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L’église Saint-Jean à La Romagne pendant la Révolution


Talleyrand, évêque d'Autun, est peint coiffé d’une mitre et crosse à la main. Musée Carnavalet (Paris), numéro d'inventaire P1981, David, Louis (Paris 1748-Bruxelles 1825), Serment de Lafayette à la Fête de la Fédération, 1791, peinture à l'huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).
Talleyrand, évêque d’Autun, est peint coiffé d’une mitre et crosse à la main. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire P 1981, David, Louis (Paris 1748-Bruxelles 1825), Serment de Lafayette à la Fête de la Fédération, 1791, peinture à l’huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Le 4 août 1789, les privilèges féodaux sont abolis, et par conséquent les droits seigneuriaux et la dîme. Une subvention doit pourvoir aux dépenses du culte divin et à l’entretien des églises et des presbytères.

Dans les premiers temps de la Révolution, les églises sont épargnées. Ce sera de courte durée. La proposition de Talleyrand d’attribuer à la Nation les biens du clergé triomphe le 2 novembre 1789.

Un décret datant de ce jour les confisque. Le 9 novembre, un autre décret supprime les titres ecclésiastiques à l’exception de celui des curés. Le 13 novembre, l’Assemblée demande que les églises fassent connaître l’état de leur domaine à la Nation dans un délai de deux mois.


Surplis en fil, broderie ajourée à la main sur tulle, (XIXe siècle).
Surplis en fil, broderie ajourée à la main sur tulle, (XIXe siècle).

Les inventaires[1] sont dressés en janvier 1790. Les biens de la cure pour le culte sont mis en vente ou réquisitionnés, les livrant à la convoitise de quelques- uns :

  • onze chasubles d’étoffes diverses (damas[2],velours, panne[3]) et de couleurs différentes (rouge, verte, noire, blanche, violette[4]), ornées de motifs floraux. Il y a autant de manipules[5], d’étoles[6] et de voiles ;
  • trois jaquettes d’enfants de chœur rouges ou bleues ;
  • des surplis[7] d’enfants de chœur ;
  • quatre grands surplis de grosse mousseline ;
  • cinq surplis de toilette[8] ;
  • deux chapes[9] de calmande[10] dont une rose ;
  • une chape de damas rouge ;
  • une couverture d’autel en toile d’Orange[11] ;
  • trois petites couvertures de toile ;
  • trois devants d’autel et un petit rideau en toile d’Orange ;
  • neuf serviettes ;
  • trois nappes d’autel en batiste[12] et toile ;
  • quatre nappes de toile ;
  • soixante linges  tant corporaux[13] que lavabo[14] ;
  • un voile de mousseline rembrunie ;
  • un drap de mort et un bidet[15] ;
  • deux bonnets carrés noirs et un blanc ;
  • deux bannières avec leurs bâtons ;
  • un dais en toile d’Orange entourée de franges présumées en fil d’or[16] ;
  • un petit coffre en bois ;
  • une armoire en menuiserie de bois de chêne ;
  • un coffre fermant à deux battants en menuiserie de bois de chêne ;
  • une petite armoire pendante fermant à clé ;
  • un portemanteau ;
  • un porte-cierge, une boîte[17] et un pupitre ;
  • un serpent[18] en fer blanc et un fauteuil ;
  • un missel, deux antiphoniers[19], un graduel[20], deux processionnaux[21],  deux livres pour l’office des morts et un manuel ;
  • les boiseries du grand autel et des deux petits ;
  • un tabernacle[22] avec les marchepieds ;
  • trois livres de cire blanche et deux de jaune ;
  • la boiserie du chœur peinte en bleu et un banc attenant ;
  • six chandeliers et une croix en bois ;
  • la chaire à prêcher ;
  • le confessionnal ;
  • deux échelles ;
  • Un aigle en bois servant de pupitre ;
  • deux « scabelles[23] » et leurs marchepieds ;
  • trente bancs avec leurs marchepieds ;
  • un plat, deux burettes, un porte-missel, et une petite clochette ;
  • une cloche estimée à 1400 livres.

[1] Archives départementales des Ardennes, Q 541 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-766 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 540-542 = cures et chapelles], documents concernant Librecy-Wé (1790-an VI).

[2] Soie monochrome, avec une armure satin, dont le fond contraste par sa brillance avec le dessin formé par le tissage.

[3] Étoffe en laine, soie ou coton, travaillée comme du velours.

[4] Correspondant aux différents temps liturgiques.

[5] Bande d’étoffe portée sur l’avant-bras gauche par les ministres du culte à l’autel.

[6] Bande de tissu, longue et étroite, que le prêtre et l’évêque portent par devant, suspendue au cou et que le diacre porte en écharpe sur l’épaule gauche.

[7] Vêtement liturgique blanc porté par les ecclésiastiques, les chantres, et les enfants de chœur, par-dessus les habits ou la soutane.

[8] Petite toile.

[9] Long manteau de cérémonie agrafé par devant.

[10] Tissu en laine, en poil de chèvre, ou en soie et laine, lustré sur l’endroit, uni ou rayé.

[11] Terme générique pour désigner les toiles peintes.

[12] Toile fine et blanche de lin ou de chanvre.

[13] Linge consacré, généralement de lin blanc, représentant le suaire du Christ, destiné à recueillir les fragments de l’hostie.

[14] Prière que dit le prêtre en se lavant les doigts durant la messe. Par métonymie, linge avec lequel il s’essuie les doigts qu’il s’est lavés après l’offertoire.

[15] Petit cheval de selle ou de trait.

[16] Et peut-être en fil métal doré. Dans le doute, l’objet n’a pas été estimé.

[17] Dans les Ardennes, le mot s’écrivait boëtte et se prononçait \bwɛt\.

[18] Instrument à vent utilisé jusqu’au XIXe siècle dans la musique d’Eglise.

[19] Un antiphonaire (ou antiphonier) est un recueil où sont inscrits des antiennes et autres parties de l’office, avec leur notation en plain-chant.

[20] Le graduel est le livre de chant grégorien utilisé à la messe.

[21] Le processionnal est un recueil des prières chantées aux processions.

[22] Ouvrage en forme d’armoire fermant à clef, et où sont conservées les hosties consacrées.

[23] La forme académique est escabelle, siège bas, sans bras, avec ou sans dossier. Le mot a la même signification qu’escabeau. La variante scabelle, aujourd’hui disparue, est attestée à Reims en 1328.


Messidor, dixième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14035, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Messidor, dixième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14035, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Les terrains qui appartiennent à l’église de La Romagne (non à la cure ou à la fabrique sont également mis à l’encan. Les surfaces concernent :

  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Vertillon ;
  • cent douze verges et demie (terre + pré +  jardin) au lieu-dit la Pierre ;
  • cinquante verges au lieu-dit le Presbytère ;
  • soixante verges au lieu-dit le Jardin de Monsieur le Curé ;
  • soixante-quinze verges au lieu-dit les Rouages ;
  • dix-huit verges au lieu-dit le Pré Mortagne ;
  • dix-huit verges au lieu-dit la Hué ;
  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Pluteau ;
  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Pregnaux.

Prairial, neuvième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14034, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Prairial, neuvième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14034, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

D’autres surfaces dépendent de la cure de la Romagne et sont exploitées à ce titre directement par le curé [1]. Gérard Mallet, domestique habitant le village, reçoit pour la somme de 2225 livres l’adjudication définitive de cent douze verges de terre, cent dix verges de jardinet et cent trente-six verges de prés.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 274 n° 406, ventes du 25 juin 1791 au 18 prairial an III [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Frimaire, troisième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14028, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Frimaire, troisième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14028, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Parallèlement à la vente du patrimoine ecclésiastique se déroule celle des biens des émigrés, comme c’est le cas pour François Courtin, dont les terres se trouvent en divers lieux de La Romagne[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 278 n° 332 à 338, ventes du 29 fructidor an II au 18 nivôse an III [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, a signé le concordat de Bologne le 18 août 1516 à Rome. Galleria palatina (Florence, Italie), numéro d'inventaire 00287216, Raphaël, Portrait du pape Léon X ou Le Pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medicis et Luigi de Rossi, peinture à l'huile sur bois, 1518-1520.
Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, a signé le concordat de Bologne le 18 août 1516 à Rome. Galleria palatina (Florence, Italie), numéro d’inventaire 00287216, Raphaël, Portrait du pape Léon X ou Le Pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medicis et Luigi de Rossi, peinture à l’huile sur bois, 1518-1520.

Dès le 12 juillet 1790, le concordat de Bologne signé avec François Ier  est  dénoncé, ce qui permet la nationalisation des biens de l’Eglise. L’Assemblée constituante supprime les titres, offices, dignités, canonicats[1], prébendes[2].


[1] Bénéfices de chanoines dans une église, une cathédrale ou une collégiale.

[2] Revenus ecclésiastiques.


Le futur Louis XVI à quinze ans. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d'inventaire MV 3889, Van Loo, Louis-Michel , Louis-Auguste, duc de Berry (1754-1793), huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.
Le futur Louis XVI à quinze ans. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3889, Van Loo, Louis-Michel , Louis-Auguste, duc de Berry (1754-1793), huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.

La Constitution civile du clergé, sanctionnée[1] et promulguée par le roi Louis XVI le 24 août 1790, réorganise l’Eglise et la sécularise[2]. Le 27 novembre 1790, chaque prêtre doit jurer d’être fidèle à la Nation, à la loi, au roi et de maintenir de tout son pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale constituante et acceptée par le souverain.


[1] Adoptée.

[2] L’État considère qu’il lui revient de prendre en charge l’organisation de la religion. Ce qui ne saurait être confondu avec le principe de séparation des Eglises et de l’Etat, qui implique qu’il ne s’en occupe plus.


Par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791 et Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI s'oppose à la Constitution civile du clergé. Musei vaticani, numéro d'inventaire Inv. 40455, Pompeo Batoni, (Lucques 1708 - Rome 1787) et atelier, Portrait de Pie VI, huile sur toile, 1775, notice descriptive consultable en ligne.
Par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791 et Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI s’oppose à la Constitution civile du clergé. Musei vaticani, numéro d’inventaire Inv. 40455, Pompeo Batoni, (Lucques 1708 – Rome 1787) et atelier, Portrait de Pie VI, huile sur toile, 1775, notice descriptive consultable en ligne.

