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La Romagne au service des armées du roi (XVIIᵉ-XVIIIᵉ siècles)


Au XVIIe siècle, l’effort militaire imposé à la France est considérable, car les  conflits marquent toute cette période : dernières guerres de Religion en France (1621-1629), guerre de Trente ans (1618-1648), révolte des Grands ou Fronde (1648-1653), guerre de Dévolution (1667-1668), guerre de Hollande (1672-1678), guerre de la Ligue d’Augsbourg ou guerre de Neuf Ans (1688-1697), guerre de la Succession d’Espagne (1701-1714).



Les règnes suivants de Louis XV et de Louis XVI connaitront, pour le premier, la guerre de la Succession de Pologne (1733-1738), la guerre de la Succession d’Autriche (1740-1748), et la guerre de Sept ans (1756-1763) et, pour le second, une participation financière très importante à la guerre d’Indépendance des Etats-Unis (1775-1783).


Maison du roi : étendard, planche 14 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : étendard, planche 14 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Le recrutement de l’armée royale se fait sous la forme d’engagements volontaires de longue durée, puisqu’ils passent de quatre à huit ans, tout d’abord au nom du capitaine, puis au nom du roi, et ce jusqu’à la Révolution.

La misère et le vagabondage peuvent pousser à un enrôlement, mais, comme les volontaires ne sont pas assez nombreux, le capitaine devient, la plupart du temps, un marchand d’hommes faisant pratiquer pour son propre compte le racolage[1].

Nul lieu n’échappe aux recruteurs, que ce soient les marchés, les promenades publiques ou les cabarets. Ainsi, pour la base de l’armée, ce recrutement donne des troupes déplorables, souvent prêtes au pillage.


[1] « Sous l’Ancien Régime, en particulier au XVIIe et au XVIIIe siècle, pratique à laquelle recouraient les capitaines, considérés comme propriétaires de leur compagnie, ou les sous-officiers agissant sur leurs ordres, et qui consistait, lorsque les effectifs étaient insuffisants, à amener des hommes, par de fausses promesses ou par la contrainte, à s’enrôler dans l’armée. Louvois s’efforça de combattre les abus du racolage. Le racolage disparut avec l’établissement de la conscription. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Maison du roi : étendard de la compagnie de Noailles, planche 15 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : étendard de la compagnie de Noailles, planche 15 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, les effectifs sont relativement faibles : la victoire de Rocroi[1] en 1643 est obtenue avec quelque vingt-deux mille hommes[2], alors que la guerre de Hollande mobilise plus de cent vingt mille soldats et officiers. En 1705, les effectifs alignés sont d’environ trois cent mille hommes. Les troupes se partagent entre l’infanterie et la cavalerie.


[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Bonal, François. Les Régiments de Champagne sous l’Ancien Régime : Champagne-Infanterie, Royal-Champagne de cavalerie. Langres : Dominique Guéniot, 1999. 137 p., couv. illustr. en coul. Bibliographie p. 133. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.), p. 12.


Infanterie : régiment de Champagne, page de titre, planche 55 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Infanterie : régiment de Champagne, page de titre, planche 55 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.


Maison du roi : étendard des mousquetaires, planche 38 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : étendard des mousquetaires, planche 38 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.


Etendard du régiment de la Reine, planche 80 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Etendard du régiment de la Reine, planche 80 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Au début du règne de Louis XIV, la Maison militaire[1] du roi se compose d’un ensemble particulièrement vaste et prestigieux de régiments. Cette institution, chargée d’assurer à la fois la sécurité personnelle du souverain et le faste de sa représentation, réunit des unités d’élite telles que :

  • les gardes du corps[2] (Charles de Canogne, né vers 1693 et résidant à Maranwez[3], se trouve dans la compagnie de Noailles. Il sert par quartier[4] à Versailles[5]) ;
  • des chevau-légers : Firmin de Canel est l’un des chevau-légers de la garde du roi après 1697 ;
  • des mousquetaires ;
  • des gardes suisses ;
  • des grenadiers ;
  • le régiment de la Reine[6] : en 1720, Robert Bechet d’Arzilly, fils de Charles Bechet et Marie Foulon de la Romagne[7], y est lieutenant comme cavalier.

[1] Masson, Rémi. Défendre le roi : la Maison militaire au XVIIe siècle. Ceyzérieu : Champ Vallon, 2017. 415 p., ill. En appendice, choix de documents. Bibliogr. p. 394‑402. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

[2] Les gardes du corps du roi comprennent quatre compagnies : la première, dite « compagnie écossaise », la plus ancienne et la plus prestigieuse, est commandée de 1445 à 1462 par Robert de Pottelach. Les trois autres, dites « compagnies françaises », sont créées respectivement le 10 juillet 1473, en 1475 et en 1515. Cf. Forges de Parny, Léon de. Les Gardes du corps du roi. Préface de Paul Bertrand de La Grassière. Paris : L’Auteur, 1972. 166 p., pl. Bibliogr. p. 149. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.), p. 135 et ss.

[3] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] « Sous l’Ancien Régime, période de trois mois pendant laquelle certains officiers de la Maison du roi étaient de service à tour de rôle, au contraire des officiers ordinaires qui remplissaient leurs fonctions toute l’année ; par métonymie, la fonction occupée pendant cette période. Médecin par quartier. Être de quartier, en quartier. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] Commune française, actuellement chef-lieu du département des Yvelines, dans la région Île-de-France.

[6] Plusieurs régiments d’infanterie et de cavalerie ont successivement porté le nom de régiment de la Reine sous l’Ancien Régime, chaque unité étant distincte et recréée à différentes époques (XVIIᵉ-XVIIIᵉ siècles).

[7] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Maison du roi : gardes du corps à cheval de la compagnie de Noailles, planche 8 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe avec aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : gardes du corps à cheval de la compagnie de Noailles, planche 8 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe avec aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Forges de Parny, Léon de. Les Gardes du corps du roi. Préface de Paul Bertrand de La Grassière. Paris (Île-de-France) : L’Auteur, 1972. 166 p., pl. Bibliogr. p. 149. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
Forges de Parny, Léon de. Les Gardes du corps du roi. Préface de Paul Bertrand de La Grassière. Paris (Île-de-France) : L’Auteur, 1972. 166 p., pl. Bibliogr. p. 149. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

Deux gardes du corps de la compagnie de Noailles, à cheval, dont un porte-étendard, planche 9 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765) et Robert-Alexandre d’Hermand (1674-1739), aquarelle, gouache et encre sur papier, 47 × 64,5 cm, numéro d’inventaire 10851-15 BIB, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Deux gardes du corps de la compagnie de Noailles, à cheval, dont un porte-étendard, planche 9 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765) et Robert-Alexandre d’Hermand (1674-1739), aquarelle, gouache et encre sur papier, 47 × 64,5 cm, numéro d’inventaire 10851-15 BIB, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Il en va ainsi des régiments de Champagne, qui recrutent sur la région, mais y combattent très peu : c’est le cas du Champagne-Infanterie et du Royal-Champagne[1], plus récent.


[1] Le Régiment Royal‑Champagne, créé en 1682 sous le nom de régiment de Tallard-Cavalerie, prend son titre en 1761, après l’incorporation du régiment de Preissac.



Ce dernier est la possession de Henri II de Durfort de Duras[1]. Il passe ensuite à son frère Jean-Baptiste de Durfort, qui devient ainsi duc de Duras. Il est en garnison à Compiègne[2] en 1698, avant de participer en 1701 à la guerre en Flandre.

Ensuite, et pendant treize ans, le régiment est la propriété de Louis d’Aumont de Villequier, avant de passer aux mains du comte Louis-Charles de la Motte Houdancourt, dont l’épouse était « dame de La Romagne ».


[1] Jacques‑Henri II de Durfort (1670‑1697), fils de Jacques Henri de Durfort, duc de Duras, et de Marguerite Félicie de Lévis‑Ventadour, épousa en mars 1689 Louise‑Madeleine Eschalart de la Marck, comtesse de Braine (commune française située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France) et baronne de Sérignan.

[2] Commune française située dans le département de l’Oise, en région Hauts-de-France.


Régiment de Languedoc, anonyme français, planche 52 page 107 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Languedoc, anonyme français, planche 52 page 107 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn, notice descriptive consultable en ligne.

Plusieurs habitants de La Romagne et des villages voisins témoignent de ce recrutement dans les provinces, montrant que la levée d’hommes pour la Maison du roi ne se limitait pas à la Cour, mais puisait aussi largement dans les campagnes :

  • Le sieur Nicolas Belancour (marié en secondes noces à Marie-Nicolle Devie de la Romagne) est lieutenant réformé du régiment de Champagne ;
  • Pierre Jadart du Merbion (1692-1759) est capitaine au régiment de Champagne ;
  • Paul Boucher d’Avançon (marié à Marie-Thérèse Devie le 15 juin 1733) est officier au régiment de Languedoc ;
  • A la Romagne est célébré le 11 février 1765 le mariage du grenadier Pierre Braux dit Tonnerre, originaire de Rocquigny[1],et de Marie Nicolle Chamouillet.

[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Officier et soldat du régiment de Champagne, planche 58 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée.
Officier et soldat du régiment de Champagne, planche 58 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Jusqu’au règne de Louis XIII, lors des déplacements des armées, il n’y a aucune organisation quant à leur ravitaillement, d’où de nombreux vols, pillages et dommages.

De plus, les finances royales, le plus souvent impécunieuses, payent avec beaucoup de retard les soldes et les approvisionnements, ce qui fait que, pour la population, le passage des troupes est synonyme de violence, de désolation, et d’épouvante.

Compte tenu de toutes les guerres qui se sont déroulées sur le sol ardennais, ces sentiments se sont ancrés durablement et profondément parmi les habitants.


