardi 22 avril 1958 et en France le mercredi 27 juillet 1960. L’affiche de cinéma apposée sur un mur de La Romagne daterait de cette époque. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Mon gosse (Totò e Marcellino) est un film italien en noir et blanc réalisé par Antonio Musu. Il est sorti en Italie le mardi 22 avril 1958 et en France le mercredi 27 juillet 1960. L’affiche de cinéma apposée sur un mur de La Romagne daterait de cette époque. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Il propose aussi des séances de cinéma aux enfants après le catéchisme, ou aux adultes en fin de semaine. Il monte en 1947 les Bons Loisirs[1], une troupe de théâtre où se retrouve une grande partie des jeunes du village, et qui donne parfois une représentation.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1430 W 25 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Lorsqu’il quitte La Romagne, il est nommé à Ville-Dommange (Marne). Il se retire de sa mission curiale le 1er septembre 1995. Il décède le 11 mars 2002 à Reims (Marne).


Pierre Médéric Buché, curé de La Romagne (Ardennes) en soutane, surplis et barrette.
Pierre Médéric Buché, curé de La Romagne (Ardennes) en soutane, surplis et barrette.

Pierre Médéric Buché, originaire de Reims (Marne), où il naît le 29 août 1922, est ordonné prêtre le 22 mars 1947. Il devient le nouveau curé de La Romagne tout en l’étant également à Maranwez (Ardennes) du 6 août 1960 jusqu’au 5 août 1967, date à laquelle il rejoint le district de Verzenay (Marne). Après sa retraite, il vit au presbytère de ce village et décède le 10 juin 2010 à Reims (Marne).

Cérémonie religieuse à La Romagne (Ardennes) célébrée par Pierre Médéric Buché et des ecclésiastiques des environs.
Cérémonie religieuse à La Romagne (Ardennes) célébrée par Pierre Médéric Buché et des ecclésiastiques des environs.

Manuscrit d'un poème chrétien rédigé pour La Romagne (Ardennes) par le curé de sa paroisse, Henri Gaston Leromain. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Brigitte Alliot.
Manuscrit d’un poème chrétien rédigé pour La Romagne (Ardennes) par le curé de sa paroisse, Henri Gaston Leromain. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Brigitte Alliot.

Henri Gaston Leromain[1], né le 28 octobre 1929, est originaire de Cheveuges (Ardennes). Il se forme au chant grégorien à l’Institut catholique. Il porte la responsabilité de la paroisse du 5 août 1967 jusqu’en 1973. Il est ensuite nommé sur le secteur pastoral de l’Argonne[2] puis en 1977 à Saint-Remi de Charleville (Ardennes). Il est prêtre auxiliaire au service du district de cette ville le 1er septembre 1996. Il décède le 29 mars 1998 à Reims (Marne).


[1] Archives diocésaines de Reims-Ardennes, fonds en cours de classement, Breve, seu Ordo divini officii recitandi, années 1837 à 1970.

[2] Région naturelle de la France, qui couvre la Marne, les Ardennes et la Meuse.


Paul Dubois-Matra, né le 28 juin 1933 à Reims (Marne), lui succède. Jusqu’à sa nomination à La Romagne, il s’occupe du secteur pastoral du Vallage[1], et appartient à l’équipe pastorale de Vouziers (Ardennes).

Lors de la séance du conseil municipal le 12 juin 1984, la commune se propose de participer à la cérémonie organisée à Chaumont-Porcien (Ardennes) le 1er juillet 1984 pour fêter son jubilé. Il reste jusqu’au 9 octobre 1988.

C’est à ce moment que la municipalité est informée par l’archevêché qu’il n’y aura plus de desservant à demeure à La Romagne.

Par la suite, il devient responsable du secteur Thiérache Nord à Signy-le-Petit (Ardennes). Il rejoint la cure d’Asfeld (Ardennes) le 1er septembre 1997, et décède dans ce bourg le 16 septembre 2000.


[1] Région de l’Est de la Champagne.


L'abbé Buché, curé de La Romagne (Ardennes), entouré d'enfants de chœur du village et des paroisses environnantes.
L’abbé Buché, curé de La Romagne (Ardennes), entouré d’enfants de chœur du village et des paroisses environnantes.

Le sacerdoce de ces prêtres, et la foi qui anime leurs familles, font probablement naître des aspirations religieuses parmi les Romanais. Plusieurs sont ainsi entrés dans les ordres.


Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Pierre Thomas Antoine de Boucher, né le 7 mars 1734 à La Romagne, fils de messire Paul de Boucher, seigneur d’Avançon (Ardennes) et de Marie-Thérèse Devie, devient curé de Poix (Marne), avant de permuter pour la cure d’Avançon (Ardennes).


Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant la grille de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant la grille de l’église
Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Jean-Louis Bienfait, fils de François Bienfait et de Marie Catherine Trippier, né le 29 novembre 1796 à La Romagne, devient prêtre à Sauville (Ardennes) et s’éteint dans cette commune le 28 septembre1859.


Messe et cérémonie publique sur la place de La Romagne (Ardennes).
Messe et cérémonie publique sur la place de La Romagne (Ardennes).

Victor Devie, fils d’Alexandre Auguste Devie et de Marie-Charlotte Fréal, né le 27 février 1805 à La Romagne, est également prêtre. Il pratique à Pomacle (Marne), Bazancourt (Marne), Blanchefosse[1] (à partir de 1865) et décède le 7 novembre 1886 à Reims (Marne).


[1] Blanchefosse a depuis fusionné avec la commune de Bay pour former la commune de Blanchefosse-et-Bay (Ardennes).


Jean-Baptiste Apollinaire Lantenoy[1], fils de Jean-Pierre Lantenoy et de Jeanne Marie Hamel, né le 8 janvier 1818 à La Romagne. Ordonné prêtre, il officie à Revin (Ardennes) comme vicaire, puis Vaux-lès-Mouzon (Ardennes), Joigny[2] à partir du 22 octobre 1849, Banogne[3] et Saint-Fergeux (Ardennes), où il est nommé le 12 octobre 1862, et où il décède le 21 novembre 1873.


[1] Lantenois.

[2] Probablement Joigny-sur-Meuse (Ardennes), jumelée avec Joigny (Yonne) depuis le vendredi 25 juin 2004.

[3] Correspond aujourd’hui à Banogne-Recouvrance (Ardennes).


Par ce testament, Marie-Eugénie Devie fait don de sa maison pour la création d'une école à La Romagne (Ardennes).
Par ce testament, Marie-Eugénie Devie fait don de sa maison pour la création d’une école à La Romagne (Ardennes).

Marie-Eugénie Devie, sœur de Marie-Esther Devie, née le 3 septembre 1833, décède le 10 septembre 1864, alors qu’est religieuse de la communauté de L’Enfant Jésus. Elle lègue ses biens pour la création de l’école des filles de La Romagne.


Sœur Hélène en cornette. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Denise Flament-Legros, transmise par madame Marie-Paule Vergneaux.
Sœur Hélène en cornette. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Denise Flament-Legros, transmise par madame Marie-Paule Vergneaux.

Marie-Jeanne Eudoxie Devie, fille d’Alexandre Auguste Devie et de Jeanne Catherine Patoureaux, née le 14 décembre 1836 à La Romagne, entre en religion sous le nom de sœur Hélène. Elle est hospitalière à l’hôpital Lariboisière puis à Saint-Louis, avant de décéder à Paris en 1905.


Marie-Esther Devie, fille de Jean Baptiste Devie et de Marguerite-Virginie Devie, née le 5 mai 1838 à La Romagne, décède à Reims le 30 juillet 1861, alors qu’elle est novice au monastère de la congrégation des sœurs de la Divine Providence.


Monseigneur François Marty, 105e archevêque de Reims, de 1960 à 1968. La mutation culturelle et sociale qui touche la société cette année-là affecte aussi l'Église.
Monseigneur François Marty, 105e archevêque de Reims, de 1960 à 1968. La mutation culturelle et sociale qui touche la société cette année-là affecte aussi l’Église.

Malgré ces vocations romanaises, La Romagne n’a plus de curé attitré. La paroisse se voit partagée avec d’autres : elle est confiée à l’abbé Jean-Marie Brédy, curé de Rocquigny (Ardennes), qui assure aussi sa mission sacerdotale à Fraillicourt (Ardennes).

Il occupe cette charge jusqu’au 1er septembre 1998. Il est alors nommé aumônier du mouvement des retraités. Il décède le 1er décembre 2008 à Nouvion-sur-Meuse (Ardennes).

