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La Romagne et ses moulins


Lieu-dit du Moulin à Vent, avec vue sur la forêt de Signy-l'Abbaye (Ardennes). Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Lieu-dit du Moulin à Vent, avec vue sur la forêt de Signy-l’Abbaye (Ardennes). Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le premier moulin romanais pour lequel on a quelques indications date de 1246 environ. Il est un don de Roger II de Rozoy et de sa femme aux moines de Signy-l’Abbaye[1], alors qu’ils envisagent encore d’être inhumés dans l’abbaye cistercienne. Ceci ne se réalise pas, puisque tous deux choisissent finalement de reposer dans l’abbaye de Chaumont, à laquelle ils sont profondément attachés[2].


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Archives départementales des Ardennes, 2Mi 34 [série Mi = reproductions d’archives sous forme de microfilms, sous-série 2Mi = microformes de sécurité], microfilm reproduit d’après l’original des archives départementales des Ardennes, H 203 [série H = clergé régulier avant 1790, fonds H1-409 = abbayes, prieurés et convents d’hommes, articles H 203-237 = abbaye royale de Notre-Dame de Signy, cisterciens, filiale d’Igny, ligne de Clairvaux, commune de Signy-l’Abbaye, cote 203 = cartulaire (XIIIe siècle), 1134-1250], pages 427, 429, 433, passim.


Lieu-dit du Moulin à Vent, avec vue sur la forêt de Signy-l'Abbaye (Ardennes) et le Mont de Vergogne. Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Lieu-dit du Moulin à Vent, avec vue sur la forêt de Signy-l’Abbaye (Ardennes) et le Mont de Vergogne. Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En réalité, en dotant ainsi les moines de Signy de la moitié du moulin, Roger II reconnait ses torts envers cet établissement, puisqu’il l’a établi tout près du bois d’Angeniville, sur un fonds appartenant à cette communauté.

Il donne ensuite la seconde partie du moulin contre une redevance en grains, et fait obligation aux habitants de La Romagne d’aller moudre, soit à ce moulin, soit à celui de Draize[1], appelé par la suite « Pute Peine ». Tous deux dépendent de cette même abbaye.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit du Grand Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Grand Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

En 1270, Clémence, comtesse de Saulmes, ratifie les dons que Roger II et sa femme ont faits à l’église de Signy de « vivier[1] de molin et des appartenances qui sieent desous la Romaingne[2] », et donne une partie des terres qu’elle possède à La Romagne avec un second moulin.


[1] « Pièce d’eau courante ou dormante, dans laquelle on nourrit, on conserve du poisson », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-20343 < Vol. 1 >, Martin, Gérard-Adolphe, Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois, Paris : le Livre d’histoire, « Monographies des villes et villages de France », 2007, tome I, 642 p. p. 389.


Lieu-dit du Petit Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Petit Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le terroir de la Romagne ferait-il à cette époque état de trois lieux-dits portant le nom de Petit Moulin à Vent, de Grand Moulin à Vent, et de Côte du Moulin à Vent ? Ces trois lieux sont en tout cas inscrits dans la matrice cadastrale 1836-1914[1], mais ne sont plus occupés alors que par des terres cultivables.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.


Un autre bâtiment assez proche, le moulin du Bois Martin, est détruit très probablement au moment des guerres de Religion. Il n’est reconstruit que bien plus tard, vers 1728, car il est utile aux gens de Montmeillant[1] et de La Romagne. Sa présence est attestée[2] par son inscription sur une carte des Naudin[3], puis sur la 43e feuille publiée de la Carte générale de la France (dite « carte de Cassini »), levée entre 1755 et 1758, vérifiée en 1759, et éditée en 1759-1760[4].


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Tout comme celui du Merbion ou le petit moulin de la Cour Honorée, hameau de Saint-Jean-aux-bois (Ardennes).

[3] D’après une portion de carte référencée « Naudin Ch 20 ouest » fournie à l’auteure par l’Institut national de l’information géographique et forestière.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53095169, Baillergeau (topographe ; cartographe) ; Luc (cartographe) ; Durocher (cartographe) ; La Villette (cartographe) ; Chalmandrier, Nicolas (graveur) ; Le Roy le jeune (graveur en lettres) ; Cassini de Thury, César-François (cartographe ; éditeur scientifique), Carte générale de la France, n° 78, feuille 43e [Charleville-Mézières – Sedan], échelle au 1 : 86400 [ou 1 ligne pour 100 toises], 1 carte en couleurs ; 60 x 95 cm, [s. l.] : Thévenart ; Aubert, 1759-1760, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand, GE FF-18595 (78).


Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.
Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

Auparavant, un des seigneurs du village avait fait construire un moulin, dont l’existence est certaine en 1633. C’est le moulin Garrot[1], dont on peut retrouver quelques meuniers à partir des rôles des tailles pour le XVIIIe siècle.

Pour les suivants, ce sont les actes d’état civil ou notariés qui permettent de les identifier. Ce moulin tient certainement son nom de messire Jadin Garot, qui était lieutenant en la baronnie de Chaumont, et qui résidait à la Romagne. Ce qui est attesté en 1628 dans un bail de droit de pêche de l’étang de Denizy[2].


[1] Ou Garot. Avant une réforme de l’orthographe française en 1835, les graphies sont plus aléatoires, et le nom des lieux-dits varie souvent davantage d’un document à l’autre.

[2] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 12 [série T = papiers d’origine privée tombés dans le domaine public, articles T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés (1e partie), cote T 471 = papiers de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse.]


Synthèse du dépouillement des rôles des tailles, et du sondage d’actes d’état civil ou notariés des XVIIIe et XIXe siècles des archives départementales des Ardennes et des archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne).

En l’an II[1], il est nécessaire de recenser les moulins pour avoir une idée des ressources alimentaires et fournitures aux armées[2]. Les Ardennes comptent 685 moulins à roues perpendiculaires, 44 à roue horizontale et 94 à vent[3]. En 1810, le Rethélois compte 142 moulins, dont 57 à vent, 83 à eau et 2 à vapeur[4].


[1] Du calendrier républicain. Correspond aux années 1793 et 1794 du calendrier grégorien.

[2] Archives départementales des Ardennes, PERH12 22, Illaire, Martine, « Les enquêtes sur les moulins (an II-1810, 1851) », pp. 37-71, in Revue historique ardennaise, Tome XXV, année 1990, La révolution dans les Ardennes : huit études nouvelles, 228 pages, page 37.

[3] Ibid., page 49.

[4] Ibid., page 48.


La présence d’un moulin était un atout pour un village, et ce d’autant plus que les habitants faisaient leur pain à la maison[1]. C’est ainsi qu’un moulin est présent dans de nombreux villages environnants, comme à Draize, La Hardoye[2], Saint-Jean-aux-Bois[3], Rocquigny[4], Maranwez[5], Librecy[6].

Ce dernier, construit en 1604 par Hugues de Maupinois, et resté en fonction jusqu’en 1964, avait à l’origine deux roues en bois et deux paires de meules[7].


[1] Au XIXe siècle, les boulangeries font arriver la farine des minoteries.

[2] Actuellement, commune associée de Rocquigny, du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[5] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[6] Le hameau de Librecy est sur la commune de Signy-l’Abbaye.

[7] Voir la description du moulin de Librecy, consultable en ligne sur le site de la Fédération des moulins de France.


Lieu-dit du Petit Moulin à Vent (détail). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Petit Moulin à Vent (détail). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le moulin à vent a pu être la propriété de Jean-Baptiste Boudier, puisque c’est lui qui le loue moyennant 400 francs annuels pour une durée de 9 ans à partir de 1817[1] à François Boudsocq[2]. Un acte notarié est signé auprès d’un notaire nommé Fréal. Les archives de celui-ci ont disparu, comme beaucoup d’autres documents de ce secteur, cible de nombreuses guerres.


[1] Archives départementales des Ardennes, 3Q 1299 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII], registre des enregistrements du canton de Chaumont-Porcien, qui signale un acte notarié signé chez Fréal, notaire, le 2 mars 1817.

[2] Né le 27 octobre 1788 à Dizy-le-Gros (actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France), et marié le 24 décembre 1810 à La Romagne.


Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

Le moulin Garrot est situé sur la parcelle 449 du cadastre de 1835[1]. Les lieux-dits du Moulin Garrot, du Pré du Moulin Garrot et de la Cour du Moulin Garrot sont attestés sur la matrice cadastrale 1836-1914[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.


Bail du moulin Garrot signé le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]
Bail du moulin Garrot signé le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

Un bail concernant le moulin Garrot[1] est signé le 5 décembre 1840, en présence de deux témoins, Joseph Decary et Jacques Flamin (habitants de Wasigny[2]), en l’étude de maître Victor Cailteaux, notaire de cette bourgade.


[1] Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit de la Cour du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit de la Cour du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

François Modeste Lepinois, meunier et propriétaire de ce moulin, le loue à Joseph Noël, ancien meunier résidant à Grandchamps[1], pour neuf années consécutives à dater du 25 mars 1841. Une somme annuelle de 280 francs est à payer le jour d’entrée en jouissance du bien, et, les huit années suivantes, à chaque anniversaire.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit du Pré du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Pré du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Ce moulin est un moulin à eau « à une tournure[1] », et diffère en cela du moulin du Merbion (commune de Saint-Jean-aux-Bois[2]), monté « à l’anglaise[3] », qui est la propriété de Prudence Gérarde Merlin en 1811.


[1] La roue hydraulique entraîne une seule meule.

[2] Commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] La roue hydraulique entraîne plusieurs meules.


Lieu-dit du Pré Haut du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Pré Haut du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

C’est un bâtiment construit en bois, couvert en ardoise, « nature de cuisine[1] », avec une petite « ravallée[2] » au levant[3], également en bois, et couverte de paille. En outre, la location comprend trois arpents[4], qui se composent de terres et « versennes »[5], de sol à froment, de clos et de prés.


[1] Expression notariale qui signifie « avec une cuisine ».

[2] Variante orthographique de « ravalée », ici une sorte d’arrière-cuisine.

[3] « La partie de l’horizon où le soleil se lève ; l’orient, l’est », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Ancienne mesure agraire équivalant à cent perches. Selon les contrées, l’arpent valait de trente à cinquante et un ares. », d’après le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] Variante orthographique de versaine, « terre en jachère après deux récoltes », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


Ces terrains ne sont pas isolés : ils touchent au chemin et à divers propriétaires du village. L’alimentation en eau se fait par le ruisseau du Moulin Garrot, dont la naissance se compose de plusieurs petites sources se réunissant à proximité du lieu-dit La Favée.


Signatures du bail du moulin Garrot le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]
Signatures du bail du moulin Garrot le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

Les clauses du bail sont assez draconiennes. Il est interdit au locataire de sous-louer le bien, en tout ou partie, à un autre meunier, ce qui semble être malgré tout parfois pratiqué[1]. En aucun cas, il ne peut être indemnisé, ou obtenir une réduction du loyer, et ce, que ce soit en cas de chômage, de sécheresse, d’inondations, ou d’eau gelée. Mais il se doit de bien cultiver les terres, de les fumer, et de respecter les roies[2].


[1] Ainsi, le meunier Modeste Claise de La Hardoye loue en 1820 le moulin à Jean-Baptiste Lefèvre pour 1 250 francs. Un an après son entrée en location dans celui-ci, ce dernier le sous-loue à Brice Poncelet. Voir archives départementales des Ardennes, 3Q 1299 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII.]

[2] Pratique en lien avec l’assolement : « L’ensemble des terres était partagé en trois grands blocs appelés ‘soles’ dans le Bassin parisien, ‘roies’, ‘champs’ ou ‘saisons’ ailleurs. », selon L’Encyclopædia Universalis.


Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Les propriétaires, eux, s’engagent à faire construire, pour le mois de juin 1841, un bâtiment « nature de grange[1] », et couvert de chaume, là où il conviendra, dans les environs du moulin. Ce dernier a été démoli quelques années après sa construction.


[1] Avec une grange.


Moulin à vent de Théophile Boudsocq, qui se trouverait sur la parcelle 285 du cadastre de 1835 (archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne). Ce n° 285 est cité dans la matrice cadastrale 1836-1914 des archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie. Mais d'autres documents évoquent le n° 385. Voir Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]
Moulin à vent de Théophile Boudsocq, qui se trouverait sur la parcelle 285 du cadastre de 1835 (archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne).

Ce n° 285 est cité dans la matrice cadastrale 1836-1914 des archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Mais d’autres documents évoquent le n° 385. Voir Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

En 1841, Théophile Boudsocq fait construire un moulin à vent, soit sur la parcelle 285[1] (qui se trouve au lieu-dit du Poirier de la Croix[2]), soit sur la parcelle 385[3]. En 1866, il sera détruit[4].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

[2] Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

[3] Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

[4] Ibid.


Le métier de meunier se transmet dans un milieu familial. C’est le cas pour les descendants de Jean Baptiste Suan[1], originaire de Draize, meunier à La Neuville-lès-Wasigny[2], époux de Marie-Anne Merlin (née à La Romagne).

Son activité est reprise par son fils Nicolas Alexis, marié à Béatrice Liberté Legros, et lui-même meunier au moulin du Merbion. Sa femme loue ce dernier[3] avec ses dépendances, terres et prés à un certain Jullien[4], pour neuf ans et neuf mois, le 19 novembre 1845.


[1]  Né en 1747 à Draize et décédé en 1812 à La Neuville-lès-Wasigny.

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] Archives départementales des Ardennes, 3Q 1300 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques. Sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII.]

[4] Le prénom n’est pas noté dans l’enregistrement. Ce dernier indique que l’acte a été signé auprès du notaire Pottier.


Démolition du moulin à vent de Théophile Boudsocq en 1866. Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]
Démolition du moulin à vent de Théophile Boudsocq en 1866. Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les moulins traditionnels, qui assurent la fabrication de farine, disparaissent au profit de moulins à vapeur. Ceux-ci s’orientent vers d’autres productions industrielles, comme la fabrication de colorants. Le Moulin à couleurs d’Ecordal[1], fondé en 1866, est le dernier du genre dans les Ardennes.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit de la Cote du Petit Moulin. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit de la Cote du Petit Moulin. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Cette transformation, liée à la révolution industrielle, est majeure. Les moulins traditionnels dépendaient des conditions météorologiques et de la disponibilité de ressources naturelles, telles l’eau. Les moulins industriels produisent quant à eux de manière continue.

Les anciens engrenages en bois sont remplacés par des systèmes en métal, plus durables et puissants. Les meuniers traditionnels, autrefois artisans, voient leur rôle diminuer, face à des ouvriers chargés de superviser des machines dans des usines.


Moulin à vent de Théophile Boudsocq sur la parcelle 285 du cadastre. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Moulin à vent de Théophile Boudsocq sur la parcelle 285 du cadastre. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le passage d’une économie rurale et artisanale à une gestion industrielle et urbaine, entraîne des conséquences sur la société et l’environnement. La disparition des moulins à eau et à vent, dans les Ardennes en général, et à La Romagne en particulier, conduit à une transformation des métiers et des terres.

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Les réjouissances et les fêtes à La Romagne


Afin de remplacer les fêtes religieuses qui ont eu cours jusqu’à la Révolution, l’idée de créer des fêtes civiques est inscrite dans la Constitution présentée au roi par l’Assemblée nationale en septembre 1791[1].

Elles ont pour but d’attacher tous les citoyens à la Constitution, de maintenir entre eux la fraternité, et de garder le souvenir de la Révolution, mais aussi de rappeler l’homme à la pensée de la divinité. Aux fêtes des 14 Juillet et 10 Août, s’ajoute donc une fête de l’Être suprême[2] le 20 prairial an II (8 juin 1794).


[1] Adoptée le 3 septembre, elle est promulguée le 14 septembre 1791 à la suite de la prestation du serment royal.

[2] A l’initiative de Robespierre l’assemblée révolutionnaire introduit le 19 floréal an II (8 mai 1794) le culte de l’Être suprême. La fête de la nouvelle divinité, sans nom et sans visage, coïncide avec le dimanche de la Pentecôte ou 8 juin 1794 (20 prairial an II).


Le nouveau calendrier est adopté le 14 vendémiaire an II (5 octobre 1793). Il divise l’année en douze mois de trente jours, et le mois en trois parties ou décades. Le dixième jour, ou « décadi », est consacré au repos et aux fêtes, tandis que les écoles vaquent.

Ce jour-là, les membres de l’administration municipale, de la justice de paix, et les fonctionnaires publics du canton doivent se réunir et se rendre, précédés de représentants de la garde nationale de chaque commune, au temple décadaire.

Là, le président de l’administration du canton[1] fait lecture à l’assemblée des citoyens du bulletin décadaire, de circulaires ou d’adresses[2] diverses, avant que des hymnes patriotiques ne soient chantés.


[1] A cette époque, La Romagne dépend du canton de Rocquigny (Ardennes).

[2] Écrits ou discours présentés à une autorité par une assemblée.


Lors de l’organisation de l’instruction publique par un décret du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), il est décidé que, annuellement, on instituerait dans chaque canton sept fêtes : celles de la Fondation de La République, de la Jeunesse (le 10 germinal ou 30 mars), des Epoux (le 10 prairial ou 30 mai), de la Reconnaissance, de l’Agriculture, de la Liberté et des Vieillards (le 10 fructidor ou 27 août).


Puis le conseil des Cinq-Cents ajoute une fête de la Souveraineté du peuple par un décret du 11 pluviôse an VI (30 janvier 1798). A Rocquigny (Ardennes), se déroulera le 10 germinal an IV (30 mars 1796) une fête de la Jeunesse pour tout le canton, grâce à la volonté de certains représentants locaux du peuple. Toutes les fêtes décrétées ne sont cependant pas célébrées.


Vidéo Fife & Drum – Veillons au Salut de l’Empire, musique napoléonienne, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Fifres et tambours de Fréjus.

La fête du 10 Thermidor an VII (28 juillet 1799), qui se déroule également à Rocquigny (Ardennes), a pour but de rassembler toutes les fêtes républicaines. Elle a soigneusement été organisée, afin de revêtir une grande solennité.

Aux membres habituels s’ajoutent un tambour, un peloton de la garde nationale sédentaire et son drapeau, une musique qui exécute en particulier « Allons enfants de la patrie[1] » ou Veillons au salut de l’empire[2], avant d’en interpréter d’autres, parmi lesquels celui composé par un professeur de l’Ecole centrale (le citoyen Haguette).

L’ensemble du cortège officiel et tous les citoyens présents se rendent ensuite auprès de l’arbre de la liberté, où s’ouvre un bal public qui dure jusqu’à la nuit, et où ont lieu divers jeux.


[1] Premier couplet du Chant de guerre pour l’armée du Rhin, passé à la postérité sous le titre de la Marseillaise, après avoir été chanté par les fédérés de Marseille lors de l’insurrection des Tuileries le 10 août 1792.

