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La guerre de Trente Ans, la Fronde et la guerre franco-espagnole autour de La Romagne


Au XVIIe siècle, les environs de La Romagne affrontent sur plusieurs décennies une période de troubles graves en relation avec une rébellion prenant la forme d’une guerre civile[1], d’une part, et de conflits internationaux[2] impliquant le royaume de France et des belligérants étrangers, d’autre part.


[1] La Fronde.

[2] La guerre de Trente Ans et la guerre francoespagnole.


Rocroi et ses environs, histoire des princes de Condé.

Un jeu complexe d’alliances, qui se nouent et se dénouent au fur et à mesure des événements, demande d’éclaircir la chronologie et la géographie de ce qui s’est passé précisément dans les Ardennes ces années-là.


Charles II de Gonzague duc de Mantoue par Robert Nanteuil.

La maison des Habsbourg d’Espagne possède alors les Pays-Bas du sud[1], frontaliers de la province de Champagne. Celle-ci comporte encore de nombreuses enclaves. Certaines appartiennent à des princes, comme c’est le cas pour la principauté de Rethel (maison de Gonzague), ou pour celle de Sedan (maison de La Tour d’Auvergne).

Néanmoins, cela n’empêche pas le roi de France d’intervenir partout dans ces territoires, et la région de voir à plusieurs reprises le passage de routiers[2] et de reîtres[3].


[1] Couvrant approximativement aujourd’hui une partie de la Belgique et du Nord de la France, et le Luxembourg.

[2] « Au Moyen Âge, soldat irrégulier appartenant à des bandes organisées qui, en temps de guerre, louaient leurs services à l’un ou l’autre des partis en présence, et, en temps de paix, se livraient pour leur propre compte au pillage et au brigandage. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Cavalier allemand mercenaire, qui servit en particulier dans les troupes françaises du XVe au XVIIe siècle », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire principal INV 8506 [autre numéro d'inventaire : MR 2712], Vouet, Simon (1590-1649). Peintre, Louis XIII entre deux figures de femmes symbolisant la France et la Navarre, huile sur toile, 2e quart du XVIIe siècle (vers 1636-1638), notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Peintures, numéro d’inventaire principal INV 8506 [autre numéro d’inventaire : MR 2712], Vouet, Simon (1590-1649). Peintre, Louis XIII entre deux figures de femmes symbolisant la France et la Navarre, huile sur toile, 2e quart du XVIIe siècle (vers 1636-1638), notice descriptive consultable en ligne.

Amorcé en 1618, le conflit que l’on nommera ultérieurement la guerre de Trente Ans reprend de plus belle, avec les hostilités déclenchées en mai 1635 par Louis XIII[1] et Richelieu contre les Habsbourg.


[1] Fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, né le 27 septembre 1601 à Fontainebleau et mort le 14 mai 1643 à Saint-Germain-en-Laye, roi de France et de Navarre de 1610 à 1643.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/541 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la maraude, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/541 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la maraude, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Elles sont destinées à consolider les frontières du royaume, mais les armées espagnoles parviennent à pénétrer jusqu’en Picardie, et même à atteindre la région de Reims. Les divers ennemis procèdent par « courses », qui sont décrites plus tard par le Comte de Marsy dans son ouvrage Eglises fortifiées[1] :

« Un corps de partisans plus ou moins nombreux, bien montés et légèrement équipés venait par surprise ou par quelques hardis coups de main mettre à contribution une ville ou un village et obtenait par menace ou violence une somme d’argent, une certaine quantité de vivres et l’on se hâtait de repartir. »

Marsy, Arthur de, Les Églises fortifiées de La Thiérache.

[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LK2-1976, Marsy, Arthur de (1843-1900), Les Églises fortifiées de La Thiérache, Vervins : imprimerie de Papillon, 1864, in-8°, 7 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/545 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : dévastation d’un monastère, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/545 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : dévastation d’un monastère, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

En 1637, les armées royales conduites par les seigneurs Conti, Soissons, et La Valette passent à plusieurs reprises sur les dépendances de l’abbaye de Signy[1] et y séjournent, apportant ainsi la ruine de ce territoire.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


En 1641, le théâtre des opérations se porte sur une autre partie de la région ardennaise. Le maréchal de Châtillon, envoyé contre les rebelles menés par le duc de Bouillon et le comte de Soissons, est battu près de Sedan (Ardennes). Mais, le 21 juillet, Louis XIII marche sur Donchery (Ardennes), dont il se rend maître.


Les Actions du Grand Condé, Rocroi 1643, par Sauveur Le Conte.

Deux ans plus tard, la Thiérache et le pays des Pothées[1] sont une nouvelle fois dévastés. La situation n’est sauvée que par la victoire de Rocroi (Ardennes)[2], où le duc d’Enghien (que l’on appellera par la suite Grand Condé) écrase les Espagnols.

C’est à partir de ce moment, même s’il a déjà fait preuve de son ardeur au combat en participant à d’autres opérations antérieures (Arras[3] en 1640) ou comme commandant en chef de l’armée de Picardie, que se fonde l’aura militaire de ce prince.


[1] La forêt des Pothées (ou des Potées) est située actuellement sur le territoire de la commune d’Aubigny-les-Pothées, dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Le 19 mai 1643. Du côté de la monarchie espagnole, Francisco de Melo a vu sa gloire ternie par sa défaite. Né à Estremoz (Portugal) en 1597 et mort à Madrid (Espagne) le 18 décembre 1651, ce diplomate portugais au service de l’Espagne a été gouverneur (1641-1644) des Pays-Bas espagnols.

[3] Actuellement, préfecture du département du Pas-de-Calais, en région Hauts-de-France.


La paix de Westphalie, peinture de Claude Jacquand d’après Gerard Ter Borch.

Alors que les traités de Westphalie[1] publiés le 24 octobre 1648 mettent fin à la guerre de Trente Ans tout en remodelant la carte européenne, la paix de Rueil (actuellement, Rueil-Malmaison, dans le département des Hauts-de-Seine, en région Île-de-France) est définitivement signée le 11 mars 1649. Elle marque la cessation de la Fronde parlementaire. Le conflit se poursuit désormais avec l’Espagne seule.


[1] Les traités de Westphalie qui mettent fin à la guerre de Trente Ans correspondent à la signature de deux actes diplomatiques séparés : le premier est conclu à Osnabrück (commune située actuellement dans le Land de Basse-Saxe, en Allemagne), le 6 août 1648 entre le Saint-Empire romain germanique et le royaume de Suède, le second à Münster (commune située actuellement dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne) le 8 septembre 1648 entre l’Empereur du Saint-Empire romain germanique et le royaume de France (et leurs alliés respectifs). Le traité de Münster du 30 janvier 1648, signé entre l’Espagne et les Provinces-Unies, clôt pour sa part la guerre de Quatre-Vingt Ans. Selon les contextes, les historiens évoquent donc deux ou trois traités de Westphalie.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/536 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : titre, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/536 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : titre, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

A la guerre avec l’étranger (qui implique les ravages occasionnés par les armées), une trésorerie mal en point (les revenus de plusieurs années sont engloutis d’avance), vient s’ajouter en effet une guerre civile – la Fronde – de 1648 à 1653.

C’est à la fois une révolte parlementaire, nobiliaire, et la cristallisation de tous les mécontentements. Pour autant, les hostilités avec les ennemis extérieurs ne cessent pas, d’autant que ceux-ci ont tout intérêt à ce que le royaume soit déstabilisé.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/537 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : enrôlement des troupes, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/537 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : enrôlement des troupes, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Parallèlement à ces événements, c’est aussi dans cette même période que les bandes d’Erlach[1], composées de mercenaires allemands, suédois et polonais combattant pour le roi de France, sillonnent le pays en le pillant et en imposant aux villageois qu’ils viennent de dépouiller une contribution pour racheter le butin. Ils se signalent également par des actes d’impiété, laissant pour des siècles un souvenir épouvantable.


[1] Jean-Louis d’Erlach (né le 30 octobre 1595 à Berne selon le Dictionnaire historique de la Suisse) passe au service de la France pendant la guerre de Trente Ans. Gouverneur français de Brisach, puis lieutenant-général en 1647, il participe à la campagne de Flandres en 1648. Il devient commandant de l’armée française dans le Saint-Empire romain germanique en 1649. Il décède le 26 janvier 1650 à Vieux-Brisach (Breisach am Rhein), ville située actuellement dans le Land du Bade-Wurtemberg (Allemagne). Ne pas confondre avec Neuf-Brisach, commune située actuellement dans le département du Haut-Rhin, en région Grand Est.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/547 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/547 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Bien que de nombreux historiens accusent d’atrocités Jean-Louis d’Erlach, on trouve dans sa correspondance des lettres[1] dans lesquelles il dénonce l’attitude du maréchal de Guébriant, qui laisse ses troupes piller les villages proches d’Hagueneau[2], ce qui est en opposition avec ses pratiques dans cette partie de la Champagne.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des manuscrits, Cinq cents de Colbert 111, lettres de Paul Le Prévost, baron d’Oysonville, 1641-1643 (f. 1-75), et de Jean-Louis d’Erlach, gouverneur de Brisach, 1643 (f. 76-90), 96 feuillets [cotes Cinq cents de Colbert 108-116 = registres de copies des lettres adressées à Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant, maréchal de France (1637-1644). XVIIe siècle. Papier. 9 volumes. 290 × 215 mm. Reliure parchemin. Manuscrit en français.]

[2] Commune située actuellement dans le département du Bas-Rhin, en région Grand Est.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP29.73.3, Moncornet, Balthasar  (1600-1668). Editeur, Jean Louis d'Erlach (1595-1650), burin (estampe), notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP29.73.3, Moncornet, Balthasar (1600-1668). Editeur, Jean Louis d’Erlach (1595-1650), burin (estampe), notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

De son côté, le bibliothécaire Henri Jadart souligne, dans sa critique d’un ouvrage[1] sur Jean-Louis d’Erlach[2], que l’auteur y brosse le portrait d’un homme se distinguant par « le soin qu’il prenait de bien nourrir ses troupes » et qui « s’efforçait d’adoucir, autant que possible, les rigueurs de la guerre ».


[1] Archives départementales des Ardennes, PERH2 10, Jadart, Henri, « Bibliographie [recension d’un ouvrage] », in Laurent, Paul (1860-1935). Directeur de publication, Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, 21 volumes, bimestriel, tome dixième année, 1903, page 54 et suivante, vue 34/199 et suivante, consultable en ligne. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-M-12117, Charvériat, Émile (1826-1904). Auteur, Jean-Louis d’Erlach, Lyon : A. Rey, 1902, in-12, 152 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/530 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : le campement, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/530 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : le campement, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.

