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La guerre de Trente Ans, la Fronde et la guerre franco-espagnole autour de La Romagne


Au XVIIe siècle, les environs de La Romagne affrontent sur plusieurs décennies une période de troubles graves en relation avec une rébellion prenant la forme d’une guerre civile[1], d’une part, et de conflits internationaux[2] impliquant le royaume de France et des belligérants étrangers, d’autre part.


[1] La Fronde.

[2] La guerre de Trente Ans et la guerre francoespagnole.


Rocroi et ses environs, histoire des princes de Condé.

Un jeu complexe d’alliances, qui se nouent et se dénouent au fur et à mesure des événements, demande d’éclaircir la chronologie et la géographie de ce qui s’est passé précisément dans les Ardennes ces années-là.


Charles II de Gonzague duc de Mantoue par Robert Nanteuil.

La maison des Habsbourg d’Espagne possède alors les Pays-Bas du sud[1], frontaliers de la province de Champagne. Celle-ci comporte encore de nombreuses enclaves. Certaines appartiennent à des princes, comme c’est le cas pour la principauté de Rethel (maison de Gonzague), ou pour celle de Sedan (maison de La Tour d’Auvergne).

Néanmoins, cela n’empêche pas le roi de France d’intervenir partout dans ces territoires, et la région de voir à plusieurs reprises le passage de routiers[2] et de reîtres[3].


[1] Couvrant approximativement aujourd’hui une partie de la Belgique et du Nord de la France, et le Luxembourg.

[2] « Au Moyen Âge, soldat irrégulier appartenant à des bandes organisées qui, en temps de guerre, louaient leurs services à l’un ou l’autre des partis en présence, et, en temps de paix, se livraient pour leur propre compte au pillage et au brigandage. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Cavalier allemand mercenaire, qui servit en particulier dans les troupes françaises du XVe au XVIIe siècle », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire principal INV 8506 [autre numéro d'inventaire : MR 2712], Vouet, Simon (1590-1649). Peintre, Louis XIII entre deux figures de femmes symbolisant la France et la Navarre, huile sur toile, 2e quart du XVIIe siècle (vers 1636-1638), notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire principal INV 8506 [autre numéro d’inventaire : MR 2712], Vouet, Simon (1590-1649). Peintre, Louis XIII entre deux figures de femmes symbolisant la France et la Navarre, huile sur toile, 2e quart du XVIIe siècle (vers 1636-1638), notice descriptive consultable en ligne.

Amorcé en 1618, le conflit que l’on nommera ultérieurement la guerre de Trente Ans reprend de plus belle, avec les hostilités déclenchées en mai 1635 par Louis XIII[1] et Richelieu contre les Habsbourg.


[1] Fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, né le 27 septembre 1601 à Fontainebleau et mort le 14 mai 1643 à Saint-Germain-en-Laye, roi de France et de Navarre de 1610 à 1643.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/541 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la maraude, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/541 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la maraude, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Elles sont destinées à consolider les frontières du royaume, mais les armées espagnoles parviennent à pénétrer jusqu’en Picardie, et même à atteindre la région de Reims. Les divers ennemis procèdent par « courses », qui sont décrites plus tard par le Comte de Marsy dans son ouvrage Eglises fortifiées[1] :

« Un corps de partisans plus ou moins nombreux, bien montés et légèrement équipés venait par surprise ou par quelques hardis coups de main mettre à contribution une ville ou un village et obtenait par menace ou violence une somme d’argent, une certaine quantité de vivres et l’on se hâtait de repartir. »

Marsy, Arthur de, Les Églises fortifiées de La Thiérache.

[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LK2-1976, Marsy, Arthur de (1843-1900), Les Églises fortifiées de La Thiérache, Vervins : imprimerie de Papillon, 1864, in-8°, 7 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/545 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : dévastation d’un monastère, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/545 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : dévastation d’un monastère, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

En 1637, les armées royales conduites par les seigneurs Conti, Soissons, et La Valette passent à plusieurs reprises sur les dépendances de l’abbaye de Signy[1] et y séjournent, apportant ainsi la ruine de ce territoire.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


En 1641, le théâtre des opérations se porte sur une autre partie de la région ardennaise. Le maréchal de Châtillon, envoyé contre les rebelles menés par le duc de Bouillon et le comte de Soissons, est battu près de Sedan (Ardennes). Mais, le 21 juillet, Louis XIII marche sur Donchery (Ardennes), dont il se rend maître.


Les Actions du Grand Condé, Rocroi 1643, par Sauveur Le Conte.

Deux ans plus tard, la Thiérache et le pays des Pothées[1] sont une nouvelle fois dévastés. La situation n’est sauvée que par la victoire de Rocroi (Ardennes)[2], où le duc d’Enghien (que l’on appellera par la suite Grand Condé) écrase les Espagnols.

C’est à partir de ce moment, même s’il a déjà fait preuve de son ardeur au combat en participant à d’autres opérations antérieures (Arras[3] en 1640) ou comme commandant en chef de l’armée de Picardie, que se fonde l’aura militaire de ce prince.


[1] La forêt des Pothées (ou des Potées) est située actuellement sur le territoire de la commune d’Aubigny-les-Pothées, dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Le 19 mai 1643. Du côté de la monarchie espagnole, Francisco de Melo a vu sa gloire ternie par sa défaite. Né à Estremoz (Portugal) en 1597 et mort à Madrid (Espagne) le 18 décembre 1651, ce diplomate portugais au service de l’Espagne a été gouverneur (1641-1644) des Pays-Bas espagnols.

[3] Actuellement, préfecture du département du Pas-de-Calais, en région Hauts-de-France.


La paix de Westphalie, peinture de Claude Jacquand d’après Gerard Ter Borch.

Alors que les traités de Westphalie[1] publiés le 24 octobre 1648 mettent fin à la guerre de Trente Ans tout en remodelant la carte européenne, la paix de Rueil (actuellement, Rueil-Malmaison, dans le département des Hauts-de-Seine, en région Île-de-France) est définitivement signée le 11 mars 1649. Elle marque la cessation de la Fronde parlementaire. Le conflit se poursuit désormais avec l’Espagne seule.


[1] Les traités de Westphalie qui mettent fin à la guerre de Trente Ans correspondent à la signature de deux actes diplomatiques séparés : le premier est conclu à Osnabrück (commune située actuellement dans le Land de Basse-Saxe, en Allemagne), le 6 août 1648 entre le Saint-Empire romain germanique et le royaume de Suède, le second à Münster (commune située actuellement dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne) le 8 septembre 1648 entre l’Empereur du Saint-Empire romain germanique et le royaume de France (et leurs alliés respectifs). Le traité de Münster du 30 janvier 1648, signé entre l’Espagne et les Provinces-Unies, clôt pour sa part la guerre de Quatre-Vingt Ans. Selon les contextes, les historiens évoquent donc deux ou trois traités de Westphalie.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/536 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : titre, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/536 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : titre, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

A la guerre avec l’étranger (qui implique les ravages occasionnés par les armées), une trésorerie mal en point (les revenus de plusieurs années sont engloutis d’avance), vient s’ajouter en effet une guerre civile – la Fronde – de 1648 à 1653.

C’est à la fois une révolte parlementaire, nobiliaire, et la cristallisation de tous les mécontentements. Pour autant, les hostilités avec les ennemis extérieurs ne cessent pas, d’autant que ceux-ci ont tout intérêt à ce que le royaume soit déstabilisé.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/537 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : enrôlement des troupes, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/537 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : enrôlement des troupes, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Parallèlement à ces événements, c’est aussi dans cette même période que les bandes d’Erlach[1], composées de mercenaires allemands, suédois et polonais combattant pour le roi de France, sillonnent le pays en le pillant et en imposant aux villageois qu’ils viennent de dépouiller une contribution pour racheter le butin. Ils se signalent également par des actes d’impiété, laissant pour des siècles un souvenir épouvantable.


[1] Jean-Louis d’Erlach (né le 30 octobre 1595 à Berne selon le Dictionnaire historique de la Suisse) passe au service de la France pendant la guerre de Trente Ans. Gouverneur français de Brisach, puis lieutenant-général en 1647, il participe à la campagne de Flandres en 1648. Il devient commandant de l’armée française dans le Saint-Empire romain germanique en 1649. Il décède le 26 janvier 1650 à Vieux-Brisach (Breisach am Rhein), ville située actuellement dans le Land du Bade-Wurtemberg (Allemagne). Ne pas confondre avec Neuf-Brisach, commune située actuellement dans le département du Haut-Rhin, en région Grand Est.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/547 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/547 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Bien que de nombreux historiens accusent d’atrocités Jean-Louis d’Erlach, on trouve dans sa correspondance des lettres[1] dans lesquelles il dénonce l’attitude du maréchal de Guébriant, qui laisse ses troupes piller les villages proches d’Hagueneau[2], ce qui est en opposition avec ses pratiques dans cette partie de la Champagne.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des manuscrits, Cinq cents de Colbert 111, lettres de Paul Le Prévost, baron d’Oysonville, 1641-1643 (f. 1-75), et de Jean-Louis d’Erlach, gouverneur de Brisach, 1643 (f. 76-90), 96 feuillets [cotes Cinq cents de Colbert 108-116 = registres de copies des lettres adressées à Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant, maréchal de France (1637-1644). XVIIe siècle. Papier. 9 volumes. 290 × 215 mm. Reliure parchemin. Manuscrit en français.]

[2] Commune située actuellement dans le département du Bas-Rhin, en région Grand Est.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP29.73.3, Moncornet, Balthasar  (1600-1668). Editeur, Jean Louis d'Erlach (1595-1650), burin (estampe), notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP29.73.3, Moncornet, Balthasar (1600-1668). Editeur, Jean Louis d’Erlach (1595-1650), burin (estampe), notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

De son côté, le bibliothécaire Henri Jadart souligne, dans sa critique d’un ouvrage[1] sur Jean-Louis d’Erlach[2], que l’auteur y brosse le portrait d’un homme se distinguant par « le soin qu’il prenait de bien nourrir ses troupes » et qui « s’efforçait d’adoucir, autant que possible, les rigueurs de la guerre ».


[1] Archives départementales des Ardennes, PERH2 10, Jadart, Henri, « Bibliographie [recension d’un ouvrage] », in Laurent, Paul (1860-1935). Directeur de publication, Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, 21 volumes, bimestriel, tome dixième année, 1903, page 54 et suivante, vue 34/199 et suivante, consultable en ligne. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-M-12117, Charvériat, Émile (1826-1904). Auteur, Jean-Louis d’Erlach, Lyon : A. Rey, 1902, in-12, 152 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/530 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : le campement, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/530 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : le campement, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.

De manière générale, c’est pendant les quartiers d’hiver que la présence des troupes est la plus nuisible pour un village, en raison de l’indiscipline liée à l’absence des officiers. Ces derniers s’empressent pendant cette mauvaise saison de regagner soit leur foyer, soit la cour de France. L’inaction des hommes laisse place à la rapine car, le plus souvent, ils ne reçoivent leurs soldes qu’avec beaucoup de retard.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d'inventaire L 44 LR/543 Recto [ancien : 10540] Callot, Jacques, graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la Guerre : le pillage d'une ferme, 1633, épreuve du 1er état, eau-forte, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/543 Recto [ancien : 10540] Callot, Jacques, graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la Guerre : le pillage d’une ferme, 1633, épreuve du 1er état, eau-forte, notice descriptive consultable en ligne.

Ce ne sont pas les seules exactions commises envers la population, car les soldats endommagent également les fermes plus ou moins isolées, et terrorisent leurs habitants. Rien n’y fait, ni la police des troupes pour les quartiers d’hiver, ni l’arrêt du Parlement en date du 22 décembre 1648[1]

« portant défenses à tous gens de guerre de faire aucune pillerie, insolence ou excès en aucun lieu de garnison et de passage, à peine d’être punis selon les ordonnances, et à leur capitaines et officiers d’en répondre comme de leur propre fait ».

Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot ; Saige, Gustave, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652.

[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 97, vue 156/414, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Quant aux recommandations du roi[1] pour que les troupes ne causent aucune répression au peuple, elles semblent ne pas avoir plus d’effet.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, manuscrit Français 4224, tome II, folio 148 et suivants, lettre et ordonnance de Louis XIV sur la désertion « pour deffendre ausd. gens de guerre de coupper les bleds » [cotes Français 4223-4224 = recueil de copies de pièces, renfermant, sous le titre Armée, une série de documents émanés principalement de l’administration de Louis XIV, de 1643 à 1660. Ces documents sont rangés par chapitres, selon leur objet, pour servir, sans doute, de modèles de rédaction dans les cas analogues. Un certain nombre, réduits à l’état de formules, n’offrent aucun intérêt et ne figureront pas dans le dépouillement ci-dessous. Sous-unités de description 141 à 148 = lettres et ordonnances de Louis XIV.]


Armand de Bourbon, prince de Conti (1629-1666), anonyme français, miniature musée Condé (Chantilly).

Le gouverneur de la province de Champagne est depuis 1647 (et jusqu’en 1655) Armand de Bourbon[1] prince de Conti[2], frère du duc d’Enghien (le vainqueur de Rocroi)[3]. Deux ans plus tard, durant cette révolte des nobles qu’est la Fronde, tandis que Conti s’allie à sa soeur la duchesse de Longueville[4] et au parlement de Paris contre le roi et la reine-mère Anne d’Autriche, Condé reste, lui, fidèle à Louis XIV, permettant même à ce dernier de rentrer dans Paris (18 août 1649).


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 124, vue 183/414, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).

[2] Egalement orthographié Conty sur les documents d’époque.

[3] Louis II de Bourbon-Condé (dit le Grand Condé) et Armand de Bourbon-Conti sont les cousins germains du roi de France Louis XIV.

[4] Anne-Geneviève de Bourbon, née à Vincennes le 28 août 1619, fille unique d’Henri II de Bourbon et de Charlotte-Marguerite de Montmorency. Le 2 juin 1642, elle épouse Henri II d’Orléans, duc de Longueville Elle prend le parti des frondeurs et se réfugie en mars 1650 à Stenay (commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est. Disgraciée à cause de son action déloyale, elle finit sa vie loin de la Cour, mais tournée vers la religion. Elle meurt le 15 avril 1679 à Paris.


Lettre du roi au parlement du Dauphiné pour l’arrestation de Condé, de Conti, et de Longueville.

Les trop grandes ambitions de Condé vont lui être contraires, ce qui va contraindre la reine à faire arrêter le 18 janvier 1650 les trois membres de ce clan (Condé, Conti et leur beau-frère Longueville), et à les emprisonner à Vincennes, avant qu’ils ne soient transférés plus tard à Marcoussis[1], puis au Havre[2].


[1] Commune située actuellement dans le département de l’Essonne, en région Île-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Seine-Maritime, en région Normandie.


Fiche catalographique toponymique sur La Romagne (archives départementales des Ardennes).

Le territoire de La Romagne aurait été le théâtre d’une bataille : « Le 25 février 1650, le marquis de la Ferté défit en cet endroit plusieurs compagnies de cavalerie du prince de Conty[1] ».


[1] D’après une fiche catalographique cartonnée sur La Romagne, rangée dans le tiroir « toponymie » d’un meuble de bibliothèque aux archives départementales des Ardennes. Cette dernière ne comporte aucune indication autre que les propos cités. L’absence de référence à une source primaire entraîne une nécessaire réserve quant à l’information délivrée.


Musée de l'Armée (Paris), dossière de la cuirasse du maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 6668 I [autre numéro d'identification : cote Cc 4/1], objet en fer, laiton, velours, acier, fil de métal, toile, technique de la torsade et du métal noirci, XVIIe siècle (2e moitié), notice descriptive consultable en ligne.
Musée de l’Armée (Paris), dossière de la cuirasse du maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 6668 I [autre numéro d’identification : cote Cc 4/1], objet en fer, laiton, velours, acier, fil de métal, toile, technique de la torsade et du métal noirci, XVIIe siècle (2e moitié), notice descriptive consultable en ligne.

Les Notes diverses et fragments d’histoire locale sur la commune de La Romagne issus de plusieurs documents historiques et de recherches personnelles[1] sont tout aussi sujet à caution, faute de citer la moindre source.

Dans une rubrique intitulée Fronde (1650), l’auteur y affirme, sans strictement avancer la moindre preuve de ses dires, que « L’époque de la Fronde fut une période difficile pour notre région, en particulier pour La Romagne. Turenne, alors rebelle du roi de France, passa un hiver à La Romagne avec les troupes espagnoles, en lutte contre Condé. Cet hiver fut a priori [c’est nous qui soulignons][2] celui de 1649/1650 ; les « quartiers d’hiver » de Turenne firent du tort à La Romagne et aux villages voisins ; les pillages successifs et la contrainte alimentaire furent éprouvants pour la population. Par ailleurs, on sait [c’est nous qui soulignons][3] que ce bref séjour de quelques mois à La Romagne laissa le temps à Turenne de laisser un enfant naturel [c’est nous qui soulignons][4] à La Romagne, qu’il ne reconnut apparemment pas puisqu’il partit avant sa naissance. Concernant les troupes espagnoles, l’exiguïté de La Romagne nous laisse à penser [c’est nous qui soulignons][5] que les soldats s’installèrent en rase campagne, dans les terres défrichées de l’époque (La Bouloye[6] à l’est, le Mont de Vergogne à l’ouest)[7] ».


[1] Photocopie d’un cahier à l’écriture manuscrite (collection personnelle de l’auteure).

[2] Non fondé sur des faits. L’incertitude quant à la date montre qu’il s’agit d’une construction intellectuelle a priori, et non d’une déduction a posteriori tirée d’une analyse documentaire.

[3] Ce « on sait » a tout l’air d’un « on-dit ». Cette affirmation péremptoire est à écarter, puisque les registres jusqu’en 1693 ont disparu avant la Révolution. Elle relèverait plutôt d’une rumeur sans fondement.

[4] Cette « preuve anecdotique », recueillie de façon informelle, et s’appuyant sur des témoignages douteux, a une valeur limitée sur le plan historique. Le ton croustilleux employé par l’auteur correspond aux définitions du Larousse « Qualifie ce qui est à la fois audacieux et provocateur, souvent dans un contexte de révélation ou de scandale. » et du Trésor informatisé de la langue française « Plaisant, piquant et grivois. »

[5] Cette supputation ne repose sur aucune preuve historique. Un ressenti n’est ni un fait ni une opinion. Croire n’est pas penser.

[6] Lire la Bouloi.

[7] Il est permis de douter sérieusement de ces affirmations, qui ne s’appuient pas sur du matériau historique de première main. La disparition quasi-totale de documents des archives départementales des Ardennes concernant l’Ancien Régime, à la suite d’un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale, limite drastiquement l’accès aux sources primaires. Elle concerne plusieurs séries [série A = actes du pouvoir souverain et du domaine public avant 1790. Métrage linéaire après destruction : 1 mètre ; série B = cours et juridictions avant 1790. Métrage linéaire après destruction : 1,20 mètre ; série C = administrations provinciales avant 1790. Métrage linéaire : néant. Série détruite en 1940 ; série D = instruction publique, sciences et arts avant 1790. Métrage linéaire : néant. Série détruite en 1940 ; série F = fonds divers se rattachant aux archives civiles entrés avant 1940. Métrage linéaire après destruction partielle en 1940 : 10 mètres].


Musée de l'Armée (Paris), boulet qui aurait tué le maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 17 [autre numéro d'identification : cote Cc 4], projectile de 3 livres en fer, technique de la fonte, créé sous Louis XIV (1643-1715). , notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : tiré par le canonnier Koch le 27 juillet 1675, il est réputé avoir mortellement blessé Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, lors de la bataille de Salzbach, pendant la guerre de Hollande].
Musée de l’Armée (Paris), boulet qui aurait tué le maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 17 [autre numéro d’identification : cote Cc 4], projectile de 3 livres en fer, technique de la fonte, créé sous Louis XIV (1643-1715). , notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : tiré par le canonnier Koch le 27 juillet 1675, il est réputé avoir mortellement blessé Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, lors de la bataille de Salzbach, pendant la guerre de Hollande].

Jusqu’à preuve du contraire, le séjour de Turenne à La Romagne (Ardennes), rapporté par la tradition orale, appartiendrait aux contes et légendes, mais non à l’histoire. Nul élément manuscrit ou imprimé n’a été en effet apporté pour étayer les propos avancés. Aucune source primaire n’a d’autre part été retrouvée dans l’état actuel de la recherche.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire INV 31368 Recto [anciens numéros d’inventaire : NIII 13415 et MA 10747], Nanteuil, Robert (1623-1678) [« copie d’après » ou « entourage de »], Portrait de Turenne, en buste, portant une cuirasse, pastel sur papier brun collé en plein sur carton [verso numéroté 6 au pochoir et 1195 à la craie blanche], notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire INV 31368 Recto [anciens : NIII 13415 et MA 10747], Nanteuil, Robert (1623-1678) [« copie d’après » ou « entourage de »], Portrait de Turenne, en buste, portant une cuirasse, pastel sur papier brun collé en plein sur carton [verso numéroté 6 au pochoir et 1195 à la craie blanche], notice descriptive consultable en ligne.

Ce qui est en revanche attesté est que Turenne tourne le dos au parti du roi après l’arrestation et l’incarcération des princes. Il se met au service des Espagnols dès le 14 février 1650, par un traité où il s’engage à favoriser la conclusion d’une juste paix avec l’Espagne.


Léopold-Guillaume, archiduc d’Autriche (1614-1662) par Johann Paul Schorr dit Giovanni Paolo Tedesco.

En échange de quoi, il s’installe à Stenay[1] après avoir quitté Paris. Il est à la tête d’une armée au service de l’archiduc Léopold[2], généralissime de l’armée d’Espagne[3], qui lui accorde 250 000 écus[4] pour faire des levées de troupes. Tous les mois, il reçoit une certaine somme[5] pour l’entretien d’icelles[6] et des garnisons des places occupées[7]. Il ne percevra pas régulièrement ces montants.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[2] Léopold-Guillaume de Habsbourg, né à Wiener Neustadt (Land de Basse-Autriche, en Autriche), le 5 janvier 1614, mort à Vienne (Autriche) le 20 novembre 1662, gouverneur des Pays-Bas espagnols du sud.

[3] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0957 [= Anciennement 9352 selon une cotation antérieure], numéros de notice 957-960, Mémoire sur la province de Champagne (1708). [XVIIIe siècle. Manuscrit en français sur papier. 492, 418, 488 et 506 feuillets. 370 sur 250 mm. Reliure en veau raciné. Le manuscrit doit être incomplet, car au bas du dernier feuillet du tome IV on lit les mots d’appels pour le feuillet suivant : « De l’évêché. » — Ce mémoire a dû être rédigé par André de Harouys, qui fut intendant en Champagne de 1702 à 1711.]

[4] Les sommes varient selon les sources entre 200 000 et 250 000 écus.

[5] Estimée à 80 000 écus.

[6] Vieilli. Celles dont il vient d’être question.

[7] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 254 et suivantes, vue 313/414 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV2732,
Flatters Jean-Jacques (1786-1845), Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), buste sur piédouche, marbre, vers 1834, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV2732,
Flatters Jean-Jacques (1786-1845), Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), buste sur piédouche, marbre, vers 1834, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Cependant, après avoir ruiné Marle (Aisne) en voulant contrer les armées royales, Turenne à la tête d’une armée au service des Espagnols assiège successivement Le Catelet[1] (juin 1650), Guise[2] (juillet 1650), La Capelle[3] (août 1650), au moment où la pluie tombe sans discontinuer, provoquant l’embourbement des chemins et le retard d’approvisionnement en vivres.


[1] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.


Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Pendant ce temps, le maréchal du Plessis-Praslin qui commande l’armée royale se retire derrière Notre-Dame de Liesse[1]. Turenne s’avance ensuite sur Vervins[2] puis vers Château-Porcien (Ardennes), qui n’est défendu que par un groupe d’habitants (trente d’entre eux au moins ont été faits prisonniers). La ville qui subit une nouvelle fois les assauts espagnols ne peut que capituler, le 14 août 1650.


[1] A Liesse-Notre-Dame, commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP26.4.1,
Dyck Antoon van (1599-1641) (d'après). Peintre, graveur ; Galle Cornelis, le Jeune (1615-1678). Graveur flamand, Ferdinand III (1608-1657), empereur d'Allemagne, roi de Hongrie et de Bohème, 1649, burin (estampe) ; eau-forte, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP26.4.1,
Dyck Antoon van (1599-1641) (d’après). Peintre, graveur ; Galle Cornelis, le Jeune (1615-1678). Graveur flamand, Ferdinand III (1608-1657), empereur d’Allemagne, roi de Hongrie et de Bohème, 1649, burin (estampe) ; eau-forte, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Avec trois régiments d’infanterie et 4 000 chevaux, les troupes de Ferdinand de Habsbourg[1], conduites par Turenne, assiègent ensuite Rethel (Ardennes), pillant et brûlant tout sur leur passage. La ville se rend à son tour (août 1650).

Une garnison de 800 hommes est laissée sur place, sous l’autorité du colonel Giovanni Delliponti[2], « fort estimé en Flandre » selon Turenne[3], jugé plus durement par d’autres auteurs : « Plus de mille personnes périrent de disette & de misère[4]. »


[1] Ferdinand Ernest de Habsbourg, dit Ferdinand III, né le 13 juillet 1608 à Graz (duché de Styrie), et mort le 2 avril 1657 à Vienne (Autriche).

[2] L’Italien est réputé fameux pour la défense des places.

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6365579 < Tome 1 >, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur, Mémoires du maréchal de Turenne publiés pour la Société de l’histoire de France d’après le manuscrit autographe appartenant à monsieur le marquis de Talhouët-Roy par Paul Marichal, Paris : H. Laurens, 1909-1914, 2 volumes (LXVIII-379, 450 p.), facsimilé, in-8, tome I (1643-1653), 1909, page 146, vue 241/487, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH3-376 (1).

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMS-100399072, Le Long, Nicolas (ordre de saint Benoît, le père). Auteur, Histoire ecclésiastique et civile du diocèse de Laon et de tout le pays contenu entre l’Oise et la Meuse, l’Aisne et la Sambre, Châlons : Seneuze, 1783, in-4°, pièces liminaires, 623 p., table et souscripteurs, page 519, vue 531/656, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-LK3-241.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/533 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/533 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.

La présence de Delliponti, désormais gouverneur de Rethel (Ardennes), après avoir été installé dans cette ville par l’archiduc) et des troupes qui y sont laissées, s’avère très vite inacceptable pour les habitants, compte tenu des exigences formulées.

En effet, il faut tout d’abord fournir 50 poinçons de boisson[1], 4 000 paires de chaussures et autant de bas. Telles sont les conditions de la capitulation, auxquelles s’ajoutent 80 000 rations de pain pour les troupes. Et ce, sans oublier le pillage qui s’ajoute à ces demandes « régulières ».


[1] Tonneau de contenance variable selon les régions mais pouvant contenir jusqu’à 250 litres de vin.


Vicomte de Turenne, sculpture d’après Jérôme Derbais, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Turenne, après avoir au passage et toujours pour le compte des Espagnols pris Fismes[1], alors que Plessis-Pralin s’enferme dans la ville de Reims[2], fait alors avancer un corps d’armée jusqu’à la Ferté-Milon[3], et se rend maître ainsi des passages jusqu’à Paris. Turenne renonce à avancer et décide de rebrousser chemin.

Il repasse l’Aisne et va assiéger Mouzon[4] sur la Meuse avec une partie de son armée durant sept semaines, avant de s’en emparer. Puis « Turenne passa tout le mois de novembre de l’année 1650 au camp de Romagne[5], entre l’Aisne et la Meuse, pour veiller à la conservation de ses places[6]».


[1] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[4] Commune nouvelle située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Romagne-sous-Monfaucon (Meuse). Il est strictement exclu qu’il puisse s’agir de La Romagne (Ardennes) : il est écrit en effet « camp de Romagne » et non « camp de La Romagne ». D’autre part, la description géographique s’applique parfaitement au village meusien et nullement à la commune ardennaise.

[6] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 337, vue 350/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Ordre du roi pour que Turenne ne soit reconnu d’aucune troupe.

La situation change : « Turenne était toujours au camp de Romagne. Au commencement de décembre, la garnison française de Donchery lui avait enlevé un de ses meilleurs postes, le château de Chémery[1]. Ses coureurs occupaient le pays entre Montfaucon et Varennes[2]».


[1] Issue de la fusion de Chémery-sur-Bar et Chéhéry, Chémery-Chéhéry est une commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est. Elle se trouve à 16 kilomètres environ au sud-ouest de Sedan. Ne pas confondre avec le château de Chémery, situé dans le département du Loir-et-Cher, en région Centre-Val de Loire.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 340, vue 353/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Ordre du roi pour empêcher de rejoindre les troupes de Turenne.

Il dispose de régiments d’infanterie, d’une brigade de Lorrains et de régiments allemands, et c’est avec ce « faible effectif que Turenne quitte ses quartiers de la Meuse[1] » pour se rendre à Rethel (Ardennes) aux environs du 13 décembre 1650.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 341, vue 354/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Or, Mazarin[1], malgré une saison peu clémente, veut reprendre Rethel (Ardennes) aux Espagnols, ville à laquelle il est lié, mais surtout parce qu’elle ouvre la voie de Paris. Il se rend lui-même auprès de l’armée pour mener, le plus rapidement possible, cette opération.

Il rassemble 15 000 hommes, qui s’incorporent aux hommes du maréchal du Plessis-Praslin[2]. Celui-ci est secondé dans son commandement par le marquis de Villequier[3], qui dirige l’aile droite, et le marquis d’Hocquincourt[4], qui conduit l’aile gauche. Les troupes royales sont en bien meilleur état que celles de Turenne, car elles ont eu le temps de se reposer un peu.


[1] Connu sous son titre de cardinal Mazarin, né à Pescina (Abruzzes, royaume de Naples), le 14 juillet 1602 et mort à Vincennes le 9 mars 1661, au service d’abord de la papauté, puis des rois Louis XIII et Louis XIV.

[2] César de Choiseul, né le 12 février 1598 et mort le 23 décembre 1675 à Paris.

[3] Antoine II d’Aumont de Rochebaron (1601-1669), élevé à la dignité de maréchal de France à la suite de la bataille de Rethel (Ardennes).

[4] Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt, né en 1599 et mort au combat le 13 juin 1658 devant Dunkerque, officier sous Louis XIII et Louis XIV, maréchal de France en 1651.


Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt (1599-1658), maréchal de France, par Alexandre-François Caminade.

Elles s’emparent du pont de Thugny[1], afin d’assurer le passage de l’Aisne pour se grouper autour de Rethel (Ardennes). La chute de la ville compromettrait la situation des alliés espagnols de Turenne. Il a avec lui 2 500 fantassins et 5 500 cavaliers, de manière à tenter une charge hardie. La bataille se passe à « Sommepi »[2], plus exactement dans la « plaine nommée le Blanc-Champ »[3], quoiqu’elle porte le nom de «  bataille de Rethel (Ardennes)[4] ».


[1] Actuellement Thugny-Trugny, commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Sompy est une variante orthographique retrouvée sur certains autres documents. Actuellement, Sommepy-Tahure, commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est, à la limite des Ardennes. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6365579 < Tome 1 >, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur, Mémoires du maréchal de Turenne publiés pour la Société de l’histoire de France d’après le manuscrit autographe appartenant à monsieur le marquis de Talhouët-Roy par Paul Marichal, Paris : H. Laurens, 1909-1914, 2 volumes (LXVIII-379, 450 p.), facsimilé, in-8, tome I (1643-1653), 1909, page 159, vue 254/487, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH3-376 (1).

[3] John Adams Library (Boston Public Library), document numérique, 39999046674113 [call number = cote], Raguenet, François (1660-1722), Histoire du vicomte de Turenne, par l’abbé Raguenet, nouvelle édition plus correcte que les précédentes, à Paris, rue Dauphine : chez Claude-Antoine Jombert, fils aîné, libraire du roi pour le génie & l’artillerie, MDCCLXXII [1772], 508 p., page 172 et suivante, vue 172/508 et suivante, consultable en ligne sur le site d’Internet Archive, texte reproduit d’après l’original de la John Adams Library (Boston Public Library), Adams 193.8.

[4] Ce nom aurait été donné à la demande de Mazarin en raison de son attachement à cette ville.


Cardinal Jules Mazarin par Grégoire Huret d’après Jean-Baptiste de Champaigne.

Le combat est long, acharné, et sans succès. Tous sont dispersés, et les troupes de Turenne défaites. Les pertes sont estimées à 1 200 hommes. 3 000 soldats sont faits prisonniers.

Vaincu par l’armée royale, Turenne bat en retraite et atteint tout d’abord Bar-le-Duc[1], puis Montmédy[2], où il retrouve une partie de sa cavalerie sauvée du désastre de Rethel (Ardennes). Cette bataille sera, pour lui, l’une des rares qu’il perdra[3].

Ce n’est qu’après cet événement que les troupes prennent, tardivement, leurs quartiers d’hiver.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[3] Depuis le siège de Rethel (Ardennes) en 1411 entre Armagnacs et Bourguignons, la ville a connu de nombreux conflits sous l’Ancien Régime. Voir Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LK7-8263, Jolibois, Émile (1813-1894), Auteur. Histoire de la ville de Rethel, depuis son origine jusqu’à la Révolution, Paris : J.-B. Dumoulin, 1847, in-8°, VII-294 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/569, Recto [ancien : 16934], Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : distribution des récompenses, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/569, Recto [ancien : 16934], Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : distribution des récompenses, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Le lundi 26 décembre 1650 « furent apportés 28 drapeaux pris en la bataille de Sommepy sur l’ennemi, et furent mis au cabinet du roi[1], où, entrant, il en eut un qui fut reconnu être du régiment du prince de Conti ». Trois jours plus tard, soit le jeudi 29 décembre 1650, ils sont déposés à Notre-Dame.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 352 et suivantes, vue 411/414 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Portrait d’un officier espagnol, XVIIe siècle, école des Pays-Bas du sud.

Le mois de mai 1651 marque un retournement de situation pour Turenne. Alors que des propositions de paix sont faites par la France (en particulier l’abandon de la Catalogne), les Espagnols ne les acceptent pas.


Vidéo Souffles alpins – Monsieur de Turenne, enregistrée par la chorale de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion capitaine Anjot, avec la musique des troupes de Marine, en hommage aux blessés de l’armée de Terre, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne promotion capitaine Anjot.

Turenne, devant cette attitude, ne veut plus avoir affaire à eux, et se sent libre d’abandonner leur parti. Il revient alors dans les armées royales. Absout de sa trahison par le roi, il rentre en grâce et peut de nouveau fréquenter la Cour.

En revanche, les troupes de Condé et Conti sont toujours dans l’opposition au roi. Ce n’est cependant qu’à partir de 1652[1] que Condé passera au service du roi d’Espagne Philippe IV, tandis que Conti retrouvera les faveurs du souverain français Louis XIV.


