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Invasions, occupations, réquisitions à La Romagne pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)


Dès le début de la « drôle de guerre[1] », des troupes françaises stationnent dans les villages ardennais du canton de Chaumont-Porcien[2]. A partir de septembre 1939, la 7e compagnie[3] du 71e régiment d’infanterie se trouve à Montmeillant[4] puis, en février 1940, c’est le tour de la 6e compagnie[5] du 445e régiment de pionniers, rattaché à la 11e armée.


[1] Période (septembre 1939 – mai 1940) sans affrontements majeurs à l’Ouest, malgré l’invasion de la Pologne, la guerre d’Hiver, la campagne de Norvège, et une intense préparation militaire.

[2] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/H 26, réquisitions : états, pièces comptables. [intitulé] ; Montmeillant (Ardennes) [producteur] ; 1939-1940 [dates de début et de fin] ; [Série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/MONTMEILLANT = fonds concernant Montmeillant ; série H = affaires militaires au niveau local ; articles H 26-31 = guerre 1939-1945.]

[4] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/H 28, dégâts de la 6e compagnie du 445e régiment de pionniers, exploitations agricoles et artisanales, pillage, attribution de la carte de sinistré : procès-verbal, arrêté préfectoral. [intitulé] ; Montmeillant (Ardennes) [producteur] ; 1940-1948 [dates de début et de fin] ; [Série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/MONTMEILLANT = fonds concernant Montmeillant ; série H = affaires militaires au niveau local ; articles H 26-31 = Seconde Guerre mondiale (1939-1945).]



L’offensive allemande commence dans les Ardennes le 10 mai 1940, par la percée des Panzers[1]. Elle force la population locale à abandonner son domicile, et à fuir cette invasion,  pour trouver refuge dans d’autres lieux, en Vendée[2] notamment.


[1] Invariable à l’écrit en allemand. Le pluriel admis en français est Panzers. Ce terme désigne les chars allemands de la Seconde Guerre mondiale (abrégé de Panzerkampfwagen), tandis que « blindé » est un terme générique pour tout véhicule protégé, tous pays confondus.

[2]  Département situé actuellement en région Pays de la Loire, dans l’ouest de la France.



Congé de courte durée pour prisonnier de guerre français en permission. « An das Frontstalag 204 Charleville » (« [De] Charleville au Frontstalag 204 [Amiens]). Cf. archives départementales des Ardennes, 165W 476, canton de Chaumont-Porcien [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels).]
Congé de courte durée pour prisonnier de guerre français en permission. « An das Frontstalag 204 Charleville » (« [De] Charleville au Frontstalag 204 [Amiens]). Cf. archives départementales des Ardennes, 165W 476, canton de Chaumont-Porcien [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels).]

L’armée française tente de résister, mais le repli est ordonné le 10 juin, et des milliers de soldats français sont capturés. Sous la férule[1] allemande, ces prisonniers traversent les villages ardennais dans les semaines qui suivent, et rejoignent des Frontstalags[2], dont le 190[3] ou le 204[4], où ils sont cantonnés.


[1] « Autorité, surveillance. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Pluriel de Frontstalag, développé en Frontstammlager, invariable, littéralement « camp de base du front » : terme utilisé en français dans sa forme plurielle germanique, désignant les camps de prisonniers de guerre établis par la Wehrmacht en France occupée à partir de 1940.

[3] Charleville, commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Amiens, commune française située actuellement dans le département de la Somme, en région Hauts-de-France.


Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au recto : en mai-juin 1940, la France engage dans les combats des dizaines de milliers de tirailleurs sénégalais ainsi que des soldats originaires d’Algérie, du Maroc, de Tunisie et de Madagascar. La propagande nazie présente cette mobilisation de troupes coloniales comme un signe de la prétendue décadence de la civilisation française. Sur cette photographie apparaissent des militaires d’origines diverses. Certains portent des casques coloniaux rigides ou des chapeaux mous en toile, dits « de brousse » ou « tropicaux ». Le temps est maussade : la route, vraisemblablement celle de Draize à La Romagne, est brillante et réfléchit la lumière, tandis que les soldats cherchent à se protéger de la pluie avec leurs capes imperméables. Le défilé d’environ quarante personnes est suivi par un camion bâché, tandis qu’un engin motorisé croise le convoi en sens inverse. Les visages sont sombres, marqués par la fatigue. Aucun soldat allemand ne semble visible sur la photographie. Pourtant, l’Allemagne nazie joue un rôle de glorification et de démonstration de force : elle entend ainsi afficher sa supériorité face à une armée française cosmopolite. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au recto : en mai-juin 1940, la France engage dans les combats des dizaines de milliers de tirailleurs sénégalais ainsi que des soldats originaires d’Algérie, du Maroc, de Tunisie et de Madagascar. La propagande nazie présente cette mobilisation de troupes coloniales comme un signe de la prétendue décadence de la civilisation française. Sur cette photographie apparaissent des militaires d’origines diverses. Certains portent des casques coloniaux rigides ou des chapeaux mous en toile, dits « de brousse » ou « tropicaux ». Le temps est maussade : la route, vraisemblablement celle de Draize à La Romagne, est brillante et réfléchit la lumière, tandis que les soldats cherchent à se protéger de la pluie avec leurs capes imperméables. Le défilé d’environ quarante personnes est suivi par un camion bâché, tandis qu’un engin motorisé croise le convoi en sens inverse. Les visages sont sombres, marqués par la fatigue. Aucun soldat allemand ne semble visible sur la photographie. Pourtant, l’Allemagne nazie joue un rôle de glorification et de démonstration de force : elle entend ainsi afficher sa supériorité face à une armée française cosmopolite. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

Ces derniers sont en réalité composés de plusieurs « sous-camps » disséminés sur le territoire ardennais. L’on peut donner pour exemple le grand immeuble de vingt-neuf pièces sis à Rocquigny[1], et propriété de Jean Baptiste Paul Courtois : il est transformé en camp de prisonniers à partir du 30 septembre 1940, et ce pendant cinq cent soixante-dix-sept jours. Les prisonniers peuvent être ensuite transférés dans des camps en Allemagne. Par la suite, cet immeuble est occupé, à plusieurs reprises, par des troupes allemandes.


[1] Archives départementales des Ardennes, 147W 319, Rocquigny (Athanase Bocahut ; Léon Bestel ; André Beuvelet ; Paul Blatié ; Angèle Canon ; Émile Boudsocq ; Alice Charpentier ; René Cherpin ; commune [bureau de poste, mairie-école] ; veuve Compas ; Étienne Costa ; Jean-Baptiste Courtois ; Lucie Courtois ; Roger Croizon ; Léopold Cugnard ; Marcel Cugnart-Brasseur [magasin et grange à grains] ; Ernest Debruelle ; André Deligny [établissements Goulet-Turpin] ; Jean Deligny ; Maurice Dizy ; Raoul Durtette ; Georges Fontenelle ; Victor Fossier ; Gabrielle Gillet-Mermoz [château de Rocquigny] ; Rose Guillaume ; Fernand Husson [notaire] ; Gaston Husson ; Jean Kieffer ; Thérèse Lebas ; Alexandre Lebrun ; Georges Lefebvre ; M. Legros-Mauroy ; André Legros ; Ernest Legros ; Joseph Legros ; Ernest Maquin ; Marie Masson ; Jules Mauroy ; Émile Modeste ; Georges Modeste ; Louis Paroche ; veuve Potron ; Henri Puyravan ; Georges Renault ; René Renault ; Hector Richard ; Jean Robinet ; Henriette Rousselle ; Léon Thonant ; Georges Treuvelot ; André Vilette) ; état nominatif de dépenses de personnel ; demandes d’indemnités de trois cultivateurs pour l’enlèvement d’un avion anglais. [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquête, listes nominatives.]



Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure.  Au verso, une inscription manuscrite à l’encre bleu-noir indique : « Gefangene Franzosen auf dem Rücktransport durch Draize. Ein aktives Regiment mit Standort Paris. Auch ‘farbige Kämpfer’ sind dabei. », ce qui signifie « Prisonniers français lors de leur rapatriement par Draize. Un régiment actif basé à Paris. Des ‘combattants de couleur’ sont également présents. » (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure.  Au verso, une inscription manuscrite à l’encre bleu-noir indique : « Gefangene Franzosen auf dem Rücktransport durch Draize. Ein aktives Regiment mit Standort Paris. Auch ‘farbige Kämpfer’ sind dabei. », ce qui signifie « Prisonniers français lors de leur rapatriement par Draize. Un régiment actif basé à Paris. Des ‘combattants de couleur’ sont également présents. » (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

Le pays doit d’autre part fournir aux troupes ennemies des logements de personnes[1], considérés comme nécessaires par les organismes militaires allemands, des hangars, des abris couverts pour animaux, des moyens de locomotion, des armes, des matériels ou des engins de guerre, des ateliers et des locaux de tous genres.


[1] Unterkunft (hébergement) est un terme générique, décliné dans d’autres documents allemands de la Seconde Guerre mondiale en Notunterkunft (hébergement d’urgence), Zwangsunterkunft (hébergement forcé), Arbeitsunterkunft (hébergement de travail), Massenunterkunft (hébergement de masse) ou Unterkunftsbaracke (baraque d’hébergement).


En outre , il faut mettre à la disposition des Allemands mobilier, linge de maison, ustensiles, vaisselle, lumière, chauffage, et approvisionnement en eau.  L’armée allemande peut effectuer des travaux chez les particuliers dont ils occupent les lieux. C’est ainsi qu’à Chaumont-Porcien, Gustave Pattée Mossul[1] découvre, lors de son retour en avril 1943, que des W.-C. ont été installés pour les occupants, avant de constater que sa maison a été détériorée et totalement pillée.


[1] Archives départementales des Ardennes, 147W 104, Chaumont-Porcien (André Le Barzic ; Paul Bélorgey ; Arthur Bernard ; Charles Boquillon ; René Camuzeaux [atelier de maréchalerie ; contient un inventaire du matériel et de l’outillage] ; Léo Chemin ; Jeanne Fréal-Cuif ; Paulin Frédéric ; Laure Gaignière ; Pierre Gourand ; Louis Gouverneur ; Henri Grojean ; Marthe Henry ; Émile Lefebvre ; Émile Lefebvre ; Pierre Lefebvre ; Adrien Livoir ; Adrien Livoir [atelier de maréchalerie] ; Aline Mennessier ; Marie Minet ; veuve Niclot ; Gustave Oudet [salon de coiffure] ; Adrien Panthier ; Gustave Pattée-Massul ; Marcel Pierlot ; Marie Rentier ; Juliette Reymond-Devie ; Benjamin Richy ; Ernest Robinet ; Léopold Roger ; veuve Tricot) ; liste nominatives des logements et cantonnements des troupes d’occupation ; états nominatifs liés aux dépenses de personnel réquisitionné. [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1945 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquête, listes nominatives.]


Les réquisitions se sont faites durant toute l’Occupation, mais les lieux choisis ne sont pas toujours habités continuellement. C’est l’une des explications qui peut être avancée pour comprendre que l’indemnisation est octroyée selon le nombre de nuits, et non au mois.

Un document administratif[1] présent dans un dossier de Chaumont-Porcien, et concernant des états de logement des troupes allemandes, indique qu’il est proposé :

  • cinq francs pour une chambre d’officier ;
  • trois francs pour celle de sous-officiers, caporaux[2] ou soldats ;
  • un franc par lit supplémentaire installé ;
  • vingt-cinq centimes par cheval.

[1] Idem.

[2] Ce grade ne fait pas partie du corps des sous-officiers, qui débute à partir du sergent (ou de son équivalent selon les armées).


Dès mai 1940, les troupes allemandes détruisent du matériel communal dans chaque village où elles sont présentes, comme celui de La Romagne ou de Montmeillant[1]. Le cas de Rocquigny[2] est particulier : la mairie et les deux écoles, l’une de filles et l’autre de garçons, sont occupées du 1er septembre 1940 au 28 juin 1941.

Le maire est contraint de louer deux bâtiments à usage scolaire, et une pièce pour le secrétariat de mairie. Les locaux d’origine subissent, du fait de l’occupation allemande, 1 500 francs de dégâts provoqués par :

  • le gel des conduites d’eau, qui n’ont pas été protégées ;
  • la détérioration des installations électriques.

[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/H 30, bâtiments publics : pièces comptables. [intitulé] ; Montmeillant (Ardennes) [producteur] ; 1948-1956 [dates de début et de fin] ; [Série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/MONTMEILLANT = fonds concernant Montmeillant ; série H = affaires militaires au niveau local ; articles H 30-31 = dommages de guerre : décisions d’engagement.]

[2] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Titre de réquisition délivré à madame veuve Dupont. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322 La Romagne [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]
Titre de réquisition délivré à madame veuve Dupont. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

Le département et les cantons sont donc ouverts aux Allemands pour une occupation massive, tandis que les villageois expatriés peinent à rentrer à partir de juillet 1940, faute d’autorisations[1]. Lors de leur retour, ils constatent que leurs maisons et dépendances ont été occupées, ou le sont encore, car la Feldkommandantur[2] 684[3] a délivré des titres de réquisition[4].


[1] Archives départementales des Ardennes, 165W 621, [liste du retour des habitants de la Romagne, en particulier celui des exploitants agricoles (intitulé)] ; La Romagne (Ardennes) [producteur] ;[circa 1939-1945 (dates de début et de fin.)] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels)] ; [dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes, listes nominatives.]

[2] Poste de commandement de campagne.

[3] Feldkommandanturen au pluriel en allemand classique. Souvent francisé en Feldkommandanturs. Il s’agit de la Feldkommandantur 684, pour laquelle on peut trouver des renseignements [série R = affaires militaires et organismes de temps de guerre depuis 1800 ; sous-série 12R = archives des services allemands pendant la guerre de 1939-1945, cotes 12R 101 et 12R 109, passim, documents sur la Feldkommandantur.]

[4] Quartierschein (Quartierscheine au pluriel).


Logement et cantonnement. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322 La Romagne (Ardennes) ; monsieur Alexis Boudaud [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]
Logement et cantonnement. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne (Ardennes) ; monsieur Alexis Boudaud [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

Le dépouillement des vingt-quatre dossiers romanais[1], conservés aux archives, qui ne concernent que la section cadastrée du « village[2] », montre que les réquisitions ont été imposées essentiellement entre les mois d’octobre 1940 et juin 1941.

Elle ne tient pas compte de l’invasion qui a eu lieu entre la bataille de France[3] et l’armistice demandé par le maréchal Pétain le 17 juin, et effectif à partir du 22.


[1] Archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne (Marie Albertini ; Louise Billette ; Ernest Bocquet ; Vital Bonhomme ; Alexis Boudaud ; veuve Carbonneaux-Raulin ; Alcide Cugnart ; veuve Devie-Richard ; Maurice Druart [maréchal-ferrant] ; veuve Dupont ; Henri Falet [percepteur] ; René Jonnart ; Lucie Laroche ; Joseph Léonard ; Edmond Lesein ; Georges Malherbe ; Rosa Malherbe ; Zélia Marandel ; Ernest Marandel ; Joseph Marquigny ; Henri Mauroy ; Fernand Modeste [boulangerie] ; Marie Vuilmet.) [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

[2] A l’exception des hameaux et des fermes de La Bouloie et de La Cour Avril.