De manière générale, c’est pendant les quartiers d’hiver que la présence des troupes est la plus nuisible pour un village, en raison de l’indiscipline liée à l’absence des officiers. Ces derniers s’empressent pendant cette mauvaise saison de regagner soit leur foyer, soit la cour de France. L’inaction des hommes laisse place à la rapine car, le plus souvent, ils ne reçoivent leurs soldes qu’avec beaucoup de retard.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d'inventaire L 44 LR/543 Recto [ancien : 10540] Callot, Jacques, graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la Guerre : le pillage d'une ferme, 1633, épreuve du 1er état, eau-forte, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/543 Recto [ancien : 10540] Callot, Jacques, graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la Guerre : le pillage d’une ferme, 1633, épreuve du 1er état, eau-forte, notice descriptive consultable en ligne.

Ce ne sont pas les seules exactions commises envers la population, car les soldats endommagent également les fermes plus ou moins isolées, et terrorisent leurs habitants. Rien n’y fait, ni la police des troupes pour les quartiers d’hiver, ni l’arrêt du Parlement en date du 22 décembre 1648[1]

« portant défenses à tous gens de guerre de faire aucune pillerie, insolence ou excès en aucun lieu de garnison et de passage, à peine d’être punis selon les ordonnances, et à leur capitaines et officiers d’en répondre comme de leur propre fait ».

Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot ; Saige, Gustave, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652.

[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 97, vue 156/414, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Quant aux recommandations du roi[1] pour que les troupes ne causent aucune répression au peuple, elles semblent ne pas avoir plus d’effet.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, manuscrit Français 4224, tome II, folio 148 et suivants, lettre et ordonnance de Louis XIV sur la désertion « pour deffendre ausd. gens de guerre de coupper les bleds » [cotes Français 4223-4224 = recueil de copies de pièces, renfermant, sous le titre Armée, une série de documents émanés principalement de l’administration de Louis XIV, de 1643 à 1660. Ces documents sont rangés par chapitres, selon leur objet, pour servir, sans doute, de modèles de rédaction dans les cas analogues. Un certain nombre, réduits à l’état de formules, n’offrent aucun intérêt et ne figureront pas dans le dépouillement ci-dessous. Sous-unités de description 141 à 148 = lettres et ordonnances de Louis XIV.]


Armand de Bourbon, prince de Conti (1629-1666), anonyme français, miniature musée Condé (Chantilly).

Le gouverneur de la province de Champagne est depuis 1647 (et jusqu’en 1655) Armand de Bourbon[1] prince de Conti[2], frère du duc d’Enghien (le vainqueur de Rocroi)[3]. Deux ans plus tard, durant cette révolte des nobles qu’est la Fronde, tandis que Conti s’allie à sa soeur la duchesse de Longueville[4] et au parlement de Paris contre le roi et la reine-mère Anne d’Autriche, Condé reste, lui, fidèle à Louis XIV, permettant même à ce dernier de rentrer dans Paris (18 août 1649).


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 124, vue 183/414, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).

[2] Egalement orthographié Conty sur les documents d’époque.

[3] Louis II de Bourbon-Condé (dit le Grand Condé) et Armand de Bourbon-Conti sont les cousins germains du roi de France Louis XIV.

[4] Anne-Geneviève de Bourbon, née à Vincennes le 28 août 1619, fille unique d’Henri II de Bourbon et de Charlotte-Marguerite de Montmorency. Le 2 juin 1642, elle épouse Henri II d’Orléans, duc de Longueville Elle prend le parti des frondeurs et se réfugie en mars 1650 à Stenay (commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est. Disgraciée à cause de son action déloyale, elle finit sa vie loin de la Cour, mais tournée vers la religion. Elle meurt le 15 avril 1679 à Paris.


Lettre du roi au parlement du Dauphiné pour l’arrestation de Condé, de Conti, et de Longueville.

Les trop grandes ambitions de Condé vont lui être contraires, ce qui va contraindre la reine à faire arrêter le 18 janvier 1650 les trois membres de ce clan (Condé, Conti et leur beau-frère Longueville), et à les emprisonner à Vincennes, avant qu’ils ne soient transférés plus tard à Marcoussis[1], puis au Havre[2].


[1] Commune située actuellement dans le département de l’Essonne, en région Île-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Seine-Maritime, en région Normandie.


Fiche catalographique toponymique sur La Romagne (archives départementales des Ardennes).

Le territoire de La Romagne aurait été le théâtre d’une bataille : « Le 25 février 1650, le marquis de la Ferté défit en cet endroit plusieurs compagnies de cavalerie du prince de Conty[1] ».


[1] D’après une fiche catalographique cartonnée sur La Romagne, rangée dans le tiroir « toponymie » d’un meuble de bibliothèque aux archives départementales des Ardennes. Cette dernière ne comporte aucune indication autre que les propos cités. L’absence de référence à une source primaire entraîne une nécessaire réserve quant à l’information délivrée.


Musée de l'Armée (Paris), dossière de la cuirasse du maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 6668 I [autre numéro d'identification : cote Cc 4/1], objet en fer, laiton, velours, acier, fil de métal, toile, technique de la torsade et du métal noirci, XVIIe siècle (2e moitié), notice descriptive consultable en ligne.
Musée de l’Armée (Paris), dossière de la cuirasse du maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 6668 I [autre numéro d’identification : cote Cc 4/1], objet en fer, laiton, velours, acier, fil de métal, toile, technique de la torsade et du métal noirci, XVIIe siècle (2e moitié), notice descriptive consultable en ligne.

Les Notes diverses et fragments d’histoire locale sur la commune de La Romagne issus de plusieurs documents historiques et de recherches personnelles[1] sont tout aussi sujet à caution, faute de citer la moindre source.

Dans une rubrique intitulée Fronde (1650), l’auteur y affirme, sans strictement avancer la moindre preuve de ses dires, que « L’époque de la Fronde fut une période difficile pour notre région, en particulier pour La Romagne. Turenne, alors rebelle du roi de France, passa un hiver à La Romagne avec les troupes espagnoles, en lutte contre Condé. Cet hiver fut a priori [c’est nous qui soulignons][2] celui de 1649/1650 ; les « quartiers d’hiver » de Turenne firent du tort à La Romagne et aux villages voisins ; les pillages successifs et la contrainte alimentaire furent éprouvants pour la population. Par ailleurs, on sait [c’est nous qui soulignons][3] que ce bref séjour de quelques mois à La Romagne laissa le temps à Turenne de laisser un enfant naturel [c’est nous qui soulignons][4] à La Romagne, qu’il ne reconnut apparemment pas puisqu’il partit avant sa naissance. Concernant les troupes espagnoles, l’exiguïté de La Romagne nous laisse à penser [c’est nous qui soulignons][5] que les soldats s’installèrent en rase campagne, dans les terres défrichées de l’époque (La Bouloye[6] à l’est, le Mont de Vergogne à l’ouest)[7] ».


[1] Photocopie d’un cahier à l’écriture manuscrite (collection personnelle de l’auteure).

[2] Non fondé sur des faits. L’incertitude quant à la date montre qu’il s’agit d’une construction intellectuelle a priori, et non d’une déduction a posteriori tirée d’une analyse documentaire.

[3] Ce « on sait » a tout l’air d’un « on-dit ». Cette affirmation péremptoire est à écarter, puisque les registres jusqu’en 1693 ont disparu avant la Révolution. Elle relèverait plutôt d’une rumeur sans fondement.

[4] Cette « preuve anecdotique », recueillie de façon informelle, et s’appuyant sur des témoignages douteux, a une valeur limitée sur le plan historique. Le ton croustilleux employé par l’auteur correspond aux définitions du Larousse « Qualifie ce qui est à la fois audacieux et provocateur, souvent dans un contexte de révélation ou de scandale. » et du Trésor informatisé de la langue française « Plaisant, piquant et grivois. »

[5] Cette supputation ne repose sur aucune preuve historique. Un ressenti n’est ni un fait ni une opinion. Croire n’est pas penser.

[6] Lire la Bouloi.

[7] Il est permis de douter sérieusement de ces affirmations, qui ne s’appuient pas sur du matériau historique de première main. La disparition quasi-totale de documents des archives départementales des Ardennes concernant l’Ancien Régime, à la suite d’un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale, limite drastiquement l’accès aux sources primaires. Elle concerne plusieurs séries [série A = actes du pouvoir souverain et du domaine public avant 1790. Métrage linéaire après destruction : 1 mètre ; série B = cours et juridictions avant 1790. Métrage linéaire après destruction : 1,20 mètre ; série C = administrations provinciales avant 1790. Métrage linéaire : néant. Série détruite en 1940 ; série D = instruction publique, sciences et arts avant 1790. Métrage linéaire : néant. Série détruite en 1940 ; série F = fonds divers se rattachant aux archives civiles entrés avant 1940. Métrage linéaire après destruction partielle en 1940 : 10 mètres].


Musée de l'Armée (Paris), boulet qui aurait tué le maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 17 [autre numéro d'identification : cote Cc 4], projectile de 3 livres en fer, technique de la fonte, créé sous Louis XIV (1643-1715). , notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : tiré par le canonnier Koch le 27 juillet 1675, il est réputé avoir mortellement blessé Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, lors de la bataille de Salzbach, pendant la guerre de Hollande].
Musée de l’Armée (Paris), boulet qui aurait tué le maréchal de Turenne, numéro d’inventaire 17 [autre numéro d’identification : cote Cc 4], projectile de 3 livres en fer, technique de la fonte, créé sous Louis XIV (1643-1715). , notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : tiré par le canonnier Koch le 27 juillet 1675, il est réputé avoir mortellement blessé Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, lors de la bataille de Salzbach, pendant la guerre de Hollande].

Jusqu’à preuve du contraire, le séjour de Turenne à La Romagne (Ardennes), rapporté par la tradition orale, appartiendrait aux contes et légendes, mais non à l’histoire. Nul élément manuscrit ou imprimé n’a été en effet apporté pour étayer les propos avancés. Aucune source primaire n’a d’autre part été retrouvée dans l’état actuel de la recherche.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire INV 31368 Recto [anciens numéros d’inventaire : NIII 13415 et MA 10747], Nanteuil, Robert (1623-1678) [« copie d’après » ou « entourage de »], Portrait de Turenne, en buste, portant une cuirasse, pastel sur papier brun collé en plein sur carton [verso numéroté 6 au pochoir et 1195 à la craie blanche], notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire INV 31368 Recto [anciens : NIII 13415 et MA 10747], Nanteuil, Robert (1623-1678) [« copie d’après » ou « entourage de »], Portrait de Turenne, en buste, portant une cuirasse, pastel sur papier brun collé en plein sur carton [verso numéroté 6 au pochoir et 1195 à la craie blanche], notice descriptive consultable en ligne.

