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La Romagne de la guerre à la paix : une analyse comparative des recensements de 1918 et de 1921


Selon l’INSEE[1], « Le recensement de la population a pour vocation principale de mesurer le nombre d’habitants sur un territoire et d’en connaître les caractéristiques socio-démographiques[2]. »


[1] Institut national de la statistique et des études économiques.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, LNUM-33964, Chevalier, Pascale ; Seguin, Sébastien, « Retour sur deux siècles de recensements de la population », in Faits et chiffres (INSEE Pays de la Loire), n° 424, octobre 2011, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur le site de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et sur Gallica.


De tels dénombrements remontent à l’Antiquité. L’un des plus connus est celui de l’empereur Auguste[1], lors duquel Joseph et Marie doivent être répertoriés à Bethléem.


[1] Contrairement aux affirmations de l’évangéliste dans Luc, II,1-5, le recensement de Quirinius en Judée et en Syrie ne serait pas la version régionale d’un dénombrement global. Si l’activité censoriale augustéenne est attestée, son homogénéité est contestée.


En ce qui concerne la France, le comptage des habitants est confié avant la Révolution aux curés, qui informent l’intendant de la province du nombre de feux et de communiants dans leur paroisse. Ils se fondent alors sur le calcul suivant : un feu comprend en moyenne quatre personnes, et un communiant représente généralement trois habitants.


Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.
Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.

Le premier recensement postrévolutionnaire date du 20 floréal an VIII[1]. Ensuite, ils sont très réguliers et, à partir de 1876, ils se déroulent en théorie tous les cinq ans. C’est en cela que le recensement de 1918 à La Romagne peut susciter des interrogations, le précédent ayant eu lieu en 1911. Il y aurait dû en effet en avoir un en 1916, ce qui n’est pas le cas. La période de guerre explique ce décalage[2].


[1] Soit le 10 mai 1800.

[2] Une annulation s’observe pour la Seconde Guerre mondiale, le recensement passant directement de 1936 à 1946.


Celui qui est prévu en mars 1906 intègre un nouvel élément, en dehors de ceux précédemment relevés (nom, prénom, âge, lieu de naissance, adresse, profession, personnes vivant à la même adresse). Ce sont les caractéristiques des habitations. Jusqu’en 1918, aucune liste nominative ne peut être consultée pour La Romagne. Ces documents semblent avoir disparu, à l’exception de quatre feuillets concernant le recensement de 1911, à l’état de conservation très lacunaire[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1911, pages non paginées, [vues 1/4 et suivantes, non consultables en ligne à la date du 11 novembre 2024, en cours de numérisation.]


L’existence d’un recensement à la date du 1er février 1918 est très curieuse, puisque la guerre n’est pas terminée[1]. Comme le village est encore sous le joug allemand, ce document est certainement unique, sans que l’on sache parfaitement pourquoi. Aux archives départementales des Ardennes, il n’en a été trouvé aucun autre, concernant les villages du canton de Chaumont-Porcien, répertorié à cette date.


[1] Outre le traité de Versailles, le 28 juin 1919, quinze autres traités ont été signés entre 1918 et 1923 pour mettre fin à la guerre entre les différentes parties.


Il contient des renseignements sur les familles romanaises, sur des réfugiés, sur les activités imposées à la population par les Allemands. Il pallie l’absence d’autres sources, telles que des comptes rendus des réunions d’habitants (si le conseil municipal est dans l’impossibilité de tenir séance).


Quant aux archives des villages occupés par l’administration allemande, elles ont disparu dans les bombardements de mai 1940, alors que l’on tentait de les mettre à l’abri.


Le dénombrement de 1918[1] fait état de deux cent soixante-dix-neuf habitants, dont dix-sept sont absents : ce sont essentiellement les mobilisés. Il en reste donc deux cent soixante-deux, auxquels une note en ajoute deux, sans précision d’aucune sorte.

Sur la liste établie de la page 2 à 10, il est fait état de deux cent quatre-vingt-sept personnes présentes dans le village. Elles sont numérotées de 1 à 279, l’ordre alphabétique est respecté, tandis que, du numéro 280 à 287, il s’agit soit d’un ajout, soit d’un rectificatif, dont le but est d’être au plus près de la réalité.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.


Un certain nombre de noms est biffé. Il s’agit de personnes faisant partie des colonnes civiles, étrangères à la population romanaise. Il est possible de distinguer les autochtones des réfugiés, ou des personnes déplacées au gré des besoins allemands.


Le 30 janvier 1918, vingt-deux personnes sont ainsi rayées des listes nominatives. Au 1er décembre1917, elles se trouvaient à Herbigny[1]. Elles doivent se rendre à Mesmont[2].  


[1] Actuellement, localité de Justine-Herbigny, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Trois enfants, âgés de cinq à sept ans, sont contraints de suivre leur mère vers cette nouvelle destination, alors qu’ils ne vivaient à La Romagne que depuis deux mois. Outre les difficultés liées à la guerre, leurs conditions de vie sont encore plus difficiles et déstabilisantes, à cause des changements imposés.

Et ce, d’autant plus que la famille est originaire du département du Pas-de-Calais[1], alors que le reste du groupe provient de plusieurs villes et villages des Ardennes (Revin, Rocroi, Haybes, Novion-Porcien, Anchamps[2]).


[1] Actuellement, région Hauts-de-France.

[2] Actuellement, communes du département des Ardennes, région Grand Est.


Une seconde vague de trente-cinq personnes arrive de manière échelonnée pour le battage[1]. Ce sont principalement des femmes (vingt-cinq), dont dix-huit sont sans profession, quatre appartiennent à la catégorie des ouvrières (une giletière, une écorceuse[2], deux couturières), deux travaillent dans le service (une ménagère[3] et une servante), et la dernière est employée de commerce.

Les hommes sont principalement des journaliers. Les Allemands choisissent les catégories les plus pauvres, et s’assurent ainsi d’une plus grande docilité. Les départs se font au plus tôt le 13 août, pour se terminer le 1er octobre.


[1] « Action de battre les céréales pour séparer la graine de l’épi. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Personne chargée d’écorcer. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Servante qui prend soin du ménage de quelqu’un (vieilli). », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Panneau de sortie d’agglomération de Merlet vers Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Panneau de sortie d’agglomération de Merlet vers Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En dehors de ces habitants temporaires, La Romagne compte plusieurs familles de réfugiés. Deux d’entre elles ont reçu l’ordre de quitter leurs villages respectifs, Merlet (hameau d’Aguilcourt[1]) et Courcy[2], en raison des opérations militaires sur le front de l’Aisne.

Leur arrivée date du même jour à La Romagne, le 26 novembre 1914. La troisième a vu son village, Liry[3] (à proximité de Vouziers[4]), occupé par les Allemands. Son arrivée est plus tardive, le 2 octobre 1915.


[1] Actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.

[2] Actuellement, commune du département de la Marne, région Grand Est.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Idem.


La première famille se compose du couple Victor et Louise Millart[1], de leurs douze enfants et des grands-parents maternels, Emile Gentilhomme et sa femme Eglantine Lemaire. Tous ont évacué avec un tombereau attelé à un cheval, et ont marché le plus souvent tout au long de leur parcours.

Ce dernier, qui dépasse les cinquante kilomètres, passe de Bertricourt[2] à Asfeld[3], puis à Condé-lès-Herpy, Chaumont-Porcien, Givron, les Fondys[4] et enfin La Romagne[5]. On ignore le nombre de jours parcourus sur la route.


[1] Najman, Nadine, Un seul ciel pour tout le monde : histoire d’une famille de 1914 à 1918, Vanves : Édition du bout de la rue, « Témoignages », 2024, 285 p. [Trois chapitres sont consacrés à l’évacuation vers La Romagne (Ardennes), pages 103-109 ; 170-173 et 233-239. Des éléments sont repris sous une forme synthétique dans ce passage, avec l’accord de l’auteure de l’ouvrage.]

[2] Actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Lieu-dit à Givron.

[5] Actuellement, communes du département des Ardennes, région Grand Est.


Portrait de Raymond Millart enfant, photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée à l’encre bleue au verso « Raymond Millart né le 28 mars 1912 vers 1916 à La Romagne Ardennes évacué de Merlet où se trouvait le front pendant la guerre 1914-1918 », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Nadine Najman).
Portrait de Raymond Millart enfant, photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée à l’encre bleue au verso « Raymond Millart né le 28 mars 1912 vers 1916 à La Romagne Ardennes évacué de Merlet où se trouvait le front pendant la guerre 1914-1918 », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Nadine Najman).

Les premiers temps, les Millart sont répartis entre plusieurs lieux de la commune. Mais la mère, qui souhaite voir sa famille réunie, demande un logement aux autorités allemandes. Elle obtient une maison au n° 18 de la rue Haute[1], avec pour voisin Alfred Mauroy, tandis que les grands-parents logent rue Basse (au n° 73), dans le voisinage d’Ernest Marandel.

Par deux fois, le séjour de cette famille à La Romagne est endeuillé : deux enfants naissent, un garçon en novembre 1915, et une petite fille en juillet 1917. Le premier décède le 14 mars 1916, et la seconde le 31 juillet 1917[2].


[1] Tous les numéros indiqués correspondent aux recensements de 1918 et de 1921.

[2] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne, consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune.



Sauf Louise, la mère, et les enfants les plus jeunes, qui en sont dispensés, le père, les fils aînés, et les adolescentes, sont réquisitionnés pour les colonnes civiles et le travail agricole. Deux des jeunes filles sont employées à la scierie de Montmeillant[1].

L’une d’elles, Emilienne, échappe par la suite à ce travail ingrat, en gardant Jean et René, les deux premiers enfants du couple Georges Malherbe et Lucie Bonpart.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.




Cette famille regagne Merlet au début de 1919. Mais, comme sa ferme est totalement détruite, elle doit vivre dans des baraquements spécialement construits pour accueillir les populations de retour.

Baraquement construit pendant la Première Guerre mondiale pour les civils, photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne) le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baraquement construit pendant la Première Guerre mondiale pour les civils, photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne) le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Tombe de la famille Millart Gentilhomme au cimetière d’Aguilcourt (Aisne), photographie en noir et blanc, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tombe de la famille Millart Gentilhomme au cimetière d’Aguilcourt (Aisne), photographie en noir et blanc, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne, consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune. Acte de décès de Jules Maximilien Gentilhomme, né le 9 mars 1845 à Aguilcourt (Aisne) et mort le 16 avril 1919 à La Romagne (Ardennes).
Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne, consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune. Acte de décès de Jules Maximilien Gentilhomme, né le 9 mars 1845 à Aguilcourt (Aisne) et mort le 16 avril 1919 à La Romagne (Ardennes).

Elle subit cette situation dans l’attente de la reconstruction de son habitation, ce qui demandera quelques années. Les aïeuls sont restés à la Romagne, pour des raisons de santé. Jules Maximilien Gentilhomme y décède le 16 avril 1919[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne, consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune.


Carte postale française ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Merlet-Aguilcourt (Aisne). Rue menant à Aguilcourt », éditée par Lessire-Millot, café-tabac, collection privée (avec l’aimable autorisation de monsieur Guy et madame Monique Millart).


Vue aérienne de Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, collection privée (avec l’aimable autorisation de monsieur Guy et madame Monique Millart).


Portrait d’Anastasie Zénaïde Loutsch née Warnet, photographie ancienne en noir et blanc, tirage monochrome en sépia, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Magalie Petit, son arrière-arrière-petite-nièce).
Portrait d’Anastasie Zénaïde Loutsch née Warnet, photographie ancienne en noir et blanc, tirage monochrome en sépia, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Magalie Petit, son arrière-arrière-petite-nièce).

La deuxième famille se compose de Courcéens[1] : Dominique et Zénaïde Loutsch. Ils n’arrivent pas ensemble. Alors que la femme, Zénaïde, se retrouve à La Romagne le même jour que la famille Millart, son mari ne la rejoint que le 2 août 1915, en provenance de Tavaux[2].


[1] Gentilé des habitants de Courcy.

[2] Actuellement, Tavaux-et-Pontséricourt, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.


Archives départementales de la Marne, 35 Fi 1 [Série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire (photographies, cartes postales, dessins, gravures ou estampes, cartes et plans, affiches) ; sous-série 35 Fi = guerre 1914-1918], cliché positif représentant un paysage de guerre en 1914-1918, auteur anonyme, légendé et daté sur le montage « V. 322. Vue prise en première ligne dans la région des cavaliers de Courcy (Marne), 15 janvier 1916. », tirage argentique d'époque en noir et blanc monté sur carton, 1916, notice descriptive consultable en ligne.
Archives départementales de la Marne, 35 Fi 1 [Série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire (photographies, cartes postales, dessins, gravures ou estampes, cartes et plans, affiches) ; sous-série 35 Fi = guerre 1914-1918], cliché positif représentant un paysage de guerre en 1914-1918, auteur anonyme, légendé et daté sur le montage « V. 322. Vue prise en première ligne dans la région des cavaliers de Courcy (Marne), 15 janvier 1916. », tirage argentique d’époque en noir et blanc monté sur carton, 1916, notice descriptive consultable en ligne.

Eux aussi ont dû fuir la ligne de front, où Allemands et Français se disputent le secteur des Cavaliers de Courcy. Ce sont deux levées de terre, de part et d’autre du canal de l’Aisne à La Marne, où les belligérants ont creusé des tranchées. Dominique et Zénaïde vivent au n° 43 de la rue Haute.



La troisième famille réfugiée est une famille de cultivateurs de Liry, à une soixantaine de kilomètres. Elle est constituée du couple formé par Elisée et Thérèse Camuzet, auxquels s’ajoutent Esther Camuzet Cartelet, et deux fillettes, Marie, née en 1909, et Berthe, en 1913. Ils habitent tous ensemble au n° 55 de la rue Haute. Ils sont arrivés le 8 novembre 1915. Lorsqu’ils regagnent leur village, ils le découvrent presqu’entièrement détruit.


Reproduction moderne d’une photographie allemande ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en rouge), représentant un incendie à Liry (Ardennes) pendant la Première Guerre mondiale, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).

Reproduction moderne d’une photographie allemande ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en rouge), représentant un incendie à Liry (Ardennes) pendant la Première Guerre mondiale, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).


Reproduction moderne d’une photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Liry [Ardennes] 1919. La cloche a été enlevée par les Allemands en 1916. », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).
Reproduction moderne d’une photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Liry [Ardennes] 1919. La cloche a été enlevée par les Allemands en 1916. », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).

La vie laborieuse des Romanais se poursuit, malgré toutes les difficultés engendrées par les bouleversements de la vie quotidienne, et l’arrivée de réfugiés. Les archives de 1918 font apparaître que cinquante-quatre personnes travaillent, dont sept femmes (quatre couturières, une servante, une cultivatrice et une institutrice), et quarante-sept hommes (le curé étant exclu de ce comptage, puisque son activité relève d’une vocation, et non d’un métier au sens strict).


Parmi ces derniers, trente-huit sont en lien avec l’agriculture (vingt cultivateurs et dix-huit journaliers), et les neuf autres exercent diverses professions (instituteur, négociant, appariteur), ou sont artisans (deux maréchaux-ferrants, deux vanniers, un couvreur, un cordonnier). La mobilisation a restreint cette dernière catégorie. Et l’absence d’un boulanger dans ce recensement est notable.


Se pose, d’autre part, le problème du repérage des maisons, à une époque où la poste n’a pas encore fixé leur numérotage[1] dans les villages, et ce, pour faciliter la distribution du courrier.

En s’appuyant sur les recensements de 1918 et de 1921, l’on constate qu’en 1918, la ferme Marandel (n° 64 de la rue Haute) devient le n° 1 de cette même voie en 1921, et que l’identification du bâti pourrait se faire éventuellement en zigzag en 1918 : on compte d’un côté les maisons contiguës puis, s‘il y a une place vide, on compte celle du trottoir opposé.


[1] « Action de numéroter. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Dans l’état actuel de la recherche, il semblerait très hypothétique de déterminer quelle logique a été suivie. Tout au plus pourrait-on supputer, sous toutes réserves, qu’elle aurait été inspirée par l’occupant allemand[1].


[1] Parallèlement à la Straßenweise Hufeisennummerierung (numérotation en fer à cheval rue par rue), fixée par un arrêté du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III le 28 septembre 1799, il existe bien d’autres systèmes, de diverses époques, encore utilisés, de façon partielle, cumulative, et parfois sous des formes hybrides, dans certaines villes d’Allemagne, tels qu’une ortschaftsweise Durchnummerierung (numérotation continue par localité), une viertelweise Durchnummerierung (numérotation continue par quartier), une blockweise Nummerierung (numérotation par blocs), une wechselseitige oder Zick-Zack Nummerierung (numérotation alternée ou en zigzag), un block decimal system ou Philadelphia system (système décimal par blocs, ou système de Philadelphie), un metrisches System (système métrique), et enfin un dekametrisches System (système décamétrique). Sans compter que, depuis la mise en place de la loi du Grand Berlin (Gross-Berlin-Gesetz) le 1er octobre 1920, il n’est pas question dans cette ville de numérotation des maisons (Hausnummerierung) mais des terrains (Grundstücksnummerierung).


Sans certitude sur le mode de numérotation, il est difficile d’identifier précisément où se trouvaient les domiciles des trois familles évoquées précédemment. Cependant, en 1921, un certain nombre de maisons vides apparaît, tant rue Haute que rue Basse.

Il se pourrait qu’elles correspondissent aux habitations occupées par les troupes allemandes, et les réfugiés, pendant le conflit. Il est d’autre part impossible de formuler cette hypothèse pour les hameaux et les écarts, les maisons ayant disparu de nos jours, à quelques exceptions près.


Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.
Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.

En 1921, tous les réfugiés, et les populations déplacées, ont quitté le village depuis un peu plus de dix-huit mois. La population s’est stabilisée, et compte désormais deux cent cinquante-neuf habitants[1], répartis dans quatre-vingt-quinze maisons sur l’ensemble du terroir de La Romagne.

Deux cent quatorze (82,6 %) habitent dans les soixante-douze maisons du village proprement dit, et quarante-cinq (17,37 %) vivent dans les vingt-trois maisons des hameaux et des écarts. La rue Langlet n’accueille plus que quatre foyers en 1921, contre cinq en 1918. La rue Canon, un seul au lieu de deux.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.


En 1921, la pyramide des âges des habitants de La Romagne (Ardennes) montre des variations plus importantes chez les hommes que chez les femmes. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la pyramide des âges des habitants de La Romagne (Ardennes) montre des variations plus importantes chez les hommes que chez les femmes. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Alors que le taux de natalité est au plus bas durant la Première Guerre mondiale, il reprend au retour de la paix : dix naissances sont à noter depuis la fin des hostilités jusqu’au 25 mars 1921.


En 1921, la population active de La Romagne (Ardennes) est aux trois quarts composées d’agriculteurs et d’artisans. Graphique de type « histogramme groupé ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la population active de La Romagne (Ardennes) est aux trois quarts composées d’agriculteurs et d’artisans. Graphique de type « histogramme groupé ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La population active est de quatre-vingt-sept personnes, qui se répartissent en soixante-dix-huit hommes et six femmes adultes, plus trois apprentis mineurs. Ainsi, une proportion de 33,6 % des deux cent cinquante-neuf habitants est active, tandis que les 66,4 % dits sans profession comptabilisent les personnes âgées, les enfants, et les mères au foyer.


Plusieurs d’entre elles s’occupent en fait d’un élevage domestique, et notamment de la traite, sans qu’elles soient officiellement comptabilisées comme actives : elles ne reçoivent aucun salaire.

En 1921, les propriétaires exploitants, qui représentent la catégorie la plus riche des agriculteurs de La Romagne (Ardennes), sont majoritaires. Graphique de type « secteurs en 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, les propriétaires exploitants, qui représentent la catégorie la plus riche des agriculteurs de La Romagne (Ardennes), sont majoritaires. Graphique de type « secteurs en 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1921, le village retrouve tous ses artisans, qui peuvent ainsi répondre aux besoins des uns et des autres.

En 1921, les artisans de La Romagne (Ardennes) appartiennent à des corps de métiers centrés sur la vie agricole. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, les artisans de La Romagne (Ardennes) appartiennent à des corps de métiers centrés sur la vie agricole. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La reprise administrative étatique montre un maillage jusque dans les plus petites communes. Les employés d’Etat, municipaux, et cantonaux, sont représentés par le percepteur, l’instituteur et l’institutrice, le garde-champêtre, et un employé de la voirie cantonale. Les chemins de fer étant encore constitués de compagnies privées[1], les deux employés concernés sont classés à part.


[1] Le 1er janvier 1938, les cinq grandes compagnies ferroviaires privées de France fusionnent pour créer la Société nationale des chemins de fer français (SNCF).


En 1921, la rue principale de La Romagne (Ardennes) concentre approximativement les deux tiers de la population du village. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la rue principale de La Romagne (Ardennes) concentre approximativement les deux tiers de la population du village. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Par rapport au recensement de 1911, une diminution s’amorce : La Romagne a perdu vingt-deux habitants en dix ans, soit 7,8 % de sa population. Ce phénomène se remarque davantage dans les hameaux, où la décroissance la plus visible est celle des Houïs : ce hameau perd douze habitants sur les vingt-huit qu’il comptait avant le déclenchement du conflit.

En 1921, trois hameaux regroupent 82 % des habitants de La Romagne (Ardennes), contre 17,8 % pour les trois autres. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, trois hameaux regroupent 82 % des habitants de La Romagne (Ardennes), contre 17,8 % pour les trois autres. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

C’est à la fois une des conséquences de la Première Guerre mondiale, de la poursuite du phénomène d’exode rural amorcé au siècle précédent, du développement de l’enseignement, et de l’intérêt pour des métiers aux salaires fixes, sans aléas liés à la nature.


Le drapeau français prend une dimension particulière le 11 novembre, jour de commémoration de l'Armistice de 1918. En ce jour de mémoire, il symbolise non seulement les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité – mais aussi l'hommage rendu aux soldats tombés pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Arboré lors des cérémonies, le drapeau rappelle le sacrifice et le patriotisme de ceux qui ont combattu pour protéger ces idéaux, unissant ainsi la nation dans le souvenir et le respect.
Le drapeau français prend une dimension particulière le 11 novembre, jour de commémoration de l’Armistice de 1918. En ce jour de mémoire, il symbolise non seulement les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité – mais aussi l’hommage rendu aux soldats tombés pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Arboré lors des cérémonies, le drapeau rappelle le sacrifice et le patriotisme de ceux qui ont combattu pour protéger ces idéaux, unissant ainsi la nation dans le souvenir et le respect.

L’analyse comparative des recensements de 1918 et de 1921 à La Romagne met en évidence l’impact singulier de la Première Guerre mondiale sur les Ardennes françaises, une région lourdement et directement affectée par les combats.

Ce département a été en effet marqué par l’occupation allemande, les destructions massives de villages, les exils forcés et les déplacements de populations, autant d’événements qui ont profondément bouleversé la structure sociale et économique locale.

De fait, les hostilités ont laissé des séquelles durables sur la démographie de la région, et les premiers efforts de retour à la normalité se sont heurtés aux conséquences de la guerre.

La spécificité des Ardennes en fait donc un lieu emblématique pour comprendre l’après-guerre en France. Ici, la reconstruction s’est confrontée aux blessures matérielles et humaines laissées par le conflit. Ainsi, le 11 novembre, fête particulièrement commémorée, en plus d’honorer la mémoire des soldats, rappelle également les épreuves traversées par les civils ardennais.

Catégories
Administration communale Agriculteurs Finances publiques Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) Guerre franco-espagnole (1635-1659) Impôt Métiers Professions Travailleurs

Les impôts directs à La Romagne avant la Révolution


La circonscription administrative fiscale est l’élection.  Elle regroupe des dizaines, voire quelques centaines de villages. Celle de Reims, dont dépend La Romagne, est créée dès 1357. Elle subit des modifications, en se voyant enlever des paroisses ardennaises lors de la création de celles de Rethel (1450) et de Sainte-Menehould (1635).

Les impôts, à l’origine, ne sont pas permanents, mais accordés pour une période donnée. A partir du XIVe siècle, certains deviennent définitifs. Ils sont fixés en Conseil du roi, et répartis entre les paroisses de la province par l’intendant.

L’impôt direct reste assez stable jusqu’en 1621, avant d’augmenter considérablement à partir de 1626. Les besoins du roi pour les guerres et le développement de l’administration monarchique sont sans cesse grandissants. Ce qu’atteste le quintuplement des dépenses de guerre contre les Habsbourg entre 1599 et 1643.


Or, les revenus du domaine royal[1] sont insuffisants pour faire face, ne serait-ce qu’aux dépenses ordinaires, ce qui aboutit à un empilement de taxes pour les contribuables au cours des siècles.


[1] « Domaine de la Couronne, partie du territoire que le roi possédait en propre, ou sur laquelle il exerçait directement son autorité (on dit aussi domaine royal). », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Tous les moyens sont bons pour procurer de l’argent au Trésor royal[1]. Outre les divers impôts établis, comme la création en 1674 du droit de timbre sur les actes officiels, Louis XIV multiplie la vente des charges, et taxe les faux nobles. L’usurpation de noblesse est la cause d’une surcharge fiscale pour tous les roturiers.


[1] Lieu où sont versées les sommes qui proviennent des revenus royaux, et d’où sont tirées celles employées au service et aux dépenses de la royauté.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 2/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 2/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

Dans chaque province, à partir de 1696, est lancée la recherche des usurpateurs de titre de noblesse[1], qui bénéficient ainsi d’exemptions fiscales. Ceux qui se déclarent nobles doivent apporter les preuves de leur noblesse, afin d’échapper à cette taxe. Nombre d’entre eux sont inquiets, car tous n’ont pas les documents requis pour l’établir, et c’est une agitation de plus dans un pays troublé.


[1] Déclaration du roi pour la recherche des faux nobles du 4 septembre 1696, qui fait suite à la grande enquête sur la noblesse de 1666, et qui débouche sur la parution de l’Armorial général de France, dit « Armorial d’Hozier ». Pour les Ardennes, voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 1/558 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.