[3] 10 mai – 25 juin 1940.


Occupation à La Romagne (Ardennes). La date du 1er mars est celle mentionnée par madame veuve Georges Malherbe. Celle du 15 mai 1940 correspond à deux déclarations distinctes, mais émises par un seul et même propriétaire. Graphique de type « secteurs ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Occupation à La Romagne (Ardennes). La date du 1er mars est celle mentionnée par madame veuve Georges Malherbe. Celle du 15 mai 1940 correspond à deux déclarations distinctes, mais émises par un seul et même propriétaire. Graphique de type « secteurs ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Or, les troupes allemandes sont présentes dans toutes les Ardennes, et notamment à La Romagne, comme l’indique la demande d’indemnisation pour pillage de la cidrerie Malherbe[1]. Il y a manifestement des divergences de dates dans les déclarations.


[1] Archives départementales des Ardennes, 13R 1661 [série R = affaires militaires et organismes de temps de guerre depuis 1800, sous-série 13R = dommages de guerre 1939-1945].


Logement et cantonnement. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322 La Romagne ; Georges Malherbe [lire madame veuve Georges Malherbe] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]
Logement et cantonnement. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne ; Georges Malherbe [lire madame veuve Georges Malherbe] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

L’une de celles-ci, concernant madame veuve Georges Malherbe, fait état d’une occupation par deux soldats, du 1er mars au 1er juillet 1940. La date citée pour le début est manifestement un anachronisme[1].

Du reste, un document allemand rectifie cette erreur. Rares sont les dossiers qui signalent ceux qui ont cohabité avec les ennemis, dans la plus grande partie de cette première occupation. Un seul en fait état, alors que neuf autres soulignent l’absence des propriétaires, et que quatorze sont totalement muets à ce propos.


[1] En mars 1940, les Ardennes sont en effet encore sous contrôle français, sans présence allemande. Comme vu supra, l’invasion allemande ne commence que le 10 mai 1940, via la Belgique, le Luxembourg et les Ardennes, contournant les défenses françaises.


Cachets et signatures de la mairie de La Romagne (Ardennes) et des autorités allemandes (détail). Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne ; Georges Malherbe [lire madame veuve Georges Malherbe] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]
Cachets et signatures de la mairie de La Romagne (Ardennes) et des autorités allemandes (détail). Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne ; Georges Malherbe [lire madame veuve Georges Malherbe] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]


Les différences de dates dans les déclarations soulèvent des interrogations. Si l’on tient compte de celle du 15 mai 1940, consignée par Joseph Marquigny, qui figure sur sa déclaration, et qu’il est le seul à indiquer, les troupes allemandes se seraient installées dans les Ardennes dès les premiers jours de la bataille de France[1].


[1] Ce qui est compatible avec la bataille de Dinant, du 12 au 15 mai 1940, quand les Panzers franchissent la Meuse à Dinant, en Belgique, face aux Français, ouvrant la voie à la percée des Ardennes.


Pour avoir une confirmation de cette hypothèse, il est bon d’observer la situation des villages environnants. A Chaumont-Porcien, quatre dossiers signalent que l’Occupation commence dès mai 1940[1], et trois d’entre eux[2] sont plus précis, en donnant la date du 16 mai.

Celle-ci est avancée par le propriétaire, mais ce dernier, réfugié à Lignol[3], ne reprend possession de sa maison qu’au 1er avril 1943. Il ne peut alors que constater que sa maison est totalement pillée, détériorée et envahie de décombres.


[1] Dossier de madame veuve Tricot Moreaux.

[2] Dont celui de Gustave Pattée Mossul, par exemple.

[3] Commune française située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.


Le dossier du curé doyen[1] Benjamin Richy atteste de trois périodes d’occupation : du 18 mai au 17 juin 1940, du 5 octobre 1940 au 22 février 1941, et du 1er au 28 mars 1941. Quant à celui d’Emile Henri Gaston Grosjean, habitant Petite Rue à Chaumont-Porcien, il souligne que sa maison a tout d’abord été occupée à partir de septembre 1939 par le Service des étapes de l’armée française, qui l’a quittée le 15 mai 1940.


[1] « Prêtre qui est à la tête d’un doyenné. En apposition. Curé doyen. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Elle est aussitôt réquisitionnée jusqu’en octobre 1940 par des troupes allemandes de passage, avant de devenir à partir du 10 octobre un Kasino[1].


[1] Die Kasinos au pluriel. Mess pour officiers.


En outre, du 5 octobre 1940 au 27 août 1942, une maison est occupée par une infirmerie et la gendarmerie allemande[1], alors que l‘immeuble appartenant à Charles Bocquillon, route de Givron, abrite des bureaux de secrétaires à partir du 8 juillet 1940.


[1] Feldgendarmerie.


Pour Rocquigny, un dossier évoque le 15 mai, tandis que celui qui concerne l’occupation de la demeure de madame Gillet Mermoz apporte nombre de précisions sur les allées et venues de ces troupes, ainsi que sur la durée de leur présence, qui se prolonge, par intermittence,  jusqu’en 1944.


Pour certains Romanais,  il y a eu deux périodes d’occupation, tout d’abord du 2 octobre 1940 au 22 février 1941, puis du 15 mars[1] au 30 juin 1941. Sept d’entre eux y échappent. Mais le boulanger, Fernand Modeste, lui, est concerné : il signale une réservation de sa boulangerie par les Allemands une fois par semaine, ces derniers la libérant les autres jours.


[1] Voire à partir du 28 avril.


Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au verso, une écriture manuscrite à l’encre violette indique : « Parkplatz in La Romagne » (« stationnement [de véhicules] à La Romagne »), « Juli 40 » (« juillet 1940 ») et « 104 » [numérotation incertaine]. Un tampon, également à l’encre violette, porte la mention : « Schubert Breslau 5 Neue-Schweidnitzer-Str.17 ». (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au verso, une écriture manuscrite à l’encre violette indique : « Parkplatz in La Romagne » (« stationnement [de véhicules] à La Romagne »), « Juli 40 » (« juillet 1940 ») et « 104 » [numérotation incertaine]. Un tampon, également à l’encre violette, porte la mention : « Schubert Breslau 5 Neue-Schweidnitzer-Str.17 ». (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au recto : la photographie a été prise à La Romagne (Ardennes), devant la « ferme Boudaud » — aujourd’hui place Jean Malherbe. Elle montre quatre pièces d’artillerie, détachées de leurs moyens de traction, accompagnées de quatre soldats allemands qui semblent poser pour la prise de vue. Le premier soldat, portant un fusil et un casque Stahlhelm, affiche une posture d’autorité. Deux autres sont vêtus de vareuses ou de capotes, tandis que le quatrième se tient entre deux pièces d’artillerie. Aucun autre militaire français ni civil n’apparaît dans la scène. Le village paraît déserté : les volets du rez-de-chaussée sont partiellement ou entièrement fermés. À l’étage, une silhouette ou un objet se dessine à travers une fenêtre ouverte, dont un carreau a été remplacé par un carton — peut-être un signe des dégâts causés par le bombardement de l’église Saint-Jean en mai 1940. Enfin, l’ombre portée par un pylône électrique pourrait permettre d’estimer l’heure approximative à laquelle la photographie a été prise. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au recto : la photographie a été prise à La Romagne (Ardennes), devant la « ferme Boudaud » — aujourd’hui place Jean Malherbe. Elle montre quatre pièces d’artillerie, détachées de leurs moyens de traction, accompagnées de quatre soldats allemands qui semblent poser pour la prise de vue. Le premier soldat, portant un fusil et un casque Stahlhelm, affiche une posture d’autorité. Deux autres sont vêtus de vareuses ou de capotes, tandis que le quatrième se tient entre deux pièces d’artillerie. Aucun autre militaire français ni civil n’apparaît dans la scène. Le village paraît déserté : les volets du rez-de-chaussée sont partiellement ou entièrement fermés. À l’étage, une silhouette ou un objet se dessine à travers une fenêtre ouverte, dont un carreau a été remplacé par un carton — peut-être un signe des dégâts causés par le bombardement de l’église Saint-Jean en mai 1940. Enfin, l’ombre portée par un pylône électrique pourrait permettre d’estimer l’heure approximative à laquelle la photographie a été prise. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

Cent quarante militaires allemands environ sont répartis dans ces différentes maisons : une dizaine d’officiers, une trentaine de sous-officiers, et le reste constitué d’hommes de troupe. Outre ces hommes, quelque quatre-vingt-dix chevaux sont répartis dans différentes écuries de La Romagne :

  • un seul chez Edmond Lesein ;
  • tous les autres chez Jean-Baptiste Alexis Boudaud, Alcide Cugnart, Joseph Marquigny et Zélia Marandel.