[1] Et ce jusqu’en 1659.


Louis II de Bourbon, Prince de Condé dit Le Grand Condé (1621-1686) par Jean Frosne.

Dès octobre et novembre 1652, le théâtre des hostilités se retrouve être, une nouvelle fois, autour de la rivière Aisne. Les villes de Rethel (Ardennes) et de Château-Porcien (Ardennes) sont menacées, car Condé et les Espagnols veulent s’en emparer.

C’est ce qui arrive d’ailleurs, puisque Condé se rend maître de cette ville en deux jours. Turenne, qui considère que l’entrée de monsieur le prince dans Rethel (Ardennes) comme « le plus grand mal qui peut arriver[1] », passe l’Aisne à Château-Porcien (Ardennes), se loge au château de Chaumont (Ardennes)[2], où se trouvent quelque 200 ennemis qui se rendent.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2017-267108, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de), Mémoires du maréchal de Turenne. Tome premier, 1643-1653, La Celle-Saint-Cloud : Éditions Douin, 2017, 1 vol. (379 p.), facsimilé de l’édition de Paris : Librairie Renouard, 1909, page 235.

[2] Chaumont-Porcien.


Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France (1611-1675), sculpture par Augustin Pajou.

Rethel repasse du côté du roi, alors que les troupes condéennes mettent, quelques jours après, le feu à Château-Porcien (Ardennes). Or, comme Turenne veut empêcher à tout prix que celles-ci prennent leurs quartiers d’hiver en France, il les poursuit sans relâche dans une marche parallèle, de manière à s’opposer aux entreprises de Condé et des Espagnols.


Portrait de Michel II Le Tellier (1603-1683), marquis de Barbezieux, peinture d’après Robert Nanteuil.

Dans une lettre du 26 octobre 1652 adressée à Michel Le Tellier[1], Turenne informe ce dernier qu’il a eu « avis comme l’armée des ennemis a passé l’Aisne et marche vers Rethel et Château-Porcien[2] ». Dans une autre, il signale qu’ayant eu « des nouvelles comme monsieur le prince marche vers Château-Porcien », il va s’avancer vers la Champagne[3].


[1] Michel Le Tellier, marquis de Barbezieux, homme d’État français, nommé secrétaire d’État de la Guerre par Louis XIV, né le 19 avril 1603 et mort le 30 octobre 1685 à Paris.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 90.

[3] Lettre du 29 octobre 1652. Cf. Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 94.


Le Grand Condé (Louis II de Bourbon, prince de Condé, dit) (1621-1686) par Antoine Coysevox.

L’hiver 1652/1653 est particulièrement rigoureux, avec un froid glacial et un gel extrême, au point qu’il est impossible de creuser la terre. Cela n’empêche pas la prise de Château-Porcien (Ardennes), que tenait Condé, les 18 et 19 janvier 1653, tandis que Rethel (Ardennes) connaît un nouveau siège. Compte tenu d’un temps plus que défavorable, la guerre ne reprend qu’en avril, quoique les frontières soient partout menacées.


Louis XIV terrassant la Fronde, 1653, sculpture par Gilles Guérin.

Si le roi parvient à juguler la Fronde au cours de l’année 1653, rien n’est encore terminé avec les Espagnols : une partie des troupes de Condé remonte sur Sainte-Menehould[1], Bar-le-Duc[2] et Rocroi[3] (30 septembre 1653), sous domination espagnole. Condé se voit confier la responsabilité de cette ville où s’organise, avec les Espagnols, un système d’impôts qui ne cessera qu’en 1659.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Portrait du Grand Condé, en buste, tourné à gauche par Jean I Petitot.

L’ensemble des villages du Porcien est ainsi rançonné par Rocroi, dont le gouverneur[1] exige une contribution pour le compte de Condé. Elle doit normalement mettre à l’abri les villageois de toute forme de représailles, mais ce n’est pas toujours le cas.


[1] Charles de Montsaulnin, comte de Montal (1619-1696), officier militaire, ami proche du Grand Condé.


Vue de Rocroi par Israël Silvestre.

En outre, certains villages doivent aussi s’acquitter d’un autre tribut « au Hainaut[1] ». Ainsi, le village de La Romagne paie la double contribution : 88 livres pour Rocroi et 120 livres au second. Rocquigny est pareillement taxé et, de plus, il lui faut parfois payer aussi pour récupérer des animaux qui ont été volés dans le village.

Un habitant se plaindra en 1657 auprès de Terwel d’avoir dû se dépouiller de « 240 l.[2] pour rachepter[3] 2 chevaux et remonter 2 cavaliers du régiment de Grandpré[4] pris dans l’églize[5] par ses ennemys[6], à la vendange dernière, qui leur enlevèrent pour 1 000 l.[7] de butin[8] ». Montmeillant paie 44 livres à Rocroi uniquement.


[1] Province des Pays-Bas espagnols.

[2] Livres.

[3] Lire racheter.

[4] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Lire église.

[6] Lire ennemis.

[7] Livres.

[8] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 97-256, page 164 et suivantes, vue 88/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Bois des Potées et Maubert-Fontaine.

Turenne se trouve le 1er juillet au camp de Wasigny[1]. Le 17 octobre 1653, il est au camp de Signy-l’Abbaye[2], et le village de Son[3] est placé sous la sauvegarde des troupes royales.

Mais Lalobbe[4] est pillée, Mainby détruit, La Férée[5] et Fraillicourt[6] incendiés. Draize[7] comme Montmeillant[8] sont désertés. Quant à Maubert-Fontaine[9], il n’y a plus rien, ni habitations ni habitants, dans cette bourgade. Un autre camp est établi à Rumigny.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[6] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[7] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[8] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[9] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Portrait de Turenne, miniature sur ivoire (anonyme français, XVIIe siècle).

Turenne, renforcé par l’armée du maréchal de La Ferté[1] et Conti qui, lui aussi, s’est rallié au roi, arrive une nouvelle fois à proximité de Rethel (Ardennes). La ville repasse du côté royal[2], et Conti retrouve alors son gouvernement de Champagne. Après cette date, la guerre se déplace sur d’autres lieux, en particulier sur le nord du royaume.


[1] Henri II, duc de La Ferté-Senneterre (1599-1681), militaire français, maréchal de France en 1651.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 490.


Portrait d’Abraham de Fabert, marquis d’Esternay, maréchal de France, musée de Condé (Chantilly).

Pour pallier les nombreux dégâts subis par la région, le maréchal Fabert[1], gouverneur de Sedan[2], suggère à Mazarin dès 1656 d’établir « une taille réelle », basée sur le cadastre. Cette mesure assurerait une répartition équitable de cet impôt entre les paroisses, d’autant que la vie rurale est complètement désorganisée après tous ces événements.


[1] Abraham (de) Fabert d’Esternay, né à Metz le 11 octobre 1599 et mort à Sedan le 17 mai 1662.

[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Carte pour servir à l’histoire des princes de Condé, tomes III et IV, n° 1.

L’élection de Rethel (Ardennes), tout comme le pays environnant, a vu l’incendie des récoltes ou le saccage sur pied de celles-ci. Le vol et la destruction des charrues entrave l’exploitation des terres. La prise du bétail est également à déplorer, en particulier celle des chevaux et bovins qui servent pour le trait. Il faut y ajouter la disparition des troupeaux d’ovins, dont l’élevage pour le textile rethélois apportait un revenu aux familles.


Terwel est chargé de cette mission et s’en acquitte avec beaucoup de sérieux entre avril et juin 1657. Il doit déterminer la fertilité, l’étendue du terroir labourable : Rocquigny a un « terroir médiocre et mauvais 576 arpents outre quelque vin[1], 188 aux habitants en propre. Prez[2] 269 arpents, 69 aux habitants, le reste à l’églize[3], seigneur et censes. Bois au seigneur 800 arpents [4] ». Celui de Montmeillant est décrit ainsi : « stérile et quantité de vin[5] ».

Affligés de terres infécondes, et surchargés par les taxes, certains habitants en sont réduits à mendier, à manger des racines, à vendre des balais faits avec des branches de bouleau récoltées dans la forêt.


[1] Lire quelques vains, c’est-à-dire des terrains soumis du droit de vaine pâture.

[2] Lire prés.

[3] Lire Eglise.

[4] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 97-256, page 163 et suivantes, vue 87/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].

[5] Lire vains. Ce droit était en usage au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/539 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la bataille, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/539 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la bataille, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Il dénombre les forêts, les prés, voire des vignobles s’il y en a, ainsi que « les aisances ou usages communs ». Il note le nombre des charrues, des habitations, des habitants.

D’après son décompte, on apprend qu’il ne reste que quatre charrues à Rocquigny, que les habitants sont au nombre de 160, tandis qu’à La Romagne, il n’y a depuis sept ans que « 13 bastiment[1] au village ». C’est dire si ce dernier a subi les affres de la guerre. Montmeillant n’est pas mieux loti avec « pleins mesnages[2] 10 et 8 demy[3] ». Dans l’ensemble, la population des villages a diminué des deux tiers.


[1] Lire bâtiments.

[2] Lire pleins ménages.

[3] Lire demi-ménages.


Terwell insiste sur la pauvreté de La Romagne et des deux autres villages circonvoisins, due à ces fameuses contributions « obligatoires » pour essayer d’échapper au carnage des diverses armées.

Il pointe aussi la baisse de la population. Château-Porcien[1] qui comptait 538 feux en 1628 n’en avait plus que 212 en 1657, alors que Signy-l’Abbaye (Ardennes) en avait aux mêmes dates respectivement 256 contre 76.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


En 1657, pour soulager les habitants, il propose de « tailler les habitants » (c’est-à-dire prélever l’impôt dû au roi) non à 240 livres comme en 1656, mais à 90 livres, Rocquigny à 605 livres au lieu de 760, et Montmeillant à 160 livres au lieu de 240. Cette proposition faite pour de nombreux villages en dit long sur l’état de détresse de ces lieux.


L’Isle de la Conférence (ou île des Faisans), dessin à la plume, sépia.

En 1659, lors de la signature du traité des Pyrénées[1] mettant fin à la guerre contre les Espagnols, et dont nos villageois n’ont eu connaissance que quelques mois plus tard, la contrée est exsangue. Néanmoins, cet acte diplomatique permet de rétablir l’ordre dans la Champagne, exposée depuis plus de cinquante ans à des ennemis de tous bords.


[1] Le 7 novembre 1659 sur l’île des Faisans, à la frontière franco-espagnole.


La pauvreté est si extrême, tant à Rethel (Ardennes) que dans toute la région, que des édiles font appel à plusieurs reprises à la charité du révérend père Vincent, puis à son adjoint le frère Jean Parru, afin qu’elle s’exerce à l’égard des pauvres de la ville.

Tout le secteur est concerné, puisque le « Rethélois et la contrée voisine du Porcien avaient été complètement ravagés en 1649 par les Espagnols et les Suédois, puis au printemps de 1650 par des Polonais au service du roi de France, pendant l’été par Turenne au service de la Fronde »[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Brétaudeau, Léon (prêtre de la mission). Auteur, « Les Œuvres de Saint Vincent de Paul dans le Rethélois » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 5-38, page 7 et suivantes, vue 9/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Ce que confirme Armand Picard[1], qui écrit que « Les habitants ne survécurent que grâce à des aides extérieures et à l’action bienfaisante des missionnaires de monsieur Vincent[2] qui organisèrent ravitaillement et secours[3]. »


[1] Intérimaire en pharmacie et érudit local (1860-1947), habitant de Wasigny (Ardennes).

[2] Vincent de Paul, né le 24 avril 1581 à Pouy (actuellement dans le département des Landes, en région Nouvelle-Aquitaine) et mort le 27 septembre 1660 à Paris (actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la métropole du Grand Paris).

[3] Archives départemental des Ardennes, 1J 21-3 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 21 = histoire du Porcien, dons Didion et abbé Henry, novembre 1949, pièce 1J 21-3, Rocquigny, notes historiques par Armand Picard (1860-1947), 1 cahier].


Bataille de Rethel (Ardennes), 1650, par Franz Ertinger.

Il faut également être conscient qu’à cette époque les frontières sont totalement aléatoires : elles se déplacent en fonction des traités, et les populations à proximité en subissent les conséquences (Les civils ont été à cette époque les premières victimes de guerre).

Les Ardennes, en tant que théâtre de certains affrontements, ont joué un rôle significatif dans ces conflits du XVIIe siècle : la bataille de Rethel (Ardennes) le 15 décembre 1650 a débouché sur une victoire militaire et politique du royaume de France.

Catégories
Administration communale Anciens combattants Guerre franco-allemande (1870-1871) Impôt Militaires Victimes de guerre

La guerre franco-allemande (1870-1871) à La Romagne et dans le canton de Chaumont-Porcien



Statuette représentant Bismarck lors de la proclamation de l'Empire allemand, le 18 janvier 1871. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statuette représentant Bismarck lors de la proclamation de l’Empire allemand, le 18 janvier 1871. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La guerre[1] est déclarée le 19 juillet 1870 par Napoléon III au royaume de Prusse, dont Otto von Bismarck est le ministre-président de 1862 à 1890 (il est également chancelier de la confédération de l’Allemagne du Nord de 1867 à 1871). Aux Prussiens se sont associés d’autres Etats comme le grand-duché de Bade, les royaumes de Bavière et de Wurtemberg. Les premiers affrontements ont lieu sur le front de l’Est.


[1] Ce conflit est généralement désigné par le terme « guerre franco-allemande (1870-1871) ». Il peut être également nommé « guerre de 1870-1871 » ou « guerre franco-prussienne (1870-1871) ». Il arrive qu’il soit appelé « guerre de Septante » par certains historiens.


La Romagne et les villages des environs assistent parfois aux passages des troupes, mais ne sont pas directement situés dans la zone des combats, marquée par une cinglante défaite à la suite de la bataille de Sedan (Ardennes).

Les habitants ont cependant ressenti la proximité de la guerre : avant de faire face à l’occupation allemande (le département des Ardennes n’a été libéré de celle-ci qu’en 1873), ils ont été confrontés aux réquisitions de chevaux et de nourriture par les soldats français, aux opérations du 13e corps d’armée, lors de la retraite de celui-ci.


La cadence de tir du fusil Chassepot modèle 1866 utilisé pendant la guerre franco-allemande (1870-1871) est de dix coups par minutes. Son calibre est de 11 millimètres. Sa hausse est graduée jusqu'à 1 200 mètres, même si sa portée pratique est en fait de 150 mètres environ. Il est en tout cas plus performant que le fusil à tabatière modèle 1867 utilisé pendant le Second Empire. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La cadence de tir du fusil Chassepot modèle 1866 utilisé pendant la guerre franco-allemande (1870-1871) est de dix coups par minutes. Son calibre est de 11 millimètres. Sa hausse est graduée jusqu’à 1 200 mètres, même si sa portée pratique est en fait de 150 mètres environ. Il est en tout cas plus performant que le fusil à tabatière modèle 1867 utilisé pendant le Second Empire. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Créée par le décret du 12 août 1870, cette unité militaire défensive[1] débute sa formation le 16 août 1870 à Paris, sous les ordres du général Vinoy[2]. Elle est composée de trois divisions, confiées respectivement aux généraux Exéa[3], Maud’huy[4] et Blanchard[5].


[1] L’armée française gardera cette position, face à des ennemis qui privilégient une stratégie offensive.

[2] Joseph Vinoy (10 août 1800-29 avril 1880), général de division.

[3] Antoine-Achille d’Exéa-Doumerc (24 février 1807-9 février 1902), général de division.

[4] Louis Ernest de Maud’huy (21 janvier 1809-20 octobre 1883), général de division. A ne pas confondre avec son neveu, le général Louis Ernest de Maud’huy (17 février 1857-16 juillet 1921), héros de la guerre de 1914-1918.

[5] Georges Eugène Blanchard (12 octobre 1805-13 février 1876), général de division.


En tout, ces dernières comprennent plus de 30 000 hommes pour l’infanterie (dont certaines recrues, selon le capitaine Vaimbois[1], n’ont jamais ou très peu manié le fusil Chassepot[2]), une réserve d’artillerie plutôt bien préparée, et une division de cavalerie.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6464043, Vaimbois, Joseph Nicolas Edmond (auteur), Le 13e corps dans les Ardennes et dans l’Aisne, ses opérations et celles des corps allemands opposés : campagne de 1870-71, Paris : Henri Charles-Lavauzelle, 1897, 1 vol. (224 p.), in-8°, page 8, vue 16/238, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-2115.

[2] Le fusil modèle 1866 tire son nom de son inventeur.


Cette formation quitte Paris le 24 août 1870 par différentes lignes de chemin de fer. Il est prévu qu’elle doit en partie se porter sur la rive droite de l’Aisne à hauteur de Berry-au-Bac[1], mais les directives changent. Seize jours plus tard, le 13e corps est de retour à Paris[2], après avoir vécu de nombreux aléas et péripéties durant sa retraite.


[1] Actuellement département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Aujourd’hui, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la métropole du Grand Paris.


Bronze dédicacé représentant le major Halden lors de la bataille de Gravelotte (Moselle), fin XIXe siècle (Allemagne). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La première division est dirigée sur Reims (Marne). Quant aux deux autres, elles ont pour mission, non de combattre, mais d’inquiéter l’armée du prince Frédéric Charles de Prusse[1] dans sa marche. Or, très vite, elles reçoivent d’autres ordres et doivent se diriger sur Mézières (Ardennes), où elles arrivent le 30 août pour assurer les communications.


[1] Friedrich Karl von Preußen en allemand (20 mars 1828-15 juin 1885).


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, page 20, vue 22/36, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, page 20, vue 22/36, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.

La situation est déjà compromise : le 18 août a eu lieu la bataille de Gravelotte (Moselle)[1], puis le repli de Bazaine[2] à Metz (Moselle) et son enfermement.


[1] Egalement appelée bataille de Saint-Privat.

[2] François Achille Bazaine (13 février 1811-23 septembre 1888), général de division et maréchal de France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8439219, Établissement géographique Erhard frères (auteur), Monrocq imprimeur (auteur), Direction de la marche de l'Armée de Châlons vers Metz (indiquée par le ministre de la Guerre dans le conseil des Ministres), échelle au 1 : 160 000, Paris : Monrocq imprimeur, 1870, 1 feuille en couleurs ; 580 x 440, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-303. Note : Carte de l'Argonne et d'une partie de la Champagne, de Châlons à Verdun. - 1870].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8439219, Établissement géographique Erhard frères (auteur), Monrocq imprimeur (auteur), Direction de la marche de l’Armée de Châlons vers Metz (indiquée par le ministre de la Guerre dans le conseil des Ministres), échelle au 1 : 160 000, Paris : Monrocq imprimeur, 1870, 1 feuille en couleurs ; 580 x 440, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-303. Note : Carte de l’Argonne et d’une partie de la Champagne, de Châlons à Verdun. – 1870].

Pour sa part, l’armée de Châlons[1], sous le commandement de Mac-Mahon[2], est arrêtée dans sa marche. En outre, dans la nuit du 30 au 31 août, Failly[3] échoue devant Beaumont[4], alors que ses troupes, qui ont reculé, essaient de résister et de défendre Mouzon (Ardennes), dont les Prussiens ne s’empareront que tard dans la soirée. Les Français reçoivent alors l’ordre de se porter sur Sedan (Ardennes).


[1] Actuellement Châlons-en-Champagne, anciennement Châlons-sur-Marne, chef-lieu du département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Patrice de Mac Mahon (13 juin 1808- 17 octobre 1893), général de division, maréchal de France.

[3] Pierre Louis Charles Achille de Failly (21 janvier 1810-15 novembre 1892), général de division.

[4] Actuellement, Beaumont-en-Argonne (Ardennes), en région Grand Est.


Les civils fuient sur la route de Sedan (Ardennes) à Mézières (Ardennes). Le 1er septembre, on entend les canons Krupp[1] tonner sur Bazeilles (Ardennes), où se trouve, en particulier, le Ier corps d’armée bavarois[2]. Les combats sont acharnés et sanglants.


[1] L’entreprise de sidérurgie a été fondée par Friedrich Krupp (17 juillet 1787-8 octobre 1826). Le « roi du canon » (« Kanonenkönig ») Alfred Krupp (26 avril 1812-14 juillet 1887) en fait une industrie d’armement de premier rang.

[2] Königlich Bayerisches 1. Infanterie-Regiment « König ». Par convention typographique, les numéros des unités françaises ou alliées se composent en chiffres arabes. Le romain grande capitale est alors réservé aux armées ennemies, pour éviter des confusions.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, pages 26 et 27, vues 28/36 et 29/36, consultables en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, pages 26 et 27, vues 28/36 et 29/36, consultables en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.

Après avoir été informé de ce qui se passait à Sedan (Ardennes), le général Vinoy, qui a conscience de l’étendue du désastre, fait savoir au ministre qu’il compte battre en retraite, afin de ramener vers Paris le 13e corps d’armée pour protéger la capitale. Il veut se mettre en route de très bonne heure le 2 septembre, pour prendre de l’avance sur les ennemis qui pourraient le poursuivre.


Une longue colonne s’étire sur plusieurs kilomètres à la sortie de Mézières (Ardennes) pour se diriger sur Charleville (Ardennes) et s’avancer sur la route de Rethel (Ardennes) en passant par Poix[1], Launois[2], Faissault[3], Saulces-aux-Bois[4] et Saulces-Monclin[5].

Les hommes ont très peu de munitions et ne peuvent en obtenir d’autres. Il est décidé qu’en cas d’attaque, cette troupe doit combattre sans arrêter la marche, d’autant que la partie la plus dangereuse se trouve entre Charleville (Ardennes) et Launois (Ardennes).


[1] Actuellement, Poix-Terron (Ardennes), en région Grand Est.

[2] Actuellement Launois-sur-Vence (Ardennes), en région Grand Est.

[3] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Ancienne commune , actuellement localité de Saulces-Monclin (Ardennes), en région Grand Est.

[5] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.


Aux environs de 6 heures du matin, des échauffourées se produisent entre la colonne française du 13e corps d’armée[1] et les Allemands du VIe cuirassiers[2] et du XVe uhlans[3]. Ces derniers vont se fixer sur la Vence[4].

Or, un évènement peu banal survient : à la suite d’une confusion d’uniformes, des soldats du XVe uhlans[5] et des hussards français se mélangent. Les uhlans se rendent très vite compte de leur erreur, la lutte s’engage et quelques Allemands sont faits prisonniers. La colonne repart de Launois (Ardennes) vers 8 h 30.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-2304, Poirier, Jules (auteur), Le 13e corps d’armée pendant la guerre de 1870, 2e édition, Paris : G. Kleiner, 1901, in-8°, 104 p., cartes.

[2] Kürassier-Regiment Kaiser Nikolaus I. von Rußland (Brandenburgisches) Nummer 6.

[3] Schleswig-Holsteinisches Ulanen-Regiment Nummer 15.

[4] Petite rivière qui prend sa source au sud-est de Dommery (Ardennes), et qui se jette dans la Meuse à Charleville (Ardennes).

[5] « Nom que portaient les lanciers dans les armées germaniques », selon le Dictionnaire de l’Académie française. Le XVe uhlans est originaire du Schleswig-Holstein (Land d’Allemagne).


Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs français autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs français autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Attaqué une nouvelle fois à Saulces-Monclin (Ardennes), Vinoy fait déployer l’artillerie. De son côté, le général Bredow[1], voyant que sa tentative échoue, se replie. Une seconde attaque est menée par une brigade de cavalerie, alors que l’ennemi se contente de les observer.


[1] Friedrich Wilhelm Adalbert von Bredow (25 mai 1814-3 mars 1890).


Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs prussiens autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs prussiens autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Comme l’artillerie prussienne occupe le terrain de Bertoncourt (Ardennes), la colonne se détourne de l’itinéraire initial pour prendre le chemin qui conduit à Novion-Porcien (Ardennes). Elle ne subit plus que des escarmouches destinées à lui faire perdre du temps.


Paquetage du soldat français pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Paquetage du soldat français pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lorsque le village de Novion (Ardennes) est atteint vers 15 heures, le général Vinoy met les troupes au bivouac, pour qu’elles se reposent et que l’on puisse s’occuper de la quarantaine de blessés.


Mannequin en uniforme militaire d'un uhlan du Ulanen-Regiment König Wilhelm I. (2. Württembergisches) Nummer 20. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes. Œuvre photographique soumises au code de la propriété intellectuelle, dont l’usage pédagogique et non lucratif a été expressément permis à l’auteure par ses détenteurs Alfred Umhey (chargé de collection) et Ludivine Huart (directrice du musée). © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Mannequin en uniforme militaire d’un uhlan du 20e régiment, 2e Wurtemberg = Ulanen-Regiment König Wilhelm I. (2. Württembergisches) Nummer 20. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes. Œuvre photographique soumises au code de la propriété intellectuelle, dont l’usage pédagogique et non lucratif a été expressément permis à l’auteure par ses détenteurs Alfred Umhey (chargé de collection) et Ludivine Huart (directrice du musée). © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Très rapidement, c’est l’affolement, la population craignant l’arrivée des uhlans. Ils occupent le village, dès le départ des Français.


Finalement, le général Vinoy décide de repartir dans la nuit du 3 septembre dans l’espoir de mettre davantage de distance avec l’ennemi. Le départ est fixé à 2 heures du matin et, pour ne pas alerter les éclaireurs de l’autre camp, des traces de vie sont laissées avec le maintien des feux allumés.

La colonne se prépare à gagner Chaumont-Porcien (Ardennes), lorsqu’une forte pluie se met à tomber. Les hommes sont trempés, la boue qui atténue cependant le bruit des roues ne facilite pas les déplacements. Successivement, la troupe traverse Mesmont[1], Bégny[2], Givron (Ardennes).


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Mesmont (Côte-d’Or), en région Bourgogne-Franche-Comté.

[2] Actuellement, Doumely-Bégny (Ardennes), en région Grand Est.


Les armes à feu utilisées pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Or, entre Bégny et Givron, une route descend sur Ecly[1] et Château-Porcien[2], où se trouve l’ennemi. C’est là que le guide qui les conduit (et qui pourtant connait le secteur) se trompe et les engage dans la mauvaise direction[3]. Le général Vinoy s’en aperçoit, et fait rebrousser chemin à ses troupes, dans un grand désordre. Bégny (Ardennes) sera lui aussi occupé par des troupes prussiennes.


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Actuellement, département des Ardennes en région Grand Est.

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73265 < T. 2 >, Thoumas, Charles (auteur), Les transformations de l’Armée française : essais d’histoire et de critique sur l’état militaire de la France, Paris : Berger-Levrault, 1887, 2 vol. ; in-8°, page 420, vue 429/686, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LF195-763 (2).


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-5499144 < Edition 2 >, Vinoy, Joseph (auteur), Campagne de 1870-1871 : siège de Paris ; opérations du 13e corps et de la troisième armée, deuxième édition, Paris : Henri Plon, 1872, 1 vol. in-8° (III-536 p.) et 1 atlas in-fol. (XV planches), page IV, vue 13/45, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB57-46 (A,1).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-5499144 < Edition 2 >, Vinoy, Joseph (auteur), Campagne de 1870-1871 : siège de Paris ; opérations du 13e corps et de la troisième armée, deuxième édition, Paris : Henri Plon, 1872, 1 vol. in-8° (III-536 p.) et 1 atlas in-fol. (XV planches), page IV, vue 13/45, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB57-46 (A,1).

La colonne arrive enfin à Chaumont-Porcien (Ardennes) vers 8 heures du matin. Les soldats reçoivent un accueil chaleureux de la population. Il leur sera difficile de repartir à l’heure prévue.


Chaumont (Ardennes), vers midi, voit arriver les dragons allemands. Ils prennent position sur les crêtes à l’est du village, et y installent des batteries. Un bataillon se déploie sur la route entre Adon (Ardennes)[1] et Chaumont (Ardennes), avant que deux autres n’occupent le village, qui n’en sort pas indemne.


[1] Actuellement, commune rattaché à Chaumont-Porcien, dans le département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Adon (Loiret), en région Centre-Val de Loire.


Une nouvelle fois, le général Vinoy décide de changer de route, et de se diriger sur Seraincourt[1], Fraillicourt[2], Montcornet[3].


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Seraincourt (Val-d’Oise), en région Île-de-France.

[2] Actuellement, département des Ardennes en région Grand Est.

[3] Actuellement Montcornet (Aisne), en région Hauts-de-France. A ne pas confondre avec Montcornet ou Montcornet-en-Ardenne, dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Ignorant qu’elle n’était pas poursuivie par la XIIe division d’infanterie[1], la colonne française fait halte à Fraillicourt (Ardennes) et, dans un dernier effort, se remet en marche jusqu’à Montcornet (Aisne), où elle parvient à 18 heures. Le lendemain elle gagne Marle[2], puis Laon[3], pour rejoindre Paris le 9 septembre.


[1] 12. Division [Alte Armee], union des contingents du royaume de Prusse.

[2] Actuellement, département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[3] Actuellement, département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.



Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10505633, Hadol, Paul (dessinateur), La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores, et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, Chez Rossignol, 11 rue Taitbout ; Au bureau de l'Éclipse, 16 rue du Croissant, Paris, 30 pl., page de titre : lithographie coloriée ; 17 x 27 cm, page non paginée, vue 11/49, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, TF-387-4.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10505633, Hadol, Paul (dessinateur), La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores, et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, Chez Rossignol, 11 rue Taitbout ; Au bureau de l’Éclipse, 16 rue du Croissant, Paris, 30 pl., page de titre : lithographie coloriée ; 17 x 27 cm, page non paginée, vue 11/49, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, TF-387-4.

La capitulation de l’empereur Napoléon III ne met pas fin aux combats. Des groupes de francs-tireurs se forment, et n’hésitent pas à attaquer l’ennemi, qui réplique par des représailles comme à Vaux-Villaine (Ardennes), où trois habitants[1] sont fusillés le 27 octobre 1870 au matin.


[1] Jean-Baptiste Depreuve, Louis Georges et Charles Georges.


Croix de fer de 2e classe et médailles commémoratives allemandes des batailles de la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Croix de fer de 2e classe et médailles commémoratives allemandes des batailles de la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après la défaite, le département des Ardennes se voit imposer, dès le 8 septembre 1870, une contribution d’un million de francs pour compenser les pertes allemandes dans divers domaines, et en particulier celles infligées aux navires allemands par les vaisseaux de guerre français[1].

Dans les registres de Mainbressy (Ardennes)[2], à la date du 20 octobre 1870, le conseil municipal se soumet au paiement d’une somme de 1 800 francs pour éviter, par un refus, des mesures de rétorsion, ce qui montre la crainte ambiante.


[1] En 1870, l’Allemagne ne comptait pas du tout au rang des puissances maritimes. Notre Marine lui était alors largement supérieure.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MAINBRESSY/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MAINBRESSY/D 1 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Mainbressy (Ardennes), 1838-1880].


Décret de la préfecture de Rethel imposant une contribution d'un million de francs au département des Ardennes, soumis à l'occupation ennemie. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Décret de la préfecture de Rethel imposant une contribution d’un million de francs au département des Ardennes, soumis à l’occupation ennemie. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Peu de temps après, Von Katte[1], qui se présente comme préfet de Rethel (Ardennes), réclame à la commune de Rocquigny (Ardennes)[2] :

  • Le 12 novembre 1870, la fourniture de 1 500 kg de paille et autant de foin, 30 quintaux métriques (soit 100 kg) d’avoine, et 1 200 kg de viande.
  • Le 6 décembre 1870, ce sont des réquisitions de literie pour le casernement de troupes prussiennes qui sont mises en œuvre. Quelques jours plus tard, ce sont 75 paires de chaussettes et des couvertures qui sont exigées, sans oublier les sommes sollicitées pour l’éclairage ou des suppléments de gages donnés aux employés des armées prussiennes.
  • Le 26 janvier 1871, divers ajouts de grains et de blé sont demandés.

[1] Ce nom appartient à une vieille famille noble brandebourgeoise.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROCQUIGNY/D 1 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Rocquigny (Ardennes), 2 octobre 1865-2 juin 1884].


Dans le même temps, Fraillicourt (Ardennes)[1], occupé pendant 172 jours (du 8 septembre 1870 au 26 février 1871), est exposé à des requêtes considérables, après avoir pourvu à la nourriture et au logement de troupes (un régiment de dragons et le XXVIIe régiment d’infanterie[2]).

A la fourniture de grains, de fourrages, de vin, de cidre, d’eau de vie et de liqueurs s’ajoutent des moyens de transport (voitures de maître, charrettes, chariots), des vêtements confectionnés et de la vaisselle.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/FRAILLICOURT/D 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série FRAILLICOURT/D 3 = registre des délibérations du conseil municipal de Fraillicourt (Ardennes), 1838-1873].[2] Infanterie-Regiment Prinz Louis Ferdinand von Preußen ((2. Magdeburgisches) Nummer 27.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53083071, Andriveau-Goujon, Eugène (auteur), Carte de l'invasion et de l'occupation du territoire français par l'armée allemande en 1870-1871 [Document cartographique], Paris : Eugène Andriveau-Goujon, 1871, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE C-6579.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53083071, Andriveau-Goujon, Eugène (auteur), Carte de l’invasion et de l’occupation du territoire français par l’armée allemande en 1870-1871 [Document cartographique], Paris : Eugène Andriveau-Goujon, 1871, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE C-6579.

En 1871, tout est paralysé dans le département, puisqu’une gouvernance allemande a été mise en place, et que la poste ne fonctionne plus. A tout cela, s’ajoute la rigueur de l’hiver. La misère et la peur règnent une fois de plus sur la contrée.

Cette gestion par les Allemands disparaît après la signature des préliminaires de paix (mars 1871). L’administration française reprend alors sa place. La loi du 14 avril 1871 prescrit à cet effet un renouvellement intégral des membres des conseils municipaux.


La commune de La Romagne est imposée d’une contribution aux frais des besoins de l’armée allemande. Celle-ci s’élève à 50 francs par tête d’habitant, ce qui fait un total de 21 200 francs.

Ces derniers ne peuvent être délivrés qu’au moyen d’un appel aux contribuables les plus aisés de la commune, et d’un emprunt remboursable en 5 ans une fois la guerre terminée.

A partir de 1872, la conséquence de ces contributions est une imposition exceptionnelle. L’autorité allemande ne se contente pas de ces sommes. Elle réclame en sus environ 3000 francs, correspondant à la contribution foncière afférente à l’Etat.


De plus, la commune (tout comme d’autres villages ardennais cités plus haut) est mise en demeure de fournir, en plus de divers produits (dont on ne connaît pas la liste), une voiture de houille attelée de quatre chevaux. Celle-ci pose un certain nombre de problèmes à la municipalité, car le voiturier doit aller chercher en Belgique son chargement avant de le rapporter à Rethel (Ardennes).