De la passation ou non de ce serment découlent les termes de prêtres assermentés[1] ou insermentés[2]. Le pape Pie VI condamne formellement ce texte le 10 mars 1791 et somme les prêtres qui ont prêté serment à la Constitution de se rétracter sous peine de suspense[3].

Ce qui occasionne cette année-là une scission entre l’Eglise et l’Etat, et une division à l’intérieur même du clergé : cela peut être constaté pour le diocèse de Reims[4].


[1] Constitutionnels ou jureurs.

[2] Réfractaires ou non-jureurs.

[3] En droit canonique, la suspense (substantif féminin) est une mesure par laquelle l’autorité ecclésiastique suspend un prêtre de ses fonctions ou le prive de l’usage de son bénéfice.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-3639, Jadart, Henri, « Etat du clergé du diocèse de Reims, insermenté ou assermenté en 1791, d’après les notes de l’abbé Baronnet, curé de Cernay-en-Dormois (à suivre) », in Revue d’Ardenne & d’Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique [publiée par la Société d’études ardennaises « La Bruyère » puis, à partir de mars/avril 1895 par la Société d’études ardennaises], 1re année, n° 1 (novembre/décembre 1893) -22e année, n° unique (1915/1923), Sedan : imprimerie Laroche, 1893-1923, 19e année, n° 2, janvier-février 1912, pages 33-40, vue 3/48, article consultable en ligne sur Gallica [Nota bene : la collectivité éditrice du périodique, née en 1888 et morte dans les années 20, ne saurait être confondue avec la Société d’études ardennaises fondée le 26 janvier 1955 et devenue la Société d’histoire des Ardennes le 2 mars 2013].


Pluviôse, cinquième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14030, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Pluviôse, cinquième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14030, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Pour ce qui est de La Romagne, il est de notoriété publique que le curé Bourdon a prêté le serment et qu’il l’a confirmé le 28 janvier 1791, « quoique cela ne figure sur aucun registre »[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 142 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Ventôse, sixième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14031, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Ventôse, sixième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14031, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La séparation des Eglises et de l’Etat est marquée par le décret du 3 ventôse an III[1], qui affirme que la République ne salarie aucun culte et ne fournit aucun local, ni pour son exercice, ni pour le logement des ministres.

« Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté ; aucune proclamation ni convocation publique ne peuvent être faites pour y inviter les citoyens. »

Article VII.

[1] Soit le 21 février 1795.


Germinal, septième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14032, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Germinal, septième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14032, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La loi du 22 germinal an IV[1] précise qu’à ce titre le son des cloches est puni d’un emprisonnement par voie de police correctionnelle. Les cloches des églises du canton sont en général acheminées à Metz, où leur métal est fondu pour produire des bouches à feu[2].


[1] Soit le 11 avril 1796.

[2] Pièces d’artillerie.


Fructidor, douzième et dernier mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14037, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Fructidor, douzième et dernier mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14037, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Les églises sont dépouillées de leur richesse mobilière. On s’abstient donc pendant de longues années d’effectuer des travaux de réparation et d’entretien. Les objets en métal précieux rejoignent la Monnaie.

Le 25 fructidor an IV[1],  Langlet (maire), Boudié et Letellier, les trois signataires du document, répondent à un questionnaire qui permet d’apprendre que :

  • l’inventaire de l’argenterie de l’église a été fait par le « citoyen Macquart » ;
  • celui-ci demeure à Saint-Jean-aux-Bois ;
  • ce dernier est nommé commissaire ;
  • les objets ont été conduits au commissaire des monnaies du district de Rethel ;
  • qu’ainsi il n’y a plus rien en argent dans l’église.

[1] Soit le 11 septembre 1796.


Brumaire, deuxième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14027, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Brumaire, deuxième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14027, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Durant toute cette période, des courriers confidentiels sont expédiés à l’administration centrale, de manière à rendre compte de l’état d’esprit de la population. Des idées radicales y sont exprimées par rapport aux nouvelles fêtes instaurées.

C’est ainsi que l’auteur d’une missive datée de l’an VII note que, selon ses observations, la religion catholique tient encore à La Romagne une place trop importante par rapport aux nouvelles fêtes. Il se fonde sur les points suivants :

  • les anciens jours de repos (en particulier les dimanches) sont plus respectés que les nouveaux ;
  • cela se manifeste par une population « vêtue de ses plus beaux atours » ;
  • la présence aux cérémonies du culte est manifeste ;
  • les habitants de La Romagne ne souhaitent pas garder les décades ;
  • les prêtres assermentés ne se montrent obéissants que de l’extérieur.

Floréal, huitième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14033, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Floréal, huitième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14033, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Pour contrer cela, il suggère de n’ouvrir les églises que les jours des décadis[1], afin que les cérémonies religieuses et décadaires se passent au même moment. Le but est de rendre le peuple docile, et les assemblées civiles plus brillantes.

Ces propos montrent bien que l’objectif des fêtes prévues par la Nation, qui est de rapprocher les êtres et de combattre l’intolérance, est loin d’être atteint[2].


[1] Le décadi est le dixième et dernier jour de la décade républicaine, chômé et correspondant en quelque sorte au dimanche.

[2] Archives départementales des Ardennes, L 1213 n° 493 [série L = administration et tribunaux de la période révolutionnaire (1790-1800), articles L 1168-1230 = affaires militaires, ponts et chaussées].


Nivôse, quatrième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14029, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Nivôse, quatrième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14029, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La période révolutionnaire marque une évolution des sociétés vers la laïcité, à travers la reconnaissance de la liberté de conscience[1], et la nationalisation des biens de l’Eglise. Bonaparte prépare un retour de la paix religieuse en accordant le 7 nivôse an VIII[2] la liberté de culte. Cette décision conforte la hiérarchie catholique dans son action de restauration de la foi.


[1] Reconnue dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

[2] Soit le 28 décembre 1799.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d'inventaire MV2573, Wicar Jean-Baptiste Joseph (1762-1834) (d'après), Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801, dessin à la pierre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 2573, Wicar Jean-Baptiste Joseph (1762-1834) (d’après), Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801, dessin à la pierre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Le Concordat signé le 15 juillet 1801 entre Bonaparte et le Pape Pie VII rétablit le culte et marque le retour du dimanche comme jour de repos légal.  Les églises peuvent être de nouveau ouvertes n’importe quel jour, et l’on revient au calendrier grégorien.

La religion catholique n’est plus religion d’Etat, mais celle de la majorité des Français. Les prêtres ont désormais pour fonction d’assurer la paix, la cohésion sociale, et le respect des lois. Ils sont rémunérés par l’Etat.


Archives nationales, document numérique, AE/II/1265, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l'Assemblée législative prescrivant aux directoires de départements de prononcer la déportation contre les ecclésiastiques insermentés, daté du 27 mai 1792 (an IV), texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, A//122 pièce 3.
Archives nationales, document numérique, AE/II/1265, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur ArchimDécret de l’Assemblée législative prescrivant aux directoires de départements de prononcer la déportation contre les ecclésiastiques insermentés, daté du 27 mai 1792 (an IV), texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de ParisA//122 pièce 3.

C’est aussi la fin de l’exil pour les prêtres réfractaires, émigrés ou réfugiés à l’étranger. Ils peuvent regagner leur pays, moyennant la signature des actes de soumission, et l’acceptation de la nouvelle organisation de l’Eglise.

Les nominations des curés des ans IX et X se font par entente entre le pouvoir civil et religieux. De plus, comme les ressources font défaut, on essaye de rapprocher le desservant de sa famille et de son pays natal[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 139 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Vendémiaire, premier mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14026, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Vendémiaire, premier mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14026, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Il faut une nouvelle fois se procurer à grands frais un mobilier nouveau, puisque l’ancien a disparu durant la Révolution. Il est d’autre part nécessaire de consolider et de conserver les bâtiments. Ce n’est que progressivement que les églises retrouvent la richesse artistique du passé.

Thermidor, onzième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14036, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Thermidor, onzième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14036, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Musée d'Orsay (Paris), numéro d'inventaire RF 469, Dagnan-Bouveret Pascal Adolphe Jean (1852-1929), Le Pain bénit, 1885, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).
Musée d’Orsay (Paris), numéro d’inventaire RF 469, Dagnan-Bouveret Pascal Adolphe Jean (1852-1929), Le Pain bénit, 1885, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

A La Romagne, la fabrique de l’église n’a que de très maigres revenus (issus des pains bénits et les quêtes). Les réparations du bâtiment sont donc difficilement envisageables. En 1803[1], l’église est encore dans un complet état de dénuement…


[1] Des visites canoniques enquêtent sur l’état des paroisses de 1803 à 1886 dans le diocèse de Metz, dont dépend à l’époque l’église de La Romagne.

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Les marguilliers et la fabrique de La Romagne avant la Révolution


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823889NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823889NUC2A.

Pour la vie paroissiale, le curé est en étroite relation avec le maire, les échevins, mais aussi avec la fabrique. Ce terme désigne à l’origine la construction d’une église. Le sens évolue vers le temporel d’une paroisse, c’est-à-dire ses biens et ses revenus, puis l’assemblée chargée de les gérer.

Cette dernière se compose de laïcs, appelés marguilliers ou fabriciens selon leur statut. Ils sont désignés ou élus pour un an par les paroissiens, au moment de Noël. Ils doivent normalement savoir lire et écrire. Ils sont souvent choisis parmi les laboureurs aisés.


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823883NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823883NUC2A.

A La Romagne, il peut y avoir deux marguilliers : le premier est en charge des affaires, tandis que le second (appelé marguillier des trépassés) s’initie aux affaires de la paroisse, avant de les gérer pleinement l’année suivante. Le choix d’un habitant pour remplir cette fonction est « une preuve que la personne est en estime de probité[1] ».