Occupation à La Romagne (Ardennes). Le propriétaire d’une maison réquisitionnée ne précise pas le nombre de pièces qu’elle comporte, information nécessaire à l’analyse. Son logement ne figure donc pas dans le tableau présenté. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Occupation à La Romagne (Ardennes). Le propriétaire d’une maison réquisitionnée ne précise pas le nombre de pièces qu’elle comporte, information nécessaire à l’analyse. Son logement ne figure donc pas dans le tableau présenté. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les maisons sont recensées avec le nombre de pièces, les dépendances, le confort. Ce dernier est parfois sommaire. Aucune maison ne dispose ainsi du chauffage central et du gaz, mais toutes ont l’électricité, et certaines l’eau, parfois à la pompe, ou dans la cour[1]. Sept sont déclarées ne pas en avoir.  Les puits ne sont pas répertoriés.


[1] Quatre.



Réquisitions d'immeubles à l'usage d'habitation par l'armée allemande. Occupation d'immeubles à l'usage d'habitation par les troupes allemandes. Recto. Remplissage du formulaire par l'habitant concerné. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322 La Romagne (Ardennes) ; monsieur René Jonnart [intitulé] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]
Réquisitions d’immeubles à l’usage d’habitation par l’armée allemande. Occupation d’immeubles à l’usage d’habitation par les troupes allemandes. Recto. Remplissage du formulaire par l’habitant concerné. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne (Ardennes) ; monsieur René Jonnart [intitulé] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

Deux occupations particulières de maisons sont signalées : celle du 35 rue Haute, avec une réservation pour la Wehrmacht[1] [Nota bene : madame veuve Dupont, qui en est propriétaire, réside en fait à Paris.] ; celle de l’instituteur René Jonnart, réquisitionnée pour la Kommandantur[2].


[1] Littéralement « force de défense », armée du IIIe Reich de mai 1935 jusqu’à sa dissolution par les Alliés en août 1946.

[2] Poste de commandement allemand (pluriel : Kommandanturen, parfois francisé en Kommandanturs).


Réquisition d'immeubles à usage d'habitation par l'armée allemande. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne ; madame veuve Georges Malherbe ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]
Réquisition d’immeubles à usage d’habitation par l’armée allemande. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne ; madame veuve Georges Malherbe ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

A quelques exceptions près, les dépendances (grange, cave, remise, garage, etc.) font l’objet d’une annexion par les occupants.


Occupation à La Romagne (Ardennes). Trois déclarations ne précisent pas l’estimation de la valeur du mobilier de leur maison, un élément pourtant pris en compte dans le calcul de l’indemnisation. En l’absence de cette information, aucune mention n’en est faite dans les données présentées. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Occupation à La Romagne (Ardennes). Trois déclarations ne précisent pas l’estimation de la valeur du mobilier de leur maison, un élément pourtant pris en compte dans le calcul de l’indemnisation. En l’absence de cette information, aucune mention n’en est faite dans les données présentées. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1942[1], des dossiers sont déposés pour l’indemnisation de ces occupations. Celle-ci tient compte, d’une part de la valeur du mobilier, et d’autre part d’une valeur locative, voire de l’imposition du propriétaire (dont l’étendue varie de 24 à 576 francs).


[1] L’année 1942 marque un tournant décisif dans la Seconde Guerre mondiale, tant sur le plan militaire que politique et idéologique. C’est aussi une année charnière pour la France occupée, avec un durcissement de l’Occupation, et une bascule vers une guerre plus totale et plus radicale.


Occupation à La Romagne (Ardennes). Non seulement les habitants doivent eux-mêmes établir le montant de l’indemnité qu’ils souhaitent recevoir pour la réquisition de leur logement, mais ce montant peut également être revu à la baisse par le maire. Graphique de type « entonnoir ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Occupation à La Romagne (Ardennes). Non seulement les habitants doivent eux-mêmes établir le montant de l’indemnité qu’ils souhaitent recevoir pour la réquisition de leur logement, mais ce montant peut également être revu à la baisse par le maire. Graphique de type « entonnoir ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il est demandé aux habitants de proposer eux-mêmes le montant de cette indemnité, ou journalière ou mensuelle. La répartition de celle-ci ne peut être étudiée qu’à travers quatorze dossiers uniquement.


Les montants journaliers demandés varient de 10 à 20 francs. Chaque proposition est en général accompagnée de l’avis du maire, Alcide Cugnart. L’une est cependant signée par monsieur Didier, maire intérimaire en l’absence du maire élu[1]. Celle du maire en titre l’est par un conseiller.


[1] Revenu en septembre 1941.


Occupation d'immeubles à l'usage d'habitation par les troupes allemandes. Recto. Remplissage du formulaire par l'habitant concerné. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322 La Romagne (Ardennes) ; monsieur Alexis Boudaud [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

Occupation d’immeubles à l’usage d’habitation par les troupes allemandes. Recto. Remplissage du formulaire par l’habitant concerné. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne (Ardennes) ; monsieur Alexis Boudaud [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

Tous les dossiers ne sont pas traités de la même manière. Un seul ne présente pas de somme proposée par la propriétaire, c’est donc l’édile qui la fixe. Neuf revêtent un avis favorable quant à la somme demandée. Si le maire la trouve exagérée, il ne manque pas de faire une proposition inférieure, ce qui est le cas pour trois d’entre eux. Les derniers sont simplement signés, sans autre mention.


Occupation d'immeubles à l'usage d'habitation par les troupes allemandes. Verso. Observations, renseignements et avis du maire. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322 La Romagne (Ardennes) ; monsieur Alexis Boudaud [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]
Occupation d’immeubles à l’usage d’habitation par les troupes allemandes. Verso. Observations, renseignements et avis du maire. Cf. archives départementales des Ardennes, 147W 322, La Romagne (Ardennes) ; monsieur Alexis Boudaud [intitulé] ; Ardennes. Préfecture, 2e division, 3e bureau [producteur] ; 1941-1946 [dates de début et de fin] ; [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels) ; dossiers individuels, questionnaires d’enquêtes.]

Les indemnités tiennent compte du nombre de nuits, et non des mois pleins. Mais tous les dossiers ne comportent pas cet élément, et ne sont pas renseignés de manière exhaustive. Il est donc difficile de savoir s’il est tenu compte du nombre d’occupants, cette variable n’étant pas enregistrée avec précision. Seul un dossier pourrait aller dans ce sens, celui de Louise Billette.


