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Le revenu et le logement du curé de La Romagne


Les dîmes sont des redevances en nature, dues au clergé sur les produits de la terre et les troupeaux. A l’origine, elles sont fixées au dixième du revenu, avant de connaître des modifications et d’être décidées dans chaque paroisse. Cependant, les terres exploitées par les religieux de l’abbaye de Chaumont-Porcien (Ardennes) et leurs fermiers en sont exemptés.


Cette faveur est obtenue par l’abbé Jean, et confirmée non seulement par l’archevêque de Reims, mais aussi par le pape Eugène III[1], lors de son séjour en France en 1147 pour le Concile de Paris. Par la suite, le pape Lucius III[2] accorde en 1181 l’exemption de payer les dîmes des terres novales à cette abbaye, ce qui n’empêche pas par la suite des désaccords de survenir.


[1] Pape de 1145 à 1153.

[2] Pontificat de 1181 à 1185.


Les « grosses dîmes » se perçoivent sur le seigle, l’avoine, le blé. Les « menues dîmes » le sont sur le chanvre, les légumes, et les « dîmes novales » sur le produit de terres récemment mises ou remises en culture, soit depuis moins de 40 ans.


Elles sont perçues par l’abbaye comme « gros décimateur ». A ce titre, elle a en charge l’entretien et la réparation du chœur de l’église, des murs de la couverture et de la croix du clocher, si celui-ci est bâti au-dessus du chœur. De plus, elle a obligation de fournir les ornements et les livres du culte. Elle alloue ensuite un revenu au curé de chaque paroisse, ou portion congrue.


Monnaie de 100 livres dite 10 louis d'or – col nu – 1640 – Paris, avers représentant la tête laurée de Louis XIII à droite, au-dessous date. Légende en abréviations latines : LVD·XIII·D·G·FR·ET·NAV·REX / ·1640·
Monnaie de 100 livres dite 10 louis d’or col nu 1640 Paris, avers représentant la tête laurée de Louis XIII à droite, au-dessous date. Légende en abréviations latines : LVD·XIII·D·G·FR·ET·NAV·REX / ·1640·

Lors du partage des biens de l’abbaye entre les religieux et l’abbé commendataire, les dîmes tombent dans l’escarcelle de celui-ci. Celles de La Romagne, tenues alors par Armand Deschamps, rapportent pour l’essentiel 30 livres. Trente ans plus tard, elles sont louées pour plus de 100 livres.

Monnaie de 100 livres dite 10 louis d'or – col nu – 1640 – Paris, revers réprésentant une croix formée de huit L adossés, couronnés et cantonnés de quatre lis. En cœur, la lettre d’atelier dans un cercle. Légende en abréviations latines : CHRISTVS·REGNAT·VINCIT·ET·IMPERAT·
Monnaie de 100 livres dite 10 louis d’or col nu 1640 Paris, revers réprésentant une croix formée de huit L adossés, couronnés et cantonnés de quatre lis. En cœur, la lettre d’atelier dans un cercle. Légende en abréviations latines : CHRISTVS·REGNAT·VINCIT·ET·IMPERAT·

Double louis d'or au soleil – 1712 – Paris, avers représentant la tête du roi à droite, avec une grande perruque laurée, au-dessous, atelier et date. Légende en abréviations latines : LVD. XIIII. D. G. – FR. ET. NAV. REX.
Double louis d’or au soleil 1712 Paris, avers représentant la tête du roi à droite, avec une grande perruque laurée, au-dessous, atelier et date. Légende en abréviations latines : LVD. XIIII. D. G. – FR. ET. NAV. REX.

Louis XIV, probablement pour améliorer la situation des curés, ordonne que ceux-ci doivent avoir au moins 300 livres de portion congrue. Mais comme cela déplaît au curé de la paroisse, il demande qu’on lui abandonne toutes les dîmes de la paroisse.

Double louis d'or au soleil – 1712 – Paris, revers représentant une croix formée de huit L adossés, chaque bras étant couronné, avec soleil en cœur, cantonnée de quatre lis divergeant du centre. Légende en abréviations latines : .CHRS. – .REGN. – .VINC. – .IMP.
Double louis d’or au soleil 1712 Paris, revers représentant une croix formée de huit L adossés, chaque bras étant couronné, avec soleil en cœur, cantonnée de quatre lis divergeant du centre. Légende en abréviations latines : .CHRS. – .REGN. – .VINC. – .IMP.

En 1710, il est donc le seul décimateur[1], tant des grosses que des menues dîmes alors que, dans d’autres paroisses, elles restent affermées. Ainsi en témoigne le bail passé le 3 novembre 1719 entre les religieux de la Piscine et Pierre Philbert (et consorts) de Rocquigny, pour la somme de 370 livres[2].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 267/1 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cote 2G 267= doyenné de Rethel (1248-1790), états des paroisses, visites, enquête de 1774]. Cité par Demaison, Louis, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 rédigé par M. L. Demaison, archiviste, Marne, archives ecclésiastiques – série G, clergé séculier, tome 1, Reims : Henri Matot, 1900, in-folio, IV-380 p., page 240 et suivantes, vue 265/404, consultable en ligne sur Internet Archive [La cote G 267 de l’archevêché de Reims est décrite dans cet ouvrage comme une pièce, parchemin : une liasse de 180 pièces, papier (1 cahier de 17 feuillets), 4 sceaux et 2 cachets. Le fonds désormais déposé aux archives départementales de la Marne porte aujourd’hui la cote 2G 267].

[2] Archives départementales des Ardennes, C 939 [série C = administrations provinciales avant 1790, articles C 546-2428 = supplément à la série C, fonds C 596-2149 = administration des domaines, généralité de Châlons, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôles des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, insinuations laïques, centième dernier, 1710-1791. Nota bene : des 4000 articles composant à l’origine cette série, seuls 4 registres du contrôle des actes de Sedan (1760-1816) ont subsisté après le bombardement de 1940].


Elles sont prélevées directement dans le champ, sitôt la récolte terminée : les paysans font publier au prône de la messe de paroisse, ou à l’issue de celle-ci, le jour de la récolte. Cela est fait de manière que le décimateur (ou son collecteur) puisse se trouver sur les lieux.


Quelques difficultés surviennent entre les religieux et le curé de La Romagne Louis Potin qui, en 1707, veut prendre par force la dîme sur quelques pièces de terre dépendant de la ferme de la Paternotte. La réaction des moines est fulgurante, et leur action efficace, si bien que le curé n’y dîme jamais plus.

En 1742, un problème identique voit le jour avec le curé Bataille, qui entend lever la dîme sur la ferme de la Marlière. Devant la vivacité de la réaction, le curé se désiste et rend les gerbes qu’il a indûment prélevées.


Le prêtre reçoit pour son ministère une rétribution, le « gros », qui est sans rapport avec la population ou l’imposition. On apprend par la transcription d’un registre du revenu temporel de l’abbaye datant de 1615 que l’abbé Etienne de Galmet, plutôt que de donner la portion congrue, préfère abandonner les dîmes aux curés de La Romagne, Montmeillant (Ardennes) et Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes).

Celles-ci sont probablement moins élevées , à moins qu’il ne s’agisse que du renouvellement d’un abandon des menues dîmes,  comme celui qui avait eu lieu en 1566.Cette interrogation se pose, car l’acte ne couvre pas l’intégralité des dîmes.


On sait qu’en 1745, le curé de La Romagne est « gros décimateur » et qu’en 1774 il est possesseur des « grosses et menues dîmes ».  Son revenu cette année-là est estimé à 500 livres environ. Or, en 1786, en pleine période de crise économique et financière, les dîmes affermées de La Romagne valent à peine 700 livres[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 267/1 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cote 2G 267= doyenné de Rethel (1248-1790), états des paroisses, visites, enquête de 1774]. Cité par Demaison, Louis, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 rédigé par M. L. Demaison, archiviste, Marne, archives ecclésiastiques – série G, clergé séculier, tome 1, Reims : Henri Matot, 1900, in-folio, IV-380 p., page 240 et suivantes, vue 265/404, consultable en ligne sur Internet Archive [La cote G 267 de l’archevêché de Reims est décrite dans cet ouvrage comme une pièce, parchemin : une liasse de 180 pièces, papier (1 cahier de 17 feuillets), 4 sceaux et 2 cachets. Le fonds désormais déposé aux archives départementales de la Marne porte aujourd’hui la cote 2G 267].


National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 G, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de l’extrême-onction, 1644, huile sur  toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.
National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 G, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement de l’extrême-onction, 1644, huile sur  toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.

Il touche également un « casuel [1] » qui, en février 1678, s’élève à 9 livres et est payé par Debroise et Fondrillon, custodes de l’église de La Romagne, pour « ses droits touchant les obits qui se disent annuellement pour les bienfaiteurs de la fabrique[2] ». En 1710, celui-ci « n’est pas bien fort[3] », sans plus de détails, alors qu’en 1774 on peut le chiffrer à 12 francs.