Ce qui n’est pas sans risque, puisque l’on craint une confiscation à la frontière, soit par les douaniers, soit par les francs-tireurs. Une solution est arrêtée[1] : monsieur Merlin fournit la voiture et l’attelage, tandis que le village réquisitionné se porte garant du matériel prêté pour cette opération. Apparemment, cette dernière s’est bien déroulée.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 1 = registre des délibérations du conseil municipal de La Romagne (Ardennes), 24 juin 1849-6 août 1893], décisions des 22 janvier 1871 et 15 octobre 1871.


Carte sur les conséquences territoriales de la défaite. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Carte sur les conséquences territoriales de la défaite. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’armistice général intervient le 15 février 1871 et, si le traité préliminaire de paix est signé le 26 février 1871 à Versailles[1], ce dernier proclame aussi l’unité allemande.


[1] Actuellement, département des Yvelines, en région Île-de-France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, frontière Nord-Est et Alsace-Lorraine, échelle au 1 : 729 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, frontière Nord-Est et Alsace-Lorraine, échelle au 1 : 729 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10].

En réalité, c’est le traité de Francfort-sur-le-Main du 10 mai 1871 qui met fin à cette guerre franco-allemande de 1870-1871. Cette dernière a profondément marqué les Ardennes (qui auront subi l’occupation après la défaite de Sedan, mais aussi en 1914-1918 et en 1939-1945).

Quant à la France, elle offre un nouveau visage, avec le rattachement de l’Alsace et de la Lorraine à l’Empire allemand sous le nom d’Elsaß-Lothringen.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, divisions militaires, échelle au 1 : 1 100 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10 bis].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, divisions militaires, échelle au 1 : 1 100 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10 bis].

Les villages reçoivent des compensations financières au titre des dommages de guerre. C’est ce qu’indique par exemple la séance extraordinaire du conseil municipal de Montmeillant (Ardennes)[1] du 20 avril 1872, qui précise que la commune se voit accorder une somme de 1 285,40 francs, versée par cinquième.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/D 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MONTMEILLANT/D 3 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Montmeillant, 1840-1888].


Pour bon nombre de communes, les archives constituées des registres de délibération des séances des conseils municipaux restent la plupart du temps muettes sur la période allant de fin juillet 1870 à l’année 1872.

C’est le cas pour les villages ardennais, en particulier pour Chaumont-Porcien (Ardennes), Givron (Ardennes), Chappes[1], Wadimont[2], Mainbresson (Ardennes), et Wasigny (Ardennes).

En ce qui concerne La Romagne, il est impossible d’en parler, car les pages des délibérations du conseil municipal sont arrachées entre 1871 et 1872.


[1] Département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Chappes (Puy-de-Dôme), en région Auvergne-Rhône-Alpes.

[2] Actuellement rattachée à Chaumont-Porcien, avec Logny-lès-Chaumont (Ardennes), en région Grand Est).


La défense du drapeau, bronze dAristide Croisy, sculpteur français né le 31 mars 1840 à Fagnon (Ardennes) et mort dans la même ville le 7 novembre 1899. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les documents subsistants apprennent cependant que quelques Romanais ont été exemptés de la guerre, soit parce qu’ils étaient instituteurs (Alexis Stévenot), ou pour raisons de santé (Théophile Adonis Larchet).

Ils attestent également que Pierre Aristide Devie a exercé sa profession de maréchal-ferrant au sein du 5e régiment de hussards de 1872 à 1877.

Ils témoignent enfin que La Romagne a été touchée par la mort au combat ou l’emprisonnement par l’ennemi de jeunes gens nés dans le village.

Médaille commémorative « Oublier ? Jamais ! » (1893), médaille commémorative « Aux défenseurs de la patrie » (1912), médaille des anciens combattants de Reims. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Médaille commémorative « Oublier ? Jamais ! » (1893), médaille commémorative « Aux défenseurs de la patrie » (1912), médaille des anciens combattants de Reims. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les natifs de La Romagne soldats de la guerre franco-allemande 1870-1871 (A-Z)
Pierre Chailloux[1], fils de François-Xavier Chailloux et d’Adèle Millet, est né le 7 octobre 1847 à La Romagne. Il est incorporé en juillet 1868, puis appelé à l’active dès juillet 1870. Il est soldat de 2e classe à la 2e compagnie du 2e bataillon de la garde mobile des Ardennes, et décède le 1er novembre 1870[2] à Rocroi (Ardennes) à l’hôpital militaire.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1007 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
[2] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 5 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, baptêmes, mariages, sépultures, cote 2E 369 5 = années 1863-1872], transcription de l’acte de décès, vue 156/177, consultable en ligne.
Alfred Léon Chéry[1], fils de Pierre Chéry et de Marie-Joséphine Ismérie Noël, est né le 10 novembre 1849 à La Romagne. Appelé en août 1870, il est fait prisonnier le 19 janvier 1871 et ne rentre en France que le 24 avril 1871. Il est définitivement licencié par la paix le 31 décembre 1872.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1014 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Michel Célestin Dupont[1], fils de Jean Nicolas Dupont et d’Elisabeth Bonhomme, est né le 30 avril 1850 à La Romagne. Devenu volontaire le 16 août 1870, il est incorporé au 1er régiment de chasseurs à pied de Belval (Ardennes), où il est nommé trompette le 31 mai 1871.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1017 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Pierre Millet[1], fils de Pierre Millet et de Félicité Grimplet, est né le 12 juin 1850 à La Romagne. Il est incorporé en août 1870 comme appelé des Ardennes.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1017 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Nota bene : cette liste limitative cite uniquement les Romanais par naissance, c’est-à-dire les personnes qui sont nées à La Romagne, et non celles qui pourraient y avoir habité par la suite.

Des monnaies satiriques illustrent la légende noire du Second Empire, traitant Napoléon III de « vampire » ou de « misérable ». Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Des monnaies satiriques illustrent la légende noire du Second Empire, traitant Napoléon III de « vampire » ou de « misérable ». Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après le désarroi provoqué par la défaite de Sedan (Ardennes) et son retentissement national, la déchéance officielle de Napoléon III le 1er mars 1871, et la chute du Second Empire, la Troisième République (régime en vigueur du 4 septembre 1870 au 10 juillet 1940) mène une politique d’expansion des colonies qui aura un certain retentissement sur la vie de La Romagne.


Les natifs de La Romagne et le second empire colonial français (A-Z)
Clovis Dupont, né le 18 juillet 1855 à La Romagne, part pour l’Algérie, où du reste il meurt le 12 octobre 1879 à l’hôpital militaire de M’Sila[1].

[1] Chef-lieu de la wilaya (collectivité territoriale) de M’Sila.
Fernand Gustave Devie, né le 14 décembre 1880 à La Romagne, engagé volontaire, intègre plusieurs bataillons d’infanterie coloniale, et fait les campagnes du Sénégal entre 1901 et 1904.
Nota bene : cette liste limitative cite uniquement les Romanais par naissance, c’est-à-dire les personnes qui sont nées à La Romagne, et non celles qui pourraient y avoir habité par la suite.

C’est ainsi que quelques jeunes hommes natifs du village, lors de leur service militaire ou au cours de leur carrière, participent à la promotion du second empire colonial français[1], principalement en Afrique.


[1] Le premier empire colonial français correspond aux conquêtes de l’Ancien Régime.

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Le premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne


Portrait de monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire de La Romagne (Ardennes) de 1930 à 1965, photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Portrait de monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire de La Romagne (Ardennes) de 1930 à 1965, photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Monsieur Alcide Cugnart[1], maire de La Romagne de 1930 à 1965, prononce un discours qui célèbre la victoire du 8 mai 1945. Il y évoque l’histoire de la Nation et celle de son village. Ce témoignage historique a été remis par madame Virginie Périn, son arrière-petite-fille[2].


[1] Alcide Joseph Cugnart est né à La Romagne le 13 avril 1897. Il est mort dans ce même village le 5 juillet 1973 à l’âge de 76 ans.

[2] Et petite-fille de madame Colette Cugnart épouse Bertrand.


Il est publié avec son aimable autorisation. Il se présente sous la forme de quatre pages lignées en bleu clair avec une marge rouge, non paginées, dans un bon état de conservation relatif malgré un jaunissement du papier[1] et le pâlissement de l’encre.

Ses pleins et déliés élégants en rendent l’écriture lisible et facilitent le travail de transcription intégrale[2] sous forme d’édition diplomatique[3]. Il présente un intérêt historique et mémoriel indéniable : il est émouvant, quelque quatre-vingts ans après, de partager la première célébration de la libération de La Romagne.


[1] Dû à son acidification.

[2] Dans ce mode, les erreurs et fautes grammaticales sont conservées, contrairement à la transcription intégrale allégée et à la synthèse.

[3] Reproduction la plus fidèle possible.


Jehanne au sacre, statue polychrome en pied de Jeanne d'Arc (vers 1412-1431) par Prosper d'Épinay (1836-1914), marbre, bronze argenté, ivoire, lapis-lazuli, sculpture de 1901 installée en 1909 dans la chapelle Sainte-Jeanne d'Arc de la cathédrale Notre-Dame de Reims.
Jehanne au sacre, statue polychrome en pied de Jeanne d’Arc (vers 1412-1431) par Prosper d’Épinay (1836-1914), marbre, bronze argenté, ivoire, lapis-lazuli, sculpture de 1901 installée en 1909 dans la chapelle Sainte-Jeanne d’Arc de la cathédrale Notre-Dame de Reims.

Sa datation n’est pas explicite. Mais une critique historique externe du texte (dite de véracité) permet d’estimer que la cérémonie s’est déroulée le dimanche 13 mai 1945 : cette déduction se tire d’une remarque de l’édile républicain sur la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme[1].


[1] Cette célébration civile n’est pas à confondre avec la Sainte-Jeanne d’Arc. Dans l’esprit de l’orateur, la libération d’Orléans le 8 mai 1429 par l’héroïne (sans laquelle la France serait devenue anglaise) rejoint la victoire des Alliés le 8 mai 1945 (qui ont permis que la France ne devienne pas allemande).


Page 1 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 1 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

« Mesdames, Messieurs,
 
C’est avec une profonde émotion que je prends la parole pour vous convier à célébrer officiellement la victoire[1].


[1] Le maire de La Romagne écrit le mot soit avec une minuscule, soit avec une majuscule. La typographie originale a été respectée.

Début du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

La 14e DI (division d’infanterie) a eu à partir de janvier 1940 Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952) alias Dequesne pour commandant historique : il a réussi à contrer trois fois en mai-juin 1940 la Wehrmacht, qui cherchait à franchir l’Aisne du côté de Rethel (Ardennes). Il a été compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France à titre posthume. Sa notice biographique est consultable en ligne sur le site du musée de l’Ordre de la Libération (Paris).

La Victoire ! Quel beau nom et comme il résonne agréablement à nos oreilles !
 
C’est qu’il engendre pour tous les Français bien des joies et pour nous Ardennais, il fait disparaître bien des anxiétés !

Passage sur les Ardennes, issu du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Des joies car c’en est terminé de la guerre atroce, de la guerre totale[1] que nous avaient imposée nos ennemis. Le Cessez le feu[2] a sonné sur tous les fronts et le calme bienfaisant règne après le fracas de la bataille.


[1] Une guerre totale est un conflit qui mobilise à la fois les États, les économies et les sociétés.

[2] Lire cessez-le-feu, selon l’Académie française. L’Allemagne signe la reddition sans condition le 7 mai 1945 à Reims (Marne). La suspension des hostilités doit intervenir le lendemain. Une nouvelle signature a lieu à Berlin (Allemagne) le 8 mai. Une différence de fuseau horaire explique que les Russes, eux, célèbrent le jour de la Victoire le 9 mai à Moscou, alors en URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) et aujourd’hui dans la fédération de Russie.


Vidéo La Garde républicaine – Rhin et Danube, musique militaire, marche officielle de la 1e armée française, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – chanson française.

Nous ne tremblerons plus pour nos fils partis dernièrement, enrôlés dans les rangs de la 1ère armée française[1] reconstituée. Ils vont monter la garde en Allemagne[2] et faire flotter nos trois couleurs victorieuses sur les bords du Rhin et du Danube[3].


[1] Premier et première s’abrègent plutôt en 1er et 1re, selon l’Académie française. La 1re armée française est le nom donné aux unités militaires placées sous les ordres du général Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952).

[2] Cette armée, qui comprend alors l’ensemble des forces armées françaises engagées en Allemagne, est sous commandement français. La 2e DB reste, elle, sous autorité américaine.

[3] « Rhin et Danube » est le surnom donné à la 1re armée à la suite de ses victoires remportées le long de ces fleuves entre le 31 mars et le 26 avril 1945.


Nos prisonniers et déportés rentrent petit à petit. Je suis infiniment heureux de voir que la moitié d’entre eux ont[1] retrouvé leur foyer, leur famille et que malgré les privations, les souffrances morales de l’exil trop long, ils nous sont revenus en général en bonne santé.


[1] Lorsque le sujet est un nom de fraction suivi d’un complément, le verbe s’accorde soit avec le nom de fraction, soit avec son complément. « La moitié des utilisateurs est satisfaite ou sont satisfaits. »


Nous attendons impatiemment ceux qui ne sont pas là aujourd’hui[1] pour fêter avec nous la victoire et nous souhaitons qu’ils nous reviennent tous sans tarder, joyeux d’être enfin libérés et de retrouver la France et leur cher petit village[2].


[1] Marceau Lelong, Paul Macquin, Remi Macquin, Léon Marandel, Henri Marquigny, Gaston Mauroy, Marcel Mauroy, Gaston Quentin, Robert Quentin sont rapatriés entre le 23 et le 30 mai 1945.

[2] Le maire se souvient sans doute ici du poème Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage de Joachim du Bellay : « Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village / Fumer la cheminée, et en quelle saison, / Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, / Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? »


Page 2 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 2 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Oui, nous ne sommes plus anxieux pour l’avenir immédiat ! Adieu cette pensée qui nous obsédait alors que la nostalgie de la petite patrie nous avait, au mépris des dangers et de l’incertitude du lendemain, fait rentrer dans notre chère commune[1] !


[1] Référence à la dispersion des Romanais lors de l’exode, et aux difficultés du retour liées aux complications administratives pour obtenir des autorisations des autorités allemandes.


Si l’Allemagne avait été victorieuse, nos Ardennes ne seraient pas restées françaises[1] et nous aurions dû encore nous exiler, quitter à tout jamais nos champs, dire adieu à nos horizons familiers et aimés.

[1] Le maire rappelle le traumatisme causé par trois guerres successives : Les Ardennes ont été occupées par l’armée prussienne à partir du mois de septembre 1870, par les Allemands du 29 août 1914 au 11 novembre 1918, et enfin par le Troisième Reich dès 1940.

Passage sur les Ardennes, issu du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Musée de l'Ordre de la Libération (Paris), numéro d'inventaire D1946.1.1, Collier de grand maître de l'Ordre de la Libération, œuvre réalisée par Gilbert Poillerat (1902-1988), orfèvre, décorateur et maître-ferronnier d’art français, remise le 31 août 1947 au général de Gaulle (1890-1970), fondateur et grand maître de l’Ordre de la Libération, image consultable en ligne.
Musée de l’Ordre de la Libération (Paris), numéro d’inventaire D1946.1.1, Collier de grand maître de l’Ordre de la Libération, œuvre réalisée par Gilbert Poillerat (1902-1988), orfèvre, décorateur et maître-ferronnier d’art français, remise le 31 août 1947 au général de Gaulle (1890-1970), fondateur et grand maître de l’Ordre de la Libération, image consultable en ligne.

Et si maintenant nous ne tremblons plus pour notre destinée, c’est grâce à nos vaillants alliés, c’est grâce à notre grand chef le Général de Gaule[1], comparable à notre Jeanne d’Arc nationale que nous honorons également aujourd’hui[2]. Tous deux ont toujours eu foi en la Victoire.


[1] Lire général de Gaulle. Le militaire, résistant, homme d’État et écrivain français (1890-1970) a été chef de la France libre, commandant des FFL (Forces françaises libres), président du gouvernement provisoire, fondateur et grand-maître de l’Ordre de la Libération.

[2] Cette mention permet de dater précisément le jour où le discours a été prononcé. D’un point de vue religieux, Jeanne d’Arc a été canonisée le 16 mai 1920, et sa fête religieuse fixée au 30 mai, jour du bûcher de Rouen, en 1431. Sa fête nationale est fixée au 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans en 1429. Par une loi du 10 juillet 1920, la République décide que le deuxième dimanche de mai sera choisi pour la fête patriotique et nationale. En 1945, il tombe le dimanche 13 mai.


Page 3 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 3 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

De Gaule[1] d’abord à la tête de quelques Français qui comme lui n’ont jamais désespéré de notre redressement, a vu, à son appel[2], grossir les rangs des braves qui sous les ordres de Leclerc[3] et de Tassigny[4], ont débarqué en Normandie[5]et[6], à Marseille[7] et en une marche victorieuse et triomphale libéré notre Alsace[8], franchi le Rhin[9], planté notre drapeau à Ulm[10] et à Bertchesgaden[11], le repaire de Hitler.


[1] Lire De Gaulle.

[2] Le 18 juin 1940. Il est une réponse au discours radiophonique du 17 juin 1940 par le maréchal Pétain.

[3] Philippe Leclerc de Hautecloque (1902-1947), alias Leclerc, compagnon de la Libération par décret du 6 mars 1941, membre de la Résistance AEF [Allied Expeditionary Force] et du Conseil de défense de l’Empire, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France le 23 août 1952 à titre posthume.

[4] Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952) alias Dequesne, compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France à titre posthume.

[5] Un tapis de bombes tombe dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 pour préparer le débarquement de Normandie (opération Neptune) le 6 juin 1944 (Jour J, ou D-Day en anglais), première journée de la bataille de Normandie (Operation Overlord).

[6] La conjonction de coordination a été biffée et remplacée par une virgule.

[7] La bataille de Marseille du 21 au 28 août 1944 a conduit à sa libération.

[8] La libération de Strasbourg s’est effectuée le 23 novembre 1944, celle de Colmar le 2 février 1945.

[9] Le 31 mars 1945, le franchissement du Rhin à Spire et Germersheim (Land de Rhénanie-Palatinat) par la 1re armée française lui permettent une entrée en Allemagne.

[10] Le 24 avril 1945.

[11] Lire Berchtesgaden, commune des Alpes bavaroises (Allemagne). Situé dans le quartier Obersalzberg, le Berghof était la résidence secondaire d’Adolf Hitler. Il a été détruit par un bombardement aérien le 25 avril 1945. Il n’a aucun rapport avec la Kehlsteinhaus, surnommé le « nid d’aigle ». Cette dernière n’est d’autre part pas une maison de thé, contrairement à une autre erreur : il s’agit d’une confusion avec le Teehaus am Mooslahnerkopf, qu’aimait fréquenter le Führer. La Wolfsschanze (« tanière du loup ») était quant à elle le quartier général d’Hitler à Gierłoż (Görlitz en Prusse-Orientale), dans le comté de Kętrzyn (Pologne).


La deuxième division blindée, surnommée 2e DB ou « division Leclerc », car commandée par le général Philippe Leclerc de Hautecloque (1902-1947), alias Leclerc, a débarqué en Normandie, à Utah Beach (Saint-Martin-de-Varreville), dans le département de la Manche, le 1er août 1944. Sa notice biographique est consultable en ligne sur le site du musée de l’Ordre de la Libération (Paris).

C’est aussi grâce à nos Résistants qui ont grandement contribué au succès du débarquement. A tous nous adressons, avec notre profonde admiration, nos remerciements émus.


Vidéo La Garde républicaine – Chant des partisans, musique militaire, version instrumentale consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – chanson française.

Mais, dans l’allégresse de la Victoire, n’oublions pas ceux qui sont morts pour la défense et la gloire de la Patrie[1], les uns, soldats, broyés glorieusement à leur poste de combat, les autres, civils, tués par la mitraille ou les bombes des sinistres oiseaux du ciel[2], d’autres encore s’éteignant obscurément sur un lit d’hôpital et ceux, héros martyrs[3] auxquels les tortures[4] n’ont pas pu faire desserrer les dents, qui n’ont pas voulu livrer à l’ennemi les noms des admirables patriotes qui ont lutté dans l’ombre[5] pour la délivrance de la France[6].


[1] Lire patrie. La mention honorifique « Mort pour la France » atteste qu’une personne s’est sacrifiée pour elle.

[2] Le maire de La Romagne fait ici allusion aux bombardiers allemands, dont le Stuka ou Sturzkampfflugzeug (avion de combat en piqué).

[3] Allusion aux combattants, héros et martyrs de la Résistance.

[4] Le 22 mars 1944, Pierre Brossolette s’est suicidé pour ne pas parler. Dans la nuit du 17 au 18 juin 1940, Jean Moulin a tenté de se trancher la gorge, jugeant qu’il risquait de céder.

[5] Le roman L’Armée des ombres de Joseph Kessel a paru en 1943 à Alger. Il raconte le quotidien de la Résistance française.

[6] Les « grands » de la Résistance ont autant droit aux honneurs que les « soutiers de la gloire », selon l’expression de Pierre Brossolette lors de son discours à la BBC, le 22 septembre 1942 : le maire de La Romagne pense ainsi aux jeunes résistants de la Romagne (André Barré, Robert Carbonneaux, Raymond Didier, Raymond Ravignon).


« Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes

Ni l’orgue ni la prière aux agonisants

Onze ans déjà que cela passe vite onze ans

Vous vous étiez servis simplement de vos armes

La mort n’éblouit pas les yeux des partisans »

Strophes pour se souvenir par Louis Aragon (1897-1982) dans Le Roman inachevé, Paris : éditions Gallimard, 1956.

Ils sont tous dignes d’une éternelle reconnaissance parce que tous ils ont offert sans compter tout ce qu’ils pouvaient offrir, leur jeunesse, leurs forces, leurs joies, leurs espérances, leur sang et leur vie.


Vidéo Il y a 80 ans : l’appel du 18 juin, extrait consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Élysée, la page officielle de la Présidence de la République française. [Nota bene : l’enregistrement original de l’appel du 18 juin 1940 ayant rapidement disparu, c’est en réalité le passage radiophonique du général de Gaulle (1890-1970) à la BBC le 22 juin 1940 qui est souvent diffusé. La version filmée date, elle, du 2 juillet 1940.]

Ils sont morts, mais leur âme survit en nous et nous dicte notre devoir : l’Union[1].


[1] Le 13 novembre 1945, l’Assemblée nationale élit le général de Gaulle président du gouvernement de la République française. Ce dernier constitue le 21 novembre un gouvernement d’union nationale.


Page 4 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 4 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Pour que la volonté française de paix[1] puisse s’imposer au monde, il faut resserrer les liens qui unissent tous les fils de notre beau pays.


[1] La capitulation allemande a permis un cessez-le-feu et a constitué un armistice, mais non un traité de paix. De nombreuses conférences internationales sur la paix et la sécurité en Europe ont donc été organisées.


L’union totale, étroite, généreuse entre tous est la condition essentielle de notre redressement[1], de notre sécurité future[2] et du salut de la France[3].


[1] Le 5 juin 1947, à Harvard, le général George Catlett Marshall (1880-1959), secrétaire d’État du président Harry Truman, annonce un programme d’aide au développement, connu depuis comme « plan Marshall ». Les Européens mettent en place le 16 avril 1948 l’OECE (Organisation européenne de coopération économique).

[2] Les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 créent la Sécurité sociale.

[3] Le discours étant prononcé le jour de la fête nationale de Jeanne d’Arc, ce « salut » peut être entendu à la fois dans un sens « patriotique » et selon une acception « théologique ». D’après la lettre apostolique du Pape Pie XI Beata Maria Virgo in cælum assumpta in gallicæ, énoncée le 2 mars 1922, « Notre-Dame de l’Assomption est proclamée patronne principale de la France, et sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire ».


Vidéo Charles de Gaulle – extrait du discours du 25 août 1944 à Paris, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – livre audio.

Je termine en vous invitant tous à venir lever votre verre à la prospérité de notre France éternelle[1].


[1] Cette idée est chère au général de Gaulle, qui l’a pour cette raison mise en avant dans son discours du 25 août 1944 : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »

Réflexion sur la grandeur de la France, issue du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Vidéo La Garde républicaine ; François-Julien Brun – La Marseillaise, musique militaire, hymne national de la République française, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – World Music.

Mais avant je désirerais que, sous les plis de nos trois couleurs, nous chantions en chœur une fervente Marseillaise[1].
 
Vive la France ! »


[1] La Marseillaise a été décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention. Sous le régime de Vichy (1940-1944), elle a été remplacée par le chant Maréchal, nous voilà ! Les constitutions de 1946 et de 1958 réaffirment La Marseillaise comme hymne national.

Fin du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
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L’intérieur de l’église Saint-Jean à La Romagne


Vitrail représentant Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un cerf avec la croix du Christ entre les bois. Il est notamment le patron des chasseurs et des Ardennes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un cerf avec la croix du Christ entre les bois. Il est notamment le patron des chasseurs et des Ardennes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’église de La Romagne est divisée en deux parties : le sanctuaire et la nef. Le premier est délimité par une élévation de la hauteur d’une marche, une balustrade faisant office de banc de communion, le maître-autel dans l’axe du portail d’entrée.

Jusqu’en 1710, le sanctuaire est entretenu par les gros décimateurs que sont les abbés successifs de l’abbaye de Chaumont-Porcien. Après cette date, les grosses dîmes sont abandonnées au curé.


Détail du vitrail représentant Joseph à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le reste de l’espace est occupé par une nef dépourvue de bas-côtés. Elle n’est pas couverte de voûtes mais d’une charpente, formée de poutres horizontales, qui prennent appui dans les murs juste au-dessus des fenêtres hautes. Son entretien incombe à la fabrique.

Détail du vitrail représentant Joseph à l'église Saint-Jean, dédié aux familles Devie-Richard et Legros-Devie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean, dédié aux familles Devie-Richard et Legros-Devie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Par trois fois au moins, l’intérieur de l’église est détruit : tout d’abord à la suite de la guerre de Trente Ans et de la Fronde, puis à la Révolution, et enfin lors de la Seconde Guerre mondiale.

Meurtrière (obturée par un plexiglas) à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Meurtrière (obturée par un plexiglas) sur le mur sud de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).
Chasuble romaine noire en velours de soie (XIXe siècle).

En 1659, lors d’une visite, le bilan suivant est dressé : l’église est en ruines tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et on ne peut y officier[1]. Du reste, le curé a parfois célébré la messe dans son bûcher, n’ayant aucun autre lieu pour le faire. Cette situation reste encore valable en 1663.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Certains meubles de sacristie, appelés chasubliers, permettent de ranger à plat les vêtements liturgiques, pour éviter les faux-plis. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Certains meubles de sacristie, appelés chasubliers, permettent de ranger à plat les vêtements liturgiques, pour éviter les faux-plis. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

De plus, il ne reste plus que quelques objets sacrés, dont un ciboire en cuivre et un soleil en fer blanc. Il n’y a plus de linge, et si peu d’ornements que le curé ne dispose pas des chasubles aux couleurs des différents temps liturgiques[1].


[1] Chez les catholiques, le violet est associé à l’Avent et au Carême, le blanc à Noël et à Pâques, le rouge à la Pentecôte et le vert au temps ordinaire. Le noir est réservé aux offices funèbres.


Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).
Chasuble romaine violette en soie damassée (XIXe siècle).

Touchés par tant de misère, et avec la volonté que les paroissiens retrouvent leur église, les délégués de l’archevêque parlent de saisir les décimateurs[1]. Ils souhaitent les contraindre à exécuter des travaux, alors que ces derniers ont connu beaucoup de vicissitudes avec l’incendie et la reconstruction de leur abbaye à Remaucourt.

Lors des tournées suivantes, qui se succèdent tous les deux ou trois ans environ, la paroisse est visitée par monseigneur Le Tellier en personne, ou par ses émissaires.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Statue au-dessus de l'autel de l'église Saint-Jean représentant l'eucharistie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statue au-dessus de l’autel de l’église Saint-Jean représentant l’eucharistie. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Quelques petites améliorations voient le jour à partir de 1671, mais des manquements sont soulignés, comme le ciboire en cuivre[1], ou le tabernacle posé sur l’autel. Or, il devrait être surélevé et fixé à demeure, selon une tradition établie au XVIe siècle.

Il renferme en effet les hosties consacrées et non consommées, ce qui permet de donner la communion à des fidèles en dehors de la messe, ou le viatique aux mourants.

L’autorité ecclésiastique juge que « les ornements sont malpropres » et constate que « les fonts ne ferment pas à clé », si bien qu’il est donné ordre aux paroissiens de remettre l’église en état[2].

Lors de cette visite, une chasuble (le vêtement doit être en accord avec la solennité de la célébration) et une bourse garnie sont offertes au curé.


[1] Le métal n’est pas assez noble.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).
Chasuble romaine rouge orangé en soie (XIXe siècle).

Il faudra environ une trentaine d’années pour que l’église retrouve un meilleur aspect. Ce qui en dit long sur la pauvreté du village, consécutive aux guerres qui ont ruiné la région.


Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).
Chasuble romaine en tissu vert brodée sur les deux faces (début du XXe siècle).

En 1699, grâce au mémoire dressé par le curé Dehaulme (prêtre de la paroisse entre 1688 et 1710), on peut constater les améliorations apportées pour la célébration du culte : il a acheté une nappe d’autel, une burette[1] d’airain dotée d’un couvercle en fer-blanc.

D’autre part, il a fait réparer le tabernacle, s’est procuré quatre porte-cierge de bois et leurs lampions auprès d’un tourneur résidant au Fréty, et quatre grands chandeliers auprès d’un menuisier.


[1] Vase contenant le vin ou l’eau qui servent à la messe.


Chasuble romaine blanche en soie  damassée de croix (XIXe siècle).
Chasuble romaine blanche en soie damassée de croix (XIXe siècle).

Il a fait confectionner un grand surplis et de plus petits pour les enfants de chœur, et orner d’un galon le pavillon du ciboire. Il a acheté des corporaux, un devant d’autel, un ciboire et un soleil d’argent[1].

Tout en exerçant son ministère, il se rend à Charleville ou à Rethel pour des achats, ou pour confier des travaux à des religieuses expertes en broderie et en couture, voire pour faire appel à des artisans locaux.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 23 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)]. Voir aussi Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Cependant, il n’y a toujours pas de bougie allumée devant le Saint Sacrement, en dehors du moment de la messe et des jours de fête. Cela représente une dépense importante, à laquelle la paroisse ne peut pas faire face. La pauvreté du lieu ne permet pas de respecter les règles qui stipulent qu’il faut

« prendre garde que la lampe brûle jour et nuit devant le Très Saint Sacrement  soit par l’application de fonds de la fabrique soit par la contribution volontaire des habitants ».

Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.

Détail du luminaire (dans le vocabulaire liturgique, éclairage et la décoration lumineuse) sur l'autel de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du luminaire (dans le vocabulaire liturgique, éclairage et décoration lumineuse) sur l’autel de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Cette lumière est un hommage rendu à Dieu, et la liturgie fixe avec précision l’abondance du luminaire en fonction de la célébration. S’il y a un manquement en raison de la faiblesse des revenus, à aucun moment, un quelconque reproche n’apparaît pour ce fait lors des visites du doyen ou du vicaire, tous deux au courant de la situation paroissiale.


En 1710, lors d’une visite, l’église est décrite comme « assez belle si elle était mieux entretenue et mieux ornée ». Il est estimé qu’elle devrait l’être puisqu’il y a quelques revenus. Cette remarque, qui semble concerner l’intérieur, montre que des changements sont intervenus. Il faut cependant attendre une trentaine d’années pour avoir une description plus détaillée :

« Le sanctuaire ainsi que le chœur et la nef sont très propres, plafonnés et lambrissés. »

Visite de la paroisse de La Romagne en 1745.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3438, anonyme flamand, anciennement attribué à Crayer (de), Gaspard, Allégorie du traité de Nimègue, 10 août 1678, huile sur toile, après 1678, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3438, anonyme flamand, anciennement attribué à Crayer (de), Gaspard, Allégorie du traité de Nimègue, 10 août 1678, huile sur toile, après 1678, notice descriptive consultable en ligne.

Ces améliorations sont certainement dues à une période durant laquelle la guerre s’est éloignée de cet endroit, mais aussi à un accroissement de la population[1], et donc des revenus.


[1] L’église semble toujours assez grande pour accueillir tous les paroissiens.


En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.
En orfèvrerie religieuse, l’ostensoir qui en a la forme prend le nom de soleil.

Elle renferme un seul autel : le maître-autel avec « un tabernacle de bois peint, orné de filets d’or et garni en dedans ». L’église est pourvue d’un ciboire en argent doré en dedans et d’un soleil[1], d’une petite boîte en argent pour porter le saint viatique, d’un calice et d’une patène.


[1] Probablement celui qui a été acheté par le curé Dehaulme.


Statue de Jean le Baptiste à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statue de Jean le Baptiste à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les vaisseaux des saintes huiles[1] sont en étain mais mal entretenus[2].  En 1783, l’église est toujours suffisamment grande[3] et assez belle. Il serait simplement nécessaire de réparer le bas des murs et de les reblanchir. La présence d’un nouveau mobilier est relevée, avec un confessionnal[4], tandis qu’il est noté que « les fonts baptismaux sont en règle et fermés ».


[1] Qui servent aux onctions lors de certains sacrements.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].

[3] Par rapport à la population, qui a augmenté.

[4] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


La Révolution provoque de grands changements : l’église voit la mise aux enchères de son patrimoine mobilier et immobilier, dans le cadre de la vente des biens nationaux. Toutes les terres que possède la cure, et qui assurent un revenu supplémentaire au prêtre de la paroisse, sont vendues en grande partie aux habitants : Pierre Mauroy, Hubert Laroche, François Arbonville[1], etc.


[1] Orthographié Harbonville sur certains documents.


Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d'inventaire INV 3702 [MR 1436], atelier de Jacques-Louis David, Portrait de Pie VII, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire INV 3702 [MR 1436], atelier de Jacques-Louis David, Portrait de Pie VII, notice descriptive consultable en ligne.

Après cette période de troubles, le Consulat, l’Empire puis la Restauration redonnent à l’église la place qu’elle occupait dans la vie de la communauté villageoise. Cette nouvelle situation est facilitée par le Concordat[1] conclu en 1801 par le gouvernement de Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII.


[1] Dénommé aussi régime concordataire français.


Piscine de l'église Saint-Jean. Cette cuve reçoit l'eau de purification des objets sacrés et celle qui a servi aux baptêmes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Piscine de l’église Saint-Jean. Cette cuve reçoit l’eau de purification des objets sacrés et celle qui a servi aux baptêmes. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir de l’année 1827, l’église est rénovée et ornée. Dix ans plus tard se pose à nouveau la nécessité de fermer les fonts baptismaux et de rétablir une piscine. Cela prend un peu de temps avant que celle-ci soit de nouveau présente. Un bénitier est installé. Un confessionnal se trouve en 1831 dans l’enceinte des fonts baptismaux[1], mais il n’y reste pas.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 66 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Statuette polychrome d'Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statuette polychrome d’Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En revanche, à partir de cette époque, un changement important est à noter. Jusqu’à présent, il n’y avait qu’un seul autel : le maître-autel. Désormais, il y en a trois autres consacrés respectivement à la Vierge Marie, à saint Jean l’Evangéliste[1], et à saint Hubert[2].