[2] Ce chant révolutionnaire de 1791, sur des paroles d’Adrien-Simon Boy (1764-1795), chirurgien en chef de l’armée du Rhin et jacobin de Strasbourg, reprend l’air de Vous qui d’amoureuse aventure, courez et plaisirs et dangers, tirée de l’opéra-comique Renaud d’Ast par Nicolas Dalayrac (1753-1809). Il est à noter que le mot « empire », qui rime avec « conspire », est employé ici dans le sens d’une « autorité politique souveraine » telle que la définit le Dictionnaire de l’Académie française.


Monsieur Maurice et madame Germaine Malherbe devant le « poupli », ardennisme pour désigner un peuplier. Photographie en noir et blanc, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
Monsieur Maurice et madame Germaine Malherbe devant le « poupli », ardennisme pour désigner un peuplier. Photographie en noir et blanc, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Pour fêter les changements intervenus avec la Révolution, une plantation d’arbres de la liberté est décidée dans les villes et villages de France.

« On enracina en 1792 à la Romagne, sur la place du village, un Peuplier d’Italie[1]. Celui-ci prospéra et, sans que l’on ne sache ni quand ni comment, il fut déplacé, replanté sur la route de Draize[2], et dénommé le ‘poupli’[3] par les anciens. Cela ne le gêna en rien, il atteignit au moins trente mètres de haut, et se voyait de loin. Après de nombreuses décennies, il se dessécha, et il fallut le supprimer, mais il laissa encore pour quelques années un souvenir à travers son immense souche. »

[1] Populus nigra var. italica ou Peuplier noir d’Italie.
[2] Dans le département des Ardennes, en région Grand Est.
[3] Pouplie est le nom donné en patois de la Champagne à un peuplier.

Selon le témoignage auriculaire de Pierre Malherbe, qui tenait cette information d’Alcide Cugnart (1897-1973), maire de la commune de 1930 à 1965.

En 1889, La Romagne, comme toutes les communes de France, veut donner un éclat particulier au centenaire de l’ouverture des Etats généraux[1], qui se traduit par un vin d’honneur offert aux pompiers, des salves d’artillerie, et un bal pour la population. La tradition est mise en place, et va se perpétuer désormais chaque année.


[1] Le 5 mai 1789 à Versailles.


Bicentenaire de la Révolution, 1989, défilé de La Romagne (Ardennes) à Draize (Ardennes), enfant à la grosse caisse. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

Bicentenaire de la Révolution, 1989, défilé de La Romagne (Ardennes) à Draize (Ardennes), enfant à la grosse caisse. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.


Bicentenaire de la Révolution, 1989, défilé de La Romagne (Ardennes) à Draize (Ardennes), enfant à la grosse caisse & madame Geneviève Fleury en arrière-plan. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

Bicentenaire de la Révolution, 1989, défilé de La Romagne (Ardennes) à Draize (Ardennes), enfant à la grosse caisse & Geneviève Fleury en arrière-plan. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.


Bicentenaire de la Révolution, 1989, enfants avec drapeaux sous un vieil arbre de La Romagne (Ardennes). Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Bicentenaire de la Révolution, 1989, enfants avec drapeaux sous un vieil arbre de La Romagne (Ardennes). Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

Quant au premier arbre de la liberté, il trouve un successeur dans un tilleul, dont l’achat est acté lors de la séance du conseil municipal du 16 février 1989 pour commémorer le bicentenaire de la Révolution française (1789-1799).


Une ancienne tradition est respectée chaque année, et ce jusque tard dans le XXe siècle : il s’agit du charivari ou chambardement. Gare aux imprévoyants qui oublient de rentrer les instruments agricoles et autres objets, ou qui attachent mal leurs volets car, le matin du 1er Mai, ils risquent de les retrouver sens dessus dessous dans des endroits incongrus !

Charivari ou chambardement du Premier Mai. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Charivari ou chambardement du Premier Mai. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.

La fête patronale, dont se réjouissent les habitants, et pour laquelle la musique est traditionnellement choisie et payée par les jeunes gens, réapparait dès les années vingt (après quatre ans de privations, de tristesse et de peur). C’est un moment privilégié et attendu pour rencontrer la parentèle et les amis.

La date de cette fête varie selon les époques ; elle a lieu le dernier dimanche de septembre jusqu’en 1938 inclus. Puis, de 1939 à 1957 (exceptées les années de guerre), elle se déroule l’avant-dernier dimanche du mois d’août : cette date, moins tardive en saison, permet d’avoir un temps en général meilleur et des journées encore assez longues.

Elle ne se révèle pas aussi favorable que l’avait pensé la municipalité. D’autres fêtes se déroulent en même temps à la Neuville-lès-Wasigny (Ardennes), ou à Rozoy-sur-Serre (Aisne), et une partie de la jeunesse des environs boude celle de La Romagne. C’est pour cette raison qu’à partir de 1958, la fête locale se déroule désormais le dimanche précédant le 15 août. Dans les années 1950/1960, elle a lieu les dimanche et lundi.


Quelques jours auparavant, l’arrivée d’un forain qui installe balançoires, manège et boutiques de confiseries, stands de tir à la carabine à plomb, de chamboule-tout, etc., séduit la population.

Stands forains et enfants dansant pour leur premier bal. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.


Fête foraine & manège, photographie en couleurs. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.


C’est aussi un moment très intense pour le boulanger, qui pétrit et cuit une quantité plus importante de pains qu’à l’ordinaire, ainsi que des brioches et des gâteaux mollets, recette emblématique des Ardennes.

Recette familiale du gâteau mollet ardennais recopiée par Pierre Bonhomme. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Recette familiale du gâteau mollet ardennais recopiée par Pierre Bonhomme. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce fameux dimanche, les Romanais et leurs invités se rendent, pour la plupart, à la messe célébrée par le curé de la paroisse. A la sortie, après une visite au cimetière sur les tombes des ancêtres (où l’on dépose quelques fleurs), quelques-uns vont prendre l’apéritif au café, avant de regagner leur maison, où les attend un copieux et long repas, souvent confectionné à partir de produits tirés de l’élevage domestique, du jardin et du verger.

Pour accompagner le café servi à l’issue de ce moment, une part de gâteau mollet est proposée, ainsi qu’un petit verre d’eau-de-vie de fruits ou de la crème de cassis.

Fête à La Romagne (Ardennes) le dimanche 9 août 1950, photographie en noir et blanc, tirage sépia (collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Fête à La Romagne (Ardennes) le dimanche 9 août 1950, photographie en noir et blanc, tirage sépia (collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Tout le monde ensuite se prépare pour le bal apéritif. L’orchestre, composé de quelques musiciens (dont un accordéoniste), parfois juché sur une charrette à foin, joue des airs entraînants ou plus langoureux, dont la Mattchiche[1] ou la Valse brune[2]. Le soir, c’est le grand bal, qui dure tard dans la nuit.


[1] Paroles de Léo Lelièvre (1872-1956) et Paul Briollet (1864-1937), arrangement de Charles Borel-Clerc (1879-1959). L’interprétation de Félix Mayol (1872-1941) l’a rendue célèbre.

[2] Paroles de Georges Villard (1879-1927) et musique de Georges Krier (1872-1946).


Bal populaire et camion de la société Malherbe et Fils. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Bal populaire et camion de la société Malherbe et Fils. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.

Vidéo Mattchiche, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Guy Béart.

Vidéo André Grassi et son orchestre – Valse brune, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – chanson française.

Le lendemain, au cours de la messe du matin, le curé n’omet pas de rappeler le souvenirs des morts, et invite la communauté à prier pour eux.



L’après-midi, on joue aux boules en bois[1]. Parfois, les équipes s’accordent une petite pause, le temps d’écouter l’aubade donnée devant un petit groupe de maisons. Le dimanche suivant, c’est le « réchaud ». Cette reprise des festivités se termine sur un dernier bal.


[1] Ce sport de rue se pratique encore aujourd’hui dans des boulodromes grâce à des associations ou des fédérations de boulistes ardennais. Il a ses concours et ses championnats.


Joueurs de boules de la famille Malherbe en juilllet 1931, photographie ancienne en noir et blanc, tirage sépia (collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Joueurs de boules de la famille Malherbe en juilllet 1931, photographie ancienne en noir et blanc, tirage sépia (collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Ces jeux de boules sont l’une des grandes distractions des dimanches, si bien que dans l’entre-deux-guerres, des concours sont organisés entre les différents villages des environs, tantôt à Montmeillant (Ardennes), tantôt à Rocquigny (Ardennes), ou à La Romagne. Ils connaissent un vif succès, à partir des années trente, par le nombre de participants. Ces derniers n’hésitent pas à venir de Rethel (Ardennes), Mainbressy (Ardennes), Chaumont-Porcien (Ardennes) ou Fraillicourt (Ardennes).

La Romagne réussit à rassembler 120 participants (le village finit à la huitième place), puis Montmeillant (Ardennes) reçoit à son tour 56 participants répartis en quatorze quadrettes (La Romagne remporte ce jour-là les premier et troisième prix) et, en 1933, le concours se déroule lors de la Saint-Christophe à Rocquigny (Ardennes). C’est un troisième prix pour le village. A chaque fois, les équipes de la Romagne se classent honorablement.


Joueur de boules en bois prenant son élan. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.

Le village renoue avec cette tradition, en 1975, lors de la fête patronale. Puis ce sera le rôle de l’association la Rom’Animation, créée en 2000, qui fait suite au comité de la jeunesse de La Romagne[1].

Elle organise en 2001 un concours destinés aux seuls habitants du village. S’y retrouvent vingt-six équipes. En outre, elle s’est occupée également avec un grand dynamisme de l’organisation de la fête de Pâques, du 14 Juillet, de concours de belote, etc.


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 101, « La Romagne. — fête patronale » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-neuvième année, n° 15096, vendredi 4 octobre 1929, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


En dehors de la fête patronale, il y a quelques autres occasions de se réjouir comme la Saint-Hubert, déjà célébrée avant 1914, et durant laquelle un bal est donné le soir.

Cette fête, tombée en désuétude après les années 70, finit par être supprimée. Or, certains habitants la regrettent, au point que le conseil municipal, avec l’assentiment du maire, décide de la reconduire. Elle a lieu actuellement tous les deux ans.




Salle des fêtes de La Romagne (Ardennes), table dressée et menus pour le repas de la Saint-Hubert. Prise de vue effectuée le dimanche 17 octobre 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Salle des fêtes de La Romagne (Ardennes), table dressée et menus pour le repas de la Saint-Hubert. Prise de vue effectuée le dimanche 17 octobre 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


Lors de la Saint-Eloi, les patrons cultivateurs et le maréchal-ferrant invitaient leurs ouvriers à un banquet, après la célébration d’une messe. Elle n’a plus cours, en raison probablement de la transformation des exploitations, et de la cessation d’activité de la forge.


Les pompiers de La Romagne, eux, se réjouissaient à la Sainte-Barbe. Là encore, les changements d’organisation et le regroupement des moyens ont modifié les traditions.


L’après-guerre est l’occasion d’animer la vie villageoise en apportant de nouveaux centres d’intérêt. La Société des bons loisirs[1], dont l’abbé Godart est le directeur, a pour but l’organisation de séances récréatives et d’excursions.

Elle met également une bibliothèque à la disposition de ses membres. Elle a pour siège la salle Saint-Jean à La Romagne. Son président est Marcel Malherbe, entouré d’un trésorier (Pierre Malherbe), d’un secrétaire-trésorier (Edmond Lesein) et d’une secrétaire (Denise Boudaud).

Maurice Buteux et Gaston Raimond en sont membres dès sa création. Pour y adhérer, il faut avoir dix-huit ans, recevoir le cas échéant l’autorisation de ses parents, verser une cotisation de 20 francs pour avoir le droit aux délibérations.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1430 W 25, pièce n° 245 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Pierre Lelong et Marc Barré, parmi d’autres jeunes gens de La Romagne et des villages environnants, jouent au sein de la Jeanne d’Arc[1]. Cette formation musicale paroissiale anime les manifestations environnantes, et accompagne des fêtes plus importantes à Charleville (Ardennes). Le camion, prêté par la cidrerie Malherbe, est décoré ce jour-là d’une maquette du clocher du village.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-15582, Fédération sportive de France pour l’éducation physique et morale de la jeunesse chrétienne (auteur), Annuaire national officiel, Paris : Office national de propagande catholique, 1955-[19..], in-8°, années 1958-1959, [union départementale des Ardennes, sociétés féminines], page 174, vue 172/384, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-JO-12364 <  1955. 1957. 1952/59 >.


Clique de la Jeanne d'Arc à Charleville (Ardennes) sur un camion Berliet avec une maquette du clocher de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Photographie en noir et blanc. Collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
Clique de la Jeanne d’Arc à Charleville (Ardennes) sur un camion Berliet avec une maquette du clocher de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Photographie en noir et blanc. Collection privée, transmise par monsieur Guy Malherbe, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Hélas, il faut, selon un témoignage oculaire de Jean Buschman de Givron (Ardennes), le démonter pour pouvoir passer le « pont des deux villes ». Mais cela n’entame pas la bonne humeur des participants, parmi lesquels on peut nommer Claude, Daniel et Denis Buschman, Lucien Paris, Hubert Paul, André Albry, Pierre Hubert, Jean Picart, Ferdinand Samine, Guy Benoît, Yolande Samine, Irène Rogelet, Micheline et Liliane Grimplet, Lysiane Duant et, pour les enfants, Georges Malherbe.


Le successeur de l’abbé Godart, l’abbé Buché, se fait le reporter des divers événements se passant à La Romagne. C’est ainsi qu’il immortalise les musiciens, les catherinettes[1] (25 novembre), le carnaval, les danses folkloriques et les saynètes, auxquels participent les jeunes du village.


[1] Cette journée est dédiée aux femmes n’étant pas encore mariées, sainte Catherine d’Alexandrie en étant la patronne.



Carnaval : faux-aveugles avec des pancartes à l’orthographe fantaisiste. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.




Une autre association[1] verra le jour en 1958 sous la présidence d’Henri Mouton. Elle a pour but de défendre les intérêts matériels et moraux de toutes les familles des communes de La Romagne, Givron (Ardennes), Draize (Ardennes) et Montmeillant (Ardennes). Les membres se réunissent à la salle communale de La Romagne.


[1] Vice-président Pierre Vergneaux, secrétaire Janine Malherbe (La Romagne), trésorier Lucien Paris de Givron (Ardennes), et parmi les membres : Marcel Grimplet de Givron (Ardennes), Olivier Léon et Marius Miclet de Draize (Ardennes), Norbert Guerlet de Montmeillant (Ardennes). Voir archives départementales des Ardennes, 1430 W 26, pièce n° 363 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Noël est le moment attendu par tous les enfants du village, et fêté à l’école dans la salle de classe, décorée de guirlandes et d’un grand sapin, avec distribution de cadeaux par le père Noël. Jusqu’en 1977, elle ne concerne que le village, mais avec le regroupement pédagogique entre Draize (Ardennes), La Romagne (Ardennes) et La Neuville-lès-Wasigny (Ardennes), elle devient commune aux trois écoles.



Draize (Ardennes) accueille la classe enfantine et le cours préparatoire de madame Roda puis de Danielle Carpentier ; La Romagne, les cours élémentaires 1 et 2 de Pierre Fleury ; « La Neuville[1] », les cours moyens 1 et 2 de Jacques Dulieu.


[1] Appellation plus couramment utilisée par ses habitants que Neuville-lès-Wasigny.


Noël 1984, Robert Macquin, maire de La Romagne (Ardennes) et Damien Malherbe, année scolaire 1984-1985 (Pierre Fleury). Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.


Saint-Nicolas 1985, Céline, Christelle, Lise, Hervé, Stéphane, Cédric autour de Saint-Nicolas. Photographie ancienne Polacolor par Polaroid Corporation en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

En plus du père Noël, il arrive aussi que passe à La Romagne saint Nicolas[1], fêté le 6 décembre selon le calendrier liturgique, pour récompenser les enfants sages.


[1] Il est le protecteur des enfants et écoliers, des marins, des bateliers, etc. Patron de la Lorraine, il a longtemps été célébré également dans les Ardennes.


Noël se passe toujours à la Romagne ou à « La Neuville », mais jamais à Draize (Ardennes), car la salle de classe est trop petite pour accueillir l’ensemble des élèves.

Ces derniers préparent des divertissements musicaux et des saynètes récréatives. L’exiguïté des lieux scolaires ne permet malheureusement pas aux parents d’assister à ces spectacles, à leur grande déception.


Noël 1987, école de La Romagne, saynète, cow-boys tirant au revolver et cheval bâton. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

Noël 1987, école de La Romagne, saynète, cow-boys tirant au revolver et cheval bâton. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.


Pour Noël 1987, l’école de La Romagne met en scène Blanche-Neige, librement inspirée du conte des frères Grimm et du film de Walt Disney. Non seulement, les élèves ont appris leur rôle, mais ils ont aussi confectionné les costumes et les décors.

Index de l'album photographique, liste des participants au Noël 1987 et à la mise en scène de Blanche-Neige et les Sept Nains. Photographies anciennes en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Index de l’album photographique, liste des participants au Noël 1987 et à la mise en scène de Blanche-Neige et les Sept Nains. Photographie ancienne en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.





Après la fermeture de l’école de La Romagne, les moments festifs sont organisés différemment pour les enfants.

Petit écolier et son cartable. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.
Petit écolier et son cartable. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.


En 1999, naît en début d’année un projet d’illuminations du village, qui se réalise en décembre de la même année, avec remise de cadeaux aux enfants et l’installation d’un petit chalet, où sont servies, par des bénévoles, des boissons chaudes et des gaufres.

Gaufres ardennaises & gaufrier traditionnel. Préparation de pâte à la papinette. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.

Gaufres ardennaises & gaufrier traditionnel. Préparation de pâte à la papinette. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.


La rue Haute, artère principale du village qui mène de La Romagne à Rocquigny (Ardennes), est mise en valeur par des scènes lumineuses et des sapins enguirlandés fournis par la mairie. Les anciens ne sont pas oubliés. Ils reçoivent en novembre ou décembre un panier garni.

Préparation de pâte à la papinette. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.

Préparation de pâte à la papinette. Photographie ancienne en couleurs d’après une diapositive, collection privée de l’abbé Pierre Médéric Buché † [fonds déposé à la mairie de La Romagne (Ardennes)], transmise par monsieur Yves Albertini †, conseiller municipal, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune.

D’autres fêtes ponctuelles animent parfois ce village, comme l’unique fête du Cheval organisée le 17 septembre 2006 par monsieur Denisson, ou la fête des Villages voisins, qui se passe tour à tour à Givron (Ardennes), Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes) et à La Romagne.



Très récemment, une nouvelle association[1] a vu le jour au Bois Diot, Y’a yauque[2], à l’initiative de Romain Montreuil. Elle propose des événements trois fois par an (mi-mai, fin octobre au moment d’Halloween[3], et avant Noël), valorisant l’artisanat ardennais et les produits locaux, dans une ambiance musicale.