[1] Offrande offerte pour l’exercice de certains ministères (baptêmes, bénédictions, funérailles, mariages).

[2] Archives départementales des Ardennes, 1J 21-9 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 21 = histoire du Porcien, dons Didion et abbé Henry, novembre 1949, pièce 1 J 21-9 = Montmeillant et La Romagne. – Extraits des registres paroissiaux et d’état-civil (1678-1680). – Familles Lantenois, Hamel, Mauroy et Picard, notes par A. Picard, un cahier].

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 267/1 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cote 2G 267= doyenné de Rethel (1248-1790), états des paroisses, visites, enquête de 1774]. Cité par Demaison, Louis, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 rédigé par M. L. Demaison, archiviste, Marne, archives ecclésiastiques – série G, clergé séculier, tome 1, Reims : Henri Matot, 1900, in-folio, IV-380 p., page 240 et suivantes, vue 265/404, consultable en ligne sur Internet Archive [La cote G 267 de l’archevêché de Reims est décrite dans cet ouvrage comme une pièce, parchemin : une liasse de 180 pièces, papier (1 cahier de 17 feuillets), 4 sceaux et 2 cachets. Le fonds désormais déposé aux archives départementales de la Marne porte aujourd’hui la cote 2G 267].


Cela n’empêche pas les habitants de La Romagne de se plaindre en 1745 du prix trop haut des obits[1], auprès de Zénard Viegen, vicaire général et visiteur de la paroisse, délégué par l’archevêque, monseigneur le prince de Rohan.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)]. Cité par Demaison, Louis, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 rédigé par M. L. Demaison, archiviste, Marne, archives ecclésiastiques – série G, clergé séculier, tome 1, Reims : Henri Matot, 1900, in-folio, IV-380 p., page 243 et suivantes, vue 267/404, consultable en ligne sur Internet Archive [La cote G 268 de l’archevêché de Reims est décrite dans cet ouvrage comme une liasse de 199 pièces, 31 sceaux et 11 cachets. Le fonds désormais déposé aux archives départementales de la Marne porte aujourd’hui la cote 2G 268].


En 1779, le revenu du curé est toujours le même, soit 500 livres, alors qu’il doit payer une taxe de 29 livres[1]. En 1786, il a, en plus de ses dîmes, 45 livres de fondations fixes.


[1] Bibliothèque Mazarine, fonds général, Ms. 3270 [ancienne cote : Ms. 2255 B], Abbé Bauny (chanoine de l’église collégiale de Saint-Symphorien et secrétaire de l’archevêché), Pouillé du diocèse de Reims, Tome III, deuxième partie, datée de 1779, cures, chapelles et bénéfices simples, papier, 257 pages, p. 29, notice descriptive consultable sur Calames, le catalogue en ligne des archives et des manuscrits de l’enseignement supérieur.


Il reçoit aussi le montant de la location des biens de la cure, qui consiste en petites terres et prés, et sur lesquels nous sommes renseignés à travers deux inventaires[1]. Et on sait qu’en 1686, une messe basse de dévotion ou de fondation est rétribuée 10 sols, un obit de fondation 50 sols, un certificat pour épouser en dehors de la paroisse 10 sols, l’enterrement d’un corps d’adulte 15 sols et celui d’un enfant 10 sols[2].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)]. Cité par Demaison, Louis, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 rédigé par M. L. Demaison, archiviste, Marne, archives ecclésiastiques – série G, clergé séculier, tome 1, Reims : Henri Matot, 1900, in-folio, IV-380 p., page 243 et suivantes, vue 267/404, consultable en ligne sur Internet Archive [La cote G 268 de l’archevêché de Reims est décrite dans cet ouvrage comme une liasse de 199 pièces, 31 sceaux et 11 cachets. Le fonds désormais déposé aux archives départementales de la Marne porte aujourd’hui la cote 2G 268].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)]. Cité par Demaison, Louis, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 rédigé par M. L. Demaison, archiviste, Marne, archives ecclésiastiques – série G, clergé séculier, tome 1, Reims : Henri Matot, 1900, in-folio, IV-380 p., page 243 et suivantes, vue 267/404, consultable en ligne sur Internet Archive [La cote G 268 de l’archevêché de Reims est décrite dans cet ouvrage comme une liasse de 199 pièces, 31 sceaux et 11 cachets. Le fonds désormais déposé aux archives départementales de la Marne porte aujourd’hui la cote 2G 268].


National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 C, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement du mariage, 1647-1648, huile sur toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.
National Gallery of Scotland (Edimbourg, Grande-Bretagne), numéro d’inventaire NGL 067.46 C, Poussin, Nicolas (1594-1665), Le Sacrement du mariage, 1647-1648, huile sur toile, prêt de la collection Bridgewater, notice descriptive consultable en ligne.

Plus tard, dans le désir d’unifier les pratiques, monseigneur Charles de La Roche-Aymon édite un tarif pour le clergé du diocèse de Reims. Ainsi, un extrait de baptême, de mariage ou de sépulture coûte 5 sols.

La célébration de fiançailles vaut 15 sols. Il en coûte 2 livres pour la publication des trois bans (si le mariage se fait dans une autre paroisse), et 4 livres et 10 sols pour les publications et la célébration du mariage dans la paroisse.

Une levée de corps se paie 3 livres, l’enterrement d’un adulte s’élève à 30 sols (soit 1 livre et 10 sols) pour le curé. Il ne faut pas oublier qu’à tout cela s’ajoute, pour les paroissiens, la rétribution du maître d’école[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 91 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 88-115 = administration diocésaine, comptabilité, fabriques, cote 7J 91 = fabrique des églises du diocèse de Reims. – Documents divers (XIXe siècle)].


Ces tarifs ne sont appliqués qu’à ceux qui peuvent les payer, selon leurs facultés. Comme plus de la moitié de la paroisse est pauvre, aux yeux de son curé, ce revenu est aléatoire.


Pour toutes ses activités, le curé touche un revenu que l’on souhaite en 1783 ne pas être inférieur à 600 livres, quelle que soit la paroisse. C’est justement le montant du revenu du curé de l’époque, alors qu’en 1710 son prédécesseur déclare percevoir 500 livres y compris le casuel.


Il bénéficie aussi d’un droit tout particulier à la Champagne : le droit du fer. Celui-ci consiste en ce que l’on partage la dîme par moitié. Si un laboureur qui n’est pas de la paroisse laboure sur le terroir de celle-ci, le gros décimateur de son domicile partage avec l’autre curé la dîme. Elle est due à la vingtième gerbe. Ce droit s’étend non seulement aux territoires séparés de celui de la paroisse par un territoire intermédiaire, mais également à ceux qui lui sont immédiatement contigus.


La répartition n’est pas toujours simple, comme en témoigne cette anecdote où, en 1708, Jean Robinet (fermier des dîmes de Montmeillant) prétend exercer le droit du fer sur les terres de la Paternotte, sous prétexte que le fermier Philippe Jadart demeure à Montmeillant. Les religieux l’assignent aussitôt, ce qui lui fait rendre les gerbes.


La dîme est abolie par le même décret que les droits seigneuriaux le 4 août 1789. De ce fait, une subvention doit pourvoir aux dépenses du culte divin. A partir de messidor an XI, tous les desservants sont pourvus d’un traitement.


Le curé Joseph Bourdon, qui traverse cette période, touche pour le trimestre de nivôse an II la somme de 300 francs, et aurait pour pension annuelle environ la somme de 1000 francs[1]. Il atteste, devant témoins (Hubert Laroche, Jean Baptiste Davaux et Hubert Langlet), qu’il n’a pas émigré.


[1] Archives départementales des Ardennes, L 1269 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1250-1275 = cultes, clergé constitutionnel et réfractaire, cote L 1269 = pensions écclesiastiques, dossiers individuels, citoyennetés, serments, dossiers de détention, promesses et certificats de paiement, district de Rethel, cantons d’Asfeld à Wasigny, 1791- an VII].


En l’an VI, il certifie que son revenu est celui que lui accorde la Nation, qu’il n’a pas recueilli de succession de son ordre après sa suppression, et qu’il est en conformité avec la loi. Après la signature du Concordat, il perçoit le traitement fixé par celui-ci.


En 1827, le curé de Montmeillant qui dessert La Romagne touche à ce titre un supplément de traitement de 150 francs[1] tandis que, vers 1890, le curé du village a un revenu de 1100 francs, soit 900 francs pour La Romagne et 200 francs pour Draize.