Ce qui est en revanche attesté est que Turenne tourne le dos au parti du roi après l’arrestation et l’incarcération des princes. Il se met au service des Espagnols dès le 14 février 1650, par un traité où il s’engage à favoriser la conclusion d’une juste paix avec l’Espagne.


Léopold-Guillaume, archiduc d’Autriche (1614-1662) par Johann Paul Schorr dit Giovanni Paolo Tedesco.

En échange de quoi, il s’installe à Stenay[1] après avoir quitté Paris. Il est à la tête d’une armée au service de l’archiduc Léopold[2], généralissime de l’armée d’Espagne[3], qui lui accorde 250 000 écus[4] pour faire des levées de troupes. Tous les mois, il reçoit une certaine somme[5] pour l’entretien d’icelles[6] et des garnisons des places occupées[7]. Il ne percevra pas régulièrement ces montants.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[2] Léopold-Guillaume de Habsbourg, né à Wiener Neustadt (Land de Basse-Autriche, en Autriche), le 5 janvier 1614, mort à Vienne (Autriche) le 20 novembre 1662, gouverneur des Pays-Bas espagnols du sud.

[3] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0957 [= Anciennement 9352 selon une cotation antérieure], numéros de notice 957-960, Mémoire sur la province de Champagne (1708). [XVIIIe siècle. Manuscrit en français sur papier. 492, 418, 488 et 506 feuillets. 370 sur 250 mm. Reliure en veau raciné. Le manuscrit doit être incomplet, car au bas du dernier feuillet du tome IV on lit les mots d’appels pour le feuillet suivant : « De l’évêché. » — Ce mémoire a dû être rédigé par André de Harouys, qui fut intendant en Champagne de 1702 à 1711.]

[4] Les sommes varient selon les sources entre 200 000 et 250 000 écus.

[5] Estimée à 80 000 écus.

[6] Vieilli. Celles dont il vient d’être question.

[7] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 254 et suivantes, vue 313/414 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV2732,
Flatters Jean-Jacques (1786-1845), Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), buste sur piédouche, marbre, vers 1834, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV2732,
Flatters Jean-Jacques (1786-1845), Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), buste sur piédouche, marbre, vers 1834, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Cependant, après avoir ruiné Marle (Aisne) en voulant contrer les armées royales, Turenne à la tête d’une armée au service des Espagnols assiège successivement Le Catelet[1] (juin 1650), Guise[2] (juillet 1650), La Capelle[3] (août 1650), au moment où la pluie tombe sans discontinuer, provoquant l’embourbement des chemins et le retard d’approvisionnement en vivres.


[1] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.


Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Pendant ce temps, le maréchal du Plessis-Praslin qui commande l’armée royale se retire derrière Notre-Dame de Liesse[1]. Turenne s’avance ensuite sur Vervins[2] puis vers Château-Porcien (Ardennes), qui n’est défendu que par un groupe d’habitants (trente d’entre eux au moins ont été faits prisonniers). La ville qui subit une nouvelle fois les assauts espagnols ne peut que capituler, le 14 août 1650.


[1] A Liesse-Notre-Dame, commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP26.4.1,
Dyck Antoon van (1599-1641) (d'après). Peintre, graveur ; Galle Cornelis, le Jeune (1615-1678). Graveur flamand, Ferdinand III (1608-1657), empereur d'Allemagne, roi de Hongrie et de Bohème, 1649, burin (estampe) ; eau-forte, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire LP26.4.1,
Dyck Antoon van (1599-1641) (d’après). Peintre, graveur ; Galle Cornelis, le Jeune (1615-1678). Graveur flamand, Ferdinand III (1608-1657), empereur d’Allemagne, roi de Hongrie et de Bohème, 1649, burin (estampe) ; eau-forte, notice descriptive consultable en ligne sur le site GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Avec trois régiments d’infanterie et 4 000 chevaux, les troupes de Ferdinand de Habsbourg[1], conduites par Turenne, assiègent ensuite Rethel (Ardennes), pillant et brûlant tout sur leur passage. La ville se rend à son tour (août 1650).

Une garnison de 800 hommes est laissée sur place, sous l’autorité du colonel Giovanni Delliponti[2], « fort estimé en Flandre » selon Turenne[3], jugé plus durement par d’autres auteurs : « Plus de mille personnes périrent de disette & de misère[4]. »


[1] Ferdinand Ernest de Habsbourg, dit Ferdinand III, né le 13 juillet 1608 à Graz (duché de Styrie), et mort le 2 avril 1657 à Vienne (Autriche).

[2] L’Italien est réputé fameux pour la défense des places.

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6365579 < Tome 1 >, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur, Mémoires du maréchal de Turenne publiés pour la Société de l’histoire de France d’après le manuscrit autographe appartenant à monsieur le marquis de Talhouët-Roy par Paul Marichal, Paris : H. Laurens, 1909-1914, 2 volumes (LXVIII-379, 450 p.), facsimilé, in-8, tome I (1643-1653), 1909, page 146, vue 241/487, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH3-376 (1).

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMS-100399072, Le Long, Nicolas (ordre de saint Benoît, le père). Auteur, Histoire ecclésiastique et civile du diocèse de Laon et de tout le pays contenu entre l’Oise et la Meuse, l’Aisne et la Sambre, Châlons : Seneuze, 1783, in-4°, pièces liminaires, 623 p., table et souscripteurs, page 519, vue 531/656, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-LK3-241.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/533 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/533 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Petites Misères de la guerre : pillage et incendie d’un village, eau-forte, épreuve du 2e état, 1635, notice descriptive consultable en ligne.

La présence de Delliponti, désormais gouverneur de Rethel (Ardennes), après avoir été installé dans cette ville par l’archiduc) et des troupes qui y sont laissées, s’avère très vite inacceptable pour les habitants, compte tenu des exigences formulées.

En effet, il faut tout d’abord fournir 50 poinçons de boisson[1], 4 000 paires de chaussures et autant de bas. Telles sont les conditions de la capitulation, auxquelles s’ajoutent 80 000 rations de pain pour les troupes. Et ce, sans oublier le pillage qui s’ajoute à ces demandes « régulières ».


[1] Tonneau de contenance variable selon les régions mais pouvant contenir jusqu’à 250 litres de vin.


Vicomte de Turenne, sculpture d’après Jérôme Derbais, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Turenne, après avoir au passage et toujours pour le compte des Espagnols pris Fismes[1], alors que Plessis-Pralin s’enferme dans la ville de Reims[2], fait alors avancer un corps d’armée jusqu’à la Ferté-Milon[3], et se rend maître ainsi des passages jusqu’à Paris. Turenne renonce à avancer et décide de rebrousser chemin.

Il repasse l’Aisne et va assiéger Mouzon[4] sur la Meuse avec une partie de son armée durant sept semaines, avant de s’en emparer. Puis « Turenne passa tout le mois de novembre de l’année 1650 au camp de Romagne[5], entre l’Aisne et la Meuse, pour veiller à la conservation de ses places[6]».


[1] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[4] Commune nouvelle située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Romagne-sous-Monfaucon (Meuse). Il est strictement exclu qu’il puisse s’agir de La Romagne (Ardennes) : il est écrit en effet « camp de Romagne » et non « camp de La Romagne ». D’autre part, la description géographique s’applique parfaitement au village meusien et nullement à la commune ardennaise.

[6] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 337, vue 350/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Ordre du roi pour que Turenne ne soit reconnu d’aucune troupe.

La situation change : « Turenne était toujours au camp de Romagne. Au commencement de décembre, la garnison française de Donchery lui avait enlevé un de ses meilleurs postes, le château de Chémery[1]. Ses coureurs occupaient le pays entre Montfaucon et Varennes[2]».


[1] Issue de la fusion de Chémery-sur-Bar et Chéhéry, Chémery-Chéhéry est une commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est. Elle se trouve à 16 kilomètres environ au sud-ouest de Sedan. Ne pas confondre avec le château de Chémery, situé dans le département du Loir-et-Cher, en région Centre-Val de Loire.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 340, vue 353/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Ordre du roi pour empêcher de rejoindre les troupes de Turenne.

Il dispose de régiments d’infanterie, d’une brigade de Lorrains et de régiments allemands, et c’est avec ce « faible effectif que Turenne quitte ses quartiers de la Meuse[1] » pour se rendre à Rethel (Ardennes) aux environs du 13 décembre 1650.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-575, Piépape (monsieur le commandant de). Auteur. « Turenne et l’invasion de la Champagne 1649-1650 : communication de monsieur le commandant de Piépape, membre correspondant », in Académie nationale de Reims (auteur), Travaux de l’Académie nationale de Reims, Reims : P. Giret, 1875-, quatre-vingt-troisième volume, année 1887-1888, tome premier, pp. 295-407, page 341, vue 354/432, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Z-28533.


Or, Mazarin[1], malgré une saison peu clémente, veut reprendre Rethel (Ardennes) aux Espagnols, ville à laquelle il est lié, mais surtout parce qu’elle ouvre la voie de Paris. Il se rend lui-même auprès de l’armée pour mener, le plus rapidement possible, cette opération.

Il rassemble 15 000 hommes, qui s’incorporent aux hommes du maréchal du Plessis-Praslin[2]. Celui-ci est secondé dans son commandement par le marquis de Villequier[3], qui dirige l’aile droite, et le marquis d’Hocquincourt[4], qui conduit l’aile gauche. Les troupes royales sont en bien meilleur état que celles de Turenne, car elles ont eu le temps de se reposer un peu.


[1] Connu sous son titre de cardinal Mazarin, né à Pescina (Abruzzes, royaume de Naples), le 14 juillet 1602 et mort à Vincennes le 9 mars 1661, au service d’abord de la papauté, puis des rois Louis XIII et Louis XIV.

[2] César de Choiseul, né le 12 février 1598 et mort le 23 décembre 1675 à Paris.

[3] Antoine II d’Aumont de Rochebaron (1601-1669), élevé à la dignité de maréchal de France à la suite de la bataille de Rethel (Ardennes).

[4] Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt, né en 1599 et mort au combat le 13 juin 1658 devant Dunkerque, officier sous Louis XIII et Louis XIV, maréchal de France en 1651.


Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt (1599-1658), maréchal de France, par Alexandre-François Caminade.

Elles s’emparent du pont de Thugny[1], afin d’assurer le passage de l’Aisne pour se grouper autour de Rethel (Ardennes). La chute de la ville compromettrait la situation des alliés espagnols de Turenne. Il a avec lui 2 500 fantassins et 5 500 cavaliers, de manière à tenter une charge hardie. La bataille se passe à « Sommepi »[2], plus exactement dans la « plaine nommée le Blanc-Champ »[3], quoiqu’elle porte le nom de «  bataille de Rethel (Ardennes)[4] ».