L’impôt de la taille, créé au XIVe siècle, ne devient pérenne qu’à partir du XVe siècle, à la suite de la permanence de l’armée sous Charles VII. Il n’est pas dû individuellement par les habitants, mais collectivement par une paroisse. C’est un impôt de répartition, pour lequel il existe deux catégories : la taille personnelle[1], pratiquée surtout dans le Sud de la France (par exemple le Languedoc), et la taille réelle[2], concernant plutôt les régions du Nord.


[1] Elle était « celle qui était levée sur chaque personne taillable. », et la taille réelle, « celle qui était levée sur les terres », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Elle est fondée sur l’appréciation de la richesse en terres du chef de famille.


C’est à cette dernière qu’est soumis le village de La Romagne. La taille est levée chaque année, en tenant compte de tous les types d’activités. Elle varie considérablement, en fonction de la nécessité pour le roi de rétablir les finances. Les aménagements obtenus par Terwel[1] sont de très courte durée.


[1] Auteur de notices cadastrales sur les villages de la frontière de Champagne en 1657.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. Voir aussi Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°.
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. Voir aussi Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°.

Dès 1660, dans presque toutes les paroisses, le montant des tailles augmente, et ce, jusqu’en 1664[1]. Les villages sont pressurés, alors que ces années-là sont les premières d’une paix longtemps attendue avec l’Espagne[2]. La somme demandée pour l’ensemble de l’élection de Reims en 1660 se monte à 208 595 livres de principal[3].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°. – 1662-1672. – Election de Reims : taille et accessoires. – Assiette et département des tailles et accessoires pour les années 1662, 1664 à 1669 et 1671 à 1672 par les intendants Daniel Voysin en 1662, Lambert d’Herbigny en 1665, Lefèvre de Caumartin de 1666 à 1671. – Etat des sommes restant dues en 1665 sur le taillon imposé en 1656.]

[2] La guerre francoespagnole a eu lieu du 19 mai 1635 au 7 novembre 1659.

[3] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. – 1625-1660. – Election de Reims : taille et accessoires. – Assiette et département des tailles, crues, accessoires et taillon à lever sur les communautés de l’élection en 1625. – Registre et département des tailles, taillon, crues des garnisons et autres crues, droits d’officiers et autres à lever sur l’élection pendant l’année 1628. – Département de la taille en 1634, du taillon en 1649. – Etat des deniers dus par les paroisses de l’élection et dont il n’a pu être fait recouvrement en 1652 à cause des guerres et de l’abandon de la plupart de ces paroisses : la somme totale s’élève à 89 042 livres 11 sols 6 deniers. – Assiette et département des tailles de 1658, 1659 et 1660 par Daniel Voysin, « intendant de la justice, police et finances et armées de S. M. en la province de Champagne ». – Extrait de l’état du roi contenant les sommes à lever sur les paroisses de l’élection pour la subsistance des gens de guerre pendant les cent cinquante jours du quartier d’hiver de l’année 1660.]


Les guerres suspendent la perception des impôts, mais ne l'annulent pas. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°.
Les guerres suspendent la perception des impôts, mais ne l’annulent pas. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°.

Il est très difficile pour la population de faire face à ces impôts, après les ravages des guerres. Pour ceux qui ne peuvent pas les payer, il est interdit en 1663 de saisir les chevaux, les instruments, et outils agricoles, car cela renforcerait la pauvreté. Si les tailles sont réduites momentanément après les premières années du règne de Louis XIV, cela ne dure pas.

En janvier 1678, Thomas Hue de Miromesnil[1] (1634-1702) fait remarquer que l’élection de Reims est une des trois juridictions les plus chargées en impôts, que le nombre de pauvres s’accroît de jour en jour, au point que la taille se paie très difficilement, car la circonscription est loin d’être remise de la guerre[2].


[1] Intendant de Châlons, c’est-à-dire, selon le titre officiel, « commissaire départi en la province de Champagne ».

[2] Archives nationales, G7 224 [série G = administrations financières et spéciales, sous-série G7 = contrôle général des finances, fonds G7 71-531 = lettres originales adressées au contrôleur général des finances par les intendants des généralités. 1678-1747, articles G7 223-238. Champagne (Châlons-sur-Marne). 1677-1738.]


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 5957,
Duplessis Joseph Siffred (1725-1802), Jacques Necker (1732-1804), directeur général des Finances, huile sur toile, XVIIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV5957,
Duplessis Joseph Siffred (1725-1802), Jacques Necker (1732-1804), directeur général des Finances, huile sur toile, XVIIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Il faut attendre Necker (1732-1804), et ses analyses des finances de la France, pour que l’augmentation de ce plus ancien impôt direct soit désormais dûment enregistrée par une loi. Jusqu’alors, elle pouvait être décidée à l’aide d’un simple arrêt du Conseil du roi, et présentait de fait un caractère plus arbitraire. La baisse de cette imposition n’arrive qu’à la suite des efforts faits par Colbert (1619-1683) pour réduire les tailles du royaume.

Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV7403,
Franque Jean-Pierre (1774-1860) ; Nanteuil Robert (1623-1678) [d'après], Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), représenté en 1676 (dans un encadrement décoratif), huile sur toile, 1839, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV7403,
Franque Jean-Pierre (1774-1860) ; Nanteuil Robert (1623-1678) [d’après], Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), représenté en 1676 (dans un encadrement décoratif), huile sur toile, 1839, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

En réalité, il est plus juste de parler des tailles au pluriel que de la taille au singulier, puisque cet impôt se compose de plusieurs éléments : la taille proprement dite, le taillon[1] de la gendarmerie, la taille pour la solde des officiers des maréchaussées, et celle pour les étapes des gens de guerre.


[1] « Imposition de deniers, qui se levait anciennement de la même manière que la taille, et qui en était comme un supplément. Receveur général, receveur particulier du taillon. Le taillon était affecté au payement de la gendarmerie. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


L’année fiscale commence au premier octobre. Au mois de février, le Conseil du roi détermine la somme à imposer pour l’année suivante, et la répartit entre les généralités des pays d’élection. Fin juin, deux extraits établis par le contrôleur général sont adressés à l’intendant et aux officiers du bureau des finances.


Le premier répartit la somme due par sa province entre les différentes élections. Après contrôle, l’intendant, renseigné par ses subdélégués (en contact permanent avec la population) procède au département[1] des tailles entre les divers villages et villes.

Il peut ainsi tenir compte d’événements ponctuels comme les inondations, les sécheresses, les grêles, les circonstances personnelles (état de santé ou nombre et âge des enfants) et ajuster au mieux l’impôt.


[1] « XIIe siècle, au sens d’action de partager ; XVIIIe siècle, comme terme du vocabulaire administratif. Dérivé de départir, au sens de partager. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


C’est ainsi que, dans le cas d’incendies ou de dégâts dus à des orages, plusieurs habitants de La Romagne, de Rocquigny et de Saint-Jean-aux-Bois[1] obtiennent une remise ou une dispense de leur imposition, en raison de la perte de leur maison, grange, meubles, vêtements, chevaux, charrettes, charrues, foin, etc.

On peut citer le cas de très pauvres habitants, qui ont besoin de soulagement. Ou encore, une inondation en 1784 à Château-Porcien, qui a valu aux réfugiés d’être nourris et logés par d’autres habitants[2].


[1] Villages du département des Ardennes.

[2] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 953 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 953 = portefeuille. – 175 pièces, papier. – 1757-1788. – Remises, décharges et modérations. – Requêtes en décharge d’impositions, avec pièces à l’appui, adressées à l’intendant et classées par élections. – Election d’Epernay : Mancy (1777-1785). – Mareuil-le-Port (1774). – Mareuil-en-Brie (1785-1788). – Mareuil-sur-Ay (1785-1786). – Mareuil-sous-Châtillon (1773). – Monthelon (1785-1788). – Montmort (1772-1787). – Moslins (1785-1787). – Moussy (1772). – Passy-Grigny (1787-1788). – Pierry (1775-1776). – Plivot : requête des habitants disant « que depuis plusieurs années ils n’ont rien récolté en différents cantons de leur prairie désolés par la grande sécheresse et surtout par des insectes qui se couloient entre deux terres, coupant entièrement les racines des herbes, de sorte que la surface de leurs héritages étoit soulevée ; que les débordements des eaux en l’’hiver dernier ont absolument enlevé le gazon de leur prez, en ont creusé plusieurs jusqu’à en arracher les bornes et à recombler les troux des autres servant de limites » (1786). – Saint-Gemme (1785). – Soilly (1773-1788). – Tauxières (1786-1788). – Tours-sur-Marne (1785-1788). Trépail (1778-1787). – Troissy (1784-1787). – Vandières (1757). – Vouciennes : requête des habitants surchargés de taxes ; « ces malheureux n’ont pu, quoiqu’ils ayent fait tous leurs efforts, s’acquitter des tailles, vingtièmes et impositions : ils en redoivent encore des sommes considérables sur les années 1780, 1781, 1782, 1783 et 1784… les frais qu’on leur fait ne font qu’augmenter leurs charges » (1784). – Vaudancourt (1772-1786). – Vaudemange ; requête des habitants « disant que l’hiver de 1784, la grande abondance de neige, en fondant, a produit une grande abondance d’eau qui a causé un très grand dommage : les grains des terres hautes et moyennes ont été ravinés et déracinés ; les terres des lieux plats sont entraînées par les eaux ou recouvertes de mauvaise terre, et les terres qui étaient pour ensemencer ont été pareillement dégradées, ce qui a ôté toutes les espérances des cultivateurs » (1785). – Venteuil (1772-1786). – Verneuil (1771-1788). – Ville-en-Selve (1787-1788). – Ville-en-Tardennois : requête des habitants « disant qu’il a plu au roi de leur faire une remise d’une somme de quatre-vingt-six livres pour être répartie au marc la livre sur tous les contribuables à la taille, comme cela s’est pratiqué dans toutes les paroisses de votre généralité ; mais ils n’ont jamais été plus surpris que d’apprendre que cette somme a été répartie, il y a environ trois mois, sur 25 particuliers de la paroisse et de ladite ville, sans que le collecteur ni aucune autre personne leur ait fait part de cela, sinon il y a huit jours qu’à force de plaintes, le collecteur, semble-t-il par une grâce spéciale, a annoncé à la porte de l’église ce bienfait de S. M. Les suppliants auroient bien moins lieu de plainte si on avoit rejeté cette somme sur tous les pauvres, mais au contraire, il semble qu’on se soit étudié à la répartir sur ces 25 particuliers des plus riches de la paroisse » (1786-1787). – Vinay (1785-1786). – Vincelles : requête des habitants au roi demandant la remise des impôts pour l’année ou un temps suffisant pour les payer (1784).]


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Chaque paroisse est ensuite informée de son imposition par son receveur des tailles. Les collecteurs, solvables, sont élus le premier dimanche de septembre. Ils sont chargés de la répartition de l’impôt auprès de chaque foyer, puis de sa perception.

Ils changent chaque année, et peuvent être poursuivis pour prévarication[1], si une plainte est portée contre eux. Les sommes qu’ils touchent sont variables : ainsi, en 1602, ils reçoivent vingt deniers par livre perçue, alors qu’en 1620, ils n’en obtiennent que huit, et plus que six en 1626.


[1] « Manquement d’un homme d’État, d’un élu, d’un agent public aux devoirs de son mandat, de sa charge ; faute grave commise à des fins d’intérêt personnel dans l’exercice de ses fonctions. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


En-tête du rôle de La Romagne (Ardennes) en 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
En-tête du rôle de La Romagne (Ardennes) en 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

D’après le rôle de 1750[1], le système change : un édit permet désormais aux intendants de nommer des commissaires au lieu de collecteurs pour asseoir[2] la taille, et la récolter chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Ainsi, en 1762, le rôle[3] est tenu par Jean Sollette, commissaire nommé par l’intendant de Champagne.


[1] Il n’existe aucun rôle conservé entre 1742 et 1750, si bien qu’il n’est pas possible de dater plus précisément le passage des collecteurs aux commissaires à La Romagne.

[2] C’est-à-dire établir la base de l’imposition.

[3] « Ce qui sert de support à un écrit officiel ; cet écrit lui-même. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Les plus anciens rôles concernant La Romagne sont établis par ordre alphabétique des prénoms, ou par noms de famille. Jusqu’en 1752, ils ne concernent que les tailles.  A partir de cette date, apparaît le détail de la capitation, auquel s’ajoutent en 1771 les quartiers d’hiver.


Liste des contribuables de La Romagne (Ardennes) par ordre alphabétique des prénoms sur le rôle de 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Liste des contribuables de La Romagne (Ardennes) par ordre alphabétique des prénoms sur le rôle de 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Ainsi, les collecteurs répartissent le « tant pour la taille », le « tant pour leurs six deniers », le montant de l’ustensile[1] (levé uniquement en temps de guerre) et celui des quartiers d’hiver.


[1] « Ensemble des fournitures dues à la troupe par les gens qui la logeaient et, par extension, impôt établi par addition à la taille pour tenir lieu desdits fournitures [et services]. », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


La perception provoque parfois des heurts importants avec les villageois, si ceux–ci estiment être défavorisés par rapport à d’autres. Ils discutent alors la quote-part attribuée, ou dénoncent de trop fortes pressions du collecteur pour recouvrer l’impôt.


Ce dernier est responsable de la rentrée de l’argent, et doit combler personnellement tout déficit. Parfois, devant la mauvaise volonté de certains à payer, il peut avoir recours à des garnisaires[1].

Ces hommes, recrutés par les receveurs et envoyés ensuite, soit chez le collecteur, soit chez le contribuable, exercent une pression pour le règlement des dettes. L’un ou l’autre doit le feu et le logement, et cette présence accélère assez souvent le paiement de l’impôt.


[1] « Celui qu’on établissait chez un contribuable en retard pour le contraindre à s’acquitter, chez un débiteur pour garder les meubles saisis, ou chez les parents d’un jeune homme qui ne s’était pas présenté pour la conscription. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Par sa place, le collecteur s’attire souvent des ennemis, et subit les pressions de gens influents, et ce, d’autant plus qu’il est démuni de toute autorité. Cependant, à la sortie de sa charge, et pendant les trois années qui suivent, il ne peut pas être imposé à un taux supérieur à celui de l’année précédant son entrée en poste, sauf si l’on peut prouver sa malhonnêteté.

Une plainte est ainsi déposée contre les collecteurs Jean Millet et Jean Courtois, car ils sont accusés d’avoir sous-estimé leur propre cotation, et probablement d’avoir favorisé, ou mal coté, deux contribuables, les veuves Langlet et Deschamps. Ils comparaissent le 15 mai 1737. L’année suivante, Jean Millet doit s’acquitter d’une somme supplémentaire de 12 livres. Elle est de 6 livres pour Jean Courtois, tandis que la veuve Langlet se voit réclamer 10 sols, et la veuve Deschamps 20 sols[1].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin. – 1774-1790. – Election d’Epernay : requêtes en décharge de taille adressées aux élus et classées par ordre alphabétique de communautés. – Ambonnay (1789) ; Anthenay (1785) ; Athis (1781-1787) ; Avenay (1786-1787), Avize (1789) ; Ay (1774-1788) ; J.-B. Georges, syndic de la communauté, demande à être exempt de la collecte : accordé (1775). – Baslieux (1789) ; Belval (1784-1785) ; Binson-Orquigny (1784-1789) ; Boursault (1782). – Champillon (1782-1785) ; Champvoicy (1784-1788) ; Châtillon-sur-Marne (1783-1789) ; Cherville (1789) ; Chouilly (1782-1788) ; Condé-sur-Marne (1787-1788) ; Courthiézy (1787) ; Cuis (1782-1785) ; Cumières et Mardeuil (1786). – Damery (1782-1788) ; Dizy (1782-1789) ; Dormans (1780-1790).]


En-tête du rôle de 1702 de La Romagne (Ardennes) avec le cachet de la généralité de Châlons. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
En-tête du rôle de 1702 de La Romagne (Ardennes) avec le cachet de la généralité de Châlons. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

L’analyse approfondie des rôles[1] des années 1702,1712, et 1752[2] permet de déceler un certain nombre de changements dans la population.


[1] Ibidem. [Nota bene : le cadre de classement des archives départementales de la Marne ne décrit pas de façon exhaustive toutes les pièces incluses sous la cote C 2169.]

[2] Le rôle de 1702 analysé ci-dessus a été choisi car il est le premier conservé pour La Romagne. Bien que d’autres registres ultérieurs aient été consultés aux archives départementales de la Marne, la méthodologie a consisté à privilégier un sondage des années 1702, 1712 (une décennie après) et 1752 (un demi-siècle après). Ce choix, qui pourrait paraître arbitraire, peut s’expliquer : 1712 est la première année documentée après le grand hiver de 1709. Et le système d’imposition change trop dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour qu’une comparaison puisse être établie après 1752. Il faut peut-être ajouter que l’état de conservation de certains documents a pu les rendre moins exploitables. Le corpus choisi a fait l’objet d’un dépouillement systématique (par nom, métier, et taille).


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1702 met en lumière la diversité des activités et des situations parmi les trois exemptés[1] (le seigneur de La Romagne, le marquis de Chaumont ; le curé de la paroisse Norbert Deheaulme ; Firmin Canel, écuyer dans les chevau-légers de la garde) et les soixante contribuables, dont quatorze laboureurs, huit tireurs de mines, neuf manouvriers, deux tisserands en toile et un peigneur de laine, deux scieurs de long, un meunier, un fruitier, un berger, un maître d’école, un hautelain[2], un mandelier[3], un couvreur en paille, un savetier[4].


[1] Les nobles, le curé du village et son vicaire (quand il y en a un), et ceux qui ont été au service du roi dans ses armées, sont dispensés du paiement de la taille.

[2] Variante orthographique d’hôtelain, c’est-à-dire aubergiste, cabaretier, hôtelier, hôte, celui chez qui on loge.

[3] « Celui qui fabrique et vend des mandes, des paniers, vannier », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.

[4] « Artisan qui raccommodait les souliers. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. A distinguer du sabotier, qui est, lui, un « fabricant ou marchand de sabots. »


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1702. La dégradation du document entraîne une perte d'information. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1702. La dégradation du document entraîne une perte d’information. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Quatre métiers ne sont pas précisés. Une femme célibataire est répertoriée, Marguerite Cornu. Dix veuves sont décomptées. La plus forte cotisation (55 livres) est celle de Pierre Leblanc, laboureur en propre et en cense. La plus faible est celle d’un habitant dont le nom est resté illisible à cause d’un bas de page déchiré, mais qui cotise 8 sols. L’assiette de la taille est de 548 livres et 15 sols. Le document est établi le 27 décembre 1701 pour un paiement en 1702.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1712 ne montre plus que cinquante-trois contribuables et deux exemptés. Le premier est le curé Louis Potin, et le second, qualifié de « soi-disant exempt des impositions[1] », est le sieur Devie de La Horgne, lieutenant de cavalerie. L’assiette de la taille est de 429 livres 2 sols 6 deniers. Le document est établi le 6 janvier 1712 pour un paiement en 1712.


[1] L’orthographe a été modernisée.


Il n’y a plus de tireurs de mines, et il ne subsiste qu’un tisserand. L’extraction du fer et la filière de la laine semblent des secteurs en déshérence.


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1712. L'humidité favorise le développement de certains champignons. Le papier en a gardé des traces. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1712. L’humidité favorise le développement de certains champignons. Le papier en a gardé des traces. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Désormais, seuls restent onze laboureurs, certains ayant changé de statut pour celui de manouvriers. Désormais, ces derniers sont au nombre de quinze. Les deux scieurs de long continuent d’exercer.

Sont également notés un maréchal-ferrant, un meunier, un berger (identifié comme pauvre), un maître d’école, un garde[1], trois fruitiers, et un boucher. Jean Foulon et Pierre Cocu n’ont pas de mention de métier. Onze veuves sont dénombrées. Une célibataire est recensée, Madeleine Mallet.


[1] Sous réserves, cela pourrait correspondre à un garde des bois et forêts particulier.


Le veuvage des femmes marque une hausse entre 1702 et 1712. D’autre part, une nouvelle classe apparaît dans les rôles, celle des mendiants : le terme désigne, non celui qui vit de mendicité, mais un homme pauvre, qui n’a pas de réserves, qui est très vulnérable en raison de la maladie, du chômage ou de la cherté des grains.

Une livre = vingt sols.

Cela n’empêche pas de lui prélever quelques sous malgré son statut. Ainsi, Martin Mauroy, qualifié de mendiant, doit-il payer 30 sols, soit une livre et 10 sols, en 1712. Gilles Antoine, répertorié lui comme pauvre, s’acquitte pour sa part de 20 sols, soit une livre.

Un sol = douze deniers.

Cette situation des veuves, des pauvres et des mendiants à La Romagne est sans doute liée à l’influence du grand hiver de 1709, qui a accru la pauvreté, avec une sous-alimentation des Romanais, et une plus grande mortalité.

Rôle de la taille à La Romagne (Ardennes) en 1727. Certains insectes (termites, vrillettes, poissons d'argent, etc.) creusent les documents et en rendent la lecture difficile. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de la taille à La Romagne (Ardennes) en 1727. Certains insectes (termites, vrillettes, poissons d’argent, etc.) creusent les documents et en rendent la lecture difficile. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1752 atteste que la population a de nouveau augmenté. Il y a désormais quatre exemptés : Monsieur de la Motte Houdancourt ; monsieur du Merbion, officier de milice ; monsieur d’Avançon, officier réformé ; le prieur.

Les exemptés de la taille à La Romagne (Ardennes) d'après le rôle de 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Les exemptés de la taille à La Romagne (Ardennes) d’après le rôle de 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

S’y ajoutent soixante-quinze contribuables, dont vingt laboureurs et vingt-trois manouvriers, trois forains[1] et cinq de droits de suite[2], un tailleur, un maréchal-ferrant, deux pâtres, un cabaretier, un maître d’école, un sabotier.


[1] « Propriétaire forain, qui ne réside pas dans le lieu où sont situés ses biens et où il paie l’impôt. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Le droit de suite permet à un créancier de poursuivre un bien en quelque main qu’il se trouve.


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Quatre femmes sont célibataires. Les veuves sont au nombre de treize, dont une insolvable. Quant aux veufs, ils ne forment pas une catégorie à part, leur état étant signalé en même temps que leur activité. La Romagne en compte trois. L’assiette de la taille est de 599 livres 5 sols. Le document est établi le 22 décembre 1751 pour un paiement en 1752.


La politique royale a recours presque systématiquement à la belligérance pour consolider les positions de la France. De 1688 à 1697, la guerre de la Ligue d’Augsbourg[1] est la cause de ponctions fiscales de plus en plus fortes.

Celles-ci sont destinées, d’une part, aux cavaliers et fantassins préposés à la garde de la rivière Meuse et, d’autre part, aux appointements des officiers et des soldats, à leur habillement, à l’armement et au fourrage.


[1] Aussi désignée comme guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession palatine, guerre de la Grande Alliance, campagnes du Palatinat, elle est nommée guerre de Succession d’Angleterre ou guerre du roi Guillaume par les historiens britanniques.


La Romagne[1], comme Herbigny ou Wasigny est rattachée au 13e poste de Maubert-Fontaine, sur la ligne de défense depuis Charleville jusque Signy-le-Petit[2].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2007-53877, Desbrière, Michel, Chronique critique des lignes de défense de la Champagne septentrionale 1644-1748, Charleville-Mézières : Éditions Terres ardennaises, 2003, 314 p., p. 247.

[2] Tous ces villages se trouvent dans le département des Ardennes.


Au départ, la fourniture de l’ustensile comprend la place au feu et à la chandelle[1], avec fourniture du sel, du vinaigre et d’autres menues denrées, le prêt des objets de cuisine, le coucher, ainsi que l’avance de la subsistance et du fourrage pour les chevaux.


[1] C’est-à-dire le chauffage et l’éclairage.


Cet impôt se paie sur cinq mois à compter du 1er décembre. En 1655, cette obligation est convertie en une somme d’argent. Un siècle plus tard, l’intendant de Champagne Pelletier de Beaupré[1] donne des instructions concernant les dispenses de paiement d’ustensile.

Elles précisent que, si une exemption individuelle est accordée, la somme due par l’ensemble de la paroisse ne peut en aucun cas être diminuée. Si bien que la répartition s’applique à ceux qui ne sont pas dispensés :  leur participation est augmentée d’autant[2].


[1] Il est intendant de la généralité de Champagne de 1739 à 1750.

[2] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 791 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 791 = portefeuille. – 3 cahiers in-fol. – 1787. – Tarif pour la répartition de la taille de 1788 dans les villes, bourgs et communautés de l’élection de Chaumont-en-Bassigny, classées par ordre alphabétique depuis Germizey jusqu’à Voucourt (un premier cahier manque). Le tableau consacré à chaque localité contient les mêmes renseignements statistiques et autres énumérés dans l’article précédent : le nom du seigneur, ceux des commissaires de la taille des trois dernières années, le taux de la taille de l’année précédente au marc la livre de la propriété et de l’exploitation réunies ; celui des impositions accessoires et de la capitation ; la mesure du lieu pour les biens fonds ; la mesure, le poids et le prix des différentes espèces de grains ; le tableau du territoire de la communauté divisé en exploitation des privilégiés, des taillables et biens incultes ; la consistance des usages communaux ; l’extrait en ce qui concerne la communauté du dénombrement général de 1774 (habitants et bestiaux) ; le montant de la taille de chacune des dix dernières années ; le chiffre proposé par l’élection et celui qui est arrêté par l’intendant pour l’année 1788.]


Les quartiers d’hiver sont destinés au logement des troupes durant la trêve hivernale. Ils pèsent lourdement sur la population. En 1727, la généralité de Châlons se doit de fournir la somme de 476 779 livres.

Ce dû est réparti entre toutes les élections, dont celle de Rethel pour 58 467 livres, et celle de Reims pour la somme de 88 689 livres[1]. A charge pour ces deux circonscriptions d’exiger à leur tour ces sommes de chacune des paroisses sur lesquelles s’exerce leur tutelle.