[1] Tableau des ressources affectées en 1827 au personnel du clergé du département. Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 64 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 62-69 = administration diocésaine, circulaires, correspondance administrative, guerre, cote 7J 64 = administration diocésaine, correspondance administrative. – Bénédictions de chapelles et oratoires (1815-1828). – Correspondance entre l’archevêché et les préfectures des Ardennes et de la Marne au sujet des presbytères, chapelles, oratoires, églises et au sujet du clergé (1820-1840)].


La loi promulguée le 9 décembre 1905 abroge le Concordat, et indique qu’aucun culte n’est salarié ou subventionné. Le curé Bastin, à la demande du diocèse de Reims, rend compte de la situation de sa paroisse au 20 avril 1905 : il perçoit tout au plus par an 150 à 180 francs pour les messes et les recommandises[1]. En ce qui concerne Draize, il reçoit quarante à cinquante francs de casuel au maximum, et trois ou quatre recommandises à 5 francs[2].


[1] Messes dites le dimanche, à la suite d’un enterrement.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 13-28 = contrôle épiscopal, cote 7J 25 = enquêtes paroissiales. – Tableaux de l’état des paroisses des archiprêtrés de Notre-Dame de Reims, Charleville, Mézières, Rethel, Rocroi (paroisse de Blombay), Sedan, Vouziers (1905)].


Conformément à la loi, et pour une durée de 8 ans, il recevra une allocation dégressive, qui passera de 900 francs en 1907 à 450 en 1910, puis 300 en 1912/1913. Ensuite, les prêtres vont faire connaissance avec un nouveau type de rémunération, par la répartition du denier du culte.


Celui-ci est assez difficile à obtenir de 1914 jusqu’aux années 20, car la population est extrêmement fragilisée par la guerre. En 1940, le traitement d’un curé dans le diocèse de Reims est de 3100 francs et, quoique les temps soient difficiles, il croîtra durant cette période. Durant cette même période, les honoraires des messes augmentent, alors que, comme par le passé, le casuel reste faible dans les campagnes.


Après la Seconde Guerre mondiale, la participation au denier du clergé par habitant augmente peu à peu. La moyenne passe de 5,4 francs en 1962 à 7,25 dix ans plus tard[1].


[1] Données établies à partir des suppléments au Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire récapitulant les dons. En dehors de Reims, voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne)Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) – 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Les sommes reçues par le curé lors de ses visites à ses paroissiens sont envoyées par ce dernier à l’archevêché pour être regroupées au sein du diocèse, puis redistribuées à chacun des prêtres. En 1962, la population est de 196 habitants, et le montant du denier du culte est de 1056 francs.

Les curés perçoivent en outre vers 1950 des rémunérations pour les messes et des recommandises. A cela s’ajoute une rétribution pour le gardiennage[1] de l’église, qui est de 500 francs annuels. Cette dernière est portée à 1200 francs par an en 1984[2].


[1] Circulaires du ministère de l’Intérieur n° 2 du 4 janvier 1944 et n° 279 du 14 avril 1947.

[2] Décision du conseil municipal en date du 27 septembre 1984 (consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe).


Le curé habite au presbytère, dont l’entretien est à la charge des fidèles selon l’Ordonnance de Blois de 1579. On ne possède aucun renseignement sur ce bâtiment jusqu’en 1710, date à laquelle on constate pour celui de La Romagne qu’il est « passable » et assez proche de l’église.


Un peu plus tard, en 1774, on apprend qu’il est à portée de l’église et qu’il se compose d’une cuisine, de deux chambres, d’un cabinet où il faut faire quelques réparations, d’une bûcherie, de caves, d’un « fourni[1] », d’une « granche[2] », d’une écurie et d’un jardin. La toiture est en paille et « ne vaut rien ».


[1] Fournil.

[2] Grange.


En réalité, ce presbytère est une amélioration notoire pour le curé, par rapport à l’état de misère dans lequel vivaient ceux qui ont exercé à La Romagne ou à Rocquigny en 1663. Ils logent alors dans la remise à bois ou dans un lieu tout aussi impropre car « les malheurs de la guerre ont étendu leurs ravages partout en détruisant bien des presbytères[1] ».


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 136 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 129-147 = documentation historique, monographies, notes d’érudits, cote 7J 136 = fonds Bouchez, histoire du clergé du diocèse de Reims. – Deux feuilles d’explication sur le fonds Bouchez. –Résumé historique, par l’abbé Bouchez, du clergé paroissial du diocèse de Reims de 1663 à la Révolution. – Notices historiques sur le cardinal Barberini ; monseigneur Charles-Maurice Le Tellier ; les visites d’églises au XVIIe siècle ; l’établissement du grand séminaire de Reims ; les présentations aux cures ; monseigneur de Mailly et les jansénistes ; l’épiscopat de monseigneur de Rohan de 1722 à 1762 ; le mouvement des ordinations dans le diocèse de Reims ; l’état moral des paroisses sous la Révolution. – Les curés et vicaires de l’ancien diocèse de Reims d’après leur ordre de succession dans les paroisses de 1663 à 1791 (2 volumes)].


On peut établir un parallèle avec celui qu’occupe le curé de Montmeillant, et qui se compose d’un corps de logis de quatre pièces, d’un corridor au milieu, d’un bon grenier, d’un jardin, d’une grange-écurie et d’une petite cour[1] .


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 267/17 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cote 2G 267= doyenné de Rethel (1248-1790), états des paroisses, visites, enquête de 1774]. Cité par Demaison, Louis, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 rédigé par M. L. Demaison, archiviste, Marne, archives ecclésiastiques – série G, clergé séculier, tome 1, Reims : Henri Matot, 1900, in-folio, IV-380 p., page 240 et suivantes, vue 265/404, consultable en ligne sur Internet Archive [La cote G 267 de l’archevêché de Reims est décrite dans cet ouvrage comme une pièce, parchemin : une liasse de 180 pièces, papier (1 cahier de 17 feuillets), 4 sceaux et 2 cachets. Le fonds désormais déposé aux archives départementales de la Marne porte aujourd’hui la cote 2G 267].


La vente du presbytère comme bien national a lieu le 8 nivôse an V (soit en 1796). Tout comme les terres de la cure et de la fabrique, il fait l’objet d’une estimation confiée à Pierre Davenne et Gobert Gouge.


Malgré son « état de délabrement », Pierre Chéry en fait l’acquisition pour la somme de 770 livres. Aux bâtiments du presbytère, s’ajoute l’acquisition d’un second lot, composé du jardin et du verger d’environ 50 verges, dont le prix dépasse celui du bâti[1]. De son côté, la commune demande à vendre une grange que le curé occupe.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 278 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Peu après, ce dernier manifeste son envie de profiter du terrain que lui accorde la loi et, par la suite, demande s’il peut jouir des embellissements qu’il avait faits au presbytère. Puis il sollicite auprès du conseil municipal une indemnité pour la boiserie qu’il a posée à ses dépens dans ledit presbytère.


Lors de la reprise du culte et de la réouverture des églises, le village n’a plus ni presbytère ni jardin[1], si bien que la municipalité ne peut pas fournir une habitation au curé.  Elle doit donc lui offrir une indemnité de logement.


[1] Archives départementales de la Moselle, 29J 370 [série J = archives privées, sous-série 29J = évêché de Metz (1093-1999), articles 29J 340-396 = contrôle épiscopal, an XIII-1925, pièces 29J 355-385 = visites canoniques, enquêtes sur l’état des paroisses, 1803-1886, cotes 29 J 355-377 = ancien diocèse de Metz, 1803-1886].


Cette situation dure plus d’une vingtaine d’années, puisque le curé de l’époque en informe sa hiérarchie : « Il n’y a toujours pas de presbytère à La Romagne, mais on aurait le dessin[1] d’en acquérir un. »


[1] [sic, id est dessein].


Quant à l’abbé Morin, il écrit dans une lettre adressée à son archevêque que le presbytère qui est en bon état appartient à la commune, mais que c’est une maison à loyer[1].  Comme il n’y a plus aucun document jusqu’en 1883 sur ce sujet, on sait néanmoins qu’à cette époque l’abbé Noiville, alors très malade, n’a pas pu être remplacé, car propriétaire de son presbytère.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 66 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 62-69 = administration diocésaine, circulaires, correspondance administrative, guerre, cote 7J 66 = administration diocésaine. – Lettres adressées à l’archevêché concernant l’état des paroisses (1815-1830). – Correspondance administrative de l’archevêché surtout au sujet des paroisses ou avec les paroisses (1823-1903). – Documents divers sur les paroisses et les paroissiens (1830-1831)].


C’est certainement cette situation qui fait prendre conscience au conseil municipal de l’urgence de posséder un presbytère[1]. La décision est ainsi prise d’acheter à monsieur Baudouin « un bâtiment et un jardin presque tout entier à l’avant, en grande partie entourés de murs un peu bas, et parfaitement placés  rue Haute, et qui conviendraient sous tous les rapports ».