Si l’on se fie aux dates qu’elle indique pour la première occupation, soit du 2 octobre au 6 mars 1941, il y aurait eu cent cinquante-cinq nuits. Or, l’autorité allemande n’en retient que cent quarante et un. Pour la seconde période, soit du 14 février au 30 juin 1941, il y a cent trente-cinq nuits.

Mais seules quatre-vingt-dix-sept sont retenues par les autorités allemandes. Selon l’indemnisation qu’elle souhaitait (300 francs mensuels), elle aurait dû percevoir environ 2 400 francs. Or, elle n’a reçu que 1 903 francs. Les assiettes des calculs d’indemnisation ne sont pas clairement définies dans les fiches.


Les plus petites indemnisations sont de moins de 800 francs, et ne concernent que des occupations de la première période. En revanche, les plus importantes, de 3 000 à 3 500 francs,  concernent les occupations de fermes du « village[1] », hébergeant de huit à douze hommes et des chevaux (de six à vingt-cinq).


[1] Entendre « La Romagne sans les écarts et les hameaux ». Cf. supra.


Quant à celle qui a donné lieu à une indemnisation de plus de 4 100 francs — et qui concerne vraisemblablement le percepteur du village à l’époque —, elle s’explique sans doute par les nombreuses déprédations signalées, sans que l’on puisse en connaître la nature.


Peu de personnes[1] ont dénoncé des dégâts et pourtant, d’après quelques témoignages indirects[2], ils ont été réels pour nombre d’habitants. Mais leur ancrage dans la mémoire concerne davantage le domaine affectif que celui du matériel : c’est ici le cadre du diplôme d’une Croix de guerre 1914-1918 qui est piétiné, là un certificat d’études qui est abîmé.


[1] Trois.

[2] Un témoin indirect est un individu qui, n’ayant pas été présent lors de l’événement, en rapporte les faits d’après les témoignages ou les récits d’autres personnes.


Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au recto, plusieurs rangées de prisonniers français sont regroupées devant la maison Lesein, identifiable à sa boîte aux lettres. Cinq soldats allemands se tiennent en demi-cercle, le dos tourné aux prisonniers. Quatre d’entre eux écoutent attentivement leur supérieur, tandis qu’un soldat tient un document, peut-être une carte ou une liste. Les militaires français, à gauche de la photo, regardent vers la droite, et inversement. Ils portent des calots ou des bérets, témoignant probablement de leur appartenance à différentes unités. Leurs chaussures, poussiéreuses ou boueuses, contrastent avec les bottes impeccables des Allemands. Certains tiennent des bâtons de marche, d’autres fument une cigarette, et plusieurs portent boudins, couvertures et musettes. On compte environ une cinquantaine de prisonniers. Un soldat allemand casqué (Stahlhelm) surveille le groupe depuis l’arrière. Une moto est appuyée contre le mur. La photo, prise en léger surplomb, s’inscrit dans le cadre d’une campagne militaire ayant conduit à l’occupation allemande des Ardennes. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au recto, plusieurs rangées de prisonniers français sont regroupées devant la maison Lesein, identifiable à sa boîte aux lettres. Cinq soldats allemands se tiennent en demi-cercle, le dos tourné aux prisonniers. Quatre d’entre eux écoutent attentivement leur supérieur, tandis qu’un soldat tient un document, peut-être une carte ou une liste. Les militaires français, à gauche de la photo, regardent vers la droite, et inversement. Ils portent des calots ou des bérets, témoignant probablement de leur appartenance à différentes unités. Leurs chaussures, poussiéreuses ou boueuses, contrastent avec les bottes impeccables des Allemands. Certains tiennent des bâtons de marche, d’autres fument une cigarette, et plusieurs portent boudins, couvertures et musettes. On compte environ une cinquantaine de prisonniers. Un soldat allemand casqué (Stahlhelm) surveille le groupe depuis l’arrière. Une moto est appuyée contre le mur. La photo, prise en léger surplomb, s’inscrit dans le cadre d’une campagne militaire ayant conduit à l’occupation allemande des Ardennes. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

Une nouvelle fois, La Romagne et les Ardennes sont concernées par des invasions. La signature de l’armistice entre la France et l’Allemagne nazie le 22 juin 1940 à Rethondes[1], en forêt de Compiègne[2], place le département, et donc le village, dans la zone occupée.

Les conditions en sont très dures :  la France doit livrer en partie son matériel de guerre, le sort des prisonniers de guerre est déterminé, la plupart d’entre eux est transférée en Allemagne, etc.


[1]  Dans le wagon de l’armistice utilisé en 1918 pour la reddition allemande.

[2] Commune française située actuellement dans le département de l’Oise, en région Hauts-de-France.


Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au verso, inscription manuscrite à l’encre violette en allemand : « Ankunft franz. Kriegsgefangener in La Romagne – Ardennes » (« Arrivée de prisonniers de guerre français à La Romagne – Ardennes »), suivie de la mention « Ende Juli 40 » (« fin juillet 1940 ») et du numéro « 109 ». Un tampon commercial à l’encre violette indique : « Schubert Breslau 5 Neue-Schweidnitzer-Str.17 ». L’ensemble suggère un document photographique d’origine allemande, probablement réalisé ou diffusé à des fins documentaires ou de propagande, témoignant de la présence de prisonniers français dans les Ardennes peu après la défaite de juin 1940. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
Photographie ancienne, tirage argentique en noir et blanc viré au sépia, sur papier à bords dentelés. Toute reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation expresse de l’auteure. Au verso, inscription manuscrite à l’encre violette en allemand : « Ankunft franz. Kriegsgefangener in La Romagne Ardennes » (« Arrivée de prisonniers de guerre français à La Romagne – Ardennes »), suivie de la mention « Ende Juli 40 » (« fin juillet 1940 ») et du numéro « 109 ». Un tampon commercial à l’encre violette indique : « Schubert Breslau 5 Neue-Schweidnitzer-Str.17 ». L’ensemble suggère un document photographique d’origine allemande, probablement réalisé ou diffusé à des fins documentaires ou de propagande, témoignant de la présence de prisonniers français dans les Ardennes peu après la défaite de juin 1940. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

La défaite qui accable la Nation est refusée par une minorité. Celle-ci est incarnée par le général de Gaulle qui, dès le 18 juin, lance un vibrant et émouvant appel[1] qui s’oppose à la demande d’armistice de la veille. Il est repris le jour de la signature de l’armistice, incitant les Français à réagir.


[1] Le manuscrit original a été remis aux Archives nationales par la famille de Gaulle le jeudi 12 juin 2025, lors d’une cérémonie à Paris.



Par le décret n° 2006-313 du 10 mars 2006, la célébration de cet acte fondateur est officiellement devenue la Journée nationale commémorative de l’appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l’ennemi.




Catégories
Administration communale Agriculteurs Agriculture Artisanat Artisans Fêtes Guerre mondiale (1914-1918) Métiers Professions Travailleurs Victimes de guerre

La Romagne de la guerre à la paix : une analyse comparative des recensements de 1918 et de 1921


Selon l’INSEE[1], « Le recensement de la population a pour vocation principale de mesurer le nombre d’habitants sur un territoire et d’en connaître les caractéristiques socio-démographiques[2]. »


[1] Institut national de la statistique et des études économiques.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, LNUM-33964, Chevalier, Pascale ; Seguin, Sébastien, « Retour sur deux siècles de recensements de la population », in Faits et chiffres (INSEE Pays de la Loire), n° 424, octobre 2011, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur le site de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et sur Gallica.


De tels dénombrements remontent à l’Antiquité. L’un des plus connus est celui de l’empereur Auguste[1], lors duquel Joseph et Marie doivent être répertoriés à Bethléem.


[1] Contrairement aux affirmations de l’évangéliste dans Luc, II,1-5, le recensement de Quirinius en Judée et en Syrie ne serait pas la version régionale d’un dénombrement global. Si l’activité censoriale augustéenne est attestée, son homogénéité est contestée.