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 1117 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 1117 = portefeuille. – 59 pièces, 8 parchemins. – 1703-1775. – Impositions militaires : ustensile, fourrage et quartier d’hiver. – Lettre du roi à l’intendant de Champagne d’Harouys fixant le chiffre de l’ustensile et réglant le mode de recouvrement pour 1704 (1703). – Fixation de l’ustensile à payer par les villes de la généralité de Champagne en 1708 : la somme s’élève à 110 000 livres. – Département du quartier d’hiver par élections et paroisses : élections de Bar-sur-Aube, Chaumont, Epernay, Joinville, Rethel, Sainte-Menehould, Sézanne et Vitry (1704) ; de Châlons (1711-1712) ; de Joinville et Troyes (1716-1717) ; d’Epernay, Sainte-Menehould et Sézanne (1718). – Arrêts du Conseil fixant l’imposition à lever en Champagne pour le quartier d’hiver et l’habillement de la milice : la somme s’élève en 1727 à 476 779 livres 18 sols 3 deniers ; en 1730 à 330 954 livres 13 sols 6 deniers ; en 1762 à 573 430 livres 19 sols 9 deniers. – Demandes d’exemption de l’ustensile classées par communautés. – Châlons : Beschefer et Charruel, officiers de feue madame ; lettre de d’Argenson à l’intendant Le Pelletier de Beaupré en leur faveur (1734). – Fismes : Billet, substitut du procureur du roi au bailliage (1742). – Langres : les échevins de la ville (1735). – Reims : les bailli et procureur fiscal de l’archevêque ; 2 lettres de l’archevêque Armand-Jules de Rohan à l’intendant pour lui recommander la requête et le remercier d’y avoir fait droit (1734) ; Bernard, professeur à la faculté de médecine (1734). – Liste envoyée à l’intendant de Champagne par les échevins de Reims avec prière de leur faire savoir si les personnes y dénommées doivent être sujettes à l’ustensile ; observations de l’intendant Le Pelletier de Beaupré en réponse (1734). – Ordonnance de l’intendant Le Pelletier assujettissant à l’ustensile les officiers des traites foraines de Reims (1744). – Sainte-Menehould : Delavaux, substitut du procureur du roi au bailliage et prévôté (1734).]


La capitation est un autre impôt personnel, établi sur la fortune de chacun. A l’origine, c’est un impôt temporaire (qui se prélève par tête, comme son nom l’indique), destiné à soutenir l’effort de guerre.

Créée par la déclaration du 18 janvier 1695, elle taxe chaque feu sans exception (à moins d’indigence déclarée), d’après son état financier, et selon un tarif qui comporte vingt-deux classes.


Supprimée peu de temps après, elle est rétablie en 1701 de façon systématique. Très rapidement, un système d’abonnement ou de rachat enlève à cet impôt son caractère d’égalité. Le clergé le rachète d’abord par un « don gratuit ».

Puis il s’en affranchit complètement en 1710, en payant six fois la valeur de ce « don ». On nomme des membres de la noblesse, comme le marquis d’Ambly en 1716, pour assurer la répartition de la capitation dans les bailliages de Rethel et de Reims[1].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 969 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 969 = portefeuille. – 151 pièces, papier. –  1718-1787. – Capitation de la noblesse : commissaires chargés de travailler à la répartition. – Circulaires annuelles de l’intendant aux commissaires de la noblesse (1769-1787). – Envoi à l’intendant des lettres de cachet portant nomination des commissaires dont les noms suivent : Louvergny et Sugny (1720) ; comte de Dampierre (1724) ; marquis de Sommeyèvre (1724) ; Dey de Séraucourt (1724) ; Saint-Eulien et Pavant (1726) ; Saint-Eulien (1729) ; Féret (1733) ; Mondéjeux (1736) ; comte de Wignacourt (1740) ; Féret (1742) ; Mesgrigny (1743) ; comte de Gizaucourt (1744) ; comte de Nettancourt (1744) ; Godet de Vadenay (1745) ; marquis de Pleurre (1749) ; marquis de Villennes (1750) ; Féret (1753) ; Godet de Crouy (1753-1766) ; Capy d’Hoiry, Hocart et Renneville (1767) ; marquis d’Ambly (1770-1777) ; Hocart fils (1774) ; Gizaucourt fils (1774-1787) ; comte de Pleurre (1776-1787) ; Béguin de Savigny et Rémont de Saint-Loup (1777-1784) ; marquis de Bienville (1782) ; Cappy fils (1784).]


La capitation et les quartiers d’hiver sont établis « au marc la livre[1] » soit, pour la première, 12 sols 10 deniers, et pour les seconds, 12 sols 3 deniers.


[1] « Au marc le franc, se dit, par référence à une ancienne unité de poids, de la manière de répartir ce qui doit être reçu ou payé par chacun, en proportion de sa créance ou de son intérêt dans une affaire. Les créanciers ont été payés au marc le franc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


A partir de 1710, et pour des périodes plus ou moins longues, sont établis de nouveaux impôts (dixième, vingtième, cinquantième), qui taxent, selon les époques, les revenus.

Cette imposition ne repose pas sur l’ensemble de la population : les nobles en sont dispensés, au nom de l’impôt du sang ; le clergé l’est aussi, pour son rôle spirituel. Seuls les roturiers, artisans, manouvriers, laboureurs y sont soumis, ce qui affaiblit considérablement la province.

Le nombre des exempts et des privilégiés est très grand, et la situation instable de l’époque nuit au commerce et aux cultures, comme le constate l’intendant Larcher[1] dans son Mémoire sur la Champagne[2].


[1] Intendant de la province de Champagne de 1692 à 1699.

[2] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0956 [= Ancien 9351 selon une cotation antérieure], numéro de notice 956, Mémoires sur diverses généralités [XVIIIe siècle, manuscrit en français sur papier, 230, 213, et 200 pages, 350 sur 240 mm, reliure en parchemin vert], tome I, Larcher, Michel, Mémoire sur la généralité de Champagne, dressé par M[ichel Larcher], 1695, 230 p.


Cette grande misère est encore soulignée en 1712 par le sieur Galloys, receveur général des finances. Ce dernier demande de soulager la population d’une partie de l’ustensile car, dans la misère où sont les peuples, il ne peut en faire le recouvrement[1].


[1] Archives nationales, G7 236 [série G = administrations financières et spéciales, sous-série G7 = contrôle général des finances, fonds G7 71-531 = lettres originales adressées au contrôleur général des finances par les intendants des généralités. 1678-1747, articles G7 223-238. Champagne (Châlons-sur-Marne). 1677-1738.]


En 1765, des instructions pour la confection des rôles des tailles et de la capitation dans la généralité de Châlons permettent de comprendre comment est établi le montant de ces impôts, d’autant que, depuis cinq ans, le système d’imposition est passé à la taille tarifiée.

Est pris en compte ce qui relève de l’industrie, ou du travail manuel, que ce soit pour les manouvriers ou les artisans. S’y ajoute ce qui est du domaine de la propriété, ou de la location de biens, selon la déclaration royale du 13 août 1765.


L’imposition de l’industrie est réglée sur la base de deux cents jours par an, dont le prix est fixé suivant les différentes vacations ou métiers. Elle concerne les laboureurs n’ayant pas l’emploi d’une charrue toute l’année, les manouvriers et les artisans.

Certaines catégories en sont exemptées, comme les veufs et veuves de plus de soixante ans. Sont également concernées par cette mesure les personnes vivant « bourgeoisement », c’est-à-dire n’effectuant aucun travail mécanique, ainsi que les domestiques célibataires. Des réductions sont consenties aux veufs et veuves de moins de soixante ans.


Les avocats, notaires, procureurs, sergents, praticiens et chirurgiens la payent. Les commerçants (blatiers[1], coquassiers[2], revendeurs, cabaretiers, etc.) sont taxés comme le sont les biens-fonds.


[1] « Revendeur de blé, de grains. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Marchand de beurre, œufs, volailles », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


Les autres immeubles[1] sont constitués de terres de labour, pour lesquelles on paie la taxe d’exploitation, plus la moitié de celle de propriété. Mais pour d’autres, comme les prés, les vignes, les chènevières, la taxe entière de la propriété est payée. Quant aux maisons, moulins et étangs, ces biens voient la taxe diminuée d’un quart, à cause des réparations et de l’entretien nécessaires.


[1] « Se dit d’un bien qui, par nature, ne peut être transporté d’un lieu à un autre. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


La lourdeur de la fiscalité, et les privilèges dont certains bénéficient, expliquent les revendications qui apparaissent dans les cahiers de doléances de 1789.

Catégories
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La guerre de Trente Ans, la Fronde et la guerre franco-espagnole autour de La Romagne


Au XVIIe siècle, les environs de La Romagne affrontent sur plusieurs décennies une période de troubles graves en relation avec une rébellion prenant la forme d’une guerre civile[1], d’une part, et de conflits internationaux[2] impliquant le royaume de France et des belligérants étrangers, d’autre part.


[1] La Fronde.

[2] La guerre de Trente Ans et la guerre francoespagnole.


Rocroi et ses environs, histoire des princes de Condé.

Un jeu complexe d’alliances, qui se nouent et se dénouent au fur et à mesure des événements, demande d’éclaircir la chronologie et la géographie de ce qui s’est passé précisément dans les Ardennes ces années-là.


Charles II de Gonzague duc de Mantoue par Robert Nanteuil.

La maison des Habsbourg d’Espagne possède alors les Pays-Bas du sud[1], frontaliers de la province de Champagne. Celle-ci comporte encore de nombreuses enclaves. Certaines appartiennent à des princes, comme c’est le cas pour la principauté de Rethel (maison de Gonzague), ou pour celle de Sedan (maison de La Tour d’Auvergne).

Néanmoins, cela n’empêche pas le roi de France d’intervenir partout dans ces territoires, et la région de voir à plusieurs reprises le passage de routiers[2] et de reîtres[3].


[1] Couvrant approximativement aujourd’hui une partie de la Belgique et du Nord de la France, et le Luxembourg.

[2] « Au Moyen Âge, soldat irrégulier appartenant à des bandes organisées qui, en temps de guerre, louaient leurs services à l’un ou l’autre des partis en présence, et, en temps de paix, se livraient pour leur propre compte au pillage et au brigandage. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Cavalier allemand mercenaire, qui servit en particulier dans les troupes françaises du XVe au XVIIe siècle », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire principal INV 8506 [autre numéro d'inventaire : MR 2712], Vouet, Simon (1590-1649). Peintre, Louis XIII entre deux figures de femmes symbolisant la France et la Navarre, huile sur toile, 2e quart du XVIIe siècle (vers 1636-1638), notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire principal INV 8506 [autre numéro d’inventaire : MR 2712], Vouet, Simon (1590-1649). Peintre, Louis XIII entre deux figures de femmes symbolisant la France et la Navarre, huile sur toile, 2e quart du XVIIe siècle (vers 1636-1638), notice descriptive consultable en ligne.

Amorcé en 1618, le conflit que l’on nommera ultérieurement la guerre de Trente Ans reprend de plus belle, avec les hostilités déclenchées en mai 1635 par Louis XIII[1] et Richelieu contre les Habsbourg.


[1] Fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, né le 27 septembre 1601 à Fontainebleau et mort le 14 mai 1643 à Saint-Germain-en-Laye, roi de France et de Navarre de 1610 à 1643.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/541 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la maraude, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/541 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la maraude, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Elles sont destinées à consolider les frontières du royaume, mais les armées espagnoles parviennent à pénétrer jusqu’en Picardie, et même à atteindre la région de Reims. Les divers ennemis procèdent par « courses », qui sont décrites plus tard par le Comte de Marsy dans son ouvrage Eglises fortifiées[1] :

« Un corps de partisans plus ou moins nombreux, bien montés et légèrement équipés venait par surprise ou par quelques hardis coups de main mettre à contribution une ville ou un village et obtenait par menace ou violence une somme d’argent, une certaine quantité de vivres et l’on se hâtait de repartir. »

Marsy, Arthur de, Les Églises fortifiées de La Thiérache.

[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LK2-1976, Marsy, Arthur de (1843-1900), Les Églises fortifiées de La Thiérache, Vervins : imprimerie de Papillon, 1864, in-8°, 7 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/545 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : dévastation d’un monastère, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/545 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : dévastation d’un monastère, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

En 1637, les armées royales conduites par les seigneurs Conti, Soissons, et La Valette passent à plusieurs reprises sur les dépendances de l’abbaye de Signy[1] et y séjournent, apportant ainsi la ruine de ce territoire.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


En 1641, le théâtre des opérations se porte sur une autre partie de la région ardennaise. Le maréchal de Châtillon, envoyé contre les rebelles menés par le duc de Bouillon et le comte de Soissons, est battu près de Sedan (Ardennes). Mais, le 21 juillet, Louis XIII marche sur Donchery (Ardennes), dont il se rend maître.


Les Actions du Grand Condé, Rocroi 1643, par Sauveur Le Conte.

Deux ans plus tard, la Thiérache et le pays des Pothées[1] sont une nouvelle fois dévastés. La situation n’est sauvée que par la victoire de Rocroi (Ardennes)[2], où le duc d’Enghien (que l’on appellera par la suite Grand Condé) écrase les Espagnols.

C’est à partir de ce moment, même s’il a déjà fait preuve de son ardeur au combat en participant à d’autres opérations antérieures (Arras[3] en 1640) ou comme commandant en chef de l’armée de Picardie, que se fonde l’aura militaire de ce prince.


[1] La forêt des Pothées (ou des Potées) est située actuellement sur le territoire de la commune d’Aubigny-les-Pothées, dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Le 19 mai 1643. Du côté de la monarchie espagnole, Francisco de Melo a vu sa gloire ternie par sa défaite. Né à Estremoz (Portugal) en 1597 et mort à Madrid (Espagne) le 18 décembre 1651, ce diplomate portugais au service de l’Espagne a été gouverneur (1641-1644) des Pays-Bas espagnols.

[3] Actuellement, préfecture du département du Pas-de-Calais, en région Hauts-de-France.


La paix de Westphalie, peinture de Claude Jacquand d’après Gerard Ter Borch.

Alors que les traités de Westphalie[1] publiés le 24 octobre 1648 mettent fin à la guerre de Trente Ans tout en remodelant la carte européenne, la paix de Rueil (actuellement, Rueil-Malmaison, dans le département des Hauts-de-Seine, en région Île-de-France) est définitivement signée le 11 mars 1649. Elle marque la cessation de la Fronde parlementaire. Le conflit se poursuit désormais avec l’Espagne seule.


[1] Les traités de Westphalie qui mettent fin à la guerre de Trente Ans correspondent à la signature de deux actes diplomatiques séparés : le premier est conclu à Osnabrück (commune située actuellement dans le Land de Basse-Saxe, en Allemagne), le 6 août 1648 entre le Saint-Empire romain germanique et le royaume de Suède, le second à Münster (commune située actuellement dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne) le 8 septembre 1648 entre l’Empereur du Saint-Empire romain germanique et le royaume de France (et leurs alliés respectifs). Le traité de Münster du 30 janvier 1648, signé entre l’Espagne et les Provinces-Unies, clôt pour sa part la guerre de Quatre-Vingt Ans. Selon les contextes, les historiens évoquent donc deux ou trois traités de Westphalie.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/536 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : titre, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/536 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : titre, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

A la guerre avec l’étranger (qui implique les ravages occasionnés par les armées), une trésorerie mal en point (les revenus de plusieurs années sont engloutis d’avance), vient s’ajouter en effet une guerre civile – la Fronde – de 1648 à 1653.

C’est à la fois une révolte parlementaire, nobiliaire, et la cristallisation de tous les mécontentements. Pour autant, les hostilités avec les ennemis extérieurs ne cessent pas, d’autant que ceux-ci ont tout intérêt à ce que le royaume soit déstabilisé.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/537 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : enrôlement des troupes, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/537 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : enrôlement des troupes, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Parallèlement à ces événements, c’est aussi dans cette même période que les bandes d’Erlach[1], composées de mercenaires allemands, suédois et polonais combattant pour le roi de France, sillonnent le pays en le pillant et en imposant aux villageois qu’ils viennent de dépouiller une contribution pour racheter le butin. Ils se signalent également par des actes d’impiété, laissant pour des siècles un souvenir épouvantable.


[1] Jean-Louis d’Erlach (né le 30 octobre 1595 à Berne selon le Dictionnaire historique de la Suisse) passe au service de la France pendant la guerre de Trente Ans. Gouverneur français de Brisach, puis lieutenant-général en 1647, il participe à la campagne de Flandres en 1648. Il devient commandant de l’armée française dans le Saint-Empire romain germanique en 1649. Il décède le 26 janvier 1650 à Vieux-Brisach (Breisach am Rhein), ville située actuellement dans le Land du Bade-Wurtemberg (Allemagne). Ne pas confondre avec Neuf-Brisach, commune située actuellement dans le département du Haut-Rhin, en région Grand Est.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/547 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/547 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Bien que de nombreux historiens accusent d’atrocités Jean-Louis d’Erlach, on trouve dans sa correspondance des lettres[1] dans lesquelles il dénonce l’attitude du maréchal de Guébriant, qui laisse ses troupes piller les villages proches d’Hagueneau[2], ce qui est en opposition avec ses pratiques dans cette partie de la Champagne.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des manuscrits, Cinq cents de Colbert 111, lettres de Paul Le Prévost, baron d’Oysonville, 1641-1643 (f. 1-75), et de Jean-Louis d’Erlach, gouverneur de Brisach, 1643 (f. 76-90), 96 feuillets [cotes Cinq cents de Colbert 108-116 = registres de copies des lettres adressées à Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant, maréchal de France (1637-1644). XVIIe siècle. Papier. 9 volumes. 290 × 215 mm. Reliure parchemin. Manuscrit en français.]

[2] Commune située actuellement dans le département du Bas-Rhin, en région Grand Est.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP29.73.3, Moncornet, Balthasar  (1600-1668). Editeur, Jean Louis d'Erlach (1595-1650), burin (estampe), notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP29.73.3, Moncornet, Balthasar (1600-1668). Editeur, Jean Louis d’Erlach (1595-1650), burin (estampe), notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

De son côté, le bibliothécaire Henri Jadart souligne, dans sa critique d’un ouvrage[1] sur Jean-Louis d’Erlach[2], que l’auteur y brosse le portrait d’un homme se distinguant par « le soin qu’il prenait de bien nourrir ses troupes » et qui « s’efforçait d’adoucir, autant que possible, les rigueurs de la guerre ».


[1] Archives départementales des Ardennes, PERH2 10, Jadart, Henri, « Bibliographie [recension d’un ouvrage] », in Laurent, Paul (1860-1935). Directeur de publication, Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, 21 volumes, bimestriel, tome dixième année, 1903, page 54 et suivante, vue 34/199 et suivante, consultable en ligne. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-M-12117, Charvériat, Émile (1826-1904). Auteur, Jean-Louis d’Erlach, Lyon : A. Rey, 1902, in-12, 152 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/530 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : le campement, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/530 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : le campement, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.

De manière générale, c’est pendant les quartiers d’hiver que la présence des troupes est la plus nuisible pour un village, en raison de l’indiscipline liée à l’absence des officiers. Ces derniers s’empressent pendant cette mauvaise saison de regagner soit leur foyer, soit la cour de France. L’inaction des hommes laisse place à la rapine car, le plus souvent, ils ne reçoivent leurs soldes qu’avec beaucoup de retard.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d'inventaire L 44 LR/543 Recto [ancien : 10540] Callot, Jacques, graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la Guerre : le pillage d'une ferme, 1633, épreuve du 1er état, eau-forte, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/543 Recto [ancien : 10540] Callot, Jacques, graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la Guerre : le pillage d’une ferme, 1633, épreuve du 1er état, eau-forte, notice descriptive consultable en ligne.

Ce ne sont pas les seules exactions commises envers la population, car les soldats endommagent également les fermes plus ou moins isolées, et terrorisent leurs habitants. Rien n’y fait, ni la police des troupes pour les quartiers d’hiver, ni l’arrêt du Parlement en date du 22 décembre 1648[1]

« portant défenses à tous gens de guerre de faire aucune pillerie, insolence ou excès en aucun lieu de garnison et de passage, à peine d’être punis selon les ordonnances, et à leur capitaines et officiers d’en répondre comme de leur propre fait ».

Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot ; Saige, Gustave, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652.

[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 97, vue 156/414, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Quant aux recommandations du roi[1] pour que les troupes ne causent aucune répression au peuple, elles semblent ne pas avoir plus d’effet.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, manuscrit Français 4224, tome II, folio 148 et suivants, lettre et ordonnance de Louis XIV sur la désertion « pour deffendre ausd. gens de guerre de coupper les bleds » [cotes Français 4223-4224 = recueil de copies de pièces, renfermant, sous le titre Armée, une série de documents émanés principalement de l’administration de Louis XIV, de 1643 à 1660. Ces documents sont rangés par chapitres, selon leur objet, pour servir, sans doute, de modèles de rédaction dans les cas analogues. Un certain nombre, réduits à l’état de formules, n’offrent aucun intérêt et ne figureront pas dans le dépouillement ci-dessous. Sous-unités de description 141 à 148 = lettres et ordonnances de Louis XIV.]


Armand de Bourbon, prince de Conti (1629-1666), anonyme français, miniature musée Condé (Chantilly).

Le gouverneur de la province de Champagne est depuis 1647 (et jusqu’en 1655) Armand de Bourbon[1] prince de Conti[2], frère du duc d’Enghien (le vainqueur de Rocroi)[3]. Deux ans plus tard, durant cette révolte des nobles qu’est la Fronde, tandis que Conti s’allie à sa soeur la duchesse de Longueville[4] et au parlement de Paris contre le roi et la reine-mère Anne d’Autriche, Condé reste, lui, fidèle à Louis XIV, permettant même à ce dernier de rentrer dans Paris (18 août 1649).


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 124, vue 183/414, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).

[2] Egalement orthographié Conty sur les documents d’époque.

[3] Louis II de Bourbon-Condé (dit le Grand Condé) et Armand de Bourbon-Conti sont les cousins germains du roi de France Louis XIV.

[4] Anne-Geneviève de Bourbon, née à Vincennes le 28 août 1619, fille unique d’Henri II de Bourbon et de Charlotte-Marguerite de Montmorency. Le 2 juin 1642, elle épouse Henri II d’Orléans, duc de Longueville Elle prend le parti des frondeurs et se réfugie en mars 1650 à Stenay (commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est. Disgraciée à cause de son action déloyale, elle finit sa vie loin de la Cour, mais tournée vers la religion. Elle meurt le 15 avril 1679 à Paris.


Lettre du roi au parlement du Dauphiné pour l’arrestation de Condé, de Conti, et de Longueville.

Les trop grandes ambitions de Condé vont lui être contraires, ce qui va contraindre la reine à faire arrêter le 18 janvier 1650 les trois membres de ce clan (Condé, Conti et leur beau-frère Longueville), et à les emprisonner à Vincennes, avant qu’ils ne soient transférés plus tard à Marcoussis[1], puis au Havre[2].


[1] Commune située actuellement dans le département de l’Essonne, en région Île-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Seine-Maritime, en région Normandie.


Fiche catalographique toponymique sur La Romagne (archives départementales des Ardennes).

Le territoire de La Romagne aurait été le théâtre d’une bataille : « Le 25 février 1650, le marquis de la Ferté défit en cet endroit plusieurs compagnies de cavalerie du prince de Conty[1] ».


[1] D’après une fiche catalographique cartonnée sur La Romagne, rangée dans le tiroir « toponymie » d’un meuble de bibliothèque aux archives départementales des Ardennes. Cette dernière ne comporte aucune indication autre que les propos cités. L’absence de référence à une source primaire entraîne une nécessaire réserve quant à l’information délivrée.


Musée de l'Armée (Paris), dossière de la cuirasse du maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 6668 I [autre numéro d'identification : cote Cc 4/1], objet en fer, laiton, velours, acier, fil de métal, toile, technique de la torsade et du métal noirci, XVIIe siècle (2e moitié), notice descriptive consultable en ligne.
Musée de l’Armée (Paris), dossière de la cuirasse du maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 6668 I [autre numéro d’identification : cote Cc 4/1], objet en fer, laiton, velours, acier, fil de métal, toile, technique de la torsade et du métal noirci, XVIIe siècle (2e moitié), notice descriptive consultable en ligne.

Les Notes diverses et fragments d’histoire locale sur la commune de La Romagne issus de plusieurs documents historiques et de recherches personnelles[1] sont tout aussi sujet à caution, faute de citer la moindre source.

Dans une rubrique intitulée Fronde (1650), l’auteur y affirme, sans strictement avancer la moindre preuve de ses dires, que « L’époque de la Fronde fut une période difficile pour notre région, en particulier pour La Romagne. Turenne, alors rebelle du roi de France, passa un hiver à La Romagne avec les troupes espagnoles, en lutte contre Condé. Cet hiver fut a priori [c’est nous qui soulignons][2] celui de 1649/1650 ; les « quartiers d’hiver » de Turenne firent du tort à La Romagne et aux villages voisins ; les pillages successifs et la contrainte alimentaire furent éprouvants pour la population. Par ailleurs, on sait [c’est nous qui soulignons][3] que ce bref séjour de quelques mois à La Romagne laissa le temps à Turenne de laisser un enfant naturel [c’est nous qui soulignons][4] à La Romagne, qu’il ne reconnut apparemment pas puisqu’il partit avant sa naissance. Concernant les troupes espagnoles, l’exiguïté de La Romagne nous laisse à penser [c’est nous qui soulignons][5] que les soldats s’installèrent en rase campagne, dans les terres défrichées de l’époque (La Bouloye[6] à l’est, le Mont de Vergogne à l’ouest)[7] ».


[1] Photocopie d’un cahier à l’écriture manuscrite (collection personnelle de l’auteure).

[2] Non fondé sur des faits. L’incertitude quant à la date montre qu’il s’agit d’une construction intellectuelle a priori, et non d’une déduction a posteriori tirée d’une analyse documentaire.

[3] Ce « on sait » a tout l’air d’un « on-dit ». Cette affirmation péremptoire est à écarter, puisque les registres jusqu’en 1693 ont disparu avant la Révolution. Elle relèverait plutôt d’une rumeur sans fondement.

[4] Cette « preuve anecdotique », recueillie de façon informelle, et s’appuyant sur des témoignages douteux, a une valeur limitée sur le plan historique. Le ton croustilleux employé par l’auteur correspond aux définitions du Larousse « Qualifie ce qui est à la fois audacieux et provocateur, souvent dans un contexte de révélation ou de scandale. » et du Trésor informatisé de la langue française « Plaisant, piquant et grivois. »

[5] Cette supputation ne repose sur aucune preuve historique. Un ressenti n’est ni un fait ni une opinion. Croire n’est pas penser.

[6] Lire la Bouloi.