La fin du 20e siècle est marquée par une crise religieuse. Les curés ont désormais à s’occuper de plusieurs paroisses. Il ne peuvent le faire qu’en étant secondés par des clercs comme cela est courant pour les obsèques. Les ecclésiastiques doivent compter de plus en plus sur le laïcat…

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L’intérieur de l’église Saint-Jean à La Romagne


Vitrail représentant Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un cerf avec la croix du Christ entre les bois. Il est notamment le patron des chasseurs et des Ardennes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un cerf avec la croix du Christ entre les bois. Il est notamment le patron des chasseurs et des Ardennes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’église de La Romagne est divisée en deux parties : le sanctuaire et la nef. Le premier est délimité par une élévation de la hauteur d’une marche, une balustrade faisant office de banc de communion, le maître-autel dans l’axe du portail d’entrée.

Jusqu’en 1710, le sanctuaire est entretenu par les gros décimateurs que sont les abbés successifs de l’abbaye de Chaumont-Porcien. Après cette date, les grosses dîmes sont abandonnées au curé.


Détail du vitrail représentant Joseph à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le reste de l’espace est occupé par une nef dépourvue de bas-côtés. Elle n’est pas couverte de voûtes mais d’une charpente, formée de poutres horizontales, qui prennent appui dans les murs juste au-dessus des fenêtres hautes. Son entretien incombe à la fabrique.

Détail du vitrail représentant Joseph à l'église Saint-Jean, dédié aux familles Devie-Richard et Legros-Devie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean, dédié aux familles Devie-Richard et Legros-Devie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Par trois fois au moins, l’intérieur de l’église est détruit : tout d’abord à la suite de la guerre de Trente Ans et de la Fronde, puis à la Révolution, et enfin lors de la Seconde Guerre mondiale.

Meurtrière (obturée par un plexiglas) à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Meurtrière (obturée par un plexiglas) sur le mur sud de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).
Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).

En 1659, lors d’une visite, le bilan suivant est dressé : l’église est en ruines tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et on ne peut y officier[1]. Du reste, le curé a parfois célébré la messe dans son bûcher, n’ayant aucun autre lieu pour le faire. Cette situation reste encore valable en 1663.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Certains meubles de sacristie, appelés chasubliers, permettent de ranger à plat les vêtements liturgiques, pour éviter les faux-plis. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Certains meubles de sacristie, appelés chasubliers, permettent de ranger à plat les vêtements liturgiques, pour éviter les faux-plis. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

De plus, il ne reste plus que quelques objets sacrés, dont un ciboire en cuivre et un soleil en fer blanc. Il n’y a plus de linge, et si peu d’ornements que le curé ne dispose pas des chasubles aux couleurs des différents temps liturgiques[1].


[1] Chez les catholiques, le violet est associé à l’Avent et au Carême, le blanc à Noël et à Pâques, le rouge à la Pentecôte et le vert au temps ordinaire. Le noir est réservé aux offices funèbres.


Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).
Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).

Touchés par tant de misère, et avec la volonté que les paroissiens retrouvent leur église, les délégués de l’archevêque parlent de saisir les décimateurs[1]. Ils souhaitent les contraindre à exécuter des travaux, alors que ces derniers ont connu beaucoup de vicissitudes avec l’incendie et la reconstruction de leur abbaye à Remaucourt.

Lors des tournées suivantes, qui se succèdent tous les deux ou trois ans environ, la paroisse est visitée par monseigneur Le Tellier en personne, ou par ses émissaires.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Statue au-dessus de l'autel de l'église Saint-Jean représentant l'eucharistie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statue au-dessus de l’autel de l’église Saint-Jean représentant l’eucharistie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Quelques petites améliorations voient le jour à partir de 1671, mais des manquements sont soulignés, comme le ciboire en cuivre[1], ou le tabernacle posé sur l’autel. Or, il devrait être surélevé et fixé à demeure, selon une tradition établie au XVIe siècle.

Il renferme en effet les hosties consacrées et non consommées, ce qui permet de donner la communion à des fidèles en dehors de la messe, ou le viatique aux mourants.

L’autorité ecclésiastique juge que « les ornements sont malpropres » et constate que « les fonts ne ferment pas à clé », si bien qu’il est donné ordre aux paroissiens de remettre l’église en état[2].