[1] Actuellement Thugny-Trugny, commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Sompy est une variante orthographique retrouvée sur certains autres documents. Actuellement, Sommepy-Tahure, commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est, à la limite des Ardennes. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6365579 < Tome 1 >, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur, Mémoires du maréchal de Turenne publiés pour la Société de l’histoire de France d’après le manuscrit autographe appartenant à monsieur le marquis de Talhouët-Roy par Paul Marichal, Paris : H. Laurens, 1909-1914, 2 volumes (LXVIII-379, 450 p.), facsimilé, in-8, tome I (1643-1653), 1909, page 159, vue 254/487, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LH3-376 (1).

[3] John Adams Library (Boston Public Library), document numérique, 39999046674113 [call number = cote], Raguenet, François (1660-1722), Histoire du vicomte de Turenne, par l’abbé Raguenet, nouvelle édition plus correcte que les précédentes, à Paris, rue Dauphine : chez Claude-Antoine Jombert, fils aîné, libraire du roi pour le génie & l’artillerie, MDCCLXXII [1772], 508 p., page 172 et suivante, vue 172/508 et suivante, consultable en ligne sur le site d’Internet Archive, texte reproduit d’après l’original de la John Adams Library (Boston Public Library), Adams 193.8.

[4] Ce nom aurait été donné à la demande de Mazarin en raison de son attachement à cette ville.


Cardinal Jules Mazarin par Grégoire Huret d’après Jean-Baptiste de Champaigne.

Le combat est long, acharné, et sans succès. Tous sont dispersés, et les troupes de Turenne défaites. Les pertes sont estimées à 1 200 hommes. 3 000 soldats sont faits prisonniers.

Vaincu par l’armée royale, Turenne bat en retraite et atteint tout d’abord Bar-le-Duc[1], puis Montmédy[2], où il retrouve une partie de sa cavalerie sauvée du désastre de Rethel (Ardennes). Cette bataille sera, pour lui, l’une des rares qu’il perdra[3].

Ce n’est qu’après cet événement que les troupes prennent, tardivement, leurs quartiers d’hiver.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[3] Depuis le siège de Rethel (Ardennes) en 1411 entre Armagnacs et Bourguignons, la ville a connu de nombreux conflits sous l’Ancien Régime. Voir Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LK7-8263, Jolibois, Émile (1813-1894), Auteur. Histoire de la ville de Rethel, depuis son origine jusqu’à la Révolution, Paris : J.-B. Dumoulin, 1847, in-8°, VII-294 p.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/569, Recto [ancien : 16934], Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : distribution des récompenses, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/569, Recto [ancien : 16934], Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : distribution des récompenses, eau-forte, épreuve du 2e état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Le lundi 26 décembre 1650 « furent apportés 28 drapeaux pris en la bataille de Sommepy sur l’ennemi, et furent mis au cabinet du roi[1], où, entrant, il en eut un qui fut reconnu être du régiment du prince de Conti ». Trois jours plus tard, soit le jeudi 29 décembre 1650, ils sont déposés à Notre-Dame.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-73224, Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas Baudot (1590-1652). Auteur du texte ; Saige, Gustave (1838-1905). Éditeur scientifique, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, Paris : Honoré Champion, 1883-1885, 2 volumes, in-8°, volume 1, page 352 et suivantes, vue 411/414 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LB37-5055 (1).


Portrait d’un officier espagnol, XVIIe siècle, école des Pays-Bas du sud.

Le mois de mai 1651 marque un retournement de situation pour Turenne. Alors que des propositions de paix sont faites par la France (en particulier l’abandon de la Catalogne), les Espagnols ne les acceptent pas.


Vidéo Souffles alpins – Monsieur de Turenne, enregistrée par la chorale de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion capitaine Anjot, avec la musique des troupes de Marine, en hommage aux blessés de l’armée de Terre, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne promotion capitaine Anjot.

Turenne, devant cette attitude, ne veut plus avoir affaire à eux, et se sent libre d’abandonner leur parti. Il revient alors dans les armées royales. Absout de sa trahison par le roi, il rentre en grâce et peut de nouveau fréquenter la Cour.

En revanche, les troupes de Condé et Conti sont toujours dans l’opposition au roi. Ce n’est cependant qu’à partir de 1652[1] que Condé passera au service du roi d’Espagne Philippe IV, tandis que Conti retrouvera les faveurs du souverain français Louis XIV.


[1] Et ce jusqu’en 1659.


Louis II de Bourbon, Prince de Condé dit Le Grand Condé (1621-1686) par Jean Frosne.

Dès octobre et novembre 1652, le théâtre des hostilités se retrouve être, une nouvelle fois, autour de la rivière Aisne. Les villes de Rethel (Ardennes) et de Château-Porcien (Ardennes) sont menacées, car Condé et les Espagnols veulent s’en emparer.

C’est ce qui arrive d’ailleurs, puisque Condé se rend maître de cette ville en deux jours. Turenne, qui considère que l’entrée de monsieur le prince dans Rethel (Ardennes) comme « le plus grand mal qui peut arriver[1] », passe l’Aisne à Château-Porcien (Ardennes), se loge au château de Chaumont (Ardennes)[2], où se trouvent quelque 200 ennemis qui se rendent.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2017-267108, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de), Mémoires du maréchal de Turenne. Tome premier, 1643-1653, La Celle-Saint-Cloud : Éditions Douin, 2017, 1 vol. (379 p.), facsimilé de l’édition de Paris : Librairie Renouard, 1909, page 235.

[2] Chaumont-Porcien.


Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France (1611-1675), sculpture par Augustin Pajou.

Rethel repasse du côté du roi, alors que les troupes condéennes mettent, quelques jours après, le feu à Château-Porcien (Ardennes). Or, comme Turenne veut empêcher à tout prix que celles-ci prennent leurs quartiers d’hiver en France, il les poursuit sans relâche dans une marche parallèle, de manière à s’opposer aux entreprises de Condé et des Espagnols.


Portrait de Michel II Le Tellier (1603-1683), marquis de Barbezieux, peinture d’après Robert Nanteuil.

Dans une lettre du 26 octobre 1652 adressée à Michel Le Tellier[1], Turenne informe ce dernier qu’il a eu « avis comme l’armée des ennemis a passé l’Aisne et marche vers Rethel et Château-Porcien[2] ». Dans une autre, il signale qu’ayant eu « des nouvelles comme monsieur le prince marche vers Château-Porcien », il va s’avancer vers la Champagne[3].


[1] Michel Le Tellier, marquis de Barbezieux, homme d’État français, nommé secrétaire d’État de la Guerre par Louis XIV, né le 19 avril 1603 et mort le 30 octobre 1685 à Paris.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 90.

[3] Lettre du 29 octobre 1652. Cf. Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 94.


Le Grand Condé (Louis II de Bourbon, prince de Condé, dit) (1621-1686) par Antoine Coysevox.

L’hiver 1652/1653 est particulièrement rigoureux, avec un froid glacial et un gel extrême, au point qu’il est impossible de creuser la terre. Cela n’empêche pas la prise de Château-Porcien (Ardennes), que tenait Condé, les 18 et 19 janvier 1653, tandis que Rethel (Ardennes) connaît un nouveau siège. Compte tenu d’un temps plus que défavorable, la guerre ne reprend qu’en avril, quoique les frontières soient partout menacées.


Louis XIV terrassant la Fronde, 1653, sculpture par Gilles Guérin.

Si le roi parvient à juguler la Fronde au cours de l’année 1653, rien n’est encore terminé avec les Espagnols : une partie des troupes de Condé remonte sur Sainte-Menehould[1], Bar-le-Duc[2] et Rocroi[3] (30 septembre 1653), sous domination espagnole. Condé se voit confier la responsabilité de cette ville où s’organise, avec les Espagnols, un système d’impôts qui ne cessera qu’en 1659.


[1] Commune située actuellement dans le département de la Marne, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département de la Meuse, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Portrait du Grand Condé, en buste, tourné à gauche par Jean I Petitot.

L’ensemble des villages du Porcien est ainsi rançonné par Rocroi, dont le gouverneur[1] exige une contribution pour le compte de Condé. Elle doit normalement mettre à l’abri les villageois de toute forme de représailles, mais ce n’est pas toujours le cas.


[1] Charles de Montsaulnin, comte de Montal (1619-1696), officier militaire, ami proche du Grand Condé.


Vue de Rocroi par Israël Silvestre.

En outre, certains villages doivent aussi s’acquitter d’un autre tribut « au Hainaut[1] ». Ainsi, le village de La Romagne paie la double contribution : 88 livres pour Rocroi et 120 livres au second. Rocquigny est pareillement taxé et, de plus, il lui faut parfois payer aussi pour récupérer des animaux qui ont été volés dans le village.

Un habitant se plaindra en 1657 auprès de Terwel d’avoir dû se dépouiller de « 240 l.[2] pour rachepter[3] 2 chevaux et remonter 2 cavaliers du régiment de Grandpré[4] pris dans l’églize[5] par ses ennemys[6], à la vendange dernière, qui leur enlevèrent pour 1 000 l.[7] de butin[8] ». Montmeillant paie 44 livres à Rocroi uniquement.


[1] Province des Pays-Bas espagnols.

[2] Livres.

[3] Lire racheter.

[4] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Lire église.

[6] Lire ennemis.

[7] Livres.

[8] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 97-256, page 164 et suivantes, vue 88/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Bois des Potées et Maubert-Fontaine.

Turenne se trouve le 1er juillet au camp de Wasigny[1]. Le 17 octobre 1653, il est au camp de Signy-l’Abbaye[2], et le village de Son[3] est placé sous la sauvegarde des troupes royales.

Mais Lalobbe[4] est pillée, Mainby détruit, La Férée[5] et Fraillicourt[6] incendiés. Draize[7] comme Montmeillant[8] sont désertés. Quant à Maubert-Fontaine[9], il n’y a plus rien, ni habitations ni habitants, dans cette bourgade. Un autre camp est établi à Rumigny.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[5] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[6] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[7] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[8] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[9] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Portrait de Turenne, miniature sur ivoire (anonyme français, XVIIe siècle).

Turenne, renforcé par l’armée du maréchal de La Ferté[1] et Conti qui, lui aussi, s’est rallié au roi, arrive une nouvelle fois à proximité de Rethel (Ardennes). La ville repasse du côté royal[2], et Conti retrouve alors son gouvernement de Champagne. Après cette date, la guerre se déplace sur d’autres lieux, en particulier sur le nord du royaume.