Les deux laïcs doivent assurer la responsabilité de la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à l’entretien, aux réparations de l’édifice et au mobilier de la paroisse : argenterie, luminaires, ornements.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9747647, page non paginée, vue 1/16, consultable en ligne sur Gallica, Lettres patentes pour contraindre les marguilliers et paroissiens de rendre conte des dons et revenus de leur église, par devant MM. les évesques, archidiacres et officiaux, ou leurs commis et vicaires. Avec l'extraict des registres du Grand Conseil du Roy, Paris : A. Estiene, 1620, in-8°, 14 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-46939 (10).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9747647, page non paginée, vue 1/16, consultable en ligne sur Gallica, Lettres patentes pour contraindre les marguilliers et paroissiens de rendre conte des dons et revenus de leur église, par devant MM. les évesques, archidiacres et officiaux, ou leurs commis et vicaires. Avec l’extraict des registres du Grand Conseil du Roy, Paris : A. Estiene, 1620, in-8°, 14 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-46939 (10).

Le tout premier marguillier dont on trouve la trace au début du XVIIe siècle est Jean Robin, qui est « constre», c’est-à-dire chargé de rendre les comptes. En 1699, Judin Rifflet exerce à son tour cette charge durant quelques mois[1].

En 1740, c’est Jean Courtois le marguillier de l’église, tandis que le syndic est Louis Lebrun[2] . Ce dernier office est le plus souvent commun à la commune et à l’Eglise, car les gestions civile et religieuse sont étroitement liées.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].

[2] Archives départementales des Ardennes, 7 J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 893.13.1, anonyme (école française de sculpture), Armes de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, calcaire polychrome et doré, XVIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. L'ecclésiastique a écrit des Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 893.13.1, anonyme (école française de sculpture), Armes de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, calcaire polychrome et doré, XVIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. L’ecclésiastique a écrit des Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.

En 1745, en dehors de celles du visiteur et du curé, on trouve parmi les signatures apposées lors de la visite de la paroisse les noms de P. Gagneux, Jean Canon, N. Rifflet, Jean Coutié et François Boudsocq. Puis, en 1783, dans les mêmes circonstances, celles de Pierre Richard Legros (ancien marguillier), François Boudsocq et Davaux. Ces noms sont certainement ceux des membres du bureau de la fabrique[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La location de terrains fournit d’autres recettes. Si le montant des baux n’est pas versé, la fabrique peut introduire un recours contre le mauvais payeur.

Un exemple en est fourni par Jean Hamelin, laboureur, condamné par une sentence du 1er août 1682, rendue en la cour sénéchalière de Reims, pour « n’avoir pas pu ou pas voulu payer 21 livres » représentant le montant de la location de prés à la fabrique de Montmeillant.


Les anciens bancs de l'église Saint-Jean ont été remplacés par des chaises, prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les anciens bancs de l’église Saint-Jean ont été remplacés par des chaises, prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La fabrique tire également des revenus occasionnels de la vente de pommes, mais de plus importants de la vente des bancs de chœur[1] : en 1721, le Prieur Carré et André Sacré, marguillier en service, procèdent à l’adjudication des bancs libres pour un coût variant de « 7 livres pour le premier banc de la droite ou de la gauche à 20 sols[2] la place pour les autres bancs ».

Cette différence de prix permet de mieux comprendre la hiérarchie économique du village, sachant que les places les plus près de l’autel sont les plus chères. D’autre part, il est à remarquer que, quelle que soit la place de la famille dans le village, il n’est à aucun moment question des femmes.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 2 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, 1713-1721, actes de baptême, mariage, sépulture], publication de la vente de bancs de chœur, vue 33/34, consultable en ligne.

[2] Soit une livre.


Double Louis d’or au bandeau, 1745, Bayonne (avers ou droit).

Les revenus de la fabrique sont administrés par le marguillier. Celui-ci se charge de la recette et détermine la dépense ordinaire, après avoir demandé le consentement du curé et des principaux habitants qui composent le bureau.  Il doit présenter chaque année les comptes, après avoir veillé à faire rentrer les diverses sommes d’argent.

Or, malgré les ordonnances royales qui stipulent qu’on enjoint aux marguilliers, fabriciens de présenter les comptes des revenus et de la dépense chaque année, ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, en 1745, lors de la visite du vicaire général Zénard Viegen, les comptes de 1743 sont censés être les derniers effectués.

Double Louis d’or au bandeau, 1745, Bayonne (revers).

De même, lors de la succession de Louis Letellier établie par maître Watelier (notaire à Wasigny)[1], ce dernier doit la somme de 28 livres 6 sols et 9 deniers au titre de 1758 (année durant laquelle il a été marguillier).

Cette somme est comptée comme dettes passives dans l’acte notarié qui est dressé après son décès. Dans ce rapport, il est question de « revenus en souffrance ». Quelque trente ans plus tard, le problème est le même : en 1774, 600 livres et quelques sols sont dus à la fabrique, alors que « le revenu annuel de celle-ci est d’environ 200 livres[2] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, 3E35 499 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E35/1-613 = archives notariales de Wasigny].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Double louis d'or au buste habillé, 1783, Bordeaux (avers ou droit).
Double louis d’or au buste habillé, 1783, Bordeaux (avers ou droit).

Le curé note que « l’on ne fait pas les diligences nécessaires pour faire payer les personnes qui sont redevables à la fabrique », que certaines dettes « remontent à plus de 10 ans », que « certains sont aujourd’hui insolvables » et que les marguilliers en charge « ne veulent pas agir ».

A la suite de ces remarques, le curé écrit en conséquent au procureur fiscal de La Romagne. L’intervention se révèle efficace car, en 1783, il n’est plus question de dettes à l’égard de la fabrique et « les comptes sont rendus exactement ».


Louis d'or aux palmes, 1774, Paris (avers ou droit), représentant le buste du roi Louis XVI à gauche, en habit de cour, avec un jabot de dentelle, les cheveux noués sur la nuque par un ruban, et décoré de l'Ordre du Saint-Esprit.
Louis d’or aux palmes, 1774, Paris (avers ou droit).

Avec son revenu, la fabrique peut payer en 1774 les trente-sept messes hautes avec vigiles, les messes basses, le pain, le vin, le luminaire, la blanchisseuse, l’entretien de la sacristie, du maître autel, et de « tout ce qui est nécessaire ».

Louis d'or aux palmes, 1774, Paris (revers), représentant un écu de France couronné, entouré de deux palmes, avec une main de justice et un sceptre en sautoir.
Louis d’or aux palmes, 1774, Paris (revers).

Double louis d'or au buste habillé, 1783, Bordeaux (revers).
Double louis d’or au buste habillé, 1783, Bordeaux (revers).

Il n’y a pas de date précise pour former un bureau. Il se réunit en fonction des besoins. Or, en 1783, il n’y en a toujours pas d’établi « dans les formes, point de registres ni de papiers titres » mais un « registre des adjudications et reconnaissance des places ».


Ce coffre de fabrique (dit des marguilliers) date du XVe siècle. Il se situe dans la sacristie de l’église paroissiale Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Sa notice descriptive PM41000467 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.
Ce coffre de fabrique (dit des marguilliers) date du XVe siècle. Il se situe dans la sacristie de l’église paroissiale Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Sa notice descriptive PM41000467 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.

Quelle que soit l’époque, la personne choisie a parfois du mal, pour diverses raisons, à gérer l’administration de la fabrique. Les quelques documents écrits sont enfermés dans un coffre à trois clés. Celles-ci sont attribuées au curé, au marguillier et au principal paroissien. La consultation des papiers paraît assez difficile dans ces conditions.


Cinquante verges de ce pré appartenant à la fabrique sont vendues sous la Révolution à un habitant de Hauteville (Ardennes). La Huée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cinquante verges de ce pré appartenant à la fabrique sont vendues sous la Révolution à un habitant de Hauteville (Ardennes). La Huée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A la fin du XVIIIe siècle, la fabrique semble enfin correctement administrée financièrement, d’autant que la location des terres aux principaux habitants du village (Jean-Baptiste Mauroy, Pierre Langlet, Jean Arbonville, Pierre Simon, Nicolas Cercelet, Jean Lépinois, Hubert Laroche, etc.) assure un revenu régulier.

Trois quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un habitant de Rethel (Ardennes). Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Trois quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un habitant de Rethel (Ardennes). Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Archives nationales, document numérique, AE/II/1140, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l'Assemblée nationale en date du 2 novembre 1789 mettant les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, C30/246/2.
Archives nationales, document numérique, AE/II/1140, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l’Assemblée nationale en date du 2 novembre 1789 mettant les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, C30/246/2.

Avec la Révolution, elle plonge dans la tourmente, comme toutes les fabriques des autres paroisses. Le décret du 2 novembre 1789 met à la disposition de la Nation les biens ecclésiastiques, mais indique ne pas toucher à ceux des fabriques. Le décret de brumaire an III déclare en revanche propriété nationale tout actif de ces dernières, même ce qui est affecté à l’acquit[1] des fondations.


[1] Action d’acquitter.