[1] Saint Jean est dédicataire de l’église.

[2] Saint Hubert est le patron des chasseurs et des forestiers.


Détail des marches de l'autel à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail des marches de l’autel à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Vers 1890, une courte description permet de dire que l’autel est en bois à deux colonnes ioniques, avec un retable appliqué au mur plat du fond. Les marches ainsi que le pavé du sanctuaire sont en marbre. Le reste du pavé est en brique.


Portail de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Portail de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Tout est fort pauvre et paraît dégradé[1]. L’Etat, la municipalité et des particuliers permettent par des subventions et des dons de réagir. Une nouvelle réfection est entreprise, avec l’exhaussement de la porte d’entrée, le remplacement d’une partie des poutrelles de charpente[2], la réfection des enduits des fenêtres et des murs[3].


[1] Selon le pouillé (registre ecclésiastique) du diocèse de Reims 1874/1894 établi par monseigneur Péchenard

[2] Pour la consolider.

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


La loi de séparation des Eglises et de l’Etat instaure les inventaires des biens ecclésiastiques, qu’ils relèvent du patrimoine mobilier ou immobilier. Ceux-ci doivent être réalisés dès le début de l’année 1906.

Comme il est impossible de retrouver le moindre document concernant celui de l’église de La Romagne, on ne peut qu’interpréter la presse locale ancienne. Le petit Ardennais en particulier signale chaque fois qu’ils se produisent les incidents occasionnés par ces inventaires.

Rien n’étant dit concernant cette commune, il est probable qu’en dehors peut-être d’une réprobation passive, souvent signalée, les opérations se sont déroulées assez paisiblement.


Celles qui ont eu lieu à Saint-Jean-aux-Bois[1] semblent en revanche avoir été plus problématiques. A la date prévue pour l’inspection de l’église, le maire se trouve dans l’impossibilité d’y entrer, alors qu’il doit, sur la demande du préfet, assister à son inventaire.

La porte, close de l’intérieur, reste hermétiquement fermée, en dépit des sommations de l’édile et de celles des gendarmes présents pour cette opération. Des chuchotements se font néanmoins entendre. Le curé s’est enfermé en compagnie de quelques paroissiens.

L’inventaire est réalisé par la suite. A la date du 6 avril, plus aucun n’est à faire dans tout le département.


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 53, « Saint-Jean-aux-Bois – L’inventaire » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien, Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-septième année, n° 8939, vendredi 2 mars 1906, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Vitrail de Joseph à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un bâton fleuri d'un lys. Il est notamment le patron des charpentiers et des travailleurs. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Joseph à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs un bâton fleuri d’un lys. Il est notamment le patron des charpentiers et des travailleurs. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Désormais, le conseil municipal peut voter des crédits pour l’acquisition de nouveaux objets, de linge et d’ornements. Il commande en 1929 la « réfection de certains éléments du beffroi et la confection d’agenouilloirs[1] » à Vital Bonhomme, charpentier à la Romagne, tout en envisageant de substituer aux bancs manquants des chaises [2]. C’est cet aspect que garde la nef, depuis de nombreuses années.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération du 11 novembre 1929

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 2 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération des 30 juin et 9 août 1929.


L'abbé Régnier est le donateur des fonts baptismaux de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’abbé Régnier est le donateur des fonts baptismaux de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un peu auparavant, l’abbé Régnier, qui avait officié durant de longues années dans le village, et qui avait vécu avec ses paroissiens les affres de la Première Guerre mondiale, avait offert, par testament, de nouveaux fonts baptismaux, afin d’embellir cette église. Une plaque témoigne de sa générosité.


Fonts baptismaux de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Fonts baptismaux de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1937, l’église est entièrement refaite à neuf. Mais les Romanais n’en profitent pas longtemps. Après les destructions liées au bombardement de 1940 et aux pillages qui ont eu lieu, les pertes sont considérables : la chaire en bois, les bancs et les chaises, les vases sacrés, l’orfèvrerie[1], le reliquaire, le chemin de croix, les ornements, les garnitures d’autel  et même l’harmonium sont manquants.

Tout a disparu ! A la fin de la guerre, le délabrement de l’église est tel que celle-ci n’est rendue au culte qu’en 1948, après décision du maire, monsieur Cugnart.


[1] Ciboire, ostensoir, custode, encensoir, etc.


Détail de l'autel représentant une pomme de pin (symbole d'immortalité) à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant une pomme de pin (symbole d’immortalité) à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dès le retour de la paix et l’attribution de crédits, d’importants travaux de réfection sont entrepris sous la direction des architectes rethélois Gillet et Demoulin. Il faut tout d’abord refaire : la toiture du côté de la sacristie, cette dernière, une partie de la charpente et des soubassements extérieurs. Il est nécessaire aussi de consolider les croisées[1].


[1] Ouvertures laissées dans les murs des bâtiments, pour donner du jour au dedans.


Détail de l'autel représentant un motif floral de vigne à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant un motif floral de vigne à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Mais il faut aussi redonner un lustre intérieur à cette église, pillée à plusieurs reprises, et donc démunie de tout. L’autel, en pierre de Savonnières (un calcaire oolithique et coquillier), et dont la frise de feuilles de vigne ornée de grappes rappelle la transsubstantiation[1], est réparé. Il repose sur quatre colonnettes. L’antependium, à décor en demi-relief, évoque les pèlerins d’Emmaüs.

Détail de l'autel représentant les pèlerins d'Emmaüs à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail de l’autel représentant les pèlerins d’Emmaüs à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On peut probablement l’attribuer au sculpteur Adolphe Masselot de Lomme (Nord). C’est son atelier qui a exécuté les réparations et fait le nouveau banc de communion en pierre, afin de remplacer l’ancien en bois qui avait disparu. Ce sculpteur a beaucoup œuvré pour les églises des Ardennes.


[1] Chez les catholiques, transformation du vin en sang du Christ.


Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).
Intérieur de église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), vue générale, carte postale ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Marie Lambert).

Le chœur est décoré entièrement avec le rechampissage de deux niches ogivales, le tracé et la confection de quatre pilastres et de quatre chapiteaux ornementés, le tracé d’une draperie sur les murs de la nef.


Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix réalisée par Robert Wattiez pour l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Station I (Jésus est arrêté) du chemin de croix, réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

L’ensemble de cette décoration a nécessité quelque deux cent cinquante heures de travail. Un nouveau chemin de croix en peinture laquée sous glace, avec encadrement de bois, orne les murs latéraux. Il a été exécuté par Robert Wattiez, artisan de Reims, entre le 15 novembre 1947 et le 15 mars 1948.

Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Station IV (Jésus est flagellé et couronné d’épines) du chemin de croix, en remplacement de celle réalisée par Robert Wattiez pour l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Des troncs rénovés remplacent ceux qui avaient disparu. La nef est remeublée avec des sièges et des prie-Dieu qui proviennent d’une entreprise locale située à Sapogne-Feuchères, ou d’artisans des environs (de Rocquigny par exemple).


Rosace représentant le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à l'église Saint-Jean.  Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Rosace représentant le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il faut encore s’occuper des vitraux qui ont été endommagés : ceux qui se trouvent dans la baie double du chœur, et les trois situés dans la nef gauche. La maison Le Troyer de Reims est chargée de leur réfection. On ne sait rien à propos de ceux qui ont pu orner autrefois l’église, si ce n’est que l’installation des actuels est postérieure au milieu du XXe siècle.


Ceux de la baie géminée[1], qui représentent l’apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous à Lourdes datent de 1903. Ils proviennent de l’atelier rémois Vermonet et marquent une dévotion mariale toute particulière.

Vitrail représentant Eloi de Noyon à l'église Saint-Jean. Le saint a pour attributs l'enclume au pied de la crosse. Il est le patron des orfèvres, des palefreniers et des maréchaux-ferrants. Il est aussi vénéré par les laboureurs et les gens de la terre. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Eloi de Noyon à l’église Saint-Jean. Le saint a pour attributs l’enclume au pied de la crosse. Il est le patron des orfèvres, des palefreniers et des maréchaux-ferrants. Il est aussi vénéré par les laboureurs et les gens de la terre. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Celui de saint Eloi date de 1963 et provient d’un atelier situé à Heitz-le-Maurupt. Le peintre-verrier est Roger Mauret. Ceux de saint Hubert, saint Joseph, sainte Thérèse ne sont ni datés ni attribués mais sont de même facture.


[1] Composée de deux lancettes et d’un ajour.


Vitrail de Thérèse de Lisieux à l'église Saint-Jean. La sainte a pour attributs une croix entourée de roses, et porte un habit de carmélite. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l’église Saint-Jean. La sainte a pour attributs une croix entourée de roses, et porte un habit de carmélite. Ele est notamment la patronne des missions. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dans un large médaillon central aux couleurs assez vives, le saint est représenté avec ses attributs : les gerbes de blé[1] pour saint Eloi, la croix entre les bois du cerf pour saint Hubert, le bâton fleuri d’un lys et la barbe[2] pour saint Joseph, un habit de carmélite et une croix entourée de roses pour sainte Thérèse[3].


[1] Symbole de la terre mais surtout du pain eucharistique.

[2] Signe de maturité et de sagesse.

[3] De Lisieux.


Détail du vitrail représentant Hubert de Liège à l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Hubert de Liège à l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Son nom est inscrit sur le nimbe[1]. Chaque saint est entouré de motifs géométriques et floraux, qui varient par le jeu des couleurs sur un fond de grisaille assez monotone. Par contraste avec ceux de la baie du chevet, ces vitraux ont été offerts par des familles de La Romagne, ou dédiés à ces dernières.

Détail du vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l'église Saint-Jean, dédié à la famille Devie-Patoureaux. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du vitrail représentant Thérèse de Lisieux à l’église Saint-Jean, dédié à la famille Devie-Patoureaux. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En témoigne le cartouche de chacun d’eux. Il s’agit des divers Devie qui vivaient dans le village (Devie-Patoureaux, Devie-Richard, Devie-Vadez[2], Legros-Devie). Les autres baies sont obturées, faute de moyens et de mécénat, par du verre cathédrale sans décor peint.


[1] Cercle de lumière que les artistes mettent autour de la tête des saints.

[2] Correspondant actuellement à la branche Devie-Bertrand.


Progressivement, le patrimoine ecclésiastique est mieux protégé. Des indemnités pour le gardiennage des églises communales sont prévues. Conformément à la circulaire relative à celui-ci, l’abbé Godart est chargé de cette mission.


Depuis le départ du dernier desservant de la paroisse, les messes sont devenues de plus en plus rares. Néanmoins, la municipalité et les habitants sont attachés à leur église. Des travaux de réfection sont en cours, comme ceux des murs latéraux intérieurs. Ils remettront à nu les pierres dures les constituant, dans le respect de l’architecture paysanne et de la tradition champenoise…

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Anecdotes Guerre mondiale (1939-1945) Victimes de guerre

L’exode de 1940 à La Romagne à travers un journal intime


La famille Devie-Vadez a fait don à l'église Saint-Jean du vitrail d'Éloi de Noyon. Le saint est le patron des ouvriers qui se servent d'un marteau, et plus particulièrement des forgerons, mécaniciens, chaudronniers, cloutiers, ferblantiers, maréchaux-ferrants, charrons, maquignons, fermiers, laboureurs, valets de ferme. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La famille Devie-Vadez a fait don à l’église Saint-Jean du vitrail d’Éloi de Noyon. Le saint est le patron des ouvriers qui se servent d’un marteau, et plus particulièrement des forgerons, mécaniciens, chaudronniers, cloutiers, ferblantiers, maréchaux-ferrants, charrons, maquignons, fermiers, laboureurs, valets de ferme. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les autobiographies, les journaux intimes[1], les mémoires, les récits personnels peuvent relater des événements extérieurs, recueillir des faits historiques, dresser une chronique de leur époque, présenter un témoignage. A ce titre, ils constituent une source primaire.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2006-91433, Lejeune, Philippe ; Bogaert, Catherine, Le journal intime : histoire et anthologie, Paris : Textuel, 2005, 506 p. [Note : contient également un grand choix d’extraits de journaux de divers auteurs. – Bibliographie pages 459-494. Index].


La famille Devie-Vadez a fait don à l'église paroissiale Saint-Jean du vitrail de saint Eloi (détail). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La famille Devie-Vadez a fait don à l’église paroissiale Saint-Jean du vitrail de saint Eloi (détail). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un récit de l’exode de 1940 à La Romagne a pu être établi[1] à partir de la lecture du journal manuscrit inédit de Marie-Louise Devie, fille de Jean-Baptiste Alfred Devie et de Reine Alice Vadez. Jeune femme qui atteint ses dix-sept ans pendant cette période, elle a noté son quotidien du 14 mai 1940 au 11 juillet 1941.


[1] Avec l’aimable autorisation de monsieur Martial Bertrand, fils de Marie-Louise Devie et de René Bertrand.


Ancien coq de l'église Saint-Jean, déposé à la mairie. Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ancien coq de l’église Saint-Jean, déposé à la mairie. Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le 14 mai 1940, pressentant l’arrivée imminente des Allemands, une partie de la famille[1] de Jean-Baptiste Devie, cultivateur à la Bouloi[2], décide de quitter le village. Elle le fait malgré les quolibets des gens du pays, tandis que d’autres membres[3] restent sur place.


[1] La mère Reine Alice Vadez, la grand-mère Marie-Louise Vadez, le fils Louis, la fille Marie-Louise et Reine Marie Lefèvre, cousine germaine de Marie Louise.

[2] Ferme de La Romagne.

[3] Le père Jean-Baptiste Devie, le fils cadet Victor, et l’autre grand-mère Marie Ursule Jennepin (qui ne veut pas partir).


Cheval ardennais, héliogravure en quadrichromie, timbre dessiné par Roxane Jubert d'après une photographie de Varin-Visage Frères (Agence Jacana).
Cheval ardennais, héliogravure en quadrichromie, timbre dessiné par Roxane Jubert d’après une photographie de Varin-Visage Frères (Agence Jacana).

C’est ainsi que, dans une charrette attelée de chevaux et conduite par Louis[1], ces cinq personnes partent sur les routes ardennaises avant de traverser le département de l’Aisne. Elles y subissent, dès le lendemain, les premiers bombardements aux environs d’Evergnicourt, avant d’être confrontées aux voies encombrées le surlendemain.


[1] Le fils aîné.


Timbre illustrant l'été, d'après Nicolas Mignard dessiné par Pierre Gandon et gravé par Pierre Béquet en taille-douce brun-jaune.
Timbre illustrant l’été, d’après Nicolas Mignard dessiné par Pierre Gandon et gravé par Pierre Béquet en taille-douce brun-jaune.

Il leur faut quatre jours pour atteindre Montdauphin (Seine-et-Marne), non sans avoir passé des nuits parfois écourtées et fraîches sous un hangar, dans la paille d’une grange, ou dans une maison au confort très rudimentaire.


Détail du clocher de l'église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Détail du clocher de l’église Saint-Jean. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lors d’une halte d’une journée, ils rencontrent fortuitement des Romanais[1]. Ces derniers leur annoncent la mort d’Aimé Vuillemet et de Marthe Mauroy à la suite de l’explosion d’une bombe sur l’église. Plus tard, d’autres habitants de La Romagne croisés en chemin leur apprennent que « la maison Lucie Bonpart sert de Kommandantur ».


[1] Modeste et Guillaume Marandel.


L'église paroissiale de Courceaux (Seine-et-Marne) est rattachée à Notre-Dame de la Visitation.
L’église paroissiale de Courceaux (Seine-et-Marne) est rattachée à Notre-Dame de la Visitation.

Ils se remettent en route dès le 20 mai et arrivent le lendemain dans le village de Courceaux (Yonne). Ils restent dans les environs jusqu’au 4 juin, où ils reçoivent un bon accueil et sont logés dans des maisons inhabitées.

Durant tout ce temps, ces réfugiés cherchent et trouvent du travail dans les fermes environnantes, soit en fanant ou en conduisant des voitures de foin (les femmes en particulier font de la couture ou des lessives).

En échange, ils reçoivent de la nourriture, de la boisson et parfois un peu d’argent. Durant cette période, ils ont le bonheur de recevoir des nouvelles du chef de famille qui a, à son tour, quitté La Romagne pour les rejoindre.


Cheval ardennais, héliogravure en quadrichromie, timbre dessiné par Elodie Dumoulin.
Cheval ardennais, héliogravure en quadrichromie, timbre dessiné par Elodie Dumoulin.

Le 5 juin, nouveau départ ! La famille délaisse Courceaux pour arriver deux jours plus tard entre Bellegarde et Lorris (Loiret). Elle y reste jusqu’au 11 juin, chacun travaillant durant ces longues journées. Lors du déplacement suivant, elle croise de nombreux soldats et doit se séparer d’un des chevaux[1] qui, blessé, ne peut continuer. La pauvre bête est vendue à un boucher.


[1] La jument Dragonne.


La guerre éclair (der Blitzkrieg) s'impose dans la bataille de France de 1940. Elle s'appuie sur le Junkers Ju 87, communément appelé Stuka (de l’allemand Sturtzkampfflugzeug = bombardier en piqué).
La guerre éclair (der Blitzkrieg) s’impose dans la bataille de France de 1940. Elle s’appuie sur le Junkers Ju 87, communément appelé Stuka (de l’allemand Sturtzkampfflugzeug = bombardier en piqué).

Le 13 juin, le département du Cher est atteint mais les parcours qui couvraient journellement une petite cinquantaine de kilomètres sont réduits à une douzaine comme d’Argent-sur-Sauldre à Aubigny-sur-Nère, ou de cette dernière ville à Lury-sur-Arnon. Ces ralentissements sont dus aux bombardements, au reflux de soldats et à la proximité des Allemands qui sont à Châteauroux.


A Issoudun, Notre-Dame est liée à une personne (le Christ) et non à un lieu, comme ce peut être le cas pour d'autres sanctuaires.
A Issoudun, Notre-Dame est liée à une personne (le Christ) et non à un lieu, comme ce peut être le cas pour d’autres sanctuaires.

Quand elle arrive enfin à Issoudun (Indre) le 17 juin, jour de l’armistice, la famille Devie-Vadez retrouve d’autres réfugiés de La Romagne. Elle se stabilise jusqu’au 5 juillet dans les environs, logeant tantôt à Condé, Sarzay ou Fougerolles, en fonction des travaux des champs et des lieux disponibles.


Timbre de Bruno Ghiringhelli illustrant les vendanges, héliogravure polychrome.
Timbre de Bruno Ghiringhelli illustrant les vendanges, héliogravure polychrome.

Le début du mois de juillet marque pour elle le départ pour La Romagne. Le retour est envisagé avec joie. Celle-ci est de courte durée car c’est sans compter sur la décision allemande de faire des Ardennes une zone interdite. La nécessité d’avoir des laissez-passer ne se discute pas.

Du jour au lendemain, l’espoir de retrouver bientôt la terre natale s’éteint. La famille retourne dans une ferme où elle a déjà logé. La vie s’organise une nouvelle fois entre les travaux et les soins de la terre, les récoltes, les vendanges et les rencontres amicales entre Romanais, que ce soit avec les Malherbe, monsieur Cugnart, Les Bonhomme.

Les semaines et les mois passent quand, le 11 juillet 1941, les papiers nécessaires sont enfin en règle. Le retour à La Romagne est désormais une certitude…

Vue panoramique du clocher du village. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vue panoramique du clocher du village. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

DateDépartementsCommunes et lieux-dits
14 mai 1940ArdennesLa Romagne – Givron – Doumely – Chappes – Saint-Fergeux – Hannogne-Saint-Rémy – Banogne-Recouvrance – Le Thour
15 maiArdennesAisneVillers-devant-le-Thour – Avaux-le-Château – Asfeld
 
Evergnicourt – Neufchâtel-sur-Aisne – Menneville – Guignicourt[1]PontavertConcevreux


[1] Ancienne commune, qui a fusionné avec Menneville pour devenir Villeneuve-sur-Aisne.
16 maiAisneMaizy – Villers-en-Prayères – Viel-Arcy – Braine – Limé – Quincy-sous-le-Mont – Jouaignes – Loupeigne – Villemoyenne – Fère-en-Tardenois – Beuvardes
17 maiAisneMont-Saint-PèreMézy-Moulins – Crézancy – Saint-Eugène – Celles-sur-AisneCondé-en-Brie
18 maiAisneSeine-et-MarnePargny-la-Dhuys – Artonges – Marchais-en-Brie
 
La Celle-sur-MorinMontdauphin
19 maiHalte
20 maiSeine-et-MarneMontolivet – Meilleray – La Chapelle-Véronge[1] – [Prellay[2]] – Marchais – Voigny – Villiers-Saint-Georges – Léchelle – Sourdun


[1] Ancienne commune, devenue La Chapelle-Moutils suite à sa fusion-association avec Moutils.
[2] Lieu non identifié.
21 maiSeine-et-MarneHermé – Sancy-lès-Provins – Noyen-sur-Seine, Fontaine-Fourches – Courceaux
22 mai-4 juinHalte
5 juinYonnePlessis-du-Mée – Pailly – Plessis-Saint-Jean – SerginesMichery – Compigny – Pont-sur-Yonne – Saint-Sérotin – Brannay
6 juinYonneLoiretFontaines – Saint-ValérienLa BellioleDomats – [Chantecoq[1]] – Champgrand – Savigny-sur-Clairis
 
Courtenay La Chapelle-Saint-SépulcreMontargisVillemandeur

[1] Lieu-dit non identifié.
7 juinLoiretPannesSaint-Maurice-sur-FessardBellegardeLorris
8-9 juinHalte
10 juinLoiretMontereau – Gien
11 juinHalte
12 juinCherArgent-sur-SauldreAubigny-sur-Nère
13 juinCherLa Chapelle-d’AngillonVierzonLury-sur-Arnon
14 juinCherIndreMéreau
 
ReuillySainte-LizaigneIssoudun
15-16 juinHalte
17 juinIndreCondé – Saint-Léger – Ambrault Saint-Août
18 juinIndreSaint-Chartier – Sarzay – Fougerolles
19 juin-4 juilletHalte
5 juilletIndreFougerolles – Sarzay – Nohant-Vic – Saint-Chartier
6 juillet 1940IndreSaint-Août – Meunet-Planches   – Villaines – Issoudun.
7 juillet 1940-10 juillet 1941Halte
11 juillet 1941IndreArdennesDépart pour La Romagne
De La Romagne (Ardennes) à Issoudun (Indre), l’itinéraire de l’exode de 1940 par la famille Devie-Vadez.
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Guerre mondiale (1939-1945) Militaires

Les natifs de La Romagne mobilisés en 1939-1945 (A-Z)


Le blog laromagne.info commémore l'appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de conserver : « Aucune cérémonie créée à l’origine pour enraciner le souvenir d’un événement historique local ne doit disparaître. »
Le blog laromagne.info commémore l’appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de conserver : « Aucune cérémonie créée à l’origine pour enraciner le souvenir d’un événement historique local ne doit disparaître. »

Bien que les délais de communicabilité des archives publiques ne permettent pas d’en dresser une liste exhaustive dans l’état actuel de la recherche, il reste possible de citer quelques jeunes hommes natifs de La Romagne qui ont été mobilisés pendant la Seconde Guerre mondiale.


Bart, Jean Hubert Joseph, palefrenier, classe de mobilisation 1930, n° de matricule du recrutement 888, né le 18 mars 1910 à La Romagne, fils d’Arthur Hubert Paul Bart et de Marthe Marie Léonie Laroche, rappelé à l’activité par application de l’ordre de mobilisation générale en date du 9 septembre 1939, classé EM 2e groupe du 57e RAD[1] le 4 septembre 1939, puis dirigé sur le dépôt d’artillerie n° 27 à Chaumont (Haute-Marne) pour affectation spéciale le 6 février 1940. Jean Bart est classé dégagé des obligations militaires[2].


[1] Régiment d’artillerie divisionnaire.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 410 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Marcel Bonhomme †, photographie ancienne en noir et blanc sur carte postale, datée du dimanche 30 juin 1940, (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monsieur Marcel Bonhomme †, photographie ancienne en noir et blanc sur carte postale, datée du dimanche 30 juin 1940, (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Bonhomme, Marcel Fernand, instituteur, classe de mobilisation 1936, n° de matricule du recrutement 444, né le 21 février 1920 à La Romagne, fils de Désiré Vital Bonhomme et de Blanche Georges, rappelé à l’activité le 8 juin 1940, affecté du 11 au 25 juin 1940 auprès du DA[1] n° 341 de sa ZDA[2], démobilisé et radié du corps par le centre de Lourdes.

Il rejoint les chantiers de jeunesse (groupe 10) du 23 octobre 1940 au 2 février 1941 (services comptant comme service militaire). Rappelé à l’activité à compter du 25 juillet 1945, il est affecté au COI[3] n° 106 à Troyes. Marcel Bonhomme est rendu à la vie civile le 24 octobre 1945[4].


[1] Dépôt d’artillerie.

[2] Zone des armées.

[3] Centre d’organisation et d’instruction.

[4] Archives départementales des Ardennes, 1R 468 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Albert Carbonneaux †, gendarme, hiver 1939-1940 à La Romagne (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Monsieur Albert Carbonneaux †, gendarme, hiver 1939-1940 à La Romagne (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Carbonneaux, Albert, n° de matricule du recrutement 450, né le 13 février 1920 à La Romagne, fils d’Aristide Carbonneaux et d’Adèle Fétrot. Il rejoint le dépôt d’artillerie tracteurs n° 341 à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Démobilisé le 22 mars 1941 par le centre de Montpellier (Hérault), il se retire au moulin de la Bonde près d’Issoudun (Indre). Albert Carbonneaux devient ensuite gendarme[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 468 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Carbonneaux, Maurice André, classe de mobilisation 1925, n° de matricule du recrutement 107, né le 18 février 1905 à La Romagne, fils de Nicolas Aristide Carbonneaux et de Marie-Angèle Fétrot. Maintenu affecté spécial au titre de la SNCF en septembre 1939, Maurice Carbonneaux est démobilisé le 3 août 1943[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 378 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Carbonneaux, Robert, n° de matricule du recrutement 451, né le 22 février 1920 à La Romagne, fils de Marceau Carbonneaux et d’Angèle Ferrasse, versé comme requis civil à la 26e compagnie de jeunesse à Lacourt (Ariège). Robert Carbonneaux est démobilisé le 31 janvier 1941.


Cugnart, Alcide Joseph, cultivateur, n° de matricule du recrutement 2148, né le 13 avril 1897 à La Romagne, fils de Victor Cugnart et de Marie Sidonie Devie, rappelé à l’activité le 27 août 1939, affecté au dépôt n° 23. Renvoyé dans ses foyers le 28 août 1939. Le 2 juin 1940, Alcide Cugnart se retire au château de Châtenay à La Chataigneraie (Vendée).


Devie, Albert Victor, cultivateur, n° de matricule du recrutement 235, né le 29 avril 1902 à La Romagne, fils de Charles Onézime Devie et de Marie Berthe Picard, affecté spécial à la mobilisation générale du 2 septembre 1939 au titre de la SNCF. Maintenu au service auxiliaire par la commission de réforme de Reims (Marne) du 19 mars 1940, Albert Devie est démobilisé le 3 juillet 1941 par le centre de Riom (Puy-de-Dôme)[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Devie, Paul Emile, cultivateur, n° matricule du recrutement 236, né le 29 avril 1902 à La Romagne, fils de Charles Onézime Devie et de Marie Berthe Picard, rappelé le 24 août 1939 au 348e régiment d’infanterie. Paul Devie passe au 133e régiment d’infanterie de forteresse le 6 avril 1940, puis est attaché au dépôt d’infanterie n° 204[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Lesein, Numa Edmond, né le 27 mai 1900, fils de Paul Lesein et de Maria Guerlet. Rappelé à l’activité le 24 août 1939, il est affecté à la circulation routière, et maintenu en service auxiliaire. Le 2 juin1940, il se retrouve à La Davière[1] puis à La Caillère-Saint-Hilaire (Vendée). Il est démobilisé par le centre départemental de La Chataigneraie (Vendée) le 27 août 1940. Numa Lesein se retire alors à Saint-Sulpice-en-Pareds (Vendée).


[1] Saint-Sulpice-en-Pareds (Vendée).


Macquin, André Jules, né le 30 décembre 1899 à La Romagne, fils de Paul Eugène Macquin et de Marie-Angèle Lantenois, affecté à la 1e légion de la garde républicaine mobile à Arras (Pas-de-Calais) le 1er février 1940.


Malherbe, Marcel Maurice, cidrier, classe de mobilisation 1938, n° matricule du recrutement 399, né le 13 août 1918 à La Romagne, fils de Georges Malherbe et de Lucie Bonpart, incorporé au 91e régiment d’infanterie de forteresse[1] à Mézières à compter du 1er septembre 1938.

Nommé caporal-chef au 1er mai 1939, il est ensuite affecté au 148e RIF[2] le 2 septembre 1939. Démobilisé le 4 novembre 1940, Marcel Malherbe se retire à Coulanges-sur-Yonne (Yonne)[3].


[1] Unité militaire française spécialisée dans la défense des fortifications de la ligne Maginot, durant les années 1930 jusqu’à 1940.

[2] Régiment d’infanterie de forteresse.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 457 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Mauroy, Raymond, mécanicien, n° matricule du recrutement 18, classe de mobilisation 1939, né le 9 novembre 1919 à La Romagne, fils d’Henry Mauroy et de Lucie Devie. Il est incorporé au dépôt d’artillerie n° 420, à la 74e batterie, à compter du 9 juin 1940. Il est démobilisé le 31 juillet 1940 à Saint-Girons (Ariège). Le 1e juin 1940, il est réfugié aux Lucs-sur-Boulogne (Vendée) chez monsieur Grelet, garagiste.

Le 1er août 1940, il passe à la 26e compagnie de jeunesse[1]. Il est démobilisé le 31 août 1941. Ce service comptant comme service militaire, conformément à l’instruction 13-172 EMA[2] du 9 décembre 1945[3]. Au 30 novembre 1942, Raymond Mauroy est travailleur en Allemagne à Solingen (Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie)[4].


[1] Par un décret signé le 30 juillet 1940, les hommes incorporés en juin 1940 et relevés de leurs obligations militaires sont versés dans des groupements constitués sous l’autorité du ministre de la Jeunesse et de la famille.

[2] Etat-major des armées.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 462 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

[4] Archives départementales des Ardennes, 112 W 11 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Modeste, Axile Fernand Georges, principal clerc de notaire, n° de matricule du recrutement 339, né le 17 octobre 1894 à La Romagne, fils de Florent Joseph Emile Modeste et de Marie Elisabeth Millet. Rappelé le 26 août 1939, il est affecté au 29e régiment régional, rattaché au dépôt d’infanterie n° 24.

Nommé au grade de caporal le 9 février 1940 à La Romagne (ordre du 29e RR[1] n°24, décrets des 10 et 11 février 1940). Il passe au dépôt d’infanterie n° 21 le 12 février 1940. Non prisonnier[2]. Axile Modeste est démobilisé le 12 juillet 1940.


[1] Régiment régional.

[2] Selon la mention inscrite dans son dossier.


Ravignon, Aurèle Adrien, n° de matricule de recrutement 144, né le 25 octobre 1901 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Ulysse Ravignon et de Marie Ernestine Philippot. Rappelé à l’activité le 26 août 1939, affecté au 29e régiment régional, 4e bataillon, 14e compagnie. Aurèle Ravignon est démobilisé le 28 octobre 1939.


Robert, Jean-Baptiste Paul, rattaché à la classe de mobilisation 1927, n° de matricule du recrutement 273, né le 11 mai 1911 à La Romagne, fils de Paul Lucien Robert et de Marie Berthe Thonnelier. Rappelé à l’activité et affecté au 148e RI[1], il est classé affecté spécial comme ajusteur outilleur. Jean-Baptiste Robert est renvoyé dans ses foyers le 14 décembre 1939[2].


[1] Régiment d’infanterie.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 415 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

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Anciens combattants Guerre mondiale (1939-1945) Militaires Religion Travailleurs Victimes de guerre

Les natifs de La Romagne prisonniers de guerre en 1939-1945 (A-Z)


Le blog laromagne.info commémore l'appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de transmettre : « Aucun élève ne doit quitter sa scolarité sans avoir visité au moins un site mémoriel combattant et avoir participé au moins à une cérémonie patriotique. »
Le blog laromagne.info commémore l’appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de transmettre : « Aucun élève ne doit quitter sa scolarité sans avoir visité au moins un site mémoriel combattant et avoir participé au moins à une cérémonie patriotique. »

Bonhomme, Pierre, Georges, charpentier puis militaire de carrière, sous-officier du génie, décoré de la médaille militaire[1], né le 6 janvier 1910 à La Romagne, fils de Désiré Vital Bonhomme et de Blanche Georges, n° de matricule 891. Il est fait prisonnier à Goviller (Meurthe-et-Moselle) le 21 juin 1940[2].


[1] Attribuée par un décret paru au Journal officiel de la République française n° 239 du 9 octobre 1949, page 10146, qui mentionne dix-huit ans de service et six campagnes.

[2] Liste du Frontstalag 162.

Médaille militaire (avers) de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Médaille militaire (avers) de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Attestation du 4 décembre 2008 délivrée par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) de Genève certifiant posséder les renseignement sur le parcours de prisonnier de guerre de monsieur Pierre Bonhomme  †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Attestation du 4 décembre 2008 délivrée par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) de Genève certifiant posséder les renseignement sur le parcours de prisonnier de guerre de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il est dirigé vers un camp provisoire[1]. D’après une liste officielle des prisonniers français n° 28 du 9 octobre 1940, il est au Frontstalag 162 à Dommartin-lès-Toul (Meurthe-et-Moselle). Il porte le numéro de prisonnier 6987 et se trouve dans le quartier n° 4. Une liste nominative du camp d’Ecrouves (Meurthe-et-Moselle) datée du 13 juillet 1940 indique qu’il s’y trouve à ce moment-là.


[1] Fiche bristol [Karteikarte] du Frontstalag 162 en date du 9 octobre 1940.


L'Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII B Krems-Gneixendorf et Stalag III D Berlin (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII B Krems-Gneixendorf et Stalag III D Berlin (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir du 4 octobre 1940, il est au Stalag XVII B Krems-Gneixendorf[1]. C’est dans ce camp qu’il reçoit son immatriculation de prisonnier de guerre[2] n° 53026. Il se retrouve ensuite au Stalag III B Fürstenberg (arrondissement de l’Oder-Spree), d’après sa fiche bristol[3] du 9 octobre 1940.