[7] Il est permis de douter sérieusement de ces affirmations, qui ne s’appuient pas sur du matériau historique de première main. La disparition quasi-totale de documents des archives départementales des Ardennes concernant l’Ancien Régime, à la suite d’un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale, limite drastiquement l’accès aux sources primaires. Elle concerne plusieurs séries [série A = actes du pouvoir souverain et du domaine public avant 1790. Métrage linéaire après destruction : 1 mètre ; série B = cours et juridictions avant 1790. Métrage linéaire après destruction : 1,20 mètre ; série C = administrations provinciales avant 1790. Métrage linéaire : néant. Série détruite en 1940 ; série D = instruction publique, sciences et arts avant 1790. Métrage linéaire : néant. Série détruite en 1940 ; série F = fonds divers se rattachant aux archives civiles entrés avant 1940. Métrage linéaire après destruction partielle en 1940 : 10 mètres].


Musée de l'Armée (Paris), boulet qui aurait tué le maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 17 [autre numéro d'identification : cote Cc 4], projectile de 3 livres en fer, technique de la fonte, créé sous Louis XIV (1643-1715). , notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : tiré par le canonnier Koch le 27 juillet 1675, il est réputé avoir mortellement blessé Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, lors de la bataille de Salzbach, pendant la guerre de Hollande].
Musée de l’Armée (Paris), boulet qui aurait tué le maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 17 [autre numéro d’identification : cote Cc 4], projectile de 3 livres en fer, technique de la fonte, créé sous Louis XIV (1643-1715). , notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : tiré par le canonnier Koch le 27 juillet 1675, il est réputé avoir mortellement blessé Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, lors de la bataille de Salzbach, pendant la guerre de Hollande].

Jusqu’à preuve du contraire, le séjour de Turenne à La Romagne (Ardennes), rapporté par la tradition orale, appartiendrait aux contes et légendes, mais non à l’histoire. Nul élément manuscrit ou imprimé n’a été en effet apporté pour étayer les propos avancés. Aucune source primaire n’a d’autre part été retrouvée dans l’état actuel de la recherche.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire INV 31368 Recto [anciens numéros d’inventaire : NIII 13415 et MA 10747], Nanteuil, Robert (1623-1678) [« copie d’après » ou « entourage de »], Portrait de Turenne, en buste, portant une cuirasse, pastel sur papier brun collé en plein sur carton [verso numéroté 6 au pochoir et 1195 à la craie blanche], notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire INV 31368 Recto [anciens : NIII 13415 et MA 10747], Nanteuil, Robert (1623-1678) [« copie d’après » ou « entourage de »], Portrait de Turenne, en buste, portant une cuirasse, pastel sur papier brun collé en plein sur carton [verso numéroté 6 au pochoir et 1195 à la craie blanche], notice descriptive consultable en ligne.

Ce qui est en revanche attesté est que Turenne tourne le dos au parti du roi après l’arrestation et l’incarcération des princes. Il se met au service des Espagnols dès le 14 février 1650, par un traité où il s’engage à favoriser la conclusion d’une juste paix avec l’Espagne.


Léopold-Guillaume, archiduc d’Autriche (1614-1662) par Johann Paul Schorr dit Giovanni Paolo Tedesco.

En échange de quoi, il s’installe à Stenay[1] après avoir quitté Paris. Il est à la tête d’une armée au service de l’archiduc Léopold[2], généralissime de l’armée d’Espagne[3], qui lui accorde 250 000 écus[4] pour faire des levées de troupes. Tous les mois, il reçoit une certaine somme[5] pour l’entretien d’icelles[6] et des garnisons des places occupées[7]. Il ne percevra pas régulièrement ces montants.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[2] Léopold-Guillaume de Habsbourg, né à Wiener Neustadt (Land de Basse-Autriche, en Autriche), le 5 janvier 1614, mort à Vienne (Autriche) le 20 novembre 1662, gouverneur des Pays-Bas espagnols du sud.

[3] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0957 [= Anciennement 9352 selon une cotation antérieure], numéros de notice 957-960, Mémoire sur la province de Champagne (1708). [XVIIIe siècle. Manuscrit en français sur papier. 492, 418, 488 et 506 feuillets. 370 sur 250 mm. Reliure en veau raciné. Le manuscrit doit être incomplet, car au bas du dernier feuillet du tome IV on lit les mots d’appels pour le feuillet suivant : « De l’évêché. » — Ce mémoire a dû être rédigé par André de Harouys, qui fut intendant en Champagne de 1702 à 1711.]

[4] Les sommes varient selon les sources entre 200 000 et 250 000 écus.

[5] Estimée à 80 000 écus.

[6] Vieilli. Celles dont il vient d’être question.

[7] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 254 et suivantes, vue 313/414 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV2732,
Flatters Jean-Jacques (1786-1845), Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), buste sur piédouche, marbre, vers 1834, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV2732,
Flatters Jean-Jacques (1786-1845), Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), buste sur piédouche, marbre, vers 1834, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Cependant, après avoir ruiné Marle (Aisne) en voulant contrer les armées royales, Turenne à la tête d’une armée au service des Espagnols assiège successivement Le Catelet[1] (juin 1650), Guise[2] (juillet 1650), La Capelle[3] (août 1650), au moment où la pluie tombe sans discontinuer, provoquant l’embourbement des chemins et le retard d’approvisionnement en vivres.


[1] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.


Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Pendant ce temps, le maréchal du Plessis-Praslin qui commande l’armée royale se retire derrière Notre-Dame de Liesse[1]. Turenne s’avance ensuite sur Vervins[2] puis vers Château-Porcien (Ardennes), qui n’est défendu que par un groupe d’habitants (trente d’entre eux au moins ont été faits prisonniers). La ville qui subit une nouvelle fois les assauts espagnols ne peut que capituler, le 14 août 1650.


[1] A Liesse-Notre-Dame, commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP26.4.1,
Dyck Antoon van (1599-1641) (d'après). Peintre, graveur ; Galle Cornelis, le Jeune (1615-1678). Graveur flamand, Ferdinand III (1608-1657), empereur d'Allemagne, roi de Hongrie et de Bohème, 1649, burin (estampe) ; eau-forte, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP26.4.1,
Dyck Antoon van (1599-1641) (d’après). Peintre, graveur ; Galle Cornelis, le Jeune (1615-1678). Graveur flamand, Ferdinand III (1608-1657), empereur d’Allemagne, roi de Hongrie et de Bohème, 1649, burin (estampe) ; eau-forte, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Avec trois régiments d’infanterie et 4 000 chevaux, les troupes de Ferdinand de Habsbourg[1], conduites par Turenne, assiègent ensuite Rethel (Ardennes), pillant et brûlant tout sur leur passage. La ville se rend à son tour (août 1650).

Une garnison de 800 hommes est laissée sur place, sous l’autorité du colonel Giovanni Delliponti[2], « fort estimé en Flandre » selon Turenne[3], jugé plus durement par d’autres auteurs : « Plus de mille personnes périrent de disette & de misère[4]. »


[1] Ferdinand Ernest de Habsbourg, dit Ferdinand III, né le 13 juillet 1608 à Graz (duché de Styrie), et mort le 2 avril 1657 à Vienne (Autriche).

[2] L’Italien est réputé fameux pour la défense des places.

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6365579 < Tome 1 >, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur, Mémoires du maréchal de Turenne publiés pour la Société de l’histoire de France d’après le manuscrit autographe appartenant à monsieur le marquis de Talhouët-Roy par Paul Marichal, Paris : H. Laurens, 1909-1914, 2 volumes (LXVIII-379, 450 p.), facsimilé, in-8, tome I (1643-1653), 1909, page 146, vue 241/487, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH3-376 (1).

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMS-100399072, Le Long, Nicolas (ordre de saint Benoît, le père). Auteur, Histoire ecclésiastique et civile du diocèse de Laon et de tout le pays contenu entre l’Oise et la Meuse, l’Aisne et la Sambre, Châlons : Seneuze, 1783, in-4°, pièces liminaires, 623 p., table et souscripteurs, page 519, vue 531/656, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-LK3-241.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/533 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/533 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.

La présence de Delliponti, désormais gouverneur de Rethel (Ardennes), après avoir été installé dans cette ville par l’archiduc) et des troupes qui y sont laissées, s’avère très vite inacceptable pour les habitants, compte tenu des exigences formulées.

En effet, il faut tout d’abord fournir 50 poinçons de boisson[1], 4 000 paires de chaussures et autant de bas. Telles sont les conditions de la capitulation, auxquelles s’ajoutent 80 000 rations de pain pour les troupes. Et ce, sans oublier le pillage qui s’ajoute à ces demandes « régulières ».


[1] Tonneau de contenance variable selon les régions mais pouvant contenir jusqu’à 250 litres de vin.


Vicomte de Turenne, sculpture d’après Jérôme Derbais, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Turenne, après avoir au passage et toujours pour le compte des Espagnols pris Fismes[1], alors que Plessis-Pralin s’enferme dans la ville de Reims[2], fait alors avancer un corps d’armée jusqu’à la Ferté-Milon[3], et se rend maître ainsi des passages jusqu’à Paris. Turenne renonce à avancer et décide de rebrousser chemin.

Il repasse l’Aisne et va assiéger Mouzon[4] sur la Meuse avec une partie de son armée durant sept semaines, avant de s’en emparer. Puis « Turenne passa tout le mois de novembre de l’année 1650 au camp de Romagne[5], entre l’Aisne et la Meuse, pour veiller à la conservation de ses places[6]».


[1] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[4] Commune nouvelle située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Romagne-sous-Monfaucon (Meuse). Il est strictement exclu qu’il puisse s’agir de La Romagne (Ardennes) : il est écrit en effet « camp de Romagne » et non « camp de La Romagne ». D’autre part, la description géographique s’applique parfaitement au village meusien et nullement à la commune ardennaise.

[6] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 337, vue 350/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Ordre du roi pour que Turenne ne soit reconnu d’aucune troupe.

La situation change : « Turenne était toujours au camp de Romagne. Au commencement de décembre, la garnison française de Donchery lui avait enlevé un de ses meilleurs postes, le château de Chémery[1]. Ses coureurs occupaient le pays entre Montfaucon et Varennes[2]».


[1] Issue de la fusion de Chémery-sur-Bar et Chéhéry, Chémery-Chéhéry est une commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est. Elle se trouve à 16 kilomètres environ au sud-ouest de Sedan. Ne pas confondre avec le château de Chémery, situé dans le département du Loir-et-Cher, en région Centre-Val de Loire.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 340, vue 353/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Ordre du roi pour empêcher de rejoindre les troupes de Turenne.

Il dispose de régiments d’infanterie, d’une brigade de Lorrains et de régiments allemands, et c’est avec ce « faible effectif que Turenne quitte ses quartiers de la Meuse[1] » pour se rendre à Rethel (Ardennes) aux environs du 13 décembre 1650.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 341, vue 354/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Or, Mazarin[1], malgré une saison peu clémente, veut reprendre Rethel (Ardennes) aux Espagnols, ville à laquelle il est lié, mais surtout parce qu’elle ouvre la voie de Paris. Il se rend lui-même auprès de l’armée pour mener, le plus rapidement possible, cette opération.

Il rassemble 15 000 hommes, qui s’incorporent aux hommes du maréchal du Plessis-Praslin[2]. Celui-ci est secondé dans son commandement par le marquis de Villequier[3], qui dirige l’aile droite, et le marquis d’Hocquincourt[4], qui conduit l’aile gauche. Les troupes royales sont en bien meilleur état que celles de Turenne, car elles ont eu le temps de se reposer un peu.


[1] Connu sous son titre de cardinal Mazarin, né à Pescina (Abruzzes, royaume de Naples), le 14 juillet 1602 et mort à Vincennes le 9 mars 1661, au service d’abord de la papauté, puis des rois Louis XIII et Louis XIV.

[2] César de Choiseul, né le 12 février 1598 et mort le 23 décembre 1675 à Paris.

[3] Antoine II d’Aumont de Rochebaron (1601-1669), élevé à la dignité de maréchal de France à la suite de la bataille de Rethel (Ardennes).

[4] Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt, né en 1599 et mort au combat le 13 juin 1658 devant Dunkerque, officier sous Louis XIII et Louis XIV, maréchal de France en 1651.


Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt (1599-1658), maréchal de France, par Alexandre-François Caminade.

Elles s’emparent du pont de Thugny[1], afin d’assurer le passage de l’Aisne pour se grouper autour de Rethel (Ardennes). La chute de la ville compromettrait la situation des alliés espagnols de Turenne. Il a avec lui 2 500 fantassins et 5 500 cavaliers, de manière à tenter une charge hardie. La bataille se passe à « Sommepi »[2], plus exactement dans la « plaine nommée le Blanc-Champ »[3], quoiqu’elle porte le nom de «  bataille de Rethel (Ardennes)[4] ».


[1] Actuellement Thugny-Trugny, commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Sompy est une variante orthographique retrouvée sur certains autres documents. Actuellement, Sommepy-Tahure, commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est, à la limite des Ardennes. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6365579 < Tome 1 >, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur, Mémoires du maréchal de Turenne publiés pour la Société de l’histoire de France d’après le manuscrit autographe appartenant à monsieur le marquis de Talhouët-Roy par Paul Marichal, Paris : H. Laurens, 1909-1914, 2 volumes (LXVIII-379, 450 p.), facsimilé, in-8, tome I (1643-1653), 1909, page 159, vue 254/487, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH3-376 (1).

[3] John Adams Library (Boston Public Library), document numérique, 39999046674113 [call number = cote], Raguenet, François (1660-1722), Histoire du vicomte de Turenne, par l’abbé Raguenet, nouvelle édition plus correcte que les précédentes, à Paris, rue Dauphine : chez Claude-Antoine Jombert, fils aîné, libraire du roi pour le génie & l’artillerie, MDCCLXXII [1772], 508 p., page 172 et suivante, vue 172/508 et suivante, consultable en ligne sur le site d’Internet Archive, texte reproduit d’après l’original de la John Adams Library (Boston Public Library), Adams 193.8.

[4] Ce nom aurait été donné à la demande de Mazarin en raison de son attachement à cette ville.


Cardinal Jules Mazarin par Grégoire Huret d’après Jean-Baptiste de Champaigne.

Le combat est long, acharné, et sans succès. Tous sont dispersés, et les troupes de Turenne défaites. Les pertes sont estimées à 1 200 hommes. 3 000 soldats sont faits prisonniers.

Vaincu par l’armée royale, Turenne bat en retraite et atteint tout d’abord Bar-le-Duc[1], puis Montmédy[2], où il retrouve une partie de sa cavalerie sauvée du désastre de Rethel (Ardennes). Cette bataille sera, pour lui, l’une des rares qu’il perdra[3].

Ce n’est qu’après cet événement que les troupes prennent, tardivement, leurs quartiers d’hiver.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[3] Depuis le siège de Rethel (Ardennes) en 1411 entre Armagnacs et Bourguignons, la ville a connu de nombreux conflits sous l’Ancien Régime. Voir Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LK7-8263, Jolibois, Émile (1813-1894), Auteur. Histoire de la ville de Rethel, depuis son origine jusqu’à la Révolution, Paris : J.-B. Dumoulin, 1847, in-8°, VII-294 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/569, Recto [ancien : 16934], Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : distribution des récompenses, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/569, Recto [ancien : 16934], Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : distribution des récompenses, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Le lundi 26 décembre 1650 « furent apportés 28 drapeaux pris en la bataille de Sommepy sur l’ennemi, et furent mis au cabinet du roi[1], où, entrant, il en eut un qui fut reconnu être du régiment du prince de Conti ». Trois jours plus tard, soit le jeudi 29 décembre 1650, ils sont déposés à Notre-Dame.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 352 et suivantes, vue 411/414 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Portrait d’un officier espagnol, XVIIe siècle, école des Pays-Bas du sud.

Le mois de mai 1651 marque un retournement de situation pour Turenne. Alors que des propositions de paix sont faites par la France (en particulier l’abandon de la Catalogne), les Espagnols ne les acceptent pas.


Vidéo Souffles alpins – Monsieur de Turenne, enregistrée par la chorale de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion capitaine Anjot, avec la musique des troupes de Marine, en hommage aux blessés de l’armée de Terre, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne promotion capitaine Anjot.

Turenne, devant cette attitude, ne veut plus avoir affaire à eux, et se sent libre d’abandonner leur parti. Il revient alors dans les armées royales. Absout de sa trahison par le roi, il rentre en grâce et peut de nouveau fréquenter la Cour.

En revanche, les troupes de Condé et Conti sont toujours dans l’opposition au roi. Ce n’est cependant qu’à partir de 1652[1] que Condé passera au service du roi d’Espagne Philippe IV, tandis que Conti retrouvera les faveurs du souverain français Louis XIV.


[1] Et ce jusqu’en 1659.


Louis II de Bourbon, Prince de Condé dit Le Grand Condé (1621-1686) par Jean Frosne.

Dès octobre et novembre 1652, le théâtre des hostilités se retrouve être, une nouvelle fois, autour de la rivière Aisne. Les villes de Rethel (Ardennes) et de Château-Porcien (Ardennes) sont menacées, car Condé et les Espagnols veulent s’en emparer.

C’est ce qui arrive d’ailleurs, puisque Condé se rend maître de cette ville en deux jours. Turenne, qui considère que l’entrée de monsieur le prince dans Rethel (Ardennes) comme « le plus grand mal qui peut arriver[1] », passe l’Aisne à Château-Porcien (Ardennes), se loge au château de Chaumont (Ardennes)[2], où se trouvent quelque 200 ennemis qui se rendent.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2017-267108, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de), Mémoires du maréchal de Turenne. Tome premier, 1643-1653, La Celle-Saint-Cloud : Éditions Douin, 2017, 1 vol. (379 p.), facsimilé de l’édition de Paris : Librairie Renouard, 1909, page 235.

[2] Chaumont-Porcien.


Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France (1611-1675), sculpture par Augustin Pajou.

Rethel repasse du côté du roi, alors que les troupes condéennes mettent, quelques jours après, le feu à Château-Porcien (Ardennes). Or, comme Turenne veut empêcher à tout prix que celles-ci prennent leurs quartiers d’hiver en France, il les poursuit sans relâche dans une marche parallèle, de manière à s’opposer aux entreprises de Condé et des Espagnols.


Portrait de Michel II Le Tellier (1603-1683), marquis de Barbezieux, peinture d’après Robert Nanteuil.

Dans une lettre du 26 octobre 1652 adressée à Michel Le Tellier[1], Turenne informe ce dernier qu’il a eu « avis comme l’armée des ennemis a passé l’Aisne et marche vers Rethel et Château-Porcien[2] ». Dans une autre, il signale qu’ayant eu « des nouvelles comme monsieur le prince marche vers Château-Porcien », il va s’avancer vers la Champagne[3].


[1] Michel Le Tellier, marquis de Barbezieux, homme d’État français, nommé secrétaire d’État de la Guerre par Louis XIV, né le 19 avril 1603 et mort le 30 octobre 1685 à Paris.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 90.

[3] Lettre du 29 octobre 1652. Cf. Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 94.


Le Grand Condé (Louis II de Bourbon, prince de Condé, dit) (1621-1686) par Antoine Coysevox.

L’hiver 1652/1653 est particulièrement rigoureux, avec un froid glacial et un gel extrême, au point qu’il est impossible de creuser la terre. Cela n’empêche pas la prise de Château-Porcien (Ardennes), que tenait Condé, les 18 et 19 janvier 1653, tandis que Rethel (Ardennes) connaît un nouveau siège. Compte tenu d’un temps plus que défavorable, la guerre ne reprend qu’en avril, quoique les frontières soient partout menacées.


Louis XIV terrassant la Fronde, 1653, sculpture par Gilles Guérin.

Si le roi parvient à juguler la Fronde au cours de l’année 1653, rien n’est encore terminé avec les Espagnols : une partie des troupes de Condé remonte sur Sainte-Menehould[1], Bar-le-Duc[2] et Rocroi[3] (30 septembre 1653), sous domination espagnole. Condé se voit confier la responsabilité de cette ville où s’organise, avec les Espagnols, un système d’impôts qui ne cessera qu’en 1659.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Portrait du Grand Condé, en buste, tourné à gauche par Jean I Petitot.

L’ensemble des villages du Porcien est ainsi rançonné par Rocroi, dont le gouverneur[1] exige une contribution pour le compte de Condé. Elle doit normalement mettre à l’abri les villageois de toute forme de représailles, mais ce n’est pas toujours le cas.


[1] Charles de Montsaulnin, comte de Montal (1619-1696), officier militaire, ami proche du Grand Condé.


Vue de Rocroi par Israël Silvestre.

En outre, certains villages doivent aussi s’acquitter d’un autre tribut « au Hainaut[1] ». Ainsi, le village de La Romagne paie la double contribution : 88 livres pour Rocroi et 120 livres au second. Rocquigny est pareillement taxé et, de plus, il lui faut parfois payer aussi pour récupérer des animaux qui ont été volés dans le village.

Un habitant se plaindra en 1657 auprès de Terwel d’avoir dû se dépouiller de « 240 l.[2] pour rachepter[3] 2 chevaux et remonter 2 cavaliers du régiment de Grandpré[4] pris dans l’églize[5] par ses ennemys[6], à la vendange dernière, qui leur enlevèrent pour 1 000 l.[7] de butin[8] ». Montmeillant paie 44 livres à Rocroi uniquement.


[1] Province des Pays-Bas espagnols.

[2] Livres.

[3] Lire racheter.

[4] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Lire église.

[6] Lire ennemis.

[7] Livres.

[8] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 97-256, page 164 et suivantes, vue 88/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Bois des Potées et Maubert-Fontaine.

Turenne se trouve le 1er juillet au camp de Wasigny[1]. Le 17 octobre 1653, il est au camp de Signy-l’Abbaye[2], et le village de Son[3] est placé sous la sauvegarde des troupes royales.

Mais Lalobbe[4] est pillée, Mainby détruit, La Férée[5] et Fraillicourt[6] incendiés. Draize[7] comme Montmeillant[8] sont désertés. Quant à Maubert-Fontaine[9], il n’y a plus rien, ni habitations ni habitants, dans cette bourgade. Un autre camp est établi à Rumigny.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[6] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[7] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[8] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[9] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Portrait de Turenne, miniature sur ivoire (anonyme français, XVIIe siècle).

Turenne, renforcé par l’armée du maréchal de La Ferté[1] et Conti qui, lui aussi, s’est rallié au roi, arrive une nouvelle fois à proximité de Rethel (Ardennes). La ville repasse du côté royal[2], et Conti retrouve alors son gouvernement de Champagne. Après cette date, la guerre se déplace sur d’autres lieux, en particulier sur le nord du royaume.


[1] Henri II, duc de La Ferté-Senneterre (1599-1681), militaire français, maréchal de France en 1651.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 490.


Portrait d’Abraham de Fabert, marquis d’Esternay, maréchal de France, musée de Condé (Chantilly).

Pour pallier les nombreux dégâts subis par la région, le maréchal Fabert[1], gouverneur de Sedan[2], suggère à Mazarin dès 1656 d’établir « une taille réelle », basée sur le cadastre. Cette mesure assurerait une répartition équitable de cet impôt entre les paroisses, d’autant que la vie rurale est complètement désorganisée après tous ces événements.


[1] Abraham (de) Fabert d’Esternay, né à Metz le 11 octobre 1599 et mort à Sedan le 17 mai 1662.

[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Carte pour servir à l’histoire des princes de Condé, tomes III et IV, n° 1.

L’élection de Rethel (Ardennes), tout comme le pays environnant, a vu l’incendie des récoltes ou le saccage sur pied de celles-ci. Le vol et la destruction des charrues entrave l’exploitation des terres. La prise du bétail est également à déplorer, en particulier celle des chevaux et bovins qui servent pour le trait. Il faut y ajouter la disparition des troupeaux d’ovins, dont l’élevage pour le textile rethélois apportait un revenu aux familles.


Terwel est chargé de cette mission et s’en acquitte avec beaucoup de sérieux entre avril et juin 1657. Il doit déterminer la fertilité, l’étendue du terroir labourable : Rocquigny a un « terroir médiocre et mauvais 576 arpents outre quelque vin[1], 188 aux habitants en propre. Prez[2] 269 arpents, 69 aux habitants, le reste à l’églize[3], seigneur et censes. Bois au seigneur 800 arpents [4] ». Celui de Montmeillant est décrit ainsi : « stérile et quantité de vin[5] ».

Affligés de terres infécondes, et surchargés par les taxes, certains habitants en sont réduits à mendier, à manger des racines, à vendre des balais faits avec des branches de bouleau récoltées dans la forêt.


[1] Lire quelques vains, c’est-à-dire des terrains soumis du droit de vaine pâture.

[2] Lire prés.

[3] Lire Eglise.

[4] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 97-256, page 163 et suivantes, vue 87/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].

[5] Lire vains. Ce droit était en usage au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/539 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la bataille, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/539 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la bataille, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Il dénombre les forêts, les prés, voire des vignobles s’il y en a, ainsi que « les aisances ou usages communs ». Il note le nombre des charrues, des habitations, des habitants.

D’après son décompte, on apprend qu’il ne reste que quatre charrues à Rocquigny, que les habitants sont au nombre de 160, tandis qu’à La Romagne, il n’y a depuis sept ans que « 13 bastiment[1] au village ». C’est dire si ce dernier a subi les affres de la guerre. Montmeillant n’est pas mieux loti avec « pleins mesnages[2] 10 et 8 demy[3] ». Dans l’ensemble, la population des villages a diminué des deux tiers.


[1] Lire bâtiments.

[2] Lire pleins ménages.

[3] Lire demi-ménages.


Terwell insiste sur la pauvreté de La Romagne et des deux autres villages circonvoisins, due à ces fameuses contributions « obligatoires » pour essayer d’échapper au carnage des diverses armées.

Il pointe aussi la baisse de la population. Château-Porcien[1] qui comptait 538 feux en 1628 n’en avait plus que 212 en 1657, alors que Signy-l’Abbaye (Ardennes) en avait aux mêmes dates respectivement 256 contre 76.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


En 1657, pour soulager les habitants, il propose de « tailler les habitants » (c’est-à-dire prélever l’impôt dû au roi) non à 240 livres comme en 1656, mais à 90 livres, Rocquigny à 605 livres au lieu de 760, et Montmeillant à 160 livres au lieu de 240. Cette proposition faite pour de nombreux villages en dit long sur l’état de détresse de ces lieux.