Régiment de Champagne n° 3, anonyme français, 18ᵉ siècle, aquarelle et encre sur papier, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Champagne n° 3, anonyme français, 18ᵉ siècle, aquarelle et encre sur papier, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Dans le premier tiers du XVIIe siècle, l’administration, à la demande du roi, organise le déplacement des troupes en mettant en place le système des étapes.

Pour cela, l’on utilise les routes, voies et chemins existants, pour prévoir des lieux de stationnement distants de vingt-cinq kilomètres entre eux.

Provisions, vivres et fourrages doivent se trouver rassemblés dans ces lieux, et ce d’autant plus qu’il y a une imposition additionnelle à la taille qui est attribuée à ces frais. Cela n’empêche pas l’argent de manquer.


Officiers porte-drapeau du régiment de Champagne, planche 56 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officiers porte-drapeau du régiment de Champagne, planche 56 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Ce sont souvent les mêmes villes et villages qui supportent la présence plus ou moins momentanée des troupes, si l’on n’est pas en période de quartier d’hiver.

Et ce sont eux qui finalement pourvoient à la nourriture, dont la quantité et la qualité dépendent du grade. Ce système connait une courte éclipse, avant de perdurer bien au-delà de la Révolution.


Officiers du régiment de Champagne, planche 57 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officiers du régiment de Champagne, planche 57 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

La constitution d’une armée permanente est l’aboutissement de la prise de conscience des insuffisances et des méfaits du mercenariat, qui a été, jusqu’en 1650, la règle pour tous les états européens, même si la France avait déjà un embryon d’armée permanente dans cette période. En font partie :

  • Jean-Baptiste Devie de La Horgne[1], décédé le 17 juillet 1728 à La Romagne, seigneur de Logny et de la Cour Avril, était capitaine au régiment de Condé-Cavalerie[2].
  • Pierre Merlin (14 décembre 1745-mort le 7 janvier 1772 à La Romagne) était soldat au Royal-dragons[3]
  • Pierre Goulard (fils de Pierre Goulard[4] et Jeanne Caré ), né en octobre 1718[5], est caporal dans la compagnie colonelle du régiment de Beauce (créé en 1684). Il est « dit La Romagne[6] », tiré de son village natal. A la fin de son engagement, il revient vivre au village.

[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2]Le régiment de Condé‑Dragons, régiment de cavalerie française créé en 1665 sous le nom de régiment de Condé‑Cavalerie, sert sous l’Ancien Régime comme unité de cavalerie légère, avant de devenir le 2ᵉ régiment de dragons lors de la Révolution.

[3] Le régiment Royal-Dragons, créé en 1667 sous le nom de régiment des Dragons étrangers du roi, devient le 1er régiment de dragons en 1791.

[4] Ou Goullar, selon une version orthographique alternative.

[5] EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées ; sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures ; sous-série E 2 = années 1713-1721], page non paginée, vue 24/34, consultable en ligne.

[6] Bibliothèque nationale de France, site de l’Arsenal, 4-NF-17188 (6), Laurent, Paul. Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Tome VI, Ardennes. Série E supplément : Archives communales. Collection des inventaires sommaires des archives départementales antérieures à 1790. Charleville : Imprimerie & Lithographie F. Devin–A. Anciaux successeur, 1902, p. 29 [E. Suppl. 141. — GG. 9. (Registre.) — In-4°, 40 feuillets, papier. 1763-1773. —Baptêmes, mariages et sépultures célébrés dans l’église paroissiale de La Romagne. — Baptêmes : le 4 mars 1763, de Pierre, fils de Jean-Baptiste Daveaux, maître d’école, et de Jeanne Leroy ; — le 21 juillet 1763, de Nicolas, fils de Bertaud Soret et de Catherine Marchand ; parrain : Nicolas Baudoin ; marraine : Catherine de Morgny, de la paroisse de Logny, proche Aubenton. — Mariage : le 10 mai 1768, de Pierre Goulard, dit La Romagne, fils de feu Pierre Goulard et de défunte Jeanne Caret, ci-devant caporal de la compagnie colonelle du régiment de Beauce, avec Madeleine du Bois, veuve de Louis Le Brun.]


Guidon du régiment de Condé-Dragons, 1776, textile, 100 × 118 cm, numéro d’inventaire 2018.48.1, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Émilie Cambier, notice descriptive consultable en ligne, notice descriptive consultable en ligne.
Guidon du régiment de Condé-Dragons, 1776, textile, 100 × 118 cm, numéro d’inventaire 2018.48.1, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Émilie Cambier, notice descriptive consultable en ligne, notice descriptive consultable en ligne.

Le sobriquet est une tradition dans les anciens régiments français. Il rappelle souvent le village ou la province d’origine, des fleurs, des défauts ou des qualités. Ainsi Etienne Gasque, époux de Marguerite Delangre[1], est surnommé « La Bonté ».

De même, Pierre Lépinois, dont le décès a lieu le 3 janvier 1740 à La Romagne, était dit « la Rigueur ». Ces surnoms expriment parfois par dérision tout le contraire de ce qu’ils symbolisent. Ils servent aussi lorsque le soldat entre à l’hôtel des Invalides à distinguer les homonymes.


[1] Née à La Romagne le 22 février 1717.


Royal-Champagne n° 15, planche 31 d’Uniformes militaires des troupes françaises sous Louis XVI, 1779, anonyme, dessin rehaussé d’aquarelle et encre, 23 × 17 cm, numéro d’inventaire 10866 ; NF AR UNI, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Émilie Cambier, notice descriptive consultable en ligne.
Royal-Champagne n° 15, planche 31 d’Uniformes militaires des troupes françaises sous Louis XVI, 1779, anonyme, dessin rehaussé d’aquarelle et encre, 23 × 17 cm, numéro d’inventaire 10866 ; NF AR UNI, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Émilie Cambier, notice descriptive consultable en ligne.

En 1674, l’hôtel des Invalides est inauguré. Cet établissement[1] est destiné à recueillir, soigner, héberger des soldats mutilés, usés par l’âge ou les infirmités.

Néanmoins, tous les soldats qui ont reçu des blessures au service du roi ne sont pas admis aux Invalides. Les plus alertes, ou ceux qui peuvent encore être utiles, sont parfois employés à Versailles pour la surveillance et la sécurité du château.


[1] Belmas, Élisabeth ; Coste Joël. Les soldats du roi à l’hôtel des Invalides : étude d’épidémiologie historique, 1670-1791. Paris : CNRS Éditions, 2018. 364 p., ill. en coul. Bibliogr. p. 276‑278. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)



Almanach pour l'année 1704, Jean Langlois (1649 ?-1712 ?), burin, 88,5 × 57,3 cm, numéro d’inventaire invgravures1670, Versailles (Yvelines), châteaux de Versailles et de Trianon, © GrandPalaisRmn / Franck Raux. Almanach illustré représentant la guerre sous Louis XIV. Le roi examine le plan de la ville de Landau et reçoit de monsieur le chevalier de Croissy la nouvelle de la prise par le maréchal de Tallard le 18 novembre 1703. [Nota bene : Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière).], notice descriptive consultable en ligne.
Almanach pour l’année 1704, Jean Langlois (1649 ?-1712 ?), burin, 88,5 × 57,3 cm, numéro d’inventaire invgravures1670, Versailles (Yvelines), châteaux de Versailles et de Trianon, © GrandPalaisRmn / Franck Raux. Almanach illustré représentant la guerre sous Louis XIV. Le roi examine le plan de la ville de Landau et reçoit de monsieur le chevalier de Croissy la nouvelle de la prise par le maréchal de Tallard le 18 novembre 1703. [Nota bene : Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière).], notice descriptive consultable en ligne.

Dans d’autres cas, ils sont nommés à la garde d’autres châteaux, comme l’a été Henry Macquart (natif de Saint-Jean-aux-Bois[1]), sieur de Damonville, capitaine blessé lors du siège de Landau[2] (1702) : il a été recouvert de terre par le souffle d’une bombe. Incommodé par cette blessure, il a été accueilli le 12 mai 1720 à l’hôtel des Invalides[3], puis a été nommé capitaine d’une compagnie d’invalides au château de Sedan[4].


[1] Commune française, située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière). La forteresse de Landau, construite par Vauban entre 1688 et 1691 sur ordre de Louis XIV, illustre l’art de la fortification bastionnée de l’Ancien Régime et joua un rôle stratégique dans le Palatinat durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg et la guerre de Succession d’Espagne.

[3] Service historique de la Défense, site de Vincennes, GR 2 XY 20, acte n° 32561 [série GR = guerre et armée de Terre ; sous-série GR XY = Invalides ; partie GR 2 XY 1 à 374 = registres de l’hôtel des Invalides.]