Quelques travaux d’aménagement et d’agrandissement sont réalisés grâce à des subventions de la commune vers 1885. L’état souhaité par l’abbé Bastin[2] serait qu’il y ait au rez-de-chaussée et juste au-dessus de la cave une cuisine et une salle à manger, à mi-étage un palier, et des chambres à l’étage.


[1] Archives départementales des Ardennes, D1, décision du conseil municipal de La Romagne du 3 mai 1883.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 13-28 = contrôle épiscopal, cote 7J 25 = enquêtes paroissiales. – Tableaux de l’état des paroisses des archiprêtrés de Notre-Dame de Reims, Charleville, Mézières, Rethel, Rocroi (paroisse de Blombay), Sedan, Vouziers (1905)].


Tandis que les autorités ecclésiastiques envisagent une éventuelle fermeture de l’église si les lois concernant la séparation des Eglises et de l’état sont promulguées, le religieux est en mesure d’informer sa hiérarchie qu’il y aurait néanmoins « une petite maison peu confortable en vue pour y installer le curé, d’autant qu’on pourrait envisager pour l’exercice  du culte la construction d’un local en bois[1] ».


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 13-28 = contrôle épiscopal, cote 7J 25 = enquêtes paroissiales. – Tableaux de l’état des paroisses des archiprêtrés de Notre-Dame de Reims, Charleville, Mézières, Rethel, Rocroi (paroisse de Blombay), Sedan, Vouziers (1905)].


Ancien presbytère de La Romagne, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Ancien presbytère de La Romagne, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Après la loi du 2 janvier 1907 article I, la location du presbytère entre la commune et le curé est soumise à l’homologation du préfet. Si ce dernier estime que le prix fixé est trop bas, il oppose son refus, si bien que le conseil municipal doit procéder à une nouvelle mise à prix plus conforme au marché locatif de l’époque. En 1910, la somme est de 110 francs.


Ancienne école de filles et nouveau presbytère, prise de vue effectuée le lundi 22 novembre 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ancienne école de filles et nouveau presbytère, prise de vue effectuée le lundi 22 novembre 2021 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Par la suite, ce bâtiment situé au lieu-dit le Village (rue Haute), consistant en un corps de logis avec jardin, est loué par le maire Joseph Marquigny à des particuliers. Puis il est vendu, car l’ancienne école de filles désaffectée par manque d’effectifs devient le nouveau presbytère.


En 1923, celui-ci est loué 200 francs pour une durée de 9 ans, car les réparations nécessaires n’ont pas encore été faites, puis 500 francs (mais les contributions restent à la charge de la commune).


En 1931, l’abbé Pleugers informe le conseil municipal de la vétusté du lieu, et du prix trop important du loyer. Un nouveau bail est signé pour la somme annuelle de 250 francs. La même année, un puits est creusé pour donner de l’eau à cette maison.


Le lieu est loué en 1960 au curé en charge de la paroisse, l’abbé Buché, pour la somme de 120 nouveaux francs. Les contributions sont toujours à la charge de la commune.


Lors de son départ, le conseil municipal choisit de racheter toute l’installation de l’eau qu’il avait faite à ses frais au presbytère. De plus, la décision est prise de la pose d’une dalle de ciment pour les toilettes, et de la protection des murs intérieurs avec des plaques de fibrociment[1], afin d’offrir un peu plus de confort.


[1] Décision du conseil municipal du 10 août 1967 (consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe).


L’installation de l’adduction d’eau en 1973 rend inutile l’emploi de la motopompe qui permet l’alimentation en eau du presbytère. Le conseil municipal propose de la vendre[1]. Quant au loyer, son montant est toujours le même jusqu’en 1984 : le montant est fixé désormais à la somme symbolique de 100 francs[2].


[1] Séance du conseil municipal en date du 10 décembre 1973 (consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe).

[2] Séance du conseil municipal en date du 29 mars 1984 (consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe).


Le presbytère est occupé jusqu’en 1988, date à laquelle le dernier prêtre résidant à la Romagne, l’abbé Dubois-Matra, quitte la paroisse. Il est assez grand, puisqu’il comprend six pièces principales, réparties entre un rez-de-chaussée et un étage, ainsi qu’une petite remise, un grand grenier, un garage, et un jardin. La commune procède à sa vente le 1er mars 1989, après la décision prise par le conseil municipal d’autoriser celle-ci[1].


[1] Séance du conseil municipal en date du 22 septembre 1988 (consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe).


Une nouvelle ère s’ouvre pour les habitants de La Romagne, qui regrettent la suppression de la cure et la disparition de la présence familière du curé du village.

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L’église Saint-Jean à La Romagne pendant la Révolution


Talleyrand, évêque d'Autun, est peint coiffé d’une mitre et crosse à la main. Musée Carnavalet (Paris), numéro d'inventaire P1981, David, Louis (Paris 1748-Bruxelles 1825), Serment de Lafayette à la Fête de la Fédération, 1791, peinture à l'huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).
Talleyrand, évêque d’Autun, est peint coiffé d’une mitre et crosse à la main. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire P 1981, David, Louis (Paris 1748-Bruxelles 1825), Serment de Lafayette à la Fête de la Fédération, 1791, peinture à l’huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Le 4 août 1789, les privilèges féodaux sont abolis, et par conséquent les droits seigneuriaux et la dîme. Une subvention doit pourvoir aux dépenses du culte divin et à l’entretien des églises et des presbytères.

Dans les premiers temps de la Révolution, les églises sont épargnées. Ce sera de courte durée. La proposition de Talleyrand d’attribuer à la Nation les biens du clergé triomphe le 2 novembre 1789.

Un décret datant de ce jour les confisque. Le 9 novembre, un autre décret supprime les titres ecclésiastiques à l’exception de celui des curés. Le 13 novembre, l’Assemblée demande que les églises fassent connaître l’état de leur domaine à la Nation dans un délai de deux mois.


Surplis en fil, broderie ajourée à la main sur tulle, (XIXe siècle).
Surplis en fil, broderie ajourée à la main sur tulle, (XIXe siècle).

Les inventaires[1] sont dressés en janvier 1790. Les biens de la cure pour le culte sont mis en vente ou réquisitionnés, les livrant à la convoitise de quelques- uns :

  • onze chasubles d’étoffes diverses (damas[2],velours, panne[3]) et de couleurs différentes (rouge, verte, noire, blanche, violette[4]), ornées de motifs floraux. Il y a autant de manipules[5], d’étoles[6] et de voiles ;
  • trois jaquettes d’enfants de chœur rouges ou bleues ;
  • des surplis[7] d’enfants de chœur ;
  • quatre grands surplis de grosse mousseline ;
  • cinq surplis de toilette[8] ;
  • deux chapes[9] de calmande[10] dont une rose ;
  • une chape de damas rouge ;
  • une couverture d’autel en toile d’Orange[11] ;
  • trois petites couvertures de toile ;
  • trois devants d’autel et un petit rideau en toile d’Orange ;
  • neuf serviettes ;
  • trois nappes d’autel en batiste[12] et toile ;
  • quatre nappes de toile ;
  • soixante linges  tant corporaux[13] que lavabo[14] ;
  • un voile de mousseline rembrunie ;
  • un drap de mort et un bidet[15] ;
  • deux bonnets carrés noirs et un blanc ;
  • deux bannières avec leurs bâtons ;
  • un dais en toile d’Orange entourée de franges présumées en fil d’or[16] ;
  • un petit coffre en bois ;
  • une armoire en menuiserie de bois de chêne ;
  • un coffre fermant à deux battants en menuiserie de bois de chêne ;
  • une petite armoire pendante fermant à clé ;
  • un portemanteau ;
  • un porte-cierge, une boîte[17] et un pupitre ;
  • un serpent[18] en fer blanc et un fauteuil ;
  • un missel, deux antiphoniers[19], un graduel[20], deux processionnaux[21],  deux livres pour l’office des morts et un manuel ;
  • les boiseries du grand autel et des deux petits ;
  • un tabernacle[22] avec les marchepieds ;
  • trois livres de cire blanche et deux de jaune ;
  • la boiserie du chœur peinte en bleu et un banc attenant ;
  • six chandeliers et une croix en bois ;
  • la chaire à prêcher ;
  • le confessionnal ;
  • deux échelles ;
  • Un aigle en bois servant de pupitre ;
  • deux « scabelles[23] » et leurs marchepieds ;
  • trente bancs avec leurs marchepieds ;
  • un plat, deux burettes, un porte-missel, et une petite clochette ;
  • une cloche estimée à 1400 livres.

[1] Archives départementales des Ardennes, Q 541 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-766 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 540-542 = cures et chapelles], documents concernant Librecy-Wé (1790-an VI).

[2] Soie monochrome, avec une armure satin, dont le fond contraste par sa brillance avec le dessin formé par le tissage.