En ce qui concerne la France, le comptage des habitants est confié avant la Révolution aux curés, qui informent l’intendant de la province du nombre de feux et de communiants dans leur paroisse. Ils se fondent alors sur le calcul suivant : un feu comprend en moyenne quatre personnes, et un communiant représente généralement trois habitants.


Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.
Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.

Le premier recensement postrévolutionnaire date du 20 floréal an VIII[1]. Ensuite, ils sont très réguliers et, à partir de 1876, ils se déroulent en théorie tous les cinq ans. C’est en cela que le recensement de 1918 à La Romagne peut susciter des interrogations, le précédent ayant eu lieu en 1911. Il y aurait dû en effet en avoir un en 1916, ce qui n’est pas le cas. La période de guerre explique ce décalage[2].


[1] Soit le 10 mai 1800.

[2] Une annulation s’observe pour la Seconde Guerre mondiale, le recensement passant directement de 1936 à 1946.


Celui qui est prévu en mars 1906 intègre un nouvel élément, en dehors de ceux précédemment relevés (nom, prénom, âge, lieu de naissance, adresse, profession, personnes vivant à la même adresse). Ce sont les caractéristiques des habitations. Jusqu’en 1918, aucune liste nominative ne peut être consultée pour La Romagne. Ces documents semblent avoir disparu, à l’exception de quatre feuillets concernant le recensement de 1911, à l’état de conservation très lacunaire[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1911, pages non paginées, [vues 1/4 et suivantes, non consultables en ligne à la date du 11 novembre 2024, en cours de numérisation.]


L’existence d’un recensement à la date du 1er février 1918 est très curieuse, puisque la guerre n’est pas terminée[1]. Comme le village est encore sous le joug allemand, ce document est certainement unique, sans que l’on sache parfaitement pourquoi. Aux archives départementales des Ardennes, il n’en a été trouvé aucun autre, concernant les villages du canton de Chaumont-Porcien, répertorié à cette date.


[1] Outre le traité de Versailles, le 28 juin 1919, quinze autres traités ont été signés entre 1918 et 1923 pour mettre fin à la guerre entre les différentes parties.


Il contient des renseignements sur les familles romanaises, sur des réfugiés, sur les activités imposées à la population par les Allemands. Il pallie l’absence d’autres sources, telles que des comptes rendus des réunions d’habitants (si le conseil municipal est dans l’impossibilité de tenir séance).


Quant aux archives des villages occupés par l’administration allemande, elles ont disparu dans les bombardements de mai 1940, alors que l’on tentait de les mettre à l’abri.


Le dénombrement de 1918[1] fait état de deux cent soixante-dix-neuf habitants, dont dix-sept sont absents : ce sont essentiellement les mobilisés. Il en reste donc deux cent soixante-deux, auxquels une note en ajoute deux, sans précision d’aucune sorte.

Sur la liste établie de la page 2 à 10, il est fait état de deux cent quatre-vingt-sept personnes présentes dans le village. Elles sont numérotées de 1 à 279, l’ordre alphabétique est respecté, tandis que, du numéro 280 à 287, il s’agit soit d’un ajout, soit d’un rectificatif, dont le but est d’être au plus près de la réalité.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.


Un certain nombre de noms est biffé. Il s’agit de personnes faisant partie des colonnes civiles, étrangères à la population romanaise. Il est possible de distinguer les autochtones des réfugiés, ou des personnes déplacées au gré des besoins allemands.


Le 30 janvier 1918, vingt-deux personnes sont ainsi rayées des listes nominatives. Au 1er décembre1917, elles se trouvaient à Herbigny[1]. Elles doivent se rendre à Mesmont[2].  


[1] Actuellement, localité de Justine-Herbigny, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Trois enfants, âgés de cinq à sept ans, sont contraints de suivre leur mère vers cette nouvelle destination, alors qu’ils ne vivaient à La Romagne que depuis deux mois. Outre les difficultés liées à la guerre, leurs conditions de vie sont encore plus difficiles et déstabilisantes, à cause des changements imposés.

Et ce, d’autant plus que la famille est originaire du département du Pas-de-Calais[1], alors que le reste du groupe provient de plusieurs villes et villages des Ardennes (Revin, Rocroi, Haybes, Novion-Porcien, Anchamps[2]).


[1] Actuellement, région Hauts-de-France.

[2] Actuellement, communes du département des Ardennes, région Grand Est.


Une seconde vague de trente-cinq personnes arrive de manière échelonnée pour le battage[1]. Ce sont principalement des femmes (vingt-cinq), dont dix-huit sont sans profession, quatre appartiennent à la catégorie des ouvrières (une giletière, une écorceuse[2], deux couturières), deux travaillent dans le service (une ménagère[3] et une servante), et la dernière est employée de commerce.

Les hommes sont principalement des journaliers. Les Allemands choisissent les catégories les plus pauvres, et s’assurent ainsi d’une plus grande docilité. Les départs se font au plus tôt le 13 août, pour se terminer le 1er octobre.


[1] « Action de battre les céréales pour séparer la graine de l’épi. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Personne chargée d’écorcer. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Servante qui prend soin du ménage de quelqu’un (vieilli). », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Panneau de sortie d’agglomération de Merlet vers Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Panneau de sortie d’agglomération de Merlet vers Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En dehors de ces habitants temporaires, La Romagne compte plusieurs familles de réfugiés. Deux d’entre elles ont reçu l’ordre de quitter leurs villages respectifs, Merlet (hameau d’Aguilcourt[1]) et Courcy[2], en raison des opérations militaires sur le front de l’Aisne.

Leur arrivée date du même jour à La Romagne, le 26 novembre 1914. La troisième a vu son village, Liry[3] (à proximité de Vouziers[4]), occupé par les Allemands. Son arrivée est plus tardive, le 2 octobre 1915.


[1] Actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.

[2] Actuellement, commune du département de la Marne, région Grand Est.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Idem.


La première famille se compose du couple Victor et Louise Millart[1], de leurs douze enfants et des grands-parents maternels, Emile Gentilhomme et sa femme Eglantine Lemaire. Tous ont évacué avec un tombereau attelé à un cheval, et ont marché le plus souvent tout au long de leur parcours.

Ce dernier, qui dépasse les cinquante kilomètres, passe de Bertricourt[2] à Asfeld[3], puis à Condé-lès-Herpy, Chaumont-Porcien, Givron, les Fondys[4] et enfin La Romagne[5]. On ignore le nombre de jours parcourus sur la route.


[1] Najman, Nadine, Un seul ciel pour tout le monde : histoire d’une famille de 1914 à 1918, Vanves : Édition du bout de la rue, « Témoignages », 2024, 285 p. [Trois chapitres sont consacrés à l’évacuation vers La Romagne (Ardennes), pages 103-109 ; 170-173 et 233-239. Des éléments sont repris sous une forme synthétique dans ce passage, avec l’accord de l’auteure de l’ouvrage.]

[2] Actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Lieu-dit à Givron.

[5] Actuellement, communes du département des Ardennes, région Grand Est.


Portrait de Raymond Millart enfant, photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée à l’encre bleue au verso « Raymond Millart né le 28 mars 1912 vers 1916 à La Romagne Ardennes évacué de Merlet où se trouvait le front pendant la guerre 1914-1918 », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Nadine Najman).
Portrait de Raymond Millart enfant, photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée à l’encre bleue au verso « Raymond Millart né le 28 mars 1912 vers 1916 à La Romagne Ardennes évacué de Merlet où se trouvait le front pendant la guerre 1914-1918 », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Nadine Najman).