[1] Son objet est, selon sa déclaration en sous-préfecture de Rethel (Ardennes) le 15 novembre 2023 de « promouvoir et valoriser le patrimoine agricole matériel et immatériel ardennais par l’organisation d’évènements, de rencontres et de moments de partage autour de valeurs et de connaissances communes dans des fermes et lieux liés au patrimoine agricole local ».

[2] Patois ardennais qui signifie « Il y a quelque chose ».

[3] Cette fête est parfois amalgamée avec Samain.


A travers toutes ces journées, La Romagne montre son attachement à la tradition, l’engagement de sa population, et son dynamisme par la création d’évènements nouveaux[1].


[1] Voir les résultats de l’enquête de mai 2023 Loisirs des villes, loisirs des champs ? réalisée par Edwige Millery et Léa Garcia, du Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (DEPS) du ministère de la Culture.

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Mission historique et mémorielle à Berlin sur les traces de Pierre Bonhomme, natif de La Romagne, prisonnier de guerre dans les Stalags allemands


C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français – exposition temporaire à Berlin du vendredi 28 octobre 2022 au mercredi 31 mai 2023

Edition bilingue allemand-anglais du catalogue offert lors de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l'exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).

Edition bilingue allemandanglais du catalogue offert lors de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l’exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).


Le Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) organise du vendredi 28 octobre 2022 au 31 mai 2023 une exposition trilingue (en allemand, français, anglais) intitulée C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français[1].


[1] Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War.


Vidéo Eröffnung Vergessen und vorbei? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen (C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français), consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

Cette initiative a suscité une mission historique et mémorielle à Berlin et ses environs du dimanche 26 mars au dimanche 2 avril 2023 sur les traces de Pierre Bonhomme, natif de La Romagne, prisonnier de guerre n° 53026 dans les Stalags allemands III A Luckenwalde, , III B Fürstenberg, et III D Berlin. Affecté à l’AKdo 407 (Arbeitskommando[1] n° 407), il a dû travailler sous la contrainte pendant ses cinq ans de captivité.


[1] Commando de travail.


Vidéo Zur Zukunft des historischen Ortes ehemaligen Kriegsgefangenenlager Lichterfelde-Süd (Sur l’avenir du site historique de l’ancien camp de prisonniers de guerre de Lichterfelde-Süd), consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

Partant d’un destin individuel spécifique, la démarche a consisté à développer une méthodologie archivistique et historienne globale pour trouver un prisonnier de guerre français en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Edition bilingue allemand-français du catalogue offert à la suite de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l'exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).

Edition bilingue allemandfrançais du catalogue offert à la suite de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l’exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).



Entrée des expositions temporaires du Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Entrée des expositions temporaires du Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce déplacement a donc compris plusieurs rencontres avec des historiens, archivistes, bibliothécaires, documentalistes, une quête des vestiges de 1939-1945 et des lieux de mémoire, une exploration urbaine[1] de sites abandonnés et en cours de destruction, dont :

  • un entretien personnalisé de deux heures avec Roland Borchers[2] au Centre de documentation du travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) à Berlin-Schöneweide[3], suivi d’une visite privée de la baraque 13[4] et de son abri antiaérien. Une autorisation exceptionnelle de rester sur place après la fermeture du lieu, en présence du seul agent de sécurité, a permis d’effectuer des photographies au milieu des baraquements et des cartels de l’exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ?, à l’exclusion de toute autre personne. Enfin, trois catalogues ont été offerts sur place et un quatrième[5], l’édition bilingue allemandfrançais de l’exposition, a été envoyé par la poste dès sa parution début mai 2023.
  • un trajet à Luckenwalde, à cinquante kilomètres de Berlin[6], avec un passage au musée d’histoire locale (HeimatMuseum) et au cimetière des sépultures de guerre (Friedhof Kriegsgräberstätte) du Stalag III A.
  • un rendez-vous de deux heures au domicile de monsieur Reinhard Pohlke[7] et sa femme madame Annette Pohlke[8], vice-présidente et webmestre de l’association mémorielle Initiative KZ-Außenlager Lichterfelde e.V. (un contact préalable par mail avait été établi avec monsieur Thomas Schleissing-Niggemann, président du conseil d’administration).
  • une rencontre personnalisée de deux heures avec monsieur Christian Kurzweg, archiviste référent, en quelque sorte responsable de l’ORB[9], et une stagiaire en sciences de l’information au service des utilisateurs (Benutzerzentrum) des archives fédérales (Bundesarchiv) de Berlin-Lichterfelde, département du centre de ressources documentaires (Abteilung BE = Bereitstellung)[10].
  • Un déplacement aux archives fédérales (Bundesarchiv) de Berlin-Tegel[11], département des renseignements personnels sur les soldats de la Première et Deuxième Guerre mondiale (Abteilung PA = Personenbezogene Auskünfte zum Ersten und Zweiten Weltkrieg). L’accès direct aux salles de lecture n’ayant pas été possible, le remplissage d’un formulaire administratif en allemand a débouché sur une réponse. Madame Claudia Müller, archiviste référente, fournit la précision suivante : « Les dossiers du Bureau allemand des états de service[12]WASt[13] concernant les anciens prisonniers de guerre français détenus par l’Allemagne ont été saisis en avril 1945 et pris en charge par une commission d’officiers alliés. » Elle renvoie donc au secrétariat d’Etat aux anciens combattants[14] et aux archives des pays d’origine respectifs des prisonniers de guerre. Cet échange de documents sur les prisonniers de guerre est conforme à la convention de Genève.
  • Une action de conservation curative légère[15] sur la plaque commémorative (Gedenktafel) du siège du commandement (Kommandantur) régissant le Stalag III D Berlin aujourd’hui disparu.
  • Une reconnaissance sur le terrain dans le sud-est de Berlin de pistes sur l’Arbeitskommando n°407 (dépendant du Stalag III D Berlin, dans lequel Pierre Bonhomme a été contraint de travailler). La classe 400 le rattachant possiblement à l’arrondissement de Neukölln, les quartiers traversés en priorité ont été Berlin-Britz, Berlin-Buckow, Berlin-Gropiusstadt, Berlin-Neukölln et Berlin-Rudow.
  • La quête d’anciens abris antiaériens dans le sud-est de Berlin[16], dans la mesure où Pierre Bonhomme aurait pu (sous réserves) réaliser des coffrages en bois pour des casemates[17].
  • Un reportage photographique « de guerre » sur les terrains vagues du camp de Berlin-Lichterfelde, patrimoine industriel en péril.

« Les dossiers du Bureau allemand des états de service – WASt concernant les anciens prisonniers de guerre français détenus par l’Allemagne ont été saisis en avril 1945 et pris en charge par une commission d’officiers alliés. »

Madame Claudia Müller, archiviste référente aux archives fédérales de Berlin-Tegel, département des renseignements personnels sur les soldats de la Première et Deuxième Guerre mondiale


[1] Urbex.

[2] Chercheur à l’Institut d’Europe de l’Est de l’Université libre de Berlin (chaire d’histoire de l’Europe centrale et orientale), coordinateur du projet Mémoire et identité en Cachoubie, auteur d’une thèse de doctorat Mémoires du travail forcé : l’exemple de la Pologne.

[3] Schöneweide est le nom simplifié des deux quartiers Berlin-Niederschöneweide et Berlin-Oberschöneweide dans l’arrondissement Treptow-Köpenick de Berlin (Allemagne).

[4] Où des internés militaires italiens et des travailleurs civils ont été hébergés entre 1944 et 1945.

[5] Glauning, Christine 1963- ; Borchers, Roland 1980- ; Stiftung Topographie des Terrors Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit Berlin-Schöneweide ; [et al.], Vergessen und vorbei ? : das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? : the Lichterfelde Camp and the French prisoners of war, édition bilingue allemandanglais Berlin : Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors, 2022, 191 pages, cartes, plans. Glauning, Christine 1963- ; Borchers, Roland 1980- ; Stiftung Topographie des Terrors Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit Berlin-Schöneweide ; [et al.], Vergessen und vorbei ? : das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français, édition bilingue allemandfrançais, Berlin : Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors, 2023, 191 pages, cartes, plans. Glauning, Christine 1963- ; Stiftung Topographie des Terrors Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit Berlin-Schöneweide, Le Travail forcé au quotidien 1938-1945 : catalogue de l’exposition éponyme, édition monolingue en français, Berlin : Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors, 2020, 277 p., cartes, plans. Bücking, Heribert 1940- ; Glauning, Christine 1963- ; Stiftung Topographie des Terrors Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit Berlin-Schöneweide, Die Zwangsarbeit von Zofia und Rolland : Kupferstich-Collagen : eine Begleitbroschüre zur Sonderausstellung im Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit vom 20. Januar 2023 bis 21. Mai 2023, édition monolingue en allemand, Berlin : Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors, 2023, 32 p.

[6] D’où la locution proverbiale « Luckenwalde, Luckenkien, 50 Kilometer vor Berlin ».

[7] Né en 1966, il enseigne dans un établissement secondaire berlinois le latin, le grec, le fait religieux, les technologies de l’information.

[8] Née en 1967, elle a étudié l’histoire, le latin et la théologie protestante à l’Université libre de Berlin. Elle est aujourd’hui enseignante et auteure indépendante.

[9] Orientation et recherche bibliographique.

[10] Finckensteinallee 63, 12205 Berlin.

[11] Am Borsigturm 130, 13507 Berlin.

[12] Deutsche Dienstelle.

[13] Wehrmachtauskunftstelle für Kriegerverluste und Kriegsgefangene = Service de renseignements de la Wehrmacht sur les pertes de guerre et les prisonniers de guerre.

[14] Ce dernier a en fait été intégré au ministère de la Défense et n’existe plus en tant que tel. Les documents remis par l’Allemagne se trouvent donc plutôt au Service historique de la défense, division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC)rue Neuve du Bourg l’Abbé, 14037 Caen cedex. Les Archives nationales possèdent également un fonds sur les prisonniers de guerre français (voir sous-série F9 = affaires militaires et 72AJ = Seconde Guerre mondiale).

[15] Décollage, dans le cadre d’une préservation du patrimoine urbain, des restes d’un autocollant apposé de façon intempestive, et constituant un acte de vandalisme susceptible d’abîmer la surface à terme.

[16] Bunker transformé en Musikbunker, Steinträgerweg 5, 12351 Berlin (Allemagne). Un autre situé Selgenauer Weg, 12355 Berlin (Allemagne) a été intégré dans un projet immobilier.

[17] Ces réduits d’un fort, généralement souterrains, sont à l’épreuve des bombes et des obus.


Les archives fédérales et régionales de Berlin



Les pièces d’archives personnelles antérieures à 1945 sont d’une manière générale conservées aux archives fédérales (Bundesarchiv) de Berlin.

Le Bureau allemand des états de service – WASt, dont les documents étaient conservés initialement aux archives fédérales de Berlin-Reinickendorf[1], a vu le 1er janvier 2019 ses missions intégrées aux archives fédérales de Berlin-Tegel en tant que département des renseignements personnels sur les soldats de la Première et Deuxième Guerre mondiale[2]. Le délai de traitement peut atteindre plusieurs mois avant que la demande n’aboutisse.

Les dossiers médicaux des prisonniers de guerre se trouvaient autrefois à l’Office régional de la santé et des affaires sociales[3] à Berlin. Dans la mesure où cela ne relevait pas vraiment de ses missions, ils ont été transférés le 1e juillet 2007 au Bureau allemand des états de service – WASt, puis à Berlin-Tegel, au titre de son habitude de la gestion des données individuelles.

Le centre de ressources documentaires est pour sa part à Berlin-Lichterfelde, tandis que certains documents concernant l’armée sont aux archives fédérales de Fribourg (Allemagne), département des affaires militaires[4]. Monsieur Daniel Schneider, archiviste référent de cette institution, indique : « Seuls sont conservés les dossiers matériels des institutions allemandes à propos du système des prisonniers de guerre, mais pas les dossiers personnels des prisonniers de guerre. »


« Seuls sont conservés les dossiers matériels des institutions allemandes à propos du système des prisonniers de guerre, mais pas les dossiers personnels des prisonniers de guerre. »

Monsieur Daniel Schneider, archiviste référent aux archives fédérales de Fribourg (Allemagne), département des affaires militaires.


[1] Eichborndamm 179, 13403 Berlin (Allemagne).

[2] PA = Personenbezogene Auskünfte.

[3] Landesamt für Gesundheit und Soziales (LAGeSo), Versorgungsamt – Kundencenter, Sächsische Straße 28, 10707 Berlin (Allemagne).

[4] Bundesarchiv, Abteilung Militärarchiv, Wiesentalstraße 10, 79115 Freiburg (Allemagne).


Il est important d’autre part de ne pas confondre les archives fédérales (Bundesarchiv) et les archives régionales[1] (Landesarchiv) de Berlin. Après la fin de la guerre, les documents que le Bureau allemand des états de service – WASt avait conservés sur les prisonnier de guerre détenus par l’Allemagne ont été confisqués et remis aux pays d’origine des prisonniers de guerre.


[1] Eichborndamm 115-121, 13403 Berlin (Allemagne).


Il est possible de repérer les noms des victimes de guerre sur le portail des Arolsen Archives[1] International Center on Nazi Persecution (archives Arolsen centre international sur les persécutions nazies). Toutefois, il ne s’agit pas d’une requête complète. De nombreux documents conservés ne sont pas encore accessibles en ligne. Il faut donc contacter les archivistes. 50 millions de fiches présentent des informations sur 17,5 millions de personnes. Madame Martina Paul, membre du service international de recherche[2], a ainsi retrouvé et envoyé une fiche de la mission de liaison à Berlin (Français de toutes les zones) concernant Pierre Bonhomme.

Toute demande de renseignements auprès du CICR [3] sur une personne détenue pendant la Seconde Guerre mondiale relève d’un quota trimestriel. Le service reprendra le lundi 22 mai 2023, puis le lundi 25 septembre 2023 à 8 h 00 heure de Genève (Suisse).


[1] Große Allee 5-9, 34454 Bad Arolsen.

[2] ITS = International Tracing Service/ Service international de recherches se présente depuis le 21 mai 2019 sous son nouveau nom.

[3] Comité international de la Croix-Rouge.


Le Stalag III A Luckenwalde, le musée d’histoire locale et le cimetière des sépultures de guerre


A Luckenwalde, il ne subsiste plus aucun vestige matériel du camp, si ce n’est le cimetière des sépultures de guerre (Friedhof Kriegsgräberstätte) du Stalag III A Luckenwalde[1], divisé en plusieurs carrés selon la nationalité des prisonniers enterrés. Nombreux sont ceux qui ont été inhumés dans des fosses communes (en particulier des Russes[2]). Une croix est élevée, et marque à tout jamais l’emplacement de la partie française du cimetière.  Chaque année se déroule une cérémonie du souvenir.


[1] Zum Stalag-Friedhof, 14943 Luckenwalde.

[2] A cette époque, tous les Russes sont des Soviétiques, mais tous les Soviétiques ne sont pas des Russes. L’appellation retenue ici est celle qu’employaient les prisonniers de guerre.


Un poste de travail permet de consulter des dossiers d’archives. Sur un écran interactif, il est possible de feuilleter plus de 9 000 documents concernant 3 900 détenus russes du camp.


Le Stalag III A se situait à 2,5 km de Luckenwalde, ville de 27 000 habitants à quelque 50 km du sud de Berlin dans la 3e région militaire allemande[1], dans la région de la Fläming, au cœur du Land[2] de Brandebourg. C’est une région montueuse, argileuse et caillouteuse, recouverte de bois et d’étangs. La pauvreté du sol ne permet comme cultures essentielles que le seigle ou la pomme de terre[3]. L’horizon en est borné par une végétation assez haute de résineux et de bouleaux, qui dégagent une grande tristesse. La toponymie est d’ailleurs explicite : « Luch[4] im Walde[5] » signifie « bois marécageux ». Le paysage actuel n’a pas vraiment changé, et dégage une impression sinistre.


[1] Wehrkreis III (WK III). Sous le IIIe Reich, cette division administrative comprenait pour la Wehrmacht une partie de la Nouvelle-Marche et le Brandebourg.

[2] État fédéré.

[3] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, NAF 17280, Croix-Rouge française, L’Âme des camps, I Chronique des Stalags I B, II D, II E, III A et III C, Paris : Croix rouge française, Comité central d’assistance aux prisonniers de guerre en captivité, 1944, page 82, vue 173/350, consultable en ligne sur Gallica.

[4] « Luch » désigne un marais dans le dialecte brandebourgeois.

[5] « Im Walde » signifie mot à mot « dans la forêt ».


Monument commémoratif à la gloire des militaires du carré yougoslave †. Cimetière de sépultures de guerre du Stalag III A (Friedhof Kriegsgräberstätte Stalag III A), prise de vue effectuée le mercredi 29 mars à Luckenwalde (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monument commémoratif à la gloire des militaires du carré yougoslave †. Cimetière de sépultures de guerre du Stalag III A (Friedhof Kriegsgräberstätte Stalag III A), prise de vue effectuée le mercredi 29 mars 2023 à Luckenwalde (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La plupart du temps, les soldats prisonniers des Stalags sont placés dans un Arbeitskommando[1], ce qui n’est pas le cas pour les officiers des Oflags[2]. En raison de la convention de Genève, ils ne peuvent être officiellement employés que dans l’agriculture ou dans des tâches sans aucun lien avec l’effort de guerre. C’est souvent loin d’être le cas.  Au commando de Topschin, faisant partie du Stalag III A, les prisonniers sont ainsi employés dans une usine de munitions, d’obus, de bombes, de torpilles et de tanks[3]. Ils sont donc bel et bien contraints de participer à l’industrie d’armement allemande.

La construction du camp a été planifiée avant l’invasion de la Pologne en septembre 1939. Il était prévu pour accueillir au départ 10 000 hommes. Sa structure a servi de modèle[4] pour les autres camps.


[1] Commando ou unité de travail.

[2] Abréviation d’Offizierslager (camps d’officiers).

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9759499 < Tome 39  >, Tribunal militaire international (Nuremberg, Allemagne), Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international [Texte imprimé] : Nuremberg, 14 novembre 1945 – 1er octobre 1946 : [documents et autre matériel de preuve], texte officiel, édition française, Nuremberg : Tribunal militaire international, 1947-1949, tome XXXIX, page 172, vue 188/660, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2000-282739.

[4] Le mot Musterlager désigne un stock d’échantillons dans le civil, et un camp modèle dans le langage militaire. Le régime nazi avait son propre vocabulaire.


A partir de l’été 1940, des prisonniers hollandais[1] et français sont arrivés dans ce camp. Les premiers sont libérés quelques semaines plus tard, tandis que les seconds, qui forment le groupe le plus important, y sont affectés.