Lors de cette visite, une chasuble (le vêtement doit être en accord avec la solennité de la célébration) et une bourse garnie sont offertes au curé.


[1] Le métal n’est pas assez noble.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).
Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).

Il faudra environ une trentaine d’années pour que l’église retrouve un meilleur aspect. Ce qui en dit long sur la pauvreté du village, consécutive aux guerres qui ont ruiné la région.


Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).
Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).

En 1699, grâce au mémoire dressé par le curé Dehaulme (prêtre de la paroisse entre 1688 et 1710), on peut constater les améliorations apportées pour la célébration du culte : il a acheté une nappe d’autel, une burette[1] d’airain dotée d’un couvercle en fer-blanc.

D’autre part, il a fait réparer le tabernacle, s’est procuré quatre porte-cierge de bois et leurs lampions auprès d’un tourneur résidant au Fréty, et quatre grands chandeliers auprès d’un menuisier.


[1] Vase contenant le vin ou l’eau qui servent à la messe.


Chasuble romaine blanche en soie  damassée de croix (XIXe siècle).
Chasuble romaine blanche en soie damassée de croix (XIXe siècle).

Il a fait confectionner un grand surplis et de plus petits pour les enfants de chœur, et orner d’un galon le pavillon du ciboire. Il a acheté des corporaux, un devant d’autel, un ciboire et un soleil d’argent[1].

Tout en exerçant son ministère, il se rend à Charleville ou à Rethel pour des achats, ou pour confier des travaux à des religieuses expertes en broderie et en couture, voire pour faire appel à des artisans locaux.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 23 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)]. Voir aussi Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Cependant, il n’y a toujours pas de bougie allumée devant le Saint Sacrement, en dehors du moment de la messe et des jours de fête. Cela représente une dépense importante, à laquelle la paroisse ne peut pas faire face. La pauvreté du lieu ne permet pas de respecter les règles qui stipulent qu’il faut

« prendre garde que la lampe brûle jour et nuit devant le Très Saint Sacrement  soit par l’application de fonds de la fabrique soit par la contribution volontaire des habitants ».

Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.

Détail du luminaire (dans le vocabulaire liturgique, éclairage et la décoration lumineuse) sur l'autel de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du luminaire (dans le vocabulaire liturgique, éclairage et décoration lumineuse) sur l’autel de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Cette lumière est un hommage rendu à Dieu, et la liturgie fixe avec précision l’abondance du luminaire en fonction de la célébration. S’il y a un manquement en raison de la faiblesse des revenus, à aucun moment, un quelconque reproche n’apparaît pour ce fait lors des visites du doyen ou du vicaire, tous deux au courant de la situation paroissiale.


En 1710, lors d’une visite, l’église est décrite comme « assez belle si elle était mieux entretenue et mieux ornée ». Il est estimé qu’elle devrait l’être puisqu’il y a quelques revenus. Cette remarque, qui semble concerner l’intérieur, montre que des changements sont intervenus. Il faut cependant attendre une trentaine d’années pour avoir une description plus détaillée :

« Le sanctuaire ainsi que le chœur et la nef sont très propres, plafonnés et lambrissés. »

Visite de la paroisse de La Romagne en 1745.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3438, anonyme flamand, anciennement attribué à Crayer (de), Gaspard, Allégorie du traité de Nimègue, 10 août 1678, huile sur toile, après 1678, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3438, anonyme flamand, anciennement attribué à Crayer (de), Gaspard, Allégorie du traité de Nimègue, 10 août 1678, huile sur toile, après 1678, notice descriptive consultable en ligne.

Ces améliorations sont certainement dues à une période durant laquelle la guerre s’est éloignée de cet endroit, mais aussi à un accroissement de la population[1], et donc des revenus.


[1] L’église semble toujours assez grande pour accueillir tous les paroissiens.


En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.
En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.

Elle renferme un seul autel : le maître-autel avec « un tabernacle de bois peint, orné de filets d’or et garni en dedans ». L’église est pourvue d’un ciboire en argent doré en dedans et d’un soleil[1], d’une petite boîte en argent pour porter le saint viatique, d’un calice et d’une patène.


[1] Probablement celui qui a été acheté par le curé Dehaulme.