[1] Gneixendorf est un village près de Krems-sur-le-Danube (Krems an der Donau) situé dans le Land de la Basse-Autriche.

[2] Kriegsgefangener.

[3] Karteikarte.


Carte de l'emplacement des Stalags en Allemagne (1940-1945).
Carte de l’emplacement des Stalags en Allemagne (1940-1945).

Cette ville correspond à l’actuelle Eisenhüttenstadt (Land du Brandebourg), en Allemagne. Cette ville nouvelle est issue de la fusion en 1961 de Fürstenberg, Staline-Ville[1], et Schönfließ. Cet immense camp se situe dans la vallée de l’Oder est situé à cent vingt kilomètres au sud-est de Berlin et à environ soixante kilomètres de la frontière polonaise[2]. C’est pour les autorités allemandes un camp modèle[3].


[1] Stalinstadt.

[2] La voie ferrée conduisant à Berlin et le canal de l’Oder forment en quelque sorte les limites naturelles du camp.

[3] Modelllager.


Détail de l'emplacement de quelques Stalags en Allemagne (1940-1945).
Détail de l’emplacement de quelques Stalags en Allemagne (1940-1945).

Selon une liste allemande datée du 20 novembre 1940, il est transféré au Stalag III A Luckenwalde[1] sous le n° 53021 le 13 novembre 1940 depuis le Stalag XVII B Krems-Gneixendorf. Il est présent dans le Stalag III D Berlin[2] le 24 novembre 1940, selon une carte de capture dont le tampon très effacé semblerait être du 18 décembre 1940.


[1] Land du Brandebourg, en Allemagne.

[2] Berlin-Lichterfelde est un quartier de Berlin dans l’arrondissement de Steglitz-Zehlendorf.


Carte du combattant n° 143757 de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Carte du combattant n° 143757 de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

D’après une liste n° 111 reçue le 24 mars 1941 et une fiche de capture du CICR[1] du 1e décembre1944, il est probable qu’il est encore dans ce camp pendant cette période. Il semble qu’il y reste jusqu’à la libération de ce camp en avril 1945. D’après sa fiche nominative du Frontstalag 162 à Dommartin-lès-Toul (Meurthe-et-Moselle), Pierre Bonhomme est rapatrié le 27 mai 1945 au centre de Maubeuge (Nord)[2].


[1] Comité international de la Croix-Rouge.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 410 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Musée de la Reddition du 7 mai 1945 (Reims), numéro d'inventaire R.853, acte de capitulation rédigé par les Alliés, texte dactylographié à l’encre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée de la Reddition du 7 mai 1945 (Reims), numéro d’inventaire R.853, acte de capitulation rédigé par les Alliés, texte dactylographié à l’encre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Fouquet, Henri Albert, n° de matricule du recrutement 411, né le 20 octobre 1907 à La Romagne, fils de Gustave Fouquet et de Marie Carbonneaux, rappelé à l’activité le 2 octobre 1939, affecté au dépôt du génie n° 15. Il est fait prisonnier le 21 juin 1940 à Rambervillers (Vosges). Henri Fouquet[1] est interné au camp de transit de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) avant d’être démobilisé par le comité départemental le 28 août 1941.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 392 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Pour nos prisonniers de guerre, timbre  brun carminé en taille douce, collé sur des cahiers de captivité de prisonniers de guerre du Stalag IV-B Mühlberg (1940).
Pour nos prisonniers de guerre, timbre  brun carminé en taille douce, collé sur des cahiers de captivité de prisonniers de guerre du Stalag IV B Mühlberg (1940).

Lelong, Marceau Alfred, domestique de culture, classe de mobilisation 1927, n° de matricule de recrutement 1308, né le 11 novembre 1912 à La Romagne, fils de Jules Alcide Lelong et de Marie Claire Faveaux, rappelé le 26 août 1939 au 29e régiment régional.

Il passe au 22e régiment régional le 16 janvier 1940. Il est fait prisonnier à Etampes (Essonne) le 15 juin 1940. Interné au Stalag IV B Mühlberg[1], à une cinquantaine de kilomètres de Dresde. Il a le matricule n° 72021. Rapatrié le 30 mai 1945, Marceau Lelong est démobilisé le 1er juin 1945 par le comité départemental de Charleville[2].


[1] Ville allemande située dans l’arrondissement d’Elbe-Elster (Land du Brandebourg).

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 423 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Pierre Bonhomme †, titulaire de la médaille militaire depuis plus de 50 ans (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monsieur Pierre Bonhomme †, titulaire de la médaille militaire depuis plus de 50 ans (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lequeux, Armand Adonis, ferronnier, n° de matricule du recrutement 111, né le 19 mars 1915 à La Romagne, fils de Victor Eugène Lequeux et de Marie Georgette David, convoqué le 29 mars 1939 au 91e régiment d’infanterie, il passe au 295e régiment d’infanterie le 2 septembre 1939.

Fait prisonnier à La Salle[1] (Saône-et-Loire) le 28 juin 1940. Interné au Stalag II A Neubrandenbourg[2]. Il porte le numéro de prisonnier 66459. Malade, il est rapatrié le 4 juin 1941 et est démobilisé le 9 juillet 1941. Armand Lequeux se retire alors à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)[3].


[1] Près de Mâcon (Saône-et-Loire).

[2] Ville d’Allemagne située dans le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, au nord de Berlin.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 442 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Macquin, Paul Adolphe, classe de mobilisation 1925, n° de matricule du recrutement 119, né le 7 janvier 1905 à La Romagne, fils de Paul Eugène Macquin et de Marie-Angèle Lantenois, rappelé à l’activité par mesure de mobilisation générale, il est affecté au dépôt ALVF[1] n° 209.

Parti aux armées le 11 février 1940 et affecté au 374e RALVF[2] 13e bataillon le 1er avril 1940. Il est fait prisonnier à « Archambeau[3] » le 20 juin 1940. Interné au Stalag II C Greifswald[4] sous le n° de prisonnier 3355. Paul Macquin est rapatrié le 28 mai 1945[5].


[1] Artillerie lourde sur voie ferrée.

[2] Régiment d’artillerie lourde sur voie ferrée.

[3] Sic, id est Bourg-Archambault (Vienne).

[4] Ville du nord de l’Allemagne (Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale).

[5] Archives départementales des Ardennes, 1R 378 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Reconnaissance des services rendus à la France par monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Reconnaissance des services rendus à la France par monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Macquin, Rémi Jean, commis de perception, né le 5 mars 1911 à La Romagne, fils de Paul Eugène Macquin et de Marie Angèle Lantenois, n° de matricule du recrutement 110.

Rappelé à l’activité le 2 septembre 1939, il est fait prisonnier à Saint-Dié (Vosges) le 22 juin 1940. Interné au Stalag XIII D Nuremberg-Langwasser[1] sous le n° de prisonnier 88022. Libéré le 5 mai 1945 et rapatrié le même jour, Rémi Macquin est démobilisé le 16 mai 1945 par le comité départemental de Charleville[2].


[1] Land de Bavière.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 415 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Jean Malherbe † pose devant sa voiture. Hotchkiss est un constructeur automobile et manufacturier d'armes français, qui a produit des véhicules militaires jusqu'en 1969. Photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Monsieur Jean Malherbe † pose devant sa voiture. Hotchkiss est un constructeur automobile et manufacturier d’armes français, qui a produit des véhicules militaires jusqu’en 1969. Photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Malherbe, Eugène Jean, employé de commerce, n° de matricule du recrutement 230, né le 20 février 1913 à La Romagne, fils de Georges Malherbe et de Lucie Bonpart, rappelé à l’activité à la 2e section de COMA[1] le 25 août 1939 et affecté au groupe d’exploitation de la 52e division d’infanterie.

Nommé sergent le 21 juin 1940. Fait prisonnier à La Bourgonce (Vosges) le 22 juin 1940. Interné au Stalag XIII D Nuremberg-Langwasser. Eugène Jean Malherbe est rapatrié le 23 avril 1945 et démobilisé par le centre des Ardennes le 1er juin 1945.


[1] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Marandel, Léon André, cultivateur, maréchal-ferrant, classe de mobilisation 1922, soldat au 140e régiment d’artillerie, n° de matricule du recrutement 244, né le 27 janvier 1902 à La Romagne, fils de Alfred Célestin Marandel et d’Eugénie Chéry.Rappelé à l’activité le 23 août 1939, il est fait prisonnier à Epinal (Vosges) et interné au Stalag XII D Trier[1]/Petrisberg sous le n° de prisonnier 1564. Rapatrié, Léon Marandel est démobilisé le 5 novembre 1945 par le comité départemental d’Amiens[2].


[1] Trèves est une ville du sud-ouest de l’Allemagne (Land de Rhénanie-Palatinat).

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Marquigny, Henri Emile, ouvrier de culture, classe de mobilisation 1922, né le 20 mars 1906 à La Romagne, mort pour la France[1], n° matricule du recrutement 408, fils de Joseph Louis Emile Marquigny et de Marie Ida Boitte. Rappelé à l’activité le 20 septembre 1939 et affecté au 301e RALP[2].

Après un séjour à l’hôpital de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) du 20 octobre 1939 au 24 février 1940 et sa convalescence, il rejoint le dépôt d’artillerie n° 302 le 17 mars 1940. Il est affecté le 29 mars 1940 au parc de munitions d’armée et passe à la 662e compagnie du parc de munitions d’armée.

Fait prisonnier le 12 juin 1940 au fort de La Chaume[3]. Henri Marquigny est rapatrié le 30 mai 1945 et décède quelques mois plus tard à l’hôpital militaire de Mézières le 5 octobre de la même année[4].


[1] Il figure à ce titre sur le monument aux morts de La Romagne.

[2] Régiment d’artillerie légère portée.

[3] Thierville-sur-Meuse, près de Verdun (Meuse).

[4] Archives départementales des Ardennes, 1R 385 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Mauroy[1], Gaston Auguste, n° de matricule du recrutement 269, né le 2 juillet 1902 à La Romagne, fils de Charles Emile Mauroy et de Juliette Léonie Bailly. Il est fait prisonnier à Maubert-Fontaine. Il est interné au Stalag XII A Limburg an der Lahn[2] sous le n° de prisonnier 21506. Gaston Mauroy est démobilisé le 31 mai 1945 par le comité départemental de Charleville.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

[2] Limbourg-sur-la-Lahn (Land de la Hesse).


Monsieur Marcel Mauroy † et d'autres prisonniers de guerre, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Michel Mauroy).
Monsieur Marcel Mauroy † et d’autres prisonniers de guerre, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Michel Mauroy).

Mauroy, Marcel Charles, n° de matricule du recrutement 59, né le 6 mai 1904 à La Romagne, fils de Charles Emile Mauroy et de Marie Juliette Léonie Bailly. Rappelé à l’activité le 24 août 1939, affecté au 17e RAD[1].

Fait prisonnier le 22 juin 1940 à La Bourgonce (Vosges). Il est interné au Stalag XIII B Weiden/Oberpfalz[2]. Il est rapatrié le 25 mai 1945 sous le matricule 83774. Marcel Mauroy est démobilisé par le comité départemental de Charleville le 30 mai 1945[3].


[1] Régiment d’artillerie divisionnaire.

[2] Weiden in der Oberpfalz (Land de la Bavière).

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 371 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Miclet, Henri Léon, domestique, n° de matricule du recrutement 60, né le 16 février 1916 à La Romagne, fils de Paul Georges Miclet et de Célestine Constance Destrez. Rappelé à l’activité le 20 août 1939, affecté à la CM[1]. Capturé le 12 juin 1940 à Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Maritime), il est au Stalag IX C Bad Sulza[2] sous le n° de prisonnier 3940. Rapatrié le 9 juin 1941 comme aîné de cinq enfants. Démobilisé par le comité départemental de Guéret (Creuse) le 25 juin 1941[3], Henri Miclet se retire à Lérat (Creuse).


[1] Cavalerie montée.

[2] Land de Thuringe.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 448 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Miclet, Joseph Emile, charron,classe de mobilisation 1926, n° de matricule du recrutement 434, né le 12 octobre 1906 à La Romagne, fils de Georges Miclet et de Célestine Destrez. Rappelé à l’activité le 25 août 1939 au dépôt d’artillerie n° 2.

Il est fait prisonnier à Redon (Ille-et-Vilaine) le 23 juin 1940, et est interné dans un Frontstalag sous le n° de prisonnier 11303 avant d’être mis en congé de captivité le 18 juillet 1941. Joseph Miclet est démobilisé le 1er août 1941[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 385 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Quentin, Gaston Fernand, militaire, n° de matricule du recrutement 490,décoré de la médaille militaire par décret du 21 décembre1954[1], né le 1er février 1920 à La Romagne, fils de Louis Albert Quentin et de Marie-Juliette Bosserelle.

Engagé en 1938 à l’intendance militaire de Versailles (Yvelines), il est affecté au 2e régiment du génie à Metz (Moselle) et est nommé caporal le 28 juillet 1938 puis sergent le 1er avril 1939. Il est fait prisonnier le 4 juillet 1940 et est interné au Stalag VII A Moosburg[2] avec le n° de prisonnier 30746.

Il est rapatrié le 23 mai 1945 et, après une permission d’un mois, il est dirigé en septembre 1945 à Bad-Salzig[3] en Allemagne. Gaston Quentin poursuit sa carrière militaire et devient officier[4].


[1] Journal officiel de la République française n° 5 du 5 janvier 1954.

[2] Land du Bade-Wurtemberg.

[3] Land de la Rhénanie-Palatinat.

[4] Archives départementales des Ardennes, 1R 468 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Quentin, Robert Léon, cultivateur puis militaire de carrière, n° de matricule du recrutement 63, né le 13 mai 1914 à La Romagne, fils de Louis Albert Quentin et de Marie Juliette Bosserelle. Après son engagement en 1932 et diverses affectations, il est nommé sergent au 105e régiment d’infanterie en juillet 1939. 

Le 18 septembre 1939, il est affecté à la CHR[1] du dépôt d’infanterie 64. Il est muté le 1e janvier 1940 à une compagnie de passage[2]. Son contrat est maintenu tacitement. Muté à la CBI[3] le 24 mai 1940, il rejoint le DI 83[4] le 15 juin 1940 par ses propres moyens. Fait prisonnier[5] le 24 juin 1940, Robert Quentin est rapatrié le 15 juin 1945[6].


[1] Compagnie hors rang.

[2] Les documents consultés n’ont pas permis d’identifier laquelle.

[3] Compagnie de base et d’instruction.

[4] A Auxerre (Yonne).

[5] Aucun renseignement n’est donné sur le lieu de son emprisonnement.

[6] Archives départementales des Ardennes, 1R 434 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Roncin[1], Henri Albert, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1928, n° de matricule de recrutement 1093, né le 17 juin 1908 à La Romagne, fils de Calixte Sulpice Roncin et de Valentine Angèle Depurrieux. Rappelé à l’activité le 24 août 1939 et affecté au 348e régiment d’infanterie.

Il est fait prisonnier le 28 juin 1940 à Fontenay-le-Comte (Vendée) et interné au Stalag VIII C Żagań[2] sous le n° de prisonnier 11136. Henri Roncin est rapatrié et démobilisé le 26 septembre 1942 par le comité départemental de Charleville.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 400 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

[2] Ville de Pologne connue aussi sous son nom allemand de Sagan.


Plusieurs hommes du rang nés à la Romagne ont donc été faits prisonniers de guerre en Allemagne dans les Stalags[1] du Troisième Reich. Si le sort des détenus des camps de concentration et d’extermination nazis est aujourd’hui mieux connu, celui des militaires emprisonnés en 1939-1945 reste encore un vaste champ d’étude. Il semble donc important d’expliciter ce que ces militaires romanais ont pu vivre…


[1] Abréviation de Kriegsgefangenen-Mannschafts-Stammlager (camp de base de prisonniers de guerre).


Entre mai et juin 1940, le soldat est le plus souvent envoyé, après sa capture, dans un Frontstalag[1]. C’est un lieu de rassemblement pour prisonniers de guerre de tous grades, doté d’une organisation très structurée, et avec un personnel important.

C’est en quelque sorte un espace de transit, avant l’acheminement vers les camps définitifs, disséminés sur tout le territoire allemand, et répartis entre les diverses circonscriptions militaires[2] du Reich : les hommes de troupe et les sous-officiers rejoignent des Stalags, et les officiers des Oflags[3].


[1] Ou Frontstammlager (camp de prisonniers dans les territoires français occupés).

[2] Wehrkreise.

[3] Offizier-Lager (camps d’officiers).


Les conventions de Genève, timbre de la Croix-Rouge.
Les conventions de Genève, timbre de la Croix-Rouge.

Les prisonniers subissent un long périple ferroviaire vers les camps qui leur sont assignés : entassés parfois à soixante dans des wagons de marchandises ou à bestiaux dépourvus de paille et surtout de sanitaires, ils doivent, à leur arrivée, parcourir à pied, encadrés par des gardes, le chemin séparant la gare de leur lieu de captivité.


Henry Dunant (1828-1910), fondateur de la Croix-Rouge.
Henry Dunant (1828-1910), fondateur de la Croix-Rouge.

Généralement, l’entrée du camp, symbolisée par une porte massive, est précédée d’une ou deux enceintes de barbelés avec, à intervalles réguliers, des miradors d’où des sentinelles surveillent les environs.


Gustave Moynier (1826-1910), fondateur de la Croix-Rouge.
Gustave Moynier (1826-1910), fondateur de la Croix-Rouge.

Le camp, pouvant accueillir plusieurs milliers d’hommes, est constitué de nombreuses baraques en bois ou en brique construites de part et d’autre d’une allée centrale. Elles permettent de concentrer dans un même lieu des prisonniers de différentes nationalités.


Infirmière, timbre de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.
Infirmière, timbre de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.

A l’intérieur de chaque baraquement, l’éclairage est chiche, et les châlits[1] à deux ou trois étages. Ces rectangles étroits et spartiates sont recouverts d’une très mince paillasse, et d’une seule couverture. A cet inconfort matériel, s’ajoute la promiscuité. Dans ces conditions, le sommeil du prisonnier de guerre est rarement réparateur.


[1] Cadre de lit en bois ou en métal.


Pour nos blessés, timbre de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.
Pour nos blessés, timbre de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.

C’est dans le premier camp où il est affecté que le prisonnier reçoit son immatriculation. Les initiales KG (Kriegsgefangener, c’est-à-dire prisonnier de guerre) sont peintes en blanc sur sa vareuse et sa musette. A partir de ce moment-là, il devient un numéro au sens strict. Cette anonymisation est pour lui une épreuve de plus.


Sauvé, timbre vert de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.
Sauvé, timbre vert de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.

D’une part, il doit surmonter la situation dans laquelle il est tombée comme soldat face à un ennemi supérieur en nombre et en matériel, mais il doit affronter d’autre part la mentalité de son époque qui le considère comme un vaincu.


Monsieur Pierre Bonhomme † et d'autres prisonniers de guerre au Stalag III-D, photographie ancienne en noir et blanc (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monsieur Pierre Bonhomme † et d’autres prisonniers de guerre au Stalag III D, photographie ancienne en noir et blanc (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il est totalement soumis à l’autorité de ses geôliers allemands : lors de son arrivée, il subit le contrôle de son identité, une fouille intégrale lui est imposée. Ses objets personnels (livres, photographies, etc.) sont momentanément confisqués. Il ne les récupère que quelques jours plus tard, dûment tamponnés.

Freigegeben zur Heimsendung Mannschafts-Stammlager III-D se traduit en français par « Validé pour un envoi à domicile. Stalag III-D », verso d'une photographie ancienne en noir et blanc, encre rouge sur papier photo (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Freigegeben zur Heimsendung Mannschafts-Stammlager III D se traduit en français par « Validé pour un envoi à domicile. Stalag III D », verso d’une photographie ancienne en noir et blanc, encre rouge sur papier photo (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Reims consacre un salon aux prisonniers le 31 mai 1944.
Reims consacre un salon aux prisonniers le 31 mai 1944.

Il passe ensuite par l’étape de l’épouillage des vêtements et du corps. Les effets enlevés sont passés à l’étuve, avant d’être restitués à leur propriétaire. Pendant ce temps, le prisonnier est badigeonné d’insecticide. Malgré cela, tout au long de sa captivité, il est la proie de la vermine[1] et de la dysenterie.


[1] Insectes (poux, puces, punaises) parasites de l’homme et des animaux.


Pour nos prisonniers de guerre, timbre brun carminé en taille-douce.
Pour nos prisonniers de guerre, timbre brun carminé en taille-douce.

La nourriture est plus que frugale et constamment insuffisante. Le repas consiste en quelques louches de soupe claire, un morceau de pain et un tout petit bout de viande. Très vite, le prisonnier est tenaillé par la faim : il ressent une véritable torture physique, même si le gros cul[1] anesthésie momentanément sa souffrance.


[1] Tabac de troupe inférieur au Scaferlati Caporal (le fameux cube de gris). Le terme s’applique tout d’abord à un gros bâtiment de la marine de guerre. Par métonymie, il désigne un marin puis, par extension, un homme de troupe, un soldat.


Conventions de Genève 22 août 1864, timbre premier jour de la Croix-Rouge française.
Conventions de Genève 22 août 1864, timbre premier jour de la Croix-Rouge française.

La faim, la misère, les souvenirs d’un passé plus heureux atteignent leur moral. La dureté de leur vie est parfois atténuée par l’arrivée de colis ou de lettres, qui sont les seuls liens avec leur famille et leur vie antérieure. Le courrier met entre une dizaine et une quarantaine de jours pour parvenir à son destinataire.

Les prisonniers n’ont le droit pour correspondre avec les leurs qu’à deux lettres et deux cartes postales par mois. Ils ont la possibilité de recevoir mensuellement deux colis familiaux d’un kilo chacun et de temps en temps un paquet de cinq kilos.

En outre, ils reçoivent des cartons de la Croix-Rouge contenant entre autres du corned-beef[1], surnommé « singe » de façon argotique.


[1] Dans les pays francophones et depuis la Seconde Guerre mondiale, le corned-beef est connu une préparation culinaire de viande de bœuf habituellement salée, mise en petits morceaux, vendue dans une boîte de conserve métallique.


Prières du prisonnier, exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Prières du prisonnier, exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l’auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour ce qui est du réconfort spirituel, certains prisonniers éprouvent le besoin d’assister aux offices, qui sont assurés régulièrement. Dès septembre 1940, en France, l’Aumônerie générale des prisonniers de guerre, fondée par le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, est reconnue.

A partir de décembre, elle envoie dans les camps de prisonniers des « valises-chapelles », qui contiennent ce qui est nécessaire à la célébration de la messe. C’est ainsi qu’est distribué aux captifs un missel intitulé Prières du prisonnier : quelques simples prières pour rencontrer le Seigneur.

Oraisons supplémentaires tirées de Prières du prisonnier, exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Oraisons supplémentaires tirées de Prières du prisonnier, exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l’auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Famille du prisonnier, timbre vert en taille-douce.
Famille du prisonnier, timbre vert en taille-douce.

Au quotidien, l’organisation du travail est régie par la section III de la convention de Genève du 27 juillet 1929. Son article 27 précise : « Les sous-officiers prisonniers de guerre ne pourront être astreints qu’à des travaux de surveillance, à moins qu’ils ne fassent la demande expresse d’une occupation rémunératrice. »

Bien qu’ils soient comme eux enfermés dans les Stalags, les hommes du rang n’ont pas du tout le même traitement : la plupart du temps, ils sont contraints de travailler dans un Arbeitskommando[1] et donc de rejoindre des fermes, des usines, des carrières.


[1] Kommando concerne ici une unité de travail forcé.


L'Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII-B Krems-Gneixendorf et Stalag III-D Berlin (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII B Krems-Gneixendorf et Stalag III D Berlin (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le réveil est fixé à cinq heures, les sentinelles allemandes s’adressent bruyamment aux prisonniers avec des « Raus ! Raus[1]! » ou des « Schnell ! Schnell[2] ! », les obligeant à se presser pour le rassemblement sur la place du Stalag. Matinal ou vespéral, il peut durer un long moment. Et ce, quelles que soient les conditions atmosphériques…


[1] « Dehors ! Dehors ! ».

[2] « Vite ! Vite ! ».


Avec Moi, René Tardi, prisonnier de guerre - Stalag II B, Jacques Tardi transpose en bande dessinée les carnets de son père, sur ses années de captivité en Allemagne.
Avec Moi, René Tardi, prisonnier de guerre – Stalag II B, Jacques Tardi transpose en bande dessinée les carnets de son père, sur ses années de captivité en Allemagne.

Les prisonniers de guerre sont ensuite dirigés sous escorte vers le lieu de leur travail. La durée du labeur peut alors atteindre treize heures. Il n’est pas exclu qu’ils soient retenus, si nécessaire, les dimanches et les jours fériés.


Pour nos prisonniers de guerre, timbre vert en taille-douce.
Pour nos prisonniers de guerre, timbre vert en taille-douce.

Lorsqu’ils sont libérés à partir d’avril 1945, ils sont en grande partie livrés à eux-mêmes et au bon vouloir des Américains ou des Russes. Ils partent sur des routes défoncées, à travers des paysages dévastés, avant que leur retour vers la France ne soit organisé.


Nomination de monsieur Pierre Bonhomme † au titre de la régularisation de l'avancement des ex-prisonniers de guerre (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Nomination de monsieur Pierre Bonhomme † au titre de la régularisation de l’avancement des ex-prisonniers de guerre (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Là, ils doivent retrouver leur travail ou réintégrer leurs unités après un mois de permission, se réadapter à leur vie d’avant et garder souvent le silence sur ce qu’ils ont subi en captivité. De nos jours, la détresse et le découragement de ces hommes se sont peu à peu effacés de la mémoire collective…

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Anciens combattants Guerre mondiale (1939-1945) Militaires Victimes de guerre

Les natifs de La Romagne résistants en 1939-1945 (A-Z)


Le blog laromagne.info commémore l'appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est d’entretenir : « Aucune tombe de ‘Mort pour la France’ ne doit disparaître des cimetières communaux, aucun monument, aucune stèle combattante ne doit être à l’abandon. »
Le blog laromagne.info commémore l’appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est d’entretenir : « Aucune tombe de ‘Mort pour la France’ ne doit disparaître des cimetières communaux, aucun monument, aucune stèle combattante ne doit être à l’abandon. »

Il est possible à ce jour de mieux connaître les actions des résistants natifs de La Romagne grâce à l’autorisation de communication par dérogation délivrée par monsieur Léo Davy, directeur des archives départementales des Ardennes, avec l’accord du service départemental de l’ONACVG[1], duquel émanent les documents traités[2].


[1] Office national des anciens combattants et victimes de guerre.

[2] Cette suite favorable accordée à la demande respecte un engagement signé de ne « publier ou de communiquer aucune information susceptible de porter atteinte aux intérêts protégés par la loi, notamment la vie privée des personnes ».


Archives départementales des Ardennes, 1293 W 82 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W], tampon des FFI (Forces françaises de l'intérieur) du secteur de Signy-l'Abbaye, encre violette sur papier quadrillé.
Archives départementales des Ardennes, 1293 W 82 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W], tampon des FFI (Forces françaises de l’intérieur) du secteur de Signy-l’Abbaye, encre violette sur papier quadrillé.

Barré[1], André Eugène Aristide, né le 22 janvier 1925 à La Romagne, fils de Fernand Edmond Barré et de Marie Célina Renée Carbonneaux. Il est enrôlé quelque temps après son retour d’évacuation dans les réseaux de la Résistance par Charles Henri Champenois [2] (de Draize), chef de groupe du maquis de Signy-l’Abbaye, sous les ordres d’Henri Lallement (de Rumigny), et auquel appartiennent en particulier Miser[3], Marchand et Yvette Barré.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1797 W 17 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

[2] Il appartient aux formations clandestines de l’OCM (Organisation civile et militaire), dans la région C (qui couvre alors les Ardennes et sept autres départements de l’est de la France : Bas-Rhin, Haut-Rhin, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Vosges). Cette zone concerne donc l’Alsace, la Lorraine, et la Champagne-Ardenne. Pour cette dernière, il est à noter que l’Aube fait exception, puisqu’elle est rattachée à la sous-région P3 de la région P.

[3] Le dossier consulté ne permet pas de déterminer s’il s’agit de Fernand ou de Jean.


Archives départementales des Ardennes, 1293 W 82 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W], liste des FFI (Forces françaises de l'intérieur) de Draize, groupe 4, avec une référence à Signy-l'Abbaye ajoutée au crayon à mine.
Archives départementales des Ardennes, 1293 W 82 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W], liste des FFI (Forces françaises de l’intérieur) de Draize, groupe 4, avec une référence à Signy-l’Abbaye ajoutée au crayon à mine.

Au départ, le groupe qu’il rejoint doit trouver des armes, des munitions et des renseignements. Puis il est affecté au groupe de sabotage dirigé par Charles Tinois (de Signy-l’Abbaye) et opère avec lui en avril et mai 1944. Il est impliqué dans le sabotage de la ligne téléphonique du radar de Bégny, de la ligne ferroviaire d’AmagneLucquy, de fours à bois et de scieries fabriquant du bois de gazogène pour l’ennemi, dont celle de Wasigny.

Il participe, avec son groupe, aux combats de la libération à Lépron-les-Vallées, puis poursuit l’ennemi jusqu’à Charleville. André Barré est homologué FFC[1] et FFI[2] selon son dossier individuel de résistant[3]. Il reçoit la carte de combattant volontaire n° 98081 en date du 4 mai 1956.


[1] Forces françaises combattantes.

[2] Forces françaises de l’intérieur.

[3] Service historique de la Défense, site de Vincennes, GR 16P 34597 [série GR = guerre et armée de Terre, sous-série GR P = Deuxième Guerre mondiale (1940-1946), inventaires GR 16 P = dossiers individuels de résistants].


Musée de la Reddition du 7 mai 1945 (Reims), numéro d'inventaire IKE.0.1, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer, anonyme français (fabricant), casque Adrian FFI (Forces françaises de l'intérieur), modèle 1926, acier recouvert à l'origine de peinture bleu horizon, cuir, coton, 2e quart 20e siècle.
Musée de la Reddition du 7 mai 1945 (Reims), numéro d’inventaire IKE.0.1, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer, anonyme français (fabricant), casque Adrian FFI (Forces françaises de l’intérieur), modèle 1926, acier recouvert à l’origine de peinture bleu horizon, cuir, coton, 2e quart 20e siècle.

Carbonneaux, Robert, né le 22 février 1920 à La Romagne, fils de Marceaux Carbonneaux et d’Angèle Ferrasse. Versé dans les chantiers de jeunesse comme requis civil à la 26e compagnie de jeunesse à Lacourt (Ariège).

Il rejoint les FFI à partir du 1er juin 1943 jusqu’au 6 septembre 1944, date à laquelle il s’engage pour la durée de la guerre à l’intendance militaire de Mézières au titre du train des équipages[1]. Robert Carbonneaux est homologué FFI[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 468 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes]

[2] Service historique de la Défense, site de Vincennes, GR 16P 105945 [série GR = guerre et armée de Terre, sous-série GR P = Deuxième Guerre mondiale (1940-1946), inventaires GR 16 P = dossiers individuels de résistants].


En décembre 1942, à 19 ans, le jeune résistant parisien Lionel Dubray (1923-1944), né à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) rejoint les FTP (Francs-tireurs et partisans) groupe Alsace-Lorraine, timbre olive et bleu, en taille-douce, dessiné par André Spitz et gravé par René Cottet.
En décembre 1942, à 19 ans, le jeune résistant parisien Lionel Dubray (1923-1944), né à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) rejoint les FTP (Francs-tireurs et partisans) groupe AlsaceLorraine, timbre olive et bleu, en taille-douce, dessiné par André Spitz et gravé par René Cottet.

Didier[1], Raymond Adolphe, né le 8 août 1925 à La Romagne, fils d’André Paul Didier et de Pauline Leroy. Appelé au STO en janvier 1943, il entre en contact avec Charles Henri Champenois et rejoint le groupement de résistance de Signy-l’Abbaye. Il participe aux diverses opérations de celui-ci (sabotages, parachutage de Lépron-les-Vallées et combats pour la libération du chef-lieu du département). Il reçoit la carte de combattant volontaire de la Résistance n° 116533.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1797 W 17 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Timbre commémorant l'appel à la Résistance du 18 juin 1940.
Timbre commémorant l’appel à la Résistance du 18 juin 1940.

Ravignon[1], Raymond, né le 13 septembre 1925, fils d’Aurèle Adrien Ravignon et de Marie Philomène Quentin. Il obtient la carte de de combattant volontaire n° 195133 le 7 avril 1986 sur la base des témoignages délivrés le 30 juin 1985 par Charles Tinois et Charles Henri Champenois.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1797 W 17 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Timbre de la poste spéciale des FFI (Forces françaises de l'intérieur), à l'effigie du général de Gaulle, surmontant l'inscription MLN (Mouvement de libération nationale), papier gommelé et dentelé imprimé à l'encre bleue.
Timbre de la poste spéciale des FFI (Forces françaises de l’intérieur), à l’effigie du général de Gaulle, surmontant l’inscription MLN (Mouvement de libération nationale), papier gommelé et dentelé imprimé à l’encre bleue.

Il entre dans la Résistance par l’intermédiaire de Fernand Miser en avril 1942, et intègre le groupe de sabotage de Wasigny. Il participe à la récupération d’armes, à la distribution de tracts antiallemands, au sabotage de la scierie allemande de Wasigny, à la destruction de la fosse à eau de Draize, aux sabotages ferroviaires. Il s’empare de la moto de deux soldats allemands.

Il apporte de l’aide aux requis au STO et aux réfractaires. Il est impliqué dans des attaques de convois ennemis entre Signy-l’Abbaye et Lépron-les-Vallées et participe à la libération de Charleville puis du plateau de Berthaucourt, où se sont retirés les Allemands. Raymond Ravignon a un certificat d’appartenance aux FFI du 1er janvier 1944 au 6 septembre 1944.

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Le cheval, un compagnon indispensable à La Romagne


Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-99049, Roche, Daniel, La culture équestre occidentale, XVI e -XIX e siècle : l'ombre du cheval. I, Le cheval moteur : essai sur l'utilité équestre, Paris : Fayard, 2008, 479 p.
Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-99049, Roche, Daniel, La culture équestre occidentale, XVI e -XIX e siècle : l’ombre du cheval. I, Le cheval moteur : essai sur l’utilité équestre, Paris : Fayard, 2008, 479 p.

Le rôle des chevaux est considérable dans la société rurale ancienne. Les inventaires après décès en signalent la présence à La Romagne, sans être explicites, que ce soit sur leur  race ou leur robe. On voit ainsi évoquer pour seul descriptif « poil rouge[1] », « poil jaune[2] », « poil gris ». C’est un peu succinct pour affirmer qu’il s’agit de chevaux ardennais. On peut penser que ces derniers sont des chevaux assez robustes, dont la race se serait modifiée quelque peu au XVIIe siècle. Ceci s’explique par la guerre de Trente Ans et la présence dans la région axonaise et ardennaise de la cavalerie espagnole, dont les montures étaient d’une autre origine.