L’Isle de la Conférence (ou île des Faisans), dessin à la plume, sépia.

En 1659, lors de la signature du traité des Pyrénées[1] mettant fin à la guerre contre les Espagnols, et dont nos villageois n’ont eu connaissance que quelques mois plus tard, la contrée est exsangue. Néanmoins, cet acte diplomatique permet de rétablir l’ordre dans la Champagne, exposée depuis plus de cinquante ans à des ennemis de tous bords.


[1] Le 7 novembre 1659 sur l’île des Faisans, à la frontière franco-espagnole.


La pauvreté est si extrême, tant à Rethel (Ardennes) que dans toute la région, que des édiles font appel à plusieurs reprises à la charité du révérend père Vincent, puis à son adjoint le frère Jean Parru, afin qu’elle s’exerce à l’égard des pauvres de la ville.

Tout le secteur est concerné, puisque le « Rethélois et la contrée voisine du Porcien avaient été complètement ravagés en 1649 par les Espagnols et les Suédois, puis au printemps de 1650 par des Polonais au service du roi de France, pendant l’été par Turenne au service de la Fronde »[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Brétaudeau, Léon (prêtre de la mission). Auteur, « Les Œuvres de Saint Vincent de Paul dans le Rethélois » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 5-38, page 7 et suivantes, vue 9/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Ce que confirme Armand Picard[1], qui écrit que « Les habitants ne survécurent que grâce à des aides extérieures et à l’action bienfaisante des missionnaires de monsieur Vincent[2] qui organisèrent ravitaillement et secours[3]. »


[1] Intérimaire en pharmacie et érudit local (1860-1947), habitant de Wasigny (Ardennes).

[2] Vincent de Paul, né le 24 avril 1581 à Pouy (actuellement dans le département des Landes, en région Nouvelle-Aquitaine) et mort le 27 septembre 1660 à Paris (actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la métropole du Grand Paris).

[3] Archives départemental des Ardennes, 1J 21-3 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 21 = histoire du Porcien, dons Didion et abbé Henry, novembre 1949, pièce 1J 21-3, Rocquigny, notes historiques par Armand Picard (1860-1947), 1 cahier].


Bataille de Rethel (Ardennes), 1650, par Franz Ertinger.

Il faut également être conscient qu’à cette époque les frontières sont totalement aléatoires : elles se déplacent en fonction des traités, et les populations à proximité en subissent les conséquences (Les civils ont été à cette époque les premières victimes de guerre).

Les Ardennes, en tant que théâtre de certains affrontements, ont joué un rôle significatif dans ces conflits du XVIIe siècle : la bataille de Rethel (Ardennes) le 15 décembre 1650 a débouché sur une victoire militaire et politique du royaume de France.

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Administration communale Anciens combattants Guerre franco-allemande (1870-1871) Impôt Militaires Victimes de guerre

La guerre franco-allemande (1870-1871) à La Romagne et dans le canton de Chaumont-Porcien



Statuette représentant Bismarck lors de la proclamation de l'Empire allemand, le 18 janvier 1871. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statuette représentant Bismarck lors de la proclamation de l’Empire allemand, le 18 janvier 1871. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La guerre[1] est déclarée le 19 juillet 1870 par Napoléon III au royaume de Prusse, dont Otto von Bismarck est le ministre-président de 1862 à 1890 (il est également chancelier de la confédération de l’Allemagne du Nord de 1867 à 1871). Aux Prussiens se sont associés d’autres Etats comme le grand-duché de Bade, les royaumes de Bavière et de Wurtemberg. Les premiers affrontements ont lieu sur le front de l’Est.


[1] Ce conflit est généralement désigné par le terme « guerre franco-allemande (1870-1871) ». Il peut être également nommé « guerre de 1870-1871 » ou « guerre franco-prussienne (1870-1871) ». Il arrive qu’il soit appelé « guerre de Septante » par certains historiens.


La Romagne et les villages des environs assistent parfois aux passages des troupes, mais ne sont pas directement situés dans la zone des combats, marquée par une cinglante défaite à la suite de la bataille de Sedan (Ardennes).

Les habitants ont cependant ressenti la proximité de la guerre : avant de faire face à l’occupation allemande (le département des Ardennes n’a été libéré de celle-ci qu’en 1873), ils ont été confrontés aux réquisitions de chevaux et de nourriture par les soldats français, aux opérations du 13e corps d’armée, lors de la retraite de celui-ci.


La cadence de tir du fusil Chassepot modèle 1866 utilisé pendant la guerre franco-allemande (1870-1871) est de dix coups par minutes. Son calibre est de 11 millimètres. Sa hausse est graduée jusqu'à 1 200 mètres, même si sa portée pratique est en fait de 150 mètres environ. Il est en tout cas plus performant que le fusil à tabatière modèle 1867 utilisé pendant le Second Empire. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La cadence de tir du fusil Chassepot modèle 1866 utilisé pendant la guerre franco-allemande (1870-1871) est de dix coups par minutes. Son calibre est de 11 millimètres. Sa hausse est graduée jusqu’à 1 200 mètres, même si sa portée pratique est en fait de 150 mètres environ. Il est en tout cas plus performant que le fusil à tabatière modèle 1867 utilisé pendant le Second Empire. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Créée par le décret du 12 août 1870, cette unité militaire défensive[1] débute sa formation le 16 août 1870 à Paris, sous les ordres du général Vinoy[2]. Elle est composée de trois divisions, confiées respectivement aux généraux Exéa[3], Maud’huy[4] et Blanchard[5].


[1] L’armée française gardera cette position, face à des ennemis qui privilégient une stratégie offensive.

[2] Joseph Vinoy (10 août 1800-29 avril 1880), général de division.

[3] Antoine-Achille d’Exéa-Doumerc (24 février 1807-9 février 1902), général de division.

[4] Louis Ernest de Maud’huy (21 janvier 1809-20 octobre 1883), général de division. A ne pas confondre avec son neveu, le général Louis Ernest de Maud’huy (17 février 1857-16 juillet 1921), héros de la guerre de 1914-1918.

[5] Georges Eugène Blanchard (12 octobre 1805-13 février 1876), général de division.


En tout, ces dernières comprennent plus de 30 000 hommes pour l’infanterie (dont certaines recrues, selon le capitaine Vaimbois[1], n’ont jamais ou très peu manié le fusil Chassepot[2]), une réserve d’artillerie plutôt bien préparée, et une division de cavalerie.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6464043, Vaimbois, Joseph Nicolas Edmond (auteur), Le 13e corps dans les Ardennes et dans l’Aisne, ses opérations et celles des corps allemands opposés : campagne de 1870-71, Paris : Henri Charles-Lavauzelle, 1897, 1 vol. (224 p.), in-8°, page 8, vue 16/238, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-2115.

[2] Le fusil modèle 1866 tire son nom de son inventeur.


Cette formation quitte Paris le 24 août 1870 par différentes lignes de chemin de fer. Il est prévu qu’elle doit en partie se porter sur la rive droite de l’Aisne à hauteur de Berry-au-Bac[1], mais les directives changent. Seize jours plus tard, le 13e corps est de retour à Paris[2], après avoir vécu de nombreux aléas et péripéties durant sa retraite.


[1] Actuellement département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Aujourd’hui, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la métropole du Grand Paris.


Bronze dédicacé représentant le major Halden lors de la bataille de Gravelotte (Moselle), fin XIXe siècle (Allemagne). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La première division est dirigée sur Reims (Marne). Quant aux deux autres, elles ont pour mission, non de combattre, mais d’inquiéter l’armée du prince Frédéric Charles de Prusse[1] dans sa marche. Or, très vite, elles reçoivent d’autres ordres et doivent se diriger sur Mézières (Ardennes), où elles arrivent le 30 août pour assurer les communications.


[1] Friedrich Karl von Preußen en allemand (20 mars 1828-15 juin 1885).


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, page 20, vue 22/36, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, page 20, vue 22/36, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.

La situation est déjà compromise : le 18 août a eu lieu la bataille de Gravelotte (Moselle)[1], puis le repli de Bazaine[2] à Metz (Moselle) et son enfermement.


[1] Egalement appelée bataille de Saint-Privat.

[2] François Achille Bazaine (13 février 1811-23 septembre 1888), général de division et maréchal de France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8439219, Établissement géographique Erhard frères (auteur), Monrocq imprimeur (auteur), Direction de la marche de l'Armée de Châlons vers Metz (indiquée par le ministre de la Guerre dans le conseil des Ministres), échelle au 1 : 160 000, Paris : Monrocq imprimeur, 1870, 1 feuille en couleurs ; 580 x 440, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-303. Note : Carte de l'Argonne et d'une partie de la Champagne, de Châlons à Verdun. - 1870].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8439219, Établissement géographique Erhard frères (auteur), Monrocq imprimeur (auteur), Direction de la marche de l’Armée de Châlons vers Metz (indiquée par le ministre de la Guerre dans le conseil des Ministres), échelle au 1 : 160 000, Paris : Monrocq imprimeur, 1870, 1 feuille en couleurs ; 580 x 440, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-303. Note : Carte de l’Argonne et d’une partie de la Champagne, de Châlons à Verdun. – 1870].

Pour sa part, l’armée de Châlons[1], sous le commandement de Mac-Mahon[2], est arrêtée dans sa marche. En outre, dans la nuit du 30 au 31 août, Failly[3] échoue devant Beaumont[4], alors que ses troupes, qui ont reculé, essaient de résister et de défendre Mouzon (Ardennes), dont les Prussiens ne s’empareront que tard dans la soirée. Les Français reçoivent alors l’ordre de se porter sur Sedan (Ardennes).


[1] Actuellement Châlons-en-Champagne, anciennement Châlons-sur-Marne, chef-lieu du département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Patrice de Mac Mahon (13 juin 1808- 17 octobre 1893), général de division, maréchal de France.

[3] Pierre Louis Charles Achille de Failly (21 janvier 1810-15 novembre 1892), général de division.

[4] Actuellement, Beaumont-en-Argonne (Ardennes), en région Grand Est.


Les civils fuient sur la route de Sedan (Ardennes) à Mézières (Ardennes). Le 1er septembre, on entend les canons Krupp[1] tonner sur Bazeilles (Ardennes), où se trouve, en particulier, le Ier corps d’armée bavarois[2]. Les combats sont acharnés et sanglants.


[1] L’entreprise de sidérurgie a été fondée par Friedrich Krupp (17 juillet 1787-8 octobre 1826). Le « roi du canon » (« Kanonenkönig ») Alfred Krupp (26 avril 1812-14 juillet 1887) en fait une industrie d’armement de premier rang.

[2] Königlich Bayerisches 1. Infanterie-Regiment « König ». Par convention typographique, les numéros des unités françaises ou alliées se composent en chiffres arabes. Le romain grande capitale est alors réservé aux armées ennemies, pour éviter des confusions.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, pages 26 et 27, vues 28/36 et 29/36, consultables en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, pages 26 et 27, vues 28/36 et 29/36, consultables en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.

Après avoir été informé de ce qui se passait à Sedan (Ardennes), le général Vinoy, qui a conscience de l’étendue du désastre, fait savoir au ministre qu’il compte battre en retraite, afin de ramener vers Paris le 13e corps d’armée pour protéger la capitale. Il veut se mettre en route de très bonne heure le 2 septembre, pour prendre de l’avance sur les ennemis qui pourraient le poursuivre.


Une longue colonne s’étire sur plusieurs kilomètres à la sortie de Mézières (Ardennes) pour se diriger sur Charleville (Ardennes) et s’avancer sur la route de Rethel (Ardennes) en passant par Poix[1], Launois[2], Faissault[3], Saulces-aux-Bois[4] et Saulces-Monclin[5].

Les hommes ont très peu de munitions et ne peuvent en obtenir d’autres. Il est décidé qu’en cas d’attaque, cette troupe doit combattre sans arrêter la marche, d’autant que la partie la plus dangereuse se trouve entre Charleville (Ardennes) et Launois (Ardennes).


[1] Actuellement, Poix-Terron (Ardennes), en région Grand Est.

[2] Actuellement Launois-sur-Vence (Ardennes), en région Grand Est.

[3] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Ancienne commune , actuellement localité de Saulces-Monclin (Ardennes), en région Grand Est.

[5] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.


Aux environs de 6 heures du matin, des échauffourées se produisent entre la colonne française du 13e corps d’armée[1] et les Allemands du VIe cuirassiers[2] et du XVe uhlans[3]. Ces derniers vont se fixer sur la Vence[4].

Or, un évènement peu banal survient : à la suite d’une confusion d’uniformes, des soldats du XVe uhlans[5] et des hussards français se mélangent. Les uhlans se rendent très vite compte de leur erreur, la lutte s’engage et quelques Allemands sont faits prisonniers. La colonne repart de Launois (Ardennes) vers 8 h 30.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-2304, Poirier, Jules (auteur), Le 13e corps d’armée pendant la guerre de 1870, 2e édition, Paris : G. Kleiner, 1901, in-8°, 104 p., cartes.

[2] Kürassier-Regiment Kaiser Nikolaus I. von Rußland (Brandenburgisches) Nummer 6.

[3] Schleswig-Holsteinisches Ulanen-Regiment Nummer 15.

[4] Petite rivière qui prend sa source au sud-est de Dommery (Ardennes), et qui se jette dans la Meuse à Charleville (Ardennes).

[5] « Nom que portaient les lanciers dans les armées germaniques », selon le Dictionnaire de l’Académie française. Le XVe uhlans est originaire du Schleswig-Holstein (Land d’Allemagne).


Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs français autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs français autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Attaqué une nouvelle fois à Saulces-Monclin (Ardennes), Vinoy fait déployer l’artillerie. De son côté, le général Bredow[1], voyant que sa tentative échoue, se replie. Une seconde attaque est menée par une brigade de cavalerie, alors que l’ennemi se contente de les observer.


[1] Friedrich Wilhelm Adalbert von Bredow (25 mai 1814-3 mars 1890).


Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs prussiens autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs prussiens autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Comme l’artillerie prussienne occupe le terrain de Bertoncourt (Ardennes), la colonne se détourne de l’itinéraire initial pour prendre le chemin qui conduit à Novion-Porcien (Ardennes). Elle ne subit plus que des escarmouches destinées à lui faire perdre du temps.


Paquetage du soldat français pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Paquetage du soldat français pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lorsque le village de Novion (Ardennes) est atteint vers 15 heures, le général Vinoy met les troupes au bivouac, pour qu’elles se reposent et que l’on puisse s’occuper de la quarantaine de blessés.


Mannequin en uniforme militaire d'un uhlan du Ulanen-Regiment König Wilhelm I. (2. Württembergisches) Nummer 20. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes. Œuvre photographique soumises au code de la propriété intellectuelle, dont l’usage pédagogique et non lucratif a été expressément permis à l’auteure par ses détenteurs Alfred Umhey (chargé de collection) et Ludivine Huart (directrice du musée). © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Mannequin en uniforme militaire d’un uhlan du 20e régiment, 2e Wurtemberg = Ulanen-Regiment König Wilhelm I. (2. Württembergisches) Nummer 20. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes. Œuvre photographique soumises au code de la propriété intellectuelle, dont l’usage pédagogique et non lucratif a été expressément permis à l’auteure par ses détenteurs Alfred Umhey (chargé de collection) et Ludivine Huart (directrice du musée). © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Très rapidement, c’est l’affolement, la population craignant l’arrivée des uhlans. Ils occupent le village, dès le départ des Français.


Finalement, le général Vinoy décide de repartir dans la nuit du 3 septembre dans l’espoir de mettre davantage de distance avec l’ennemi. Le départ est fixé à 2 heures du matin et, pour ne pas alerter les éclaireurs de l’autre camp, des traces de vie sont laissées avec le maintien des feux allumés.

La colonne se prépare à gagner Chaumont-Porcien (Ardennes), lorsqu’une forte pluie se met à tomber. Les hommes sont trempés, la boue qui atténue cependant le bruit des roues ne facilite pas les déplacements. Successivement, la troupe traverse Mesmont[1], Bégny[2], Givron (Ardennes).


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Mesmont (Côte-d’Or), en région Bourgogne-Franche-Comté.

[2] Actuellement, Doumely-Bégny (Ardennes), en région Grand Est.


Les armes à feu utilisées pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Or, entre Bégny et Givron, une route descend sur Ecly[1] et Château-Porcien[2], où se trouve l’ennemi. C’est là que le guide qui les conduit (et qui pourtant connait le secteur) se trompe et les engage dans la mauvaise direction[3]. Le général Vinoy s’en aperçoit, et fait rebrousser chemin à ses troupes, dans un grand désordre. Bégny (Ardennes) sera lui aussi occupé par des troupes prussiennes.


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Actuellement, département des Ardennes en région Grand Est.

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73265 < T. 2 >, Thoumas, Charles (auteur), Les transformations de l’Armée française : essais d’histoire et de critique sur l’état militaire de la France, Paris : Berger-Levrault, 1887, 2 vol. ; in-8°, page 420, vue 429/686, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LF195-763 (2).


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-5499144 < Edition 2 >, Vinoy, Joseph (auteur), Campagne de 1870-1871 : siège de Paris ; opérations du 13e corps et de la troisième armée, deuxième édition, Paris : Henri Plon, 1872, 1 vol. in-8° (III-536 p.) et 1 atlas in-fol. (XV planches), page IV, vue 13/45, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB57-46 (A,1).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-5499144 < Edition 2 >, Vinoy, Joseph (auteur), Campagne de 1870-1871 : siège de Paris ; opérations du 13e corps et de la troisième armée, deuxième édition, Paris : Henri Plon, 1872, 1 vol. in-8° (III-536 p.) et 1 atlas in-fol. (XV planches), page IV, vue 13/45, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB57-46 (A,1).

La colonne arrive enfin à Chaumont-Porcien (Ardennes) vers 8 heures du matin. Les soldats reçoivent un accueil chaleureux de la population. Il leur sera difficile de repartir à l’heure prévue.


Chaumont (Ardennes), vers midi, voit arriver les dragons allemands. Ils prennent position sur les crêtes à l’est du village, et y installent des batteries. Un bataillon se déploie sur la route entre Adon (Ardennes)[1] et Chaumont (Ardennes), avant que deux autres n’occupent le village, qui n’en sort pas indemne.


[1] Actuellement, commune rattaché à Chaumont-Porcien, dans le département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Adon (Loiret), en région Centre-Val de Loire.


Une nouvelle fois, le général Vinoy décide de changer de route, et de se diriger sur Seraincourt[1], Fraillicourt[2], Montcornet[3].


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Seraincourt (Val-d’Oise), en région Île-de-France.

[2] Actuellement, département des Ardennes en région Grand Est.

[3] Actuellement Montcornet (Aisne), en région Hauts-de-France. A ne pas confondre avec Montcornet ou Montcornet-en-Ardenne, dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Ignorant qu’elle n’était pas poursuivie par la XIIe division d’infanterie[1], la colonne française fait halte à Fraillicourt (Ardennes) et, dans un dernier effort, se remet en marche jusqu’à Montcornet (Aisne), où elle parvient à 18 heures. Le lendemain elle gagne Marle[2], puis Laon[3], pour rejoindre Paris le 9 septembre.


[1] 12. Division [Alte Armee], union des contingents du royaume de Prusse.

[2] Actuellement, département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[3] Actuellement, département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.



Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10505633, Hadol, Paul (dessinateur), La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores, et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, Chez Rossignol, 11 rue Taitbout ; Au bureau de l'Éclipse, 16 rue du Croissant, Paris, 30 pl., page de titre : lithographie coloriée ; 17 x 27 cm, page non paginée, vue 11/49, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, TF-387-4.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10505633, Hadol, Paul (dessinateur), La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores, et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, Chez Rossignol, 11 rue Taitbout ; Au bureau de l’Éclipse, 16 rue du Croissant, Paris, 30 pl., page de titre : lithographie coloriée ; 17 x 27 cm, page non paginée, vue 11/49, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, TF-387-4.

La capitulation de l’empereur Napoléon III ne met pas fin aux combats. Des groupes de francs-tireurs se forment, et n’hésitent pas à attaquer l’ennemi, qui réplique par des représailles comme à Vaux-Villaine (Ardennes), où trois habitants[1] sont fusillés le 27 octobre 1870 au matin.


[1] Jean-Baptiste Depreuve, Louis Georges et Charles Georges.


Croix de fer de 2e classe et médailles commémoratives allemandes des batailles de la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Croix de fer de 2e classe et médailles commémoratives allemandes des batailles de la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après la défaite, le département des Ardennes se voit imposer, dès le 8 septembre 1870, une contribution d’un million de francs pour compenser les pertes allemandes dans divers domaines, et en particulier celles infligées aux navires allemands par les vaisseaux de guerre français[1].

Dans les registres de Mainbressy (Ardennes)[2], à la date du 20 octobre 1870, le conseil municipal se soumet au paiement d’une somme de 1 800 francs pour éviter, par un refus, des mesures de rétorsion, ce qui montre la crainte ambiante.


[1] En 1870, l’Allemagne ne comptait pas du tout au rang des puissances maritimes. Notre Marine lui était alors largement supérieure.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MAINBRESSY/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MAINBRESSY/D 1 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Mainbressy (Ardennes), 1838-1880].


Décret de la préfecture de Rethel imposant une contribution d'un million de francs au département des Ardennes, soumis à l'occupation ennemie. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Décret de la préfecture de Rethel imposant une contribution d’un million de francs au département des Ardennes, soumis à l’occupation ennemie. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Peu de temps après, Von Katte[1], qui se présente comme préfet de Rethel (Ardennes), réclame à la commune de Rocquigny (Ardennes)[2] :

  • Le 12 novembre 1870, la fourniture de 1 500 kg de paille et autant de foin, 30 quintaux métriques (soit 100 kg) d’avoine, et 1 200 kg de viande.
  • Le 6 décembre 1870, ce sont des réquisitions de literie pour le casernement de troupes prussiennes qui sont mises en œuvre. Quelques jours plus tard, ce sont 75 paires de chaussettes et des couvertures qui sont exigées, sans oublier les sommes sollicitées pour l’éclairage ou des suppléments de gages donnés aux employés des armées prussiennes.
  • Le 26 janvier 1871, divers ajouts de grains et de blé sont demandés.

[1] Ce nom appartient à une vieille famille noble brandebourgeoise.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROCQUIGNY/D 1 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Rocquigny (Ardennes), 2 octobre 1865-2 juin 1884].


Dans le même temps, Fraillicourt (Ardennes)[1], occupé pendant 172 jours (du 8 septembre 1870 au 26 février 1871), est exposé à des requêtes considérables, après avoir pourvu à la nourriture et au logement de troupes (un régiment de dragons et le XXVIIe régiment d’infanterie[2]).

A la fourniture de grains, de fourrages, de vin, de cidre, d’eau de vie et de liqueurs s’ajoutent des moyens de transport (voitures de maître, charrettes, chariots), des vêtements confectionnés et de la vaisselle.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/FRAILLICOURT/D 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série FRAILLICOURT/D 3 = registre des délibérations du conseil municipal de Fraillicourt (Ardennes), 1838-1873].[2] Infanterie-Regiment Prinz Louis Ferdinand von Preußen ((2. Magdeburgisches) Nummer 27.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53083071, Andriveau-Goujon, Eugène (auteur), Carte de l'invasion et de l'occupation du territoire français par l'armée allemande en 1870-1871 [Document cartographique], Paris : Eugène Andriveau-Goujon, 1871, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE C-6579.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53083071, Andriveau-Goujon, Eugène (auteur), Carte de l’invasion et de l’occupation du territoire français par l’armée allemande en 1870-1871 [Document cartographique], Paris : Eugène Andriveau-Goujon, 1871, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE C-6579.

En 1871, tout est paralysé dans le département, puisqu’une gouvernance allemande a été mise en place, et que la poste ne fonctionne plus. A tout cela, s’ajoute la rigueur de l’hiver. La misère et la peur règnent une fois de plus sur la contrée.

Cette gestion par les Allemands disparaît après la signature des préliminaires de paix (mars 1871). L’administration française reprend alors sa place. La loi du 14 avril 1871 prescrit à cet effet un renouvellement intégral des membres des conseils municipaux.


La commune de La Romagne est imposée d’une contribution aux frais des besoins de l’armée allemande. Celle-ci s’élève à 50 francs par tête d’habitant, ce qui fait un total de 21 200 francs.

Ces derniers ne peuvent être délivrés qu’au moyen d’un appel aux contribuables les plus aisés de la commune, et d’un emprunt remboursable en 5 ans une fois la guerre terminée.

A partir de 1872, la conséquence de ces contributions est une imposition exceptionnelle. L’autorité allemande ne se contente pas de ces sommes. Elle réclame en sus environ 3000 francs, correspondant à la contribution foncière afférente à l’Etat.


De plus, la commune (tout comme d’autres villages ardennais cités plus haut) est mise en demeure de fournir, en plus de divers produits (dont on ne connaît pas la liste), une voiture de houille attelée de quatre chevaux. Celle-ci pose un certain nombre de problèmes à la municipalité, car le voiturier doit aller chercher en Belgique son chargement avant de le rapporter à Rethel (Ardennes).

Ce qui n’est pas sans risque, puisque l’on craint une confiscation à la frontière, soit par les douaniers, soit par les francs-tireurs. Une solution est arrêtée[1] : monsieur Merlin fournit la voiture et l’attelage, tandis que le village réquisitionné se porte garant du matériel prêté pour cette opération. Apparemment, cette dernière s’est bien déroulée.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 1 = registre des délibérations du conseil municipal de La Romagne (Ardennes), 24 juin 1849-6 août 1893], décisions des 22 janvier 1871 et 15 octobre 1871.


Carte sur les conséquences territoriales de la défaite. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Carte sur les conséquences territoriales de la défaite. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’armistice général intervient le 15 février 1871 et, si le traité préliminaire de paix est signé le 26 février 1871 à Versailles[1], ce dernier proclame aussi l’unité allemande.


[1] Actuellement, département des Yvelines, en région Île-de-France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, frontière Nord-Est et Alsace-Lorraine, échelle au 1 : 729 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, frontière Nord-Est et Alsace-Lorraine, échelle au 1 : 729 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10].