Le séjour dans ce camp précède souvent l’intégration dans des commandos de travail à Berlin ou dans ses environs. Les conditions de vie y sont très difficiles.

Les prisonniers de guerre qui ont travaillé dans la région du Brandebourg ou à Berlin ont atteint le chiffre de 22 000. Une partie de ces derniers était des prisonniers transformés[2].


[1] Tous les Hollandais sont des Néerlandais, mais tous les Néerlandais ne sont pas des Hollandais. L’appellation retenue ici est celle qu’employaient les prisonniers de guerre.

[2]  Il s’agit de rendre à l’état de civil certains prisonniers de guerre, et d’en faire des travailleurs forcés.


Alors que dans ce camp, les instituteurs et professeurs étaient dispensés au départ de travail (car ils animaient une vie culturelle), les autres prisonniers essayaient de se rapprocher par origine régionale. Ils étaient astreints à des journées de 12 à 14 heures. Les commandos percevaient des vivres (toujours en quantité insuffisante) de la Croix-Rouge. Mais cela ne compensait que difficilement la pénibilité du travail : le commando n° 206, où étaient employés 300 prisonniers, extrayait de la tourbe, le n° 211 (qui en comprenait 20) exploitait du minerai, tandis que les n° 282 et 283 étaient des commandos agricoles.

Par la suite, ce camp a hébergé des prisonniers serbes et russes, dont le nombre n’a cessé d’augmenter.  Durant l’hiver 1941-1942, 2 500 de ces derniers y sont décédés. Temporairement, il y a eu également des Italiens, vers la fin, des Roumains et des Anglais[1].


[1] Tous les Anglais sont des Britanniques, mais tous les Britanniques ne sont pas des Anglais (certains sont des Écossais, des Gallois ou des Nord-Irlandais). L’appellation retenue ici est celle qu’employaient les prisonniers de guerre.

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Le Stalag était aussi organisé du point de vue religieux, tant catholique que protestant. Les prêtres dans ce camp étaient au nombre de quarante-quatre pour tout le Stalag dont trois pour le camp, deux pour l’hôpital. Tous les autres étaient affectés aux commandos.  Selon les secteurs religieux (au nombre de 42), ceux-ci comptaient de dix à soixante commandos. Le camp comprenait aussi des séminaristes que les aumôniers pouvaient emmener avec eux. L’approvisionnement liturgique était assuré par l’Aumônerie générale de Paris en vin de messe, hosties et livres.

Le culte était autorisé en dehors des heures de travail. Les prêtres munis d’un Ausweis[1] avaient le droit de circuler librement dans leur secteur. Bien souvent, ils disaient au moins trois messes au cours de la journée, tandis que les commandos étaient massés sur un point central (où se trouvait un local convenable pour dire la messe).

Les prêtres n’avaient pas le droit de prêcher et, en cas d’impossibilité de confesser, ils prononçaient une absolution générale. Ils assuraient, outre les messes du dimanche, les communions des détenus en cellule et les enterrements au cimetière du camp.

Pour les besoins religieux et spirituels, les confrères étaient autorisés à se rencontrer.

Lorsque le camp a été libéré le 27 avril 1945, les prisonniers ont été rendus à la vie civile, envoyés en permission pendant quinze jours, avant de vaquer à leurs occupations.


[1] Pièce d’identité.

Le Stalag III B Fürstenberg


Le Stalag III B Fürstenberg est, lui aussi, un camp de prisonniers de guerre. Il avait le statut de Dulag[1]. Il se situe également dans la 3e région militaire allemande. La campagne y est sablonneuse avec des bois de pins. Il se trouvait à Fürstenberg-sur-Oder.

Il semblerait que ce camp n’avait que très peu de liens avec l’administration de la ville. Les archives municipales disposent aujourd’hui des dossiers de Fürstenberg-sur-Oder, devenu un quartier d’Eisenhüttenstadt.

Des noms de prisonniers français s’y trouvent. Celui de Pierre Bonhomme n’y figure malheureusement pas, selon madame Gabriele Urban, archiviste référente, du département des services aux citoyens (Fachbereich Bürgerdienste), Musée municipalGalerieMusée des pompiersArchives de la ville (Städtisches MuseumGalerieFeuerwehrmuseumArchiv) [2].

Le musée d’histoire locale[3] évoque l’ancien camp de prisonniers de guerre, grâce à l’initiative de monsieur Axel Drieschner. Avec sa femme, madame Barbara Schulz, il a publié un livre sur le Stalag III B Fürstenberg[4].

Devant le site de l’ancien camp, il y a une pierre commémorative qui doit rappeler tous les prisonniers et leur souffrance.


[1] Durchgangslager, c’est-à-dire un camp de transit.

[2] Stadt Eisenhüttenstadt • Zentraler Platz 1 • 15890 • Eisenhüttenstadt.

[3] Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt (Allemagne).

[4] Drieschner, Axel, Schulz, Barbara, Stalag III B Fürstenberg (Oder) : Kriegsgefangene im Osten Brandenburgs 1939-1945, Berlin : Metropol, 2006, 212 p., illustrations (Beiträge zur Geschichte Eisenhüttenstadts 4).


Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l'armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l'armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 52.
Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l’armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l’armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 52.

A l’époque, il comprend une cinquantaine de baraques, dont seules huit sont occupées par des Français. Réparties de part et d’autre d’une route cimentée, celles-ci hébergent chacune de trois cents à trois cent soixante prisonniers. Les travaux qui leur sont confiés sont épuisants. Nombre d’entre eux manient la pelle et la pioche comme ceux du commando n° 406 pour les mines de charbon, du n° 648 pour les mines de lignite, du n° 728 pour les mines de tourbe. Sinon, ils étaient employés dans des usines de guerre.

Au moment du repli du Stalag III B Fürstenberg, les prisonniers de guerre furent occupés jusqu’à la fin avril à effectuer des travaux de terrassements des tranchées, et à transporter des bombes d’avions. Il est même arrivé que des commandos aient effectué des travaux sous la première ligne de feu de l’artillerie russe. Malgré des réclamations, le colonel commandant le Stalag III B Fürstenberg reste sourd aux réclamations de la Croix-Rouge genevoise (Suisse).

Quant à l’homme de confiance, ce dernier signale que la durée du travail journalier était dans de nombreux cas excessive, en particulier dans les mines et les usines (12 heures). Elle pouvait monter jusqu’à quinze heures dans la culture pendant la période d’été.

Alors qu’il devait y avoir un repos de vingt quatre heures toutes les trois semaines, le repos hebdomadaire n’était pas souvent observé. En outre, l’homme de confiance principal du Stalag a signalé que des coups étaient portés sur des prisonniers français. Il y a une mauvaise foi évidente dans l’application de la convention de Genève dans ce camp.


Fin 1944, les Allemands ont décidé de déplacer ce camp à Buchenwald[1], à côté de Weimar[2]. Au début de février 1945, l’Armée rouge a pris pied sur la rive occidentale de l’Oder à Fürstenberg[3].

La campagne a retrouvé son aspect d’antan et nombre de citoyens allemands actuels en ignorent de manière feinte ou réelle l’existence.


[1] D’après Buche (hêtre) et Wald (forêt), Buchenwald signifie hêtraie (bois de hêtres).

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-25677, Commissariat régional de la République à Montpellier, Bulletin officiel du Commissariat régional de la République à Montpellier, 1re année , n° 1 (septembre 1944) – ? Montpellier : [s.n.], 1944-, 2e année, n° 107 du vendredi 23 février 1945, page 521, vue 1/4, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original des archives départementales de l’Hérault, PAR 3215.

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-14232 <  1937-1948 >, Aragon, Louis (1897-1982), directeur de publication ; Bloch, Jean-Richard (1884-1947), directeur de publication, Ce soir : grand quotidien d’information indépendant, 1re année, n° 1 (2 mars 1937)-17e année, n° 3537 (2 mars 1953), Paris : [s.n.], 1937-1953 [n’a pas paru du 26 août 1939 à août 1944], n° 1059 du jeudi 8 février 1945, page 1 [non paginée], vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, JOD-109.


Le Stalag III D Berlin et la Kommandantur[1]


[1] Kommandanturen au pluriel. Ou « kommandanturs », en romain et
avec une minuscule (ou une majuscule), selon un usage français variable. En général, « Les mots, expressions, citations donnés dans une langue étrangère et non francisés se composent en italique dans un texte français en romain » selon le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. Mais « de très nombreux termes étrangers, adoptés par l’usage, se composent cependant en romain comme ces exemples appartenant au langage courant : condottiere, conquistador, leitmotiv, match, sketch, week-end ». Pour éviter d’établir une distinction artificielle entre les mots germaniques recensés dans les dictionnaires français (stalags) et ceux, plus spécialisés, qui n’y sont pas (Dulags), il a été décidé par convention de considérer tous les mots employés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale comme étrangers, et donc de les écrire avec une majuscule et en italique.


Vidéo Französische Kriegsgefangene in Berlin | Lager, Arbeit und Alltag (Prisonniers de guerre français à Berlin | camp, travail et vie quotidienne, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

Le Stalag III D se situait à Berlin, et dépendait de la 3e région militaire allemande comme les deux précédents. De très nombreux prisonniers français ayant été enfermés au camp de Berlin-Lichterfelde, il se confond un peu pour les historiens francophones avec le Stalag III D Berlin.

C’est là une perspective remise en cause par les chercheurs allemands. Le Stalag III D Berlin est en réalité une entité administrative qui repose sur des camps satellites disséminés sur tout Berlin : 3000 camps couvraient la ville. Certes, une majorité de Français s’est retrouvée à Berlin-Lichterfelde ou à Falkensee[1]. L’approche de la réalité historique est cependant plus complexe.


[1] Falkensee est une ville d’Allemagne située dans le Land du Brandebourg.


Plaque commémorative (Gedenktafel) du siège du commandement (Kommandantur) régissant le Stalag III D Berlin, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Plaque commémorative (Gedenktafel) du siège du commandement (Kommandantur) régissant le Stalag III D Berlin, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un siège du commandement (Kommandantur) gère le travail des prisonniers du Stalag III D Berlin dans des commandos de travail (Arbeitskommandos) répartis en fonction de leur classe dans tous les points cardinaux à Berlin ou alentour :

  • 100 Stadtzentrum[1]
  • 200 Norden[2]
  • 300 Osten[3]
  • 400 Südosten[4]
  • 500 Süden[5]
  • 600 Südwest[6]
  • 700 Westen[7]
  • 800 Nordosten[8]

L’édifice[9], qui se trouvait rue de la Belle-Alliance [10], a totalement disparu, rasé et remplacé par un parking, à proximité de la Bibliothèque commémorative américaine (Amerika-Gedenkbibliothek)[11]. Il ne reste plus à son emplacement qu’une plaque commémorative (Gedenktafel)[12] en plastique tellement discrète qu’il a été plutôt difficile de la localiser (les bibliothécaires du lieu avoisinant ont eux-mêmes rencontré des difficultés pour la trouver).


[1] Centre-ville.

[2] Nord.

[3] Est.

[4] Sud-est.

[5] Sud.

[6] Sud-ouest.

[7] Ouest.

[8] Nord-est

[9] Belle-Alliance-Straße 106-107. Aujourd’hui, Mehringdamm, Berlin (Allemagne).

[10] Ce nom de Belle-Alliance est une autre façon de désigner la bataille de Waterloo (Belgique) en 1815.

[11] Blücherplatz 1, 10961 Berlin (Allemagne)

[12] Blücherplatz 1, 10961 Berlin (Allemagne).


Pierre Bonhomme, affecté à l’Arbeitskommando n° 407


Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l'armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l'armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 72.
Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l’armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l’armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 72.

Un bureau de censure postale (Postzensur[1]) contrôlait la correspondance et les colis échangés entre les prisonniers de guerre et leurs proches. Les photographies et livres autorisés de Pierre Bonhomme étaient frappés du tampon « Stalag III D 75 geprüft » ou « Stalag III D 96 geprüft »[2], « Freigegeben Stalag III D[3] » ou « Freigegegeben zur Heimsendung M.-Stammlager III D[4] ».

Des ajouts manuscrits par les Allemands ont permis d’identifier que Pierre Bonhomme avait été affecté à l’Arbeitskommando n° 407 lors de son internement au Stalag III D Berlin.


[1] Tempelhofer Ufer (codes postaux 10961 et 10963), dans l’arrondissement berlinois de Friedrichshain-Kreuzberg, s’étend de la Schöneberger Straße au Landwehrkanal.

[2] Geprüpft = validé, contrôlé. Ce tampon correspond à la censure postale.

[3] Validé [par l’administration du] Stalag III D.

[4] Libéré pour rapatriement du Stalag III D. La lettre M. est une abréviation pour Mannschaft [troupe]. Stammlager désigne un centre de détention. Le Kriegsgefangenen-Mannschafts-Stammlager est donc un camp de concentration pour les prisonniers de guerre, destiné aux hommes du rang ou aux sous-officiers. C’est ce que les Français connaissent sous son abréviation Stalag = Stammlager.


Vidéo Das Stalag III D | Kriegsgefangene in Berlin (Le Stalag III D | Prisonniers de guerre à Berlin) consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

Il a été impossible de trouver des renseignements sur ce commando de travail, ce qui arrive souvent selon les historiens allemands. Il est simplement identifié sans aucune mention supplémentaire sur une liste militaire française[1] des « principaux Kommandos » :

  • n° 402 : Reidow[2] (98 P. G.[3]), usine aviation.
  • n° 407
  • n° 412 : Reidow[4] (555 P. G.), usine aviation.
  • n° 413 : Franfurt-sur-Oder[5] (600 P. G.), usine de munitions.
  • n° 415
  • n° 419 : Berlin (transformé) (88 P. G.), fleuriste.
  • n° 420 : (44 P. G.), usine Krupp[6].
  • n° 424 : Reidow[7] (6 P. G.), usine aviation.
  • n° 425 : Britz[8] (1767 P. G.) (transformé), une noyade fin 1943, bon abri.
  • n° 427 : composé de punis.
  • n° 431
  • n° 483 : Ludwigsfeld[9] (600 P. G.), usine aviation Daimler-Benz[10].

[1] Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l’armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l’armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 75.

[2] Transcription fautive. Lire Berlin-Rudow, quartier de l’arrondissement de Neukölln.

[3] Prisonniers de guerre.

[4] Voir n° 402.

[5] Lire Francfort-sur-l’Oder (Allemagne), ville du Land de Brandebourg.

[6] Fried. Krupp AG est un conglomérat industriel dans le secteur de l’acier fondé par Friedrich Krupp (1787-1826). Il est appelé couramment Krupp.

[7] Voir n° 402.

[8] Berlin-Britz, quartier dans l’arrondissement de Neukölln.

[9] Transcription fautive. Lire Ludwigsfelde, une ville du Land du Brandebourg dans l’arrondissement de Teltow-Fläming.

[10] Il s’agit des usines automobiles de Ludwigsfelde (Automobilwerke Ludwigsfelde), devenues en 1936 le siège pour la production de moteurs d’avion Daimler-Benz Motoren GmbH.


Plaque commémorative à la gloire des « anciens prisonniers de guerre du Stalag III D à leurs camarades décédés en captivité » † exposée au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Plaque commémorative à la gloire des « anciens prisonniers de guerre du Stalag III D à leurs camarades décédés en captivité » † exposée au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On ne peut donc qu’émettre des conjectures sur le n° 407 par rapport aux positions du commando n° 406 (Neukölln) et du n° 408 (Berlin-Lichtenrade). Ce dernier avait sous sa garde 39 prisonniers de guerre, d’après une liste allemande Commandos de travail sans les Italiens (Arbeitskommandos ohne Italiener)[1] établie par Thomas Irmer, historien, politologue, spécialiste de l’histoire du travail forcé sous le régime nazi.

D’après son hypothèse d’une « répartition géographique possible » (« mögliche geographische Gliederung »), les camps de la classe 400 se situeraient dans le sud-est (Südosten) de Berlin. Les données restent fragmentaires :

  • n° 401
  • n° 402 : 98 Kgf.
  • n° 403 : 58 Kgf.[2], Metall[3]
  • n° 404 : Briten[4] ?
  • n° 405 : Britz[5], Gaubschat-Fahrzeugwerke[6], 118-179 Kgf.
  • n° 406 : Neukölln[7]
  • n° 408 : Obsch.[8] Lichtenrade[9], 39 Kgf.
  • n° 410 : 50-72 Kgf. Floristen[10]
  • n° 411 : 21 Kgf.
  • n° 412 : Rudow[11], 555 Kgf., Luftfahrindustrie[12]
  • n° 413
  • n° 415 : Rudow, 55 Kgf., Industrie
  • n° 416 : 55 Kgf.
  • n° 418
  • n° 419 : 72 Kgf.
  • n° 421 : 52 Kgf.
  • n° 423 : Elektrolux[13], 65 Kgf.
  • n° 425 : Britz[14]
  • n° 427, 428, 429 Zernsdorf bei KW[15] (n° 428 : 144 Briten[16])
  • n° 430 Neukölln[17], Lazarett[18]

[1] Ce document de travail inédit, qui se présente sous forme d’une photocopie, a fait l’objet d’un dépouillement systématique.

[2] Selon les contextes, abréviation pour Kriegsgefangene (prisonniers de guerre) ou Kriegsgefangener (prisonnier de guerre).

[3] Métal.

[4] Britanniques.

[5] Berlin-Britz, quartier dans l’arrondissement de Neukölln.

[6] Usine de véhicules Gaubschat. La société Gaubschat Fahrzeugwerke GmbH a été fondée par Fritz Gaubschat en 1904 à Rixdorf, ville intégrée dans Berlin (Allemagne) en 1912 et renommée Berlin-Neukölln. Elle a fait faillite en 1975. Elle était impliquée au départ dans la construction de véhicules utilitaires.

[7] Quartier (Ortsteil) de Berlin-Neukölln ou arrondissement (Bezirk) de Neukölln.

[8] Abréviation pour obscheinlich (apparemment).

[9] Berlin-Lichtenrade, dans l’arrondissement de Tempelhof-Schöneberg

[10] Fleuristes.

[11] La société Flugzeugreparaturwerk Rudow GmbH s’occupait de réparation d’avions à Berlin-Rudow, quartier dans l’arrondissement de Neukölln.

[12] Industrie aéronautique.

[13] L’orthographe a été germanisée. Electrolux est une entreprise suédoise d’électroménager créée en 1910.

[14] Voir n° 405.

[15] Zernsdorf près de Königs Wusterhausen. Depuis 2003, ce village fait partie de cette ville. Il est situé dans l’arrondissement de Dahme-Spreewald (Dahme-Forêt-de-Spree) du Land (État fédéré) de Brandebourg (Allemagne).

[16] Voir n° 404.

[17] Voir n° 406.

[18] Hôpital militaire.