[1] Un rouan vineux ?

[2] Un alezan ?


Brossage de Gonzague, hongre ardennais bai cerise, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Stéphanie Bosserelle, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Brossage de Gonzague, hongre ardennais bai cerise, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Stéphanie Bosserelle, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après la paix et le début du règne de Louis XIV, Colbert se saisit de ce problème d’abatardissement par un édit de juin 1665, car cet équidé est utilisé dans la cavalerie française. Or, cette dernière ne peut agir au mieux qu’en ayant des chevaux fiables. Turenne a, de 1672 à 1675, d’importants besoins pour mener ses campagnes en Allemagne, et ses demandes concernent des Ardennais. Ce cheval régional reprend toutes ses qualités aux siècles suivants, grâce aux soins attentifs qu’il reçoit, et à l’intérêt manifesté pour cette race.

Harnachement de Gonzague, hongre ardennais bai cerise, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Stéphanie Bosserelle, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Harnachement de Gonzague, hongre ardennais bai cerise, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Stéphanie Bosserelle, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Au XIXe siècle, dans les armées napoléoniennes, il est le cheval des dragons, des lanciers mais aussi des artilleurs qui apprécient ses qualités de tirage des pièces de canon.

Entraînement au pneu pour virer à gauche de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entraînement au pneu pour virer à gauche de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Harnachement complet (bride, collier, fessière, mors, sellette, sous-ventrière, surdos) de Droopy du Tivoli, cheval de trait ardennais, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire [identité non communicable en raison d’un accord de confidentialité], de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Harnachement complet (bride, collier, fessière, mors, sellette, sous-ventrière, surdos) de Droopy du Tivoli, cheval de trait ardennais rouan, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire [identité non communicable en raison d’un accord de confidentialité], de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour un paysan des XVe et XVIIe siècles, avoir un cheval est un signe d’aisance, car cela nécessite divers investissements (nourriture en avoine, harnachement, ferrage), des apprentissages (débourrage, mise aux brancards) et des soins pour éviter les maladies. Celles-ci sont nombreuses[1] comme la pneumonie, la pleurésie, les ophtalmies, les coliques, la gourme[2], la morve[3], le farcin[4]  ou la gale.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6516819, Dubroca, Daniel, Traité des chevaux ardennais, ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont, ce qu’ils peuvent et doivent être, Charleville : Jules Huart, imprimeur, 1846, 123 p., p. 82-111, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, S-26453, consultable en ligne sur Gallica.

[2] Maladie des voies respiratoires due à une bactérie, fréquente chez des sujets de moins de cinq ans.

[3] Maladie infectieuse qui peut se transmettre à l’homme.

[4] Manifestation sous forme de gonflements sur la peau de la morve.


Entraînement au pneu pour tracer un sillon de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entraînement au pneu pour tracer un sillon de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un cheval permet à son propriétaire de faire les labours à la bonne époque, alors que celui qui n’en a pas doit louer « des journées » pour accomplir les tâches agricoles. Celles-ci parfois s’en trouvent retardées, et accomplies à des moments moins propices.

Entraînement au pneu pour apprendre à tourner de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entraînement au pneu pour apprendre à tourner de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Entraînement au pneu sur sol montueux de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entraînement au pneu sur sol montueux de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les chevaux ardennais sont appréciés pour cette tâche agricole car « les pieds ne s’enfoncent pas dans un sol ameublé[1] ou sablonneux, et c’est pourquoi ils sont très utiles au travail de la terre[2] ». D’autre part, l’Ardennais « ne crée pas d’ornière, sa démarche régularise les infiltrations d’eau et l’empreinte des sabots fixe le ruissellement et le freine[3]. »


[1] Lire « ameubli » (rendu meuble).

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9601451, Robien, Henry de, Le Cheval ardennais en Lorraine – au pays d’Ardennes, Paris : Lucien Laveur, éditeur, 1909, VIII-52 p., p. 44, texte numérisé d’après l’original du Château-Musée de Saumur, 2015-87468, consultable en ligne sur Gallica.

[3] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-99049, La culture équestre occidentale, XVIe-XIXe siècle : l’ombre du cheval. I, Le cheval moteur : essai sur l’utilité équestre, Paris : Fayard, 2008, 479 p., p. 124.


Transport de troncs d'arbres à La Romagne, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur René Lelong †).
Transport de troncs d’arbres à La Romagne, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur René Lelong †).

Ce cheval est aussi très utile pour rentrer les récoltes dans les granges, le débardage du bois, les déplacements en carriole ou en cabriolet pour les plus aisés. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, le curé signale qu’il ne peut atteindre certains hameaux éloignés de La Romagne d’un quart de lieue car il est « difficile d’aller sans un cheval à cause d’un petit ruisseau qu’il y a à passer à moins qu’on ne fasse un détour d’un quart de lieue »[1]. Pour cet ecclésiastique, un cheval est un moyen d’action indispensable pour se rendre auprès des malades ou des mourants vivant dans les hameaux éloignés de la paroisse, surtout en hiver.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Louis d'or, Metz, 1787, avers (ou droit) représentant la tête nue de Louis XVI à gauche, avec la légende circulaire  « LUD. XVI. D. G. FR. ET NAV. REX ».
Louis d’or, Metz, 1787, avers (ou droit) représentant la tête nue de Louis XVI à gauche, avec la légende circulaire « LUD. XVI. D. G. FR. ET NAV. REX ».

L’état des routes est mauvais : depuis le XVe siècle, la réparation des chemins est à la charge des communautés. Sully essaie d’améliorer le système en créant des « voyeurs », qui examinent les routes et chemins pour fixer avec les syndics communaux le nombre de jours nécessaires pour les réparations. Louis XIV institue la corvée royale, à laquelle les intendants ont recours. Elle est impopulaire, car elle pèse lourdement sur le monde rural.

Liée au nombre de chevaux possédés, elle doit être effectuée le plus souvent au moment où les travaux des champs sont les plus importants. Pour pallier ces désagréments, à partir de 1776, les paroisses peuvent opter pour une contribution et remplacer ainsi les douze jours de corvée. C’est le choix fait par le village, qui doit s’acquitter de la somme de 207 livres en 1787 et 1789.


Char à foin, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes).  Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Char à foin, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir de la Révolution, chaque cultivateur devient susceptible de fournir des chevaux « pour la République ». En brumaire An IV[1], le village dispose désormais de soixante-dix chevaux (à titre de comparaison, soixante sont répertoriés en 1773). Il est obligé d’envoyer une attelée de quatre chevaux pour porter du fourrage et des grains vers le Luxembourg, Rethel et Mézières, afin d’approvisionner les magasins militaires. Le canton doit fournir de son côté en tout huit voitures. Le mois suivant, ce sont seize voitures cantonales qui doivent être cédées, et trois nouveaux chevaux pour le village[2].


[1] Soit octobre 1795.

[2] Archives départementales des Ardennes, L 1336 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = Canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819].


Hôtesse de Damouzy, jument ardennaise bai brun en train de manger du foin,  prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Hôtesse de Damouzy, jument ardennaise bai brun en train de manger du foin, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Parfois, probablement las des réquisitions continuelles, les cultivateurs essaient de résister et de tromper les commissions. C’est ce que fait Thomas Devie, qui aurait dû montrer une jument lui appartenant, et qui n’a pas présenté le bon cheval à un examen pour faire établir un certificat. Comme les commissaires ont remarqué le subterfuge, il va devoir la conduire au plus vite sous peine de confiscation. L’absence d’un jugement ultérieur semble prouver qu’il s’est exécuté. Il figure parmi les laboureurs qui doivent toujours être prêts à produire leurs chevaux en cas de réquisition. Rien que pour l’an VII[1], Charles Thomas, Thomas Devie, Jean-Baptiste Baule[2] et Pierre-Simon Legros sont sollicités à plusieurs reprises : ils doivent tenir leurs chevaux à disposition pour le choix qui devra être fait d’une réquisition[3].


[1] 1798.

[2] Bolle.

[3] Archives départementales des Ardennes, L 1236-1337 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = Canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819].


Muséum-aquarium de Nancy, galerie de zoologie, numéro d'inventaire 2014.3.1, Bourguet, Michel (créateur), naturalisation de cheval de trait ardennais, cuir, métal, polyuréthane, bois, 2012, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'association Musées Grand Est (Metz).
Muséum-aquarium de Nancy, galerie de zoologie, numéro d’inventaire 2014.3.1, Bourguet, Michel (créateur), naturalisation de cheval de trait ardennais, cuir, métal, polyuréthane, bois, 2012, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’association Musées Grand Est (Metz).

Ceux dont les chevaux sont sollicités sont indemnisés par l’ensemble des propriétaires d’équidés de la commune, sachant que ces derniers seront ensuite remboursés de leurs avances par l’Etat[1]. Mais l’argent ne rentre pas toujours très vite, la République étant souvent à court d’argent !


[1] Archives départementales des Ardennes, L 1337 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = Canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819].


Musée des beaux-arts et d'archéologie (Besançon), numéro d’inventaire B.990.1.1,
Swebach, Bernard Edouard (peintre, aquarelliste, graveur), La Retraite de Russie, huile sur toile, 1838, notice descriptive consultable en ligne sur Mémoire vive, le patrimoine numérisé de Besançon.
Musée des beaux-arts et d’archéologie (Besançon), numéro d’inventaire B.990.1.1,
Swebach, Bernard Edouard (peintre, aquarelliste, graveur), La Retraite de Russie, huile sur toile, 1838, notice descriptive consultable en ligne sur Mémoire vive, le patrimoine numérisé de Besançon.

Les états préparatoires et les réquisitions se poursuivent jusqu’à la fin de l’Empire, car les armées impériales sont grandes consommatrices de chevaux. En effet, Napoléon utilise des levées, en particulier d’Ardennais, pour le convoyage de ses pièces d’artillerie : un état dénombre, pour La Romagne, quatre-vingt-quatre chevaux susceptibles d’être réquisitionnés en 1813. Il est à noter que la plupart des chevaux qui sont sortis de la bataille de la Bérézina étaient ces robustes bêtes, ce que corrobore cette remarque de Paul Diffloth[1] : « Les chevaux semèrent de leurs cadavres la route de la retraite ; seuls, les chevaux ardennais, accoutumés au rude climat de leur pays, supportèrent vaillamment ces épreuves et ramenèrent en France l’artillerie impériale[2]. »


[1] Ingénieur agronome, professeur spécial d’agriculture.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-3410797, Diffloth, Paul, Races chevalines : zootechnie, Paris : J.-B. Baillière et fils, 1909, VIII-467 p.-20 pl., « Encyclopédie agricole », p.192-193, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-S-12845, consultable en ligne sur Gallica. Cité par Zeer, Joseph-Théophile, Le cheval ardennais dans l’Est, Paris : Berger-Levrault, 1925, XV-124 p.-VI pl., p.3, Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6527919, texte numérisé d’après l’original de l’Institut français du cheval et de l’équitation, 2013-100035, consultable en ligne sur Gallica.


Le nombre d’équidés susceptibles d’être réquisitionnés parmi l’ensemble de ceux qui sont possédés par les différents propriétaires romanais passe en 1817 à quatre-vingt-quatorze[1].

Nom du propriétaire des chevauxNombre de chevaux possédés en 1813Nombres de chevaux possédés en 1817
J.-B. Boudié44
J. Charles Boudié44
Boudsocq (meunier)11
J.-B. Canard33
J. Deligny35
J.-B. Devie810
Pierre Devie (militaire)33
François Devie22
Pierre Nicolas Devie45
Louis Devie34
J.-B. Dupont24
J. Charles Dupont67
Hubert Langlet34
Laroche (tailleur)03
Hubert Laroche22
Hubert Laroche (garçon)11
Pierre Laroche44
Simon Legros79
Jean Lepinois34
J.-B. Mauroy34
Gérard Merlin88
Marie-Jeanne Merlin56
J.-B. Thomas33
Bonnais (Bois Diot)02
Les propriétaires de chevaux de La Romagne du XIX e siècle peuvent voir leurs animaux réquisitionnés.

[1] Archives départementales des Ardennes, 7J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].


Roger-Viollet (Firme), référence 79448-14, Guerre 1914-1918. Homme peignant un cheval blanc en marron pour le camoufler, prise de vue du 1e  juin 1915, notice descriptive consultable en ligne sur le site de agence photographique (commanditaire).
Roger-Viollet (Firme), référence 79448-14, Guerre 1914-1918. Homme peignant un cheval blanc en marron pour le camoufler, prise de vue du 1e juin 1915, notice descriptive consultable en ligne sur le site de agence photographique (commanditaire).

Même si les guerres s’estompent sur le territoire français de 1815 à 1870, des états de chevaux à réquisitionner sont dressés dans le but de faire face à un éventuel conflit. Il en sera de même jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. L’arrondissement de Rethel compte encore en 1929 plus de dix mille chevaux, et une station de monte se trouve installée par l’administration des haras à Rocquigny.


Inventée par Émeric Lesix en 1859, la trépigneuse est un manège qui utilise la force motrice du cheval pour faire fonctionner des machines agricoles. Prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes).  Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Inventée par Émeric Lesix en 1859, la trépigneuse est un manège qui utilise la force motrice du cheval pour faire fonctionner des machines agricoles. Prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir des années 1950, le nombre des chevaux diminue à cause du développement de l’utilisation des tracteurs et des automobiles, mais aussi en raison d’une évolution des exploitations agricoles, qui se tournent non plus vers la culture mais vers l’élevage.

Catégories
Guerre mondiale (1914-1918) Militaires

Les natifs de La Romagne mobilisés en 1914-1918 (A-F)


Désiré Vital Bonhomme en tenue de sapeur du génie (collection privée, © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME).
Désiré Vital Bonhomme en tenue de sapeur du génie (collection privée, © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME).

Bonhomme, Désiré Vital, charpentier, classe de mobilisation 1896, n° matricule du recrutement 2146[1], décoré de la croix de guerre, carte du combattant délivrée le 14 août 1930, né le 14 février 1880 à La Romagne, fils de Barthélemy Bonhomme et d’Elisabeth Olive Dupont.

Croix de guerre 1914-1918 (avers).
Croix de guerre 1914-1918 (avers).

Désiré Vital Bonhomme, affecté au 132e régiment d’infanterie, est rappelé à l’activité par la mobilisation générale (décret du 1er août 1914) et arrive au corps le 12 août 1914 dans la 19e compagnie du 132e d’infanterie, unité combattante. Il y restera apparemment jusque fin septembre ou début octobre 1915.

132e régiment d'infanterie (monument aux morts à Reims).
132e régiment d’infanterie (monument aux morts à Reims).

Ce régiment du 132e est en garnison à Reims. Il se met en route pour se porter vers la Belgique par étapes successives sous une chaleur accablante. Le 23 août au soir, il franchit la frontière et bivouaque entre Sartiau et Beaumont. Dans le lointain, des villages sont en feu. Le 24 août, il reçoit le baptême du feu et se dirige le soir sur Berelles, puis atteint Saint-Hilaire-sur-Helpe. Les jours suivants sont pénibles en raison de la fatigue, de l’encombrement des routes et du manque de ravitaillement. Du 2 au 4 septembre, il suit le mouvement général de retraite et livre un rude combat à Courboin. Le recul se poursuit, et le régiment se retrouve aux environs de Villers-Saint-Georges.

Le 12 au soir, il atteint Trigny (au nord-ouest de Reims) et, le lendemain, il doit se porter sur Prouvais. Il n’y reste pas et, à la suite de combats et sous le feu ennemi, il se porte sur Berry-au-Bac où il franchit l’Aisne. En octobre, il se trouve dans la région sud de Soissons. Le 13, il relève la tranchée entre Vailly et Soupir. Les bombardements sont incessants et le 30, il est cantonné à Limé où il se reforme durant les jours suivants. A partir du 7 novembre, il relève des fractions du premier corps d’armée dans les tranchées entre Vailly et Cys. Durant de longs mois, les soldats ne vont connaître que la vie de tranchées.

La cuirasse, le pot-en-tête et le sigle RF (République française) forment un ensemble typique du casque Adrian de sapeur du génie (modèle de 1915).
La cuirasse, le pot-en-tête et le sigle RF (République française) sont typiques du casque Adrian de sapeur du génie (modèle de 1915).

Désiré Vital Bonhomme rejoint ensuite le 1er génie compagnie 22/63 (le 1er octobre 1915) puis le 21e génie compagnie 22/63 (le 1er juillet 1917). Il est évacué le 1er août 1917 pour blessure à la jambe reçue à Verdun. A ce moment-là, il a le grade de maître-ouvrier. C’est une distinction traditionnelle spécifique de l’arme du génie, qui reconnaît par-là les qualités professionnelles du soldat, bien que le grade officiel soit celui de sapeur.

Bibliothèque de l'Institut de France, ms. 7755, croquis de guerre d’un sapeur, 1914-15-16, Champagne et Argonne, par A. Gayraud, sous-officier, sapeur du 1er génie, vingt-neuf aquarelles de formats divers collées sur des cartons forts gris ou bruns, ensemble consultable en ligne.
Bibliothèque de l’Institut de France, ms. 7755, Croquis de guerre d’un sapeur, 1914-15-16, Champagne et Argonne, par A. Gayraud, sous-officier, sapeur du 1er génie, vingt-neuf aquarelles de formats divers collées sur des cartons forts gris ou bruns, ensemble consultable en ligne.

La compagnie 22/63 va avoir plusieurs citations, la première à l’ordre du 32e corps d’armée n° 672/A du 10 octobre 1917 : « A toujours fait preuve d’un entrain et d’un courage dignes d’admiration sous la conduite de son chef le capitaine Chalon ; s’est fait particulièrement remarquer par sa ténacité au cours des attaques du 20 août et du 8 septembre 1917 ; a continué ses belles traditions et n’a cessé de montrer les plus précieuses qualités militaires en travaillant sans relâche avec un calme qui ne s’est jamais démenti sous des bombardements journaliers d’une extrême violence et dans des nappes de gaz toxiques. Malgré des pertes sévères, a rempli à l’entière satisfaction de tous, les missions qui lui ont été confiées. Superbe unité, d’un moral des plus élevés, dont le dévouement et l’esprit de sacrifice sont au-dessus de tout éloge ».

Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, 398AP/36, Tirage gélatino-argentique, masques à oxygène mis au point par le docteur Sicard (1917-1918).
Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, 398AP/36, tirage gélatino-argentique, masques à oxygène du docteur Sicard (1917-1918).

L’unité reçoit une nouvelle citation à l’ordre de la 3e armée n° 514 du 19 septembre 1918 : « Sous l’énergique impulsion de son chef le capitaine Chalon, la compagnie 22/63 du 21e régiment de génie a continué ses belles traditions et n’a cessé de montrer les plus précieuses qualités militaires. Engagée dans la région de Monchy-Humières, a assuré dans des conditions particulièrement pénibles la construction des passerelles sur l’Aronde, a ensuite coopéré à la défense des positions et contribué par sa bravoure à briser les efforts ennemis pendant les journées du 9 au 11 juin 1918. Le 28 août 1918, brillamment entraînée par son chef le capitaine Paul Chalon, électrisée par l’attitude du sous-lieutenant Gaston Rey, a organisé le franchissement d’une rivière sans souci des lourdes pertes que lui faisaient subir quatre mitrailleuses ennemies installées sous casemate à moins de 50 m. A réussi à assurer avec des moyens de fortune, le passage de tout un bataillon, enthousiasmé par l’attitude héroïque de ses sapeurs ».


Fourragère aux couleurs de la croix de Guerre 1914-1918.
Fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1914-1918.

Le droit au port de la fourragère aux couleurs de la croix de guerre a été conféré à la compagnie 22/63 par ordre n° 132F du Général en chef commandant, en date du 3 octobre 1918. Désiré Vital Bonhomme est évacué le 22 mai 1918 pour éclats de grenade à la main gauche avec plaie profonde reçus à « Bois-le-Prêtre » (ambulance 5/69) puis pour blessures [sans plus de précisions] au cours d’opérations militaires (ambulance 15/17) et le 26 juillet 1918 pour avoir été atteint par le gaz moutarde (ypérite) à Soissons. En congé de démobilisation le 21 février 1919.

Bois-le-Prêtre en Meurthe-et-Moselle (Priesterwald pour les Allemands) est un lieu emblématique pour la violence de ses combats (proximité des lignes adverses, combats au corps-à-corps, utilisation de lance-flammes et de gaz de combat et recours au fourneau  de mine pour les explosifs).
Bois-le-Prêtre en Meurthe-et-Moselle (Priesterwald pour les Allemands) est un lieu emblématique pour la violence de ses combats (proximité des lignes adverses, combats au corps-à-corps, utilisation de lance-flammes et de gaz de combat et recours au fourneau de mine pour les explosifs).

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1266 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne. Voir aussi les archives départementales des Ardennes, 3R2 28 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].


La seconde bataille de Champagne oppose les troupes françaises et les troupes allemandes à partir du 25 septembre 1915 (carte postale ancienne).
La seconde bataille de Champagne oppose les troupes françaises et allemandes à partir du 25 septembre 1915 (carte postale ancienne).

Carbonneaux, Adolphe Alfred Edmond, valet de chambre, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 2212[1], né le 17 avril 1878 à La Romagne, fils d’Auguste Adolphe Carbonneaux et de Marie Domitille Chanonier.

Adolphe Alfred Edmond Carbonneaux, affecté au 150e régiment d’infanterie, tué à l’ennemi le 26 septembre 1915 lors de la bataille de Champagne, est cité pour son action héroïque sur le monument aux morts de la Romagne.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1246 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Bataille de Verdun (21 février-18 décembre 1916), timbre de 2016.
Bataille de Verdun (21 février-18 décembre 1916), timbre de 2016.

Carbonneaux, Marceaux Alfred, peintre en bâtiment, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 618[1], décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire par décret du 23 octobre 1933, carte du combattant n° 13579, né le 17 février 1891 à La Romagne, fils de Nicolas Arsène Carbonneaux et de Marie Léa Rose Mauroy.

Médaille militaire (avers).
Médaille militaire (avers).

Marceaux Alfred Carbonneaux a participé à une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 31 octobre 1917. Blessé par éclats d’obus le 27 février 1916 au Fort de Vaux (Meuse) et atteint d’une plaie à la main gauche, il est cité à l’ordre du régiment n°9 du 31 mai 1916 « Soldat plein d’allant et de crânerie s’offrant toujours pour les missions périlleuses. A rempli son rôle d’agent de liaison volontaire avec le plus complet mépris du danger du 21 au 27 février. A été grièvement blessé ». Il a d’ailleurs été réformé suite à ses blessures (pour limitations des mouvements du poignet et des mouvements des doigts) par la commission de Toulouse le 25 juin 1917.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 248 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne. Voir aussi les archives départementales des Ardennes, 3R 241 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].

Le fort de Vaux est l'un des hauts lieux de la bataille de Verdun en 1916 (carte postale ancienne).
Le fort de Vaux est un haut lieu de la bataille de Verdun (carte postale ancienne).

Des centaines de milliers d'hommes ont été mobilisés dès 1914 pour le service de la garde des voies de communication (aquarelle par André Marcy).
Des centaines de milliers d’hommes ont été mobilisés en août 1914 pour le service de la garde des voies de communication (aquarelle par André Marcy).

Carbonneaux, Nicolas Aristide, domestique, classe de mobilisation 1889, n° matricule du recrutement 1545[1], né le 22 avril 1869 à La Romagne, fils de Pierre Hubert Carbonneaux et de Marie Célina Bolle.

Nicolas Aristide Carbonneaux, mobilisé, est affecté au service des gardes des voies de communication. Il est libéré le 24 novembre 1914 puis est convoqué en avril 1915 et détaché en 1917 comme métayer à Sermiers (Marne). Il est renvoyé dans ses foyers le 30 novembre 1918. Il a participé à des campagnes contre l’Allemagne du 1er août 1914 au 22 novembre 1914 puis du 20 avril 1915 au 2 mars 1917.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1151 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Le dessin de Benjamin Rabier fait allusion à l'obusier de 420 mm de diamètre et de 16 calibres de long surnommé « la grosse Bertha ».
Le dessin de Benjamin Rabier fait allusion à l’obusier de 420 mm de diamètre surnommé « la Grosse Bertha ».

Champenois, Arthur, cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 1016[1], né le 7 octobre 1882 à La Romagne, fils d’Ernest Joseph Champenois et Marie Léonie Ingebos.

Arthur Champenois a été mobilisé au 164e régiment d’infanterie, puis au 54e le 28 juillet 1916. Il a reçu une blessure de guerre par éclats d’obus. Il a dû subir une énucléation de l’œil droit. L’acuité visuelle de son œil gauche a été réduite à la perception lumineuse.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 185 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

La Fondation des aveugles de guerre reprend l'héritage de l'union créée le 18 décembre 1918 et reconnue d’utilité publique par décret du 9 avril 1921.
La Fondation des aveugles de guerre reprend l’héritage de l’union créée le 18 décembre 1918 et reconnue d’utilité publique par décret du 9 avril 1921.

Chemins de fer de l'Est Ardennes françaises visite champs de batailles de 1918 (affiche).
La Compagnie des chemins de fer de l’Est (Ardennes françaises) a organisé après 1918 des visites des champs de batailles.

Chrétien, Eugène Jean Baptiste, ouvrier agricole, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 81[1], né le 20 mars 1883 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Venant Chrétien et de Marie Désirée Cugnard.

Eugène Jean Baptiste Chrétien a été affecté aux chemins de fer de l’Est comme poseur de rails. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 20 mars 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 177 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


La Macérienne, qui tire son nom des habitants de Mézières (dont la commune n'avait pas encore fusionnée avec Charleville), est une des usines Clément Bayard (carte postale ancienne).
La Macérienne, qui tire son nom des habitants de Mézières (dont la commune n’avait pas encore fusionnée avec Charleville), est une des usines Clément Bayard (carte postale ancienne).

Chrétien, Gustave Henri, employé de commerce puis cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 245[1], né le 25 décembre 1887 à La Romagne, carte du combattant, fils de Jean-Baptiste Chrétien et de Marie Désirée Cugnard.

Archives départementales des Hauts-de-Seine, 24FI116, affiche de l’illustrateur Louis-Charles Bombled pour une bicyclette militaire de Clément Paris cycles et automobiles [vers 1910].

Gustave Henri Chrétien, mobilisé au 2e bataillon du 46e Régiment d’artillerie, est ensuite affecté au 161e régiment d’infanterie (le 17 avril 1915). Il est évacué en Champagne pour maladie fin septembre 1915. Il est alors détaché aux établissements Clément Bayard (le 23 octobre 1915). Il rejoint le 71e régiment d’infanterie le 20 juin 1916, puis le 25e régiment d’infanterie le 30 mai 1917. Plus tard, il est affecté à des sections de COA[2]. Il est intoxiqué par des gaz en août 1917. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne à partir du 2 août 1914 et a été démobilisé le 18 juillet 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 207 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne. Voir aussi les archives départementales des Ardennes, 3R2 49 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].

[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6239483, Historique du 5e régiment d'artillerie à pied pendant la guerre 1914-1918, Paris ; Nancy ; Strasbourg : Berger-Levrault, [19..], 60 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-323730, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6239483, Historique du 5e régiment d’artillerie à pied pendant la guerre 1914-1918, Paris ; Nancy ; Strasbourg : Berger-Levrault, [19..], 60 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-323730, consultable en ligne sur Gallica.

Chrétien, Pierre Firmin, vannier, classe de mobilisation 1895, n° matricule du recrutement 798[1], né le 26 novembre 1875 à La Romagne, fils de François Emile Chrétien[2] et de Marie Désirée Cugnard.

Pierre Firmin Chrétien passe du 5e au 3e régiment d’artillerie à pied le 7 mai 1916, puis au 70e régiment d’artillerie lourde grande puissance le 1er août 1917. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 22 janvier 1919.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims,1R 1210 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

[2] Jean Baptiste Venant Chrétien d’après les archives départementales des Ardennes, 2E 369 6 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 2E = documents de l’état civil en provenance du greffe du tribunal de grande instance de Charleville, cote 369 = fonds concernant La Romagne, sous-cote 6 = décennie 1873-1882].


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6336301, 2e Escadron du train des équipages militaires : 2e corps d'armée : historique guerre 1914-1918, Amiens : Maurice Laforest imprimeur, [vers 1920], 40 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-181268, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6336301, 2e Escadron du train des équipages militaires : 2e corps d’armée : historique guerre 1914-1918, Amiens : Maurice Laforest imprimeur, [vers 1920], 40 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-181268, consultable en ligne sur Gallica.

Couvin, Armand Joseph, domestique puis cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 236[1], né le 3 novembre 1882, fils d’Alfred Fulgence Couvin et de Marie Eugénie Champenois.

Armand Joseph Couvin se trouve en novembre 1914 au 2e escadron du train des équipages puis passe au 82e régiment d’artillerie lourde, avant d’intégrer le 18 décembre 1918 le 85e régiment d’artillerie lourde. Il a été démobilisé le 3 mars 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 165 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Diplôme de garde-voie édité par Marcel Daguet, estampe en couleurs (1917).
Diplôme de garde-voie édité par Marcel Daguet, estampe en couleurs (1917).

Devie, Auguste Gustave, domestique, classe de mobilisation 1887, n° matricule du recrutement 1898[1], né le 15 août 1867 à La Romagne, fils de Nicolas Devie et de Marie Eugénie Lebrun.

Auguste Gustave Devie a été mobilisé et affecté au service des gardes des voies de communication. Il a été délivré de ses obligations le 2 septembre 1914. Il est pris dans les lignes allemandes le 7 septembre. Il ne sera libéré de l’occupation que le 6 novembre 1918. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 1er août 1918 au 2 septembre 1914.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1131 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Infirmerie et mess des officiers à Mailly-le-Camp, où le baraquement des troupes est organisé depuis 1900 (carte postale ancienne).
Infirmerie et mess des officiers à Mailly-le-Camp, où le baraquement des troupes est organisé depuis 1900 (carte postale ancienne).

Devie, Jean Baptiste Alfred, berger puis cultivateur, classe de mobilisation 1902, n° de matricule du recrutement 195[1], né le 24 février 1888 à La Romagne. Fils de Charles Victor Devie et de Marie Ursule Jennepin.

Jean Baptiste Alfred Devie, mobilisé au 161e régiment d’infanterie, part en convalescence durant 2 mois (du 25 août au 24 octobre 1914 à Chaumont-Porcien). Prisonnier civil, il est évacué par le centre de rapatriement du camp de Mailly. Il passe au 94e régiment d’infanterie le 23 janvier 1919 et est en congé de démobilisation en juillet 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 215 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


La Compagnie des chemins de fer de l'Est convie la France à commémorer la victoire de Verdun (affiche ancienne).
La Compagnie des chemins de fer de l’Est convie la France à commémorer la victoire de Verdun (affiche ancienne).

Devie, Louis Aristide, ouvrier de culture, classe de mobilisation 1908, n° matricule du recrutement 226[1], né le 8 juin 1887 à La Romagne. Fils de Paul Emile Devie et Marie Armande Delaitre.

Louis Aristide Devie est maintenu dans son emploi de temps de paix au titre des sections de campagne de la compagnie des chemins de fer de l’Est du 2 août 1914 au 23 octobre 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 207 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6361616, Historique du 82e R. A. L., Paris : H. Charles-Lavauzelle, 1920, 19 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-320813, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6361616, Historique du 82e R. A. L., Paris : H. Charles-Lavauzelle, 1920, 19 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-320813, consultable en ligne sur Gallica.

Devie, Lucien Jude, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1893, n° matricule du recrutement 365[1], né le 15 avril 1873, fils naturel d’Eugénie Arthémise Deville.

Lucien Jude Devie est mobilisé au 5e régiment d’artillerie à pied au 16 avril 1916, puis rejoint le 82e régiment d’artillerie lourde. Il est affecté au 30 avril 1917 au 83e régiment d’artillerie lourde, revient au 82e le 3 octobre avant d’être versé le 21 décembre de la même année au 9e régiment d’artillerie à pied. Blessé le 9 avril 1916 à son poste de combat, il est cité à l’ordre de l’armée : « Bon soldat, courageux, très brave au feu. A été blessé à son poste de combat le 9 avril 1916. » Son congé de démobilisation intervient le 11 janvier 1919.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1187 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

Barrette Dixmude de la croix de guerre 1914-1918 (palme de bronze).
Barrette Dixmude de la croix de guerre 1914-1918 (palme de bronze).

Médaille interalliée commémorative de la première guerre mondiale dite de la victoire (avers).
Médaille interalliée commémorative de la première guerre mondiale dite de la victoire (avers).

Devie, Paul Alfred, cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 621[1], décoré de la médaille de la victoire le 23 février 1935, carte du combattant délivrée le 5 novembre 1927, né le 5 septembre 1882 à La Romagne, fils de Gustave Omer Devie et de Marie Emma Célestine Collet.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6348015, Le 1er Régiment de marche de zouaves dans la Grande Guerre 1914-1919, Marseille : Imprimerie Ferran jeune, [vers 1920], 78 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-179937, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6348015, Le 1er Régiment de marche de zouaves dans la Grande Guerre 1914-1919, Marseille : Imprimerie Ferran jeune, [vers 1920], 78 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-179937, consultable en ligne sur Gallica.

Paul Alfred Devie, mobilisé au 132e d’infanterie, est passé à la 6e section de COA[2] le 3 mars 1918 et au 1er régiment de zouaves le 6 mai 1918, puis au 355e régiment d’infanterie. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 12 août 1914 au 4 mars 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 169 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Ce timbre qui commémore la mobilisation générale du 2 août 1914 montre l'abandon de la moisson par les paysans et le défilé des soldats dans les rues.
Ce timbre qui commémore la mobilisation générale du 2 août 1914 montre le défilé des soldats dans les rues et l’abandon de la moisson par les paysans.

Devie, Paul Emile, domestique de culture, puis découpeur, conducteur d’automobiles, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 188[1], né le 26 janvier 1886 à La Romagne, fils de Paul Emile Devie et de Marie Armande Delaitre.

Paul Emile Devie a participé à une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 11 novembre 1918, au réseau de la Compagnie des chemins de fer de l’Est.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 200 série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Le 106e régiment d'infanterie a le droit de porter la fourragère aux couleurs de la médaille militaire.
Le 106e régiment d’infanterie porte la fourragère aux couleurs du ruban de la médaille militaire.

Devie, Paul Henri, boulanger, classe de mobilisation 1888, n° matricule du recrutement 347[1], né le 21 janvier 1868 à La Romagne, fils naturel d’Eugénie Arthémise Devie.