Lieu-dit et surfaceLoyerLocataireMise à prixVente réaliséeAcquéreur
Le Jardin, pièce de pré10 livres 15 solsJean Tripier, tisserand300 livres610 livresToussaint Lallement
Le Pont Camelot, cinquante verges de pré13 livresJ.-B. Mauroy500 livres765 livresJ.-B. Suan (La Neuville-lès-Wasigny)
Le Pré Terlot, cinquante verges10 livres 5 solsJ.-B. Lepinois400 livres445 livresJ.-P. Letellier (le citoyen Tellier)
La Favée, deux quartels de pré10 livresPierre Mauroy200 livres450 livresJacques Remacle, homme de loi (Rethel)
Chemistresse, un quartel de pré2 livres 19 solsPierre Legros (propriétaire de la Cour Avril)100 livres100 livresPierre Legros
Le Bois Librecy, trois quartels de pré9 livres 10 solsFrançois Hezette, manouvrier200 livres300 livresJ. Remacle (Rethel)
La Fontaine aux Grues, soixante-dix verges de pré14 livresFrançois Mauroy400 livres665 livresJacques Gaudelet (Rethel)
Les Gros Saules, cinquante verges de pré20 livresThomas Thomas, laboureur800 livres810 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Grand Sart, trois quartels de pré9 livresFrançois Harbonville, manouvrier200 livres500 livresJ. Gaudelet (Rethel)
La Marchotterie, un quartel de pré3 livresClaude Champion (Rocquigny)100 livres140 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Chêne, un quartel de pré4 livresPierre Langlet, laboureur150 livres200 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Pré Hagnon, deux quartels8 livresJ.-B. Millet, manouvrier205 livres380 livresJ. Remacle (Rethel)
Le Pré Robin, un arpent24 livresJean-Charles Boudier, laboureur900 livres1500 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Pré Haguenau, un quartel3 livres 16 solsPierre Langlet100 livres200 livresJ. Remacle (Rethel)
La Houette, trois quartels et un pugnet de pré12 livres 9 solsPierre Langlet300 livres800 livresJ.-B. Toupet (Montigny)
La Houette, trois pugnets de pré10 livresPierre Davaux200 livres600 livresJ.-B. Toupet (Montigny)
Le Rouage, un arpent de pré26 livres 15 solsThomas Devie1300 livres1800 livresJ. Remacle-Watelier (Rethel)
Le Marais, un quartel de pré7 livresPierre Hamel, manouvrier200 livres300 livresJ. Remacle-Watelier (Rethel)
Le Plutaux, neuf quartels de pré48 livresHubert LarocheNon préciséeNon préciséeNon précisé
Les Trois Terroirs, un quartel de pré1 livre 6 solsPierre Langlet40 livres135 livres J.-P. Letellier (le Mont de Vergogne)
La Huée, cinquante verges de pré18 livresMathieu Arbonville, cordonnier500 livres760 livresJean Le Roy (Hauteville)
Moranvaux, soixante-dix verges de pré10 livres 15 solsMathieu Arbonville300 livres550 livres J.-P. Letellier (le Mont de Vergogne)
Tébouzé, un quartel de pré5 livres 10 solsJean Lepinois, laboureur200 livresNon préciséeNon précisé
La Voilarme, un quartel de pré4 livresNicolas Cercelet100 livres145 livresHamel
La Voillarme, trois quartels de pré11 livresNicolas Cercelet400 livres600 livresJean Le Roy (Hauteville)
Le Pré Pigneau, cinquante verges9 livres 10 solsPierre Laroche400 livres510 livresFrançois Millet
Le Pré Pigneau, un quartel3 livres 5 solsJ.-B. Mauroy160 livres215 livresToussaint Lallement
La Rigolle, un quartel de pré7 livres 5 solsJ.-B. Millet200 livres330 livresHubert Laroche
La Favée, trois pugnets de pré7 livres 10 solsPierre Davaux200 livres300 livresJean Le Roy (Hauteville)
La vente des terres, prés et jardins des biens de la fabrique de La Romagne (Ardennes) trouve de nombreux acquéreurs à Rethel (Ardennes).

Le 17 fructidor an II, Montain Louis Macquart (juge de paix du canton de Rocquigny et commissaire nommé) inventorie les vêtements sacerdotaux et l’argenterie. L’inventaire estimatif des biens de la fabrique de La Romagne[1] ne concerne que les biens religieux, mais permet de mieux connaître la richesse de l’Eglise quant à la célébration du culte.

Il suit de quelques mois l’inventaire, puis la vente des terres, prés et jardins appartenant à la ci-devant fabrique[2] (19 avril 1793 et 15 août de la même année), dont les principaux acquéreurs ne sont pas les habitants du village ou des environs, mais de riches bourgeois de Rethel.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 503 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 483-511 = dossiers des fabriques (par ordre alphabétique des communes), 1790-1808].

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 276 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV]. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, Q 145 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].


Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le dernier inventaire est dressé le 23 germinal an II[1] par Montain Louis Macquart, Hugues Crépeaux et Pierre Perrin (menuisier), le premier demeurant à Saint-Jean-aux-Bois et le second à Montmeillant. Une fois l’acte rédigé et la déclaration des présidents et officiers municipaux jurant qu’il ne reste plus aucun bien immeuble appartenant à la fabrique, il apparaît que la valeur totale de l’estimation des biens de l’église s’élève à 1760 livres 15 sols.

C’est à cette occasion que la distinction est faite concernant la propriété du bâtiment puisqu’il est affirmé que les habitants considèrent leur église comme appartenant à leur commune et non comme bien de fabrique[2].


[1] Soit le 12 avril 1794.

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 278 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823892NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823892NUC2A.

Comme la vente ne peut se faire immédiatement, les meubles et effets sont laissés dans l’église et sacristie sous la surveillance de ladite municipalité. L’acte porte la signature des responsables de celle-ci, tels Langlet (président), Boudié (officier municipal), Pierre Douce, J. Pausé et Macquart. La vente mobilière des biens de la fabrique[1] a lieu le 24 vendémiaire an III[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 503 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 483-511 = dossiers des fabriques (par ordre alphabétique des communes), 1790-1808].

[2] Le 15 octobre 1794.


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, ciboire, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823885NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, ciboire, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823885NUC2A.

Elle est menée par Montain Louis Macquart. Jean-Baptiste Deligny (notaire demeurant à Rocquigny) est aussi nommé audit effet pour la délibération susdite. Elle se fait en présence de Langlois[1] (maire), Boudier et Le Thellier[2] (officiers municipaux), après avoir été annoncée par affiches et par le son de la caisse (ou tambour).

Ces derniers procèdent à la dispersion des « boisseries, bancs, buffets et autres ustenciles restant du mobillier de la ci-devant fabrique du dit lieu de La Romagne ». Les biens sont répartis parmi les habitants de la paroisse ou des villages voisins.

Tout est acquis au comptant, ce qui est assez curieux : la loi n’exigeait qu’un premier paiement de 12%, et permettait de se libérer du reste en douze annuités.


[1] Langlet.

[2] Letellier (variante orthographique).


Ce banc des marguilliers date de 1755. Il se trouve dans l’église Saint-Ayoul à Provins (Seine-et-Marne). Sa notice descriptive PM77001403 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.
Ce banc des marguilliers date de 1755. Il se trouve dans l’église Saint-Ayoul à Provins (Seine-et-Marne). Sa notice descriptive PM77001403 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.

L’église est totalement vidée de son mobilier. Quelque vingt-huit bancs, dont certains ont un dossier, quand ce n’est pas le « banc du marguillier », trouvent très vite preneurs. Parmi les acquéreurs, on peut citer : Louis Noël, Pierre Mauroy, Toussaint Lallemand, Hubert Laroche, François Millet, François Arbonville, Jean Baptiste Miclet, François Hezette, Nicolas Cercelet, Pierre Lépinois, etc.


Confessionnal en bois peint du XIXe siècle de l'église Saint-Jean, prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Confessionnal en bois peint du XIXe siècle de l’église Saint-Jean, prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce sont ensuite l’aigle et son pied (sur lequel on reposaient les évangiles pour la lecture durant la messe) qui sont adjugés à François Devie, ou le confessionnal qui devient la propriété de la veuve de Pierre Lallemand.

Les murs recouverts de lambris ou de boiseries sont mis à nu pour  leur vente. Les gradins et le maître-autel sont aussi dispersés parmi des acquéreurs, qui sont quasiment les mêmes.

Les armoires ou les coffres subissent le même sort, pour devenir la propriété de Jean-Baptiste Devaux, Gérard Miclet, François Mauroy.

Musée national du Moyen âge - Thermes et Hôtel de Cluny (Paris), numéro d’inventaire Cl. 19255, anonyme, Saint Jean l'Évangéliste, sculpture, 3e quart du 14e siècle, notice consultable en ligne.
Musée national du Moyen âge – Thermes et Hôtel de Cluny (Paris), numéro d’inventaire Cl. 19255, anonyme, Saint Jean l’Évangéliste, sculpture, 3e quart du 14e siècle, notice descriptive consultable en ligne.

Musée national de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, Yvelines), numéro d’inventaire PRP 004, Champaigne, Philippe de (1602-1674), Le Christ aux outrages, peinture à l’huile sur toile, vers 1655, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, Yvelines), numéro d’inventaire PRP 004, Champaigne, Philippe de (1602-1674), Le Christ aux outrages, peinture à l’huile sur toile, vers 1655, notice descriptive consultable en ligne.

Il ne reste rien des objets du culte. Même la pierre d’autel, placée au centre de celui-ci, et symbolisant le Christ (elle était gravée d’une croix), est vendue lors de la dispersion des biens. Elle est acquise par Pierre-Simon Legros. A la suite de ces événements, l’église est abandonnée et la fabrique disparaît[1].

Cette frénésie d’achats peut interroger. S’agit-il de mettre à l’abri de la convoitise ces biens, en ces temps troublés ? Ou souhaite-t-on prouver son attachement au nouveau régime, en démantelant ce qui a été, pendant des siècles, le cœur de la paroisse ?


[1] Cette institution est rétablie après la Révolution par l’article LXXVI du Concordat.

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Cours d’eau et cultures humides à La Romagne


Ruisseau du Moulin Garot (vue générale), repérage des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Moulin Garot (vue générale), repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La Romagne a un réseau hydraulique constitué de nombreuses sources et de plusieurs cours d’eau, dont on peut citer quelques exemples :

  • Le ruisseau du Moulin Garot tire son nom du lieu-dit. Il est parfois dénommé ruisseau de Givron ;
  • Le Long Ruisseau ou ruisseau de Mainby prend sa source à la Fontaine aux Pous et se jette dans le ruisseau des Woicheux.
  • Ce dernier jaillit au Bois Diot et se déverse dans la Draize, qui naît près de la Cour Avril et passe à proximité du village.
Ruisseau du Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Source Ravignon, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Source Ravignon, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Quoique le terroir soit largement irrigué, chacun veille à ce que l’eau ne soit pas détournée, sans quoi le contrevenant s’expose à quelques ennuis. C’est le cas pour Jean Baptiste Bienfait : ce dernier a capté, au détriment des religieux de la Piscine, le ruisseau qui coule sur leur terre, afin de le faire passer sur les siennes et assurer ainsi une bonne alimentation de ses terres empouillées[1]. La réaction est rapide, d’autant que cette dérivation modifie l’écoulement des eaux, provoquant temporairement l’inondation du chemin bordant ces pièces. L’homme est sommé de « remettre les choses en l’état » et, pour échapper à un procès, il accepte en plus « d’entretenir ledit chemin pratiquable[2] dans la nature de chemin et de garantir ledit pré de messieurs les religieux des dommages qui pourraient y survenir[3] ».