Pierre Bonhomme aurait d’après un récit personnel travaillé du « bois de mine ». Ce qui serait logique : avant d’être militaire comme pontonnier, il était charpentier. De fait, il aurait pu être éventuellement boiseur, chargé du soutènement et de la réparation dans des galeries. Monsieur Ronny Maylahn, du comité de direction (Führungskoordination) de la société de recherche et de documentation sur les constructions souterraines Berliner Unterwelten e.V.[1] n’a pas pu nous renseigner sur le sujet.


[1] Brunnenstraße 105, 13355 Berlin (Allemagne). Berliner Unterwelten peut se traduire selon les cas « les souterrains de Berlin », « les sous-sols de Berlin », voire « les bas-fonds de Berlin » et même dans certains contextes « les enfers de Berlin ».


L’hôpital militaire principal de Berlin-Neukölln et l’Arbeitskommando n° 430


Hopital militaire de Berlin-Neukölln. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Hopital militaire de Berlin-Neukölln. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Plusieurs hôpitaux militaires[1] peuvent soigner les prisonniers de guerre. Le plus important était établi à Berlin-Neukölln dans un établissement scolaire[2]. Il était lié à l’Arbeitskommando n° 430. Il a repris ses fonctions premières. Un centre d’épouillage se trouvait à Berlin-Lichterfelde, ce qui a permis de limiter les risques de typhus.


[1] Lazarett [latsaˈrɛt], neutre <Lazarette̸s; Lazarette>.

[2] Donaustraße 122, 12043 Berlin.


Les baraquements redécouverts du camp de Berlin-Lichterfelde


Vidéo Vergessen und vorbei? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen (C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français), consultable en ligne pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

L’ensemble des baraquements de Berlin-Lichterfelde a été retrouvé au moment où devait se dérouler dans ce lieu une opération immobilière. Il avait été ouvert dès 1938, avant donc le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale le 1ᵉʳ septembre 1939.

A l’origine, la Reichsbahn[1] y a installé un camp pour 1 400 travailleurs allemands de la région des Sudètes (Tchéquie) à l’angle d’Osdorfer straße et du Lanweg. En 1939, la Wehrmacht a loué une partie de ce site pour accueillir des prisonniers tout d’abord polonais.

A partir du mois d’août 1940, ce camp est affecté aux prisonniers français : en janvier 1941, plus de 18 000 prisonniers qui y vivaient étaient français. Les baraques construites grossièrement avec des parpaings ont remplacé parfois les premières, en bois, qui ont brûlé lors d’attaques aériennes en 1942/1943. Chacune mesurait 38 m de long sur 16 de large, et devait être occupées par 96 hommes environ. Le grand nombre de prisonniers a fait que leur occupation a été plus importante dans les faits.


[1] Société des chemins de fer allemands.


La mise au jour de ce camp tient à un projet de construction d’appartements.  L’association Initiative KZ-Außenlager Lichterfelde e.V. (un collectif citoyen)[1] et l’Office d’État des monuments historiques de Berlin (Landesdenkmalamt Berlin)[2] tentent de sauver des baraques situées dans le quartier[3] et identifiées formellement en 2017 comme ayant fait partie du camp de Berlin-Lichterfelde. Une est classée monument historique, les autres sont plus ou moins délabrées et à l’abandon, en cours de destruction, après avoir connu après la Seconde Guerre mondiale divers usages.


[1] Président du conseil d’administration : Thomas Schleissing-Niggemann. Vice-présidente : Annette Pohlke.

[2] Klosterstraße 47, 10179 Berlin (Allemagne).

[3] Landweg 3, 12007 Berlin (Allemagne).


Le gardien chargé du terrain en friche refuse d’orienter le promeneur (les bâtiments se trouvent pourtant à moins de cent mètres de sa guérite). Les passants qui s’arrêtent font mine de ne rien comprendre aux explications données dans un allemand très clair. Les habitants du quartier ignorent ce qui se passe à quelques dizaines de mètres de leur maison. Une exploration urbaine[1] « sauvage » du site permet de mesurer la désolation du lieu, squatté occasionnellement et bombé à la peinture. Une captation d’images permettra à terme d’étudier les lieux à travers le prisme de la culture visuelle.

A peu près quatre-vingts ans après la capitulation du Troisième Reich, l’historien affronte moins un négationnisme agressif qu’une parfaite indifférence et un total désintérêt.


[1] Urbex.


Les dix grands baraquements qui restent sont du même modèle que ceux du camp du quartier de Berlin-Schöneweide[1]. Ce lieu se révèle être un camp de travailleurs forcés, où étaient internés notamment des Italiens, tant militaires que civils, mais aussi des hommes et des femmes originaires d’Europe de l’Ouest et l’Est.


[1] Le lieu a été identifié comme un camp en 1994 alors qu’il se trouvait au milieu d’immeubles et qu’il servait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à diverses activités comme la chaudronnerie.


Les prisonniers sont répartis dans différents commandos de travail. Il existe un homme de confiance qui a le droit d’aller les visiter. Les tâches confiées à ces prisonniers sont simples, mais physiquement très pénibles. Pour ce travail, le prisonnier reçoit un faible salaire, alors que les entreprises remportent de gros bénéfices grâce à cette main-d’œuvre bon marché.


L'enduit qui s'abîme avec le temps laisse entrevoir le parpaing d'origine. Camp de Berlin-Lichterfelde, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’enduit qui s’abîme avec le temps laisse entrevoir le parpaing d’origine. Camp de Berlin-Lichterfelde, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


La dégradation du mur le fait paradoxalement revenir à un état premier : le temps destructeur peut être aussi conservateur, en rendant visible l’invisible. Camp de Berlin-Lichterfelde, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La dégradation du mur le fait paradoxalement revenir à un état premier : le temps destructeur peut être aussi conservateur, en rendant visible l'invisible. Camp de Berlin-Lichterfelde, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le camp de Berlin-Schöneweide et l’abri antiaérien de la baraque 13


Au camp de Berlin-Schöneweide, les conditions de vie y auraient été semble-t-il relativement meilleures que dans d’autres. Cette donnée reste cependant à relativiser en fonction des nationalités : les Russes emprisonnés ont par exemple subi des traitements pires que celui des Italiens.


Plan d'orientation du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Plan d’orientation du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le Centre de documentation du travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), ouvert en 2006, est situé sur ce site historique[1].


[1] Britzer Straße 5, 12439 Berlin (Allemagne).


Les baraquements de pierre ont été construits en 1943 sous la direction d’Albert Speer, premier architecte du IIIe Reich inspecteur général des travaux pour la capitale du Reich (Generalbauinspektor für die Reichshauptstadt)[1].


[1] Abrégé en GBI.


Une exposition permanente inaugurée en 2013, Quotidien du travail forcé 1938–1945, montre à quel point le nazisme s’appuyait sur la main-d’œuvre sous contrainte.

Les travailleurs invités[1], en provenance de pays amis de l’Allemagne n’y étaient pas soumis. L’historiographie allemande englobe sous le concept général de travailleurs forcés :

  • les prisonniers de guerre[2]
  • les travailleurs civils[3]
  • les travailleurs de l’Est[4]
  • les déportés, traités comme des esclaves.

D’un point de vue davantage français, les anciens combattants ne goûtent guère d’être confondus avec les membres du STO[5]. En France, ces derniers ont le droit au titre de « victimes du travail forcé en Allemagne nazie[6] ». Mais les dernières décisions de justice leur interdisent celui de « déportés du travail[7] ». La « transformation » de certains en travailleurs « libres » étant en lien avec la Relève, dispositif mis en place en 1942 par le régime de Vichy, il s’agit là encore d’une question sensible.


[1] Gastarbeitnehmer.

[2] Militärinternierte (internés militaires).

[3] Zivilarbeiter.

[4] Ostarbeiter.

[5] Service du travail obligatoire.

[6] Par décret du 16 octobre 2008.

[7] Refus le 28 mars 2011 par la Cour de cassation.


Edition monolingue en français du catalogue offert lors de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l’exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).

Edition monolingue en français du catalogue offert lors de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l'exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).


[1] Zwangsarbeiter.


Depuis leurs balcons, les habitants pouvaient voir tout ce qui se passait dans le camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Depuis leurs balcons, les habitants pouvaient voir tout ce qui se passait dans le camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La baraque 13, qui a accueilli des prisonniers de guerre italiens, est la mieux conservée[1].


[1] Köllnische Straße 17, 12439 Berlin (Allemagne).


Vue extérieure de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Vue extérieure de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


Mur en parpaing avec lequel la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide a été construite. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Mur en parpaing avec lequel la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide a été construite. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le baraquement se compose d’un couloir central et de douze dortoirs de part et d’autre (destinés chacun à seize prisonniers), d’une seule pièce d’eau avec une fontaine, des latrines[1] et des urinoirs publics.

Chaque prisonnier a un châlit avec un sac de paille, une couverture, une gamelle, un gobelet et des couverts. La distribution de la nourriture varie selon les nationalités. Toujours manquante et de mauvaise qualité, elle l’est encore plus pour les prisonniers russes, qui sont davantage affamés, épuisés, et soumis aux mauvais traitements.


[1] A peine plus confortables que les feuillées de la vie militaire.


Entrée de l'abri antiaérien de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entrée de l’abri antiaérien de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Pièces de l'abri antiaérien de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Pièces de l’abri antiaérien de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le plus souvent, une cave se trouve sous le baraquement. Elle est aménagée en abri antiaérien avec de petites cellules. Les prisonniers s’y réfugient lors des nombreux bombardements.


Porte blindée en métal hermétique avec valve de l'abri antiaérien de la baraque 13. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Porte blindée en métal hermétique avec valve de l’abri antiaérien de la baraque 13. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


Sortie de l'abri antiaérien de la baraque 13. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Sortie de l’abri antiaérien de la baraque 13. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


En conclusion de cette mission historique et mémorielle à Berlin


Cette mission historique et mémorielle à Berlin met en lumière l’évolution des lieux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Certains bâtiments ont connu une reconversion, d’autre une conservation comme patrimoine industriel[1], les derniers enfin une destruction. Des historiens allemands s’évertuent à témoigner du sort de millions d’hommes asservis sous le nazisme, tandis qu’une nouvelle génération semble se faire à l’idée d’une lente et inexorable disparition, que le déni parfois précipite…


[1] Le camp de Berlin-Schöneweide est répertorié dans le parcours d’ERIHEuropean Route of Industrial Heritage e.V. (Route européenne du patrimoine industriel).

Catégories
Administration communale Art religieux Biens ecclésiastiques Clergé Cultures Finances ecclésiastiques Finances publiques Laïcisme Laïcité Patrimoine culturel Religieux Religion Révolution française (1789-1799)

L’église Saint-Jean à La Romagne pendant la Révolution


Talleyrand, évêque d'Autun, est peint coiffé d’une mitre et crosse à la main. Musée Carnavalet (Paris), numéro d'inventaire P1981, David, Louis (Paris 1748-Bruxelles 1825), Serment de Lafayette à la Fête de la Fédération, 1791, peinture à l'huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).
Talleyrand, évêque d’Autun, est peint coiffé d’une mitre et crosse à la main. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire P 1981, David, Louis (Paris 1748-Bruxelles 1825), Serment de Lafayette à la Fête de la Fédération, 1791, peinture à l’huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Le 4 août 1789, les privilèges féodaux sont abolis, et par conséquent les droits seigneuriaux et la dîme. Une subvention doit pourvoir aux dépenses du culte divin et à l’entretien des églises et des presbytères.

Dans les premiers temps de la Révolution, les églises sont épargnées. Ce sera de courte durée. La proposition de Talleyrand d’attribuer à la Nation les biens du clergé triomphe le 2 novembre 1789.

Un décret datant de ce jour les confisque. Le 9 novembre, un autre décret supprime les titres ecclésiastiques à l’exception de celui des curés. Le 13 novembre, l’Assemblée demande que les églises fassent connaître l’état de leur domaine à la Nation dans un délai de deux mois.


Surplis en fil, broderie ajourée à la main sur tulle, (XIXe siècle).
Surplis en fil, broderie ajourée à la main sur tulle, (XIXe siècle).

Les inventaires[1] sont dressés en janvier 1790. Les biens de la cure pour le culte sont mis en vente ou réquisitionnés, les livrant à la convoitise de quelques- uns :

  • onze chasubles d’étoffes diverses (damas[2],velours, panne[3]) et de couleurs différentes (rouge, verte, noire, blanche, violette[4]), ornées de motifs floraux. Il y a autant de manipules[5], d’étoles[6] et de voiles ;
  • trois jaquettes d’enfants de chœur rouges ou bleues ;
  • des surplis[7] d’enfants de chœur ;
  • quatre grands surplis de grosse mousseline ;
  • cinq surplis de toilette[8] ;
  • deux chapes[9] de calmande[10] dont une rose ;
  • une chape de damas rouge ;
  • une couverture d’autel en toile d’Orange[11] ;
  • trois petites couvertures de toile ;
  • trois devants d’autel et un petit rideau en toile d’Orange ;
  • neuf serviettes ;
  • trois nappes d’autel en batiste[12] et toile ;
  • quatre nappes de toile ;
  • soixante linges  tant corporaux[13] que lavabo[14] ;
  • un voile de mousseline rembrunie ;
  • un drap de mort et un bidet[15] ;
  • deux bonnets carrés noirs et un blanc ;
  • deux bannières avec leurs bâtons ;
  • un dais en toile d’Orange entourée de franges présumées en fil d’or[16] ;
  • un petit coffre en bois ;
  • une armoire en menuiserie de bois de chêne ;
  • un coffre fermant à deux battants en menuiserie de bois de chêne ;
  • une petite armoire pendante fermant à clé ;
  • un portemanteau ;
  • un porte-cierge, une boîte[17] et un pupitre ;
  • un serpent[18] en fer blanc et un fauteuil ;
  • un missel, deux antiphoniers[19], un graduel[20], deux processionnaux[21],  deux livres pour l’office des morts et un manuel ;
  • les boiseries du grand autel et des deux petits ;
  • un tabernacle[22] avec les marchepieds ;
  • trois livres de cire blanche et deux de jaune ;
  • la boiserie du chœur peinte en bleu et un banc attenant ;
  • six chandeliers et une croix en bois ;
  • la chaire à prêcher ;
  • le confessionnal ;
  • deux échelles ;
  • Un aigle en bois servant de pupitre ;
  • deux « scabelles[23] » et leurs marchepieds ;
  • trente bancs avec leurs marchepieds ;
  • un plat, deux burettes, un porte-missel, et une petite clochette ;
  • une cloche estimée à 1400 livres.

[1] Archives départementales des Ardennes, Q 541 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-766 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 540-542 = cures et chapelles], documents concernant Librecy-Wé (1790-an VI).

[2] Soie monochrome, avec une armure satin, dont le fond contraste par sa brillance avec le dessin formé par le tissage.

[3] Étoffe en laine, soie ou coton, travaillée comme du velours.

[4] Correspondant aux différents temps liturgiques.

[5] Bande d’étoffe portée sur l’avant-bras gauche par les ministres du culte à l’autel.

[6] Bande de tissu, longue et étroite, que le prêtre et l’évêque portent par devant, suspendue au cou et que le diacre porte en écharpe sur l’épaule gauche.

[7] Vêtement liturgique blanc porté par les ecclésiastiques, les chantres, et les enfants de chœur, par-dessus les habits ou la soutane.

[8] Petite toile.

[9] Long manteau de cérémonie agrafé par devant.

[10] Tissu en laine, en poil de chèvre, ou en soie et laine, lustré sur l’endroit, uni ou rayé.

[11] Terme générique pour désigner les toiles peintes.

[12] Toile fine et blanche de lin ou de chanvre.

[13] Linge consacré, généralement de lin blanc, représentant le suaire du Christ, destiné à recueillir les fragments de l’hostie.

[14] Prière que dit le prêtre en se lavant les doigts durant la messe. Par métonymie, linge avec lequel il s’essuie les doigts qu’il s’est lavés après l’offertoire.

[15] Petit cheval de selle ou de trait.

[16] Et peut-être en fil métal doré. Dans le doute, l’objet n’a pas été estimé.

[17] Dans les Ardennes, le mot s’écrivait boëtte et se prononçait \bwɛt\.

[18] Instrument à vent utilisé jusqu’au XIXe siècle dans la musique d’Eglise.

[19] Un antiphonaire (ou antiphonier) est un recueil où sont inscrits des antiennes et autres parties de l’office, avec leur notation en plain-chant.

[20] Le graduel est le livre de chant grégorien utilisé à la messe.

[21] Le processionnal est un recueil des prières chantées aux processions.

[22] Ouvrage en forme d’armoire fermant à clef, et où sont conservées les hosties consacrées.

[23] La forme académique est escabelle, siège bas, sans bras, avec ou sans dossier. Le mot a la même signification qu’escabeau. La variante scabelle, aujourd’hui disparue, est attestée à Reims en 1328.


Messidor, dixième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14035, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Messidor, dixième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14035, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Les terrains qui appartiennent à l’église de La Romagne (non à la cure ou à la fabrique sont également mis à l’encan. Les surfaces concernent :

  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Vertillon ;
  • cent douze verges et demie (terre + pré +  jardin) au lieu-dit la Pierre ;
  • cinquante verges au lieu-dit le Presbytère ;
  • soixante verges au lieu-dit le Jardin de Monsieur le Curé ;
  • soixante-quinze verges au lieu-dit les Rouages ;
  • dix-huit verges au lieu-dit le Pré Mortagne ;
  • dix-huit verges au lieu-dit la Hué ;
  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Pluteau ;
  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Pregnaux.

Prairial, neuvième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14034, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Prairial, neuvième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14034, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

D’autres surfaces dépendent de la cure de la Romagne et sont exploitées à ce titre directement par le curé [1]. Gérard Mallet, domestique habitant le village, reçoit pour la somme de 2225 livres l’adjudication définitive de cent douze verges de terre, cent dix verges de jardinet et cent trente-six verges de prés.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 274 n° 406, ventes du 25 juin 1791 au 18 prairial an III [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Frimaire, troisième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14028, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Frimaire, troisième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14028, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Parallèlement à la vente du patrimoine ecclésiastique se déroule celle des biens des émigrés, comme c’est le cas pour François Courtin, dont les terres se trouvent en divers lieux de La Romagne[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 278 n° 332 à 338, ventes du 29 fructidor an II au 18 nivôse an III [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, a signé le concordat de Bologne le 18 août 1516 à Rome. Galleria palatina (Florence, Italie), numéro d'inventaire 00287216, Raphaël, Portrait du pape Léon X ou Le Pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medicis et Luigi de Rossi, peinture à l'huile sur bois, 1518-1520.
Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, a signé le concordat de Bologne le 18 août 1516 à Rome. Galleria palatina (Florence, Italie), numéro d’inventaire 00287216, Raphaël, Portrait du pape Léon X ou Le Pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medicis et Luigi de Rossi, peinture à l’huile sur bois, 1518-1520.