[4] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Le duc de Bourgogne devant Brisach en 1703, Jean Langlois (1649 ?-1712 ?), burin, 88,5 × 57,3 cm, numéro d’inventaire invgravures1670, Versailles (Yvelines), châteaux de Versailles et de Trianon, © GrandPalaisRmn / image GrandPalaisRmn. Almanach illustré représentant la guerre sous Louis XIV. Le roi examine le plan de la ville de Landau et reçoit de monsieur le chevalier de Croissy la nouvelle de la prise par le maréchal de Tallard le 18 novembre 1703. Le duc de Bourgogne est représenté devant Brisach [Nota bene : Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière). D’autre part, Breisach am Rhein (arrondissement de Brisgau-Haute-Forêt-Noire, district de Fribourg-en-Brisgau, Land de Bade-Wurtemberg), est une ville allemande appelée Vieux-Brisach par les Français pour la distinguer de Neuf-Brisach, commune française située actuellement dans le département du Haut-Rhin, en région Grand Est.], notice descriptive consultable en ligne.
Le duc de Bourgogne devant Brisach en 1703, Jean Langlois (1649 ?-1712 ?), burin, 88,5 × 57,3 cm, numéro d’inventaire invgravures1670, Versailles (Yvelines), châteaux de Versailles et de Trianon, © GrandPalaisRmn / image GrandPalaisRmn. Almanach illustré représentant la guerre sous Louis XIV. Le roi examine le plan de la ville de Landau et reçoit de monsieur le chevalier de Croissy la nouvelle de la prise par le maréchal de Tallard le 18 novembre 1703. Le duc de Bourgogne est représenté devant Brisach [Nota bene : Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière). D’autre part, Breisach am Rhein (arrondissement de Brisgau-Haute-Forêt-Noire, district de Fribourg-en-Brisgau, Land de Bade-Wurtemberg), est une ville allemande appelée Vieux-Brisach par les Français pour la distinguer de Neuf-Brisach, commune française située actuellement dans le département du Haut-Rhin, en région Grand Est.], notice descriptive consultable en ligne.


On retrouve également, dans les listes des pensionnaires de cet hôtel des Invalides, Hubert Laroche, natif de La Romagne. En effet, ce dernier appartient au régiment de Touraine (crée en 1725) et à la compagnie d’Harmeville[1].

C’est un régiment d’infanterie, où il a servi cinq ans et quatre mois. Blessé durant la guerre de Sept Ans à la bataille de Minden[2] d’un coup de sabre sur l’épaule droite, il entre aux Invalides[3] le 19 mars 1761, ce qui met fin à sa carrière militaire.


[1] Ancienne commune française, associée à la commune de Lezéville depuis 1972, située actuellement dans le département de la Haute-Marne, en région Grand Est.

[2] La bataille de Minden, le 1er août 1759, fut un épisode décisif de la guerre de Sept Ans, qui se déroula aux portes de la ville de Minden, actuellement dans l’arrondissement de Minden-Lübbecke, district de Detmold, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Allemagne). Les troupes britanniques, prussiennes, du Brunswick-Lunebourg et de Hesse-Cassel infligèrent une lourde défaite aux forces françaises et à leurs alliés, dont le duché de Saxe, marquant un tournant stratégique dans le conflit en Europe centrale.

[3] Service historique de la Défense, site de Vincennes, GR 2 XY 38, acte n° 86418 [série GR = guerre et armée de Terre ; sous-série GR XY = Invalides ; partie GR 2 XY 1 à 374 = registres de l’hôtel des Invalides.]


Plan du siège de Minden, Pays-Bas, 1766, estampe à l’eau-forte, 54,5 × 72,5 cm, numéro d’inventaire CFAb102, Blérancourt, musée franco-américain du château de Blérancourt, © GrandPalaisRmn / Gérard Blot, notice descriptive consultable en ligne.
Plan du siège de Minden, Pays-Bas, 1766, estampe à l’eau-forte, 54,5 × 72,5 cm, numéro d’inventaire CFAb102, Blérancourt, musée franco-américain du château de Blérancourt, © GrandPalaisRmn / Gérard Blot, notice descriptive consultable en ligne.

Maison du roi : étendard du régiment du Roi, planche 105 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : étendard du régiment du Roi, planche 105 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Avant la fondation des Invalides, les soldats estropiés sont envoyés dans des abbayes où ils sonnent les cloches, ouvrent les portes, entretiennent la chapelle, etc. Le roi verse alors au monastère, pour l’entretien de chacun, une somme annuelle de cent livres[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LF50-137, Mention, Léon. L’Armée de l’Ancien Régime, de Louis XIV à la Révolution. Paris : L.-H. May, s. d. In-8°, 312 p., fig., portraits. Bibliothèque d’histoire illustrée, publiée sous la direction de J. Zeller et H. Vast. [Nota bene : l’ouvrage de Léon Mention propose une synthèse accessible sur l’organisation et l’évolution de l’armée française de Louis XIV à la Révolution. Illustré et destiné à la vulgarisation, il présente les principales structures, les différents types de troupes, et les réformes successives. Malgré une approche aujourd’hui datée, il demeure une introduction utile à l’armée de l’Ancien Régime.]


Pistolet d’officier de dragons, modèle 1767, calibre 17,1 mm, manufacture de Charleville (Ardennes), 18ᵉ siècle, numéro d’inventaire 2002.21.31, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Pascal Segrette, notice descriptive consultable en ligne.
Pistolet d’officier de dragons, modèle 1767, calibre 17,1 mm, manufacture de Charleville (Ardennes), 18ᵉ siècle, numéro d’inventaire 2002.21.31, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Pascal Segrette, notice descriptive consultable en ligne.

En 1693, le roi crée l’ordre royal et militaire de Saint-Louis pour récompenser les militaires qui se sont distingués par leur bravoure et leurs actions d’éclat : on y trouve Philippe Jadart du Merbion (1678-1738).

Seuls peuvent y être admis les officiers de nationalité française et de religion catholique ayant au moins dix ans de service. Cet ordre disparaît avec la Révolution, mais on sait qu’en 1773, messire Louis Dieudonné Robert de la Bove de L’Isle, ancien capitaine de dragons, résidant à Rocquigny, en était chevalier.


« Chef de musique » et tambour du régiment de Champagne, planche 60 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
« Chef de musique » et tambour du régiment de Champagne, planche 60 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

La convocation du ban et de l’arrière-ban est une survivance féodale, et un devoir impérieux pour la noblesse. Les seigneurs se doivent d’aider le roi en cas de guerre, et sur sa demande. Le ban et l’arrière-ban sont formés par les possesseurs de fiefs et d’arrière-fiefs, nobles ou non nobles, qui sont astreints au service militaire et viennent ainsi grossir l’armée régulière.

Ce que ne peut pas faire, en octobre 1636, Christophe de Bouzonville (de la Cour Avril). Alors qu’il doit se rendre à l’armée conduite par le comte de Soissons[1], suivant un commandement envoyé à tous les gentilshommes, il déclare alors qu’il ne peut répondre à cet ordre, car il est constitué chef de la milice de Chaumont[2] pour la conservation des frontières de Champagne et Thiérache, et plus particulièrement des places de Charleville[3] et de « Chastel en Porcien[4] ».


[1] Commune française située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Charleville-Mézières, commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Lire Château-Porcien, commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est. Archives départementales des Ardennes, 5J 4 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt) ; sous-série 5J = collection généalogique constituée par Louis Bossu, procureur général de la cour d’appel de Chambéry, né à Mirecourt (commune française, actuellement chef-lieu de canton du département des Vosges, en région Grand Est) en 1857, et décédé en 1929, cote 5J 4 = dossiers généalogiques Ca-Ch.]


Marche des Gris-Vêtus (régiment de Champagne), page 303 de l’album musical n° 125, supplément de Musica, février 1913, François Couperin (1668-1733), impression sur papier, H. 34 cm, numéro d’inventaire 27170 BIB, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Pascal Segrette, notice descriptive consultable en ligne.
Marche des Gris-Vêtus (régiment de Champagne), page 303 de l’album musical n° 125, supplément de Musica, février 1913, François Couperin (1668-1733), impression sur papier, H. 34 cm, numéro d’inventaire 27170 BIB, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Pascal Segrette, notice descriptive consultable en ligne.

Il en est de même pour le sieur d’Aguisy de Mainbresson[1], convoqué en 1694, mais qui est hors d’état de servir, car il est gravement malade. Cela n’empêche pas qu’il soit taxé avec d’autres membres de sa famille de soixante livres[2].


[1] Commune associée de Rocquigny et ancienne commune française, située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 17B 104 [série B = juridictions d’Ancien Régime ; sous-série 17B = bailliage royal et siège présidial de Reims ; articles 17B 1-126 = actes non judiciaires et actes administratifs et de police ; cotes 17B 101-104 = ban et arrière-ban (1689-1697).]


Fantassin du régiment de Champagne, planche 2 page 7 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, anonyme français, 18ᵉ siècle, aquarelle et gouache sur papier, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Fantassin du régiment de Champagne, planche 2 page 7 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, anonyme français, 18ᵉ siècle, aquarelle et gouache sur papier, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

A l’origine, ce sont les baillis qui ont pour mission de lever ce ban et cet arrière-ban. Lorsque celui-ci tombe en désuétude, les baillis sont réduits à leurs fonctions judiciaires.

Sous Louis XIV, les rapports des intendants stipulent que les convocations du ban et de l’arrière-ban font apparaître des gentilshommes dont on ne peut faire grand-chose.

Toutefois, si ces derniers refusent de répondre aux convocations, ils s’exposent à la confiscation de leur fief ou de leur arrière-fief[1]. En outre, ils sont obligés aussi de contribuer à cet arrière-ban, en versant une taxe proportionnelle à la valeur de ce fief.

Si, pour une raison valable, ils ne sont pas en mesure de faire face à cette convocation, une somme compensatoire est demandée. S’ils ne peuvent pas la donner, ils sont poursuivis, comme l’a été par exemple monsieur d’Aguisy de Mainbresson.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 17B 102 [série B = juridictions d’Ancien Régime ; sous-série 17B = bailliage royal et siège présidial de Reims ; articles 17B 1-126 = actes non judiciaires et actes administratifs et de police ; cotes 17B 101-104 = ban et arrière-ban (1689-1697).]


Soldat du régiment de Champagne sous les armes, planche 61 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Soldat du régiment de Champagne sous les armes, planche 61 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Ce ban et cet arrière-ban sont convoqués à plusieurs reprises au cours du XVIIe siècle, par exemple de 1635 à 1639 pour la guerre de Trente ans (1618-1648), puis en 1674 pour lutter contre les agissements des Impériaux[1] (die Kaiserlichen), et rejoindre l’armée de Turenne qui, les trouvant par trop indisciplinés, ne veut pas les garder. On fait encore appel à eux en 1689, puis en 1697, au sujet des troubles que l’on redoutait du côté des nouveaux convertis.