[1] Empouiller : ensemencer ou garnir une terre.

[2] Sic, c’est-à-dire praticable.

[3] Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes), acte passé le 26 mai 1774 par devant maître Fréal, notaire royal en Vitry et Vermandois, résidant et demeurant en Chaumont-en-Porcien, folio 673, vue 361/521 [Nota bene : bien que le codex soit censé s’interrompre selon son incipit en 1771, des mentions ont été portées postérieurement à cette date].


Panier traditionnel en osier brut.
Panier traditionnel en osier brut.

L’abondance de l’eau est fort utile, tant pour les hourliers (ou oseraies) que pour la culture du chanvre, dont l’apogée se situe à la fin du XVIIIe siècle. La plupart des ménages habitant le village possèdent une chènevière (ou chanvrière), tout comme le curé de La Romagne qui a, outre une somme fixe sur son église, deux arpents de prés et deux chènevières louées dont il tire un revenu de 60 livres[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 267/1 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)], Supplément à ce qui manque aux éclaircissements donnés sur les cures du doyenné de Rethel.


Cordage en chanvre.
Cordage en chanvre.

Ce sont, le plus souvent, de petites pièces de dix à douze verges, ce qui montre le morcellement des terres. Cette culture demande des soins particuliers. La plante se sème au mois de mai, et se récolte en août pour le chanvre mâle. Ce dernier, dépourvu de graines, fournit une filasse de qualité supérieure destinée à la confection de chemises. Le chanvre femelle en donne une de qualité inférieure, que l’on utilise pour les cordages ou les couches des nourrissons.  C’est après la récolte que la présence d’eau est indispensable, afin de faire tremper les tiges pour pouvoir séparer la fibre de la paille.


Ruisseau du Rouage, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Rouage, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Au début du XVIIe siècle, les paysans sont soumis à un règlement de police rappelé en 1663[1], qui stipule que « les chanvres ne doivent point être mis rouis dans la rivière parce que la pêche en est ruinée et la boisson malsaine, mais dans un fossé ou marais du lieu » et qu’il faut veiller à « ne les seicher[2] jamais au four et cheminée, crainte d’accident de feu, mais dans les rues au soleil et au vent » (article XXXII). Ils creusent donc des fosses à proximité des cours d’eau. Ces endroits dans lesquels le chanvre trempe prennent le nom de roises[3]. La toponymie des villages environnants l’atteste puisque l’on trouve :

  • à La Romagne, la Côte des Roises ou le Pré des Roises ;
  • à Montmeillant, le Fossé Rouge ;
  • à Rocquigny, les prés de la Chènevière[4].

[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.

[2] Sic, c’est-à-dire sécher.

[3] Sorte de trou rempli d’eau servant pour le rouissage du chanvre.

[4] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-LC20-173, Taine, Michel, « Balade cadastrale :  la culture du chanvre » in Terres Ardennaises : revue d’histoire et de géographie locales, Charleville-Mézières : Fédération des œuvres laïques, 1982-, n° 78, mars 2002, p. 25-35.


Après le rouissage[1], de nombreuses opérations sont nécessaires : séchage, broyage, teillage[2], peignage. Le filage, occupation des femmes durant l’hiver, est confirmé par la présence d’un ou plusieurs rouets dans chaque maison, selon les inventaires après décès. Le tissage est l’œuvre de tisserands. On en dénombre quelques-uns au cours du XVIIIe siècle grâce aux impositions. La toile produite, robuste et rêche, constitue la base du linge de maison ou de corps.

AnnéesTisserands
1712Jean Gorget l’aîné
1714Jean Georget l’aîné et Jacques Boudesocq
1721Jacques Boudesocq
1737/1742Jacques Boudesocq et Jean Lahay
1770/1774Jean Trippier et Jean Baptiste Deligny
Quelques tisserands de La Romagne au XVIIIe siècle.

[1] Immersion totale des tiges de chanvre dans l’eau.

[2] Opération qui consiste à enlever la partie ligneuse du chanvre.


Valise en osier typique des années 1920 utilisée pour les voyages.
Valise en osier typique des années 1920 utilisée pour les voyages.

La présence de nombreux rus a aussi pour conséquence que les terroirs romanais et de Rocquigny sont couverts d’osiers et permettent la fabrication de paniers. Une oseraie bien entretenue peut durer de cinquante à quatre-vingts ans, en fonction des soins du terreautage[1].  Un mandelier[2] présent dans un registre des tailles du village en 1702 atteste la pratique de ce métier. Cette culture perdure jusqu’au XXe siècle, tant que les maisons de champagne, principal débouché pour cette culture, utilisent cette matière pour leurs emballages.


[1] Rechargement en terre du pied d’osier.

[2] Vannier.


Creusement de puits à La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).
Creusement de puits à La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).

Outre ces nombreux petits ruisseaux, de multiples sources sont disséminées sur tout le terroir. Avant l’arrivée de l’eau courante, chacun se la procure grâce à un puits pour alimenter son foyer, si bien qu’au XIXe siècle, on en compte dans chaque hameau, et une cinquantaine dans le village. L’un des derniers creusés est celui du presbytère. A défaut de soleil, La Romagne a eu l’ingéniosité de transformer son climat humide en une richesse locale.

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Les principales fermes de La Romagne jusqu’à la Révolution


Panorama actuel depuis le mont Saint-Berthaud (Chaumont-Porcien).
Panorama actuel depuis le mont Saint-Berthaud (Chaumont-Porcien).

En dehors des religieux, le grand propriétaire de terres de la Romagne est le Seigneur de Chaumont, qui possède en particulier la ferme de la Binotterie, mais aussi d’autres biens moins importants en superficie : les baux signés en 1668 avec Jadin Rifflé, laboureur qui demeure à La Romagne, portent sur un jardin et une masure[1] situés sur le terroir.


[1] En latin tardif du VIIIe siècle, le terme mansura désigne une tenure domaniale, une manse. A partir de 950, il peut signifier une demeure, une maison.


Archives départementales des Ardennes, La Romagne D2 1835, la Cour Avril et le Bois Diot, cadastre ancien, plan parcellaire, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne D2 1835, la Cour Avril et le Bois Diot, cadastre ancien, plan parcellaire, consultable en ligne.

Le bail consenti le 15 décembre 1718 par Lassire, procureur fiscal de la baronnie de Chaumont[1], loue à Pierre Lepinois un jardin situé à La Romagne, sans oublier le bail à terrage fait au profit de Pierre Goulard demeurant au Petit Bois Dyot de deux pièces de terre sises au terroir du village. Dans ces exemples, le propriétaire est François d’Ambly, baron de Chaumont. Terwel[2] avance en 1657 que, sur les quatre cent quatre-vingts arpents de forêt qui couvrent le terroir, cent soixante-quatre appartiennent au seigneur (soit 34%).


[1] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 9, pièce n° 4 [série T = papiers privés dans le domaine public, cotes T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés, cote T 471 = documents de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse].

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfiche, MFICHE 8-LC20-57, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 », in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième, mai-août 1902, p. 97-256. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Avers (ou droit) d'un écu en argent de six livres françaises datant de 1793.
Avers (ou droit) d’un écu en argent de six livres françaises datant de 1793.

On peut se faire une idée de la taille de la ferme de la Binotterie à travers sa vente en 1793, puisqu’elle est décrite comme comprenant quelque cent seize arpents de terre et huit de prés. Elle est réunie à celle de Place Aly (Alit) de Givron, qui inclut une maison, un bâtiment des fermiers, deux cent six arpents de terre, onze arpents de prés et pâture, le tout d’un seul morceau. Dans la cour de la ferme jaillit une belle source d’eau vive[1]. Le tout forme un ensemble dont le loyer annuel est de 1 500 livres, sans parler de sa valeur qui est de 30 000 livres[2].


[1] Bibliothèque Carnegie, CRV1189M Rés, vue 3/4, « A vendre », in Havé, Adrien (directeur de publication), Journal de Champagne, n° 1 du 1er janvier 1781-n° 34 du 20 août 1792. Reims : Imprimerie Pierard, 1781-1792, n° 23, lundi 8 mars 1790, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 136 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].


La ferme de la Binotterie a connu plusieurs bailleurs ou locataires, dont on peut citer les principaux :

AnnéeDurée du bailBailleurs ou locataires
22 janvier 1618Neuf ansJean Doule (Douce le jeune)
21 décembre 1630Prolongement du bailJean Doule (Douce le jeune)
1634Six ansPhilippe Boudeau
1642-1649Sept ans Prolongement du bail en 1649 pour sept ansJean et Hubert Lépinois. Seul ce dernier réside à la Romagne. Jean, lui, demeure à Fespin.
1701Trois ansJean Lebrun (demeurant à Doumely) et Marie Chulme (sa femme)
12 mai 1714Un anBail de terre en versaines (jachères) et prés (dépendant de la ferme de la Binotterie) à Jean Mouchet demeurant à Mauroy paroisse de Chaumont.
23 mai 1715Un anLocation de terres en versaines dépendant de la ferme de la Binotterie à Claude Canard, laboureur demeurant à la place Alit (= Aly).
1723Six ou neuf ansBerthauld Pasgnière et Barbe Georget (sa femme)
1741Trois, six, neuf ansBesnoit Pasgnière
1755Neuf ans (le bail sera renouvelé puis résilié en 1782).Berthauld Bolle et Alexisse Cousin (sa femme)
1783Conclusion du contrat non déterminéePromesse et soumission de « passer bail » signé au début des versaines 1783 entre maître Vittot (avocat en Parlement, fondé de procuration de madame la vicomtesse de Boisgelin, baronne de Chaumont) et Jean Chéry, laboureur demeurant à la place Aly, paroisse de Givron.
1787Estimation en vue d’une vente ou d’un partage des terres ?Arpentage, mesurage et levée d’un plan topographique des terres, jardin, chènevières, bois, broussailles composant la Binotterie et appartenant à monsieur le vicomte de Boisgelin, baron de Chaumont [1].