[1] Henri II, duc de La Ferté-Senneterre (1599-1681), militaire français, maréchal de France en 1651.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LN27-90057, Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne (1611-1675 ; vicomte de). Auteur ; Huart, Suzanne d’ (1923-2003). Editeur scientifique ; Archives nationales (France). Éditeur scientifique. Lettres de Turenne [1626-1669], extraites des archives Rohan-Bouillon, Paris : SEVPEN [Service d’édition et de vente des publications de l’Education Nationale], 1971, 677 p., cartes, planches en noir et en couleurs, couverture illustrée, p. 490.


Portrait d’Abraham de Fabert, marquis d’Esternay, maréchal de France, musée de Condé (Chantilly).

Pour pallier les nombreux dégâts subis par la région, le maréchal Fabert[1], gouverneur de Sedan[2], suggère à Mazarin dès 1656 d’établir « une taille réelle », basée sur le cadastre. Cette mesure assurerait une répartition équitable de cet impôt entre les paroisses, d’autant que la vie rurale est complètement désorganisée après tous ces événements.


[1] Abraham (de) Fabert d’Esternay, né à Metz le 11 octobre 1599 et mort à Sedan le 17 mai 1662.

[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Carte pour servir à l’histoire des princes de Condé, tomes III et IV, n° 1.

L’élection de Rethel (Ardennes), tout comme le pays environnant, a vu l’incendie des récoltes ou le saccage sur pied de celles-ci. Le vol et la destruction des charrues entrave l’exploitation des terres. La prise du bétail est également à déplorer, en particulier celle des chevaux et bovins qui servent pour le trait. Il faut y ajouter la disparition des troupeaux d’ovins, dont l’élevage pour le textile rethélois apportait un revenu aux familles.


Terwel est chargé de cette mission et s’en acquitte avec beaucoup de sérieux entre avril et juin 1657. Il doit déterminer la fertilité, l’étendue du terroir labourable : Rocquigny a un « terroir médiocre et mauvais 576 arpents outre quelque vin[1], 188 aux habitants en propre. Prez[2] 269 arpents, 69 aux habitants, le reste à l’églize[3], seigneur et censes. Bois au seigneur 800 arpents [4] ». Celui de Montmeillant est décrit ainsi : « stérile et quantité de vin[5] ».

Affligés de terres infécondes, et surchargés par les taxes, certains habitants en sont réduits à mendier, à manger des racines, à vendre des balais faits avec des branches de bouleau récoltées dans la forêt.


[1] Lire quelques vains, c’est-à-dire des terrains soumis du droit de vaine pâture.

[2] Lire prés.

[3] Lire Eglise.

[4] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 97-256, page 163 et suivantes, vue 87/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].

[5] Lire vains. Ce droit était en usage au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime.


Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/539 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la bataille, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), département des Arts graphiques, numéro d’inventaire L 44 LR/539 Recto, Callot, Jacques (vers 1592-1635). Graveur ; Henriet, Israël. Editeur, Les Grandes Misères de la guerre : la bataille, eau-forte, épreuve du 1er état, 1633, notice descriptive consultable en ligne.

Il dénombre les forêts, les prés, voire des vignobles s’il y en a, ainsi que « les aisances ou usages communs ». Il note le nombre des charrues, des habitations, des habitants.

D’après son décompte, on apprend qu’il ne reste que quatre charrues à Rocquigny, que les habitants sont au nombre de 160, tandis qu’à La Romagne, il n’y a depuis sept ans que « 13 bastiment[1] au village ». C’est dire si ce dernier a subi les affres de la guerre. Montmeillant n’est pas mieux loti avec « pleins mesnages[2] 10 et 8 demy[3] ». Dans l’ensemble, la population des villages a diminué des deux tiers.


[1] Lire bâtiments.

[2] Lire pleins ménages.

[3] Lire demi-ménages.


Terwell insiste sur la pauvreté de La Romagne et des deux autres villages circonvoisins, due à ces fameuses contributions « obligatoires » pour essayer d’échapper au carnage des diverses armées.

Il pointe aussi la baisse de la population. Château-Porcien[1] qui comptait 538 feux en 1628 n’en avait plus que 212 en 1657, alors que Signy-l’Abbaye (Ardennes) en avait aux mêmes dates respectivement 256 contre 76.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


En 1657, pour soulager les habitants, il propose de « tailler les habitants » (c’est-à-dire prélever l’impôt dû au roi) non à 240 livres comme en 1656, mais à 90 livres, Rocquigny à 605 livres au lieu de 760, et Montmeillant à 160 livres au lieu de 240. Cette proposition faite pour de nombreux villages en dit long sur l’état de détresse de ces lieux.


L’Isle de la Conférence (ou île des Faisans), dessin à la plume, sépia.

En 1659, lors de la signature du traité des Pyrénées[1] mettant fin à la guerre contre les Espagnols, et dont nos villageois n’ont eu connaissance que quelques mois plus tard, la contrée est exsangue. Néanmoins, cet acte diplomatique permet de rétablir l’ordre dans la Champagne, exposée depuis plus de cinquante ans à des ennemis de tous bords.


[1] Le 7 novembre 1659 sur l’île des Faisans, à la frontière franco-espagnole.


La pauvreté est si extrême, tant à Rethel (Ardennes) que dans toute la région, que des édiles font appel à plusieurs reprises à la charité du révérend père Vincent, puis à son adjoint le frère Jean Parru, afin qu’elle s’exerce à l’égard des pauvres de la ville.

Tout le secteur est concerné, puisque le « Rethélois et la contrée voisine du Porcien avaient été complètement ravagés en 1649 par les Espagnols et les Suédois, puis au printemps de 1650 par des Polonais au service du roi de France, pendant l’été par Turenne au service de la Fronde »[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, PERH2 9, Brétaudeau, Léon (prêtre de la mission). Auteur, « Les Œuvres de Saint Vincent de Paul dans le Rethélois » in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, pages 5-38, page 7 et suivantes, vue 9/199 et suivantes, consultable en ligne [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Ce que confirme Armand Picard[1], qui écrit que « Les habitants ne survécurent que grâce à des aides extérieures et à l’action bienfaisante des missionnaires de monsieur Vincent[2] qui organisèrent ravitaillement et secours[3]. »


[1] Intérimaire en pharmacie et érudit local (1860-1947), habitant de Wasigny (Ardennes).

[2] Vincent de Paul, né le 24 avril 1581 à Pouy (actuellement dans le département des Landes, en région Nouvelle-Aquitaine) et mort le 27 septembre 1660 à Paris (actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la métropole du Grand Paris).

[3] Archives départemental des Ardennes, 1J 21-3 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 21 = histoire du Porcien, dons Didion et abbé Henry, novembre 1949, pièce 1J 21-3, Rocquigny, notes historiques par Armand Picard (1860-1947), 1 cahier].


Bataille de Rethel (Ardennes), 1650, par Franz Ertinger.

Il faut également être conscient qu’à cette époque les frontières sont totalement aléatoires : elles se déplacent en fonction des traités, et les populations à proximité en subissent les conséquences (Les civils ont été à cette époque les premières victimes de guerre).

Les Ardennes, en tant que théâtre de certains affrontements, ont joué un rôle significatif dans ces conflits du XVIIe siècle : la bataille de Rethel (Ardennes) le 15 décembre 1650 a débouché sur une victoire militaire et politique du royaume de France.

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Le premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne


Portrait de monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire de La Romagne (Ardennes) de 1930 à 1965, photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Portrait de monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire de La Romagne (Ardennes) de 1930 à 1965, photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Monsieur Alcide Cugnart[1], maire de La Romagne de 1930 à 1965, prononce un discours qui célèbre la victoire du 8 mai 1945. Il y évoque l’histoire de la Nation et celle de son village. Ce témoignage historique a été remis par madame Virginie Périn, son arrière-petite-fille[2].


[1] Alcide Joseph Cugnart est né à La Romagne le 13 avril 1897. Il est mort dans ce même village le 5 juillet 1973 à l’âge de 76 ans.

[2] Et petite-fille de madame Colette Cugnart épouse Bertrand.


Il est publié avec son aimable autorisation. Il se présente sous la forme de quatre pages lignées en bleu clair avec une marge rouge, non paginées, dans un bon état de conservation relatif malgré un jaunissement du papier[1] et le pâlissement de l’encre.

Ses pleins et déliés élégants en rendent l’écriture lisible et facilitent le travail de transcription intégrale[2] sous forme d’édition diplomatique[3]. Il présente un intérêt historique et mémoriel indéniable : il est émouvant, quelque quatre-vingts ans après, de partager la première célébration de la libération de La Romagne.


[1] Dû à son acidification.

[2] Dans ce mode, les erreurs et fautes grammaticales sont conservées, contrairement à la transcription intégrale allégée et à la synthèse.

[3] Reproduction la plus fidèle possible.


Jehanne au sacre, statue polychrome en pied de Jeanne d'Arc (vers 1412-1431) par Prosper d'Épinay (1836-1914), marbre, bronze argenté, ivoire, lapis-lazuli, sculpture de 1901 installée en 1909 dans la chapelle Sainte-Jeanne d'Arc de la cathédrale Notre-Dame de Reims.
Jehanne au sacre, statue polychrome en pied de Jeanne d’Arc (vers 1412-1431) par Prosper d’Épinay (1836-1914), marbre, bronze argenté, ivoire, lapis-lazuli, sculpture de 1901 installée en 1909 dans la chapelle Sainte-Jeanne d’Arc de la cathédrale Notre-Dame de Reims.

Sa datation n’est pas explicite. Mais une critique historique externe du texte (dite de véracité) permet d’estimer que la cérémonie s’est déroulée le dimanche 13 mai 1945 : cette déduction se tire d’une remarque de l’édile républicain sur la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme[1].


[1] Cette célébration civile n’est pas à confondre avec la Sainte-Jeanne d’Arc. Dans l’esprit de l’orateur, la libération d’Orléans le 8 mai 1429 par l’héroïne (sans laquelle la France serait devenue anglaise) rejoint la victoire des Alliés le 8 mai 1945 (qui ont permis que la France ne devienne pas allemande).


Page 1 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 1 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

« Mesdames, Messieurs,
 
C’est avec une profonde émotion que je prends la parole pour vous convier à célébrer officiellement la victoire[1].


[1] Le maire de La Romagne écrit le mot soit avec une minuscule, soit avec une majuscule. La typographie originale a été respectée.

Début du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

La 14e DI (division d’infanterie) a eu à partir de janvier 1940 Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952) alias Dequesne pour commandant historique : il a réussi à contrer trois fois en mai-juin 1940 la Wehrmacht, qui cherchait à franchir l’Aisne du côté de Rethel (Ardennes). Il a été compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France à titre posthume. Sa notice biographique est consultable en ligne sur le site du musée de l’Ordre de la Libération (Paris).