[1] Lettres patentes du 12 août 1674, pour la convocation du ban et arrière-ban de la province de Champagne. Cf. Archives du Palais princier de Monaco, MC/APM/T/11 (1540-1693) = ban et arrière-ban. Liasse. 14 pièces et 16 cahiers papier. 1 pièce imprimée [série T = cotes MC/APM/T/1-MC/APM/T/1419 (années 687-2014) correspondant à l’inventaire des archives du comté et duché de Rethel-Mazarin au Palais de Monaco ; articles MC/APM/T/3-MC/APM/T/27 (années 1200-1786) = affaires féodales.], document consultable en ligne, pages non paginés, vue média 8/139 et suivantes.


Officier et soldat du régiment de Champagne, planche 59 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officier et soldat du régiment de Champagne, planche 59 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

La suppression du ban et de l’arrière-ban suit de près l’établissement des milices. Créés par Louvois dans le contexte de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) afin de fournir des renforts, deux régiments de milice, comptant chacun dix-huit compagnies, sont levés au tout début de l’année 1689, en vertu de l’ordonnance royale du 28 novembre 1688.

C’est une troupe auxiliaire, forte d’environ vingt-cinq mille hommes, utilisables en temps de guerre. Cette institution inaugure un principe nouveau : celui de service militaire, territorial et forcé, exclusivement imposé aux classes inférieures.


Coupe de l'uniforme d'un soldat du régiment de Champagne, planche 62 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Coupe de l’uniforme d’un soldat du régiment de Champagne, planche 62 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Toutes les paroisses, sauf les plus faibles (c’est-à-dire celles où la taille globale est inférieure à quatre cents livres et qui en sont par conséquent dispensées), doivent équiper au moins un milicien, si la taille collective est inférieure à quatre mille livres. Sinon, elles se doivent de fournir un milicien supplémentaire par tranche de deux mille livres.

La désignation a lieu à la sortie de la messe, le dimanche suivant la notification envoyée par l’intendant. Pour la communauté villageoise, c’est parfois l’occasion d’écarter certains habitants jugés indésirables, de les éloigner, voire de les ostraciser ou de régler des tensions locales.


Coupe de l'uniforme d'un soldat, planche 10 du tome II d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée de gouache, aquarelle et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, définition 5 24 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10850, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Coupe de l’uniforme d’un soldat, planche 10 du tome II d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée de gouache, aquarelle et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, définition 5 24 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10850, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Pour essayer d’éviter les excès que permet ce premier mode de désignation, l’on a recours en 1691 au tirage au sort. Il s’effectue dans la maison du subdélégué, où le syndic du village conduit les hommes célibataires âgés de seize à quarante ans.

Ces derniers doivent répondre à certains critères physiques : il faut mesurer au moins cinq pieds quatre pouces[1]. Une ordonnance de 1774 interdit d’admettre dans cette milice les mendiants, les vagabonds, et autres « gens sans aveu[2] ».


[1] Sous l’Ancien Régime, le pied de roi mesurait 0,32483 m et se subdivisait en 12 pouces (1 pouce ≈ 2,706 cm). Ainsi, cinq pieds quatre pouces correspondent à environ 1,73 m.

[2] Cette expression désignait autrefois un individu isolé, sans statut social clair, et souvent perçu comme immoral ou criminel.


Drapeaux des Cent-Suisses du roi, planche 61 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe avec aquarelle et gouache sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Drapeaux des Cent-Suisses du roi, planche 61 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe avec aquarelle et gouache sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Le service dure deux ans mais, à partir de 1726, il passe à quatre ans, pour aboutir, en 1736, à six ans. L’âge d’appel varie de vingt-deux ans, lors de la création, à seize ans vers 1726, pour atteindre dix-huit ans durant le règne de Louis XVI.


Guidon du régiment Royal-Dragons, planche 36 du tome V d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, gouache et rehauts d’or, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10853, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Guidon du régiment Royal-Dragons, planche 36 du tome V d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, gouache et rehauts d’or, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10853, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Dans la région ardennaise, la milice s’ajoute à la réquisition de pionniers, chargés des réparations ou de la surveillance des places fortes et des rivières. Cette mesure est impopulaire à plusieurs titres car :

  • cette charge imposée par le roi est très inégalement répartie au sein du royaume et des communautés ;
  • elle est un véritable fardeau pour les paroisses rurales, qui supportent le plus durement cet effort : si le milicien désigné ne se présente pas au point de rassemblement, qui ne doit pas (après 1750) se trouver à plus de trois jours de marche, il est qualifié de traitre à la Couronne. La paroisse est alors obligée d’en fournir un nouveau pour le remplacer.

Coupe de l’uniforme d’un soldat du régiment de la Couronne, Delaistre Jacques-Antoine, planche 102 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, estampe, aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 18ᵉ siècle, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Coupe de l’uniforme d’un soldat du régiment de la Couronne, Delaistre Jacques-Antoine, planche 102 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, estampe, aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 18ᵉ siècle, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Si les villages des alentours sont mis régulièrement à contribution, l’on ne retrouve actuellement, pour La Romagne, que la participation d’ Antoine Chamouillet, François Merlin, Benoit Panier et Jean Ronsin, quatre de ses habitants (ce qui ne veut pas dire que d’autres n’ont pas été appelés à d’autres moments).

Ces derniers ont été appelés pour la garde du treizième poste[1], qui se trouvait sur la ligne de défense allant de Charleville à Signy-le-Petit[2], qui en comptait vingt et un. L’ensemble de ces postes doit assurer la protection de la frontière pendant la guerre de la Succession d’Autriche (1740-1748).


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons en Champagne, C 1263, pièce n° 17 [série C = administrations provinciales ; cotes C1-2059 = intendance de Châlons ; articles C1216-1519 = armée, marine, colonies ; documents C1256-1267 = fortifications et lignes de défense de la Champagne (1675-1788).]

[2] Commune française, située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Étendard de la première compagnie des mousquetaires, planche 46 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), aquarelle et gouache, 47 × 54 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Anne-Sylvaine Marre-Noël, notice descriptive consultable en ligne.
Étendard de la première compagnie des mousquetaires, planche 46 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), aquarelle et gouache, 47 × 54 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Anne-Sylvaine Marre-Noël, notice descriptive consultable en ligne.

Dans la généralité[1] de Champagne, on recrute un homme pour trois cent quatre-vingt-cinq habitants, ce qui fait qu’en suivant cette décision en 1768, La Romagne et Grandchamps[2] doivent en fournir un, tandis que Rocquigny et Mainbresson en donnent deux.

Pour d’autres généralités, comme celles de Poitiers[3] ou La Rochelle[4], c’est un homme pour mille trois cents habitants qui est requis. Certaines provinces nouvellement rattachées, comme l’Artois, la Flandre ou le Hainaut, sont dispensées de ce recrutement.


[1] « Circonscription administrative où s’exerçait la juridiction d’un bureau de trésoriers de France, et qui était placée sous la direction d’un général des finances ou, plus tard, d’un intendant. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Commune française située actuellement dans le département de la Vienne, en région Nouvelle-Aquitaine.

[4] Commune française, actuellement préfecture du département de la Charente-Maritime, en région Nouvelle-Aquitaine.


Les cas de dérogation sont très nombreux, comme le prouve l’exemple de Rocquigny, en 1783, ou l’exempté est le domestique du garde-étalon pansant le cheval. On peut dénombrer parmi les dispensés :

  • les titulaires d’offices comportant exemption de logement des gens de guerre ;
  • les médecins, les chirurgiens, les apothicaires ;
  • les employés des fermes du roi ;
  • le directeur d’une forge ;
  • le fils aîné d’un laboureur ;
  • les nouveaux convertis ;
  • les serviteurs de nobles, etc.

Régiment de Condé, anonyme français, planche 38 page 79 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Condé, anonyme français, planche 38 page 79 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

La charge est très onéreuse, puisque l’équipement et l’entretien du milicien jusqu’à sa convocation dépendent de la paroisse. Dès sa désignation, le milicien n’a plus le droit de s’en éloigner. Il reçoit de celle-ci deux sols par jour puis, à partir du jour où les régiments sont assemblés par ordre du roi, trois sols et le pain.

Son habillement et son armement sont également à la charge de la paroisse, qui lui fournit un justaucorps de drap, des culottes et des bas, un bon chapeau et de bons souliers.

Aucune uniformité ou couleur ne sont imposées. L’armement consiste en un mousquet ou fusil, une épée dont la lame mesure au moins deux pieds neuf pouces[1], et un baudrier (remplacé plus tard par un ceinturon). Les ensembles sont très disparates, et de qualité souvent médiocre.


[1] Environ 89,3 centimètres.


Régiment de Beauce n° 71, anonyme français, aquarelle et encre sur papier, 18ᵉ siècle, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Beauce n° 71, anonyme français, aquarelle et encre sur papier, 18ᵉ siècle, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Lorsque l’on a la malchance d’être tiré au sort, il est possible de se faire remplacer. C’est ce que fait Thomas Devie qui, désigné en 1743, use de ce droit. Pour cela, un contrat est passé devant maître J.-B. Douce, notaire à Rocquigny, par lequel, et moyennant finances, Servais Créquy le Jeune, demeurant sous les Faux, lieu-dit de Rocquigny, s’engage à le remplacer.