En réalité, c’est le traité de Francfort-sur-le-Main du 10 mai 1871 qui met fin à cette guerre franco-allemande de 1870-1871. Cette dernière a profondément marqué les Ardennes (qui auront subi l’occupation après la défaite de Sedan, mais aussi en 1914-1918 et en 1939-1945).

Quant à la France, elle offre un nouveau visage, avec le rattachement de l’Alsace et de la Lorraine à l’Empire allemand sous le nom d’Elsaß-Lothringen.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, divisions militaires, échelle au 1 : 1 100 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10 bis].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, divisions militaires, échelle au 1 : 1 100 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10 bis].

Les villages reçoivent des compensations financières au titre des dommages de guerre. C’est ce qu’indique par exemple la séance extraordinaire du conseil municipal de Montmeillant (Ardennes)[1] du 20 avril 1872, qui précise que la commune se voit accorder une somme de 1 285,40 francs, versée par cinquième.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/D 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MONTMEILLANT/D 3 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Montmeillant, 1840-1888].


Pour bon nombre de communes, les archives constituées des registres de délibération des séances des conseils municipaux restent la plupart du temps muettes sur la période allant de fin juillet 1870 à l’année 1872.

C’est le cas pour les villages ardennais, en particulier pour Chaumont-Porcien (Ardennes), Givron (Ardennes), Chappes[1], Wadimont[2], Mainbresson (Ardennes), et Wasigny (Ardennes).

En ce qui concerne La Romagne, il est impossible d’en parler, car les pages des délibérations du conseil municipal sont arrachées entre 1871 et 1872.


[1] Département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Chappes (Puy-de-Dôme), en région Auvergne-Rhône-Alpes.

[2] Actuellement rattachée à Chaumont-Porcien, avec Logny-lès-Chaumont (Ardennes), en région Grand Est).


La défense du drapeau, bronze dAristide Croisy, sculpteur français né le 31 mars 1840 à Fagnon (Ardennes) et mort dans la même ville le 7 novembre 1899. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les documents subsistants apprennent cependant que quelques Romanais ont été exemptés de la guerre, soit parce qu’ils étaient instituteurs (Alexis Stévenot), ou pour raisons de santé (Théophile Adonis Larchet).

Ils attestent également que Pierre Aristide Devie a exercé sa profession de maréchal-ferrant au sein du 5e régiment de hussards de 1872 à 1877.

Ils témoignent enfin que La Romagne a été touchée par la mort au combat ou l’emprisonnement par l’ennemi de jeunes gens nés dans le village.

Médaille commémorative « Oublier ? Jamais ! » (1893), médaille commémorative « Aux défenseurs de la patrie » (1912), médaille des anciens combattants de Reims. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Médaille commémorative « Oublier ? Jamais ! » (1893), médaille commémorative « Aux défenseurs de la patrie » (1912), médaille des anciens combattants de Reims. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les natifs de La Romagne soldats de la guerre franco-allemande 1870-1871 (A-Z)
Pierre Chailloux[1], fils de François-Xavier Chailloux et d’Adèle Millet, est né le 7 octobre 1847 à La Romagne. Il est incorporé en juillet 1868, puis appelé à l’active dès juillet 1870. Il est soldat de 2e classe à la 2e compagnie du 2e bataillon de la garde mobile des Ardennes, et décède le 1er novembre 1870[2] à Rocroi (Ardennes) à l’hôpital militaire.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1007 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
[2] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 5 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, baptêmes, mariages, sépultures, cote 2E 369 5 = années 1863-1872], transcription de l’acte de décès, vue 156/177, consultable en ligne.
Alfred Léon Chéry[1], fils de Pierre Chéry et de Marie-Joséphine Ismérie Noël, est né le 10 novembre 1849 à La Romagne. Appelé en août 1870, il est fait prisonnier le 19 janvier 1871 et ne rentre en France que le 24 avril 1871. Il est définitivement licencié par la paix le 31 décembre 1872.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1014 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Michel Célestin Dupont[1], fils de Jean Nicolas Dupont et d’Elisabeth Bonhomme, est né le 30 avril 1850 à La Romagne. Devenu volontaire le 16 août 1870, il est incorporé au 1er régiment de chasseurs à pied de Belval (Ardennes), où il est nommé trompette le 31 mai 1871.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1017 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Pierre Millet[1], fils de Pierre Millet et de Félicité Grimplet, est né le 12 juin 1850 à La Romagne. Il est incorporé en août 1870 comme appelé des Ardennes.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1017 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Nota bene : cette liste limitative cite uniquement les Romanais par naissance, c’est-à-dire les personnes qui sont nées à La Romagne, et non celles qui pourraient y avoir habité par la suite.

Des monnaies satiriques illustrent la légende noire du Second Empire, traitant Napoléon III de « vampire » ou de « misérable ». Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Des monnaies satiriques illustrent la légende noire du Second Empire, traitant Napoléon III de « vampire » ou de « misérable ». Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après le désarroi provoqué par la défaite de Sedan (Ardennes) et son retentissement national, la déchéance officielle de Napoléon III le 1er mars 1871, et la chute du Second Empire, la Troisième République (régime en vigueur du 4 septembre 1870 au 10 juillet 1940) mène une politique d’expansion des colonies qui aura un certain retentissement sur la vie de La Romagne.


Les natifs de La Romagne et le second empire colonial français (A-Z)
Clovis Dupont, né le 18 juillet 1855 à La Romagne, part pour l’Algérie, où du reste il meurt le 12 octobre 1879 à l’hôpital militaire de M’Sila[1].

[1] Chef-lieu de la wilaya (collectivité territoriale) de M’Sila.
Fernand Gustave Devie, né le 14 décembre 1880 à La Romagne, engagé volontaire, intègre plusieurs bataillons d’infanterie coloniale, et fait les campagnes du Sénégal entre 1901 et 1904.
Nota bene : cette liste limitative cite uniquement les Romanais par naissance, c’est-à-dire les personnes qui sont nées à La Romagne, et non celles qui pourraient y avoir habité par la suite.

C’est ainsi que quelques jeunes hommes natifs du village, lors de leur service militaire ou au cours de leur carrière, participent à la promotion du second empire colonial français[1], principalement en Afrique.


[1] Le premier empire colonial français correspond aux conquêtes de l’Ancien Régime.

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Le premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne


Portrait de monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire de La Romagne (Ardennes) de 1930 à 1965, photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Portrait de monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire de La Romagne (Ardennes) de 1930 à 1965, photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Monsieur Alcide Cugnart[1], maire de La Romagne de 1930 à 1965, prononce un discours qui célèbre la victoire du 8 mai 1945. Il y évoque l’histoire de la Nation et celle de son village. Ce témoignage historique a été remis par madame Virginie Périn, son arrière-petite-fille[2].


[1] Alcide Joseph Cugnart est né à La Romagne le 13 avril 1897. Il est mort dans ce même village le 5 juillet 1973 à l’âge de 76 ans.

[2] Et petite-fille de madame Colette Cugnart épouse Bertrand.


Il est publié avec son aimable autorisation. Il se présente sous la forme de quatre pages lignées en bleu clair avec une marge rouge, non paginées, dans un bon état de conservation relatif malgré un jaunissement du papier[1] et le pâlissement de l’encre.

Ses pleins et déliés élégants en rendent l’écriture lisible et facilitent le travail de transcription intégrale[2] sous forme d’édition diplomatique[3]. Il présente un intérêt historique et mémoriel indéniable : il est émouvant, quelque quatre-vingts ans après, de partager la première célébration de la libération de La Romagne.


[1] Dû à son acidification.

[2] Dans ce mode, les erreurs et fautes grammaticales sont conservées, contrairement à la transcription intégrale allégée et à la synthèse.

[3] Reproduction la plus fidèle possible.


Jehanne au sacre, statue polychrome en pied de Jeanne d'Arc (vers 1412-1431) par Prosper d'Épinay (1836-1914), marbre, bronze argenté, ivoire, lapis-lazuli, sculpture de 1901 installée en 1909 dans la chapelle Sainte-Jeanne d'Arc de la cathédrale Notre-Dame de Reims.
Jehanne au sacre, statue polychrome en pied de Jeanne d’Arc (vers 1412-1431) par Prosper d’Épinay (1836-1914), marbre, bronze argenté, ivoire, lapis-lazuli, sculpture de 1901 installée en 1909 dans la chapelle Sainte-Jeanne d’Arc de la cathédrale Notre-Dame de Reims.

Sa datation n’est pas explicite. Mais une critique historique externe du texte (dite de véracité) permet d’estimer que la cérémonie s’est déroulée le dimanche 13 mai 1945 : cette déduction se tire d’une remarque de l’édile républicain sur la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme[1].


[1] Cette célébration civile n’est pas à confondre avec la Sainte-Jeanne d’Arc. Dans l’esprit de l’orateur, la libération d’Orléans le 8 mai 1429 par l’héroïne (sans laquelle la France serait devenue anglaise) rejoint la victoire des Alliés le 8 mai 1945 (qui ont permis que la France ne devienne pas allemande).


Page 1 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 1 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

« Mesdames, Messieurs,
 
C’est avec une profonde émotion que je prends la parole pour vous convier à célébrer officiellement la victoire[1].


[1] Le maire de La Romagne écrit le mot soit avec une minuscule, soit avec une majuscule. La typographie originale a été respectée.

Début du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

La 14e DI (division d’infanterie) a eu à partir de janvier 1940 Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952) alias Dequesne pour commandant historique : il a réussi à contrer trois fois en mai-juin 1940 la Wehrmacht, qui cherchait à franchir l’Aisne du côté de Rethel (Ardennes). Il a été compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France à titre posthume. Sa notice biographique est consultable en ligne sur le site du musée de l’Ordre de la Libération (Paris).

La Victoire ! Quel beau nom et comme il résonne agréablement à nos oreilles !
 
C’est qu’il engendre pour tous les Français bien des joies et pour nous Ardennais, il fait disparaître bien des anxiétés !

Passage sur les Ardennes, issu du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Des joies car c’en est terminé de la guerre atroce, de la guerre totale[1] que nous avaient imposée nos ennemis. Le Cessez le feu[2] a sonné sur tous les fronts et le calme bienfaisant règne après le fracas de la bataille.


[1] Une guerre totale est un conflit qui mobilise à la fois les États, les économies et les sociétés.

[2] Lire cessez-le-feu, selon l’Académie française. L’Allemagne signe la reddition sans condition le 7 mai 1945 à Reims (Marne). La suspension des hostilités doit intervenir le lendemain. Une nouvelle signature a lieu à Berlin (Allemagne) le 8 mai. Une différence de fuseau horaire explique que les Russes, eux, célèbrent le jour de la Victoire le 9 mai à Moscou, alors en URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) et aujourd’hui dans la fédération de Russie.


Vidéo La Garde républicaine – Rhin et Danube, musique militaire, marche officielle de la 1e armée française, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – chanson française.

Nous ne tremblerons plus pour nos fils partis dernièrement, enrôlés dans les rangs de la 1ère armée française[1] reconstituée. Ils vont monter la garde en Allemagne[2] et faire flotter nos trois couleurs victorieuses sur les bords du Rhin et du Danube[3].


[1] Premier et première s’abrègent plutôt en 1er et 1re, selon l’Académie française. La 1re armée française est le nom donné aux unités militaires placées sous les ordres du général Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952).

[2] Cette armée, qui comprend alors l’ensemble des forces armées françaises engagées en Allemagne, est sous commandement français. La 2e DB reste, elle, sous autorité américaine.

[3] « Rhin et Danube » est le surnom donné à la 1re armée à la suite de ses victoires remportées le long de ces fleuves entre le 31 mars et le 26 avril 1945.


Nos prisonniers et déportés rentrent petit à petit. Je suis infiniment heureux de voir que la moitié d’entre eux ont[1] retrouvé leur foyer, leur famille et que malgré les privations, les souffrances morales de l’exil trop long, ils nous sont revenus en général en bonne santé.


[1] Lorsque le sujet est un nom de fraction suivi d’un complément, le verbe s’accorde soit avec le nom de fraction, soit avec son complément. « La moitié des utilisateurs est satisfaite ou sont satisfaits. »


Nous attendons impatiemment ceux qui ne sont pas là aujourd’hui[1] pour fêter avec nous la victoire et nous souhaitons qu’ils nous reviennent tous sans tarder, joyeux d’être enfin libérés et de retrouver la France et leur cher petit village[2].


[1] Marceau Lelong, Paul Macquin, Remi Macquin, Léon Marandel, Henri Marquigny, Gaston Mauroy, Marcel Mauroy, Gaston Quentin, Robert Quentin sont rapatriés entre le 23 et le 30 mai 1945.

[2] Le maire se souvient sans doute ici du poème Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage de Joachim du Bellay : « Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village / Fumer la cheminée, et en quelle saison, / Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, / Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? »


Page 2 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 2 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Oui, nous ne sommes plus anxieux pour l’avenir immédiat ! Adieu cette pensée qui nous obsédait alors que la nostalgie de la petite patrie nous avait, au mépris des dangers et de l’incertitude du lendemain, fait rentrer dans notre chère commune[1] !


[1] Référence à la dispersion des Romanais lors de l’exode, et aux difficultés du retour liées aux complications administratives pour obtenir des autorisations des autorités allemandes.


Si l’Allemagne avait été victorieuse, nos Ardennes ne seraient pas restées françaises[1] et nous aurions dû encore nous exiler, quitter à tout jamais nos champs, dire adieu à nos horizons familiers et aimés.

[1] Le maire rappelle le traumatisme causé par trois guerres successives : Les Ardennes ont été occupées par l’armée prussienne à partir du mois de septembre 1870, par les Allemands du 29 août 1914 au 11 novembre 1918, et enfin par le Troisième Reich dès 1940.

Passage sur les Ardennes, issu du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Musée de l'Ordre de la Libération (Paris), numéro d'inventaire D1946.1.1, Collier de grand maître de l'Ordre de la Libération, œuvre réalisée par Gilbert Poillerat (1902-1988), orfèvre, décorateur et maître-ferronnier d’art français, remise le 31 août 1947 au général de Gaulle (1890-1970), fondateur et grand maître de l’Ordre de la Libération, image consultable en ligne.
Musée de l’Ordre de la Libération (Paris), numéro d’inventaire D1946.1.1, Collier de grand maître de l’Ordre de la Libération, œuvre réalisée par Gilbert Poillerat (1902-1988), orfèvre, décorateur et maître-ferronnier d’art français, remise le 31 août 1947 au général de Gaulle (1890-1970), fondateur et grand maître de l’Ordre de la Libération, image consultable en ligne.

Et si maintenant nous ne tremblons plus pour notre destinée, c’est grâce à nos vaillants alliés, c’est grâce à notre grand chef le Général de Gaule[1], comparable à notre Jeanne d’Arc nationale que nous honorons également aujourd’hui[2]. Tous deux ont toujours eu foi en la Victoire.


[1] Lire général de Gaulle. Le militaire, résistant, homme d’État et écrivain français (1890-1970) a été chef de la France libre, commandant des FFL (Forces françaises libres), président du gouvernement provisoire, fondateur et grand-maître de l’Ordre de la Libération.

[2] Cette mention permet de dater précisément le jour où le discours a été prononcé. D’un point de vue religieux, Jeanne d’Arc a été canonisée le 16 mai 1920, et sa fête religieuse fixée au 30 mai, jour du bûcher de Rouen, en 1431. Sa fête nationale est fixée au 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans en 1429. Par une loi du 10 juillet 1920, la République décide que le deuxième dimanche de mai sera choisi pour la fête patriotique et nationale. En 1945, il tombe le dimanche 13 mai.


Page 3 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 3 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

De Gaule[1] d’abord à la tête de quelques Français qui comme lui n’ont jamais désespéré de notre redressement, a vu, à son appel[2], grossir les rangs des braves qui sous les ordres de Leclerc[3] et de Tassigny[4], ont débarqué en Normandie[5]et[6], à Marseille[7] et en une marche victorieuse et triomphale libéré notre Alsace[8], franchi le Rhin[9], planté notre drapeau à Ulm[10] et à Bertchesgaden[11], le repaire de Hitler.


[1] Lire De Gaulle.

[2] Le 18 juin 1940. Il est une réponse au discours radiophonique du 17 juin 1940 par le maréchal Pétain.

[3] Philippe Leclerc de Hautecloque (1902-1947), alias Leclerc, compagnon de la Libération par décret du 6 mars 1941, membre de la Résistance AEF [Allied Expeditionary Force] et du Conseil de défense de l’Empire, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France le 23 août 1952 à titre posthume.

[4] Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952) alias Dequesne, compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France à titre posthume.

[5] Un tapis de bombes tombe dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 pour préparer le débarquement de Normandie (opération Neptune) le 6 juin 1944 (Jour J, ou D-Day en anglais), première journée de la bataille de Normandie (Operation Overlord).

[6] La conjonction de coordination a été biffée et remplacée par une virgule.

[7] La bataille de Marseille du 21 au 28 août 1944 a conduit à sa libération.

[8] La libération de Strasbourg s’est effectuée le 23 novembre 1944, celle de Colmar le 2 février 1945.

[9] Le 31 mars 1945, le franchissement du Rhin à Spire et Germersheim (Land de Rhénanie-Palatinat) par la 1re armée française lui permettent une entrée en Allemagne.

[10] Le 24 avril 1945.

[11] Lire Berchtesgaden, commune des Alpes bavaroises (Allemagne). Situé dans le quartier Obersalzberg, le Berghof était la résidence secondaire d’Adolf Hitler. Il a été détruit par un bombardement aérien le 25 avril 1945. Il n’a aucun rapport avec la Kehlsteinhaus, surnommé le « nid d’aigle ». Cette dernière n’est d’autre part pas une maison de thé, contrairement à une autre erreur : il s’agit d’une confusion avec le Teehaus am Mooslahnerkopf, qu’aimait fréquenter le Führer. La Wolfsschanze (« tanière du loup ») était quant à elle le quartier général d’Hitler à Gierłoż (Görlitz en Prusse-Orientale), dans le comté de Kętrzyn (Pologne).


La deuxième division blindée, surnommée 2e DB ou « division Leclerc », car commandée par le général Philippe Leclerc de Hautecloque (1902-1947), alias Leclerc, a débarqué en Normandie, à Utah Beach (Saint-Martin-de-Varreville), dans le département de la Manche, le 1er août 1944. Sa notice biographique est consultable en ligne sur le site du musée de l’Ordre de la Libération (Paris).

C’est aussi grâce à nos Résistants qui ont grandement contribué au succès du débarquement. A tous nous adressons, avec notre profonde admiration, nos remerciements émus.


Vidéo La Garde républicaine – Chant des partisans, musique militaire, version instrumentale consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – chanson française.

Mais, dans l’allégresse de la Victoire, n’oublions pas ceux qui sont morts pour la défense et la gloire de la Patrie[1], les uns, soldats, broyés glorieusement à leur poste de combat, les autres, civils, tués par la mitraille ou les bombes des sinistres oiseaux du ciel[2], d’autres encore s’éteignant obscurément sur un lit d’hôpital et ceux, héros martyrs[3] auxquels les tortures[4] n’ont pas pu faire desserrer les dents, qui n’ont pas voulu livrer à l’ennemi les noms des admirables patriotes qui ont lutté dans l’ombre[5] pour la délivrance de la France[6].


[1] Lire patrie. La mention honorifique « Mort pour la France » atteste qu’une personne s’est sacrifiée pour elle.

[2] Le maire de La Romagne fait ici allusion aux bombardiers allemands, dont le Stuka ou Sturzkampfflugzeug (avion de combat en piqué).

[3] Allusion aux combattants, héros et martyrs de la Résistance.

[4] Le 22 mars 1944, Pierre Brossolette s’est suicidé pour ne pas parler. Dans la nuit du 17 au 18 juin 1940, Jean Moulin a tenté de se trancher la gorge, jugeant qu’il risquait de céder.

[5] Le roman L’Armée des ombres de Joseph Kessel a paru en 1943 à Alger. Il raconte le quotidien de la Résistance française.

[6] Les « grands » de la Résistance ont autant droit aux honneurs que les « soutiers de la gloire », selon l’expression de Pierre Brossolette lors de son discours à la BBC, le 22 septembre 1942 : le maire de La Romagne pense ainsi aux jeunes résistants de la Romagne (André Barré, Robert Carbonneaux, Raymond Didier, Raymond Ravignon).


« Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes

Ni l’orgue ni la prière aux agonisants

Onze ans déjà que cela passe vite onze ans

Vous vous étiez servis simplement de vos armes

La mort n’éblouit pas les yeux des partisans »

Strophes pour se souvenir par Louis Aragon (1897-1982) dans Le Roman inachevé, Paris : éditions Gallimard, 1956.

Ils sont tous dignes d’une éternelle reconnaissance parce que tous ils ont offert sans compter tout ce qu’ils pouvaient offrir, leur jeunesse, leurs forces, leurs joies, leurs espérances, leur sang et leur vie.


Vidéo Il y a 80 ans : l’appel du 18 juin, extrait consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Élysée, la page officielle de la Présidence de la République française. [Nota bene : l’enregistrement original de l’appel du 18 juin 1940 ayant rapidement disparu, c’est en réalité le passage radiophonique du général de Gaulle (1890-1970) à la BBC le 22 juin 1940 qui est souvent diffusé. La version filmée date, elle, du 2 juillet 1940.]

Ils sont morts, mais leur âme survit en nous et nous dicte notre devoir : l’Union[1].


[1] Le 13 novembre 1945, l’Assemblée nationale élit le général de Gaulle président du gouvernement de la République française. Ce dernier constitue le 21 novembre un gouvernement d’union nationale.


Page 4 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 4 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Pour que la volonté française de paix[1] puisse s’imposer au monde, il faut resserrer les liens qui unissent tous les fils de notre beau pays.


[1] La capitulation allemande a permis un cessez-le-feu et a constitué un armistice, mais non un traité de paix. De nombreuses conférences internationales sur la paix et la sécurité en Europe ont donc été organisées.


L’union totale, étroite, généreuse entre tous est la condition essentielle de notre redressement[1], de notre sécurité future[2] et du salut de la France[3].


[1] Le 5 juin 1947, à Harvard, le général George Catlett Marshall (1880-1959), secrétaire d’État du président Harry Truman, annonce un programme d’aide au développement, connu depuis comme « plan Marshall ». Les Européens mettent en place le 16 avril 1948 l’OECE (Organisation européenne de coopération économique).

[2] Les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 créent la Sécurité sociale.

[3] Le discours étant prononcé le jour de la fête nationale de Jeanne d’Arc, ce « salut » peut être entendu à la fois dans un sens « patriotique » et selon une acception « théologique ». D’après la lettre apostolique du Pape Pie XI Beata Maria Virgo in cælum assumpta in gallicæ, énoncée le 2 mars 1922, « Notre-Dame de l’Assomption est proclamée patronne principale de la France, et sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire ».


Vidéo Charles de Gaulle – extrait du discours du 25 août 1944 à Paris, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – livre audio.

Je termine en vous invitant tous à venir lever votre verre à la prospérité de notre France éternelle[1].


[1] Cette idée est chère au général de Gaulle, qui l’a pour cette raison mise en avant dans son discours du 25 août 1944 : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »

Réflexion sur la grandeur de la France, issue du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Vidéo La Garde républicaine ; François-Julien Brun – La Marseillaise, musique militaire, hymne national de la République française, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – World Music.

Mais avant je désirerais que, sous les plis de nos trois couleurs, nous chantions en chœur une fervente Marseillaise[1].
 
Vive la France ! »


[1] La Marseillaise a été décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention. Sous le régime de Vichy (1940-1944), elle a été remplacée par le chant Maréchal, nous voilà ! Les constitutions de 1946 et de 1958 réaffirment La Marseillaise comme hymne national.

Fin du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
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L’intérieur de l’église Saint-Jean à La Romagne


Vitrail représentant Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un cerf avec la croix du Christ entre les bois. Il est notamment le patron des chasseurs et des Ardennes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un cerf avec la croix du Christ entre les bois. Il est notamment le patron des chasseurs et des Ardennes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’église de La Romagne est divisée en deux parties : le sanctuaire et la nef. Le premier est délimité par une élévation de la hauteur d’une marche, une balustrade faisant office de banc de communion, le maître-autel dans l’axe du portail d’entrée.

Jusqu’en 1710, le sanctuaire est entretenu par les gros décimateurs que sont les abbés successifs de l’abbaye de Chaumont-Porcien. Après cette date, les grosses dîmes sont abandonnées au curé.


Détail du vitrail représentant Joseph à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le reste de l’espace est occupé par une nef dépourvue de bas-côtés. Elle n’est pas couverte de voûtes mais d’une charpente, formée de poutres horizontales, qui prennent appui dans les murs juste au-dessus des fenêtres hautes. Son entretien incombe à la fabrique.

Détail du vitrail représentant Joseph à l'église Saint-Jean, dédié aux familles Devie-Richard et Legros-Devie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean, dédié aux familles Devie-Richard et Legros-Devie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Par trois fois au moins, l’intérieur de l’église est détruit : tout d’abord à la suite de la guerre de Trente Ans et de la Fronde, puis à la Révolution, et enfin lors de la Seconde Guerre mondiale.

Meurtrière (obturée par un plexiglas) à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Meurtrière (obturée par un plexiglas) sur le mur sud de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).
Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).

En 1659, lors d’une visite, le bilan suivant est dressé : l’église est en ruines tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et on ne peut y officier[1]. Du reste, le curé a parfois célébré la messe dans son bûcher, n’ayant aucun autre lieu pour le faire. Cette situation reste encore valable en 1663.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Certains meubles de sacristie, appelés chasubliers, permettent de ranger à plat les vêtements liturgiques, pour éviter les faux-plis. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Certains meubles de sacristie, appelés chasubliers, permettent de ranger à plat les vêtements liturgiques, pour éviter les faux-plis. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

De plus, il ne reste plus que quelques objets sacrés, dont un ciboire en cuivre et un soleil en fer blanc. Il n’y a plus de linge, et si peu d’ornements que le curé ne dispose pas des chasubles aux couleurs des différents temps liturgiques[1].


[1] Chez les catholiques, le violet est associé à l’Avent et au Carême, le blanc à Noël et à Pâques, le rouge à la Pentecôte et le vert au temps ordinaire. Le noir est réservé aux offices funèbres.


Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).
Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).