Statue de Jean le Baptiste à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statue de Jean le Baptiste à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les vaisseaux des saintes huiles[1] sont en étain mais mal entretenus[2].  En 1783, l’église est toujours suffisamment grande[3] et assez belle. Il serait simplement nécessaire de réparer le bas des murs et de les reblanchir. La présence d’un nouveau mobilier est relevée, avec un confessionnal[4], tandis qu’il est noté que « les fonts baptismaux sont en règle et fermés ».


[1] Qui servent aux onctions lors de certains sacrements.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].

[3] Par rapport à la population, qui a augmenté.

[4] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


La Révolution provoque de grands changements : l’église voit la mise aux enchères de son patrimoine mobilier et immobilier, dans le cadre de la vente des biens nationaux. Toutes les terres que possède la cure, et qui assurent un revenu supplémentaire au prêtre de la paroisse, sont vendues en grande partie aux habitants : Pierre Mauroy, Hubert Laroche, François Arbonville[1], etc.


[1] Orthographié Harbonville sur certains documents.


Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d'inventaire INV 3702 [MR 1436], atelier de Jacques-Louis David, Portrait de Pie VII, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire INV 3702 [MR 1436], atelier de Jacques-Louis David, Portrait de Pie VII, notice descriptive consultable en ligne.

Après cette période de troubles, le Consulat, l’Empire puis la Restauration redonnent à l’église la place qu’elle occupait dans la vie de la communauté villageoise. Cette nouvelle situation est facilitée par le Concordat[1] conclu en 1801 par le gouvernement de Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII.


[1] Dénommé aussi régime concordataire français.


Piscine de l'église Saint-Jean. Cette cuve reçoit l'eau de purification des objets sacrés et celle qui a servi aux baptêmes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Piscine de l’église Saint-Jean. Cette cuve reçoit l’eau de purification des objets sacrés et celle qui a servi aux baptêmes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir de l’année 1827, l’église est rénovée et ornée. Dix ans plus tard se pose à nouveau la nécessité de fermer les fonts baptismaux et de rétablir une piscine. Cela prend un peu de temps avant que celle-ci soit de nouveau présente. Un bénitier est installé. Un confessionnal se trouve en 1831 dans l’enceinte des fonts baptismaux[1], mais il n’y reste pas.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 66 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Statuette polychrome d'Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statuette polychrome d’Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En revanche, à partir de cette époque, un changement important est à noter. Jusqu’à présent, il n’y avait qu’un seul autel : le maître-autel. Désormais, il y en a trois autres consacrés respectivement à la Vierge Marie, à saint Jean l’Evangéliste[1], et à saint Hubert[2].


[1] Saint Jean est dédicataire de l’église.

[2] Saint Hubert est le patron des chasseurs et des forestiers.


Détail des marches de l'autel à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail des marches de l’autel à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Vers 1890, une courte description permet de dire que l’autel est en bois à deux colonnes ioniques, avec un retable appliqué au mur plat du fond. Les marches ainsi que le pavé du sanctuaire sont en marbre. Le reste du pavé est en brique.


Portail de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Portail de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Tout est fort pauvre et paraît dégradé[1]. L’Etat, la municipalité et des particuliers permettent par des subventions et des dons de réagir. Une nouvelle réfection est entreprise, avec l’exhaussement de la porte d’entrée, le remplacement d’une partie des poutrelles de charpente[2], la réfection des enduits des fenêtres et des murs[3].


[1] Selon le pouillé (registre ecclésiastique) du diocèse de Reims 1874/1894 établi par monseigneur Péchenard

[2] Pour la consolider.

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


La loi de séparation des Eglises et de l’Etat instaure les inventaires des biens ecclésiastiques, qu’ils relèvent du patrimoine mobilier ou immobilier. Ceux-ci doivent être réalisés dès le début de l’année 1906.

Comme il est impossible de retrouver le moindre document concernant celui de l’église de La Romagne, on ne peut qu’interpréter la presse locale ancienne. Le petit Ardennais en particulier signale chaque fois qu’ils se produisent les incidents occasionnés par ces inventaires.

Rien n’étant dit concernant cette commune, il est probable qu’en dehors peut-être d’une réprobation passive, souvent signalée, les opérations se sont déroulées assez paisiblement.


Celles qui ont eu lieu à Saint-Jean-aux-Bois[1] semblent en revanche avoir été plus problématiques. A la date prévue pour l’inspection de l’église, le maire se trouve dans l’impossibilité d’y entrer, alors qu’il doit, sur la demande du préfet, assister à son inventaire.