Cent-Suisses du roi : soldat avec hallebarde et porte-étendard, planche 64 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Cent-Suisses du roi : soldat avec hallebarde et porte-étendard, planche 64 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Mathieu Arbonville (natif de Wasigny[1] mais de droit rattaché à la paroisse de La Romagne) n’a certainement pas pu, pour sa part, bénéficier de cette possibilité (en raison du coût que représente le choix d’un remplaçant), puisqu’il reçoit son congé le 1er janvier 1765, après avoir été soldat au bataillon de la milice de Mazarin.


[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Cent-Suisses du roi : tambour et joueur de flûte, planche 63 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Cent-Suisses du roi : tambour et joueur de flûte, planche 63 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Parisle-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Etre tiré au sort peut susciter parfois de la jalousie à l’égard d’un plus chanceux. Dans ce cas, l’on n’hésite pas à faire appel de la décision du tirage au sort. C’est ce que fait Nicolas Lacroix, qui estime anormal que l’un des garçons de la paroisse, Nicolas Dupont, n’ait pas été inscrit sur la liste et que, de ce fait, le sort ne lui aurait peut-être pas été aussi fatal.

Pour la défense de Nicolas Dupont, il est indiqué qu’il ne pouvait figurer sur la liste de La Romagne, alors qu’il était, à la date du 25 décembre 1768, au service du curé de Marlemont[1] et, qu’un mois plus tard, il entrait au service de monsieur de La Rancée, procureur-syndic de la ville de Charleville.

Nicolas Lacroix fait tant et si bien que le subdélégué de Château-Porcien organise un tirage au sort entre les deux hommes. Mais la chance n’est décidément pas de son côté, puisque le billet tiré confirme son sort. Il ne lui reste plus, pour se consoler, que l’indemnité de cinquante livres qu’ont dû lui verser les principaux habitants de la paroisse[2].


[1] Commune française, située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons‑en‑Champagne, C 1368, pièces n° 568 et 614 [série C = administrations provinciales ; cotes C1-2059 = intendance de Châlons ; articles C1216-1519 = armée, marine, colonies ; documents C1341-1378 = milice et régiments provinciaux (1706-1789).]


Régiment de Touraine n° 34, anonyme français, aquarelle sur papier, 18ᵉ siècle, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Touraine n° 34, anonyme français, aquarelle sur papier, 18ᵉ siècle, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Chaque compagnie se compose d’un capitaine, d’un lieutenant, de deux sergents et de quarante hommes, soit au total sept cent quatre-vingt-douze individus par régiment.

Les officiers qui commandent les compagnies doivent, autant que possible, être domiciliés au centre, ou à proximité des villages d’où sont issus les miliciens. Assez souvent, ces officiers ont servi dans les troupes du roi, ou dans les compagnies de sa Maison militaire.


Régiment de Touraine, planche 18 page 39 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, anonyme français, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Touraine, planche 18 page 39 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, anonyme français, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Pour la milice de Champagne, deux régiments sont formés : le premier est attribué à monsieur de Joyeuse, comte de Grandpré[1], et le second à monsieur de Berzau de Molins. Une fois assemblés, ces deux derniers sont éloignés de leur province d’origine.

Le régiment de Grandpré est envoyé en 1688 à Vernon[2] puis à Abbeville[3]. en 1690, il tient garnison à Besançon[4], avant de se rendre en Savoie. Il est affecté à la garnison de Suse[5], l’une des clés du Piémont avec Pignerol[6].


[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune française située actuellement dans le département de l’Eure, en région Normandie.

[3] Commune française, actuellement sous-préfecture du département de la Somme, en région Hauts-de-France.

[4] Commune de l’Est de la France, actuellement préfecture du département du Doubs et siège du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

[5] Actuellement, commune italienne de la ville métropolitaine de Turin, dans le Piémont.

[6] Actuellement, commune italienne de la ville métropolitaine de Turin, dans la région du Piémont.


Officiers des gardes françaises et drapeau, planche 1 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officiers des gardes françaises et drapeau, planche 1 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

En 1693, pour faire face à l’ennemi, chaque compagnie est augmentée de dix hommes. Le premier bataillon est présent à l’armée des Flandres, et le second, après avoir tenu garnison à Schlettstàdt[1], est intégré à l’armée d’Allemagne.

Ces deux régiments sont réformés, l’un en 1695, et l’autre en 1697, aussitôt la paix revenue[2]. En effet, avec la fin de la guerre de la Ligue d’Augsbourg et les traités de Ryswick[3], le successeur de Louvois, Barbezieux, ne garde pas cette milice.


[1] Alsacien pour Sélestat, commune située actuellement dans le département du Bas-Rhin, en région Grand Est.

[2] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0957 [= Anciennement 9352 selon une cotation antérieure], numéros de notice 957-960, Mémoire sur la province de Champagne (1708). [XVIIIe siècle. Manuscrit en français sur papier. 492, 418, 488 et 506 feuillets. 370 sur 250 mm. Reliure en veau raciné. Le manuscrit doit être incomplet, car au bas du dernier feuillet du tome IV on lit les mots d’appels pour le feuillet suivant : « De l’évêché. » — Ce mémoire a dû être rédigé par André de Harouys, qui fut intendant en Champagne de 1702 à 1711.]

[3] À Ryswick, deux traités signés les 20 septembre et 30 octobre 1697 mirent un terme à la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) et limitèrent l’expansion de la France sous le règne de Louis XIV. Ryswick (Rijswijk en néerlandais) est actuellement une commune des Pays-Bas, située en Hollande-Méridionale, au sud-est de La Haye.


Officier de grenadier des gardes françaises, planche d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), aquarelle sur papier, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officier de grenadier des gardes françaises, planche d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), aquarelle sur papier, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

A partir de 1726, le duc de Bourbon et monsieur de Breteuil, ministre de la Guerre, prennent la résolution de rétablir les milices de façon permanente.

Elles ont une place très importante dans les guerres du règne de Louis XV, soit en s’occupant des places frontières, soit en prenant part à des opérations actives, que ce soit pendant la guerre de la Succession de Pologne, la guerre de la Succession d’Autriche, ou durant la guerre de Sept Ans. Elles se composent en 1762 de quatre-vingt-dix mille hommes.



Dès 1771, le nom de milice disparaît au profit d’une nouvelle appellation, celle de « régiment de soldats provinciaux ». Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, ce n’est plus chaque paroisse qui doit fournir un milicien, mais un groupement de villages.

En 1778, l’on constate que les paroisses de La Romagne et de Montmeillant[1] sont regroupées avec celles de Chaumont-Porcien et de Givron[2], tandis que celles de Rocquigny et Mainbressy[3] forment un autre rassemblement.


[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune française située dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.



Un peu plus tard, l’autorisation est donnée aux villages et aux particuliers de pouvoir remplacer le milicien désigné, soit par un « volontaire », soit par une somme d’argent, alors même que cette pratique est quasiment dénoncée depuis la première création de la milice.

Celui qui se substitue à l’homme désigné signe un contrat, dans lequel figurent la somme d’argent remise, et le nom de l’homme qu’il remplace. Il est tenu de remplir toutes les obligations du milicien, et il n’est libéré que six ans après l’époque de la substitution.



Dans les cahiers de doléances, s’élèvent des plaintes contre le recrutement et le service de la milice ou régiments provinciaux. La suppression officielle de ces derniers a lieu le 4 mars 1791. Les régiments sont licenciés, et les soldats reçoivent un congé absolu.



Il est à noter que, bien avant la Révolution, Maurice de Saxe (1696-1750)[1] avait recommandé l’instauration d’un service militaire obligatoire d’une durée de cinq ans.

Cette réforme ne fut pas adoptée sous la monarchie, le pays n’étant pas prêt pour une telle mesure. Toutefois, elle contribua à faire évoluer les mentalités et à préparer l’émergence d’une nouvelle conception du service armé, qui aboutira au XIXᵉ siècle à l’instauration du service militaire obligatoire pour tous.


[1] Maréchal général des camps et armées de Louis XV.


Catégories
Administration communale Anciens combattants Guerre franco-allemande (1870-1871) Impôt Militaires Victimes de guerre

La guerre franco-allemande (1870-1871) à La Romagne et dans le canton de Chaumont-Porcien



Statuette représentant Bismarck lors de la proclamation de l'Empire allemand, le 18 janvier 1871. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Statuette représentant Bismarck lors de la proclamation de l’Empire allemand, le 18 janvier 1871. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La guerre[1] est déclarée le 19 juillet 1870 par Napoléon III au royaume de Prusse, dont Otto von Bismarck est le ministre-président de 1862 à 1890 (il est également chancelier de la confédération de l’Allemagne du Nord de 1867 à 1871). Aux Prussiens se sont associés d’autres Etats comme le grand-duché de Bade, les royaumes de Bavière et de Wurtemberg. Les premiers affrontements ont lieu sur le front de l’Est.


[1] Ce conflit est généralement désigné par le terme « guerre franco-allemande (1870-1871) ». Il peut être également nommé « guerre de 1870-1871 » ou « guerre franco-prussienne (1870-1871) ». Il arrive qu’il soit appelé « guerre de Septante » par certains historiens.


La Romagne et les villages des environs assistent parfois aux passages des troupes, mais ne sont pas directement situés dans la zone des combats, marquée par une cinglante défaite à la suite de la bataille de Sedan (Ardennes).

Les habitants ont cependant ressenti la proximité de la guerre : avant de faire face à l’occupation allemande (le département des Ardennes n’a été libéré de celle-ci qu’en 1873), ils ont été confrontés aux réquisitions de chevaux et de nourriture par les soldats français, aux opérations du 13e corps d’armée, lors de la retraite de celui-ci.