[3] Étoffe en laine, soie ou coton, travaillée comme du velours.

[4] Correspondant aux différents temps liturgiques.

[5] Bande d’étoffe portée sur l’avant-bras gauche par les ministres du culte à l’autel.

[6] Bande de tissu, longue et étroite, que le prêtre et l’évêque portent par devant, suspendue au cou et que le diacre porte en écharpe sur l’épaule gauche.

[7] Vêtement liturgique blanc porté par les ecclésiastiques, les chantres, et les enfants de chœur, par-dessus les habits ou la soutane.

[8] Petite toile.

[9] Long manteau de cérémonie agrafé par devant.

[10] Tissu en laine, en poil de chèvre, ou en soie et laine, lustré sur l’endroit, uni ou rayé.

[11] Terme générique pour désigner les toiles peintes.

[12] Toile fine et blanche de lin ou de chanvre.

[13] Linge consacré, généralement de lin blanc, représentant le suaire du Christ, destiné à recueillir les fragments de l’hostie.

[14] Prière que dit le prêtre en se lavant les doigts durant la messe. Par métonymie, linge avec lequel il s’essuie les doigts qu’il s’est lavés après l’offertoire.

[15] Petit cheval de selle ou de trait.

[16] Et peut-être en fil métal doré. Dans le doute, l’objet n’a pas été estimé.

[17] Dans les Ardennes, le mot s’écrivait boëtte et se prononçait \bwɛt\.

[18] Instrument à vent utilisé jusqu’au XIXe siècle dans la musique d’Eglise.

[19] Un antiphonaire (ou antiphonier) est un recueil où sont inscrits des antiennes et autres parties de l’office, avec leur notation en plain-chant.

[20] Le graduel est le livre de chant grégorien utilisé à la messe.

[21] Le processionnal est un recueil des prières chantées aux processions.

[22] Ouvrage en forme d’armoire fermant à clef, et où sont conservées les hosties consacrées.

[23] La forme académique est escabelle, siège bas, sans bras, avec ou sans dossier. Le mot a la même signification qu’escabeau. La variante scabelle, aujourd’hui disparue, est attestée à Reims en 1328.


Messidor, dixième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14035, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Messidor, dixième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14035, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Les terrains qui appartiennent à l’église de La Romagne (non à la cure ou à la fabrique sont également mis à l’encan. Les surfaces concernent :

  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Vertillon ;
  • cent douze verges et demie (terre + pré +  jardin) au lieu-dit la Pierre ;
  • cinquante verges au lieu-dit le Presbytère ;
  • soixante verges au lieu-dit le Jardin de Monsieur le Curé ;
  • soixante-quinze verges au lieu-dit les Rouages ;
  • dix-huit verges au lieu-dit le Pré Mortagne ;
  • dix-huit verges au lieu-dit la Hué ;
  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Pluteau ;
  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Pregnaux.

Prairial, neuvième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14034, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Prairial, neuvième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14034, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

D’autres surfaces dépendent de la cure de la Romagne et sont exploitées à ce titre directement par le curé [1]. Gérard Mallet, domestique habitant le village, reçoit pour la somme de 2225 livres l’adjudication définitive de cent douze verges de terre, cent dix verges de jardinet et cent trente-six verges de prés.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 274 n° 406, ventes du 25 juin 1791 au 18 prairial an III [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Frimaire, troisième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14028, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Frimaire, troisième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14028, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Parallèlement à la vente du patrimoine ecclésiastique se déroule celle des biens des émigrés, comme c’est le cas pour François Courtin, dont les terres se trouvent en divers lieux de La Romagne[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 278 n° 332 à 338, ventes du 29 fructidor an II au 18 nivôse an III [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, a signé le concordat de Bologne le 18 août 1516 à Rome. Galleria palatina (Florence, Italie), numéro d'inventaire 00287216, Raphaël, Portrait du pape Léon X ou Le Pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medicis et Luigi de Rossi, peinture à l'huile sur bois, 1518-1520.
Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, a signé le concordat de Bologne le 18 août 1516 à Rome. Galleria palatina (Florence, Italie), numéro d’inventaire 00287216, Raphaël, Portrait du pape Léon X ou Le Pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medicis et Luigi de Rossi, peinture à l’huile sur bois, 1518-1520.

Dès le 12 juillet 1790, le concordat de Bologne signé avec François Ier  est  dénoncé, ce qui permet la nationalisation des biens de l’Eglise. L’Assemblée constituante supprime les titres, offices, dignités, canonicats[1], prébendes[2].


[1] Bénéfices de chanoines dans une église, une cathédrale ou une collégiale.

[2] Revenus ecclésiastiques.


Le futur Louis XVI à quinze ans. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d'inventaire MV 3889, Van Loo, Louis-Michel , Louis-Auguste, duc de Berry (1754-1793), huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.
Le futur Louis XVI à quinze ans. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3889, Van Loo, Louis-Michel , Louis-Auguste, duc de Berry (1754-1793), huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.

La Constitution civile du clergé, sanctionnée[1] et promulguée par le roi Louis XVI le 24 août 1790, réorganise l’Eglise et la sécularise[2]. Le 27 novembre 1790, chaque prêtre doit jurer d’être fidèle à la Nation, à la loi, au roi et de maintenir de tout son pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale constituante et acceptée par le souverain.


[1] Adoptée.

[2] L’État considère qu’il lui revient de prendre en charge l’organisation de la religion. Ce qui ne saurait être confondu avec le principe de séparation des Eglises et de l’Etat, qui implique qu’il ne s’en occupe plus.


Par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791 et Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI s'oppose à la Constitution civile du clergé. Musei vaticani, numéro d'inventaire Inv. 40455, Pompeo Batoni, (Lucques 1708 - Rome 1787) et atelier, Portrait de Pie VI, huile sur toile, 1775, notice descriptive consultable en ligne.
Par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791 et Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI s’oppose à la Constitution civile du clergé. Musei vaticani, numéro d’inventaire Inv. 40455, Pompeo Batoni, (Lucques 1708 – Rome 1787) et atelier, Portrait de Pie VI, huile sur toile, 1775, notice descriptive consultable en ligne.

De la passation ou non de ce serment découlent les termes de prêtres assermentés[1] ou insermentés[2]. Le pape Pie VI condamne formellement ce texte le 10 mars 1791 et somme les prêtres qui ont prêté serment à la Constitution de se rétracter sous peine de suspense[3].

Ce qui occasionne cette année-là une scission entre l’Eglise et l’Etat, et une division à l’intérieur même du clergé : cela peut être constaté pour le diocèse de Reims[4].


[1] Constitutionnels ou jureurs.

[2] Réfractaires ou non-jureurs.

[3] En droit canonique, la suspense (substantif féminin) est une mesure par laquelle l’autorité ecclésiastique suspend un prêtre de ses fonctions ou le prive de l’usage de son bénéfice.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-3639, Jadart, Henri, « Etat du clergé du diocèse de Reims, insermenté ou assermenté en 1791, d’après les notes de l’abbé Baronnet, curé de Cernay-en-Dormois (à suivre) », in Revue d’Ardenne & d’Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique [publiée par la Société d’études ardennaises « La Bruyère » puis, à partir de mars/avril 1895 par la Société d’études ardennaises], 1re année, n° 1 (novembre/décembre 1893) -22e année, n° unique (1915/1923), Sedan : imprimerie Laroche, 1893-1923, 19e année, n° 2, janvier-février 1912, pages 33-40, vue 3/48, article consultable en ligne sur Gallica [Nota bene : la collectivité éditrice du périodique, née en 1888 et morte dans les années 20, ne saurait être confondue avec la Société d’études ardennaises fondée le 26 janvier 1955 et devenue la Société d’histoire des Ardennes le 2 mars 2013].


Pluviôse, cinquième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14030, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Pluviôse, cinquième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14030, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Pour ce qui est de La Romagne, il est de notoriété publique que le curé Bourdon a prêté le serment et qu’il l’a confirmé le 28 janvier 1791, « quoique cela ne figure sur aucun registre »[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 142 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Ventôse, sixième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14031, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Ventôse, sixième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14031, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La séparation des Eglises et de l’Etat est marquée par le décret du 3 ventôse an III[1], qui affirme que la République ne salarie aucun culte et ne fournit aucun local, ni pour son exercice, ni pour le logement des ministres.

« Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté ; aucune proclamation ni convocation publique ne peuvent être faites pour y inviter les citoyens. »

Article VII.

[1] Soit le 21 février 1795.


Germinal, septième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14032, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Germinal, septième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14032, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La loi du 22 germinal an IV[1] précise qu’à ce titre le son des cloches est puni d’un emprisonnement par voie de police correctionnelle. Les cloches des églises du canton sont en général acheminées à Metz, où leur métal est fondu pour produire des bouches à feu[2].