[1] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 12 [série T = papiers privés dans le domaine public, cotes T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés, cote T 471 = documents de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse].
Souvent, les seigneurs ne percevaient pas directement le montant des baux mais les affermaient.

Des deux châteaux édifiés à Séry (Ardennes) avant la Révolution, seul subsiste celui « du haut », situé près de l'église. Il a appartenu à différentes familles (dont les Danois).
Des deux châteaux édifiés à Séry (Ardennes) avant la Révolution, seul subsiste celui « du haut », situé près de l’église. Il a appartenu à différentes familles (dont les Danois).

La ferme de la Cour Avril, à la différence de celle de la Binotterie, est tout d’abord la possession du sieur de Bouzonville. Cela est attesté dans l’acte de mariage de 1624 entre Christophe de Bouzonville, fils d’Adrien de Bouzonville, sieur de Sery, capitaine de cent hommes à pied, et sa femme Françoise Danois.

Ensuite, ce sont ses enfants Hugues (qui avait un arrière-fief[1] à la Romagne) et sa femme Marie de Mailly[2], ainsi que Renée et son mari, messire Gilles Duguet[3], qui y résident.


[1] Fief relevant au second degré d’un autre fief, dans la dépendance duquel se trouve celui dont il relève directement.

[2] Archives départementales des Ardennes, E 825 [série E = seigneuries, familles, état civil, notaires, cotes E 801-1745 = minutes notariales, cotes E 825-826 = étude Natalis Baillaux à Boulzicourt, 1741-1780].

[3] Archives départementales des Ardennes, E 1445 [série E = seigneuries, familles, état civil, notaires, cotes E 801-1745 = minutes notariales, cotes E 1422-1453 = étude Hachette à Novion-Porcien, 1661-1691].


Selon l'hagiographie, saint Berthauld aurait vécu dans un ermitage limitrophe de Chaumont-Porcien.
Selon l’hagiographie, saint Berthauld aurait vécu dans un ermitage limitrophe de Chaumont-Porcien.

Des différends éclatent régulièrement entre le sieur de Bouzonville et les religieux de l’abbaye de Chaumont. En 1630, selon le mémoire de cette abbaye[1], ces derniers l’accusent d’empiéter sur leurs terres en récupérant des terres provenant de leurs biens qui jouxtent ceux de la Cour Avril. Ils ont de telles difficultés pour faire valoir leur droit qu’ils ne peuvent espérer que la « mort de cet homme », ce qui finit naturellement par se produire. De plus, ils l’accusent de « ne rien respecter et de couper des arbres pour alimenter son four à briques qu’il emploie pour ses bâtiments ». On peut ainsi dater approximativement la construction du pavillon en brique et ardoise. Terwel ajoute dans son mémoire qu’en 1657, les bois de la Cour Avril sont de quinze arpents.


[1] Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).


Plaque de cheminée en fonte de la maison carrée de la Cour Avril (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Jean et madame Marie-Paule Vergneaux).
Plaque de cheminée en fonte de la maison carrée de la Cour Avril (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Jean et madame Marie-Paule Vergneaux).

La propriété passe ensuite à la fille des propriétaires, Louise, qui épouse en 1687 Firmin Canelle[1], écuyer et seigneur de Gand. Est-ce à la suite de sa tentative avortée de s’impliquer dans l’industrie du fer qu’il la vend et qu’elle devient alors la propriété de Jean Baptiste Devie, sieur de la Horgne ? Celui-ci-ci la cède à son tour pour la somme de 2000 livres[2] à messire Paul Boucher (seigneur d’Avançon) et à son épouse. Cette dernière n’est autre que Marie-Thérèse Devie de La Horgne, fille dudit Jean Baptiste.

Quelques enfants de ce couple y naissent, dont Nicolas Paul Marie, qui sera seigneur de cette Cour Avril. A partir de 1756, on sait, sans en connaître de façon certaine le propriétaire, que les fermiers en sont François Leclerc et sa femme Marie-Jeanne Fréal. En 1766, y résident François-Auguste Baudrillart et sa femme[3].


[1] Parfois orthographié Canel.

[2]Archives départementales des Ardennes, inventaires sommaires, page 101 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].

[3] Archives départementales des Ardennes, C 985 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].


Maison carrée de la Cour Avril aujourd'hui disparue, photographie ancienne (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Jean et madame Marie-Paule Vergneaux.
Maison carrée de la Cour Avril aujourd’hui disparue, photographie ancienne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Jean Vergneaux et de madame Marie-Paule Vergneaux).

Elle passe ensuite, lors d’une vente[1] le 26 novembre 1767, des mains de messire Pierre-Antoine Thomas d’Avançon et consorts à celles du sieur Paul Legros, marchand à Wasigny. Cette transaction s’effectue contre 7150 livres et 5 livres de rente au profit de la fabrique de La Romagne.

Ce dernier cherche à la vendre dès juin 1782, sans que l’on sache si cette vente se fera finalement. Cette propriété est décrite de la manière suivante : « Ferme qui peut produire 8 à 900 livres de revenu et qui consiste en une maison bâtie en brique et pavillon couvert en ardoise, grange, écurie, remise, colombier, puits, belle cour et jardin potager entouré de beaux fossés[2] propres à mettre du poisson, cent vingt arpents de terre, trente arpents de bois garnis de futaies, quinze arpents de prés[3]. »


[1] Archives départementales des Ardennes, C 987 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].

[2] Ces fossés apparaissent encore très nettement sur le cadastre de 1936.

[3] Bibliothèque Carnegie, CRV1189M Rés, « A vendre », in Havé, Adrien (directeur de publication), Journal de Champagne, n° 1 du 1er janvier 1781-n° 34 du 20 août 1792. Reims : Imprimerie Pierard, 1781-1792, n° 23, lundi 10 juin 1782, p. 1 [presse locale ancienne, vue 1/4, consultable en ligne].


Du chanvre, on tire la filasse qui sert à fabriquer du tissu.
Les paysans tirent du chanvre la filasse qui sert à fabriquer du tissu.

La ferme de la Prieuré se situait près du moulin Garot et, jusqu’en 1720, on est certain qu’elle appartenait à la famille Bechet, dans la mesure où elle faisait partie du partage des biens de la succession de Charles Bechet et de sa femme Marie Foulon. Elle tombe dans le lot de leur fille Prudence, sœur de Robert Bechet d’Arzilly et de Nicolas Bechet de Longueval.

Elle se compose d’un corps de logis, de bâtiments de grange et écurie, d’un jardin, de terres, prés et plants d’arbres ainsi que d’une chènevière[1]. Elle est, dans le dernier quart du XVIIIe siècle, la propriété de Marie Peltier (veuve de Pierre Jadart du Merbion) qui la loue à Jean Lépinois et à sa femme Nicole Cousin[2].


[1] Champ sur lequel on cultive le chanvre.

[2] Acte du 30 septembre 1771 maître Watelier notaire à Wasigny [Archives départementales des Ardennes, série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, cotes 3E 35/1-613 = archives notariales de Wasigny].


La ferme Merlin se trouve à l'angle de la rue Haute et de la grand-rue, carte postale ancienne de La Romagne.
La ferme Merlin se trouve à l’angle de la rue Haute et de la grand-rue, carte postale ancienne de La Romagne.

Nicolas Bechet, dit Bechet de Longueval, tire son nom de la cense de Longueval. Durant de longues années, on ne sait rien de cette propriété, jusqu’à ce qu’elle soit mentionnée comme faisant partie des biens de la famille Merlin au XIXe siècle.

Les deux dernières censes dont on trouve trace sont celles du Pont Canelle et de Blanchebarbe : on connaît l’existence de la première par un échange de terres qui se fait entre Gérard Merlin, sa femme Jeanne Leblanc, et Jean Posé manouvrier de Saint-Jean-aux-Bois[1]. La seconde porte sur celle de Blanchebarbe qui, elle aussi, est évoquée dans un acte notarié entre Nicolas Langlet et Gérard Merlin. Les censes disparaissent avec la Révolution, qui modifie en conséquence la répartition des biens du village.


[1] Archives privées et personnelles [source non communicable en raison d’un accord de confidentialité].

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La Romagne, du Néolithique à la fondation de la paroisse


Musée de l'Ardenne (Charleville-Mézières), hache polie néolithique provenant du site de Mairy  (ancienne commune des Ardennes intégrée à Douzy).
Musée de l’Ardenne (Charleville-Mézières), hache polie néolithique provenant du site de Mairy (ancienne commune des Ardennes intégrée à Douzy).

Dès le Néolithique[1], les secteurs de Château-Porcien, Marlemont et La Romagne sont occupés, sans que l’on puisse préciser si ces lieux sont des demeures permanentes ou des lieux de fabrication d’objets en pierre taillée. La découverte de monsieur Alfred Merlin de trois haches polies et de vertillons ou pesons de fuseaux au lieu-dit le Vertillon[2] viennent renforcer cette hypothèse.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-5757, Dupuis, J., « Inventaire des trouvailles archéologiques faites dans les Ardennes », in Bulletin de la Société archéologique champenoise, [1re année,] n° 1 (1907) – [8e année,] n° 2 (1914) ; 9e/15e année, n° 1 (décembre 1921) -33e année (mars/juin 1939). Reims : Impr. L. de Bary, 1907-1939, 27e année, n° 3-4, juillet-décembre 1933, p. 4-5, texte numérisé d’après un document original de la Société archéologique champenoise, consultable en ligne sur Gallica. Voir aussi Dupuis, J., « Inventaire des trouvailles archéologiques faites dans les Ardennes (suite) », in Bulletin de la Société archéologique champenoise, [1re année,] n° 1 (1907) – [8e année,] n° 2 (1914) ; 9e/15e année, n° 1 (décembre 1921)-33e année (mars/juin 1939). Reims : Impr. L. de Bary, 1907-1939, 30e année, n° 1-4, janvier-décembre 1936, p. 59-68, texte numérisé d’après un document original de la Société archéologique champenoise, consultable en ligne sur Gallica.