Les premiers temps, les Millart sont répartis entre plusieurs lieux de la commune. Mais la mère, qui souhaite voir sa famille réunie, demande un logement aux autorités allemandes. Elle obtient une maison au n° 18 de la rue Haute[1], avec pour voisin Alfred Mauroy, tandis que les grands-parents logent rue Basse (au n° 73), dans le voisinage d’Ernest Marandel.

Par deux fois, le séjour de cette famille à La Romagne est endeuillé : deux enfants naissent, un garçon en novembre 1915, et une petite fille en juillet 1917. Le premier décède le 14 mars 1916, et la seconde le 31 juillet 1917[2].


[1] Tous les numéros indiqués correspondent aux recensements de 1918 et de 1921.

[2] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne, consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune.



Sauf Louise, la mère, et les enfants les plus jeunes, qui en sont dispensés, le père, les fils aînés, et les adolescentes, sont réquisitionnés pour les colonnes civiles et le travail agricole. Deux des jeunes filles sont employées à la scierie de Montmeillant[1].

L’une d’elles, Emilienne, échappe par la suite à ce travail ingrat, en gardant Jean et René, les deux premiers enfants du couple Georges Malherbe et Lucie Bonpart.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.




Cette famille regagne Merlet au début de 1919. Mais, comme sa ferme est totalement détruite, elle doit vivre dans des baraquements spécialement construits pour accueillir les populations de retour.

Baraquement construit pendant la Première Guerre mondiale pour les civils, photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne) le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baraquement construit pendant la Première Guerre mondiale pour les civils, photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne) le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Tombe de la famille Millart Gentilhomme au cimetière d’Aguilcourt (Aisne), photographie en noir et blanc, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tombe de la famille Millart Gentilhomme au cimetière d’Aguilcourt (Aisne), photographie en noir et blanc, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne (Ardennes), consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune. Acte de décès de Jules Maximilien Gentilhomme, né le 9 mars 1845 à Aguilcourt (Aisne) et mort le 16 avril 1919 à La Romagne (Ardennes).
Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne (Ardennes), consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune. Acte de décès de Jules Maximilien Gentilhomme, né le 9 mars 1845 à Aguilcourt (Aisne) et mort le 16 avril 1919 à La Romagne (Ardennes).

Elle subit cette situation dans l’attente de la reconstruction de son habitation, ce qui demandera quelques années. Les aïeuls sont restés à la Romagne, pour des raisons de santé. Jules Maximilien Gentilhomme y décède le 16 avril 1919[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne, consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune.


Carte postale française ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Merlet-Aguilcourt (Aisne). Rue menant à Aguilcourt », éditée par Lessire-Millot, café-tabac, collection privée (avec l’aimable autorisation de monsieur Guy et madame Monique Millart).


Vue aérienne de Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, collection privée (avec l’aimable autorisation de monsieur Guy et madame Monique Millart).


Portrait d’Anastasie Zénaïde Loutsch née Warnet, photographie ancienne en noir et blanc, tirage monochrome en sépia, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Magalie Petit, son arrière-arrière-petite-nièce).
Portrait d’Anastasie Zénaïde Loutsch née Warnet, photographie ancienne en noir et blanc, tirage monochrome en sépia, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Magalie Petit, son arrière-arrière-petite-nièce).

La deuxième famille se compose de Courcéens[1] : Dominique et Zénaïde Loutsch. Ils n’arrivent pas ensemble. Alors que la femme, Zénaïde, se retrouve à La Romagne le même jour que la famille Millart, son mari ne la rejoint que le 2 août 1915, en provenance de Tavaux[2].


[1] Gentilé des habitants de Courcy.

[2] Actuellement, Tavaux-et-Pontséricourt, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.


Archives départementales de la Marne, 35 Fi 1 [Série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire (photographies, cartes postales, dessins, gravures ou estampes, cartes et plans, affiches) ; sous-série 35 Fi = guerre 1914-1918], cliché positif représentant un paysage de guerre en 1914-1918, auteur anonyme, légendé et daté sur le montage « V. 322. Vue prise en première ligne dans la région des cavaliers de Courcy (Marne), 15 janvier 1916. », tirage argentique d'époque en noir et blanc monté sur carton, 1916, notice descriptive consultable en ligne.
Archives départementales de la Marne, 35 Fi 1 [Série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire (photographies, cartes postales, dessins, gravures ou estampes, cartes et plans, affiches) ; sous-série 35 Fi = guerre 1914-1918], cliché positif représentant un paysage de guerre en 1914-1918, auteur anonyme, légendé et daté sur le montage « V. 322. Vue prise en première ligne dans la région des cavaliers de Courcy (Marne), 15 janvier 1916. », tirage argentique d’époque en noir et blanc monté sur carton, 1916, notice descriptive consultable en ligne.

Eux aussi ont dû fuir la ligne de front, où Allemands et Français se disputent le secteur des Cavaliers de Courcy. Ce sont deux levées de terre, de part et d’autre du canal de l’Aisne à La Marne, où les belligérants ont creusé des tranchées. Dominique et Zénaïde vivent au n° 43 de la rue Haute.



La troisième famille réfugiée est une famille de cultivateurs de Liry, à une soixantaine de kilomètres. Elle est constituée du couple formé par Elisée et Thérèse Camuzet, auxquels s’ajoutent Esther Camuzet Cartelet, et deux fillettes, Marie, née en 1909, et Berthe, en 1913. Ils habitent tous ensemble au n° 55 de la rue Haute. Ils sont arrivés le 8 novembre 1915. Lorsqu’ils regagnent leur village, ils le découvrent presqu’entièrement détruit.


Reproduction moderne d’une photographie allemande ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en rouge), représentant un incendie à Liry (Ardennes) pendant la Première Guerre mondiale, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).

Reproduction moderne d’une photographie allemande ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en rouge), représentant un incendie à Liry (Ardennes) pendant la Première Guerre mondiale, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).


Reproduction moderne d’une photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Liry [Ardennes] 1919. La cloche a été enlevée par les Allemands en 1916. », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).
Reproduction moderne d’une photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Liry [Ardennes] 1919. La cloche a été enlevée par les Allemands en 1916. », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).

La vie laborieuse des Romanais se poursuit, malgré toutes les difficultés engendrées par les bouleversements de la vie quotidienne, et l’arrivée de réfugiés. Les archives de 1918 font apparaître que cinquante-quatre personnes travaillent, dont sept femmes (quatre couturières, une servante, une cultivatrice et une institutrice), et quarante-sept hommes (le curé étant exclu de ce comptage, puisque son activité relève d’une vocation, et non d’un métier au sens strict).


Parmi ces derniers, trente-huit sont en lien avec l’agriculture (vingt cultivateurs et dix-huit journaliers), et les neuf autres exercent diverses professions (instituteur, négociant, appariteur), ou sont artisans (deux maréchaux-ferrants, deux vanniers, un couvreur, un cordonnier). La mobilisation a restreint cette dernière catégorie. Et l’absence d’un boulanger dans ce recensement est notable.


Se pose, d’autre part, le problème du repérage des maisons, à une époque où la poste n’a pas encore fixé leur numérotage[1] dans les villages, et ce, pour faciliter la distribution du courrier.

En s’appuyant sur les recensements de 1918 et de 1921, l’on constate qu’en 1918, la ferme Marandel (n° 64 de la rue Haute) devient le n° 1 de cette même voie en 1921, et que l’identification du bâti pourrait se faire éventuellement en zigzag en 1918 : on compte d’un côté les maisons contiguës puis, s‘il y a une place vide, on compte celle du trottoir opposé.


[1] « Action de numéroter. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Dans l’état actuel de la recherche, il semblerait très hypothétique de déterminer quelle logique a été suivie. Tout au plus pourrait-on supputer, sous toutes réserves, qu’elle aurait été inspirée par l’occupant allemand[1].