Dès le 12 juillet 1790, le concordat de Bologne signé avec François Ier  est  dénoncé, ce qui permet la nationalisation des biens de l’Eglise. L’Assemblée constituante supprime les titres, offices, dignités, canonicats[1], prébendes[2].


[1] Bénéfices de chanoines dans une église, une cathédrale ou une collégiale.

[2] Revenus ecclésiastiques.


Le futur Louis XVI à quinze ans. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d'inventaire MV 3889, Van Loo, Louis-Michel , Louis-Auguste, duc de Berry (1754-1793), huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.
Le futur Louis XVI à quinze ans. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3889, Van Loo, Louis-Michel , Louis-Auguste, duc de Berry (1754-1793), huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.

La Constitution civile du clergé, sanctionnée[1] et promulguée par le roi Louis XVI le 24 août 1790, réorganise l’Eglise et la sécularise[2]. Le 27 novembre 1790, chaque prêtre doit jurer d’être fidèle à la Nation, à la loi, au roi et de maintenir de tout son pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale constituante et acceptée par le souverain.


[1] Adoptée.

[2] L’État considère qu’il lui revient de prendre en charge l’organisation de la religion. Ce qui ne saurait être confondu avec le principe de séparation des Eglises et de l’Etat, qui implique qu’il ne s’en occupe plus.


Par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791 et Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI s'oppose à la Constitution civile du clergé. Musei vaticani, numéro d'inventaire Inv. 40455, Pompeo Batoni, (Lucques 1708 - Rome 1787) et atelier, Portrait de Pie VI, huile sur toile, 1775, notice descriptive consultable en ligne.
Par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791 et Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI s’oppose à la Constitution civile du clergé. Musei vaticani, numéro d’inventaire Inv. 40455, Pompeo Batoni, (Lucques 1708 – Rome 1787) et atelier, Portrait de Pie VI, huile sur toile, 1775, notice descriptive consultable en ligne.

De la passation ou non de ce serment découlent les termes de prêtres assermentés[1] ou insermentés[2]. Le pape Pie VI condamne formellement ce texte le 10 mars 1791 et somme les prêtres qui ont prêté serment à la Constitution de se rétracter sous peine de suspense[3].

Ce qui occasionne cette année-là une scission entre l’Eglise et l’Etat, et une division à l’intérieur même du clergé : cela peut être constaté pour le diocèse de Reims[4].


[1] Constitutionnels ou jureurs.

[2] Réfractaires ou non-jureurs.

[3] En droit canonique, la suspense (substantif féminin) est une mesure par laquelle l’autorité ecclésiastique suspend un prêtre de ses fonctions ou le prive de l’usage de son bénéfice.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-3639, Jadart, Henri, « Etat du clergé du diocèse de Reims, insermenté ou assermenté en 1791, d’après les notes de l’abbé Baronnet, curé de Cernay-en-Dormois (à suivre) », in Revue d’Ardenne & d’Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique [publiée par la Société d’études ardennaises « La Bruyère » puis, à partir de mars/avril 1895 par la Société d’études ardennaises], 1re année, n° 1 (novembre/décembre 1893) -22e année, n° unique (1915/1923), Sedan : imprimerie Laroche, 1893-1923, 19e année, n° 2, janvier-février 1912, pages 33-40, vue 3/48, article consultable en ligne sur Gallica [Nota bene : la collectivité éditrice du périodique, née en 1888 et morte dans les années 20, ne saurait être confondue avec la Société d’études ardennaises fondée le 26 janvier 1955 et devenue la Société d’histoire des Ardennes le 2 mars 2013].


Pluviôse, cinquième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14030, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Pluviôse, cinquième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14030, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Pour ce qui est de La Romagne, il est de notoriété publique que le curé Bourdon a prêté le serment et qu’il l’a confirmé le 28 janvier 1791, « quoique cela ne figure sur aucun registre »[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 142 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Ventôse, sixième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14031, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Ventôse, sixième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14031, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La séparation des Eglises et de l’Etat est marquée par le décret du 3 ventôse an III[1], qui affirme que la République ne salarie aucun culte et ne fournit aucun local, ni pour son exercice, ni pour le logement des ministres.

« Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté ; aucune proclamation ni convocation publique ne peuvent être faites pour y inviter les citoyens. »

Article VII.

[1] Soit le 21 février 1795.


Germinal, septième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14032, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Germinal, septième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14032, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La loi du 22 germinal an IV[1] précise qu’à ce titre le son des cloches est puni d’un emprisonnement par voie de police correctionnelle. Les cloches des églises du canton sont en général acheminées à Metz, où leur métal est fondu pour produire des bouches à feu[2].


[1] Soit le 11 avril 1796.

[2] Pièces d’artillerie.


Fructidor, douzième et dernier mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14037, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Fructidor, douzième et dernier mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14037, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Les églises sont dépouillées de leur richesse mobilière. On s’abstient donc pendant de longues années d’effectuer des travaux de réparation et d’entretien. Les objets en métal précieux rejoignent la Monnaie.

Le 25 fructidor an IV[1],  Langlet (maire), Boudié et Letellier, les trois signataires du document, répondent à un questionnaire qui permet d’apprendre que :

  • l’inventaire de l’argenterie de l’église a été fait par le « citoyen Macquart » ;
  • celui-ci demeure à Saint-Jean-aux-Bois ;
  • ce dernier est nommé commissaire ;
  • les objets ont été conduits au commissaire des monnaies du district de Rethel ;
  • qu’ainsi il n’y a plus rien en argent dans l’église.

[1] Soit le 11 septembre 1796.


Brumaire, deuxième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14027, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Brumaire, deuxième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14027, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Durant toute cette période, des courriers confidentiels sont expédiés à l’administration centrale, de manière à rendre compte de l’état d’esprit de la population. Des idées radicales y sont exprimées par rapport aux nouvelles fêtes instaurées.

C’est ainsi que l’auteur d’une missive datée de l’an VII note que, selon ses observations, la religion catholique tient encore à La Romagne une place trop importante par rapport aux nouvelles fêtes. Il se fonde sur les points suivants :

  • les anciens jours de repos (en particulier les dimanches) sont plus respectés que les nouveaux ;
  • cela se manifeste par une population « vêtue de ses plus beaux atours » ;
  • la présence aux cérémonies du culte est manifeste ;
  • les habitants de La Romagne ne souhaitent pas garder les décades ;
  • les prêtres assermentés ne se montrent obéissants que de l’extérieur.

Floréal, huitième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14033, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Floréal, huitième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14033, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Pour contrer cela, il suggère de n’ouvrir les églises que les jours des décadis[1], afin que les cérémonies religieuses et décadaires se passent au même moment. Le but est de rendre le peuple docile, et les assemblées civiles plus brillantes.

Ces propos montrent bien que l’objectif des fêtes prévues par la Nation, qui est de rapprocher les êtres et de combattre l’intolérance, est loin d’être atteint[2].


[1] Le décadi est le dixième et dernier jour de la décade républicaine, chômé et correspondant en quelque sorte au dimanche.

[2] Archives départementales des Ardennes, L 1213 n° 493 [série L = administration et tribunaux de la période révolutionnaire (1790-1800), articles L 1168-1230 = affaires militaires, ponts et chaussées].


Nivôse, quatrième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14029, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Nivôse, quatrième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14029, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La période révolutionnaire marque une évolution des sociétés vers la laïcité, à travers la reconnaissance de la liberté de conscience[1], et la nationalisation des biens de l’Eglise. Bonaparte prépare un retour de la paix religieuse en accordant le 7 nivôse an VIII[2] la liberté de culte. Cette décision conforte la hiérarchie catholique dans son action de restauration de la foi.


[1] Reconnue dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

[2] Soit le 28 décembre 1799.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d'inventaire MV2573, Wicar Jean-Baptiste Joseph (1762-1834) (d'après), Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801, dessin à la pierre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 2573, Wicar Jean-Baptiste Joseph (1762-1834) (d’après), Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801, dessin à la pierre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Le Concordat signé le 15 juillet 1801 entre Bonaparte et le Pape Pie VII rétablit le culte et marque le retour du dimanche comme jour de repos légal.  Les églises peuvent être de nouveau ouvertes n’importe quel jour, et l’on revient au calendrier grégorien.

La religion catholique n’est plus religion d’Etat, mais celle de la majorité des Français. Les prêtres ont désormais pour fonction d’assurer la paix, la cohésion sociale, et le respect des lois. Ils sont rémunérés par l’Etat.


Archives nationales, document numérique, AE/II/1265, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l'Assemblée législative prescrivant aux directoires de départements de prononcer la déportation contre les ecclésiastiques insermentés, daté du 27 mai 1792 (an IV), texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, A//122 pièce 3.
Archives nationales, document numérique, AE/II/1265, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur ArchimDécret de l’Assemblée législative prescrivant aux directoires de départements de prononcer la déportation contre les ecclésiastiques insermentés, daté du 27 mai 1792 (an IV), texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de ParisA//122 pièce 3.

C’est aussi la fin de l’exil pour les prêtres réfractaires, émigrés ou réfugiés à l’étranger. Ils peuvent regagner leur pays, moyennant la signature des actes de soumission, et l’acceptation de la nouvelle organisation de l’Eglise.

Les nominations des curés des ans IX et X se font par entente entre le pouvoir civil et religieux. De plus, comme les ressources font défaut, on essaye de rapprocher le desservant de sa famille et de son pays natal[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 139 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Vendémiaire, premier mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14026, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Vendémiaire, premier mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14026, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Il faut une nouvelle fois se procurer à grands frais un mobilier nouveau, puisque l’ancien a disparu durant la Révolution. Il est d’autre part nécessaire de consolider et de conserver les bâtiments. Ce n’est que progressivement que les églises retrouvent la richesse artistique du passé.

Thermidor, onzième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14036, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Thermidor, onzième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14036, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Musée d'Orsay (Paris), numéro d'inventaire RF 469, Dagnan-Bouveret Pascal Adolphe Jean (1852-1929), Le Pain bénit, 1885, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).
Musée d’Orsay (Paris), numéro d’inventaire RF 469, Dagnan-Bouveret Pascal Adolphe Jean (1852-1929), Le Pain bénit, 1885, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

A La Romagne, la fabrique de l’église n’a que de très maigres revenus (issus des pains bénits et les quêtes). Les réparations du bâtiment sont donc difficilement envisageables. En 1803[1], l’église est encore dans un complet état de dénuement…


[1] Des visites canoniques enquêtent sur l’état des paroisses de 1803 à 1886 dans le diocèse de Metz, dont dépend à l’époque l’église de La Romagne.

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L’extérieur de l’église Saint-Jean à La Romagne


Mur ouest de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), correspondant à son portail d'entrée. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Mur ouest de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), correspondant à son portail d’entrée. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’église située au cœur du village est consacrée à saint Jean l’Evangéliste, alors que celle de Sery est dédiée à saint Jean le Baptiste. Sa fête est fixée par l’Eglise catholique au 27 décembre[1]. Il est un des douze apôtres du Christ et un des quatre annonciateurs de l’Évangile, avec Luc, Marc et Mathieu. Son symbole est l’aigle.


[1] Autour de cette période sont parfois célébrées la Saint-Jean d’hiver ou le solstice.


L'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) est actuellement bâtie en dur (moellons, calcaire, mortier, briques, ardoise, etc.). Contrefort nord-ouest. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) est actuellement bâtie en dur (moellons, calcaire, mortier, briques, ardoise, etc.). Contrefort nord-ouest. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La construction de l’église est organisée dès 1227 par Simon Pied de Loup pour faciliter la vie des habitants de La Romagne, qui doivent alors aller jusqu’à Rocquigny pour assister aux offices. Elle est très certainement en bois, comme toutes celles qui sont construites à cette époque.


Au Moyen Âge, les églises paroissiales se trouvent sous l’autorité d’un évêque ou d’un abbé[1], en qualité de fondateurs. Les prémontrés de Chaumont-Porcien et les cisterciens de Signy-l’Abbaye règnent sur les villages circonvoisins.

La rivalité des uns et des autres se manifeste par le nombre de paroisses à gouverner. Cette attitude explique le nombre considérable de lieux de culte construits dans les villes et les bourgades aux XIIe et XIIIe siècles.


[1] Supérieur ecclésiastique exerçant sa juridiction sur une abbaye ou un monastère régulier.


Meurtrière (probablement une arquebusière) de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), bouchée avec du mortier et des briques. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Meurtrière (probablement une arquebusière) de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), bouchée avec du mortier et des briques. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’actuelle église de La Romagne date probablement de la première moitié du XVIe siècle. Elle est fortifiée : la région est en butte aux guerres civiles et religieuses, de manière presque ininterrompue pendant quatre-vingt-dix-ans. La situation est telle que le village est incendié à plusieurs reprises.


Plan de masse cadastral de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Elle est construite, non en forme de croix latine, mais selon un rectangle. Ce plan basilical hérité des Romains a été repris dans la tradition champenoise. En effet, de nombreuses églises rurales sont bâties ainsi en Champagne, province qui recouvrait entre autres les départements actuels de la Marne et des Ardennes.


La visite paroissiale de 1774 permet de dire que le bâtiment se compose d’un sanctuaire de vingt-sept pieds de large sur quinze de long, et d’une nef de vingt-sept pieds sur trente-huit.


Maçonnerie en moellons de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Maçonnerie en moellons de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les quatre murs (d’au moins soixante-dix centimètres d’épaisseur) reposent sur un soubassement de pierres régulièrement taillées. Ils sont construits en moellons du pays, très durs et irrégulièrement disposés. Au contraire, d’autres églises assez voisines, telles celles de Fraillicourt ou de Rocquigny sont en brique (ce matériau est moins cher car de fabrication locale).


Contrefort (pilier de maçonnerie servant à consolider un mur) nord-est de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Contrefort (pilier de maçonnerie servant à consolider un mur) nord-est de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les murs sont soutenus par d’épais contreforts, montrant parfois des reprises à chaque angle, comme ceux du pignon est. Chaque paroi présente de petits décrochements, dont l’un correspond aux fenêtres hautes. Certaines parties doivent être enduites car, en 1745, il est conseillé, pour l’extérieur, de « refaire un crépy[1] qui paraît nécessaire pour conserver les matériaux[2] ».


[1] En orthographe moderne, lire crépi, à savoir une couche de mortier, de plâtre ou de ciment non lissée.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Porte basse en  arc surbaissé de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Porte basse en arc surbaissé de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A l’est, le pignon ou chevet se trouve percé dans le haut de quelques lucarnes d’observation (ou d’arquebusières). Les murs nord et sud laissent voir dans le bas des meurtrières. Il subsiste, sur le mur latéral gauche en partant du portail d’entrée, la trace d’une ancienne porte basse.

Elle pourrait avoir permis aux habitants de se réfugier dans cet édifice : le danger était fréquent en ces temps peu sûrs. Sa taille empêche les cavaliers ennemis de s’y introduire et de terroriser un peu plus la population.


L'église Saint-Jean à  La Romagne (Ardennes) est un ouvrage fortifié. La fente défensive permet de lancer des projectiles ou de tirer sur des assaillants. Cette meurtrière est aujourd'hui obturée à l'intérieur par du plexiglas. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) est un ouvrage fortifié. La fente défensive permet de lancer des projectiles ou de tirer sur des assaillants. Cette meurtrière est aujourd’hui obturée à l’intérieur par du plexiglas. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Terwel, envoyé par le roi pour enquêter sur l’état du royaume après la guerre de Trente Ans et la Fronde, signale qu’en 1657 l’église est dans une condition désastreuse. En 1665, l’église est toujours «  en très mauvais état tant pour les bâtiments que pour les ornements ». Elle ne retrouve un meilleur aspect que quelque trente ans après ce constat.


Des arquebusières (ouvertures d’une fortification destinées à des arquebuses) sont encore visibles sur le pignon est de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Elles peuvent servir également de lucarnes d'observation. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Des arquebusières (ouvertures d’une fortification destinées à des arquebuses) sont encore visibles sur le pignon est de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Elles peuvent servir également de lucarnes d’observation. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le pignon ouest qui sert de façade devait probablement être, lui aussi, percé d’ouvertures de surveillance. Les nombreux travaux de réfection entrepris à diverses époques ont vraisemblablement abouti à leur disparition.


Baie en arc brisé et ouverture plus ancienne en plein-cintre (demi-cercle parfait) de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), actuellement obturée. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baie en arc brisé et ouverture plus ancienne en plein-cintre (demi-cercle parfait) de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), actuellement obturée. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour les fenêtres les plus anciennes, il s’agit de simples ouvertures ménagées dans l’épaisseur de la maçonnerie. Jusqu’au XVIIIe siècle, elles sont sur chaque mur au nombre de trois et assez hautes, ce qui fait que l’église est non seulement peu lumineuse mais aussi humide. C’est pourquoi il est conseillé, lors de la visite de 1774, non seulement de les agrandir, mais aussi d’en percer une quatrième.


Durant la Révolution, il semblerait que les vitraux existants aient été brisés ou aient disparu : l’état des lieux fait pour la réouverture au culte souligne que « certaines fenêtres sont bouchées avec de la paille ». Les autorités ecclésiastiques du diocèse se plaignent de la situation piteuse dans lequel se trouvent les églises de l’arrondissement de Rethel.


En ce qui concerne La Romagne en 1807, l’édifice est considéré défavorablement « tant pour la couverture que pour les murs qui ont besoin d’être reconstruits car ils sont défectueux[1] ». Et pourtant, selon un arrêté du préfet du département des Ardennes le 3 août 1809, l’église est déclarée conforme  : les critères d’appréciation seraient-ils différents entre les autorités religieuses et civiles ?


[1] Archives départementales de la Moselle, centre de Saint-Julien-lès-Metz, 29J 363/365 [série J = archives privées, sous-série 29J = évêché de Metz (1093-1999), articles 29J 130-773 = diocèse depuis 1802, articles 29J 340-396 = contrôle épiscopal, an XIII-1925, articles 29J 355-385 = visites canoniques, enquêtes sur l’état des paroisses, 1803-1886, articles 29J 355-377 = ancien diocèse de Metz, 1803-1886]


Les réparations les plus urgentes ont été réalisées à partir de 1824 par la fabrique. Les autres se font aux dépens de la commune[1], si bien que, vers 1830, l’église retrouve une nouvelle fois un aspect extérieur correct. Cependant, le portail et les quatre piliers ont besoin de réfection, tout comme la toiture, qui est à remettre à neuf.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 64 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Or, en 1852, le conseil municipal constate que le devis des réparations à faire à l’église (sans que leur nature ne soit précisée) s’élève à plus de 4500 francs. Il en ressort que la commune aura les plus grandes difficultés pour y faire face[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 1 = registre du conseil municipal], délibération du 12 mai 1852.


Fenêtre en arc surbaissé de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Le moellon (pierre de construction dans les murs) est recouvert de mortier. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Fenêtre en arc surbaissé de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Le moellon (pierre de construction dans les murs) est recouvert de mortier. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le conseil d’arrondissement de Rethel, après avoir reçu des subventions pour la réparation des églises, marque son intérêt pour la conservation du patrimoine. Il souhaite que les réparations ne soient pas l’occasion de mutilations, et que les architectes conservent le caractère reçu des siècles qui les a érigées.