[2] Voir Guelliot, docteur O., « Le préhistorique dans les Ardennes (âge de la pierre) avec une carte et trois planches », in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième, 1902, p. 261-299, cité [sans pagination en note de bas de page n° 1] par Coyon, Ch., « Notes sur le filage et le tissage dans l’Antiquité d’après les découvertes faites à Reims et dans les environs », in Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, cent-treizième volume, année 1902-1903, tome Ier, 1903, p. 188, Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, texte numérisé d’après le document original de l’Académie nationale de Reims, consultable en ligne sur Gallica. [Nota bene : la Revue historique ardennaise éditée entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Le blason communal de Château-Porcien est de sinople au manteau ducal de gueules, doublé d'hermine et lié d'or, chargé d'un écusson d'azur surchargé d'une hache d'armes ou consulaire d'argent, entourée de houssines d'or liées d'argent, et d'une divise de gueules chargée de trois étoiles d'or brochant sur le tout de l'écusson, lui-même timbré d'une couronne ducale d'or; le tout, soutenu en pointe d'un porc de sable passant.
Le blason communal de Château-Porcien est de sinople au manteau ducal de gueules, doublé d’hermine et lié d’or, chargé d’un écusson d’azur surchargé d’une hache d’armes ou consulaire d’argent, entourée de houssines d’or liées d’argent, et d’une divise de gueules chargée de trois étoiles d’or brochant sur le tout de l’écusson, lui-même timbré d’une couronne ducale d’or ; le tout, soutenu en pointe d’un porc de sable passant.

D’autres lieux sont marqués par la présence romaine, ne serait-ce que la voie plus communément appelée « le chemin des Romains » qui passe de Saint-Loup-en-Champagne vers Château-Porcien avant de suivre le trajet Bagnogne, Hannogne, le Point-du-Jour, la Guinguette (commune de Rocquigny) pour atteindre La Romagne au-dessus du Bois Diot et des Houis avant de se diriger vers Mézières.

On peut donc penser qu’après la construction des routes, des chemins et des camps[1], certains Romains, probablement d’anciens soldats, se sont fixés dans les environs et ont construit des habitations. La Romagne en tirerait son nom.


[1] Dont un assez important se trouvait dans le  secteur de Chaumont-Porcien.


Prémontré, détail d'une gravure de Wenceslas Hollar (1607-1677).
Prémontré, détail d’une gravure de Wenceslas Hollar (1607-1677).

Les dénominations du village, dont la typographie a varié au cours des siècles, sont successivement Rommagnia, Rommaingna, Rommaigne (graphie attestée en 1248). Vers 1300, c’est la Roumaigne avec Gérard de La Roumaigne (moine de l’abbaye de Chaumont) qui exerce les fonctions de plaidator[1], mais aussi celle de prévôt de la ville de Chaumont-en-Porcien. Un document garde d’autre part la trace d’un certain Warin de la Roumaigne[2].


[1] Avoué.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfilm 35 mm, MFILM 4-K-311 (10,1), Lacaille, Henri ; Saige, Gustave, Trésor des chartes du comté de Rethel, Monaco : imprimerie de Monaco, 1902-1916, 5 vol. in-4°, Tome I. 1081-1328, p. 130 [collection de documents historiques publiés par ordre d’Albert Ier, prince souverain de Monaco].


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53179483, Delisle, Guillaume (cartographe), Carte de la Champagne et des pays voisins ou l'on voit la généralité de Châlons partie de celle de Soissons, Paris : l'Auteur, 1713, échelle au 1:352 500 environ, image numérisée d’après une carte imprimée, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53179483, Delisle, Guillaume (cartographe), Carte de la Champagne et des pays voisins ou l’on voit la généralité de Châlons partie de celle de Soissons, Paris : l’Auteur, 1713, échelle au 1:352 500 environ, image numérisée d’après une carte imprimée, consultable en ligne sur Gallica.

Au XVIIe siècle, ainsi que l’atteste la carte du diocèse[1], c’est la graphie La Romaigne qui prévaut. On peut remarquer que les curés de la paroisse adoptent différentes orthographes, et ce n’est qu’en 1713 que le toponyme actuel apparaît sur une carte de la Champagne[2].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 8J 111 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 8J = fonds du chanoine Thibault, de Reims, 1612-1955].

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53179483, Delisle, Guillaume (cartographe), Carte de la Champagne et des pays voisins ou l’on voit la généralité de Châlons partie de celle de Soissons, Paris : l’Auteur, 1713, échelle au 1:352 500 environ, image numérisée d’après une carte imprimée, consultable en ligne sur Gallica.


Palais du Tau, (Reims), salle du trésor, reliquaire dit de Samson (archevêque de Reims de 1140 à 1161), cuivre émaillé et doré, argent doré sur une âme de bois, vers 1200.
Palais du Tau, (Reims), salle du trésor, reliquaire dit de Samson (archevêque de Reims de 1140 à 1161), cuivre émaillé et doré, argent doré sur une âme de bois, vers 1200.

Jusqu’au milieu du XIIe siècle, on ne trouve aucun renseignement sur La Romagne. En 1147, Samson, archevêque de Reims, confirme aux religieux de Chaumont leurs possessions, parmi lesquelles figure le village.


Le blason de la maison de Dreux est échiqueté d'azur et d'or à la bordure de gueules. Henri (1193-1240) a été archevêque de Reims de 1227 à 1240.
Le blason de la maison de Dreux est échiqueté d’azur et d’or à la bordure de gueules. Henri (1193-1240) a été archevêque de Reims de 1227 à 1240.

En 1227, La Romagne dépend du village de Rocquigny. A cette date, Henri de Dreux, archevêque de Reims, permet aux habitants de bâtir une église et de prévoir un cimetière dans le village, compte-tenu de la distance assez importante avec Rocquigny.

Bibliothèque Carnegie, ms. 2451, Histoire de l'abbaye de Chaumont en Portien, ordre de Prémontré et diocèse de Reims, 653-XXI p., folio 60, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).
Bibliothèque Carnegie, ms. 2451, Histoire de l’abbaye de Chaumont en Portien, ordre de Prémontré et diocèse de Reims, 653-XXI p., folio 60, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).

Pour cela, il charge Simon Pied de Loup, chanoine et official[1] de Reims, de dresser l’acte et de le faire parvenir à l’abbé et aux religieux de Chaumont-Porcien :

« Simon Pes Lupi canonicus et officialis domini Remensis. Dilectis in Christo omnibus presentes litteras visuris salutem. Nouerit universitas nostra quod nos de voluntate, et speciali mandato domini Remensis liberaliter, et benigne concepit abbati et ecclesiae calmontentis ad quod jus patronatus de Roquigniaco et de Romeigne appenditia ejusdem noscitur pertinere ; quod in eadem villa de Romeigne ecclesia construatur, et cimaeterium habeatur, cum idem locus ipsius villa de Romeigne amatrice ecclesia de Roquigniaco nimium distare videatur. Actum anno domini M CC vicesimo septimo mense octobri. »

Bibliothèque Carnegie, ms. 2451, Histoire de l’abbaye de Chaumont en Portien, ordre de Prémontré et diocèse de Reims, 653-XXI p., folio 60, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).

[1] Juge ecclésiastique délégué par l’évêque pour exercer en son nom la juridiction contentieuse.


Cambridge University Library, MS Mm.5.31, vue 229/419, Alexandre le Minorite (commentateur), Expositio in Apocalypsim, moines cisterciens au travail, parchemin, codex, folio 113, consultable en ligne.
Cambridge University Library, MS Mm.5.31, Alexandre le Minorite, Expositio in Apocalypsim, moines cisterciens au travail, parchemin, codex, folio 113, vue 229/419, consultable en ligne.

En ces années, le village ne se compose que de quelques fermes éparses. Une dizaine d’années plus tard, Jacques de Montchâlons rend aux moines de Signy un hallier[1] près du chemin de Doumely à La Romagne, qu’ils avaient défriché[2] et que son beau-père Raoul de Château-Porcien avait usurpé. Ces religieux appartiennent à l’ordre des cisterciens, tandis que l’abbaye de Chaumont-Porcien relève de celui des prémontrés.


[1] Enchevêtrement de buissons serrés et touffus, d’un accès difficile.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC19-232, Nouvelle revue de Champagne et de Brie, 1re année [n° 1] (janvier/février 1914) – [n° 5/6] (septembre/décembre 1914) ; 2e année [n° 1] (janvier/février 1924) – 15e année [n° 4] (octobre 1938), Reims : imprimerie Monce & Cie, 1914-1938, Tome XII, 1934, p. 245 [Nota bene : la livraison de septembre/décembre 1914 a été publiée en 1923, et le périodique n’a pas paru en 1937].


Armoiries ecclésiastiques d'Innocent III, de Grégoire IX et d'Alexandre IV.
Armoiries ecclésiastiques d’Innocent III, de Grégoire IX et d’Alexandre IV.

A cette époque, une bulle du pape Grégoire IX énumère les bénéfices des religieux de Chaumont, dans lesquels figurent ceux de La Romagne, Rocquigny et Montmeillant. En 1270, l’abbaye de Signy est l’un des principaux propriétaires du village, après une donation de Roger de Rozoy et de sa femme Aélis.

Elle comprend des terres sur lesquelles se trouvent un moulin et un vivier : en les louant, les religieux se procurent un revenu qui doit être consacré à donner une pitance aux moines le jour anniversaire de la mort des donateurs. Ils conservent aussi les poissons d’eau douce pour le Carême, période durant laquelle la viande est proscrite de l’alimentation. Les cisterciens reçoivent également de Clémence, comtesse de Saumes (parfois orthographiée Saulmes), une partie des terres qu’elle possède à La Romagne.


Archives départementales des Ardennes, 1J 1224, Cartulaire de l’abbaye Saint-Berthauld de Chaumont contenant des actes de 1087 à 1543, pièce de 1543 remise par monsieur Jacques Lucas avec le soutien de l’ASPP (Association de Sauvegarde du Patrimoine du Portien) le 4 novembre 2009, signalé en ligne.
Archives départementales des Ardennes, 1J 1224, Cartulaire de l’abbaye Saint-Berthauld de Chaumont contenant des actes de 1087 à 1543, pièce de 1543 remise par monsieur Jacques Lucas avec le soutien de l’ASPP (Association de Sauvegarde du Patrimoine du Portien) le 4 novembre 2009, signalé en ligne.