[1] Soit le 11 avril 1796.

[2] Pièces d’artillerie.


Fructidor, douzième et dernier mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14037, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Fructidor, douzième et dernier mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14037, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Les églises sont dépouillées de leur richesse mobilière. On s’abstient donc pendant de longues années d’effectuer des travaux de réparation et d’entretien. Les objets en métal précieux rejoignent la Monnaie.

Le 25 fructidor an IV[1],  Langlet (maire), Boudié et Letellier, les trois signataires du document, répondent à un questionnaire qui permet d’apprendre que :

  • l’inventaire de l’argenterie de l’église a été fait par le « citoyen Macquart » ;
  • celui-ci demeure à Saint-Jean-aux-Bois ;
  • ce dernier est nommé commissaire ;
  • les objets ont été conduits au commissaire des monnaies du district de Rethel ;
  • qu’ainsi il n’y a plus rien en argent dans l’église.

[1] Soit le 11 septembre 1796.


Brumaire, deuxième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14027, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Brumaire, deuxième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14027, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Durant toute cette période, des courriers confidentiels sont expédiés à l’administration centrale, de manière à rendre compte de l’état d’esprit de la population. Des idées radicales y sont exprimées par rapport aux nouvelles fêtes instaurées.

C’est ainsi que l’auteur d’une missive datée de l’an VII note que, selon ses observations, la religion catholique tient encore à La Romagne une place trop importante par rapport aux nouvelles fêtes. Il se fonde sur les points suivants :

  • les anciens jours de repos (en particulier les dimanches) sont plus respectés que les nouveaux ;
  • cela se manifeste par une population « vêtue de ses plus beaux atours » ;
  • la présence aux cérémonies du culte est manifeste ;
  • les habitants de La Romagne ne souhaitent pas garder les décades ;
  • les prêtres assermentés ne se montrent obéissants que de l’extérieur.

Floréal, huitième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14033, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Floréal, huitième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14033, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Pour contrer cela, il suggère de n’ouvrir les églises que les jours des décadis[1], afin que les cérémonies religieuses et décadaires se passent au même moment. Le but est de rendre le peuple docile, et les assemblées civiles plus brillantes.

Ces propos montrent bien que l’objectif des fêtes prévues par la Nation, qui est de rapprocher les êtres et de combattre l’intolérance, est loin d’être atteint[2].


[1] Le décadi est le dixième et dernier jour de la décade républicaine, chômé et correspondant en quelque sorte au dimanche.

[2] Archives départementales des Ardennes, L 1213 n° 493 [série L = administration et tribunaux de la période révolutionnaire (1790-1800), articles L 1168-1230 = affaires militaires, ponts et chaussées].


Nivôse, quatrième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14029, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Nivôse, quatrième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14029, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La période révolutionnaire marque une évolution des sociétés vers la laïcité, à travers la reconnaissance de la liberté de conscience[1], et la nationalisation des biens de l’Eglise. Bonaparte prépare un retour de la paix religieuse en accordant le 7 nivôse an VIII[2] la liberté de culte. Cette décision conforte la hiérarchie catholique dans son action de restauration de la foi.


[1] Reconnue dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

[2] Soit le 28 décembre 1799.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d'inventaire MV2573, Wicar Jean-Baptiste Joseph (1762-1834) (d'après), Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801, dessin à la pierre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 2573, Wicar Jean-Baptiste Joseph (1762-1834) (d’après), Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801, dessin à la pierre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Le Concordat signé le 15 juillet 1801 entre Bonaparte et le Pape Pie VII rétablit le culte et marque le retour du dimanche comme jour de repos légal.  Les églises peuvent être de nouveau ouvertes n’importe quel jour, et l’on revient au calendrier grégorien.

La religion catholique n’est plus religion d’Etat, mais celle de la majorité des Français. Les prêtres ont désormais pour fonction d’assurer la paix, la cohésion sociale, et le respect des lois. Ils sont rémunérés par l’Etat.


Archives nationales, document numérique, AE/II/1265, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l'Assemblée législative prescrivant aux directoires de départements de prononcer la déportation contre les ecclésiastiques insermentés, daté du 27 mai 1792 (an IV), texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, A//122 pièce 3.
Archives nationales, document numérique, AE/II/1265, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur ArchimDécret de l’Assemblée législative prescrivant aux directoires de départements de prononcer la déportation contre les ecclésiastiques insermentés, daté du 27 mai 1792 (an IV), texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de ParisA//122 pièce 3.

C’est aussi la fin de l’exil pour les prêtres réfractaires, émigrés ou réfugiés à l’étranger. Ils peuvent regagner leur pays, moyennant la signature des actes de soumission, et l’acceptation de la nouvelle organisation de l’Eglise.

Les nominations des curés des ans IX et X se font par entente entre le pouvoir civil et religieux. De plus, comme les ressources font défaut, on essaye de rapprocher le desservant de sa famille et de son pays natal[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 139 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Vendémiaire, premier mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14026, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Vendémiaire, premier mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14026, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Il faut une nouvelle fois se procurer à grands frais un mobilier nouveau, puisque l’ancien a disparu durant la Révolution. Il est d’autre part nécessaire de consolider et de conserver les bâtiments. Ce n’est que progressivement que les églises retrouvent la richesse artistique du passé.

Thermidor, onzième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14036, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Thermidor, onzième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14036, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Musée d'Orsay (Paris), numéro d'inventaire RF 469, Dagnan-Bouveret Pascal Adolphe Jean (1852-1929), Le Pain bénit, 1885, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).
Musée d’Orsay (Paris), numéro d’inventaire RF 469, Dagnan-Bouveret Pascal Adolphe Jean (1852-1929), Le Pain bénit, 1885, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

A La Romagne, la fabrique de l’église n’a que de très maigres revenus (issus des pains bénits et les quêtes). Les réparations du bâtiment sont donc difficilement envisageables. En 1803[1], l’église est encore dans un complet état de dénuement…


[1] Des visites canoniques enquêtent sur l’état des paroisses de 1803 à 1886 dans le diocèse de Metz, dont dépend à l’époque l’église de La Romagne.

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Les marguilliers et la fabrique de La Romagne avant la Révolution


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823889NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823889NUC2A.

Pour la vie paroissiale, le curé est en étroite relation avec le maire, les échevins, mais aussi avec la fabrique. Ce terme désigne à l’origine la construction d’une église. Le sens évolue vers le temporel d’une paroisse, c’est-à-dire ses biens et ses revenus, puis l’assemblée chargée de les gérer.

Cette dernière se compose de laïcs, appelés marguilliers ou fabriciens selon leur statut. Ils sont désignés ou élus pour un an par les paroissiens, au moment de Noël. Ils doivent normalement savoir lire et écrire. Ils sont souvent choisis parmi les laboureurs aisés.


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823883NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823883NUC2A.

A La Romagne, il peut y avoir deux marguilliers : le premier est en charge des affaires, tandis que le second (appelé marguillier des trépassés) s’initie aux affaires de la paroisse, avant de les gérer pleinement l’année suivante. Le choix d’un habitant pour remplir cette fonction est « une preuve que la personne est en estime de probité[1] ».

Les deux laïcs doivent assurer la responsabilité de la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à l’entretien, aux réparations de l’édifice et au mobilier de la paroisse : argenterie, luminaires, ornements.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9747647, page non paginée, vue 1/16, consultable en ligne sur Gallica, Lettres patentes pour contraindre les marguilliers et paroissiens de rendre conte des dons et revenus de leur église, par devant MM. les évesques, archidiacres et officiaux, ou leurs commis et vicaires. Avec l'extraict des registres du Grand Conseil du Roy, Paris : A. Estiene, 1620, in-8°, 14 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-46939 (10).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9747647, page non paginée, vue 1/16, consultable en ligne sur Gallica, Lettres patentes pour contraindre les marguilliers et paroissiens de rendre conte des dons et revenus de leur église, par devant MM. les évesques, archidiacres et officiaux, ou leurs commis et vicaires. Avec l’extraict des registres du Grand Conseil du Roy, Paris : A. Estiene, 1620, in-8°, 14 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-46939 (10).

Le tout premier marguillier dont on trouve la trace au début du XVIIe siècle est Jean Robin, qui est « constre», c’est-à-dire chargé de rendre les comptes. En 1699, Judin Rifflet exerce à son tour cette charge durant quelques mois[1].

En 1740, c’est Jean Courtois le marguillier de l’église, tandis que le syndic est Louis Lebrun[2] . Ce dernier office est le plus souvent commun à la commune et à l’Eglise, car les gestions civile et religieuse sont étroitement liées.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].

[2] Archives départementales des Ardennes, 7 J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 893.13.1, anonyme (école française de sculpture), Armes de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, calcaire polychrome et doré, XVIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. L'ecclésiastique a écrit des Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 893.13.1, anonyme (école française de sculpture), Armes de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, calcaire polychrome et doré, XVIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. L’ecclésiastique a écrit des Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.