En outre il faut « empêcher les dilapidations des boiseries, des sculptures, la disparition des dalles tumulaires[1] par un changement du parage [2]». Il semble inutile de préciser que ce vœu n’est pas toujours respecté.


[1] Les dalles funéraires, ou tumulaires, sont les plaques mises en place au-dessus des sépultures. Elles sont souvent décorées de motifs gravés en creux. Ce terme a été très utilisé au Moyen Âge pour désigner les pierres tombales.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 124 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Baie en arc surbaissé (hauteur de flèche inférieure à celle du plein-cintre) de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Maçonnerie en moellons recouverts de mortier et entourés de briques. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baie en arc surbaissé (hauteur de flèche inférieure à celle du plein-cintre) de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Maçonnerie en moellons recouverts de mortier et entourés de briques. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’abbé Grégoire, curé de La Romagne, décrivant l’édifice en 1890, tient le propos suivant : « L’église est sans intérêt particulier, elle a un porche en brique et fenêtre de même. ».


Baie géminée (groupée deux par deux sans être en contact) en arc brisé de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baie géminée (groupée deux par deux sans être en contact) en arc brisé de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Une transformation tardive voit le jour avec le percement de baies (géminée sur le pignon est, simple au-dessus du portail ouest). Il n’est pas possible d’avancer une date précise pour ces travaux, en l’absence de documents primaires. Elle a eu lieu très certainement vers 1903 pour la première, si l’on se fie à la date du vitrail qui l’orne.


Portail en arc surbaissé de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), surmonté d'une fenêtre en arc brisé . Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Portail en arc surbaissé de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), surmonté d’une fenêtre en arc brisé . Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le portail d’entrée est modifié à de nombreuses reprises. Jules Carlier le décrit en 1913 comme « très sobre et surmonté d’arcs formés par des tores[1] qui reposent sur des colonnettes disposées en ébrasement ».

Il conserve également des vestiges « de crochets et de clochetons » qui ont désormais disparu. En 1890, le curé Grégoire, dépeint un petit portail triangulaire. Avant cette date, l’abbé Noiville, dans son désir d’embellir son église, a veillé à la réfection de celui-ci et à son rehaussement. De nos jours, il est d’une grande simplicité, sobrement surmonté d’une croix au-dessus de la baie.


[1] Moulure saillante demi-cylindrique entourant la base d’une colonne ou d’un pilier. Boudin est son synonyme.


Archives nationales, document numérique, AE/II/2991, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, A1610.
Archives nationales, document numérique, AE/II/2991, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de ParisA1610.

A partir de la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, le bâtiment est officiellement la propriété de la commune. En réalité, il l’est depuis la Révolution, mais celle-ci est en plus chargée de son entretien.

Désormais, le ministre du culte (ou curé) a l’autorité de police à l’intérieur de l’édifice religieux, tandis que le maire l’a dans tous les autres lieux de la commune. Tous deux sont détenteurs des clés du bâtiment.

Avant cette période, la clé de l’église était déposée entre les mains du curé et, en principe, le maire n’avait le droit qu’à une clé du clocher (pour ce qui regardait la vie journalière des habitants). Si l’accès à ce dernier n’était pas indépendant de l’entrée de l’église, une clé de celle-ci devait être en théorie remise au maire[1]. Il arrivait qu’elle ne le fût pas, d’où, parfois, quelques petits incidents…


[1] Loi du 5 avril 1884 relatif à l’organisation municipale, article 101.


En 1907, les curés des différentes paroisses des Ardennes doivent se rendre auprès des maires des villes ou villages où ils exercent leur ministère, afin de demander la location des églises pour dix-huit ans (la plupart d’entre elles étant devenues depuis la Révolution des biens communaux).

Cette demande est assortie d’une condition que les maires ne peuvent refuser : ils doivent accepter, sans opposition possible, les différents locataires qu’il plait à l’évêque d’y nommer. Ainsi, cette clause permet, malgré la loi, d’avoir une reconnaissance de la hiérarchie ecclésiastique.


Quelques arrêts du Conseil d’Etat (en particulier celui du 11 juin 1913) permettent aux communes d’engager les dépenses nécessaires pour l’entretien et la conservation des édifices du culte dont la propriété leur est attribuée. L’église de La Romagne relève donc désormais du conseil municipal.  Ce dernier est autorisé à restaurer les objets mobiliers en usage qui sont déclarés « propriété communale » et qui figurent dans un inventaire.


L’église ne subit pas de dégâts extérieurs en 1914-1918 : elle n’est pas incendiée. Ce n’est pas le cas durant la Seconde Guerre mondiale. Le 15 mai 1940, une bombe tombe sur une partie de la sacristie et du mur sud, provoquant la mort de deux habitants et d’importants dégâts : la toiture et la charpente sont éventrées.

Une partie du toit menace de s’effondrer. Pour pallier des risques plus importants, deux Romanais (madame Devie-Richard et monsieur Achille Cotte) font chacun don d’un arbre de taille imposante, afin de consolider la charpente.


C’est le charpentier du village[1] qui est chargé de tailler à l’herminette ces poutres avant de les mettre en place. Dès 1942, quelques travaux de couverture sont entrepris. Ils ne représentent qu’un petit pourcentage de ce qui doit être fait lors du retour de la paix pour que l’église retrouve son rôle.

Outre la charpente et la toiture, il faut refaire des parties de maçonnerie. Dans l’état où se trouve l’église, il n’est plus possible de célébrer le culte. Celui-ci le sera pour un certain temps dans un bâtiment situé dans la cour de la famille Druart.


[1] Vital Bonhomme.


Le mardi 14 septembre 1948, une cérémonie solennelle est célébrée pour la réouverture au culte de cet édifice.  Au cours de cette dernière, trois statues (celles de saint Jean l’Evangéliste, du Sacré- Cœur, de Marie Immaculée) et le chemin de croix sont bénits.

Une assemblée nombreuse venue des trois annexes (Draize, Givron et Montmeillant) se recueille durant la messe, au cours de laquelle on célèbre la confirmation de trente enfants. Cette cérémonie s’achève au monument aux morts par une prière et un chant[1].

[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7), Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867)-89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, numéro du 28 septembre 1948.



La sacristie, salle attenante à l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), est affectée au rangement des objets nécessaires au culte. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La sacristie, salle attenante à l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), est affectée au rangement des objets nécessaires au culte. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La sacristie est un bâtiment qui dépend, tant pour sa construction que pour son entretien, de la fabrique. Jusqu’en 1710, on ne trouve aucune allusion à ce lieu. Trente-cinq ans plus tard, on apprend que celle qui existe est « trop étroite et malpropre ».

Un projet de reconstruction est établi, ainsi qu’un devis pour sa réalisation. Les deniers proviennent de la fabrique, qui vend des arbres lui appartenant, le long du cimetière. La visite de 1774 atteste qu’une sacristie se distingue de l’église.


Une nouvelle fois visitée en 1783, la sacristie apparaît comme suffisamment grande, mais elle n’est pas notée comme saine. Pour cela, il conviendrait qu’elle fût « planchée et boisée pour la rendre moins humide[1]. Par ce moyen, « les ornements qui sont décents ne se terniraient pas si vite[2] ». Elle renferme « le nécessaire pour le service divin et les linges sont bien tenus ».

Ces remarques montrent combien la situation s’est améliorée depuis que le curé Dehaulme a essayé de redonner , un siècle auparavant, un peu de lustre à son église.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)]

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 23 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


En 1838, le mauvais état de la sacristie est une nouvelle fois signalé. En 1890, le curé Grégoire, qui répond au questionnaire concernant le pouillé[1] constitué par monseigneur Pierre-Louis Péchenard, porte le jugement suivant :

« La sacristie tombe en ruine, tout y est pauvre et en mauvais état, on parle d’une reconstruction prochaine et monsieur le curé s’occupe activement du mobilier ».

Réponse du curé Grégoire aux questions de monseigneur Pierre-Louis Péchenard.

[1] Relevé des biens et bénéfices d’une abbaye, d’un diocèse, d’une province.


La nouvelle est bâtie en brique. L’un des murs est percé d’une fenêtre assez large, qui laisse pénétrer la lumière. Elle est lourdement touchée lors du bombardement de mai 1940. Comme le reste de l’édifice, elle ne sera définitivement réparée qu’après la fin de la guerre.


A plusieurs reprises, il apparaît qu’il n’y a pas de clocher sur l’église. Comme l’indique l’enquête de 1774, « Il n’y a qu’une grosse cloche mauvaise ». En 1807, la cloche de l’église de La Romagne est estimée convenable[1], quoique d’une sonorité de piètre qualité. Le village, durant la Révolution, a dû échapper à la réquisition de celle-ci. Ou elle a pu être remplacée…


[1] Archives départementales de la Moselle, centre de Saint-Julien-lès-Metz, 29J 370 [série J = archives privées, sous-série 29J = évêché de Metz (1093-1999), articles 29J 130-773 = diocèse depuis 1802, articles 29J 340-396 = contrôle épiscopal, an XIII-1925, articles 29J 355-385 = visites canoniques, enquêtes sur l’état des paroisses, 1803-1886, articles 29J 355-377 = ancien diocèse de Metz, 1803-1886].


En 1832, l’église est dotée d’une nouvelle  cloche, dont le diamètre est de quatre-vingt-sept décimètres. Elle est fabriquée par Antoine et Loiseau, des fondeurs de Robécourt dans les Vosges. On en retrouve de nombreuses consœurs dans l’arrondissement de Rethel, et en particulier dans le canton de Château-Porcien.


Tombe de membres de la famille Merlin au cimetière de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tombe de membres de la famille Merlin au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Elle est bénite lors de son baptême par le curé de la paroisse, l’abbé Morin, et reçoit le nom de Marie – Françoise – Prudence, en l’honneur de sa marraine Marie Françoise Merlin. Cette dernière est la femme du maire de l’époque, François Merlin. Ce dernier est le parrain de la cloche de l’église[1]. Elle est décorée d’un Christ en croix et de la Vierge Marie, avec une course de fleurs et de feuillage.


[1] Pouillé (registre ecclésiastique) 1874/1894 du diocèse de Reims établi par monseigneur Pierre Louis Péchenard.


Le sous-sol des Ardennes alterne les bancs de grès et de schiste (dont fait partie l'ardoise). Par l'utilisation de ce matériau, l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) relève de l'architecture vernaculaire (propre à un pays, à un terroir, à une aire donnée). Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le sous-sol des Ardennes alterne les bancs de grès et de schiste (dont fait partie l’ardoise). Par l’utilisation de ce matériau, l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) relève de l’architecture vernaculaire (propre à un pays, à un terroir, à une aire donnée). Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1848, l’église est dotée d’un clocher de forme carrée. Il est totalement recouvert d’ardoise avec deux faces présentant des abat-son, dont le rôle est à la fois de ventiler les charpentes mais aussi de rabattre le son vers le sol. Il est également surmonté d’un lanternon à dôme polygonal.


Quatre pièces de bois équarries de grandes dimensions soutiennent le clocher de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Quatre pièces de bois équarries de grandes dimensions soutiennent le clocher de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le poids de ce clocher est important et nécessite l’installation de quatre poutres intérieures, à l’instar de Saint-Nicaise à Montmeillant. Cette construction est due à l’action conjointe de la commune et de l’abbé Noiville.


Pour pouvoir réaliser une partie de ces travaux, il réunit une somme de quasiment 5 000 francs, offerte par de généreux donateurs pour mener à bien ce projet. Mais sa gestion « fantaisiste » des comptes le met dans une situation délicate vis-à-vis de la municipalité.

Il se soustrait aux demandes réitérées de celle-ci de produire les comptes. Il n’hésite pas à ne pas se présenter aux rendez-vous qui lui sont donnés. Voire, quand il finit par s’y rendre, à se sauver dès que des demandes d’explication lui sont faites[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 1 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération du 30 avril 1884.


Cependant, dès 1850, des réparations sont  menées pour ce clocher. Elles nécessitent l’intervention de deux artisans : Alloy Bosserelle et Alexandre Richard (maréchal-ferrant).


En 1905, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat fixe la possibilité d’utiliser les cloches. Elles font certes partie de l’édifice cultuel, mais peuvent être tintées pour des sonneries civiles en cas de péril commun (alerte, catastrophe naturelle, incendie, mobilisation générale, telle celle qui a eu lieu lors de la Première Guerre mondiale). Elles sonnent alors le tocsin…


Ces cloches annoncent aussi la messe, les vêpres, les mariages et les baptêmes avec des sonneries joyeuses. Elles marquent les enterrements par la tristesse du glas[1]. A l’occasion de la Semaine Sainte qui précède le dimanche de Pâques, elles restent silencieuses du jeudi au samedi, et sont remplacées parfois par des crécelles. Elles sonnent en revanche à toute volée le dimanche de Pâques, pour annoncer la Résurrection.


[1] Tintement d’une cloche d’église pour annoncer l’agonie, la mort ou les obsèques de quelqu’un.


A son tour, cette cloche est remplacée après la Première Guerre mondiale par une autre, dont le décor de feuillage n’est pas sans rappeler le précédent, et qui porte le nom de Marquigny. On trouve la nécessité d’une nouvelle cloche dans les délibérations du conseil municipal pour l’année 1920. Or, les enquêtes lancées par l’archevêché juste après la fin de la guerre ne font aucunement allusion au mauvais état de la cloche. Il semble exister encore sur ce point-là une divergence d’avis…


Lors de la séance du conseil municipal du 26 décembre 1950, la commune se dote d’un sonneur communal. En 1989, la cloche est électrifiée, de manière à sonner l’angélus[1]. Cette décision fait regretter à des générations d’enfants le moment où, échappant momentanément à la surveillance de leurs parents, ils se suspendaient à la corde dans l’espoir de s’envoler à quelques mètres du sol.


[1] Prière latine qui commence par le mot angelus et se récite matin, midi et soir.


Le coq sur le clocher de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) signifie la lumière et la résurrection. Prise de vue effectuée le samedi 2 septembre 2017, photographie en couleurs, (collection privée, avec l’aimable autorisation de son auteure, madame Odette Corneille).
Le coq sur le clocher de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) signifie la lumière et la résurrection. Prise de vue effectuée le samedi 2 septembre 2017, photographie en couleurs, (collection privée, avec l’aimable autorisation de son auteure, madame Odette Corneille).

Depuis sa création, ce clocher fait régulièrement l’objet de campagnes de restauration. L’une des dernières remonte aux années 1990, à la suite de la chute de la foudre. Il est surmonté d’un coq faisant office de girouette. Sa symbolique est multiple entre l’annonce du jour, le zèle pour le service de Dieu[1] ou l’emblème du Christ protecteur. Le nouveau coq installé au sommet du clocher en janvier 2007 veille désormais sur le village…


[1] Il est une allusion au reniement de saint Pierre et à la parole du Christ : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois ».

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L’intérieur de l’église Saint-Jean à La Romagne


Vitrail représentant Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un cerf avec la croix du Christ entre les bois. Il est notamment le patron des chasseurs et des Ardennes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un cerf avec la croix du Christ entre les bois. Il est notamment le patron des chasseurs et des Ardennes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’église de La Romagne est divisée en deux parties : le sanctuaire et la nef. Le premier est délimité par une élévation de la hauteur d’une marche, une balustrade faisant office de banc de communion, le maître-autel dans l’axe du portail d’entrée.

Jusqu’en 1710, le sanctuaire est entretenu par les gros décimateurs que sont les abbés successifs de l’abbaye de Chaumont-Porcien. Après cette date, les grosses dîmes sont abandonnées au curé.


Détail du vitrail représentant Joseph à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le reste de l’espace est occupé par une nef dépourvue de bas-côtés. Elle n’est pas couverte de voûtes mais d’une charpente, formée de poutres horizontales, qui prennent appui dans les murs juste au-dessus des fenêtres hautes. Son entretien incombe à la fabrique.

Détail du vitrail représentant Joseph à l'église Saint-Jean, dédié aux familles Devie-Richard et Legros-Devie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean, dédié aux familles Devie-Richard et Legros-Devie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Par trois fois au moins, l’intérieur de l’église est détruit : tout d’abord à la suite de la guerre de Trente Ans et de la Fronde, puis à la Révolution, et enfin lors de la Seconde Guerre mondiale.

Meurtrière (obturée par un plexiglas) à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Meurtrière (obturée par un plexiglas) sur le mur sud de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).
Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).

En 1659, lors d’une visite, le bilan suivant est dressé : l’église est en ruines tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et on ne peut y officier[1]. Du reste, le curé a parfois célébré la messe dans son bûcher, n’ayant aucun autre lieu pour le faire. Cette situation reste encore valable en 1663.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Certains meubles de sacristie, appelés chasubliers, permettent de ranger à plat les vêtements liturgiques, pour éviter les faux-plis. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Certains meubles de sacristie, appelés chasubliers, permettent de ranger à plat les vêtements liturgiques, pour éviter les faux-plis. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

De plus, il ne reste plus que quelques objets sacrés, dont un ciboire en cuivre et un soleil en fer blanc. Il n’y a plus de linge, et si peu d’ornements que le curé ne dispose pas des chasubles aux couleurs des différents temps liturgiques[1].


[1] Chez les catholiques, le violet est associé à l’Avent et au Carême, le blanc à Noël et à Pâques, le rouge à la Pentecôte et le vert au temps ordinaire. Le noir est réservé aux offices funèbres.


Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).
Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).

Touchés par tant de misère, et avec la volonté que les paroissiens retrouvent leur église, les délégués de l’archevêque parlent de saisir les décimateurs[1]. Ils souhaitent les contraindre à exécuter des travaux, alors que ces derniers ont connu beaucoup de vicissitudes avec l’incendie et la reconstruction de leur abbaye à Remaucourt.

Lors des tournées suivantes, qui se succèdent tous les deux ou trois ans environ, la paroisse est visitée par monseigneur Le Tellier en personne, ou par ses émissaires.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Statue au-dessus de l'autel de l'église Saint-Jean représentant l'eucharistie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statue au-dessus de l’autel de l’église Saint-Jean représentant l’eucharistie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Quelques petites améliorations voient le jour à partir de 1671, mais des manquements sont soulignés, comme le ciboire en cuivre[1], ou le tabernacle posé sur l’autel. Or, il devrait être surélevé et fixé à demeure, selon une tradition établie au XVIe siècle.

Il renferme en effet les hosties consacrées et non consommées, ce qui permet de donner la communion à des fidèles en dehors de la messe, ou le viatique aux mourants.

L’autorité ecclésiastique juge que « les ornements sont malpropres » et constate que « les fonts ne ferment pas à clé », si bien qu’il est donné ordre aux paroissiens de remettre l’église en état[2].