La porte, close de l’intérieur, reste hermétiquement fermée, en dépit des sommations de l’édile et de celles des gendarmes présents pour cette opération. Des chuchotements se font néanmoins entendre. Le curé s’est enfermé en compagnie de quelques paroissiens.

L’inventaire est réalisé par la suite. A la date du 6 avril, plus aucun n’est à faire dans tout le département.


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 53, « Saint-Jean-aux-Bois – L’inventaire » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien, Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-septième année, n° 8939, vendredi 2 mars 1906, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Vitrail de Joseph à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un bâton fleuri d'un lys. Il est notamment le patron des charpentiers et des travailleurs. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un bâton fleuri d’un lys. Il est notamment le patron des charpentiers et des travailleurs. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Désormais, le conseil municipal peut voter des crédits pour l’acquisition de nouveaux objets, de linge et d’ornements. Il commande en 1929 la « réfection de certains éléments du beffroi et la confection d’agenouilloirs[1] » à Vital Bonhomme, charpentier à la Romagne, tout en envisageant de substituer aux bancs manquants des chaises [2]. C’est cet aspect que garde la nef, depuis de nombreuses années.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération du 11 novembre 1929

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération des 30 juin et 9 août 1929.


L'abbé Régnier est le donateur des fonts baptismaux de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’abbé Régnier est le donateur des fonts baptismaux de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un peu auparavant, l’abbé Régnier, qui avait officié durant de longues années dans le village, et qui avait vécu avec ses paroissiens les affres de la Première Guerre mondiale, avait offert, par testament, de nouveaux fonts baptismaux, afin d’embellir cette église. Une plaque témoigne de sa générosité.


Fonts baptismaux de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Fonts baptismaux de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1937, l’église est entièrement refaite à neuf. Mais les Romanais n’en profitent pas longtemps. Après les destructions liées au bombardement de 1940 et aux pillages qui ont eu lieu, les pertes sont considérables : la chaire en bois, les bancs et les chaises, les vases sacrés, l’orfèvrerie[1], le reliquaire, le chemin de croix, les ornements, les garnitures d’autel  et même l’harmonium sont manquants.

Tout a disparu ! A la fin de la guerre, le délabrement de l’église est tel que celle-ci n’est rendue au culte qu’en 1948, après décision du maire, monsieur Cugnart.


[1] Ciboire, ostensoir, custode, encensoir, etc.


Détail de l'autel représentant une pomme de pin (symbole d'immortalité) à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant une pomme de pin (symbole d’immortalité) à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dès le retour de la paix et l’attribution de crédits, d’importants travaux de réfection sont entrepris sous la direction des architectes rethélois Gillet et Demoulin. Il faut tout d’abord refaire : la toiture du côté de la sacristie, cette dernière, une partie de la charpente et des soubassements extérieurs. Il est nécessaire aussi de consolider les croisées[1].


[1] Ouvertures laissées dans les murs des bâtiments, pour donner du jour au dedans.


Détail de l'autel représentant un motif floral de vigne à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant un motif floral de vigne à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Mais il faut aussi redonner un lustre intérieur à cette église, pillée à plusieurs reprises, et donc démunie de tout. L’autel, en pierre de Savonnières (un calcaire oolithique et coquillier), et dont la frise de feuilles de vigne ornée de grappes rappelle la transsubstantiation[1], est réparé. Il repose sur quatre colonnettes. L’antependium, à décor en demi-relief, évoque les pèlerins d’Emmaüs.

Détail de l'autel représentant les pèlerins d'Emmaüs à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant les pèlerins d’Emmaüs à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On peut probablement l’attribuer au sculpteur Adolphe Masselot de Lomme (Nord). C’est son atelier qui a exécuté les réparations et fait le nouveau banc de communion en pierre, afin de remplacer l’ancien en bois qui avait disparu. Ce sculpteur a beaucoup œuvré pour les églises des Ardennes.


[1] Chez les catholiques, transformation du vin en sang du Christ.


Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).
Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).

Le chœur est décoré entièrement avec le rechampissage de deux niches ogivales, le tracé et la confection de quatre pilastres et de quatre chapiteaux ornementés, le tracé d’une draperie sur les murs de la nef.


Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix réalisée par Robert Wattiez pour l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix, réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

L’ensemble de cette décoration a nécessité quelque deux cent cinquante heures de travail. Un nouveau chemin de croix en peinture laquée sous glace, avec encadrement de bois, orne les murs latéraux. Il a été exécuté par Robert Wattiez, artisan de Reims, entre le 15 novembre 1947 et le 15 mars 1948.

Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Des troncs rénovés remplacent ceux qui avaient disparu. La nef est remeublée avec des sièges et des prie-Dieu qui proviennent d’une entreprise locale située à Sapogne-Feuchères, ou d’artisans des environs (de Rocquigny par exemple).


Rosace représentant le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à l'église Saint-Jean.  Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Rosace représentant le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il faut encore s’occuper des vitraux qui ont été endommagés : ceux qui se trouvent dans la baie double du chœur, et les trois situés dans la nef gauche. La maison Le Troyer de Reims est chargée de leur réfection. On ne sait rien à propos de ceux qui ont pu orner autrefois l’église, si ce n’est que l’installation des actuels est postérieure au milieu du XXe siècle.


Ceux de la baie géminée[1], qui représentent l’apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous à Lourdes datent de 1903. Ils proviennent de l’atelier rémois Vermonet et marquent une dévotion mariale toute particulière.

Vitrail représentant Eloi de Noyon à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs l'enclume au pied de la crosse. Il est le patron des orfèvres, des palefreniers et des maréchaux-ferrants. Il est aussi vénéré par les laboureurs et les gens de la terre. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Eloi de Noyon à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs l’enclume au pied de la crosse. Il est le patron des orfèvres, des palefreniers et des maréchaux-ferrants. Il est aussi vénéré par les laboureurs et les gens de la terre. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Celui de saint Eloi date de 1963 et provient d’un atelier situé à Heitz-le-Maurupt. Le peintre-verrier est Roger Mauret. Ceux de saint Hubert, saint Joseph, sainte Thérèse ne sont ni datés ni attribués mais sont de même facture.


[1] Composée de deux lancettes et d’un ajour.


Vitrail de Thérèse de Lisieux à l'église Saint-Jean. La sainte a pour attributs une croix entourée de roses, et porte un habit de carmélite. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l’église Saint-Jean. La sainte a pour attributs une croix entourée de roses, et porte un habit de carmélite. Ele est notamment la patronne des missions. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dans un large médaillon central aux couleurs assez vives, le saint est représenté avec ses attributs : les gerbes de blé[1] pour saint Eloi, la croix entre les bois du cerf pour saint Hubert, le bâton fleuri d’un lys et la barbe[2] pour saint Joseph, un habit de carmélite et une croix entourée de roses pour sainte Thérèse[3].


[1] Symbole de la terre mais surtout du pain eucharistique.

[2] Signe de maturité et de sagesse.

[3] De Lisieux.


Détail du vitrail représentant Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Son nom est inscrit sur le nimbe[1]. Chaque saint est entouré de motifs géométriques et floraux, qui varient par le jeu des couleurs sur un fond de grisaille assez monotone. Par contraste avec ceux de la baie du chevet, ces vitraux ont été offerts par des familles de La Romagne, ou dédiés à ces dernières.

Détail du vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l'église Saint-Jean, dédié à la famille Devie-Patoureaux. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l’église Saint-Jean, dédié à la famille Devie-Patoureaux. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En témoigne le cartouche de chacun d’eux. Il s’agit des divers Devie qui vivaient dans le village (Devie-Patoureaux, Devie-Richard, Devie-Vadez[2], Legros-Devie). Les autres baies sont obturées, faute de moyens et de mécénat, par du verre cathédrale sans décor peint.


[1] Cercle de lumière que les artistes mettent autour de la tête des saints.

[2] Correspondant actuellement à la branche Devie-Bertrand.


Progressivement, le patrimoine ecclésiastique est mieux protégé. Des indemnités pour le gardiennage des églises communales sont prévues. Conformément à la circulaire relative à celui-ci, l’abbé Godart est chargé de cette mission.


Depuis le départ du dernier desservant de la paroisse, les messes sont devenues de plus en plus rares. Néanmoins, la municipalité et les habitants sont attachés à leur église. Des travaux de réfection sont en cours, comme ceux des murs latéraux intérieurs. Ils remettront à nu les pierres dures les constituant, dans le respect de l’architecture paysanne et de la tradition champenoise…