La Victoire ! Quel beau nom et comme il résonne agréablement à nos oreilles !
 
C’est qu’il engendre pour tous les Français bien des joies et pour nous Ardennais, il fait disparaître bien des anxiétés !

Passage sur les Ardennes, issu du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Des joies car c’en est terminé de la guerre atroce, de la guerre totale[1] que nous avaient imposée nos ennemis. Le Cessez le feu[2] a sonné sur tous les fronts et le calme bienfaisant règne après le fracas de la bataille.


[1] Une guerre totale est un conflit qui mobilise à la fois les États, les économies et les sociétés.

[2] Lire cessez-le-feu, selon l’Académie française. L’Allemagne signe la reddition sans condition le 7 mai 1945 à Reims (Marne). La suspension des hostilités doit intervenir le lendemain. Une nouvelle signature a lieu à Berlin (Allemagne) le 8 mai. Une différence de fuseau horaire explique que les Russes, eux, célèbrent le jour de la Victoire le 9 mai à Moscou, alors en URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) et aujourd’hui dans la fédération de Russie.


Vidéo La Garde républicaine – Rhin et Danube, musique militaire, marche officielle de la 1e armée française, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – chanson française.

Nous ne tremblerons plus pour nos fils partis dernièrement, enrôlés dans les rangs de la 1ère armée française[1] reconstituée. Ils vont monter la garde en Allemagne[2] et faire flotter nos trois couleurs victorieuses sur les bords du Rhin et du Danube[3].


[1] Premier et première s’abrègent plutôt en 1er et 1re, selon l’Académie française. La 1re armée française est le nom donné aux unités militaires placées sous les ordres du général Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952).

[2] Cette armée, qui comprend alors l’ensemble des forces armées françaises engagées en Allemagne, est sous commandement français. La 2e DB reste, elle, sous autorité américaine.

[3] « Rhin et Danube » est le surnom donné à la 1re armée à la suite de ses victoires remportées le long de ces fleuves entre le 31 mars et le 26 avril 1945.


Nos prisonniers et déportés rentrent petit à petit. Je suis infiniment heureux de voir que la moitié d’entre eux ont[1] retrouvé leur foyer, leur famille et que malgré les privations, les souffrances morales de l’exil trop long, ils nous sont revenus en général en bonne santé.


[1] Lorsque le sujet est un nom de fraction suivi d’un complément, le verbe s’accorde soit avec le nom de fraction, soit avec son complément. « La moitié des utilisateurs est satisfaite ou sont satisfaits. »


Nous attendons impatiemment ceux qui ne sont pas là aujourd’hui[1] pour fêter avec nous la victoire et nous souhaitons qu’ils nous reviennent tous sans tarder, joyeux d’être enfin libérés et de retrouver la France et leur cher petit village[2].


[1] Marceau Lelong, Paul Macquin, Remi Macquin, Léon Marandel, Henri Marquigny, Gaston Mauroy, Marcel Mauroy, Gaston Quentin, Robert Quentin sont rapatriés entre le 23 et le 30 mai 1945.

[2] Le maire se souvient sans doute ici du poème Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage de Joachim du Bellay : « Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village / Fumer la cheminée, et en quelle saison, / Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, / Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? »


Page 2 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 2 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Oui, nous ne sommes plus anxieux pour l’avenir immédiat ! Adieu cette pensée qui nous obsédait alors que la nostalgie de la petite patrie nous avait, au mépris des dangers et de l’incertitude du lendemain, fait rentrer dans notre chère commune[1] !


[1] Référence à la dispersion des Romanais lors de l’exode, et aux difficultés du retour liées aux complications administratives pour obtenir des autorisations des autorités allemandes.


Si l’Allemagne avait été victorieuse, nos Ardennes ne seraient pas restées françaises[1] et nous aurions dû encore nous exiler, quitter à tout jamais nos champs, dire adieu à nos horizons familiers et aimés.

[1] Le maire rappelle le traumatisme causé par trois guerres successives : Les Ardennes ont été occupées par l’armée prussienne à partir du mois de septembre 1870, par les Allemands du 29 août 1914 au 11 novembre 1918, et enfin par le Troisième Reich dès 1940.

Passage sur les Ardennes, issu du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Musée de l'Ordre de la Libération (Paris), numéro d'inventaire D1946.1.1, Collier de grand maître de l'Ordre de la Libération, œuvre réalisée par Gilbert Poillerat (1902-1988), orfèvre, décorateur et maître-ferronnier d’art français, remise le 31 août 1947 au général de Gaulle (1890-1970), fondateur et grand maître de l’Ordre de la Libération, image consultable en ligne.
Musée de l’Ordre de la Libération (Paris), numéro d’inventaire D1946.1.1, Collier de grand maître de l’Ordre de la Libération, œuvre réalisée par Gilbert Poillerat (1902-1988), orfèvre, décorateur et maître-ferronnier d’art français, remise le 31 août 1947 au général de Gaulle (1890-1970), fondateur et grand maître de l’Ordre de la Libération, image consultable en ligne.

Et si maintenant nous ne tremblons plus pour notre destinée, c’est grâce à nos vaillants alliés, c’est grâce à notre grand chef le Général de Gaule[1], comparable à notre Jeanne d’Arc nationale que nous honorons également aujourd’hui[2]. Tous deux ont toujours eu foi en la Victoire.


[1] Lire général de Gaulle. Le militaire, résistant, homme d’État et écrivain français (1890-1970) a été chef de la France libre, commandant des FFL (Forces françaises libres), président du gouvernement provisoire, fondateur et grand-maître de l’Ordre de la Libération.

[2] Cette mention permet de dater précisément le jour où le discours a été prononcé. D’un point de vue religieux, Jeanne d’Arc a été canonisée le 16 mai 1920, et sa fête religieuse fixée au 30 mai, jour du bûcher de Rouen, en 1431. Sa fête nationale est fixée au 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans en 1429. Par une loi du 10 juillet 1920, la République décide que le deuxième dimanche de mai sera choisi pour la fête patriotique et nationale. En 1945, il tombe le dimanche 13 mai.


Page 3 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 3 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

De Gaule[1] d’abord à la tête de quelques Français qui comme lui n’ont jamais désespéré de notre redressement, a vu, à son appel[2], grossir les rangs des braves qui sous les ordres de Leclerc[3] et de Tassigny[4], ont débarqué en Normandie[5]et[6], à Marseille[7] et en une marche victorieuse et triomphale libéré notre Alsace[8], franchi le Rhin[9], planté notre drapeau à Ulm[10] et à Bertchesgaden[11], le repaire de Hitler.


[1] Lire De Gaulle.

[2] Le 18 juin 1940. Il est une réponse au discours radiophonique du 17 juin 1940 par le maréchal Pétain.

[3] Philippe Leclerc de Hautecloque (1902-1947), alias Leclerc, compagnon de la Libération par décret du 6 mars 1941, membre de la Résistance AEF [Allied Expeditionary Force] et du Conseil de défense de l’Empire, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France le 23 août 1952 à titre posthume.

[4] Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952) alias Dequesne, compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944, élevé à la dignité d’Etat de maréchal de France à titre posthume.

[5] Un tapis de bombes tombe dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 pour préparer le débarquement de Normandie (opération Neptune) le 6 juin 1944 (Jour J, ou D-Day en anglais), première journée de la bataille de Normandie (Operation Overlord).

[6] La conjonction de coordination a été biffée et remplacée par une virgule.

[7] La bataille de Marseille du 21 au 28 août 1944 a conduit à sa libération.

[8] La libération de Strasbourg s’est effectuée le 23 novembre 1944, celle de Colmar le 2 février 1945.

[9] Le 31 mars 1945, le franchissement du Rhin à Spire et Germersheim (Land de Rhénanie-Palatinat) par la 1re armée française lui permettent une entrée en Allemagne.

[10] Le 24 avril 1945.

[11] Lire Berchtesgaden, commune des Alpes bavaroises (Allemagne). Situé dans le quartier Obersalzberg, le Berghof était la résidence secondaire d’Adolf Hitler. Il a été détruit par un bombardement aérien le 25 avril 1945. Il n’a aucun rapport avec la Kehlsteinhaus, surnommé le « nid d’aigle ». Cette dernière n’est d’autre part pas une maison de thé, contrairement à une autre erreur : il s’agit d’une confusion avec le Teehaus am Mooslahnerkopf, qu’aimait fréquenter le Führer. La Wolfsschanze (« tanière du loup ») était quant à elle le quartier général d’Hitler à Gierłoż (Görlitz en Prusse-Orientale), dans le comté de Kętrzyn (Pologne).


La deuxième division blindée, surnommée 2e DB ou « division Leclerc », car commandée par le général Philippe Leclerc de Hautecloque (1902-1947), alias Leclerc, a débarqué en Normandie, à Utah Beach (Saint-Martin-de-Varreville), dans le département de la Manche, le 1er août 1944. Sa notice biographique est consultable en ligne sur le site du musée de l’Ordre de la Libération (Paris).

C’est aussi grâce à nos Résistants qui ont grandement contribué au succès du débarquement. A tous nous adressons, avec notre profonde admiration, nos remerciements émus.


Vidéo La Garde républicaine – Chant des partisans, musique militaire, version instrumentale consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – chanson française.

Mais, dans l’allégresse de la Victoire, n’oublions pas ceux qui sont morts pour la défense et la gloire de la Patrie[1], les uns, soldats, broyés glorieusement à leur poste de combat, les autres, civils, tués par la mitraille ou les bombes des sinistres oiseaux du ciel[2], d’autres encore s’éteignant obscurément sur un lit d’hôpital et ceux, héros martyrs[3] auxquels les tortures[4] n’ont pas pu faire desserrer les dents, qui n’ont pas voulu livrer à l’ennemi les noms des admirables patriotes qui ont lutté dans l’ombre[5] pour la délivrance de la France[6].


[1] Lire patrie. La mention honorifique « Mort pour la France » atteste qu’une personne s’est sacrifiée pour elle.

[2] Le maire de La Romagne fait ici allusion aux bombardiers allemands, dont le Stuka ou Sturzkampfflugzeug (avion de combat en piqué).

[3] Allusion aux combattants, héros et martyrs de la Résistance.

[4] Le 22 mars 1944, Pierre Brossolette s’est suicidé pour ne pas parler. Dans la nuit du 17 au 18 juin 1940, Jean Moulin a tenté de se trancher la gorge, jugeant qu’il risquait de céder.

[5] Le roman L’Armée des ombres de Joseph Kessel a paru en 1943 à Alger. Il raconte le quotidien de la Résistance française.