En 1745, en dehors de celles du visiteur et du curé, on trouve parmi les signatures apposées lors de la visite de la paroisse les noms de P. Gagneux, Jean Canon, N. Rifflet, Jean Coutié et François Boudsocq. Puis, en 1783, dans les mêmes circonstances, celles de Pierre Richard Legros (ancien marguillier), François Boudsocq et Davaux. Ces noms sont certainement ceux des membres du bureau de la fabrique[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La location de terrains fournit d’autres recettes. Si le montant des baux n’est pas versé, la fabrique peut introduire un recours contre le mauvais payeur.

Un exemple en est fourni par Jean Hamelin, laboureur, condamné par une sentence du 1er août 1682, rendue en la cour sénéchalière de Reims, pour « n’avoir pas pu ou pas voulu payer 21 livres » représentant le montant de la location de prés à la fabrique de Montmeillant.


Les anciens bancs de l'église Saint-Jean ont été remplacés par des chaises, prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les anciens bancs de l’église Saint-Jean ont été remplacés par des chaises, prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La fabrique tire également des revenus occasionnels de la vente de pommes, mais de plus importants de la vente des bancs de chœur[1] : en 1721, le Prieur Carré et André Sacré, marguillier en service, procèdent à l’adjudication des bancs libres pour un coût variant de « 7 livres pour le premier banc de la droite ou de la gauche à 20 sols[2] la place pour les autres bancs ».

Cette différence de prix permet de mieux comprendre la hiérarchie économique du village, sachant que les places les plus près de l’autel sont les plus chères. D’autre part, il est à remarquer que, quelle que soit la place de la famille dans le village, il n’est à aucun moment question des femmes.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 2 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, 1713-1721, actes de baptême, mariage, sépulture], publication de la vente de bancs de chœur, vue 33/34, consultable en ligne.

[2] Soit une livre.


Double Louis d’or au bandeau, 1745, Bayonne (avers ou droit).

Les revenus de la fabrique sont administrés par le marguillier. Celui-ci se charge de la recette et détermine la dépense ordinaire, après avoir demandé le consentement du curé et des principaux habitants qui composent le bureau.  Il doit présenter chaque année les comptes, après avoir veillé à faire rentrer les diverses sommes d’argent.

Or, malgré les ordonnances royales qui stipulent qu’on enjoint aux marguilliers, fabriciens de présenter les comptes des revenus et de la dépense chaque année, ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, en 1745, lors de la visite du vicaire général Zénard Viegen, les comptes de 1743 sont censés être les derniers effectués.

Double Louis d’or au bandeau, 1745, Bayonne (revers).

De même, lors de la succession de Louis Letellier établie par maître Watelier (notaire à Wasigny)[1], ce dernier doit la somme de 28 livres 6 sols et 9 deniers au titre de 1758 (année durant laquelle il a été marguillier).

Cette somme est comptée comme dettes passives dans l’acte notarié qui est dressé après son décès. Dans ce rapport, il est question de « revenus en souffrance ». Quelque trente ans plus tard, le problème est le même : en 1774, 600 livres et quelques sols sont dus à la fabrique, alors que « le revenu annuel de celle-ci est d’environ 200 livres[2] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, 3E35 499 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E35/1-613 = archives notariales de Wasigny].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Double louis d'or au buste habillé, 1783, Bordeaux (avers ou droit).
Double louis d’or au buste habillé, 1783, Bordeaux (avers ou droit).

Le curé note que « l’on ne fait pas les diligences nécessaires pour faire payer les personnes qui sont redevables à la fabrique », que certaines dettes « remontent à plus de 10 ans », que « certains sont aujourd’hui insolvables » et que les marguilliers en charge « ne veulent pas agir ».

A la suite de ces remarques, le curé écrit en conséquent au procureur fiscal de La Romagne. L’intervention se révèle efficace car, en 1783, il n’est plus question de dettes à l’égard de la fabrique et « les comptes sont rendus exactement ».


Louis d'or aux palmes, 1774, Paris (avers ou droit), représentant le buste du roi Louis XVI à gauche, en habit de cour, avec un jabot de dentelle, les cheveux noués sur la nuque par un ruban, et décoré de l'Ordre du Saint-Esprit.
Louis d’or aux palmes, 1774, Paris (avers ou droit).

Avec son revenu, la fabrique peut payer en 1774 les trente-sept messes hautes avec vigiles, les messes basses, le pain, le vin, le luminaire, la blanchisseuse, l’entretien de la sacristie, du maître autel, et de « tout ce qui est nécessaire ».

Louis d'or aux palmes, 1774, Paris (revers), représentant un écu de France couronné, entouré de deux palmes, avec une main de justice et un sceptre en sautoir.
Louis d’or aux palmes, 1774, Paris (revers).

Double louis d'or au buste habillé, 1783, Bordeaux (revers).
Double louis d’or au buste habillé, 1783, Bordeaux (revers).

Il n’y a pas de date précise pour former un bureau. Il se réunit en fonction des besoins. Or, en 1783, il n’y en a toujours pas d’établi « dans les formes, point de registres ni de papiers titres » mais un « registre des adjudications et reconnaissance des places ».


Ce coffre de fabrique (dit des marguilliers) date du XVe siècle. Il se situe dans la sacristie de l’église paroissiale Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Sa notice descriptive PM41000467 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.
Ce coffre de fabrique (dit des marguilliers) date du XVe siècle. Il se situe dans la sacristie de l’église paroissiale Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Sa notice descriptive PM41000467 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.

Quelle que soit l’époque, la personne choisie a parfois du mal, pour diverses raisons, à gérer l’administration de la fabrique. Les quelques documents écrits sont enfermés dans un coffre à trois clés. Celles-ci sont attribuées au curé, au marguillier et au principal paroissien. La consultation des papiers paraît assez difficile dans ces conditions.


Cinquante verges de ce pré appartenant à la fabrique sont vendues sous la Révolution à un habitant de Hauteville (Ardennes). La Huée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cinquante verges de ce pré appartenant à la fabrique sont vendues sous la Révolution à un habitant de Hauteville (Ardennes). La Huée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A la fin du XVIIIe siècle, la fabrique semble enfin correctement administrée financièrement, d’autant que la location des terres aux principaux habitants du village (Jean-Baptiste Mauroy, Pierre Langlet, Jean Arbonville, Pierre Simon, Nicolas Cercelet, Jean Lépinois, Hubert Laroche, etc.) assure un revenu régulier.

Trois quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un habitant de Rethel (Ardennes). Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Trois quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un habitant de Rethel (Ardennes). Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Archives nationales, document numérique, AE/II/1140, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l'Assemblée nationale en date du 2 novembre 1789 mettant les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, C30/246/2.
Archives nationales, document numérique, AE/II/1140, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l’Assemblée nationale en date du 2 novembre 1789 mettant les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, C30/246/2.

Avec la Révolution, elle plonge dans la tourmente, comme toutes les fabriques des autres paroisses. Le décret du 2 novembre 1789 met à la disposition de la Nation les biens ecclésiastiques, mais indique ne pas toucher à ceux des fabriques. Le décret de brumaire an III déclare en revanche propriété nationale tout actif de ces dernières, même ce qui est affecté à l’acquit[1] des fondations.


[1] Action d’acquitter.