La cadence de tir du fusil Chassepot modèle 1866 utilisé pendant la guerre franco-allemande (1870-1871) est de dix coups par minutes. Son calibre est de 11 millimètres. Sa hausse est graduée jusqu'à 1 200 mètres, même si sa portée pratique est en fait de 150 mètres environ. Il est en tout cas plus performant que le fusil à tabatière modèle 1867 utilisé pendant le Second Empire. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La cadence de tir du fusil Chassepot modèle 1866 utilisé pendant la guerre franco-allemande (1870-1871) est de dix coups par minutes. Son calibre est de 11 millimètres. Sa hausse est graduée jusqu’à 1 200 mètres, même si sa portée pratique est en fait de 150 mètres environ. Il est en tout cas plus performant que le fusil à tabatière modèle 1867 utilisé pendant le Second Empire. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Créée par le décret du 12 août 1870, cette unité militaire défensive[1] débute sa formation le 16 août 1870 à Paris, sous les ordres du général Vinoy[2]. Elle est composée de trois divisions, confiées respectivement aux généraux Exéa[3], Maud’huy[4] et Blanchard[5].


[1] L’armée française gardera cette position, face à des ennemis qui privilégient une stratégie offensive.

[2] Joseph Vinoy (10 août 1800-29 avril 1880), général de division.

[3] Antoine-Achille d’Exéa-Doumerc (24 février 1807-9 février 1902), général de division.

[4] Louis Ernest de Maud’huy (21 janvier 1809-20 octobre 1883), général de division. A ne pas confondre avec son neveu, le général Louis Ernest de Maud’huy (17 février 1857-16 juillet 1921), héros de la guerre de 1914-1918.

[5] Georges Eugène Blanchard (12 octobre 1805-13 février 1876), général de division.


En tout, ces dernières comprennent plus de 30 000 hommes pour l’infanterie (dont certaines recrues, selon le capitaine Vaimbois[1], n’ont jamais ou très peu manié le fusil Chassepot[2]), une réserve d’artillerie plutôt bien préparée, et une division de cavalerie.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6464043, Vaimbois, Joseph Nicolas Edmond (auteur), Le 13e corps dans les Ardennes et dans l’Aisne, ses opérations et celles des corps allemands opposés : campagne de 1870-71, Paris : Henri Charles-Lavauzelle, 1897, 1 vol. (224 p.), in-8°, page 8, vue 16/238, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-2115.

[2] Le fusil modèle 1866 tire son nom de son inventeur.


Cette formation quitte Paris le 24 août 1870 par différentes lignes de chemin de fer. Il est prévu qu’elle doit en partie se porter sur la rive droite de l’Aisne à hauteur de Berry-au-Bac[1], mais les directives changent. Seize jours plus tard, le 13e corps est de retour à Paris[2], après avoir vécu de nombreux aléas et péripéties durant sa retraite.


[1] Actuellement département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Aujourd’hui, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la métropole du Grand Paris.


Bronze dédicacé représentant le major Halden lors de la bataille de Gravelotte (Moselle), fin XIXe siècle (Allemagne). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La première division est dirigée sur Reims (Marne). Quant aux deux autres, elles ont pour mission, non de combattre, mais d’inquiéter l’armée du prince Frédéric Charles de Prusse[1] dans sa marche. Or, très vite, elles reçoivent d’autres ordres et doivent se diriger sur Mézières (Ardennes), où elles arrivent le 30 août pour assurer les communications.


[1] Friedrich Karl von Preußen en allemand (20 mars 1828-15 juin 1885).


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, page 20, vue 22/36, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, page 20, vue 22/36, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.

La situation est déjà compromise : le 18 août a eu lieu la bataille de Gravelotte (Moselle)[1], puis le repli de Bazaine[2] à Metz (Moselle) et son enfermement.


[1] Egalement appelée bataille de Saint-Privat.

[2] François Achille Bazaine (13 février 1811-23 septembre 1888), général de division et maréchal de France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8439219, Établissement géographique Erhard frères (auteur), Monrocq imprimeur (auteur), Direction de la marche de l'Armée de Châlons vers Metz (indiquée par le ministre de la Guerre dans le conseil des Ministres), échelle au 1 : 160 000, Paris : Monrocq imprimeur, 1870, 1 feuille en couleurs ; 580 x 440, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-303. Note : Carte de l'Argonne et d'une partie de la Champagne, de Châlons à Verdun. - 1870].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8439219, Établissement géographique Erhard frères (auteur), Monrocq imprimeur (auteur), Direction de la marche de l’Armée de Châlons vers Metz (indiquée par le ministre de la Guerre dans le conseil des Ministres), échelle au 1 : 160 000, Paris : Monrocq imprimeur, 1870, 1 feuille en couleurs ; 580 x 440, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-303. Note : Carte de l’Argonne et d’une partie de la Champagne, de Châlons à Verdun. – 1870].

Pour sa part, l’armée de Châlons[1], sous le commandement de Mac-Mahon[2], est arrêtée dans sa marche. En outre, dans la nuit du 30 au 31 août, Failly[3] échoue devant Beaumont[4], alors que ses troupes, qui ont reculé, essaient de résister et de défendre Mouzon (Ardennes), dont les Prussiens ne s’empareront que tard dans la soirée. Les Français reçoivent alors l’ordre de se porter sur Sedan (Ardennes).


[1] Actuellement Châlons-en-Champagne, anciennement Châlons-sur-Marne, chef-lieu du département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Patrice de Mac Mahon (13 juin 1808- 17 octobre 1893), général de division, maréchal de France.

[3] Pierre Louis Charles Achille de Failly (21 janvier 1810-15 novembre 1892), général de division.

[4] Actuellement, Beaumont-en-Argonne (Ardennes), en région Grand Est.


Les civils fuient sur la route de Sedan (Ardennes) à Mézières (Ardennes). Le 1er septembre, on entend les canons Krupp[1] tonner sur Bazeilles (Ardennes), où se trouve, en particulier, le Ier corps d’armée bavarois[2]. Les combats sont acharnés et sanglants.


[1] L’entreprise de sidérurgie a été fondée par Friedrich Krupp (17 juillet 1787-8 octobre 1826). Le « roi du canon » (« Kanonenkönig ») Alfred Krupp (26 avril 1812-14 juillet 1887) en fait une industrie d’armement de premier rang.

[2] Königlich Bayerisches 1. Infanterie-Regiment « König ». Par convention typographique, les numéros des unités françaises ou alliées se composent en chiffres arabes. Le romain grande capitale est alors réservé aux armées ennemies, pour éviter des confusions.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, pages 26 et 27, vues 28/36 et 29/36, consultables en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6510296, Dorizy, Henri, Les champs de bataille de 1870 : guide-album, avec 122 photographies et 10 cartes, Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1911, 31 p. : fig. et cartes ; in-8, pages 26 et 27, vues 28/36 et 29/36, consultables en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-3009.

Après avoir été informé de ce qui se passait à Sedan (Ardennes), le général Vinoy, qui a conscience de l’étendue du désastre, fait savoir au ministre qu’il compte battre en retraite, afin de ramener vers Paris le 13e corps d’armée pour protéger la capitale. Il veut se mettre en route de très bonne heure le 2 septembre, pour prendre de l’avance sur les ennemis qui pourraient le poursuivre.


Une longue colonne s’étire sur plusieurs kilomètres à la sortie de Mézières (Ardennes) pour se diriger sur Charleville (Ardennes) et s’avancer sur la route de Rethel (Ardennes) en passant par Poix[1], Launois[2], Faissault[3], Saulces-aux-Bois[4] et Saulces-Monclin[5].

Les hommes ont très peu de munitions et ne peuvent en obtenir d’autres. Il est décidé qu’en cas d’attaque, cette troupe doit combattre sans arrêter la marche, d’autant que la partie la plus dangereuse se trouve entre Charleville (Ardennes) et Launois (Ardennes).


[1] Actuellement, Poix-Terron (Ardennes), en région Grand Est.

[2] Actuellement Launois-sur-Vence (Ardennes), en région Grand Est.

[3] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Ancienne commune , actuellement localité de Saulces-Monclin (Ardennes), en région Grand Est.

[5] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.


Aux environs de 6 heures du matin, des échauffourées se produisent entre la colonne française du 13e corps d’armée[1] et les Allemands du VIe cuirassiers[2] et du XVe uhlans[3]. Ces derniers vont se fixer sur la Vence[4].

Or, un évènement peu banal survient : à la suite d’une confusion d’uniformes, des soldats du XVe uhlans[5] et des hussards français se mélangent. Les uhlans se rendent très vite compte de leur erreur, la lutte s’engage et quelques Allemands sont faits prisonniers. La colonne repart de Launois (Ardennes) vers 8 h 30.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH4-2304, Poirier, Jules (auteur), Le 13e corps d’armée pendant la guerre de 1870, 2e édition, Paris : G. Kleiner, 1901, in-8°, 104 p., cartes.

[2] Kürassier-Regiment Kaiser Nikolaus I. von Rußland (Brandenburgisches) Nummer 6.

[3] Schleswig-Holsteinisches Ulanen-Regiment Nummer 15.

[4] Petite rivière qui prend sa source au sud-est de Dommery (Ardennes), et qui se jette dans la Meuse à Charleville (Ardennes).

[5] « Nom que portaient les lanciers dans les armées germaniques », selon le Dictionnaire de l’Académie française. Le XVe uhlans est originaire du Schleswig-Holstein (Land d’Allemagne).


Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs français autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs français autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Attaqué une nouvelle fois à Saulces-Monclin (Ardennes), Vinoy fait déployer l’artillerie. De son côté, le général Bredow[1], voyant que sa tentative échoue, se replie. Une seconde attaque est menée par une brigade de cavalerie, alors que l’ennemi se contente de les observer.


[1] Friedrich Wilhelm Adalbert von Bredow (25 mai 1814-3 mars 1890).


Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs prussiens autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama de figurines en uniforme militaire mettant en scène des artilleurs prussiens autour de leur canon pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Comme l’artillerie prussienne occupe le terrain de Bertoncourt (Ardennes), la colonne se détourne de l’itinéraire initial pour prendre le chemin qui conduit à Novion-Porcien (Ardennes). Elle ne subit plus que des escarmouches destinées à lui faire perdre du temps.


Paquetage du soldat français pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Paquetage du soldat français pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lorsque le village de Novion (Ardennes) est atteint vers 15 heures, le général Vinoy met les troupes au bivouac, pour qu’elles se reposent et que l’on puisse s’occuper de la quarantaine de blessés.


Mannequin en uniforme militaire d'un uhlan du Ulanen-Regiment König Wilhelm I. (2. Württembergisches) Nummer 20. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes. Œuvre photographique soumises au code de la propriété intellectuelle, dont l’usage pédagogique et non lucratif a été expressément permis à l’auteure par ses détenteurs Alfred Umhey (chargé de collection) et Ludivine Huart (directrice du musée). © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Mannequin en uniforme militaire d’un uhlan du 20e régiment, 2e Wurtemberg = Ulanen-Regiment König Wilhelm I. (2. Württembergisches) Nummer 20. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes. Œuvre photographique soumises au code de la propriété intellectuelle, dont l’usage pédagogique et non lucratif a été expressément permis à l’auteure par ses détenteurs Alfred Umhey (chargé de collection) et Ludivine Huart (directrice du musée). © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Très rapidement, c’est l’affolement, la population craignant l’arrivée des uhlans. Ils occupent le village, dès le départ des Français.


Finalement, le général Vinoy décide de repartir dans la nuit du 3 septembre dans l’espoir de mettre davantage de distance avec l’ennemi. Le départ est fixé à 2 heures du matin et, pour ne pas alerter les éclaireurs de l’autre camp, des traces de vie sont laissées avec le maintien des feux allumés.

La colonne se prépare à gagner Chaumont-Porcien (Ardennes), lorsqu’une forte pluie se met à tomber. Les hommes sont trempés, la boue qui atténue cependant le bruit des roues ne facilite pas les déplacements. Successivement, la troupe traverse Mesmont[1], Bégny[2], Givron (Ardennes).


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Mesmont (Côte-d’Or), en région Bourgogne-Franche-Comté.

[2] Actuellement, Doumely-Bégny (Ardennes), en région Grand Est.


Les armes à feu utilisées pendant la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Or, entre Bégny et Givron, une route descend sur Ecly[1] et Château-Porcien[2], où se trouve l’ennemi. C’est là que le guide qui les conduit (et qui pourtant connait le secteur) se trompe et les engage dans la mauvaise direction[3]. Le général Vinoy s’en aperçoit, et fait rebrousser chemin à ses troupes, dans un grand désordre. Bégny (Ardennes) sera lui aussi occupé par des troupes prussiennes.


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Actuellement, département des Ardennes en région Grand Est.

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73265 < T. 2 >, Thoumas, Charles (auteur), Les transformations de l’Armée française : essais d’histoire et de critique sur l’état militaire de la France, Paris : Berger-Levrault, 1887, 2 vol. ; in-8°, page 420, vue 429/686, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LF195-763 (2).


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-5499144 < Edition 2 >, Vinoy, Joseph (auteur), Campagne de 1870-1871 : siège de Paris ; opérations du 13e corps et de la troisième armée, deuxième édition, Paris : Henri Plon, 1872, 1 vol. in-8° (III-536 p.) et 1 atlas in-fol. (XV planches), page IV, vue 13/45, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB57-46 (A,1).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-5499144 < Edition 2 >, Vinoy, Joseph (auteur), Campagne de 1870-1871 : siège de Paris ; opérations du 13e corps et de la troisième armée, deuxième édition, Paris : Henri Plon, 1872, 1 vol. in-8° (III-536 p.) et 1 atlas in-fol. (XV planches), page IV, vue 13/45, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB57-46 (A,1).

La colonne arrive enfin à Chaumont-Porcien (Ardennes) vers 8 heures du matin. Les soldats reçoivent un accueil chaleureux de la population. Il leur sera difficile de repartir à l’heure prévue.


Chaumont (Ardennes), vers midi, voit arriver les dragons allemands. Ils prennent position sur les crêtes à l’est du village, et y installent des batteries. Un bataillon se déploie sur la route entre Adon (Ardennes)[1] et Chaumont (Ardennes), avant que deux autres n’occupent le village, qui n’en sort pas indemne.


[1] Actuellement, commune rattaché à Chaumont-Porcien, dans le département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Adon (Loiret), en région Centre-Val de Loire.


Une nouvelle fois, le général Vinoy décide de changer de route, et de se diriger sur Seraincourt[1], Fraillicourt[2], Montcornet[3].


[1] Actuellement, département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Seraincourt (Val-d’Oise), en région Île-de-France.

[2] Actuellement, département des Ardennes en région Grand Est.

[3] Actuellement Montcornet (Aisne), en région Hauts-de-France. A ne pas confondre avec Montcornet ou Montcornet-en-Ardenne, dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Ignorant qu’elle n’était pas poursuivie par la XIIe division d’infanterie[1], la colonne française fait halte à Fraillicourt (Ardennes) et, dans un dernier effort, se remet en marche jusqu’à Montcornet (Aisne), où elle parvient à 18 heures. Le lendemain elle gagne Marle[2], puis Laon[3], pour rejoindre Paris le 9 septembre.


[1] 12. Division [Alte Armee], union des contingents du royaume de Prusse.

[2] Actuellement, département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[3] Actuellement, département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.



Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10505633, Hadol, Paul (dessinateur), La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores, et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, Chez Rossignol, 11 rue Taitbout ; Au bureau de l'Éclipse, 16 rue du Croissant, Paris, 30 pl., page de titre : lithographie coloriée ; 17 x 27 cm, page non paginée, vue 11/49, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, TF-387-4.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10505633, Hadol, Paul (dessinateur), La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores, et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, Chez Rossignol, 11 rue Taitbout ; Au bureau de l’Éclipse, 16 rue du Croissant, Paris, 30 pl., page de titre : lithographie coloriée ; 17 x 27 cm, page non paginée, vue 11/49, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, TF-387-4.

La capitulation de l’empereur Napoléon III ne met pas fin aux combats. Des groupes de francs-tireurs se forment, et n’hésitent pas à attaquer l’ennemi, qui réplique par des représailles comme à Vaux-Villaine (Ardennes), où trois habitants[1] sont fusillés le 27 octobre 1870 au matin.


[1] Jean-Baptiste Depreuve, Louis Georges et Charles Georges.


Croix de fer de 2e classe et médailles commémoratives allemandes des batailles de la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Croix de fer de 2e classe et médailles commémoratives allemandes des batailles de la guerre franco-allemande (1870-1871). Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après la défaite, le département des Ardennes se voit imposer, dès le 8 septembre 1870, une contribution d’un million de francs pour compenser les pertes allemandes dans divers domaines, et en particulier celles infligées aux navires allemands par les vaisseaux de guerre français[1].

Dans les registres de Mainbressy (Ardennes)[2], à la date du 20 octobre 1870, le conseil municipal se soumet au paiement d’une somme de 1 800 francs pour éviter, par un refus, des mesures de rétorsion, ce qui montre la crainte ambiante.


[1] En 1870, l’Allemagne ne comptait pas du tout au rang des puissances maritimes. Notre Marine lui était alors largement supérieure.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MAINBRESSY/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MAINBRESSY/D 1 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Mainbressy (Ardennes), 1838-1880].


Décret de la préfecture de Rethel imposant une contribution d'un million de francs au département des Ardennes, soumis à l'occupation ennemie. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Décret de la préfecture de Rethel imposant une contribution d’un million de francs au département des Ardennes, soumis à l’occupation ennemie. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Peu de temps après, Von Katte[1], qui se présente comme préfet de Rethel (Ardennes), réclame à la commune de Rocquigny (Ardennes)[2] :

  • Le 12 novembre 1870, la fourniture de 1 500 kg de paille et autant de foin, 30 quintaux métriques (soit 100 kg) d’avoine, et 1 200 kg de viande.
  • Le 6 décembre 1870, ce sont des réquisitions de literie pour le casernement de troupes prussiennes qui sont mises en œuvre. Quelques jours plus tard, ce sont 75 paires de chaussettes et des couvertures qui sont exigées, sans oublier les sommes sollicitées pour l’éclairage ou des suppléments de gages donnés aux employés des armées prussiennes.
  • Le 26 janvier 1871, divers ajouts de grains et de blé sont demandés.

[1] Ce nom appartient à une vieille famille noble brandebourgeoise.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROCQUIGNY/D 1 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Rocquigny (Ardennes), 2 octobre 1865-2 juin 1884].


Dans le même temps, Fraillicourt (Ardennes)[1], occupé pendant 172 jours (du 8 septembre 1870 au 26 février 1871), est exposé à des requêtes considérables, après avoir pourvu à la nourriture et au logement de troupes (un régiment de dragons et le XXVIIe régiment d’infanterie[2]).

A la fourniture de grains, de fourrages, de vin, de cidre, d’eau de vie et de liqueurs s’ajoutent des moyens de transport (voitures de maître, charrettes, chariots), des vêtements confectionnés et de la vaisselle.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/FRAILLICOURT/D 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série FRAILLICOURT/D 3 = registre des délibérations du conseil municipal de Fraillicourt (Ardennes), 1838-1873].[2] Infanterie-Regiment Prinz Louis Ferdinand von Preußen ((2. Magdeburgisches) Nummer 27.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53083071, Andriveau-Goujon, Eugène (auteur), Carte de l'invasion et de l'occupation du territoire français par l'armée allemande en 1870-1871 [Document cartographique], Paris : Eugène Andriveau-Goujon, 1871, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE C-6579.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53083071, Andriveau-Goujon, Eugène (auteur), Carte de l’invasion et de l’occupation du territoire français par l’armée allemande en 1870-1871 [Document cartographique], Paris : Eugène Andriveau-Goujon, 1871, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE C-6579.