[6] Les « grands » de la Résistance ont autant droit aux honneurs que les « soutiers de la gloire », selon l’expression de Pierre Brossolette lors de son discours à la BBC, le 22 septembre 1942 : le maire de La Romagne pense ainsi aux jeunes résistants de la Romagne (André Barré, Robert Carbonneaux, Raymond Didier, Raymond Ravignon).


« Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes

Ni l’orgue ni la prière aux agonisants

Onze ans déjà que cela passe vite onze ans

Vous vous étiez servis simplement de vos armes

La mort n’éblouit pas les yeux des partisans »

Strophes pour se souvenir par Louis Aragon (1897-1982) dans Le Roman inachevé, Paris : éditions Gallimard, 1956.

Ils sont tous dignes d’une éternelle reconnaissance parce que tous ils ont offert sans compter tout ce qu’ils pouvaient offrir, leur jeunesse, leurs forces, leurs joies, leurs espérances, leur sang et leur vie.


Vidéo Il y a 80 ans : l’appel du 18 juin, extrait consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Élysée, la page officielle de la Présidence de la République française. [Nota bene : l’enregistrement original de l’appel du 18 juin 1940 ayant rapidement disparu, c’est en réalité le passage radiophonique du général de Gaulle (1890-1970) à la BBC le 22 juin 1940 qui est souvent diffusé. La version filmée date, elle, du 2 juillet 1940.]

Ils sont morts, mais leur âme survit en nous et nous dicte notre devoir : l’Union[1].


[1] Le 13 novembre 1945, l’Assemblée nationale élit le général de Gaulle président du gouvernement de la République française. Ce dernier constitue le 21 novembre un gouvernement d’union nationale.


Page 4 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
Page 4 du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Pour que la volonté française de paix[1] puisse s’imposer au monde, il faut resserrer les liens qui unissent tous les fils de notre beau pays.


[1] La capitulation allemande a permis un cessez-le-feu et a constitué un armistice, mais non un traité de paix. De nombreuses conférences internationales sur la paix et la sécurité en Europe ont donc été organisées.


L’union totale, étroite, généreuse entre tous est la condition essentielle de notre redressement[1], de notre sécurité future[2] et du salut de la France[3].


[1] Le 5 juin 1947, à Harvard, le général George Catlett Marshall (1880-1959), secrétaire d’État du président Harry Truman, annonce un programme d’aide au développement, connu depuis comme « plan Marshall ». Les Européens mettent en place le 16 avril 1948 l’OECE (Organisation européenne de coopération économique).

[2] Les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 créent la Sécurité sociale.

[3] Le discours étant prononcé le jour de la fête nationale de Jeanne d’Arc, ce « salut » peut être entendu à la fois dans un sens « patriotique » et selon une acception « théologique ». D’après la lettre apostolique du Pape Pie XI Beata Maria Virgo in cælum assumpta in gallicæ, énoncée le 2 mars 1922, « Notre-Dame de l’Assomption est proclamée patronne principale de la France, et sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire ».


Vidéo Charles de Gaulle – extrait du discours du 25 août 1944 à Paris, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – livre audio.

Je termine en vous invitant tous à venir lever votre verre à la prospérité de notre France éternelle[1].


[1] Cette idée est chère au général de Gaulle, qui l’a pour cette raison mise en avant dans son discours du 25 août 1944 : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »

Réflexion sur la grandeur de la France, issue du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).

Vidéo La Garde républicaine ; François-Julien Brun – La Marseillaise, musique militaire, hymne national de la République française, version consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne BnF collection sonore – World Music.

Mais avant je désirerais que, sous les plis de nos trois couleurs, nous chantions en chœur une fervente Marseillaise[1].
 
Vive la France ! »


[1] La Marseillaise a été décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention. Sous le régime de Vichy (1940-1944), elle a été remplacée par le chant Maréchal, nous voilà ! Les constitutions de 1946 et de 1958 réaffirment La Marseillaise comme hymne national.

Fin du premier discours de la victoire du 8 mai 1945 à La Romagne (Ardennes) par monsieur Alcide Cugnart (1897-1973), maire du village de 1930 à 1965 (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Virginie Périn).
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La Romagne et les curés de son église


Monseigneur Antonio Barberini, 91e archevêque de Reims, de 1657 à 1671.
Monseigneur Antonio Barberini, 91e archevêque de Reims, de 1657 à 1671.

Parmi ceux qui ont exercé leur ministère dans cette paroisse, on peut citer vers 1663 F. Prony[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Remi[1] Bayen, prémontré de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine, est probablement curé de La Romagne entre 1663/1664 et 1665, après avoir été à La Hardoye (Ardennes) puis à Rocquigny (Ardennes).


[1] Saint Remi (sans accent) est l’un des patrons du diocèse de Reims.


Pierre Le Heutre, né vers 1636 dans le diocèse, est ordonné en 1660 à presque 25 ans. Il est le curé du village pendant dix-sept ans de 1665 à 1682. Quoique son nom n’apparaisse pas, c’est sûrement lui qui est affecté à ce lieu[1] en 1665, alors que la paroisse de Montmeillant (Ardennes) était « abandonnée » et son église « en très mauvais état ».


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252, page 213 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Monseigneur Charles-Maurice Le Tellier, 92e archevêque de Reims, de 1671 à 1710.
Monseigneur Charles-Maurice Le Tellier, 92e archevêque de Reims, de 1671 à 1710.

Nicolas Jouvant, né à Reims (Marne) vers 1656, est ordonné en 1682. Il est nommé ensuite pour quelques mois à La Romagne et, fait curieux, avant son ordination. Cependant, ce cas n’est pas exceptionnel en Champagne, puisque monseigneur Le Tellier attribue souvent des « titres de paroisse » avant que le titulaire ait « reçu la prêtrise[1] ».

Ces nominations sont « maintenues comme exactes ». Cet ecclésiastique est affecté peu de temps après son ordination à la cure de Saint-Jean-aux- Bois (Ardennes) puis à Chémery (Ardennes). Il est nommé doyen rural jusqu’en 1719 et décède en 1734. Il est alors curé d’Aÿ[2] (Marne).


[1] Archives  départementales  des Ardennes, 1J  128-1 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 128 = papiers de l’abbé Emile Bouchez, le clergé des Ardennes en 1789 et sous la Révolution (don de monseigneur Leflon, janvier 1961, entrée 421), pièce 1J 128-1 = répertoire alphabétique des curés et vicaires de l’ancien diocèse de Reims d’après les archives diocésaines, 1663-1791, registre de 173 pages].

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, quarante-quatrième année, n° 3 du samedi 21 janvier 1911, page 35, vue 40/847, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Nicolas Lambinet, originaire de Brieulles-sur-Meuse (Meuse), où il est né vers 1643, est le curé du village de septembre 1682 au 27 juin 1686, avant de rejoindre la cure de Lametz (Ardennes) jusqu’au 1er janvier 1713.


Adrien Desjardins remplit un court intermède d’une dizaine de mois. Ce prêtre, venu de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine (Ardennes) où il est sous-prieur[1], rejoint Rubigny (Ardennes) en février 1687 où il décède le 13 août 1697 [2].


[1] Religieux qui supplée le prieur.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, quarante-cinquième année, n° 20 du samedi 18 mai 1912, page 243, vue 260/900, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Les lettres patentes du roi en forme d'édit du mardi 29 avril 1664 ordonnent que les bulles des papes Innocent X et Alexandre VII seront publiées dans tout le royaume.
Les lettres patentes du roi en forme d’édit du mardi 29 avril 1664 ordonnent que les bulles des papes Innocent X et Alexandre VII seront publiées dans tout le royaume.

Nicolas Norbert Dehaulme, né vers 1653, occupe la cure pendant quinze ans, du 31 mars 1688 jusqu’en octobre 1703, et se dévoue à sa paroisse. C’est à l’origine un religieux du couvent de Chaumont-la-Piscine (Ardennes). Lorsque son ministère romanais prend fin, il y retourne, comme cela se passe assez souvent pour les moines réguliers.


Le testament d'Hubert Terlot est signé par le curé de La Romagne, Louis Pottin, qui assiste ses paroissiens sur le plan matériel et spirituel. Archives départementales des Ardennes, G 238 [série G = clergé régulier avant 1790, articles G 92 à 272 = églises paroissiales et leurs fabriques], cote concernant les églises de Rocquigny, La Romagne, Romance (Saint-Pierre), les constitutions de rentes, dons et legs, les déclarations de biens 1611-1788.
Le testament d’Hubert Terlot est signé par le curé de La Romagne, Louis Pottin, qui assiste ses paroissiens sur le plan matériel et spirituel. Archives départementales des Ardennes, G 238 [série G = clergé régulier avant 1790, articles G 92 à 272 = églises paroissiales et leurs fabriques], cote concernant les églises de Rocquigny, La Romagne, Romance (Saint-Pierre), les constitutions de rentes, dons et legs, les déclarations de biens 1611-1788.

Louis Pottin passe trente-six ans à La Romagne, de sa nomination vers 1705 jusqu’à sa mort à l’âge de soixante et onze ans environ, le 22 octobre 1740. Tout au long de son sacerdoce, il s’implique dans les diverses tâches auprès de ses paroissiens, tant spirituelles que matérielles.

Ses obsèques sont célébrées par le prieur-curé de Givron (Ardennes) en présence de R. Chanveaux, curé-doyen de Rethel (Ardennes), de Jean-Baptiste Le Roy (maître d’école), Antoine Leblanc et François Merlin.


Jean Maquet lui succède pour un temps très court : neuf mois, du 7 novembre 1740 au 14 août 1741.


Le haut lieu du jansénisme est Port-royal-des-Champs, Abbaye de (Yvelines, France). Museum Catharijneconvent (Utrecht, Pays-Bas), numéro d’inventaire OKM s19, anonyme (école française de peinture), Vue sur l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, peinture à l'huile, canevas, 1e moitié du XVIIIe siècle, vers 1764, notice descriptive consultable en ligne.
Le haut lieu du jansénisme est Port-royal-des-Champs, Abbaye de (Yvelines, France). Museum Catharijneconvent (Utrecht, Pays-Bas), numéro d’inventaire OKM s19, anonyme (école française de peinture), Vue sur l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, peinture à l’huile, canevas, 1e moitié du XVIIIe siècle, vers 1764, notice descriptive consultable en ligne.

François-Jean Bataille, de l’ordre des prémontrés, devient le nouveau titulaire de la cure, du 14 août 1741 jusqu’à sa mort vers août 1747 (les registres paroissiaux entre 1742 et 1753 ont disparu). Il jure avoir « signé les formulaires de foi du pape Alexandre VII qui condamnent le jansénisme ».