[1] Parallèlement à la Straßenweise Hufeisennummerierung (numérotation en fer à cheval rue par rue), fixée par un arrêté du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III le 28 septembre 1799, il existe bien d’autres systèmes, de diverses époques, encore utilisés, de façon partielle, cumulative, et parfois sous des formes hybrides, dans certaines villes d’Allemagne, tels qu’une ortschaftsweise Durchnummerierung (numérotation continue par localité), une viertelweise Durchnummerierung (numérotation continue par quartier), une blockweise Nummerierung (numérotation par blocs), une wechselseitige oder Zick-Zack Nummerierung (numérotation alternée ou en zigzag), un block decimal system ou Philadelphia system (système décimal par blocs, ou système de Philadelphie), un metrisches System (système métrique), et enfin un dekametrisches System (système décamétrique). Sans compter que, depuis la mise en place de la loi du Grand Berlin (Gross-Berlin-Gesetz) le 1er octobre 1920, il n’est pas question dans cette ville de numérotation des maisons (Hausnummerierung) mais des terrains (Grundstücksnummerierung).


Sans certitude sur le mode de numérotation, il est difficile d’identifier précisément où se trouvaient les domiciles des trois familles évoquées précédemment. Cependant, en 1921, un certain nombre de maisons vides apparaît, tant rue Haute que rue Basse.

Il se pourrait qu’elles correspondissent aux habitations occupées par les troupes allemandes, et les réfugiés, pendant le conflit. Il est d’autre part impossible de formuler cette hypothèse pour les hameaux et les écarts, les maisons ayant disparu de nos jours, à quelques exceptions près.


Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.
Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.

En 1921, tous les réfugiés, et les populations déplacées, ont quitté le village depuis un peu plus de dix-huit mois. La population s’est stabilisée, et compte désormais deux cent cinquante-neuf habitants[1], répartis dans quatre-vingt-quinze maisons sur l’ensemble du terroir de La Romagne.

Deux cent quatorze (82,6 %) habitent dans les soixante-douze maisons du village proprement dit, et quarante-cinq (17,37 %) vivent dans les vingt-trois maisons des hameaux et des écarts. La rue Langlet n’accueille plus que quatre foyers en 1921, contre cinq en 1918. La rue Canon, un seul au lieu de deux.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.


En 1921, la pyramide des âges des habitants de La Romagne (Ardennes) montre des variations plus importantes chez les hommes que chez les femmes. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la pyramide des âges des habitants de La Romagne (Ardennes) montre des variations plus importantes chez les hommes que chez les femmes. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Alors que le taux de natalité est au plus bas durant la Première Guerre mondiale, il reprend au retour de la paix : dix naissances sont à noter depuis la fin des hostilités jusqu’au 25 mars 1921.


En 1921, la population active de La Romagne (Ardennes) est aux trois quarts composées d’agriculteurs et d’artisans. Graphique de type « histogramme groupé ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la population active de La Romagne (Ardennes) est aux trois quarts composées d’agriculteurs et d’artisans. Graphique de type « histogramme groupé ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La population active est de quatre-vingt-sept personnes, qui se répartissent en soixante-dix-huit hommes et six femmes adultes, plus trois apprentis mineurs. Ainsi, une proportion de 33,6 % des deux cent cinquante-neuf habitants est active, tandis que les 66,4 % dits sans profession comptabilisent les personnes âgées, les enfants, et les mères au foyer.


Plusieurs d’entre elles s’occupent en fait d’un élevage domestique, et notamment de la traite, sans qu’elles soient officiellement comptabilisées comme actives : elles ne reçoivent aucun salaire.

En 1921, les propriétaires exploitants, qui représentent la catégorie la plus riche des agriculteurs de La Romagne (Ardennes), sont majoritaires. Graphique de type « secteurs en 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, les propriétaires exploitants, qui représentent la catégorie la plus riche des agriculteurs de La Romagne (Ardennes), sont majoritaires. Graphique de type « secteurs en 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1921, le village retrouve tous ses artisans, qui peuvent ainsi répondre aux besoins des uns et des autres.

En 1921, les artisans de La Romagne (Ardennes) appartiennent à des corps de métiers centrés sur la vie agricole. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, les artisans de La Romagne (Ardennes) appartiennent à des corps de métiers centrés sur la vie agricole. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La reprise administrative étatique montre un maillage jusque dans les plus petites communes. Les employés d’Etat, municipaux, et cantonaux, sont représentés par le percepteur, l’instituteur et l’institutrice, le garde-champêtre, et un employé de la voirie cantonale. Les chemins de fer étant encore constitués de compagnies privées[1], les deux employés concernés sont classés à part.


[1] Le 1er janvier 1938, les cinq grandes compagnies ferroviaires privées de France fusionnent pour créer la Société nationale des chemins de fer français (SNCF).


En 1921, la rue principale de La Romagne (Ardennes) concentre approximativement les deux tiers de la population du village. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la rue principale de La Romagne (Ardennes) concentre approximativement les deux tiers de la population du village. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Par rapport au recensement de 1911, une diminution s’amorce : La Romagne a perdu vingt-deux habitants en dix ans, soit 7,8 % de sa population. Ce phénomène se remarque davantage dans les hameaux, où la décroissance la plus visible est celle des Houïs : ce hameau perd douze habitants sur les vingt-huit qu’il comptait avant le déclenchement du conflit.

En 1921, trois hameaux regroupent 82 % des habitants de La Romagne (Ardennes), contre 17,8 % pour les trois autres. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, trois hameaux regroupent 82 % des habitants de La Romagne (Ardennes), contre 17,8 % pour les trois autres. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

C’est à la fois une des conséquences de la Première Guerre mondiale, de la poursuite du phénomène d’exode rural amorcé au siècle précédent, du développement de l’enseignement, et de l’intérêt pour des métiers aux salaires fixes, sans aléas liés à la nature.


Le drapeau français prend une dimension particulière le 11 novembre, jour de commémoration de l'Armistice de 1918. En ce jour de mémoire, il symbolise non seulement les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité – mais aussi l'hommage rendu aux soldats tombés pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Arboré lors des cérémonies, le drapeau rappelle le sacrifice et le patriotisme de ceux qui ont combattu pour protéger ces idéaux, unissant ainsi la nation dans le souvenir et le respect.
Le drapeau français prend une dimension particulière le 11 novembre, jour de commémoration de l’Armistice de 1918. En ce jour de mémoire, il symbolise non seulement les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité – mais aussi l’hommage rendu aux soldats tombés pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Arboré lors des cérémonies, le drapeau rappelle le sacrifice et le patriotisme de ceux qui ont combattu pour protéger ces idéaux, unissant ainsi la nation dans le souvenir et le respect.

L’analyse comparative des recensements de 1918 et de 1921 à La Romagne met en évidence l’impact singulier de la Première Guerre mondiale sur les Ardennes françaises, une région lourdement et directement affectée par les combats.

Ce département a été en effet marqué par l’occupation allemande, les destructions massives de villages, les exils forcés et les déplacements de populations, autant d’événements qui ont profondément bouleversé la structure sociale et économique locale.

De fait, les hostilités ont laissé des séquelles durables sur la démographie de la région, et les premiers efforts de retour à la normalité se sont heurtés aux conséquences de la guerre.

La spécificité des Ardennes en fait donc un lieu emblématique pour comprendre l’après-guerre en France. Ici, la reconstruction s’est confrontée aux blessures matérielles et humaines laissées par le conflit. Ainsi, le 11 novembre, fête particulièrement commémorée, en plus d’honorer la mémoire des soldats, rappelle également les épreuves traversées par les civils ardennais.