Paul Henri Devie, parti pour le 106e régiment d’infanterie, rejoint la 6e section des COA[2]. Il est renvoyé dans ses foyers le 19 avril 1915.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1138 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Ceux de 14 est un recueil de Maurice Genevoix qui comprend plusieurs récits (Sous Verdun, Nuits de guerre, Au seuil des guitounes, La Boue, Les Éparges).
Ceux de 14 est un recueil de Maurice Genevoix qui comprend plusieurs récits (Sous Verdun, Nuits de guerre, Au seuil des guitounes, La Boue, Les Éparges).

Douce Jean Baptiste Emile, ouvrier agricole, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 136[1], né le 21 novembre 1890 à La Romagne, fils de Pierre Louis Isaie Douce et de Marie Estelle Miclet.

Jean Baptiste Emile Douce, tué à l’ennemi le 1e juin 1917, est cité pour son action héroïque sur le monument aux morts de la Romagne.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 234 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


La Compagnie des chemins de fer de l'Est a édité cette affiche pour commémorer la victoire de Verdun.
La Compagnie des chemins de fer de l’Est a édité cette affiche pour commémorer la victoire de Verdun.

Dupont, Jean Baptiste Hippolyte, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1894, n° matricule du recrutement 1908[1], né le 15 avril 1874 à La Romagne, fils de Jean Louis Ernest Dupont et Marie Zoé Charbonneaux.

Jean Baptiste Hippolyte Dupont a été maintenu à son emploi de temps de paix au titre des sections de chemins de fer de campagne du 2 août 1914 au 5 janvier 1919.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1201 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

Catégories
Guerre mondiale (1914-1918) Militaires

Les natifs de La Romagne mobilisés en 1914-1918 (G-L)


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6350372, Historique du 30e régiment de dragons : campagne 1914-1918, Nancy ; Paris ; Strasbourg : Berger-Levrault, [19..], 36 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-180401, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6350372, Historique du 30e régiment de dragons : campagne 1914-1918, Nancy ; Paris ; Strasbourg : Berger-Levrault, [19..], 36 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-180401, consultable en ligne sur Gallica.

Gingembre, Emile, boucher (« sait tuer »), classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 1825[1], né le 8 octobre 1889 à La Romagne, fils d’André Emile Gingembre et de Marie Aline Ronsin.

Emile Gingembre, mobilisé au 30e régiment de dragons, passe au 1er génie à Versailles le 7 janvier 1916 puis au 21e génie le 1er avril 1918. Il a été démobilisé le 27 juillet 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 221 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Grade de caporal-chef ou brigadier-chef.
Le grade de caporal-chef ou brigadier-chef a remplacé celui de caporal-fourrier.

Gosset, Emile Fernand, instituteur, classe de mobilisation 1898, n° matricule du recrutement 2135[1], né le 24 janvier 1879 à La Romagne, fils de Jean Nicolas Joseph Emile Gosset et d’Anne Philomène Trébuchet.

Grade de sergent-chef.
Le grade de sergent-chef a remplacé ceux de sergent-fourrier et de sergent-major.

Emile Fernand Gosset, en unité combattante du 5 août 1914 au 18 février 1918, a été promu caporal-fourrier le 26 juin 1915, sergent-fourrier le 26 janvier 1916, puis sergent-major le 27 juin 1916. Il a été affecté au 9e bataillon du 135e régiment d’infanterie le 14 février 1918 puis au 9ème bataillon du 43ème régiment d’infanterie. Son congé de démobilisation a eu lieu le 20 janvier 1919.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1156 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Le monument aux morts d'Aubérive honore le 103e régiment d'infanterie.
Le monument aux morts d’Aubérive honore le 103e régiment d’infanterie.

Hézette, Louis Julien, manœuvrier puis meuleur, classe de mobilisation 1898, n° matricule du recrutement 796[1], né le 20 mai 1881 à La Romagne, fils de Philomen Paulin Hezette et de Marie Catherine Léa Boudsocq.

Louis Julien Hézette est en unité combattante au 255e régiment, du 3 août 1914 au 13 avril 1916, puis du 9 août 1916 au 27 juillet 1918. Il est ensuite affecté au 103e régiment d’infanterie, où il se trouve du 9 septembre 1918 au 11 novembre. Il se rengage à la fin de la guerre.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 161 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Médaille commémorative de la guerre 1914-1918 (avers).
Médaille commémorative de la guerre 1914-1918 (avers).

Lacour, Marcel Georges, ouvrier agricole, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 2184[1], décoré de la médaille de la victoire, de la médaille commémorative française de la Grande Guerre et de la médaille militaire (par décret du 9 juillet 1928), né le 6 novembre 1880 à La Romagne, fils d’Auguste Lacour et de Florestine Dela.

Barrette Dixmude de la médaille interalliée commémorative de la première guerre mondiale dite de la victoire.
Barrette Dixmude de la médaille interalliée commémorative de la première guerre mondiale dite de la victoire.

Marcel Georges Lacour, parti en 1901 dans le 16e régiment de dragons et envoyé dans la disponibilité le 22 septembre 1904, a rejoint par ordre de mobilisation générale la 6e légion de gendarmerie le 2 août 1914. Il s’y est rengagé après la première guerre mondiale. Il a été admis comme officier de carrière le 1er avril 1928.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1266 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

Barrette Dixmude de la médaille militaire.
Barrette Dixmude de la médaille militaire.

Médaille commémorative de la guerre 1914-1918 (revers).
Médaille commémorative de la guerre 1914-1918 (revers).

Lallement, Elie Abel Félicien, ouvrier maréchal-ferrant, puis maréchal-forgeron, classe de mobilisation 1902, n° matricule du recrutement 2093[1], décoré de la médaille de la victoire et de la médaille commémorative de la Grande Guerre, né le 1er juin 1889 à La Romagne, fils d’Arsène Lallement et de Marie Clotilde Eugénie Cugnart.

Médaille interalliée commémorative de la première guerre mondiale dite de la victoire (revers).
Médaille interalliée commémorative de la première guerre mondiale dite de la victoire (revers).

Emile Abel Félicien Lallement, mobilisé au 3e régiment de cuirassiers, passe ensuite au 33e régiment d’artillerie (le 31 janvier 1916) puis au 49e régiment d’artillerie (le 8 décembre 1916). Du 25 décembre 1916 au 27 mai 1917, il est dirigé sur l’armée d’Orient, non combattante. Il passe au 115e régiment d’artillerie lourde avant d’être réaffecté au 49e (le 27 mai 1917), puis au 33e régiment d’artillerie (le 23 février 1918). Il est démobilisé le 13 février 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 224 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


La croix de guerre de 1914-1918 avec étoile de bronze correspond à une citation à l'ordre du régiment (ou de la brigade).
La croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze correspond à une citation à l’ordre du régiment (ou de la brigade).

Lallement, Victor Elie, maréchal-ferrant, conducteur d’automobiles, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 193[1], décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, né le 25 février 1886 à La Romagne, fils d’Arsène Lallement et de Marie Clotilde Eugénie Cugnart.

Barrette Dixmude de la croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze.
Barrette Dixmude de la croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze.

Victor Elie Lallement est cité à l’ordre du 155e régiment d’infanterie du 28 novembre 1918 : « soldat brave et dévoué, a toujours donné entièrement satisfaction dans l’accomplissement de ses fonctions et principalement pendant les combats offensifs d’août et septembre 1918 ».


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 200 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6336275, Labrousse-Fonbelle, Louis-Jean-François, Le 61e Régiment d'artillerie de campagne : du 1er août 1914 au 23 juillet 1919, Nancy : Berger-Levrault ; Metz : T. Schneider, 1920, 64 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-181980, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6336275, Labrousse-Fonbelle, Louis-Jean-François, Le 61e Régiment d’artillerie de campagne : du 1er août 1914 au 23 juillet 1919, Nancy : Berger-Levrault ; Metz : T. Schneider, 1920, 64 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-181980, consultable en ligne sur Gallica.

Lambert, Auguste Julien, ouvrier agricole puis poseur au service des voies, classe de mobilisation 1902, carte du combattant n° 7734, n° matricule du recrutement 1351[1], né le 25 juin 1893 à La Romagne, fils de Jules Emile Lambert et de Marie Léontine Fétrot.

Auguste Julien Lambert a été incorporé au 61e régiment d’artillerie de campagne puis au 13e régiment d’artillerie de campagne le 1e juillet 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 270 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

Le Bleuet de France est une œuvre caritative intégrée à l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre. La fleur des champs bien connue des ouvriers agricoles est aujourd'hui un symbole du souvenir.
Le Bleuet de France est une œuvre caritative intégrée à l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre. La fleur des champs bien connue des ouvriers agricoles est aujourd’hui un symbole du souvenir.

Plus de cent ans après, les entonnoirs résultant d'explosions de mines sont toujours visibles aux Éparges.
Plus de cent ans après, les entonnoirs résultant d’explosions de mines sont toujours visibles aux Éparges.

Lambert, Auguste Ulysse, domestique de culture, puis jardinier, classe de mobilisation 1904, n° matricule du recrutement 162[1], carte du combattant délivrée le 28 février 1930, né le 10 avril 1890 à La Romagne, fils de Jules Emile Lambert et de Marie Léontine Fétrot.

Auguste Ulysse Lambert, mobilisé au 132e d’infanterie, est fait prisonnier aux Éparges le 8 mai 1915. Il est évacué par le centre de rapatriement de Nancy et arrive au dépôt transition isolé de la 6e région le 16 décembre 1918, selon un avis du 132e régiment d’infanterie du 14 janvier 1919. Son congé de démobilisation débute le 17 juillet 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 234 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Lange, Pierre Arthur, cultivateur, classe de mobilisation 1887, n° de matricule du recrutement 123[1], né le 29 juillet 1867 à La Romagne, fils d’Auguste Lange et d’Aglaé Eliacime Larmigny.

Cet insigne du Bleuet de France rappelle l’uniforme bleu horizon des jeunes recrues.
Cet insigne du Bleuet de France rappelle l’uniforme bleu horizon des jeunes recrues.

Pierre Arthur Lange, parti le 10 novembre 1888 au 37e régiment d’infanterie, caporal maître-armurier le 25 septembre 1890, rappelé par ordre du 1e août 1914, puis libéré le 2 septembre 1914, est resté en pays envahi pendant toute la durée de l’occupation allemande.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R1128 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Cette émission philatélique commémore le centenaire de la mobilisation générale.
Cette émission philatélique commémore le centenaire de la mobilisation générale du 2 août 1914.

Larchet, Alfred Zéphirin, manœuvrier, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 632[1], décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec palme, né le 29 avril 1882 à La Romagne, fils de Léon Ponce Larchet et de Désirée Lebrun.

Cette enveloppe premier jour a été émise à l'occasion du cinquantenaire de la croix de guerre 1914-1918.
Cette enveloppe a été émise pour le cinquantenaire 1915-1965 de la croix de guerre 1914-1918.

Alfred Zéphirin Larchet a été cité à l’ordre du régiment par décision 1218 du grand quartier général le 31 juillet 1915 : « A eu les pieds gelés à la suite d’un séjour prolongé dans les tranchées. Il a été amputé du pied gauche et a subi la désarticulation du gros orteil droit. S’est toujours bien conduit, très bon soldat sous tous les rapports ». Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 12 août 1914 au 29 avril 1916.

Médaille militaire (revers).

[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 169 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Les Éditions Terres Ardennaises et le Geschichtsverein des Kreises Euskirchen e.V. ont publié ce livre sur l'occupation allemande dans les Ardennes en 1914-1918.
Terres Ardennaises et le Geschichtsverein des Kreises Euskirchen e.V. ont publié ce livre sur l’occupation allemande dans les Ardennes pendant la première guerre mondiale.

Ledouble, Jean Baptiste Jules, sans profession, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 2256[1], né le 31 août 1892 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Ovide Ledouble et de Marie Catherine Brodier.

Jean Baptiste Jules Ledouble est exempté de service militaire. Il est pris dans les lignes allemandes le 28 août 1914 et sera délivré de l’occupation le 6 novembre 1918.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 259 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Une croix de guerre pour citation à l'ordre du corps d'armée se distingue par une étoile vermeil.
Une croix de guerre pour citation à l’ordre du corps d’armée se distingue par une étoile vermeil.

Legros, Victor Auguste, boulanger, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 112[1], décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, né le 1er novembre 1883 à La Romagne, fils de Charles Adolphe Auguste Legros et de Maria Devie.

Victor Auguste Legros a rejoint la 3e section de COA[2] le 15 décembre 1915. Il est affecté au 5e régiment d’infanterie le 23 avril 1916, est incorporé au 35e régiment d’infanterie le 25 septembre 1916, au 242e régiment d’infanterie le 15 décembre 1916, puis au 372e régiment d’infanterie le 30 septembre 1917. Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 27 mars 1919. Il est cité à l’ordre du régiment n° 484 du 21 juin 1918 : « Très bon sous-officier au cours de l’attaque du 10 juin 1918, a fait preuve de la plus belle endurance et d’une énergie remarquable ». Son congé de démobilisation date du 27 mars 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 177 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Le Kronprinz (prince héritier) a dirigé l'occupation des Ardennes en 1914-1918 depuis son quartier général à Charleville.
Le Kronprinz (prince héritier) a dirigé l’occupation des Ardennes en 1914-1918 depuis son quartier général à Charleville.

Lelong, Jules Alcide, cultivateur, classe de mobilisation 1889, n° matricule du recrutement 1502[1], né le 16 octobre 1869 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Joseph Lelong et de Zélie Canneaux.

Jules Alcide Lelong, mobilisé, est dégagé de ses obligations militaires le 2 septembre et pris dans les lignes allemandes à La Romagne le 9 septembre 1914. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 1e août au 2 septembre 1914.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1151 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

Catégories
Guerre mondiale (1914-1918) Militaires

Les natifs de La Romagne mobilisés en 1914-1918 (M-Z)


Affiche de la Compagnie des chemins de fer de l'Est pour les Ardennes françaises.
Affiche de la Compagnie des chemins de fer de l’Est pour les Ardennes françaises.

Macquin, Brice Adolphe, menuisier puis épicier, classe de mobilisation 1900, n° matricule du recrutement 1013[1], né le 8 mai 1884 à La Romagne, fils de François Aristide Macquin et de Marie Sidonie Brodier.

Brice Adolphe Macquin a été maintenu à son emploi de temps de paix au titre des sections de chemins de fer de l’Est. Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 20 mars 1919. Il n’a pas sollicité la carte de combattant.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 185 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Le 16e régiment de dragons a occupé la caserne Jeanne-d'Arc à Reims jusqu'en 1914.
Le 16e régiment de dragons a occupé la caserne Jeanne-d’Arc à Reims jusqu’en 1914.

Macquin, Joseph Emile, cultivateur, classe de mobilisation 1906, n° matricule du recrutement 157[1], né le 27 mars 1890 à La Romagne, fils de François Aristide Macquin et Marie Sidonie Brodier.

Joseph Emile Macquin est au 16e régiment de dragons puis au 9e de dragons, avant de rejoindre le 1er groupe de remonte. Il est touché à la joue gauche et au thorax par éclats d’obus le 9 janvier 1918 : « Grenadier d’élite, blessé à son poste qu’il a occupé avec beaucoup de décision et courage sous un bombardement très violent (certificat n°21/4 par ordre du régiment n°27 au 1er février 1918) ». Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 29 mai 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 234 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Portrait en uniforme de Paul Eugène Macquin, parti le 12 novembre 1895 au 161e régiment d'artillerie (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Raphaël Lacaille).
Portrait de Paul Eugène Macquin, parti le 12 novembre 1895 au 161e régiment d’artillerie (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Raphaël Lacaille).

Macquin, Paul Eugène, vannier, classe de mobilisation 1891, n° matricule du recrutement 1882[1], né le 1er mars 1874 à La Romagne, fils d’Antoine Jude Macquin et de Marie Elvire Devie.

Paul Eugène Macquin est mobilisé au 46e régiment territorial d’infanterie. Il effectue une campagne contre l’Allemagne du 1er août 1914 au 22 novembre 1914. Il est libéré des obligations militaires comme père de six enfants. Il sera rappelé le 5 mars 1915 au 46e régiment d’infanterie territoriale mais sera renvoyé dans ses foyers à la même date.

Le monument aux Morts des 132e, 332e et 46e d’infanterie a été transféré en 1933 place-Léon Bourgeois.
Le monument aux Morts des 132e, 332e et 46e d’infanterie a été transféré en 1933 place Léon-Bourgeois à Reims.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1201 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Pendant la première guerre mondiale, le cheval ardennais est très sollicité pour tirer les chariots d'artillerie (photographie d'illustration).
Pendant la première guerre mondiale, le cheval ardennais est très sollicité pour tirer les chariots d’artillerie (photographie d’illustration).

Marandel, Célestin Alfred, maréchal-ferrant, classe de mobilisation 1890, n° matricule du recrutement 403[1], né le 28 octobre 1870, fils de Jean Louis Marandel et de Marie Ernestine Millet.

Célestin Alfred Marandel est convoqué dès la mobilisation à la commission de réquisition des chevaux et voitures du camp de Châlons, puis libéré le 12 août 1914. Il reste ensuite en pays envahi pendant toute l’occupation allemande.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1159 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Grade de caporal ou brigadier.
Grade de caporal ou brigadier.

Marandel, Ernest Florentin, classe de mobilisation 1894, boulanger (« sait cuire »), n° matricule du recrutement n° 1896[1], né le 4 janvier 1874 à La Romagne, fils de Jean Louis Marandel et de Marie Ernestine Millet.

Ernest Florentin Marandel, caporal depuis le 1e décembre 1897, est mobilisé à la 6e section de COA[2], passe ensuite à la 1ère section de COA le 1er février 1916, puis à la 17ème section de COA le 16 mars 1917. Il effectue une campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 10 janvier 1919.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1201 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Affiche de la Compagnie des chemins de fer de l'Est pour la destination de Charleville.
Affiche de la Compagnie des chemins de fer de l’Est pour la destination de Charleville.

Mauroy, Frédéric Henri, manœuvrier, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 239[1], né le 31 octobre 1887 à La Romagne, fils de Louis Alfred Mauroy et de Marie Léonie Devie.

Frédéric Henri Mauroy est maintenu dans son emploi de temps de paix au titre des sections des chemins de fer de campagne du 2 août 1914 au 23 octobre 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 207 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


L'Agence internationale des prisonniers de guerre est un service du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) fondé en 1914.
L’Agence internationale des prisonniers de guerre est un service du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) fondé en 1914.

Mauroy, Henri Alphonse, menuisier en voitures puis charron carrossier, industriel, permis de conduire 8178 (toutes voitures) classe de mobilisation 1900, n° matricule du recrutement 1001[1], né le 28 juin 1884 à La Romagne, fils de Napoléon Mauroy et d’Irma Varlet. 

Henri Alphonse Mauroy est mobilisé au 5e régiment d’artillerie à pied. Il est fait prisonnier à Givet[2] le 26 août 1914 et passe sa captivité à Konigsbrück. Il est rapatrié le 28 décembre 1918 puis rejoint le 5e régiment d’artillerie en janvier 1919. Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 18 mars 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 185 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne. Voir aussi les archives départementales des Ardennes, 3R2 160 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].

[2] Le dossier d’ancien combattant dit « à Longwy ».


Un entonnoir (ici sur la crête des Éparges) est une cavité artificielle creusée par des mines ou des obus.
Un entonnoir (ici sur la crête des Éparges) est une cavité artificielle creusée par des mines ou des obus.

Mauroy, Louis Emile, couvreur puis plombier, conducteur d’automobiles, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 356[1], né le 9 mai 1881 à La Romagne, fils de Napoléon Mauroy et d’Irma Varlet.

Louis Emile Mauroy est mobilisé au 132e Régiment d’infanterie. Caporal le 24 mars 1915, il est détaché à la maison Barthe à Toulouse le 10 mars 1916. Il passe au 23e régiment d’artillerie le 1er juillet 1917. Il est détaché une seconde fois le 25 février 1918 dans une fabrique de Pont-de-Claix (Isère). Il passe le 28 février au 147e régiment d’infanterie. Il, est blessé aux Éparges le 5 avril 1915 par balle au coude gauche. Son congé de démobilisation date du 2 mars 1919.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1272 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6347738, Historique du 37e régiment territorial d'infanterie pendant la guerre 1914-1918, Nancy ; Paris ; Strasbourg : Berger-Levrault, [19..], 18 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-179772, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6347738, Historique du 37e régiment territorial d’infanterie pendant la guerre 1914-1918, Nancy ; Paris ; Strasbourg : Berger-Levrault, [19..], 18 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-179772, consultable en ligne sur Gallica.

Mauroy, Louis Paul, garçon charcutier, classe de mobilisation 1896, n° matricule du recrutement 392[1], décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, né le 13 juillet 1876 à La Romagne, fils de Pierre Evangéliste Mauroy et de Marie Léa Bolle.

Commémoration philatélique du centenaire de la croix de guerre.
Commémoration philatélique du centenaire de la croix de guerre 1914-1918.

Louis Paul Mauroy est mobilisé au 37e territorial d’infanterie. Ensuite, il passe au 204e régiment d’infanterie le 28 janvier 1915, puis au 27e régiment d’infanterie territoriale le 17 juin 1917. Il a été blessé le 14 juin 1915 à Notre-Dame-de-Lorette (plaies par éclats d’obus). Il a été cité à l’ordre du régiment n° 131 en date du 21 octobre 1917. Son congé de démobilisation date du 27 janvier 1919.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1220 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6347911, Historique du 6e escadron du train des équipages militaires. Campagne 1914-1918, Châlons-sur-Marne : Impr. A. Robat, 1922, 24 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-181186, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6347911, Historique du 6e escadron du train des équipages militaires. Campagne 1914-1918, Châlons-sur-Marne : Impr. A. Robat, 1922, 24 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2012-181186, consultable en ligne sur Gallica.

Mauroy Paulin Pierre, charpentier, classe de mobilisation 1898, n° matricule du recrutement 2190[1], né le 19 avril 1878 à la Romagne, fils de Pierre Evangéliste Mauroy et de Marie Léa Bolle.

La garde mobile de la Marne est l'ancêtre de l'infanterie territoriale développée pendant la première guerre mondiale.
La garde nationale mobile est l’ancêtre de l’infanterie territoriale développée pendant la première guerre mondiale.

Paulin Pierre Mauroy rejoint tout d’abord le 6e escadron du train, puis est détaché auprès de la maison A. Masson : matériel de guerre du génie, rue Preuilly à Auxerre. II passe au 46e régiment d’infanterie le 1er juillet 1917. Il est en congé de démobilisation le 27 février 1919. Il a effectué une campagne contre l’Allemagne du 4 août 1914 au 1er décembre 1915.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1 R 1246 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6216971, 9e Régiment du génie : historique de la compagnie 6/1 pendant la guerre 1914-1918, Nancy ; Paris ; Strasbourg : Imprimerie Berger-Levrault, [19..], 16 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-320394, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6216971, 9e Régiment du génie : historique de la compagnie 6/1 pendant la guerre 1914-1918, Nancy ; Paris ; Strasbourg : Imprimerie Berger-Levrault, [19..], 16 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-320394, consultable en ligne sur Gallica.

Millet, Irénée Alfred, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1890, n° matricule du recrutement 400[1], né le 21 avril 1870, fils de François Xavier Millet et d’Elisabeth Esther Deville.

Irénée Alfred Millet a été mobilisé, alors que son pays était envahi. Il rejoint le 9e régiment de génie le 7 septembre 1914. Il est renvoyé dans ses foyers en décembre 1914, mais est rappelé toujours au 9e régiment du génie à partir d’avril 1915. Il passe ensuite au 1er puis au 5e avant d’être affecté au 37e régiment d’infanterie en novembre 1917, pour être ensuite détaché agricole compagnie B à la préfecture de Troyes (Aube). Il est renvoyé dans ses foyers le 1er décembre 1918. Il a effectué des campagnes contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 12 décembre 1914 puis du 1er Avril au 26 août 1917.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1159 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6253889, 6e Groupe d'artillerie à pied d'Afrique : historique du corps pendant la campagne contre l'Allemagne 1914-1919, Alger : impr de Imbert, [19..], 76 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-320980, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6253889, 6e Groupe d’artillerie à pied d’Afrique : historique du corps pendant la campagne contre l’Allemagne 1914-1919, Alger : impr de Imbert, [19..], 76 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-320980, consultable en ligne sur Gallica.

Millet, Edmond Abel, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1895, n° matricule du recrutement 736[1], né le 27 février 1877 à La Romagne, fils de François Xavier Millet et d’Elisabeth Esther Deville.

Edmond Abel Millet a d’abord été mobilisé au 5e régiment d’artillerie à pied. Il passe ensuite au 6e groupe d’artillerie à pied d’Afrique puis au 10e régiment d’artillerie à pied. Son congé de démobilisation commence le 31 janvier 1919.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1232 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Le lundi 21 février 1916 à 7 h 15, un déluge de feu s'abat sur Verdun.
Le lundi 21 février 1916 à 7 h 15, un déluge de feu s’abat sur Verdun.

Noël, Jean-Baptiste Hubert, ouvrier agricole puis mécanicien sur locomotive, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 127[1], décoré de la croix de guerre, carte du combattant n° 11388 délivrée le 28 mars 1935, né le 7 juin 1885 à La Romagne, fils de Pierre Emile Noël et de Clémence Mauroy.

Le fort de Vaux est aujourd'hui un lieu mémoriel (jeton frappé par la Monnaie de Paris).
Le fort de Vaux est aujourd’hui un lieu mémoriel (jeton frappé par la Monnaie de Paris).

Jean Baptiste Hubert Noël est mobilisé au 19e régiment de chasseurs (le 3 août 1914). Ensuite, il passe au 10e régiment de chasseurs (le 17 février 1915), au 4e régiment des chasseurs d’Afrique (le 31 juillet 1915), au 97e régiment d’infanterie (le 7 septembre 1915), au 152e régiment d’infanterie (le 9 novembre 1916), et enfin au 68e régiment d’artillerie (le 18 septembre 1917). Il est cité à l’ordre du 152e régiment d’infanterie n° 100 en date du 14 juin 1917 : « Fusilier mitrailleur d’un courage et d’un sang-froid au-dessus de tout éloge. S’est distingué d’une façon toute particulière le 28 mai 1917 pendant l’attaque et au moment de la contre-attaque ». Il a été blessé par éclats d’obus à Vaux (Meuse).


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 193 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

Barrette Dixmude de la croix de guerre 1914-1918.
Barrette Dixmude de la croix de guerre 1914-1918.

Carte illustrée allemande de 1914-1918 par Wilhelm-Rögge (1870-1946).
Carte postale allemande du dessinateur de presse Wilhelm-Rögge (1870-1946).

Pagnié, Antoine Elie, cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 192[1], né le 16 février 1888 à La Romagne, fils de Jules Pagnié et de Marie Adeline Alixe Noiret.

Antoine Elie Pagnié été convoqué à la mobilisation générale puis renvoyé dans ses foyers le 18 août 1914. Rappelé le 7 novembre 1914, il n’a pas rejoint son régiment : il est présumé être resté en pays envahi, pris dans les lignes allemandes à La Romagne le 28 août 1914 (selon l’avis de la gendarmerie de Chaumont-Porcien en date du 1er mai 1919).


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 215 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Archives municipales de Toulouse, 16Fi22/63, vue intérieure du bâtiment de l'usine de produits explosifs, dite la Poudrerie nationale, photographie consultable en ligne.
Archives municipales de Toulouse, 16Fi22/63, vue intérieure du bâtiment de l’usine de produits explosifs, dite la Poudrerie nationale, ouvrières en habit de travail blanc avec coiffe, photographie numérisée consultable en ligne.

Pagnié, Frédéric Lucien, cultivateur puis propriétaire éleveur, classe de mobilisation 1897, n° matricule du recrutement 315[1], né le 24 septembre 1885 à La Romagne, fils de Jules Pagnié et de Marie Adeline Noiret.

Frédéric Lucien Pagnié est mobilisé au régiment d’infanterie de Toulouse (ville dans laquelle il réside alors). Il est ensuite au 57e régiment d’artillerie, puis détaché à la poudrerie de Toulouse avant d’être au 14e régiment d’infanterie (le 1er juillet 1917). Il est démobilisé le 4 avril 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 193 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6216904, Historique du 14e régiment d'infanterie, Toulouse : Imprimerie et librairie Edouard Privat, 1920, 110 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-324147, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6216904, Historique du 14e régiment d’infanterie, Toulouse : Imprimerie et librairie Edouard Privat, 1920, 110 p., texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-324147, consultable en ligne sur Gallica.

La Fondation des aveugles de guerre redonne l'espoir aux victimes de confits qui ont perdu la vue.
La Fondation des aveugles de guerre redonne l’espoir aux victimes de confits qui ont perdu la vue.

Petitti, François Désiré, patron boulanger, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 2288[1], né le 18 septembre 1884 à La Romagne, fils de Bernard Petitti et de Marie Angèle Dupont.

François Désiré Petitti, borgne de l’œil droit, est tout d’abord exempté par la commission de réforme mais, le 26 mai 1917, il doit rejoindre la 22e section COA[2]. Il est placé ensuite en sursis du 15 janvier au 30 juin 1918. Mais ce sursis est annulé et il rentre au corps le 13 avril 1918. Il est démobilisé en mars 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 186 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Médaille des 46e, 132e et 332e régiments d'infanterie.
Médaille des 46e, 132e et 332e régiments d’infanterie.

Roncin, Calixte Sulpice, maréchal-ferrant, classe de mobilisation 1894, n° matricule du recrutement 1887[1], né le 2 novembre 1874, fils de Chrysostome Sulpice Roncin et de Stéphanie Fressencourt.

Calixte Sulpice Roncin, mobilisé au 46e territorial d’infanterie, est libéré le 20 août 1914. Il a effectué une campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 20 août 1914. Il est décédé le 15 août 1917 à Labry (Meurthe et Moselle).


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1201 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Croix de guerre 1914-1918 (revers).
Croix de guerre 1914-1918 (revers).

Sinet, Jules, ouvrier agricole, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 17[1], décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre du régiment, carte du combattant n° 10158, né le 24 mai 1879 à La Romagne, fils de Paulin Sinet et de Marie Olive Lelong.

Chemin de fer industriel de la plaine Saint-Denis et d'Aubervilliers.
Chemin de fer industriel de la plaine Saint-Denis et d’Aubervilliers.

Jules Sinet est mis en sursis d’appel (prolongé jusqu’au 31 janvier 1917) au titre de la société anonyme du chemin de fer industriel de la plaine Saint-Denis et d’Aubervilliers. Il est ensuite détaché au 19e régiment de chasseurs à cheval, puis au 72e régiment d’infanterie comme éclaireur monté. Il est démobilisé le 30 janvier 1919. Il a obtenu une citation : « A, sous un bombardement d’une extrême violence, assuré la liaison avec un bataillon engagé dans des circonstances particulièrement difficiles ».


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 149 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.


Le Souvenir français est une association créée en 1887 qui entretient la mémoire des soldats morts pour la France.
Le Souvenir français entretient la mémoire des soldats morts pour la France.

Vuilmet, Lucien Hubert, vannier, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 1009[1], né le 18 mai 1884 à La Romagne, fils de Pierre Marcellin Vuilmet et d’Appolline Adoxie Noël.

Lucien Hubert Vuilmet a été maintenu dans son emploi de temps de paix au titre des sections des chemins de fer de l’Est. Il a effectué une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 20 mars 1919.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 185 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.

Catégories
Guerres napoléoniennes (1800-1815) Militaires

Les soldats natifs de La Romagne dans les guerres napoléoniennes (1800-1815)


Fondation Napoléon.
La Fondation Napoléon et son site d’histoire napoleon.org.

Le bicentenaire de la mort de l’Empereur sera bientôt commémoré au sein du label « 2021 année Napoléon » (soutenu par la Fondation Napoléon et le Souvenir napoléonien). En hommage à la bataille d’Austerlitz (11 frimaire an XIV, soit le lundi 2 décembre 1805), le blog laromagne.info évoque les soldats romanais qui ont participé aux guerres du Premier Empire.


Devie, Charles Louis, né à La Romagne [date inconnue], † le 22 septembre 1809 dans un hôpital de Vienne (Autriche) à la suite de fièvres, cuirassier au 7e régiment, 3e escadron, 7e compagnie[1].

Armoiries de Vienne (Autriche).
Armoiries de Vienne (Autriche).

[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 12 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 12 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, an XI-1812], acte de décès, vue 28/43, consultable en ligne.


Devie, Jacques Innocent, né le 16 juin 1784 à la Romagne, † le 13 juin 1846 à La Romagne, fils d’Antoine Devie et de Marguerite Jonet, conscrit de l’an III. Il est au 45e régiment d’infanterie de ligne du 30 septembre 1813 au 24 février 1814[1].


[1] Service historique de la Défense, SHD/GR 21 YC 390 [ensemble GR = guerre et armée de terre, série Y = archives collectives et individuelles du personnel, sous-série YC = contrôles de la troupe, section 21 YC = infanterie de ligne, 1er à 156e régiment (1802-1815)].


Napoléon à la bataille d'Austerlitz par François Gérard.
Napoléon à la bataille d’Austerlitz par François Gérard.

Devie, Pierre, né le 7 septembre 1777 à La Romagne, fils de Charles Thomas Devie et de Madeleine Vitter, dragon au 10e régiment. Ses états de service montrent qu’il a parcouru l’Europe en participant aux campagnes d’Italie (Ans IV et V), de Hollande (an VIII). Il rejoint l’armée des côtes de l’Océan (an IX) et se bat à Austerlitz, Eylau et Friedland. Il est même allé en Espagne (Benavente), où il a été blessé au bras gauche, ce qui a mis un terme à sa carrière. Il revient ensuite vivre dans son village (où il se marie) après 16 ans, 4 mois, 4 jours de service[1].

La Bataille de Friedland par Horace Vernet.
La Bataille de Friedland par Horace Vernet.

[1] Service historique de l’armée de terre [devenu le département terre du Service historique de la Défense], GR 2 YF 22041 [ensemble GR = guerre et armée de terre, série Y = archives collectives et individuelles du personnel, sous-série YF = dossiers de pensions militaires, section 2 YF = pensions (1801-1817)].


Dupont, Jean-Pierre, né à La Romagne [date inconnue], † le 7 avril 1809 à Pampelune lors de la guerre d’indépendance espagnole, fusilier de la 1e compagnie du 3e bataillon du 28e régiment d’infanterie légère.

Blason communal de Pampelune (Espagne).
Blason communal de Pampelune (Espagne).

La Bataille d'Essling par Fernand Cormon.
La Bataille d’Essling par Fernand Cormon.