Les deux abbayes de Signy et de Chaumont-Porcien ont des rentes en froment, prés, terres, maisons, granges, étables, jardins à La Romagne, tout comme à Bégny, Hauteville, la Hardoye, etc. Mais, à la suite de divers échanges avec Signy, Chaumont va garder la tutelle de la paroisse de La Romagne.

Blason ecclésiastique de l'ordre cistercien, dont la devise latine  «Cistercium mater nostra » signifie « Cîteaux notre mère ».
Blason ecclésiastique de l’ordre cistercien, dont la devise latine «Cistercium mater nostra » signifie « Cîteaux notre mère ».

A partir du XIIIe siècle, celle-ci est un territoire nettement délimité, sur lequel vit une communauté de fidèles placé sous la responsabilité d’un prêtre à qui l’on a confié la cura animarum (soin des âmes). Le curé va voir son autorité s’imposer au sein de cette structure.


Le comté de Porcien, ancien pagus de Champagne, dépend de l'Église de Reims.
Le comté de Porcien, ancien pagus de Champagne, dépend de l’Église de Reims.

Le 28 octobre 1284, dans une sentence arbitrale sur divers litiges entre l’abbaye de Chaumont, la commanderie de Seraincourt, et Logny-lès-Chaumont, des hommes sont désignés pour son application. Parmi eux, un certain « Ponsars li puissans » de La Romagne[1] et deux bourgeois de Rocquigny et de Rozoy. Cela semble montrer que le village a pris davantage d’importance dans le comté de Porcien.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-K-311 (11), Robert, Gaston, Documents relatifs au comté de Porcien : 1134-1464, Monaco : imprimerie de Monaco, 1935, XCVI-416 p., p. 104 [cet ouvrage correspond à une collection de documents historiques publiés par ordre de S. A. S. le prince Louis II, prince souverain de Monaco].

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Les lieux-dits de La Romagne, éléments de toponymie


La densité des noms de parcelles et de lieux-dits autour de La Romagne est beaucoup plus forte entre le Moyen-Age et la fin de l’Ancien Régime que de nos jours. En témoignent les actes notariés qui font allusion à des dénominations que l’on ne peut plus localiser : les Rouages, par exemple, tenaient au chemin qui conduit à Montmeillant et à celui de Saint-Jean-aux-Bois (d’après la vente en 1719 d’une pièce de pré entre Gérard Merlin et Robert Bechet).


Les lieux-dits de La Romagne peuvent tirer leurs noms d'arbres, comme le Grand Poirier ou le Gros Faux (hêtre).
Les lieux-dits de La Romagne peuvent tirer leurs noms d’arbres, comme le Grand Poirier ou le Gros Faux.

Par la suite, les plans cadastraux ont découpé le terroir avec une certaine rigueur. L’absence de terriers[1] ne permet pas de pousser plus loin l’étude comparative. Néanmoins, les relevés qui ont pu être faits dans le passé montrent une grande richesse et mettent en valeur :

  • des noms de propriétaires ;
  • l’aspect des lieux (mont, fosse ou vallon, partie basse ou fond) ;
  • la nature du sol (cailloux, pierre) ;
  • l’humidité de l’endroit ;
  • les plantes (arbres fruitiers et autres, plantes utiles) ;
  • les jardins (courtils) ;
  • les voies ou moyen de communication (chemin, voie ou son diminutif « voyette », pont) ;
  • les carrières ;
  • l’industrie ou le commerce (mines, moulins, briqueterie) ;
  • la religion (la croix, qui peut tout aussi bien désigner un calvaire qu’un carrefour).

[1] Dans les registres nommés terriers, on indiquait les limites des fiefs et des censives, les redevances dues, les services à rendre, les usages locaux. Les terriers de La Romagne ont disparu.


Archives départementales des Ardennes, La Romagne A1 1835, Le bois d'Apremont et les Houis Bas, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne A1 1835, le bois d’Apremont et les Houis Bas, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, consultable en ligne.

Bois, arbres divers et végétation

  • Bois d’Apremont, Bois Promsy, Bois Foissier, Bois de la Cense Longueval, Bois de la Paternotte,  Bois de la Tachette, Bois du Grand Sart, Bois des Ribourés, Bois de la Queue de l’Etang, Bois de la Plaine ;
  • Le Bochet, le Bochet Croët, le Buisson Peautelet, la Haye Colin ;
  • Les Plants, le Plant Foucault, le Gros Faux, le Grand Poirier, les Bruyères.
Fau (faux) vient du latin Fagus sylvatica, le nom scientifique du hêtre commun (planche tirée de la flore médicale de Pierre François Chaumeton, 1817).
Fau (faux) vient du latin Fagus sylvatica, le nom scientifique du hêtre commun (planche tirée de la flore médicale de Pierre François Chaumeton, 1817).

Le pou ou pouil est l'ancien nom du coq (Gallus gallus domesticus). L'ardennaise dorée est une race de poule belge et française.
Le pou ou pouil est l’ancien nom du coq (Gallus gallus domesticus). L’ardennaise dorée est une race de poule belge et française.

Présence d’eau

  • La Fontaine Roger, la Fontaine aux Pous, la Fontaine aux Grues, le Long Ruisseau.
Muséum d'histoire naturelle de Toulouse, MHNT.ZOO.2010.11.65.5, œuf de grue cendrée (Grus grus), collection oologique de Jacques Perrin de Brichambaut (photographie de Roger Culos).
Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, MHNT.ZOO.2010.11.65.5, œuf de grue cendrée (Grus grus), collection oologique de Jacques Perrin de Brichambaut (travail personnel du photographe Roger Culos, 2019).

Nature du sol

  • La Petite Marnière, la Pierre, les Groettes, Les Minières, les Cailloux.

Le chêne pédonculé (Quercus robur) est, avec le hêtre commun, une essence feuillue courante en Champagne-Ardenne.
Le chêne pédonculé (Quercus robur) est une essence courante des Ardennes.

Terre

  • Les Terres de Belair, les Terres Jacques, la Grosse Terre, la Terre Martin, les Terres du Grand Chemin, les Terres de la Cense Longueval, les Terres de la Tachette, les Terres de la Pierre, la Rouge Terre, La Terre Grand-mère, les Longues Terres de la Huée, les Terres du Pré Mellier, les Terres des Hayes, les Terres des Veaux, les Terres Madame, les Terres de la Grosse Soule, la Terre aux Chênes, la Terre du Berger, la Ronde Terre
Le chêne rouvre ou sessile (Quercus petraea) est aujourd'hui utilisé par la Tonnellerie de Champagne-Ardenne.
Le chêne rouvre ou sessile (Quercus petraea) est aujourd’hui utilisé par la Tonnellerie de Champagne-Ardenne.

Planche Deyrolle d'enseignement agricole sur les plantes fourragères des prairies naturelles.
Planche Deyrolle d’enseignement agricole sur les plantes fourragères des prairies naturelles.

Pré

  • Le Pré Agnant, le Pré Agnant sous la Voye Libert, le Pré Potier, le Pré des Roises, le Pré Montagne, le Pré de la Biche, le Pré des Guitons, le Pré de la Houette, le Pré des Moisnes, le Pré Haut du Moulin Garot, le Pré du Chat Noyé, le Pré Merlin, la Huée du Pré Mellier, le Pré de la Passe, les Prés du Grand Sart, le Pré Hudrot, le Pré de la Voyette de Chaumont, le Pré de l’Etang.

Le courtil est un jardin paysan, généralement clos.
Le courtil est un jardin paysan, généralement clos.

Courtil (petit jardin)

  • Le Courtil Monnois, le Courtil Noirette, le Courtil Macheterre, le Courtil Jadin, le Courtil Habert, le Courtil Jean Rousseau, le Courtil Doré, le Courty Rogier.
Le courtillage est un petit jardin potager et, par métonymie, la production de ce dernier.
Le courtillage est un petit jardin potager et, par métonymie, la production de ce dernier.

Archives départementales des Ardennes, La Romagne C1 1835, le village et le Mont de Vergogne, cadastre ancien, plan parcellaire, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne C1 1835, le village et le Mont de Vergogne, cadastre ancien, plan parcellaire consultable en ligne.

Elévation

  • Le Mont Ballot, le Mont de Vergogne, etc. ;
  • La Côte Monnois, la Côte du Petit Moulin, la Côte de Montmeillant, la Côte de la Rouge Cotte, la Côte du Chat Noyé, la Côte Herbin, la Côte Hamel, la Côte au Saint Foin, la Côte des Cayotiers.
Le sainfoin (Onobrychis viciifolia) est une plante des prairies pauvres autrefois cultivée comme fourrage.
Le sainfoin (Onobrychis viciifolia) est une plante des prairies pauvres autrefois cultivée comme fourrage.

La fauchée était la quantité d'herbe qu'un agriculteur pouvait couper en un jour.
La fauchée était la quantité d’herbe qu’un agriculteur pouvait couper en un jour.

Mesures

  • Les Quatre Arpents, les Dix Quartels, la Fauchée Robin.

Contrairement à ceux de La Romagne, disparus, le moulin de Librecy, hameau de la commune de Signy-l'Abbaye a pu être restauré (sa partie meunerie date de 1604). La FFAM (Fédération française des associations de sauvegarde des moulins) et la FDMF (Fédération des moulins de France) tentent de préserver ce patrimoine.
Contrairement à ceux de La Romagne, disparus, le moulin de Librecy, hameau de la commune de Signy-l’Abbaye a pu être restauré (sa partie meunerie date de 1604). La FFAM (Fédération française des associations de sauvegarde des moulins) et la FDMF (Fédération des moulins de France) préservent ce patrimoine.

Lieux anciens

  • Le Fossé du Château, le Grand Fief et le Petit Fief, la Cense Longueval, le Moulin à Vent, le Petit Moulin à Vent, la Croix Renaud, le Pont Cannel, la Briqueterie, la Queue de l’Etang.