Touchés par tant de misère, et avec la volonté que les paroissiens retrouvent leur église, les délégués de l’archevêque parlent de saisir les décimateurs[1]. Ils souhaitent les contraindre à exécuter des travaux, alors que ces derniers ont connu beaucoup de vicissitudes avec l’incendie et la reconstruction de leur abbaye à Remaucourt.

Lors des tournées suivantes, qui se succèdent tous les deux ou trois ans environ, la paroisse est visitée par monseigneur Le Tellier en personne, ou par ses émissaires.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Statue au-dessus de l'autel de l'église Saint-Jean représentant l'eucharistie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statue au-dessus de l’autel de l’église Saint-Jean représentant l’eucharistie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Quelques petites améliorations voient le jour à partir de 1671, mais des manquements sont soulignés, comme le ciboire en cuivre[1], ou le tabernacle posé sur l’autel. Or, il devrait être surélevé et fixé à demeure, selon une tradition établie au XVIe siècle.

Il renferme en effet les hosties consacrées et non consommées, ce qui permet de donner la communion à des fidèles en dehors de la messe, ou le viatique aux mourants.

L’autorité ecclésiastique juge que « les ornements sont malpropres » et constate que « les fonts ne ferment pas à clé », si bien qu’il est donné ordre aux paroissiens de remettre l’église en état[2].

Lors de cette visite, une chasuble (le vêtement doit être en accord avec la solennité de la célébration) et une bourse garnie sont offertes au curé.


[1] Le métal n’est pas assez noble.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).
Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).

Il faudra environ une trentaine d’années pour que l’église retrouve un meilleur aspect. Ce qui en dit long sur la pauvreté du village, consécutive aux guerres qui ont ruiné la région.


Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).
Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).

En 1699, grâce au mémoire dressé par le curé Dehaulme (prêtre de la paroisse entre 1688 et 1710), on peut constater les améliorations apportées pour la célébration du culte : il a acheté une nappe d’autel, une burette[1] d’airain dotée d’un couvercle en fer-blanc.

D’autre part, il a fait réparer le tabernacle, s’est procuré quatre porte-cierge de bois et leurs lampions auprès d’un tourneur résidant au Fréty, et quatre grands chandeliers auprès d’un menuisier.


[1] Vase contenant le vin ou l’eau qui servent à la messe.


Chasuble romaine blanche en soie  damassée de croix (XIXe siècle).
Chasuble romaine blanche en soie damassée de croix (XIXe siècle).

Il a fait confectionner un grand surplis et de plus petits pour les enfants de chœur, et orner d’un galon le pavillon du ciboire. Il a acheté des corporaux, un devant d’autel, un ciboire et un soleil d’argent[1].

Tout en exerçant son ministère, il se rend à Charleville ou à Rethel pour des achats, ou pour confier des travaux à des religieuses expertes en broderie et en couture, voire pour faire appel à des artisans locaux.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 23 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)]. Voir aussi Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Cependant, il n’y a toujours pas de bougie allumée devant le Saint Sacrement, en dehors du moment de la messe et des jours de fête. Cela représente une dépense importante, à laquelle la paroisse ne peut pas faire face. La pauvreté du lieu ne permet pas de respecter les règles qui stipulent qu’il faut

« prendre garde que la lampe brûle jour et nuit devant le Très Saint Sacrement  soit par l’application de fonds de la fabrique soit par la contribution volontaire des habitants ».

Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.

Détail du luminaire (dans le vocabulaire liturgique, éclairage et la décoration lumineuse) sur l'autel de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du luminaire (dans le vocabulaire liturgique, éclairage et décoration lumineuse) sur l’autel de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Cette lumière est un hommage rendu à Dieu, et la liturgie fixe avec précision l’abondance du luminaire en fonction de la célébration. S’il y a un manquement en raison de la faiblesse des revenus, à aucun moment, un quelconque reproche n’apparaît pour ce fait lors des visites du doyen ou du vicaire, tous deux au courant de la situation paroissiale.


En 1710, lors d’une visite, l’église est décrite comme « assez belle si elle était mieux entretenue et mieux ornée ». Il est estimé qu’elle devrait l’être puisqu’il y a quelques revenus. Cette remarque, qui semble concerner l’intérieur, montre que des changements sont intervenus. Il faut cependant attendre une trentaine d’années pour avoir une description plus détaillée :

« Le sanctuaire ainsi que le chœur et la nef sont très propres, plafonnés et lambrissés. »

Visite de la paroisse de La Romagne en 1745.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3438, anonyme flamand, anciennement attribué à Crayer (de), Gaspard, Allégorie du traité de Nimègue, 10 août 1678, huile sur toile, après 1678, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3438, anonyme flamand, anciennement attribué à Crayer (de), Gaspard, Allégorie du traité de Nimègue, 10 août 1678, huile sur toile, après 1678, notice descriptive consultable en ligne.

Ces améliorations sont certainement dues à une période durant laquelle la guerre s’est éloignée de cet endroit, mais aussi à un accroissement de la population[1], et donc des revenus.


[1] L’église semble toujours assez grande pour accueillir tous les paroissiens.


En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.
En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.

Elle renferme un seul autel : le maître-autel avec « un tabernacle de bois peint, orné de filets d’or et garni en dedans ». L’église est pourvue d’un ciboire en argent doré en dedans et d’un soleil[1], d’une petite boîte en argent pour porter le saint viatique, d’un calice et d’une patène.


[1] Probablement celui qui a été acheté par le curé Dehaulme.


Statue de Jean le Baptiste à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statue de Jean le Baptiste à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les vaisseaux des saintes huiles[1] sont en étain mais mal entretenus[2].  En 1783, l’église est toujours suffisamment grande[3] et assez belle. Il serait simplement nécessaire de réparer le bas des murs et de les reblanchir. La présence d’un nouveau mobilier est relevée, avec un confessionnal[4], tandis qu’il est noté que « les fonts baptismaux sont en règle et fermés ».


[1] Qui servent aux onctions lors de certains sacrements.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].

[3] Par rapport à la population, qui a augmenté.

[4] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


La Révolution provoque de grands changements : l’église voit la mise aux enchères de son patrimoine mobilier et immobilier, dans le cadre de la vente des biens nationaux. Toutes les terres que possède la cure, et qui assurent un revenu supplémentaire au prêtre de la paroisse, sont vendues en grande partie aux habitants : Pierre Mauroy, Hubert Laroche, François Arbonville[1], etc.


[1] Orthographié Harbonville sur certains documents.


Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d'inventaire INV 3702 [MR 1436], atelier de Jacques-Louis David, Portrait de Pie VII, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire INV 3702 [MR 1436], atelier de Jacques-Louis David, Portrait de Pie VII, notice descriptive consultable en ligne.

Après cette période de troubles, le Consulat, l’Empire puis la Restauration redonnent à l’église la place qu’elle occupait dans la vie de la communauté villageoise. Cette nouvelle situation est facilitée par le Concordat[1] conclu en 1801 par le gouvernement de Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII.


[1] Dénommé aussi régime concordataire français.


Piscine de l'église Saint-Jean. Cette cuve reçoit l'eau de purification des objets sacrés et celle qui a servi aux baptêmes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Piscine de l’église Saint-Jean. Cette cuve reçoit l’eau de purification des objets sacrés et celle qui a servi aux baptêmes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir de l’année 1827, l’église est rénovée et ornée. Dix ans plus tard se pose à nouveau la nécessité de fermer les fonts baptismaux et de rétablir une piscine. Cela prend un peu de temps avant que celle-ci soit de nouveau présente. Un bénitier est installé. Un confessionnal se trouve en 1831 dans l’enceinte des fonts baptismaux[1], mais il n’y reste pas.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 66 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Statuette polychrome d'Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statuette polychrome d’Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En revanche, à partir de cette époque, un changement important est à noter. Jusqu’à présent, il n’y avait qu’un seul autel : le maître-autel. Désormais, il y en a trois autres consacrés respectivement à la Vierge Marie, à saint Jean l’Evangéliste[1], et à saint Hubert[2].


[1] Saint Jean est dédicataire de l’église.

[2] Saint Hubert est le patron des chasseurs et des forestiers.


Détail des marches de l'autel à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail des marches de l’autel à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Vers 1890, une courte description permet de dire que l’autel est en bois à deux colonnes ioniques, avec un retable appliqué au mur plat du fond. Les marches ainsi que le pavé du sanctuaire sont en marbre. Le reste du pavé est en brique.


Portail de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Portail de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Tout est fort pauvre et paraît dégradé[1]. L’Etat, la municipalité et des particuliers permettent par des subventions et des dons de réagir. Une nouvelle réfection est entreprise, avec l’exhaussement de la porte d’entrée, le remplacement d’une partie des poutrelles de charpente[2], la réfection des enduits des fenêtres et des murs[3].


[1] Selon le pouillé (registre ecclésiastique) du diocèse de Reims 1874/1894 établi par monseigneur Péchenard

[2] Pour la consolider.

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


La loi de séparation des Eglises et de l’Etat instaure les inventaires des biens ecclésiastiques, qu’ils relèvent du patrimoine mobilier ou immobilier. Ceux-ci doivent être réalisés dès le début de l’année 1906.

Comme il est impossible de retrouver le moindre document concernant celui de l’église de La Romagne, on ne peut qu’interpréter la presse locale ancienne. Le petit Ardennais en particulier signale chaque fois qu’ils se produisent les incidents occasionnés par ces inventaires.

Rien n’étant dit concernant cette commune, il est probable qu’en dehors peut-être d’une réprobation passive, souvent signalée, les opérations se sont déroulées assez paisiblement.


Celles qui ont eu lieu à Saint-Jean-aux-Bois[1] semblent en revanche avoir été plus problématiques. A la date prévue pour l’inspection de l’église, le maire se trouve dans l’impossibilité d’y entrer, alors qu’il doit, sur la demande du préfet, assister à son inventaire.

La porte, close de l’intérieur, reste hermétiquement fermée, en dépit des sommations de l’édile et de celles des gendarmes présents pour cette opération. Des chuchotements se font néanmoins entendre. Le curé s’est enfermé en compagnie de quelques paroissiens.

L’inventaire est réalisé par la suite. A la date du 6 avril, plus aucun n’est à faire dans tout le département.


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 53, « Saint-Jean-aux-Bois – L’inventaire » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien, Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-septième année, n° 8939, vendredi 2 mars 1906, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Vitrail de Joseph à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un bâton fleuri d'un lys. Il est notamment le patron des charpentiers et des travailleurs. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un bâton fleuri d’un lys. Il est notamment le patron des charpentiers et des travailleurs. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Désormais, le conseil municipal peut voter des crédits pour l’acquisition de nouveaux objets, de linge et d’ornements. Il commande en 1929 la « réfection de certains éléments du beffroi et la confection d’agenouilloirs[1] » à Vital Bonhomme, charpentier à la Romagne, tout en envisageant de substituer aux bancs manquants des chaises [2]. C’est cet aspect que garde la nef, depuis de nombreuses années.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération du 11 novembre 1929

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération des 30 juin et 9 août 1929.


L'abbé Régnier est le donateur des fonts baptismaux de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’abbé Régnier est le donateur des fonts baptismaux de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un peu auparavant, l’abbé Régnier, qui avait officié durant de longues années dans le village, et qui avait vécu avec ses paroissiens les affres de la Première Guerre mondiale, avait offert, par testament, de nouveaux fonts baptismaux, afin d’embellir cette église. Une plaque témoigne de sa générosité.


Fonts baptismaux de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Fonts baptismaux de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1937, l’église est entièrement refaite à neuf. Mais les Romanais n’en profitent pas longtemps. Après les destructions liées au bombardement de 1940 et aux pillages qui ont eu lieu, les pertes sont considérables : la chaire en bois, les bancs et les chaises, les vases sacrés, l’orfèvrerie[1], le reliquaire, le chemin de croix, les ornements, les garnitures d’autel  et même l’harmonium sont manquants.

Tout a disparu ! A la fin de la guerre, le délabrement de l’église est tel que celle-ci n’est rendue au culte qu’en 1948, après décision du maire, monsieur Cugnart.


[1] Ciboire, ostensoir, custode, encensoir, etc.


Détail de l'autel représentant une pomme de pin (symbole d'immortalité) à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant une pomme de pin (symbole d’immortalité) à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dès le retour de la paix et l’attribution de crédits, d’importants travaux de réfection sont entrepris sous la direction des architectes rethélois Gillet et Demoulin. Il faut tout d’abord refaire : la toiture du côté de la sacristie, cette dernière, une partie de la charpente et des soubassements extérieurs. Il est nécessaire aussi de consolider les croisées[1].


[1] Ouvertures laissées dans les murs des bâtiments, pour donner du jour au dedans.


Détail de l'autel représentant un motif floral de vigne à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant un motif floral de vigne à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Mais il faut aussi redonner un lustre intérieur à cette église, pillée à plusieurs reprises, et donc démunie de tout. L’autel, en pierre de Savonnières (un calcaire oolithique et coquillier), et dont la frise de feuilles de vigne ornée de grappes rappelle la transsubstantiation[1], est réparé. Il repose sur quatre colonnettes. L’antependium, à décor en demi-relief, évoque les pèlerins d’Emmaüs.

Détail de l'autel représentant les pèlerins d'Emmaüs à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant les pèlerins d’Emmaüs à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On peut probablement l’attribuer au sculpteur Adolphe Masselot de Lomme (Nord). C’est son atelier qui a exécuté les réparations et fait le nouveau banc de communion en pierre, afin de remplacer l’ancien en bois qui avait disparu. Ce sculpteur a beaucoup œuvré pour les églises des Ardennes.


[1] Chez les catholiques, transformation du vin en sang du Christ.


Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).
Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).

Le chœur est décoré entièrement avec le rechampissage de deux niches ogivales, le tracé et la confection de quatre pilastres et de quatre chapiteaux ornementés, le tracé d’une draperie sur les murs de la nef.


Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix réalisée par Robert Wattiez pour l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix, réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

L’ensemble de cette décoration a nécessité quelque deux cent cinquante heures de travail. Un nouveau chemin de croix en peinture laquée sous glace, avec encadrement de bois, orne les murs latéraux. Il a été exécuté par Robert Wattiez, artisan de Reims, entre le 15 novembre 1947 et le 15 mars 1948.

Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Des troncs rénovés remplacent ceux qui avaient disparu. La nef est remeublée avec des sièges et des prie-Dieu qui proviennent d’une entreprise locale située à Sapogne-Feuchères, ou d’artisans des environs (de Rocquigny par exemple).


Rosace représentant le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à l'église Saint-Jean.  Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Rosace représentant le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il faut encore s’occuper des vitraux qui ont été endommagés : ceux qui se trouvent dans la baie double du chœur, et les trois situés dans la nef gauche. La maison Le Troyer de Reims est chargée de leur réfection. On ne sait rien à propos de ceux qui ont pu orner autrefois l’église, si ce n’est que l’installation des actuels est postérieure au milieu du XXe siècle.


Ceux de la baie géminée[1], qui représentent l’apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous à Lourdes datent de 1903. Ils proviennent de l’atelier rémois Vermonet et marquent une dévotion mariale toute particulière.

Vitrail représentant Eloi de Noyon à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs l'enclume au pied de la crosse. Il est le patron des orfèvres, des palefreniers et des maréchaux-ferrants. Il est aussi vénéré par les laboureurs et les gens de la terre. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Eloi de Noyon à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs l’enclume au pied de la crosse. Il est le patron des orfèvres, des palefreniers et des maréchaux-ferrants. Il est aussi vénéré par les laboureurs et les gens de la terre. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Celui de saint Eloi date de 1963 et provient d’un atelier situé à Heitz-le-Maurupt. Le peintre-verrier est Roger Mauret. Ceux de saint Hubert, saint Joseph, sainte Thérèse ne sont ni datés ni attribués mais sont de même facture.


[1] Composée de deux lancettes et d’un ajour.


Vitrail de Thérèse de Lisieux à l'église Saint-Jean. La sainte a pour attributs une croix entourée de roses, et porte un habit de carmélite. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l’église Saint-Jean. La sainte a pour attributs une croix entourée de roses, et porte un habit de carmélite. Ele est notamment la patronne des missions. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dans un large médaillon central aux couleurs assez vives, le saint est représenté avec ses attributs : les gerbes de blé[1] pour saint Eloi, la croix entre les bois du cerf pour saint Hubert, le bâton fleuri d’un lys et la barbe[2] pour saint Joseph, un habit de carmélite et une croix entourée de roses pour sainte Thérèse[3].


[1] Symbole de la terre mais surtout du pain eucharistique.

[2] Signe de maturité et de sagesse.

[3] De Lisieux.


Détail du vitrail représentant Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Son nom est inscrit sur le nimbe[1]. Chaque saint est entouré de motifs géométriques et floraux, qui varient par le jeu des couleurs sur un fond de grisaille assez monotone. Par contraste avec ceux de la baie du chevet, ces vitraux ont été offerts par des familles de La Romagne, ou dédiés à ces dernières.

Détail du vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l'église Saint-Jean, dédié à la famille Devie-Patoureaux. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l’église Saint-Jean, dédié à la famille Devie-Patoureaux. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En témoigne le cartouche de chacun d’eux. Il s’agit des divers Devie qui vivaient dans le village (Devie-Patoureaux, Devie-Richard, Devie-Vadez[2], Legros-Devie). Les autres baies sont obturées, faute de moyens et de mécénat, par du verre cathédrale sans décor peint.


[1] Cercle de lumière que les artistes mettent autour de la tête des saints.

[2] Correspondant actuellement à la branche Devie-Bertrand.


Progressivement, le patrimoine ecclésiastique est mieux protégé. Des indemnités pour le gardiennage des églises communales sont prévues. Conformément à la circulaire relative à celui-ci, l’abbé Godart est chargé de cette mission.


Depuis le départ du dernier desservant de la paroisse, les messes sont devenues de plus en plus rares. Néanmoins, la municipalité et les habitants sont attachés à leur église. Des travaux de réfection sont en cours, comme ceux des murs latéraux intérieurs. Ils remettront à nu les pierres dures les constituant, dans le respect de l’architecture paysanne et de la tradition champenoise…

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Anecdotes Guerre mondiale (1939-1945) Victimes de guerre

L’exode de 1940 à La Romagne à travers un journal intime


La famille Devie-Vadez a fait don à l'église Saint-Jean du vitrail d'Éloi de Noyon. Le saint est le patron des ouvriers qui se servent d'un marteau, et plus particulièrement des forgerons, mécaniciens, chaudronniers, cloutiers, ferblantiers, maréchaux-ferrants, charrons, maquignons, fermiers, laboureurs, valets de ferme. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La famille Devie-Vadez a fait don à l’église Saint-Jean du vitrail d’Éloi de Noyon. Le saint est le patron des ouvriers qui se servent d’un marteau, et plus particulièrement des forgerons, mécaniciens, chaudronniers, cloutiers, ferblantiers, maréchaux-ferrants, charrons, maquignons, fermiers, laboureurs, valets de ferme. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les autobiographies, les journaux intimes[1], les mémoires, les récits personnels peuvent relater des événements extérieurs, recueillir des faits historiques, dresser une chronique de leur époque, présenter un témoignage. A ce titre, ils constituent une source primaire.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2006-91433, Lejeune, Philippe ; Bogaert, Catherine, Le journal intime : histoire et anthologie, Paris : Textuel, 2005, 506 p. [Note : contient également un grand choix d’extraits de journaux de divers auteurs. – Bibliographie pages 459-494. Index].


La famille Devie-Vadez a fait don à l'église paroissiale Saint-Jean du vitrail de saint Eloi (détail). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La famille Devie-Vadez a fait don à l’église paroissiale Saint-Jean du vitrail de saint Eloi (détail). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un récit de l’exode de 1940 à La Romagne a pu être établi[1] à partir de la lecture du journal manuscrit inédit de Marie-Louise Devie, fille de Jean-Baptiste Alfred Devie et de Reine Alice Vadez. Jeune femme qui atteint ses dix-sept ans pendant cette période, elle a noté son quotidien du 14 mai 1940 au 11 juillet 1941.


[1] Avec l’aimable autorisation de monsieur Martial Bertrand, fils de Marie-Louise Devie et de René Bertrand.


Ancien coq de l'église Saint-Jean, déposé à la mairie. Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ancien coq de l’église Saint-Jean, déposé à la mairie. Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le 14 mai 1940, pressentant l’arrivée imminente des Allemands, une partie de la famille[1] de Jean-Baptiste Devie, cultivateur à la Bouloi[2], décide de quitter le village. Elle le fait malgré les quolibets des gens du pays, tandis que d’autres membres[3] restent sur place.


[1] La mère Reine Alice Vadez, la grand-mère Marie-Louise Vadez, le fils Louis, la fille Marie-Louise et Reine Marie Lefèvre, cousine germaine de Marie Louise.

[2] Ferme de La Romagne.

[3] Le père Jean-Baptiste Devie, le fils cadet Victor, et l’autre grand-mère Marie Ursule Jennepin (qui ne veut pas partir).


Cheval ardennais, héliogravure en quadrichromie, timbre dessiné par Roxane Jubert d'après une photographie de Varin-Visage Frères (Agence Jacana).
Cheval ardennais, héliogravure en quadrichromie, timbre dessiné par Roxane Jubert d’après une photographie de Varin-Visage Frères (Agence Jacana).

C’est ainsi que, dans une charrette attelée de chevaux et conduite par Louis[1], ces cinq personnes partent sur les routes ardennaises avant de traverser le département de l’Aisne. Elles y subissent, dès le lendemain, les premiers bombardements aux environs d’Evergnicourt, avant d’être confrontées aux voies encombrées le surlendemain.


[1] Le fils aîné.


Timbre illustrant l'été, d'après Nicolas Mignard dessiné par Pierre Gandon et gravé par Pierre Béquet en taille-douce brun-jaune.
Timbre illustrant l’été, d’après Nicolas Mignard dessiné par Pierre Gandon et gravé par Pierre Béquet en taille-douce brun-jaune.

Il leur faut quatre jours pour atteindre Montdauphin (Seine-et-Marne), non sans avoir passé des nuits parfois écourtées et fraîches sous un hangar, dans la paille d’une grange, ou dans une maison au confort très rudimentaire.


Détail du clocher de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du clocher de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lors d’une halte d’une journée, ils rencontrent fortuitement des Romanais[1]. Ces derniers leur annoncent la mort d’Aimé Vuillemet et de Marthe Mauroy à la suite de l’explosion d’une bombe sur l’église. Plus tard, d’autres habitants de La Romagne croisés en chemin leur apprennent que « la maison Lucie Bonpart sert de Kommandantur ».


[1] Modeste et Guillaume Marandel.


L'église paroissiale de Courceaux (Seine-et-Marne) est rattachée à Notre-Dame de la Visitation.
L’église paroissiale de Courceaux (Seine-et-Marne) est rattachée à Notre-Dame de la Visitation.

Ils se remettent en route dès le 20 mai et arrivent le lendemain dans le village de Courceaux (Yonne). Ils restent dans les environs jusqu’au 4 juin, où ils reçoivent un bon accueil et sont logés dans des maisons inhabitées.

Durant tout ce temps, ces réfugiés cherchent et trouvent du travail dans les fermes environnantes, soit en fanant ou en conduisant des voitures de foin (les femmes en particulier font de la couture ou des lessives).

En échange, ils reçoivent de la nourriture, de la boisson et parfois un peu d’argent. Durant cette période, ils ont le bonheur de recevoir des nouvelles du chef de famille qui a, à son tour, quitté La Romagne pour les rejoindre.


Cheval ardennais, héliogravure en quadrichromie, timbre dessiné par Elodie Dumoulin.
Cheval ardennais, héliogravure en quadrichromie, timbre dessiné par Elodie Dumoulin.

Le 5 juin, nouveau départ ! La famille délaisse Courceaux pour arriver deux jours plus tard entre Bellegarde et Lorris (Loiret). Elle y reste jusqu’au 11 juin, chacun travaillant durant ces longues journées. Lors du déplacement suivant, elle croise de nombreux soldats et doit se séparer d’un des chevaux[1] qui, blessé, ne peut continuer. La pauvre bête est vendue à un boucher.


[1] La jument Dragonne.


La guerre éclair (der Blitzkrieg) s'impose dans la bataille de France de 1940. Elle s'appuie sur le Junkers Ju 87, communément appelé Stuka (de l’allemand Sturtzkampfflugzeug = bombardier en piqué).
La guerre éclair (der Blitzkrieg) s’impose dans la bataille de France de 1940. Elle s’appuie sur le Junkers Ju 87, communément appelé Stuka (de l’allemand Sturtzkampfflugzeug = bombardier en piqué).

Le 13 juin, le département du Cher est atteint mais les parcours qui couvraient journellement une petite cinquantaine de kilomètres sont réduits à une douzaine comme d’Argent-sur-Sauldre à Aubigny-sur-Nère, ou de cette dernière ville à Lury-sur-Arnon. Ces ralentissements sont dus aux bombardements, au reflux de soldats et à la proximité des Allemands qui sont à Châteauroux.


A Issoudun, Notre-Dame est liée à une personne (le Christ) et non à un lieu, comme ce peut être le cas pour d'autres sanctuaires.
A Issoudun, Notre-Dame est liée à une personne (le Christ) et non à un lieu, comme ce peut être le cas pour d’autres sanctuaires.

Quand elle arrive enfin à Issoudun (Indre) le 17 juin, jour de l’armistice, la famille Devie-Vadez retrouve d’autres réfugiés de La Romagne. Elle se stabilise jusqu’au 5 juillet dans les environs, logeant tantôt à Condé, Sarzay ou Fougerolles, en fonction des travaux des champs et des lieux disponibles.


Timbre de Bruno Ghiringhelli illustrant les vendanges, héliogravure polychrome.
Timbre de Bruno Ghiringhelli illustrant les vendanges, héliogravure polychrome.

Le début du mois de juillet marque pour elle le départ pour La Romagne. Le retour est envisagé avec joie. Celle-ci est de courte durée car c’est sans compter sur la décision allemande de faire des Ardennes une zone interdite. La nécessité d’avoir des laissez-passer ne se discute pas.

Du jour au lendemain, l’espoir de retrouver bientôt la terre natale s’éteint. La famille retourne dans une ferme où elle a déjà logé. La vie s’organise une nouvelle fois entre les travaux et les soins de la terre, les récoltes, les vendanges et les rencontres amicales entre Romanais, que ce soit avec les Malherbe, monsieur Cugnart, Les Bonhomme.