Lieu-dit et surfaceLoyerLocataireMise à prixVente réaliséeAcquéreur
Le Jardin, pièce de pré10 livres 15 solsJean Tripier, tisserand300 livres610 livresToussaint Lallement
Le Pont Camelot, cinquante verges de pré13 livresJ.-B. Mauroy500 livres765 livresJ.-B. Suan (La Neuville-lès-Wasigny)
Le Pré Terlot, cinquante verges10 livres 5 solsJ.-B. Lepinois400 livres445 livresJ.-P. Letellier (le citoyen Tellier)
La Favée, deux quartels de pré10 livresPierre Mauroy200 livres450 livresJacques Remacle, homme de loi (Rethel)
Chemistresse, un quartel de pré2 livres 19 solsPierre Legros (propriétaire de la Cour Avril)100 livres100 livresPierre Legros
Le Bois Librecy, trois quartels de pré9 livres 10 solsFrançois Hezette, manouvrier200 livres300 livresJ. Remacle (Rethel)
La Fontaine aux Grues, soixante-dix verges de pré14 livresFrançois Mauroy400 livres665 livresJacques Gaudelet (Rethel)
Les Gros Saules, cinquante verges de pré20 livresThomas Thomas, laboureur800 livres810 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Grand Sart, trois quartels de pré9 livresFrançois Harbonville, manouvrier200 livres500 livresJ. Gaudelet (Rethel)
La Marchotterie, un quartel de pré3 livresClaude Champion (Rocquigny)100 livres140 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Chêne, un quartel de pré4 livresPierre Langlet, laboureur150 livres200 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Pré Hagnon, deux quartels8 livresJ.-B. Millet, manouvrier205 livres380 livresJ. Remacle (Rethel)
Le Pré Robin, un arpent24 livresJean-Charles Boudier, laboureur900 livres1500 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Pré Haguenau, un quartel3 livres 16 solsPierre Langlet100 livres200 livresJ. Remacle (Rethel)
La Houette, trois quartels et un pugnet de pré12 livres 9 solsPierre Langlet300 livres800 livresJ.-B. Toupet (Montigny)
La Houette, trois pugnets de pré10 livresPierre Davaux200 livres600 livresJ.-B. Toupet (Montigny)
Le Rouage, un arpent de pré26 livres 15 solsThomas Devie1300 livres1800 livresJ. Remacle-Watelier (Rethel)
Le Marais, un quartel de pré7 livresPierre Hamel, manouvrier200 livres300 livresJ. Remacle-Watelier (Rethel)
Le Plutaux, neuf quartels de pré48 livresHubert LarocheNon préciséeNon préciséeNon précisé
Les Trois Terroirs, un quartel de pré1 livre 6 solsPierre Langlet40 livres135 livres J.-P. Letellier (le Mont de Vergogne)
La Huée, cinquante verges de pré18 livresMathieu Arbonville, cordonnier500 livres760 livresJean Le Roy (Hauteville)
Moranvaux, soixante-dix verges de pré10 livres 15 solsMathieu Arbonville300 livres550 livres J.-P. Letellier (le Mont de Vergogne)
Tébouzé, un quartel de pré5 livres 10 solsJean Lepinois, laboureur200 livresNon préciséeNon précisé
La Voilarme, un quartel de pré4 livresNicolas Cercelet100 livres145 livresHamel
La Voillarme, trois quartels de pré11 livresNicolas Cercelet400 livres600 livresJean Le Roy (Hauteville)
Le Pré Pigneau, cinquante verges9 livres 10 solsPierre Laroche400 livres510 livresFrançois Millet
Le Pré Pigneau, un quartel3 livres 5 solsJ.-B. Mauroy160 livres215 livresToussaint Lallement
La Rigolle, un quartel de pré7 livres 5 solsJ.-B. Millet200 livres330 livresHubert Laroche
La Favée, trois pugnets de pré7 livres 10 solsPierre Davaux200 livres300 livresJean Le Roy (Hauteville)
La vente des terres, prés et jardins des biens de la fabrique de La Romagne (Ardennes) trouve de nombreux acquéreurs à Rethel (Ardennes).

Le 17 fructidor an II, Montain Louis Macquart (juge de paix du canton de Rocquigny et commissaire nommé) inventorie les vêtements sacerdotaux et l’argenterie. L’inventaire estimatif des biens de la fabrique de La Romagne[1] ne concerne que les biens religieux, mais permet de mieux connaître la richesse de l’Eglise quant à la célébration du culte.

Il suit de quelques mois l’inventaire, puis la vente des terres, prés et jardins appartenant à la ci-devant fabrique[2] (19 avril 1793 et 15 août de la même année), dont les principaux acquéreurs ne sont pas les habitants du village ou des environs, mais de riches bourgeois de Rethel.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 503 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 483-511 = dossiers des fabriques (par ordre alphabétique des communes), 1790-1808].

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 276 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV]. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, Q 145 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].


Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le dernier inventaire est dressé le 23 germinal an II[1] par Montain Louis Macquart, Hugues Crépeaux et Pierre Perrin (menuisier), le premier demeurant à Saint-Jean-aux-Bois et le second à Montmeillant. Une fois l’acte rédigé et la déclaration des présidents et officiers municipaux jurant qu’il ne reste plus aucun bien immeuble appartenant à la fabrique, il apparaît que la valeur totale de l’estimation des biens de l’église s’élève à 1760 livres 15 sols.

C’est à cette occasion que la distinction est faite concernant la propriété du bâtiment puisqu’il est affirmé que les habitants considèrent leur église comme appartenant à leur commune et non comme bien de fabrique[2].


[1] Soit le 12 avril 1794.

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 278 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823892NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823892NUC2A.

Comme la vente ne peut se faire immédiatement, les meubles et effets sont laissés dans l’église et sacristie sous la surveillance de ladite municipalité. L’acte porte la signature des responsables de celle-ci, tels Langlet (président), Boudié (officier municipal), Pierre Douce, J. Pausé et Macquart. La vente mobilière des biens de la fabrique[1] a lieu le 24 vendémiaire an III[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 503 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 483-511 = dossiers des fabriques (par ordre alphabétique des communes), 1790-1808].

[2] Le 15 octobre 1794.


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, ciboire, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823885NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, ciboire, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823885NUC2A.

Elle est menée par Montain Louis Macquart. Jean-Baptiste Deligny (notaire demeurant à Rocquigny) est aussi nommé audit effet pour la délibération susdite. Elle se fait en présence de Langlois[1] (maire), Boudier et Le Thellier[2] (officiers municipaux), après avoir été annoncée par affiches et par le son de la caisse (ou tambour).

Ces derniers procèdent à la dispersion des « boisseries, bancs, buffets et autres ustenciles restant du mobillier de la ci-devant fabrique du dit lieu de La Romagne ». Les biens sont répartis parmi les habitants de la paroisse ou des villages voisins.

Tout est acquis au comptant, ce qui est assez curieux : la loi n’exigeait qu’un premier paiement de 12%, et permettait de se libérer du reste en douze annuités.


[1] Langlet.

[2] Letellier (variante orthographique).


Ce banc des marguilliers date de 1755. Il se trouve dans l’église Saint-Ayoul à Provins (Seine-et-Marne). Sa notice descriptive PM77001403 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.
Ce banc des marguilliers date de 1755. Il se trouve dans l’église Saint-Ayoul à Provins (Seine-et-Marne). Sa notice descriptive PM77001403 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.

L’église est totalement vidée de son mobilier. Quelque vingt-huit bancs, dont certains ont un dossier, quand ce n’est pas le « banc du marguillier », trouvent très vite preneurs. Parmi les acquéreurs, on peut citer : Louis Noël, Pierre Mauroy, Toussaint Lallemand, Hubert Laroche, François Millet, François Arbonville, Jean Baptiste Miclet, François Hezette, Nicolas Cercelet, Pierre Lépinois, etc.


Confessionnal en bois peint du XIXe siècle de l'église Saint-Jean, prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Confessionnal en bois peint du XIXe siècle de l’église Saint-Jean, prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce sont ensuite l’aigle et son pied (sur lequel on reposaient les évangiles pour la lecture durant la messe) qui sont adjugés à François Devie, ou le confessionnal qui devient la propriété de la veuve de Pierre Lallemand.

Les murs recouverts de lambris ou de boiseries sont mis à nu pour  leur vente. Les gradins et le maître-autel sont aussi dispersés parmi des acquéreurs, qui sont quasiment les mêmes.

Les armoires ou les coffres subissent le même sort, pour devenir la propriété de Jean-Baptiste Devaux, Gérard Miclet, François Mauroy.

Musée national du Moyen âge - Thermes et Hôtel de Cluny (Paris), numéro d’inventaire Cl. 19255, anonyme, Saint Jean l'Évangéliste, sculpture, 3e quart du 14e siècle, notice consultable en ligne.
Musée national du Moyen âge – Thermes et Hôtel de Cluny (Paris), numéro d’inventaire Cl. 19255, anonyme, Saint Jean l’Évangéliste, sculpture, 3e quart du 14e siècle, notice descriptive consultable en ligne.

Musée national de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, Yvelines), numéro d’inventaire PRP 004, Champaigne, Philippe de (1602-1674), Le Christ aux outrages, peinture à l’huile sur toile, vers 1655, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, Yvelines), numéro d’inventaire PRP 004, Champaigne, Philippe de (1602-1674), Le Christ aux outrages, peinture à l’huile sur toile, vers 1655, notice descriptive consultable en ligne.

Il ne reste rien des objets du culte. Même la pierre d’autel, placée au centre de celui-ci, et symbolisant le Christ (elle était gravée d’une croix), est vendue lors de la dispersion des biens. Elle est acquise par Pierre-Simon Legros. A la suite de ces événements, l’église est abandonnée et la fabrique disparaît[1].

Cette frénésie d’achats peut interroger. S’agit-il de mettre à l’abri de la convoitise ces biens, en ces temps troublés ? Ou souhaite-t-on prouver son attachement au nouveau régime, en démantelant ce qui a été, pendant des siècles, le cœur de la paroisse ?


[1] Cette institution est rétablie après la Révolution par l’article LXXVI du Concordat.