Lors de cette visite, une chasuble (le vêtement doit être en accord avec la solennité de la célébration) et une bourse garnie sont offertes au curé.


[1] Le métal n’est pas assez noble.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).
Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).

Il faudra environ une trentaine d’années pour que l’église retrouve un meilleur aspect. Ce qui en dit long sur la pauvreté du village, consécutive aux guerres qui ont ruiné la région.


Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).
Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).

En 1699, grâce au mémoire dressé par le curé Dehaulme (prêtre de la paroisse entre 1688 et 1710), on peut constater les améliorations apportées pour la célébration du culte : il a acheté une nappe d’autel, une burette[1] d’airain dotée d’un couvercle en fer-blanc.

D’autre part, il a fait réparer le tabernacle, s’est procuré quatre porte-cierge de bois et leurs lampions auprès d’un tourneur résidant au Fréty, et quatre grands chandeliers auprès d’un menuisier.


[1] Vase contenant le vin ou l’eau qui servent à la messe.


Chasuble romaine blanche en soie  damassée de croix (XIXe siècle).
Chasuble romaine blanche en soie damassée de croix (XIXe siècle).

Il a fait confectionner un grand surplis et de plus petits pour les enfants de chœur, et orner d’un galon le pavillon du ciboire. Il a acheté des corporaux, un devant d’autel, un ciboire et un soleil d’argent[1].

Tout en exerçant son ministère, il se rend à Charleville ou à Rethel pour des achats, ou pour confier des travaux à des religieuses expertes en broderie et en couture, voire pour faire appel à des artisans locaux.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 23 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)]. Voir aussi Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Cependant, il n’y a toujours pas de bougie allumée devant le Saint Sacrement, en dehors du moment de la messe et des jours de fête. Cela représente une dépense importante, à laquelle la paroisse ne peut pas faire face. La pauvreté du lieu ne permet pas de respecter les règles qui stipulent qu’il faut

« prendre garde que la lampe brûle jour et nuit devant le Très Saint Sacrement  soit par l’application de fonds de la fabrique soit par la contribution volontaire des habitants ».

Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.

Détail du luminaire (dans le vocabulaire liturgique, éclairage et la décoration lumineuse) sur l'autel de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du luminaire (dans le vocabulaire liturgique, éclairage et décoration lumineuse) sur l’autel de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Cette lumière est un hommage rendu à Dieu, et la liturgie fixe avec précision l’abondance du luminaire en fonction de la célébration. S’il y a un manquement en raison de la faiblesse des revenus, à aucun moment, un quelconque reproche n’apparaît pour ce fait lors des visites du doyen ou du vicaire, tous deux au courant de la situation paroissiale.


En 1710, lors d’une visite, l’église est décrite comme « assez belle si elle était mieux entretenue et mieux ornée ». Il est estimé qu’elle devrait l’être puisqu’il y a quelques revenus. Cette remarque, qui semble concerner l’intérieur, montre que des changements sont intervenus. Il faut cependant attendre une trentaine d’années pour avoir une description plus détaillée :

« Le sanctuaire ainsi que le chœur et la nef sont très propres, plafonnés et lambrissés. »

Visite de la paroisse de La Romagne en 1745.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3438, anonyme flamand, anciennement attribué à Crayer (de), Gaspard, Allégorie du traité de Nimègue, 10 août 1678, huile sur toile, après 1678, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3438, anonyme flamand, anciennement attribué à Crayer (de), Gaspard, Allégorie du traité de Nimègue, 10 août 1678, huile sur toile, après 1678, notice descriptive consultable en ligne.

Ces améliorations sont certainement dues à une période durant laquelle la guerre s’est éloignée de cet endroit, mais aussi à un accroissement de la population[1], et donc des revenus.


[1] L’église semble toujours assez grande pour accueillir tous les paroissiens.


En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.
En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.

Elle renferme un seul autel : le maître-autel avec « un tabernacle de bois peint, orné de filets d’or et garni en dedans ». L’église est pourvue d’un ciboire en argent doré en dedans et d’un soleil[1], d’une petite boîte en argent pour porter le saint viatique, d’un calice et d’une patène.


[1] Probablement celui qui a été acheté par le curé Dehaulme.


Statue de Jean le Baptiste à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statue de Jean le Baptiste à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les vaisseaux des saintes huiles[1] sont en étain mais mal entretenus[2].  En 1783, l’église est toujours suffisamment grande[3] et assez belle. Il serait simplement nécessaire de réparer le bas des murs et de les reblanchir. La présence d’un nouveau mobilier est relevée, avec un confessionnal[4], tandis qu’il est noté que « les fonts baptismaux sont en règle et fermés ».


[1] Qui servent aux onctions lors de certains sacrements.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].

[3] Par rapport à la population, qui a augmenté.

[4] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


La Révolution provoque de grands changements : l’église voit la mise aux enchères de son patrimoine mobilier et immobilier, dans le cadre de la vente des biens nationaux. Toutes les terres que possède la cure, et qui assurent un revenu supplémentaire au prêtre de la paroisse, sont vendues en grande partie aux habitants : Pierre Mauroy, Hubert Laroche, François Arbonville[1], etc.


[1] Orthographié Harbonville sur certains documents.


Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d'inventaire INV 3702 [MR 1436], atelier de Jacques-Louis David, Portrait de Pie VII, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire INV 3702 [MR 1436], atelier de Jacques-Louis David, Portrait de Pie VII, notice descriptive consultable en ligne.

Après cette période de troubles, le Consulat, l’Empire puis la Restauration redonnent à l’église la place qu’elle occupait dans la vie de la communauté villageoise. Cette nouvelle situation est facilitée par le Concordat[1] conclu en 1801 par le gouvernement de Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII.


[1] Dénommé aussi régime concordataire français.


Piscine de l'église Saint-Jean. Cette cuve reçoit l'eau de purification des objets sacrés et celle qui a servi aux baptêmes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Piscine de l’église Saint-Jean. Cette cuve reçoit l’eau de purification des objets sacrés et celle qui a servi aux baptêmes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir de l’année 1827, l’église est rénovée et ornée. Dix ans plus tard se pose à nouveau la nécessité de fermer les fonts baptismaux et de rétablir une piscine. Cela prend un peu de temps avant que celle-ci soit de nouveau présente. Un bénitier est installé. Un confessionnal se trouve en 1831 dans l’enceinte des fonts baptismaux[1], mais il n’y reste pas.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 66 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Statuette polychrome d'Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statuette polychrome d’Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En revanche, à partir de cette époque, un changement important est à noter. Jusqu’à présent, il n’y avait qu’un seul autel : le maître-autel. Désormais, il y en a trois autres consacrés respectivement à la Vierge Marie, à saint Jean l’Evangéliste[1], et à saint Hubert[2].


[1] Saint Jean est dédicataire de l’église.

[2] Saint Hubert est le patron des chasseurs et des forestiers.


Détail des marches de l'autel à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail des marches de l’autel à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Vers 1890, une courte description permet de dire que l’autel est en bois à deux colonnes ioniques, avec un retable appliqué au mur plat du fond. Les marches ainsi que le pavé du sanctuaire sont en marbre. Le reste du pavé est en brique.


Portail de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Portail de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Tout est fort pauvre et paraît dégradé[1]. L’Etat, la municipalité et des particuliers permettent par des subventions et des dons de réagir. Une nouvelle réfection est entreprise, avec l’exhaussement de la porte d’entrée, le remplacement d’une partie des poutrelles de charpente[2], la réfection des enduits des fenêtres et des murs[3].


[1] Selon le pouillé (registre ecclésiastique) du diocèse de Reims 1874/1894 établi par monseigneur Péchenard

[2] Pour la consolider.

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


La loi de séparation des Eglises et de l’Etat instaure les inventaires des biens ecclésiastiques, qu’ils relèvent du patrimoine mobilier ou immobilier. Ceux-ci doivent être réalisés dès le début de l’année 1906.

Comme il est impossible de retrouver le moindre document concernant celui de l’église de La Romagne, on ne peut qu’interpréter la presse locale ancienne. Le petit Ardennais en particulier signale chaque fois qu’ils se produisent les incidents occasionnés par ces inventaires.

Rien n’étant dit concernant cette commune, il est probable qu’en dehors peut-être d’une réprobation passive, souvent signalée, les opérations se sont déroulées assez paisiblement.


Celles qui ont eu lieu à Saint-Jean-aux-Bois[1] semblent en revanche avoir été plus problématiques. A la date prévue pour l’inspection de l’église, le maire se trouve dans l’impossibilité d’y entrer, alors qu’il doit, sur la demande du préfet, assister à son inventaire.

La porte, close de l’intérieur, reste hermétiquement fermée, en dépit des sommations de l’édile et de celles des gendarmes présents pour cette opération. Des chuchotements se font néanmoins entendre. Le curé s’est enfermé en compagnie de quelques paroissiens.

L’inventaire est réalisé par la suite. A la date du 6 avril, plus aucun n’est à faire dans tout le département.


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 53, « Saint-Jean-aux-Bois – L’inventaire » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien, Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-septième année, n° 8939, vendredi 2 mars 1906, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Vitrail de Joseph à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un bâton fleuri d'un lys. Il est notamment le patron des charpentiers et des travailleurs. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un bâton fleuri d’un lys. Il est notamment le patron des charpentiers et des travailleurs. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Désormais, le conseil municipal peut voter des crédits pour l’acquisition de nouveaux objets, de linge et d’ornements. Il commande en 1929 la « réfection de certains éléments du beffroi et la confection d’agenouilloirs[1] » à Vital Bonhomme, charpentier à la Romagne, tout en envisageant de substituer aux bancs manquants des chaises [2]. C’est cet aspect que garde la nef, depuis de nombreuses années.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération du 11 novembre 1929

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération des 30 juin et 9 août 1929.


L'abbé Régnier est le donateur des fonts baptismaux de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’abbé Régnier est le donateur des fonts baptismaux de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un peu auparavant, l’abbé Régnier, qui avait officié durant de longues années dans le village, et qui avait vécu avec ses paroissiens les affres de la Première Guerre mondiale, avait offert, par testament, de nouveaux fonts baptismaux, afin d’embellir cette église. Une plaque témoigne de sa générosité.


Fonts baptismaux de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Fonts baptismaux de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1937, l’église est entièrement refaite à neuf. Mais les Romanais n’en profitent pas longtemps. Après les destructions liées au bombardement de 1940 et aux pillages qui ont eu lieu, les pertes sont considérables : la chaire en bois, les bancs et les chaises, les vases sacrés, l’orfèvrerie[1], le reliquaire, le chemin de croix, les ornements, les garnitures d’autel  et même l’harmonium sont manquants.

Tout a disparu ! A la fin de la guerre, le délabrement de l’église est tel que celle-ci n’est rendue au culte qu’en 1948, après décision du maire, monsieur Cugnart.


[1] Ciboire, ostensoir, custode, encensoir, etc.


Détail de l'autel représentant une pomme de pin (symbole d'immortalité) à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant une pomme de pin (symbole d’immortalité) à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dès le retour de la paix et l’attribution de crédits, d’importants travaux de réfection sont entrepris sous la direction des architectes rethélois Gillet et Demoulin. Il faut tout d’abord refaire : la toiture du côté de la sacristie, cette dernière, une partie de la charpente et des soubassements extérieurs. Il est nécessaire aussi de consolider les croisées[1].


[1] Ouvertures laissées dans les murs des bâtiments, pour donner du jour au dedans.


Détail de l'autel représentant un motif floral de vigne à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant un motif floral de vigne à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Mais il faut aussi redonner un lustre intérieur à cette église, pillée à plusieurs reprises, et donc démunie de tout. L’autel, en pierre de Savonnières (un calcaire oolithique et coquillier), et dont la frise de feuilles de vigne ornée de grappes rappelle la transsubstantiation[1], est réparé. Il repose sur quatre colonnettes. L’antependium, à décor en demi-relief, évoque les pèlerins d’Emmaüs.

Détail de l'autel représentant les pèlerins d'Emmaüs à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant les pèlerins d’Emmaüs à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On peut probablement l’attribuer au sculpteur Adolphe Masselot de Lomme (Nord). C’est son atelier qui a exécuté les réparations et fait le nouveau banc de communion en pierre, afin de remplacer l’ancien en bois qui avait disparu. Ce sculpteur a beaucoup œuvré pour les églises des Ardennes.


[1] Chez les catholiques, transformation du vin en sang du Christ.


Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).
Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).

Le chœur est décoré entièrement avec le rechampissage de deux niches ogivales, le tracé et la confection de quatre pilastres et de quatre chapiteaux ornementés, le tracé d’une draperie sur les murs de la nef.


Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix réalisée par Robert Wattiez pour l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix, réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

L’ensemble de cette décoration a nécessité quelque deux cent cinquante heures de travail. Un nouveau chemin de croix en peinture laquée sous glace, avec encadrement de bois, orne les murs latéraux. Il a été exécuté par Robert Wattiez, artisan de Reims, entre le 15 novembre 1947 et le 15 mars 1948.

Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Des troncs rénovés remplacent ceux qui avaient disparu. La nef est remeublée avec des sièges et des prie-Dieu qui proviennent d’une entreprise locale située à Sapogne-Feuchères, ou d’artisans des environs (de Rocquigny par exemple).


Rosace représentant le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à l'église Saint-Jean.  Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Rosace représentant le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il faut encore s’occuper des vitraux qui ont été endommagés : ceux qui se trouvent dans la baie double du chœur, et les trois situés dans la nef gauche. La maison Le Troyer de Reims est chargée de leur réfection. On ne sait rien à propos de ceux qui ont pu orner autrefois l’église, si ce n’est que l’installation des actuels est postérieure au milieu du XXe siècle.


Ceux de la baie géminée[1], qui représentent l’apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous à Lourdes datent de 1903. Ils proviennent de l’atelier rémois Vermonet et marquent une dévotion mariale toute particulière.

Vitrail représentant Eloi de Noyon à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs l'enclume au pied de la crosse. Il est le patron des orfèvres, des palefreniers et des maréchaux-ferrants. Il est aussi vénéré par les laboureurs et les gens de la terre. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Eloi de Noyon à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs l’enclume au pied de la crosse. Il est le patron des orfèvres, des palefreniers et des maréchaux-ferrants. Il est aussi vénéré par les laboureurs et les gens de la terre. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Celui de saint Eloi date de 1963 et provient d’un atelier situé à Heitz-le-Maurupt. Le peintre-verrier est Roger Mauret. Ceux de saint Hubert, saint Joseph, sainte Thérèse ne sont ni datés ni attribués mais sont de même facture.


[1] Composée de deux lancettes et d’un ajour.


Vitrail de Thérèse de Lisieux à l'église Saint-Jean. La sainte a pour attributs une croix entourée de roses, et porte un habit de carmélite. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l’église Saint-Jean. La sainte a pour attributs une croix entourée de roses, et porte un habit de carmélite. Ele est notamment la patronne des missions. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dans un large médaillon central aux couleurs assez vives, le saint est représenté avec ses attributs : les gerbes de blé[1] pour saint Eloi, la croix entre les bois du cerf pour saint Hubert, le bâton fleuri d’un lys et la barbe[2] pour saint Joseph, un habit de carmélite et une croix entourée de roses pour sainte Thérèse[3].


[1] Symbole de la terre mais surtout du pain eucharistique.

[2] Signe de maturité et de sagesse.

[3] De Lisieux.


Détail du vitrail représentant Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Son nom est inscrit sur le nimbe[1]. Chaque saint est entouré de motifs géométriques et floraux, qui varient par le jeu des couleurs sur un fond de grisaille assez monotone. Par contraste avec ceux de la baie du chevet, ces vitraux ont été offerts par des familles de La Romagne, ou dédiés à ces dernières.

Détail du vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l'église Saint-Jean, dédié à la famille Devie-Patoureaux. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l’église Saint-Jean, dédié à la famille Devie-Patoureaux. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En témoigne le cartouche de chacun d’eux. Il s’agit des divers Devie qui vivaient dans le village (Devie-Patoureaux, Devie-Richard, Devie-Vadez[2], Legros-Devie). Les autres baies sont obturées, faute de moyens et de mécénat, par du verre cathédrale sans décor peint.


[1] Cercle de lumière que les artistes mettent autour de la tête des saints.

[2] Correspondant actuellement à la branche Devie-Bertrand.


Progressivement, le patrimoine ecclésiastique est mieux protégé. Des indemnités pour le gardiennage des églises communales sont prévues. Conformément à la circulaire relative à celui-ci, l’abbé Godart est chargé de cette mission.


Depuis le départ du dernier desservant de la paroisse, les messes sont devenues de plus en plus rares. Néanmoins, la municipalité et les habitants sont attachés à leur église. Des travaux de réfection sont en cours, comme ceux des murs latéraux intérieurs. Ils remettront à nu les pierres dures les constituant, dans le respect de l’architecture paysanne et de la tradition champenoise…

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Cimetière et inhumations à La Romagne


Vue extérieure de l'église Saint-Jean, prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vue extérieure de l’église Saint-Jean, prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour le catholicisme, les morts, avant le jugement dernier, sont dans un état transitoire ou état de sommeil[1]. C’est en fonction de ce principe que le christianisme a introduit une révolution dans l’aménagement de l’espace funéraire par rapport à la tradition latine : il a voulu que le cimetière soit autour de l’église pour bien montrer les liens qui unissent les vivants et les morts. Celui de La Romagne ne déroge pas à cette tradition.

Le clocher sonnait le glas pour signaler à la communauté villageoise le décès de l'un de ses membres, prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le clocher sonnait le glas pour signaler à la communauté villageoise le décès de l’un de ses membres, prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La fondation du cimetière est contemporaine de la fondation de l’église et, pour les inhumations antérieures à cette date, la question se pose de savoir si elles avaient lieu à Rocquigny.

Traditionnellement, le cimetière doit être clos. En général, il est entouré de haies vives, ce qui fait que sa clôture doit être replantée périodiquement. Lors des visites de paroisses, c’est un des points sur lequel le visiteur porte une attention toute particulière.


[1] Le bas-latin cimiterium dérivé du latin classique coemeterium, désigne un lieu pour dormir, un dortoir.


La tradition d'entourer le cimetière de haies vives perdure, prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La tradition d’entourer le cimetière de haies vives perdure, prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après les affres de la guerre de Trente ans (1618-1648) et de la Fronde (1648-1653), celui de la paroisse est encore tout ouvert en 1665, et même postérieurement. La situation s’améliore à partir du début du siècle suivant puisque, lors d’une autre visite, il est dit « qu’il est entouré de toutes parts de hayes vives ». Ces dernières ont dû se détériorer au cours du siècle car, en 1774, le curé signale qu’il y a « quelques hayes vives à l’entour, ce qui ne suffit pas pour le bien fermer ». Une dizaine d’années plus tard, la situation perdure et n’a pas évolué.

Les haies protègent hermétiquement le cimetière, prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les haies protègent hermétiquement le cimetière, prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.