En 1871, tout est paralysé dans le département, puisqu’une gouvernance allemande a été mise en place, et que la poste ne fonctionne plus. A tout cela, s’ajoute la rigueur de l’hiver. La misère et la peur règnent une fois de plus sur la contrée.

Cette gestion par les Allemands disparaît après la signature des préliminaires de paix (mars 1871). L’administration française reprend alors sa place. La loi du 14 avril 1871 prescrit à cet effet un renouvellement intégral des membres des conseils municipaux.


La commune de La Romagne est imposée d’une contribution aux frais des besoins de l’armée allemande. Celle-ci s’élève à 50 francs par tête d’habitant, ce qui fait un total de 21 200 francs.

Ces derniers ne peuvent être délivrés qu’au moyen d’un appel aux contribuables les plus aisés de la commune, et d’un emprunt remboursable en 5 ans une fois la guerre terminée.

A partir de 1872, la conséquence de ces contributions est une imposition exceptionnelle. L’autorité allemande ne se contente pas de ces sommes. Elle réclame en sus environ 3000 francs, correspondant à la contribution foncière afférente à l’Etat.


De plus, la commune (tout comme d’autres villages ardennais cités plus haut) est mise en demeure de fournir, en plus de divers produits (dont on ne connaît pas la liste), une voiture de houille attelée de quatre chevaux. Celle-ci pose un certain nombre de problèmes à la municipalité, car le voiturier doit aller chercher en Belgique son chargement avant de le rapporter à Rethel (Ardennes).

Ce qui n’est pas sans risque, puisque l’on craint une confiscation à la frontière, soit par les douaniers, soit par les francs-tireurs. Une solution est arrêtée[1] : monsieur Merlin fournit la voiture et l’attelage, tandis que le village réquisitionné se porte garant du matériel prêté pour cette opération. Apparemment, cette dernière s’est bien déroulée.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 1 = registre des délibérations du conseil municipal de La Romagne (Ardennes), 24 juin 1849-6 août 1893], décisions des 22 janvier 1871 et 15 octobre 1871.


Carte sur les conséquences territoriales de la défaite. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Carte sur les conséquences territoriales de la défaite. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’armistice général intervient le 15 février 1871 et, si le traité préliminaire de paix est signé le 26 février 1871 à Versailles[1], ce dernier proclame aussi l’unité allemande.


[1] Actuellement, département des Yvelines, en région Île-de-France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, frontière Nord-Est et Alsace-Lorraine, échelle au 1 : 729 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, frontière Nord-Est et Alsace-Lorraine, échelle au 1 : 729 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10].

En réalité, c’est le traité de Francfort-sur-le-Main du 10 mai 1871 qui met fin à cette guerre franco-allemande de 1870-1871. Cette dernière a profondément marqué les Ardennes (qui auront subi l’occupation après la défaite de Sedan, mais aussi en 1914-1918 et en 1939-1945).

Quant à la France, elle offre un nouveau visage, avec le rattachement de l’Alsace et de la Lorraine à l’Empire allemand sous le nom d’Elsaß-Lothringen.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, divisions militaires, échelle au 1 : 1 100 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10 bis].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52503834, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France, divisions militaires, échelle au 1 : 1 100 000, Paris : Armand Colin, [circa 19..], 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (10 / 10 BIS-19..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 10 bis].

Les villages reçoivent des compensations financières au titre des dommages de guerre. C’est ce qu’indique par exemple la séance extraordinaire du conseil municipal de Montmeillant (Ardennes)[1] du 20 avril 1872, qui précise que la commune se voit accorder une somme de 1 285,40 francs, versée par cinquième.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/D 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MONTMEILLANT/D 3 = administration communale, registre des délibérations du conseil municipal de Montmeillant, 1840-1888].


Pour bon nombre de communes, les archives constituées des registres de délibération des séances des conseils municipaux restent la plupart du temps muettes sur la période allant de fin juillet 1870 à l’année 1872.

C’est le cas pour les villages ardennais, en particulier pour Chaumont-Porcien (Ardennes), Givron (Ardennes), Chappes[1], Wadimont[2], Mainbresson (Ardennes), et Wasigny (Ardennes).

En ce qui concerne La Romagne, il est impossible d’en parler, car les pages des délibérations du conseil municipal sont arrachées entre 1871 et 1872.


[1] Département des Ardennes, en région Grand Est. A ne pas confondre avec Chappes (Puy-de-Dôme), en région Auvergne-Rhône-Alpes.

[2] Actuellement rattachée à Chaumont-Porcien, avec Logny-lès-Chaumont (Ardennes), en région Grand Est).


La défense du drapeau, bronze dAristide Croisy, sculpteur français né le 31 mars 1840 à Fagnon (Ardennes) et mort dans la même ville le 7 novembre 1899. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les documents subsistants apprennent cependant que quelques Romanais ont été exemptés de la guerre, soit parce qu’ils étaient instituteurs (Alexis Stévenot), ou pour raisons de santé (Théophile Adonis Larchet).

Ils attestent également que Pierre Aristide Devie a exercé sa profession de maréchal-ferrant au sein du 5e régiment de hussards de 1872 à 1877.

Ils témoignent enfin que La Romagne a été touchée par la mort au combat ou l’emprisonnement par l’ennemi de jeunes gens nés dans le village.

Médaille commémorative « Oublier ? Jamais ! » (1893), médaille commémorative « Aux défenseurs de la patrie » (1912), médaille des anciens combattants de Reims. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Médaille commémorative « Oublier ? Jamais ! » (1893), médaille commémorative « Aux défenseurs de la patrie » (1912), médaille des anciens combattants de Reims. Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les natifs de La Romagne soldats de la guerre franco-allemande 1870-1871 (A-Z)
Pierre Chailloux[1], fils de François-Xavier Chailloux et d’Adèle Millet, est né le 7 octobre 1847 à La Romagne. Il est incorporé en juillet 1868, puis appelé à l’active dès juillet 1870. Il est soldat de 2e classe à la 2e compagnie du 2e bataillon de la garde mobile des Ardennes, et décède le 1er novembre 1870[2] à Rocroi (Ardennes) à l’hôpital militaire.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1007 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
[2] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 5 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, baptêmes, mariages, sépultures, cote 2E 369 5 = années 1863-1872], transcription de l’acte de décès, vue 156/177, consultable en ligne.
Alfred Léon Chéry[1], fils de Pierre Chéry et de Marie-Joséphine Ismérie Noël, est né le 10 novembre 1849 à La Romagne. Appelé en août 1870, il est fait prisonnier le 19 janvier 1871 et ne rentre en France que le 24 avril 1871. Il est définitivement licencié par la paix le 31 décembre 1872.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1014 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Michel Célestin Dupont[1], fils de Jean Nicolas Dupont et d’Elisabeth Bonhomme, est né le 30 avril 1850 à La Romagne. Devenu volontaire le 16 août 1870, il est incorporé au 1er régiment de chasseurs à pied de Belval (Ardennes), où il est nommé trompette le 31 mai 1871.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1017 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Pierre Millet[1], fils de Pierre Millet et de Félicité Grimplet, est né le 12 juin 1850 à La Romagne. Il est incorporé en août 1870 comme appelé des Ardennes.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1017 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, articles 1R 1001-1647 = registres des états signalétiques et des services (1864-1940)].
Nota bene : cette liste limitative cite uniquement les Romanais par naissance, c’est-à-dire les personnes qui sont nées à La Romagne, et non celles qui pourraient y avoir habité par la suite.

Des monnaies satiriques illustrent la légende noire du Second Empire, traitant Napoléon III de « vampire » ou de « misérable ». Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes) – conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Des monnaies satiriques illustrent la légende noire du Second Empire, traitant Napoléon III de « vampire » ou de « misérable ». Collections publiques du musée Guerre et Paix en Ardennes (Novion-Porcien, Ardennes)conseil départemental des Ardennes, prise de vue effectuée le lundi 18 septembre 2023. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après le désarroi provoqué par la défaite de Sedan (Ardennes) et son retentissement national, la déchéance officielle de Napoléon III le 1er mars 1871, et la chute du Second Empire, la Troisième République (régime en vigueur du 4 septembre 1870 au 10 juillet 1940) mène une politique d’expansion des colonies qui aura un certain retentissement sur la vie de La Romagne.


Les natifs de La Romagne et le second empire colonial français (A-Z)
Clovis Dupont, né le 18 juillet 1855 à La Romagne, part pour l’Algérie, où du reste il meurt le 12 octobre 1879 à l’hôpital militaire de M’Sila[1].

[1] Chef-lieu de la wilaya (collectivité territoriale) de M’Sila.
Fernand Gustave Devie, né le 14 décembre 1880 à La Romagne, engagé volontaire, intègre plusieurs bataillons d’infanterie coloniale, et fait les campagnes du Sénégal entre 1901 et 1904.
Nota bene : cette liste limitative cite uniquement les Romanais par naissance, c’est-à-dire les personnes qui sont nées à La Romagne, et non celles qui pourraient y avoir habité par la suite.

C’est ainsi que quelques jeunes hommes natifs du village, lors de leur service militaire ou au cours de leur carrière, participent à la promotion du second empire colonial français[1], principalement en Afrique.


[1] Le premier empire colonial français correspond aux conquêtes de l’Ancien Régime.