Hamel, Jean-Baptiste, né le 27 février 1774 à La Romagne, fils de Robert Hamel et Marie-Nicolle Langlet, volontaire dans le 3e bataillon de la légion des Ardennes le 15 septembre 1792. Il combat aux armées du Nord et de la Moselle de 1792 à l’an II, passe le 14 pluviôse an II dans le 4e régiment de cavalerie (4e régiment de cuirassiers en l’an XI), fait avec ce nouveau corps les guerres de l’an III à l’an IX aux armées de Sambre et Meuse, de Rhin et Moselle, d’Allemagne, du Danube, du Rhin et obtient le grades de brigadier et de maréchal des logis. En garnison à Metz pendant les ans XII et XIII, il sert pendant les campagnes de 1807, 1808 et 1809. Nommé maréchal des logis le 1er mars 1807, adjudant sous-officier le 1er mars 1809, sous-lieutenant puis lieutenant les 3 juin et 1e septembre de la même année. Attaché au corps d’observation de l’Elbe en 1812, fait capitaine le 17 juin de la même année, il a combattu à Essling et a été blessé de deux balles à Wagram. Il est admis à la retraite le 19 novembre1812. Il a été promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur à dater du 14 juin 1804[1].

Bataille de Wagram par Horace Vernet.
Bataille de Wagram par Horace Vernet.

Médaille de la Légion d’honneur (avers).
Médaille de la Légion d’honneur (avers).

[1] Archives nationales, LH1261/39 [base de données Léonore, donnant accès aux dossiers nominatifs des personnes nommées ou promues dans l’ordre de la Légion d’honneur depuis 1802 et décédées avant 1977].

Médaille de la Légion d’honneur (revers).
Médaille de la Légion d’honneur (revers).

Hamel, Jean-Baptiste, né à La Romagne [date inconnue], fils de Pierre Hamel et Marguerite Bouillard, carabinier du 1er bataillon du 24e régiment d’infanterie légère tué à Bergfried sur le champ de bataille le 3 février 1807.  Cette bataille se passe lors de la quatrième coalition (1806-1807) entre les troupes dirigées par le maréchal Ney, le maréchal Augereau et le maréchal Soult et l’arrière-garde de Bennigsen, général en chef de l’armée russe d’origine allemande.  Le 24e régiment d’infanterie légère aborde parmi les premiers l’ennemi et essuie un certain nombre de pertes. Cette bataille précède de quelques jours la bataille d’Eylau[1].

Napoléon à la Bataille d'Eylau par Antoine-Jean Gros.
Napoléon à la Bataille d’Eylau par Antoine-Jean Gros.

[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfiche, MFICHE 8-LC20-57, Laurent, Paul, « Chronique : les Ardennais morts dans les guerres de la République et de l’Empire (1792-1815) », in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome cinquième, 1898, p. 336-344. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Hamel, Jean-Baptiste, né à La Romagne [date inconnue], † le 13 octobre 1813 à la bataille de Leipzig lors de la sixième coalition à suite d’un coup de feu, carabinier à la compagnie du 1er régiment du train d’artillerie de la garde impériale.

Retraite des Français après la bataille de Leipzig le 19 octobre 1813 par François Louis Couché, dit Couché fils.
Retraite des Français après la bataille de Leipzig (le 19 octobre 1813), gravure de François Louis Couché, dit Couché fils.

Laroche, Jean-Baptiste, né le 2 janvier 1780 à La Romagne, † le 16 décembre 1806 à l’hôpital militaire de Split (actuelle Croatie) lors de la Campagne de Dalmatie, à la suite de fièvres, fils de Hubert Laroche et de Marie Sacré, conscrit de l’an IX, enrôlé à l’armée le 25 ventôse an XI, nommé caporal au 11e régiment d’infanterie de ligne, premier bataillon, 5e compagnie[1].

Comitat de Split-Dalmatie (Croatie).
Comitat de Split-Dalmatie (Croatie).

[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 12 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 12 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, an XI-1812], acte de décès, vue 24/43, consultable en ligne. Voir aussi Service historique de la Défense, SHD/GR 21 YC 94 [ensemble GR = guerre et armée de terre, série Y = archives collectives et individuelles du personnel, sous-série YC = contrôles de la troupe, section 21 YC = infanterie de ligne, 1er à 156e régiment (1802-1815)].


Mauroy, Jean-Baptiste, né le 26 juillet 1771 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Mauroy et Antoinette Bolle. Il a participé aux campagnes de 1809, 1810, 1811[1].


[1] Service historique de la Défense, SHD/GR 20 YC 143 [ensemble GR = guerre et armée de terre, série Y = archives collectives et individuelles du personnel, sous-série YC = contrôles de la troupe, section 20 YC = gardes consulaire, impériale et royale (1802-1815].


Mauroy, Nicolas François, né en 1778 à la Romagne [date précise inconnue, probablement avant le 11 mars], † le 29 octobre 1810 à l’hôpital Saint-Pierre extra muros à Pampelune (Espagne) à la suite de fièvres, fils de François Mauroy et d’Anne Marie Bolle, époux de Marie Charlotte Germain, nommé caporal le 18 avril 1810 au 50e régiment d’infanterie de ligne[1].

Napoléon recevant la capitulation de Madrid le 4 décembre 1808 par Antoine-Jean Gros (1810).
Napoléon recevant la capitulation de Madrid par Antoine-Jean Gros (1810).

[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 12 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 12 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, an XI-1812], acte de décès, vue 39/43, consultable en ligne. Voir aussi Service historique de la Défense, SHD/GR 21 YC 420 [ensemble GR = guerre et armée de terre, série Y = archives collectives et individuelles du personnel, sous-série YC = contrôles de la troupe, section 21 YC = infanterie de ligne, 1er à 156e régiment (1802-1815)].


Millet, François, né le 18 août 1783 à La Romagne, † le 13 octobre 1830 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Millet et de Marie Jeanne Hezette, marié à Marie Jeanne Alloy. Il intègre (du 15 décembre 1813 jusqu’au 23 janvier 1814) le 7e compagnie du 2e régiment d’éclaireurs [rattaché au régiment de dragons]. Puis il rejoint le bataillon des chasseurs à cheval de la ligne à compter du 21 juin 1814[1].


[1] Service historique de la Défense, SHD/GR 20 YC 155 [ensemble GR = guerre et armée de terre, série Y = archives collectives et individuelles du personnel, sous-série YC = contrôles de la troupe, section 20 YC = gardes consulaire, impériale et royale (1802-1815].


Thomas, François, né à La Romagne [date inconnue], † le 11 janvier 1810 dans un hôpital de Malines (Belgique) à la suite de fièvres, fusilier de la légion des Ardennes, 1e bataillon 8e compagnie[1].

Blason communal de Malines (Belgique).
Blason communal de Malines (Belgique).

[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 12 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 12 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, an XI-1812], acte de décès, vue 32/43, consultable en ligne.

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Guerres napoléoniennes (1800-1815) Militaires

La Romagne et l’occupation russe après les guerres napoléoniennes


Armoiries de la Russie.
Blason de la Russie.

Bien que les Ardennes aient été très souvent ravagées par les conflits, le département n’a pas été un champ de bataille napoléonien. Cependant, la population locale a subi aussi bien le recrutement militaire par Napoléon Ier que l’occupation par les troupes d’Alexandre Ier de Russie. Dans les deux cas, La Romagne a payé son tribut.

Après les guerres napoléoniennes, dont le poids s’est fait sentir par des levées en masse et un moindre entretien des terres, la population endure à partir de 1814 la présence de l’armée impériale étrangère.

Portrait d'Alexandre Ier de Russie.
Portrait d’Alexandre Ier de Russie.

L’arrondissement de Rethel doit faire face au logement de la cavalerie de l’Empire russe, ce qui pose un véritable problème pour les cantons et les communes puisque, d’après le traité de Paris du 20 novembre 1815, le séjour des troupes doit durer 5 ans.

Au départ, ces dernières sont cantonnées dans différents villages (Asfeld, Doumely) et logent chez l’habitant. Cette situation ne peut pas durer, si bien que l’on établit des casernements en mettant la population à contribution : on lui demande notamment de « fournir les matériaux (principalement du bois) pour la construction des bâtiments[1] ». L’un des campements est établi à quelques kilomètres de La Romagne, non loin de Bégny.


[1] Jadart, Henri, « Mélanges : le casernement des troupes russes dans le canton d’Asfeld, en 1817 », in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième, 1902, p. 300-304. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Le général-comte Dupont de l'Étang, ministre de la Guerre.

Les Russes qui sont installés dans le canton de Chaumont-Porcien sont toujours présents en 1816, comme en témoigne le compte rendu établi lors d’une cérémonie de confirmation qui a lieu à Chaumont. En effet, le pro-vicaire et le curé de ce lieu, à la demande de l’évêque, se rendent auprès du lieutenant-colonel ennemi « pour le complimenter de sa part[1] ». Ces politesses induites par les autorités ecclésiastiques ne doivent pas faire oublier que, dans le même temps, le commandant de la IIe division du quartier général de Mézières adresse au ministre de la Guerre, le général-comte Dupont de l’Étang, une missive d’importance. Il s’y fait le porte-parole des souffrances des Ardennais car « les campagnes sont ruinées, les habitants battus, les autorités méconnues, avilies et courbées sous le fouet des Russes et de leurs alliés[2] ».


[1] Archives départementales de la Moselle, 29J 1355 [série J = archives privées, sous-série 29J = évêché de Metz (1093-1999)].

[2] Archives départementales des Ardennes, 7J 62 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection Guelliot, érudit local].


Le IIIe corps de l’armée russe (soit environ 16 000 hommes et 800 chevaux) prend son cantonnement dans les arrondissements de Rethel, Vouziers, Sedan et Mézières. Ces troupes consomment une incroyable quantité de viande, de volailles, de fourrages et d’eau de vie : ils n’entendent pas se soumettre à des distributions réglées. Bien au contraire, ils se livrent à la rapine et au pillage !

Armoiries de l'Empire russe.
Armoiries de l’Empire russe.

Le dirigeant du cantonnement de Bégny exige que son entretien repose sur toutes les communes avoisinantes. Le maire de La Romagne, Louis Devie, reste imperméable aux diverses demandes de ce dernier, au point que le sous-préfet le menace (dans une lettre datée du 22 septembre 1817) de lui envoyer des troupes russes en cantonnement, s’il ne cède pas à son tour.

L’édile finit par obtempérer. Afin de stimuler sa coopération lors des demandes suivantes, les mêmes arguments sont employés pour que la commune participe : des voitures doivent convoyer des pierres destinées à la réalisation d’un chemin entre « la caserne et le magasin neuf » ; transporter du pain, ou encore de nombreux tonneaux d’eau de vie.

Quand ce ne sont pas des vivres qui sont réclamés, c’est du bois de chauffage qui est exigé, ou des contraintes liées à l’organisation d’un déménagement qui sont imposées (le capitaine commandant le casernement russe de Bégny devant rejoindre sa nouvelle affectation à Machault) !

Blason communal de Machault.
Le blason communal de Machault est gironné d’argent et de sable de dix pièces, chaque giron de sable chargé de trois croisettes recroisetées aussi d’argent ordonnées un deux dans le sens du giron ; au franc-quartier d’or chargé d’un lion aussi de sable, au bâton de gueules brochant en bande sur le tout.

L’année 1818 marque la fin de l’occupation russe et le déclin de la disette qui est présente dans tout l’arrondissement depuis plusieurs années, car les récoltes sont enfin abondantes dans tout le département.

Pièce de cinq roubles or de 1818 type Alexandre Ier de Russie (avers).
Aigle bicéphale russe, avers d’une pièce de cinq roubles or émise par Alexandre Ier en 1818.
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Guerre mondiale (1914-1918) Militaires

La Grande Guerre (1914-1918) à La Romagne


Le samedi 1er août 1914, à 16 heures, la guerre est déclarée. Le lendemain, tous les hommes de La Romagne en âge de l’être sont mobilisés et doivent rejoindre leurs régiments. Pour beaucoup d’entre eux, c’est le 332e régiment d’infanterie de Reims. Certains de ces mobilisés (principalement ceux qui sont cheminots à la Compagnie des chemins de fer de l’Est) se voient confirmés dans leur activité de temps de paix puisqu’ils sont affectés à l’acheminement des troupes et à l’entretien des voies ferrées de la zone des combats. Quant aux mobilisés les plus âgés, ce sont des territoriaux ; ils gardent les ponts, les gares.

Médaille de la Compagnie des chemins de fer de l’Est par Jean Vernon, 41 mm, avers (femme aux seins nus assise sur une locomotive, jetant des grains de la main gauche et tenant une corne d’abondance de la main droite).

L’entrée en guerre se fait au moment des moissons, ce qui inquiète la population du village, essentiellement paysanne. Dans son manifeste, le gouvernement français demande « de faire la moisson et de se mettre à la culture » mais on peut imaginer les difficultés que cela représente avec le bouleversement des cultures, du fait de l’absence d’une grande partie de la main-d’œuvre masculine. Désormais, les travaux agricoles vont être confiés aux femmes ou aux hommes non mobilisables (donc âgés de plus de 48 ans).

Dès le lendemain (2 août), des trains de troupes et de matériel passent en gare de Liart en direction de la frontière. En même temps, les chevaux sont réquisitionnés pour l’armée française, mais lorsque les Allemands envahissent la région rethéloise, ces derniers procèdent à de nouveaux prélèvements parmi les chevaux qui restaient.


Le blason communal de Givet est coupé au premier de gueules au sautoir d'or, au fusil du même brochant en pal, la gâchette à dextre, au deuxième d'azur à trois tours d'or, maçonnées de sable, ajourées du champ, celle du milieu ouverte d'argent, celles des flancs ouvertes du champ, rangées et posées sur une terrasse de sinople.
Le blason communal de Givet est coupé au premier de gueules au sautoir d’or, au fusil du même brochant en pal, la gâchette à dextre, au deuxième d’azur à trois tours d’or, maçonnées de sable, ajourées du champ, celle du milieu ouverte d’argent, celles des flancs ouvertes du champ, rangées et posées sur une terrasse de sinople.

Très rapidement la Belgique (quoique neutre) est envahie. Des combats sont livrés et c’est aux environs du fort de Charlemont (près de la frontière belge), à Givet ( dans les Ardennes), qu’Henri Alphonse Mauroy est fait prisonnier avant d’être envoyé en captivité à Königsbrück (Saxe) en Allemagne. Il ne sera rapatrié qu’en décembre 1918. Le récit des combats, fait par une population belge qui fuit les troupes allemandes, sème l’affolement parmi les habitants des villages ardennais qui avaient déjà subi l’invasion de 1870. C’est ainsi que le village de Fraillicourt voit arriver une masse de réfugiés dans le courant du mois d’août 1914.

Blason communal de Königsbrück.

L’étude de la cartographie en ce début de guerre renseigne sur la position des troupes françaises et allemandes. On peut noter que, du côté français, le 274e régiment d’infanterie se trouve, à la date du 13 août 1914, entre Novion-Porcien et Faissault, que le 239e est dans le secteur de Signy-l’Abbaye et Poix-Terron. Les troupes allemandes sont à Signy- l’Abbaye le 28 août et vont englober dans les jours suivants tout le secteur qui s’étend de Signy à Novion en passant par La Romagne, Ecly, etc.

Alors que la bataille entre Signy et Rethel est proche, le curé Aubenton de Fraillicourt voit arriver vers 8 heures du soir le doyen de Chaumont et le curé de La Romagne. Quelque temps après, ils décident (comme le calme est un peu rétabli) de rentrer dans leur village respectif. Ce ne sont pas les seuls à avoir été troublés en cette journée puisque, dans le même temps, « La Romagne » s’en va à Wadimont tandis que des personnes de la rue Gibourdelle (Rocquigny) vont coucher à la Hardoye. D’autres, très nombreuses, partent de Chaumont[1].

La population est terrorisée et ne sait quel parti prendre. Dès que cette première effervescence est passée, les uns et les autres regagnent leur village[2] où ils découvrent des réfugiés du Nord ou de l’Aisne. Un couple originaire d’Aguilcourt (Aisne) passe ainsi toute la durée de la guerre à La Romagne. Les registres de l’état civil témoignent de cette présence par l’inscription d’une naissance.

Durant toute la période de la guerre, le curé reste dans sa paroisse et peut apporter du réconfort à ses paroissiens. Il ne connait pas le sort peu enviable qui est celui du curé de Rocquigny[3]. Arrêté en 1915, puis retenu d’abord à Hirson il est envoyé dans un camp de prisonniers en Westphalie[4].

Blason régional de la Westphalie (Allemagne)
Blason régional de la Westphalie (Allemagne).

[1] Lefebvre, Marie, « Journal d’une jeune fille de Rocquigny pendant la première guerre mondiale », in Terres ardennaises, Charleville-Mézières : Fédération des œuvres laïques, 1982- , n° 64, octobre 1998, p. 6 et suivantes.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 25J 6 [série J = documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 25J = fonds du grand séminaire de Reims (an XII-1945)].

[3] Archives départementales des Ardennes, 1J 534, Miette-Mermoz, Roland, A travers 3 guerres ou les souvenirs d’un Ardennais [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = pièces isolées et petits fonds d’origine privée].

[4] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 25J 6 [série J = documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 25J = fonds du grand séminaire de Reims (an XII-1945)].


Le 27 août, les tunnels des environs sautent, tandis que la ville de Rethel est incendiée le 1er septembre 1914.  Dès le 30 août 1914, le village est traversé par des troupes allemandes (une compagnie cycliste) qui ne s’arrêtent pas. Ce ne sera pas la seule fois. Le dernier jour du mois, le département tout entier est placé dans la « zone des armées » et, à ce titre, des laissez-passer sont désormais nécessaires pour les déplacements dans toutes les Ardennes. L’isolement va se poursuivre avec l’installation de troupes allemandes dans les villages et leur mainmise sur la vie des habitants.

La ville de Rethel, détruite par un incendie le 1er septembre 1914, est toujours en ruines en 1922.

La Romagne reçoit des ordres allemands de Liart, Signy-l’Abbaye et Rethel, puis est rattaché à la Kommandantur de Chaumont-Porcien (ou Kommandantur d’étapes, comme dans tous les chefs-lieux de canton) qui est installée à partir du 19 octobre1914 dans les locaux de la mairie, avant d’être transférée à Rocquigny[1] à partir de décembre 1915 (ou Kommandantur de rattachement, qui contrôle plusieurs villages).

Les réquisitions commencent et sont de plus en plus fortes. Tout est saisi : chevaux, vaches, moutons, porcs, blé, avoine, œufs, lait et même les groseilles qui doivent être ramassées et apportées[2]. Toutes les cultures doivent être obligatoirement déclarées ainsi que les surfaces cultivées et c’est une véritable occupation agraire qui se met en place avec une politique agricole dictée par l’occupant. Durant toute la guerre, le canton de Chaumont-Porcien est occupé intégralement.

Il faut rappeler que le département des Ardennes est le seul en France à être occupé en totalité par les Allemands. De ce fait, tout ce qui y est produit est razzié, réquisitionné en quantité fixée à l’avance et une administration allemande (Etappen-Inspektion) organise tout au long de ces quatre années la production au profit de l’occupant[3]. Ce dernier ira jusqu’à emmener toutes les vaches laitières restant dans les villages.

Ces réquisitions posent le problème de la nourriture des habitants et de leur ravitaillement car les produits de première nécessité manquent. Le conseil municipal décide de participer à « un syndicat intercommunal » formé entre les communes des Ardennes qui adhèrent aux statuts du « Syndicat ardennais de ravitaillement pour la région de Rethel » et fixe la première année la part contributive à 30 francs par habitant, part qui augmentera régulièrement tout au long des hostilités pour atteindre dans les derniers mois de la guerre le montant de 100 f.

Maquette du billet de 100 francs créé le 2 janvier 1908 par Luc-Olivier Merson (peintre), Romagnol (gravure) ; Frédéric Florian (filigrane).
Maquette du billet de 100 francs créé le 2 janvier 1908 par Luc-Olivier Merson (peintre), Romagnol (gravure), Frédéric Florian (filigrane).

[1] La Revue rémo-ardennaise : paraissant le 25 de chaque mois. Reims : [s.n.], 1915-1919, n° 1 (25 août 1915) – n° 40 (25 mars 1919), n° 19, 25 février 1917, p. 302, à propos de Rocquigny : « Le presbytère a été pillé à peu près complètement. Le tribunal et un ‘casino’ y sont établis ». Le périodique donne régulièrement des « nouvelles du clergé en pays envahi ».

[2] Archives de la Marne, centre de Reims, 25J 6 [série J = documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 25J = fonds du grand séminaire de Reims (an XII-1945)].

[3] BDIC [Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, établissement désormais nommé La contemporaine], dossier Bx.009, Ardennes : réponses au questionnaire sur le territoire occupé par les armées allemandes. [Enquête du 24 mai 1920 au 10 juin 1920, 122 pièces]. Cote du carton à indiquer : F° Ä 1126 / 5. Voir la description du fonds par Battaglia, Aldo, La Guerre dans le ressort de l’Académie de Lille. 1914-1920, Nanterre : Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, août 2002, 115 p., p.59, consultable en ligne.


Les Allemands s’installent dans la commune en mars 1915, sans escarmouches ni combats, et sans qu’il n’y ait tout au long de cette occupation des actes de barbarie ou de sauvagerie. Si les troupes ennemies font preuve de suffisance, on ne signale que deux comportements inadmissibles : l’un, d’un officier allemand (pris d’ébriété) qui rudoie et menace un vieillard romanais ; l’autre, consistant en une gifle donnée par un soldat à un gamin.

Néanmoins, les contraintes sont nombreuses pour la population : entre août et octobre 1915, les habitants des lieux isolés du village proprement dit (hameaux du « Bois Diot », de la « Cour Avril » et du « Mont de Vergogne ») sont obligés de quitter leurs maisons et doivent vivre obligatoirement à La Romagne.

Dès leur installation, les Allemands imposent une contribution des habitants aux frais de l’armée allemande. La toute première, de 2500 francs (or, argent et billets de banque), date de novembre 1914 et est exigée par le commandant allemand de Chaumont-Porcien. La municipalité est obligée d’emprunter cette somme pour satisfaire à cette demande.

Avers (ou droit) d'1 Mark Wilhelm II type grand aigle.
Avers (ou droit) d’1 Mark Wilhelm II type grand aigle.

Les contributions suivantes (demandées chaque année) sont encore plus exorbitantes. Par exemple, les autorités allemandes réclament à toutes les communes composant le syndicat de Rethel la somme de 2 100 000 marks. La commune (comme toutes les autres qui sont dans le même cas) n’a pas le choix et accepte le projet d’émission de bons intercommunaux pour solder solidairement cette contribution. A la fin de la guerre la commune est exsangue.

1 Mark Wilhelm II type 2 grand aigle (revers).
1 Mark Wilhelm II type 2 grand aigle (revers).

Il est à noter que l’administration française (civile et militaire) ne fait pas preuve d’une grande perspicacité à l’égard des jeunes gens des classes 1915 et suivantes : étant dans l’impossibilité de répondre à la conscription en raison de l’occupation du village et de son classement en « pays envahi », ils sont déclarés insoumis. Or, ils sont en fait dans l’incapacité de répondre à tout appel. Sans être exhaustif, on peut citer Jules Henri Douce ou Axile Fernand Modeste pour avoir connu cette situation. On peut se demander quel en a été l’impact sur les familles et les intéressés, d’autant que le premier a vu son frère disparaître dans cette guerre. La mention qui figure sur leur fiche matricule est rectifiée pour ces deux-là, assez tardivement (en avril et août 1918), et transformée en « insoumis à tort » puisque « le recensement n’avait pu être fait en temps utile par suite d’un cas de force majeure ».

Les plus anciens mobilisés (comme Pierre Lange, né le 29 août 1867 ; Jules Alcide Lelong né le 16 octobre1869 ; Célestin Marandel, né le 28 octobre 1870) ont été libérés le 2 septembre 1914. Mais ils ont été pris dans les lignes allemandes et sont restés en pays envahi, comme l’attestent des avis de la gendarmerie de Chaumont-Porcien. Deux autres soldats natifs du village (Jean-Baptiste Alfred Devie et Antoine Elie Pagnié) se sont retrouvés prisonniers civils :

  • le premier à la fin août 1914, à l’issue d’un congé de convalescence ;
  • le second en octobre de la même année : après avoir tout d’abord été renvoyé dans ses foyers le 18 août, il ne peut répondre à son rappel par l’armée en novembre, en raison de la situation du village occupé.

Dans les Kommandanturen, on recense les hommes qui n’ont pas été mobilisés et on les convoque en groupe ou individuellement à se présenter à un endroit convenu pour que les autorités allemandes constatent leur présence. Ce genre de réunion se déroule au moins deux fois par mois si ce n’est plus. Les Allemands prennent des otages (sur une liste établie par les autorités occupantes) dans les villages du canton de Chaumont et les envoient à Liart où ils restent trois mois. Au bout de ce délai, ils regagnent leurs villages et sont remplacés par d’autres[1]. La docilité de la population est ainsi acquise. Ils réquisitionnent également dans le village des habitants et des habitantes pour former chaque jour la « colonne » ; ils sont contraints d’effectuer des journées de plus de 10 heures d’un dur labeur.

Tout d’abord, ce sont les élèves des écoles (tant en 1917 qu’en 1918) qui, à partir de 12 ans, sont contraints au travail : ramassage d’orties, destruction de chardons, fenaison, cueillette de mûres, etc. Ces jeunes manifestent leur aversion de plusieurs manières : en se tenant à l’écart des troupes de passage lorsque celles-ci veulent se montrer agréables aux enfants, en travaillant le moins  et le plus mal possible, ou en jetant à l’eau tout ce qu’il trouvent appartenant aux soldats (armes ou cartouches, etc.). Ensuite, ce sont des habitants valides qui n’ont pas été mobilisés soit en raison de leur situation militaire comme Alfred Devie ou Théophile Bocquet (réformés), soit à cause de leur jeune âge, comme pour André Carbonneaux[2]. Décrit comme jeune et fort, il décède à la veille de ses 18 ans après avoir reçu quelques soins d’un infirmier allemand et avoir été contraint de travailler alors qu’il était malade. Les femmes ne sont pas épargnées non plus.

La population subit une très forte pression psychologique car elle est sans cesse menacée d’amendes ou d’emprisonnement. De plus, il lui est interdit de communiquer avec les villages voisins ou de correspondre avec les siens. Il semblerait qu’un léger adoucissement ait été apporté à partir de 1916 puisque l’Allemagne permet que « fussent envoyés de l’intérieur des télégrammes transmis par la Croix-Rouge ». Mais bon nombre de ces messages n’ont jamais atteint les destinataires[3].

Ce vitrail de l’ossuaire de Douaumont (monument à la mémoire des soldats de la bataille de Verdun), réalisé par le peintre George Desvallières et le maître-verrier Jean Hébert-Stevens, représente une infirmière de la Croix-Rouge.
Ce vitrail de l’ossuaire de Douaumont, réalisé par le peintre George Desvallières et le maître-verrier Jean Hébert-Stevens, représente une infirmière de la Croix-Rouge.

[1] Archives départementales des Ardennes, 1J 534, Miette-Mermoz, Roland, A travers 3 guerres ou les souvenirs d’un Ardennais [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt, sous-série 1J = pièces isolées et petits fonds d’origine privée].

[2] Archives départementales des Ardennes, 3R 3-4 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 25J 6 [série J = documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 25J = fonds du grand séminaire de Reims (an XII-1945)].


L’infanterie allemande passe le mois de février 1916 à La Romagne, Montmeillant et ses environs. A partir du 6 juin 1916, arrivent à La Romagne des pontonniers et des fantassins allemands venant de Verdun. On fait aussitôt des logements pour les chevaux d’artillerie et les hommes en proportion[1]. La vie est particulièrement difficile avec les restrictions de toutes sortes mais, en 1917, s’ajoute à tout cela un hiver rigoureux.

Le blason communal de Verdun est d’azur à une cathédrale avec quatre flèches, derrière laquelle s’élève un beffroi, entouré de murailles, le tout d’or, maçonnée de sable.

En octobre 1918, deux ordres mettent en émoi le village : le premier est interprété comme « l’enlèvement de jeunes gens pour les conduire en Belgique » (et même peut-être plus loin) et le second comme « l’enlèvement de 26 jeunes femmes et jeunes filles ». En réalité les premiers sont de retour quelques jours après. Quant aux jeunes femmes, elles ont été conduites à Marlemont, où elles restent deux semaines pour faire le terrassement d’un champ d’aviation.

Portrait du général Adolphe Guillaumat.

Des offensives sont lancées à partir de juillet 1918 pour arracher dans une lutte acharnée la ligne Hindenburg mais surtout les défenses de la Hundig Stellung qui bordait la rive occidentale de l’Oise, de Mont-d’Origny jusqu’au confluent de la Serre. Les 31e, 116e et 149e régiments d’infanterie qui, pour certains, comprennent des troupes coloniales sénégalaises, participent aux combats pour ouvrir un passage sur l’Aisne. Le 31e, après avoir livré bataille à Nizy-le-Comte, libère Saint-Quentin-le-Petit, Sevigny et atteint Maranwez le 7 novembre avant de cantonner dans le secteur de Saint-Jean-aux-Bois. Le 6 novembre 1918, Chaumont-Porcien et Rethel sont enlevés par le général Guillaumat, aidé du premier corps d’armée américain.


[1] Lefebvre, Marie, « Journal d’une jeune fille de Rocquigny pendant la première guerre mondiale » in Terres ardennaises, Charleville-Mézières : Fédération des œuvres laïques, 1982- , n° 64, octobre 1998, p. 5-68 ; n° 65, décembre 1998, p. 1-75.


Les Français arrivent à La Romagne très exactement le 7 octobre 1918 à 7 heures du matin et progressent successivement dans cette même journée à Wasigny et Novion-Porcien, avant de se diriger sur Renwez. En parallèle, il faut noter dans ce secteur les interventions de certaines compagnies (les 5/1, 5/3 du 21e régiment du génie), chargées d’ouvrir la voie en détruisant les réseaux puis de rétablir des communications entre Sevigny-Waleppe, Renneville, Wadimont et Rocquigny (des routes étaient coupées par des entonnoirs de mines)[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6440036, Campagne 1914-1918. Historique des 1er et 21e régiments du génie, Versailles : Imprimeries Jupas et Machard, [19..], 199 p., p. 44, texte numérisé d’après le document original du Service historique de la Défense, 2011-320108, consultable en ligne sur Gallica.


Le conflit prend fin le 11 novembre 1918 mais ses traces dans les esprits ne disparaîtront jamais. Des rumeurs de « fraternisation » circulent et atteignent principalement des femmes. Sept habitants mobilisés trouvent la mort durant ces combats. Ils figurent sur le monument aux morts (ainsi qu’une victime civile, René Dubois). Quant à ceux qui en sont revenus et qui ont été blessés parfois à plusieurs reprises, ils restent hantés par d’horribles visions, dont ils n’ont pas toujours pu parler leur vie durant.

La joie de l’armistice du 11 novembre 1918 fait oublier temporairement aux soldats les traumatismes subis.

Ensuite, il faut dresser un bilan des pertes matérielles tant pour le village que pour les particuliers. C’est l’architecte de l’arrondissement de Rethel qui est chargé de procéder à l’estimation des dommages de guerre aux immeubles communaux. Quant à l’enquête de la commission cantonale de Chaumont-Porcien, elle fait apparaître que la commune de La Romagne a subi la somme de 560 122 francs de dommages agricoles et que toutes les exploitations avaient été touchées par des dégâts dont la moyenne était d’environ de 25 à 40%[1].

Médaille de la Compagnie des chemins de fer de l’Est par Jean Vernon, 41 mm, revers (train roulant dans un paysage vallonné.

La ligne de chemin de fer est endommagée dès le début de la guerre. Des réparations[2] sont nécessaires en divers points du territoire de La Romagne : c’est le cas des deux ponts qui permettent le passage au-dessus de la ligne pour les communications de La Romagne et Givron avec Draize et Wasigny et la voie le long de la Bouloi, aux Minières et au ruisseau Commelet. A l’issue de ce conflit, des enquêtes diligentées par le juge d’instruction de Rethel demandent aux diverses gendarmeries et en particulier pour les villages du canton de dresser un bilan des comportements individuels et économiques des habitants. Il en ressort que « dans les 20 communes du canton » (parmi lesquelles La Romagne est incluse), aucune personne n’a été désignée comme « ayant fait commerce avec l’ennemi en échangeant de l’or, des billets de banque ou des valeurs contre des bons de monnaie moyennant une certaine prime[3] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, 10R 81 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 10R = services temporaires de la période de guerre 1914-1918].

[2] Archives départementales des Ardennes, 9O 21 [série O = administration et comptabilité communales, sous-série 9O = reconstruction et urbanisme].

[3] Archives départementales des Ardennes, 5U 470 [série U = justice, sous-série 5U = tribunal de première instance de Rethel].


Bien que l’armistice soit effectif, la démobilisation ne va pas se faire immédiatement, même pour ceux qui habitent les régions envahies et qui n’ont pas pu durant ces quatre ans retrouver les leurs. Seuls les mobilisés des classes 1887 à 1889 peuvent rentrer chez eux dès la fin novembre 1918. Pour les autres, le retour a lieu entre le premier et le troisième trimestre de 1919. Cela a été très certainement une période compliquée à vivre pour ceux qui venaient de passer des mois et des années difficiles et éprouvants loin de leur foyer, d’autant qu’ils souhaitaient reprendre leur vie d’avant.

Blason régional de la province de Haute-Silésie (Allemagne).
Blason régional de la province de Haute-Silésie (Allemagne).

Il reste que les hommes des classes 1916, 1917 et 1918 doivent accomplir néanmoins un service militaire de trois ans et c’est ainsi que des jeunes gens de ce village se trouvent impliqués dans les conséquences de ce conflit, ne serait-ce que par leur participation au cours de leur service à l’occupation de la Haute-Silésie et de la Rhénanie (Marcel Carbonneaux) ou dans la Sarre (Albert Victor et Paul Emile Devie).

Blason de la Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne)

Cette occupation se veut dissuasive. Elle a pour but d’empêcher les Allemands de reprendre les armes. Mais elle met à jour bien d’autres sentiments (tant chez les occupés que chez les occupants qui, pour certains, rêvent de vengeance et de loi du talion) quand elle ne fait pas découvrir d’autres façons de vivre.

Blason régional de la Sarre (Allemagne).

Un autre problème surgit encore : c’est celui des prisonniers de guerre. Certes, leur rapatriement est imposé par l’article 10 des clauses de l’armistice, mais leurs souffrances sont masquées voire niées puisqu’ils sont assimilés à des non-combattants. Il leur faudra attendre une bonne dizaine d’années pour qu’ils soient enfin reconnus à l’égal des combattants et puissent percevoir, comme ces derniers, des primes compensatrices…

A l'occasion des cérémonies commémoratives de l'armistice du 11 novembre 1918, les communes pavoisent les édifices publics.
A l’occasion des cérémonies commémoratives de l’armistice du 11 novembre 1918, La Romagne pavoise ses édifices publics.