Les semaines et les mois passent quand, le 11 juillet 1941, les papiers nécessaires sont enfin en règle. Le retour à La Romagne est désormais une certitude…

Vue panoramique du clocher du village. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vue panoramique du clocher du village. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

DateDépartementsCommunes et lieux-dits
14 mai 1940ArdennesLa Romagne – Givron – Doumely – Chappes – Saint-Fergeux – Hannogne-Saint-Rémy – Banogne-Recouvrance – Le Thour
15 maiArdennesAisneVillers-devant-le-Thour – Avaux-le-Château – Asfeld
 
Evergnicourt – Neufchâtel-sur-Aisne – Menneville – Guignicourt[1]PontavertConcevreux


[1] Ancienne commune, qui a fusionné avec Menneville pour devenir Villeneuve-sur-Aisne.
16 maiAisneMaizy – Villers-en-Prayères – Viel-Arcy – Braine – Limé – Quincy-sous-le-Mont – Jouaignes – Loupeigne – Villemoyenne – Fère-en-Tardenois – Beuvardes
17 maiAisneMont-Saint-PèreMézy-Moulins – Crézancy – Saint-Eugène – Celles-sur-AisneCondé-en-Brie
18 maiAisneSeine-et-MarnePargny-la-Dhuys – Artonges – Marchais-en-Brie
 
La Celle-sur-MorinMontdauphin
19 maiHalte
20 maiSeine-et-MarneMontolivet – Meilleray – La Chapelle-Véronge[1] – [Prellay[2]] – Marchais – Voigny – Villiers-Saint-Georges – Léchelle – Sourdun


[1] Ancienne commune, devenue La Chapelle-Moutils suite à sa fusion-association avec Moutils.
[2] Lieu non identifié.
21 maiSeine-et-MarneHermé – Sancy-lès-Provins – Noyen-sur-Seine, Fontaine-Fourches – Courceaux
22 mai-4 juinHalte
5 juinYonnePlessis-du-Mée – Pailly – Plessis-Saint-Jean – SerginesMichery – Compigny – Pont-sur-Yonne – Saint-Sérotin – Brannay
6 juinYonneLoiretFontaines – Saint-ValérienLa BellioleDomats – [Chantecoq[1]] – Champgrand – Savigny-sur-Clairis
 
Courtenay La Chapelle-Saint-SépulcreMontargisVillemandeur

[1] Lieu-dit non identifié.
7 juinLoiretPannesSaint-Maurice-sur-FessardBellegardeLorris
8-9 juinHalte
10 juinLoiretMontereau – Gien
11 juinHalte
12 juinCherArgent-sur-SauldreAubigny-sur-Nère
13 juinCherLa Chapelle-d’AngillonVierzonLury-sur-Arnon
14 juinCherIndreMéreau
 
ReuillySainte-LizaigneIssoudun
15-16 juinHalte
17 juinIndreCondé – Saint-Léger – Ambrault Saint-Août
18 juinIndreSaint-Chartier – Sarzay – Fougerolles
19 juin-4 juilletHalte
5 juilletIndreFougerolles – Sarzay – Nohant-Vic – Saint-Chartier
6 juillet 1940IndreSaint-Août – Meunet-Planches   – Villaines – Issoudun.
7 juillet 1940-10 juillet 1941Halte
11 juillet 1941IndreArdennesDépart pour La Romagne
De La Romagne (Ardennes) à Issoudun (Indre), l’itinéraire de l’exode de 1940 par la famille Devie-Vadez.
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Guerre mondiale (1939-1945) Militaires

Les natifs de La Romagne mobilisés en 1939-1945 (A-Z)


Le blog laromagne.info commémore l'appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de conserver : « Aucune cérémonie créée à l’origine pour enraciner le souvenir d’un événement historique local ne doit disparaître. »
Le blog laromagne.info commémore l’appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de conserver : « Aucune cérémonie créée à l’origine pour enraciner le souvenir d’un événement historique local ne doit disparaître. »

Bien que les délais de communicabilité des archives publiques ne permettent pas d’en dresser une liste exhaustive dans l’état actuel de la recherche, il reste possible de citer quelques jeunes hommes natifs de La Romagne qui ont été mobilisés pendant la Seconde Guerre mondiale.


Bart, Jean Hubert Joseph, palefrenier, classe de mobilisation 1930, n° de matricule du recrutement 888, né le 18 mars 1910 à La Romagne, fils d’Arthur Hubert Paul Bart et de Marthe Marie Léonie Laroche, rappelé à l’activité par application de l’ordre de mobilisation générale en date du 9 septembre 1939, classé EM 2e groupe du 57e RAD[1] le 4 septembre 1939, puis dirigé sur le dépôt d’artillerie n° 27 à Chaumont (Haute-Marne) pour affectation spéciale le 6 février 1940. Jean Bart est classé dégagé des obligations militaires[2].


[1] Régiment d’artillerie divisionnaire.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 410 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Marcel Bonhomme †, photographie ancienne en noir et blanc sur carte postale, datée du dimanche 30 juin 1940, (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monsieur Marcel Bonhomme †, photographie ancienne en noir et blanc sur carte postale, datée du dimanche 30 juin 1940, (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Bonhomme, Marcel Fernand, instituteur, classe de mobilisation 1936, n° de matricule du recrutement 444, né le 21 février 1920 à La Romagne, fils de Désiré Vital Bonhomme et de Blanche Georges, rappelé à l’activité le 8 juin 1940, affecté du 11 au 25 juin 1940 auprès du DA[1] n° 341 de sa ZDA[2], démobilisé et radié du corps par le centre de Lourdes.

Il rejoint les chantiers de jeunesse (groupe 10) du 23 octobre 1940 au 2 février 1941 (services comptant comme service militaire). Rappelé à l’activité à compter du 25 juillet 1945, il est affecté au COI[3] n° 106 à Troyes. Marcel Bonhomme est rendu à la vie civile le 24 octobre 1945[4].


[1] Dépôt d’artillerie.

[2] Zone des armées.

[3] Centre d’organisation et d’instruction.

[4] Archives départementales des Ardennes, 1R 468 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Albert Carbonneaux †, gendarme, hiver 1939-1940 à La Romagne (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Monsieur Albert Carbonneaux †, gendarme, hiver 1939-1940 à La Romagne (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Carbonneaux, Albert, n° de matricule du recrutement 450, né le 13 février 1920 à La Romagne, fils d’Aristide Carbonneaux et d’Adèle Fétrot. Il rejoint le dépôt d’artillerie tracteurs n° 341 à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Démobilisé le 22 mars 1941 par le centre de Montpellier (Hérault), il se retire au moulin de la Bonde près d’Issoudun (Indre). Albert Carbonneaux devient ensuite gendarme[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 468 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Carbonneaux, Maurice André, classe de mobilisation 1925, n° de matricule du recrutement 107, né le 18 février 1905 à La Romagne, fils de Nicolas Aristide Carbonneaux et de Marie-Angèle Fétrot. Maintenu affecté spécial au titre de la SNCF en septembre 1939, Maurice Carbonneaux est démobilisé le 3 août 1943[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 378 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Carbonneaux, Robert, n° de matricule du recrutement 451, né le 22 février 1920 à La Romagne, fils de Marceau Carbonneaux et d’Angèle Ferrasse, versé comme requis civil à la 26e compagnie de jeunesse à Lacourt (Ariège). Robert Carbonneaux est démobilisé le 31 janvier 1941.


Cugnart, Alcide Joseph, cultivateur, n° de matricule du recrutement 2148, né le 13 avril 1897 à La Romagne, fils de Victor Cugnart et de Marie Sidonie Devie, rappelé à l’activité le 27 août 1939, affecté au dépôt n° 23. Renvoyé dans ses foyers le 28 août 1939. Le 2 juin 1940, Alcide Cugnart se retire au château de Châtenay à La Chataigneraie (Vendée).


Devie, Albert Victor, cultivateur, n° de matricule du recrutement 235, né le 29 avril 1902 à La Romagne, fils de Charles Onézime Devie et de Marie Berthe Picard, affecté spécial à la mobilisation générale du 2 septembre 1939 au titre de la SNCF. Maintenu au service auxiliaire par la commission de réforme de Reims (Marne) du 19 mars 1940, Albert Devie est démobilisé le 3 juillet 1941 par le centre de Riom (Puy-de-Dôme)[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Devie, Paul Emile, cultivateur, n° matricule du recrutement 236, né le 29 avril 1902 à La Romagne, fils de Charles Onézime Devie et de Marie Berthe Picard, rappelé le 24 août 1939 au 348e régiment d’infanterie. Paul Devie passe au 133e régiment d’infanterie de forteresse le 6 avril 1940, puis est attaché au dépôt d’infanterie n° 204[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Lesein, Numa Edmond, né le 27 mai 1900, fils de Paul Lesein et de Maria Guerlet. Rappelé à l’activité le 24 août 1939, il est affecté à la circulation routière, et maintenu en service auxiliaire. Le 2 juin1940, il se retrouve à La Davière[1] puis à La Caillère-Saint-Hilaire (Vendée). Il est démobilisé par le centre départemental de La Chataigneraie (Vendée) le 27 août 1940. Numa Lesein se retire alors à Saint-Sulpice-en-Pareds (Vendée).


[1] Saint-Sulpice-en-Pareds (Vendée).


Macquin, André Jules, né le 30 décembre 1899 à La Romagne, fils de Paul Eugène Macquin et de Marie-Angèle Lantenois, affecté à la 1e légion de la garde républicaine mobile à Arras (Pas-de-Calais) le 1er février 1940.


Malherbe, Marcel Maurice, cidrier, classe de mobilisation 1938, n° matricule du recrutement 399, né le 13 août 1918 à La Romagne, fils de Georges Malherbe et de Lucie Bonpart, incorporé au 91e régiment d’infanterie de forteresse[1] à Mézières à compter du 1er septembre 1938.

Nommé caporal-chef au 1er mai 1939, il est ensuite affecté au 148e RIF[2] le 2 septembre 1939. Démobilisé le 4 novembre 1940, Marcel Malherbe se retire à Coulanges-sur-Yonne (Yonne)[3].


[1] Unité militaire française spécialisée dans la défense des fortifications de la ligne Maginot, durant les années 1930 jusqu’à 1940.

[2] Régiment d’infanterie de forteresse.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 457 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Mauroy, Raymond, mécanicien, n° matricule du recrutement 18, classe de mobilisation 1939, né le 9 novembre 1919 à La Romagne, fils d’Henry Mauroy et de Lucie Devie. Il est incorporé au dépôt d’artillerie n° 420, à la 74e batterie, à compter du 9 juin 1940. Il est démobilisé le 31 juillet 1940 à Saint-Girons (Ariège). Le 1e juin 1940, il est réfugié aux Lucs-sur-Boulogne (Vendée) chez monsieur Grelet, garagiste.

Le 1er août 1940, il passe à la 26e compagnie de jeunesse[1]. Il est démobilisé le 31 août 1941. Ce service comptant comme service militaire, conformément à l’instruction 13-172 EMA[2] du 9 décembre 1945[3]. Au 30 novembre 1942, Raymond Mauroy est travailleur en Allemagne à Solingen (Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie)[4].


[1] Par un décret signé le 30 juillet 1940, les hommes incorporés en juin 1940 et relevés de leurs obligations militaires sont versés dans des groupements constitués sous l’autorité du ministre de la Jeunesse et de la famille.

[2] Etat-major des armées.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 462 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

[4] Archives départementales des Ardennes, 112 W 11 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Modeste, Axile Fernand Georges, principal clerc de notaire, n° de matricule du recrutement 339, né le 17 octobre 1894 à La Romagne, fils de Florent Joseph Emile Modeste et de Marie Elisabeth Millet. Rappelé le 26 août 1939, il est affecté au 29e régiment régional, rattaché au dépôt d’infanterie n° 24.

Nommé au grade de caporal le 9 février 1940 à La Romagne (ordre du 29e RR[1] n°24, décrets des 10 et 11 février 1940). Il passe au dépôt d’infanterie n° 21 le 12 février 1940. Non prisonnier[2]. Axile Modeste est démobilisé le 12 juillet 1940.


[1] Régiment régional.

[2] Selon la mention inscrite dans son dossier.


Ravignon, Aurèle Adrien, n° de matricule de recrutement 144, né le 25 octobre 1901 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Ulysse Ravignon et de Marie Ernestine Philippot. Rappelé à l’activité le 26 août 1939, affecté au 29e régiment régional, 4e bataillon, 14e compagnie. Aurèle Ravignon est démobilisé le 28 octobre 1939.


Robert, Jean-Baptiste Paul, rattaché à la classe de mobilisation 1927, n° de matricule du recrutement 273, né le 11 mai 1911 à La Romagne, fils de Paul Lucien Robert et de Marie Berthe Thonnelier. Rappelé à l’activité et affecté au 148e RI[1], il est classé affecté spécial comme ajusteur outilleur. Jean-Baptiste Robert est renvoyé dans ses foyers le 14 décembre 1939[2].


[1] Régiment d’infanterie.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 415 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

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Les natifs de La Romagne prisonniers de guerre en 1939-1945 (A-Z)


Le blog laromagne.info commémore l'appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de transmettre : « Aucun élève ne doit quitter sa scolarité sans avoir visité au moins un site mémoriel combattant et avoir participé au moins à une cérémonie patriotique. »
Le blog laromagne.info commémore l’appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de transmettre : « Aucun élève ne doit quitter sa scolarité sans avoir visité au moins un site mémoriel combattant et avoir participé au moins à une cérémonie patriotique. »

Bonhomme, Pierre, Georges, charpentier puis militaire de carrière, sous-officier du génie, décoré de la médaille militaire[1], né le 6 janvier 1910 à La Romagne, fils de Désiré Vital Bonhomme et de Blanche Georges, n° de matricule 891. Il est fait prisonnier à Goviller (Meurthe-et-Moselle) le 21 juin 1940[2].


[1] Attribuée par un décret paru au Journal officiel de la République française n° 239 du 9 octobre 1949, page 10146, qui mentionne dix-huit ans de service et six campagnes.

[2] Liste du Frontstalag 162.

Médaille militaire (avers) de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Médaille militaire (avers) de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Attestation du 4 décembre 2008 délivrée par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) de Genève certifiant posséder les renseignement sur le parcours de prisonnier de guerre de monsieur Pierre Bonhomme  †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Attestation du 4 décembre 2008 délivrée par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) de Genève certifiant posséder les renseignement sur le parcours de prisonnier de guerre de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il est dirigé vers un camp provisoire[1]. D’après une liste officielle des prisonniers français n° 28 du 9 octobre 1940, il est au Frontstalag 162 à Dommartin-lès-Toul (Meurthe-et-Moselle). Il porte le numéro de prisonnier 6987 et se trouve dans le quartier n° 4. Une liste nominative du camp d’Ecrouves (Meurthe-et-Moselle) datée du 13 juillet 1940 indique qu’il s’y trouve à ce moment-là.


[1] Fiche bristol [Karteikarte] du Frontstalag 162 en date du 9 octobre 1940.


L'Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII B Krems-Gneixendorf et Stalag III D Berlin (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII B Krems-Gneixendorf et Stalag III D Berlin (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir du 4 octobre 1940, il est au Stalag XVII B Krems-Gneixendorf[1]. C’est dans ce camp qu’il reçoit son immatriculation de prisonnier de guerre[2] n° 53026. Il se retrouve ensuite au Stalag III B Fürstenberg (arrondissement de l’Oder-Spree), d’après sa fiche bristol[3] du 9 octobre 1940.


[1] Gneixendorf est un village près de Krems-sur-le-Danube (Krems an der Donau) situé dans le Land de la Basse-Autriche.

[2] Kriegsgefangener.

[3] Karteikarte.


Carte de l'emplacement des Stalags en Allemagne (1940-1945).
Carte de l’emplacement des Stalags en Allemagne (1940-1945).

Cette ville correspond à l’actuelle Eisenhüttenstadt (Land du Brandebourg), en Allemagne. Cette ville nouvelle est issue de la fusion en 1961 de Fürstenberg, Staline-Ville[1], et Schönfließ. Cet immense camp se situe dans la vallée de l’Oder est situé à cent vingt kilomètres au sud-est de Berlin et à environ soixante kilomètres de la frontière polonaise[2]. C’est pour les autorités allemandes un camp modèle[3].


[1] Stalinstadt.

[2] La voie ferrée conduisant à Berlin et le canal de l’Oder forment en quelque sorte les limites naturelles du camp.

[3] Modelllager.


Détail de l'emplacement de quelques Stalags en Allemagne (1940-1945).
Détail de l’emplacement de quelques Stalags en Allemagne (1940-1945).

Selon une liste allemande datée du 20 novembre 1940, il est transféré au Stalag III A Luckenwalde[1] sous le n° 53021 le 13 novembre 1940 depuis le Stalag XVII B Krems-Gneixendorf. Il est présent dans le Stalag III D Berlin[2] le 24 novembre 1940, selon une carte de capture dont le tampon très effacé semblerait être du 18 décembre 1940.


[1] Land du Brandebourg, en Allemagne.

[2] Berlin-Lichterfelde est un quartier de Berlin dans l’arrondissement de Steglitz-Zehlendorf.


Carte du combattant n° 143757 de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Carte du combattant n° 143757 de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

D’après une liste n° 111 reçue le 24 mars 1941 et une fiche de capture du CICR[1] du 1e décembre1944, il est probable qu’il est encore dans ce camp pendant cette période. Il semble qu’il y reste jusqu’à la libération de ce camp en avril 1945. D’après sa fiche nominative du Frontstalag 162 à Dommartin-lès-Toul (Meurthe-et-Moselle), Pierre Bonhomme est rapatrié le 27 mai 1945 au centre de Maubeuge (Nord)[2].


[1] Comité international de la Croix-Rouge.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 410 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Musée de la Reddition du 7 mai 1945 (Reims), numéro d'inventaire R.853, acte de capitulation rédigé par les Alliés, texte dactylographié à l’encre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée de la Reddition du 7 mai 1945 (Reims), numéro d’inventaire R.853, acte de capitulation rédigé par les Alliés, texte dactylographié à l’encre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Fouquet, Henri Albert, n° de matricule du recrutement 411, né le 20 octobre 1907 à La Romagne, fils de Gustave Fouquet et de Marie Carbonneaux, rappelé à l’activité le 2 octobre 1939, affecté au dépôt du génie n° 15. Il est fait prisonnier le 21 juin 1940 à Rambervillers (Vosges). Henri Fouquet[1] est interné au camp de transit de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) avant d’être démobilisé par le comité départemental le 28 août 1941.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 392 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Pour nos prisonniers de guerre, timbre  brun carminé en taille douce, collé sur des cahiers de captivité de prisonniers de guerre du Stalag IV-B Mühlberg (1940).
Pour nos prisonniers de guerre, timbre  brun carminé en taille douce, collé sur des cahiers de captivité de prisonniers de guerre du Stalag IV B Mühlberg (1940).

Lelong, Marceau Alfred, domestique de culture, classe de mobilisation 1927, n° de matricule de recrutement 1308, né le 11 novembre 1912 à La Romagne, fils de Jules Alcide Lelong et de Marie Claire Faveaux, rappelé le 26 août 1939 au 29e régiment régional.

Il passe au 22e régiment régional le 16 janvier 1940. Il est fait prisonnier à Etampes (Essonne) le 15 juin 1940. Interné au Stalag IV B Mühlberg[1], à une cinquantaine de kilomètres de Dresde. Il a le matricule n° 72021. Rapatrié le 30 mai 1945, Marceau Lelong est démobilisé le 1er juin 1945 par le comité départemental de Charleville[2].


[1] Ville allemande située dans l’arrondissement d’Elbe-Elster (Land du Brandebourg).

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 423 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Pierre Bonhomme †, titulaire de la médaille militaire depuis plus de 50 ans (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monsieur Pierre Bonhomme †, titulaire de la médaille militaire depuis plus de 50 ans (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lequeux, Armand Adonis, ferronnier, n° de matricule du recrutement 111, né le 19 mars 1915 à La Romagne, fils de Victor Eugène Lequeux et de Marie Georgette David, convoqué le 29 mars 1939 au 91e régiment d’infanterie, il passe au 295e régiment d’infanterie le 2 septembre 1939.

Fait prisonnier à La Salle[1] (Saône-et-Loire) le 28 juin 1940. Interné au Stalag II A Neubrandenbourg[2]. Il porte le numéro de prisonnier 66459. Malade, il est rapatrié le 4 juin 1941 et est démobilisé le 9 juillet 1941. Armand Lequeux se retire alors à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)[3].


[1] Près de Mâcon (Saône-et-Loire).

[2] Ville d’Allemagne située dans le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, au nord de Berlin.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 442 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Macquin, Paul Adolphe, classe de mobilisation 1925, n° de matricule du recrutement 119, né le 7 janvier 1905 à La Romagne, fils de Paul Eugène Macquin et de Marie-Angèle Lantenois, rappelé à l’activité par mesure de mobilisation générale, il est affecté au dépôt ALVF[1] n° 209.

Parti aux armées le 11 février 1940 et affecté au 374e RALVF[2] 13e bataillon le 1er avril 1940. Il est fait prisonnier à « Archambeau[3] » le 20 juin 1940. Interné au Stalag II C Greifswald[4] sous le n° de prisonnier 3355. Paul Macquin est rapatrié le 28 mai 1945[5].


[1] Artillerie lourde sur voie ferrée.

[2] Régiment d’artillerie lourde sur voie ferrée.

[3] Sic, id est Bourg-Archambault (Vienne).

[4] Ville du nord de l’Allemagne (Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale).

[5] Archives départementales des Ardennes, 1R 378 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Reconnaissance des services rendus à la France par monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Reconnaissance des services rendus à la France par monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Macquin, Rémi Jean, commis de perception, né le 5 mars 1911 à La Romagne, fils de Paul Eugène Macquin et de Marie Angèle Lantenois, n° de matricule du recrutement 110.

Rappelé à l’activité le 2 septembre 1939, il est fait prisonnier à Saint-Dié (Vosges) le 22 juin 1940. Interné au Stalag XIII D Nuremberg-Langwasser[1] sous le n° de prisonnier 88022. Libéré le 5 mai 1945 et rapatrié le même jour, Rémi Macquin est démobilisé le 16 mai 1945 par le comité départemental de Charleville[2].


[1] Land de Bavière.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 415 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Jean Malherbe † pose devant sa voiture. Hotchkiss est un constructeur automobile et manufacturier d'armes français, qui a produit des véhicules militaires jusqu'en 1969. Photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Monsieur Jean Malherbe † pose devant sa voiture. Hotchkiss est un constructeur automobile et manufacturier d’armes français, qui a produit des véhicules militaires jusqu’en 1969. Photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Malherbe, Eugène Jean, employé de commerce, n° de matricule du recrutement 230, né le 20 février 1913 à La Romagne, fils de Georges Malherbe et de Lucie Bonpart, rappelé à l’activité à la 2e section de COMA[1] le 25 août 1939 et affecté au groupe d’exploitation de la 52e division d’infanterie.

Nommé sergent le 21 juin 1940. Fait prisonnier à La Bourgonce (Vosges) le 22 juin 1940. Interné au Stalag XIII D Nuremberg-Langwasser. Eugène Jean Malherbe est rapatrié le 23 avril 1945 et démobilisé par le centre des Ardennes le 1er juin 1945.


[1] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Marandel, Léon André, cultivateur, maréchal-ferrant, classe de mobilisation 1922, soldat au 140e régiment d’artillerie, n° de matricule du recrutement 244, né le 27 janvier 1902 à La Romagne, fils de Alfred Célestin Marandel et d’Eugénie Chéry.Rappelé à l’activité le 23 août 1939, il est fait prisonnier à Epinal (Vosges) et interné au Stalag XII D Trier[1]/Petrisberg sous le n° de prisonnier 1564. Rapatrié, Léon Marandel est démobilisé le 5 novembre 1945 par le comité départemental d’Amiens[2].


[1] Trèves est une ville du sud-ouest de l’Allemagne (Land de Rhénanie-Palatinat).

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Marquigny, Henri Emile, ouvrier de culture, classe de mobilisation 1922, né le 20 mars 1906 à La Romagne, mort pour la France[1], n° matricule du recrutement 408, fils de Joseph Louis Emile Marquigny et de Marie Ida Boitte. Rappelé à l’activité le 20 septembre 1939 et affecté au 301e RALP[2].

Après un séjour à l’hôpital de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) du 20 octobre 1939 au 24 février 1940 et sa convalescence, il rejoint le dépôt d’artillerie n° 302 le 17 mars 1940. Il est affecté le 29 mars 1940 au parc de munitions d’armée et passe à la 662e compagnie du parc de munitions d’armée.

Fait prisonnier le 12 juin 1940 au fort de La Chaume[3]. Henri Marquigny est rapatrié le 30 mai 1945 et décède quelques mois plus tard à l’hôpital militaire de Mézières le 5 octobre de la même année[4].


[1] Il figure à ce titre sur le monument aux morts de La Romagne.

[2] Régiment d’artillerie légère portée.

[3] Thierville-sur-Meuse, près de Verdun (Meuse).

[4] Archives départementales des Ardennes, 1R 385 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Mauroy[1], Gaston Auguste, n° de matricule du recrutement 269, né le 2 juillet 1902 à La Romagne, fils de Charles Emile Mauroy et de Juliette Léonie Bailly. Il est fait prisonnier à Maubert-Fontaine. Il est interné au Stalag XII A Limburg an der Lahn[2] sous le n° de prisonnier 21506. Gaston Mauroy est démobilisé le 31 mai 1945 par le comité départemental de Charleville.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

[2] Limbourg-sur-la-Lahn (Land de la Hesse).


Monsieur Marcel Mauroy † et d'autres prisonniers de guerre, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Michel Mauroy).
Monsieur Marcel Mauroy † et d’autres prisonniers de guerre, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Michel Mauroy).

Mauroy, Marcel Charles, n° de matricule du recrutement 59, né le 6 mai 1904 à La Romagne, fils de Charles Emile Mauroy et de Marie Juliette Léonie Bailly. Rappelé à l’activité le 24 août 1939, affecté au 17e RAD[1].

Fait prisonnier le 22 juin 1940 à La Bourgonce (Vosges). Il est interné au Stalag XIII B Weiden/Oberpfalz[2]. Il est rapatrié le 25 mai 1945 sous le matricule 83774. Marcel Mau