Palazzo Barberini (Rome, Italie), numéro d’inventaire 5048, Bernin, Le (1598-1680), Portrait du pape Urbain VIII [Maffeo Barberini], peinture à l'huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1631-1632, huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.
Palazzo Barberini (Rome, Italie), numéro d’inventaire 5048, Bernin, Le (1598-1680), Portrait du pape Urbain VIII [Maffeo Barberini], peinture à l’huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1631-1632, huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.

Depuis le 6 mars 1642, le pape Urbain VIII a porté une condamnation contre les théories de Jansenius[1] contenues dans son livre intitulé Augustinus.

Portrait du pape Innocent X par Diego Vélasquez.
Portrait du pape Innocent X par Diego Vélasquez.

Cette critique théologique est confirmée par une bulle du pape Innocent X le 31 mai 1653, puis par celle d’Alexandre VII le 16 octobre 1656.


[1] Cornelius Jansen.


Walters art museum (Baltimore, Maryland), numéro d’inventaire 37.598, Gaulli, Giovanni Battista (1639-1709) [atelier], Portrait du pape Alexandre VII [Fabio Chigi], peinture à l'huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1667, peinture à l'huile sur canevas, notice descriptive consultable en ligne.
Walters art museum (Baltimore, Maryland), numéro d’inventaire 37.598, Gaulli, Giovanni Battista (1639-1709) [atelier], Portrait du pape Alexandre VII [Fabio Chigi], peinture à l’huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1667, peinture à l’huile sur canevas, notice descriptive consultable en ligne.

En 1661, les évêques de France décident de rédiger un formulaire portant réprobation des doctrines condamnées, et de l’imposer à tous les ecclésiastiques de leurs diocèses. Ces derniers sont contraints de le signer sur-le-champ.

En 1665, le pape Alexandre VII propose de ne pas admettre un élu quelconque à la jouissance d’un bénéfice, sans qu’il lui fût enjoint de souscrire à ce document condamnant expressément l’erreur janséniste. Cette ferme invitation soulève une opposition formidable en Champagne.

Au XVIIIe siècle, monseigneur François I de Mailly, successeur de monseigneur Le Tellier, se montre, lui, très empressé de faire signer ce document par les différents prêtres de son diocèse.

Monseigneur François I de Mailly, 93e archevêque de Reims, de 1710 à 1721.
Monseigneur François I de Mailly, 93e archevêque de Reims, de 1710 à 1721.

Monseigneur Armand Jules de Rohan-Guémené, 94e archevêque de Reims, de 1722 à 1762.
Monseigneur Armand Jules de Rohan-Guémené, 94e archevêque de Reims, de 1722 à 1762.

Philippe Hennezel, prémontré, occupe la cure du 4 septembre 1747 jusqu’à sa mort vers février 1760, à l’âge de cinquante-six ans. C’est un chanoine régulier de l’ordre des prémontrés. Pour ses obsèques, le service religieux est célébré par le curé de Givron (Ardennes), en présence de J.-B. Davaux et du prieur Godart de la Piscine. Il est inhumé au milieu du chœur de l’église.


Monseigneur Charles Antoine de La Roche-Aymon, 95e archevêque de Reims, de 1763 à 1777.
Monseigneur Charles Antoine de La Roche-Aymon, 95e archevêque de Reims, de 1763 à 1777.

Simon Godart, prémontré, après avoir été curé de Givron (Ardennes), reste à La Romagne de février 1760 à 1769, moment où il démissionne. Cette situation ouvre aux « patrons de la cure » la possibilité de désigner un candidat, dont les supérieurs diocésains agréent ou rejettent la candidature après l’avoir examinée.


D’après le registre consulté, il est le seul à avoir démissionné dans ce village, alors que sur la même période de cent trente ans, quatre curés l’ont fait à Rocquigny (Ardennes), et que trois autres ont « résigné », c’est-à-dire qu’ils ont laissé leur paroisse en faveur, généralement, d’un membre de leur famille. Quelles peuvent-être les raisons de ces différences ? A la suite de ce départ, c’est F. Pierron, curé de Montmeillant (Ardennes), qui pourvoit aux besoins de la paroisse.


Joseph Bourdon[1], religieux prémontré né le 6 mai 1728 à Moncourt[2], prend en charge la cure à partir du 12 janvier 1770, après avoir relevé des diocèses de Rouen (Seine-Maritime) et de Laon (Aisne) et être arrivé dans le diocèse de Reims en 1763.

Certains prêtres comme ce curé reçoivent l’extension des pouvoirs, et les « cas réservés », c’est-à-dire tout ce qui regarde la magie, les superstitions et les maléfices[3].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 137 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].

[2] Dans le diocèse de Metz (Moselle).

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Serment de Joseph Bourdon à la Constitution civile du clergé.
Serment de Joseph Bourdon à la Constitution civile du clergé.

Il est toujours présent dans sa paroisse lors des premières années révolutionnaires. Il prête serment à la Constitution civile du clergé le 28 janvier 1791[1], contrairement à certains de ses confrères. Il est redemandé après la Révolution.

Attestation du serment prêté par le curé Joseph Bourdon.
Attestation du serment prêté par le curé Joseph Bourdon.

Il est l’un de ceux pour qui quelques détails physiques sont notés en l’an VI par les autorités du canton de Rocquigny (Ardennes). Il mesure cinq pieds et cinq pouces, soit un peu plus d’un mètre soixante-cinq. Il a le visage et le menton ronds, une grande bouche, des « yeux roux[2] », des sourcils gris. Ses cheveux sont blancs.


[1] Archives départementales des Ardennes, L 1336 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819], délibération du canton de Rocquigny lors de sa séance du 26 avril 1792.

[2] Cette désignation ancienne d’une pigmentation de l’iris n’évoque plus pour nous une couleur précise.


Monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, 96e archevêque de Reims, de 1777 à 1816.
Monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, 96e archevêque de Reims, de 1777 à 1816.

Dans l’enquête menée le 20 novembre 1807, nous apprenons qu’il a alors soixante-dix-neuf ans et qu’il souffre de nombreuses infirmités qui l’empêchent de dire la messe. En outre, il ne peut se servir de sa main droite[1]. Il décède dans sa paroisse, un an plus tard, le 3 juillet 1808[2], après l’avoir servie pendant plus de trente-huit ans.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 142 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 139 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Monseigneur Jean Charles de Coucy, 97e archevêque de Reims, de 1817 à 1824.
Monseigneur Jean Charles de Coucy, 97e archevêque de Reims, de 1817 à 1824.

Pendant quelques années, La Romagne est une annexe de Montmeillant (Ardennes), avant de redevenir une cure à part entière. De ce fait, elle est desservie par le prêtre de cette commune.


Monseigneur Jean-Baptiste de Latil, 98e archevêque de Reims, de 1824 à 1839.
Monseigneur Jean-Baptiste de Latil, 98e archevêque de Reims, de 1824 à 1839.

Jean-Baptiste Mozin naît à Montcy-Saint-Pierre (Ardennes). De sa nomination (quand la Romagne est redevenue pleinement une paroisse) jusqu’à sa mort le 4 janvier 1842 à l’âge de trente-six ans, il demeure dans le village.


Dans une enquête destinée à l’archevêché, on apprend qu’il y vit en compagnie de sa mère et de sa sœur, et qu’il héberge chez lui quelques écoliers. Il bine[1]. Ce qui s’avère plus important, c’est l’opinion qu’il exprime sur ses paroissiens.

Pour lui, quelques-uns sont superstitieux, mais ne sont pas scandaleux. Cent trente font leur devoir pascal. Néanmoins, il reproche à certains d’être trop lents pour faire baptiser leurs enfants. Mais personne ne néglige de les envoyer au catéchisme.


[1] En droit canonique, biner = célébrer deux messes le même jour, généralement dans deux églises différentes.


La Romagne – L'Eglise, carte postale ancienne éditée par Briard, virage sépia.
La Romagne – L’Eglise, carte postale ancienne éditée par Briard, virage sépia.

Simon Noiville, né le 10 février 1816 à Longwé (Ardennes), reçoit une nomination à La Romagne à partir du 20 juin 1842. Il veille à améliorer son église : pour communiquer avec ses paroissiens à partir des années 1870, il a recours à un petit journal, Le Réveil de Signy-l’Abbaye, qui lui sert de bulletin paroissial.

Monseigneur Thomas II Gousset, 99e archevêque de Reims, de 1840 à 1866.
Monseigneur Thomas II Gousset, 99e archevêque de Reims, de 1840 à 1866.

Monseigneur Jean-François Landriot, 100e archevêque de Reims, de 1867 à 1874.
Monseigneur Jean-François Landriot, 100e archevêque de Reims, de 1867 à 1874.

Dès 1883, une plainte est formulée contre lui auprès du préfet[1], car il manque souvent à ses obligations. Le représentant du gouvernement fait remarquer dans sa réponse qu’il est paralysé et qu’il a soixante-huit ans. Il ajoute qu’on ne peut pas insister pour le faire remplacer, car le presbytère est sa propriété et non celle de la commune.

A partir du mois de mars 1884, c’est le vicaire administrateur Renaudin qui signe les actes pour La Romagne. D’autre part, certaines lacunes apparaissent à la lecture des documents religieux de l’église Saint-Jean (la transcription de la sépulture de Céline Millet ou le baptême d’un enfant de la famille Gosset ne sont ainsi pas pris en compte).


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6655, vue 241/503, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6655 = Reims (diocèse) : J à W].


Une croix surmontait autrefois ce monument funéraire. Tombe de l’abbé Simon Noiville au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Une croix surmontait autrefois ce monument funéraire. Tombe de l’abbé Simon Noiville au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le 3 mars 1885, l’abbé Noiville qui, depuis trois ans environ, était frappé par une maladie paralysant son activité intellectuelle et physique, décède[1]. Il était curé de La Romagne et prêtre depuis quarante-trois ans.

Il est inhumé, le 5 du même mois, dans le cimetière du village, en présence de nombreux prêtres des alentours[2] (Le Fréty, Novion, Saint-Jean-aux-Bois, Estrebay, Rubigny, Montmeillant, etc.) mais aussi de ses paroissiens qui rendent un dernier hommage à celui qui avait été leur « guide sûr », leur « ami vrai » et qui avait partagé leurs joies et leurs tristesses pendant cette longue série d’années si mouvementées.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, dix-huitième année, n° 11 du samedi 14 mars 1885, page 123, vue 131/800, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).

[2] Tous les villages cités sont dans l’actuel département des Ardennes.


Georges Victor Grégoire naît le 21 septembre 1857 à Floing (Ardennes). En 1881, il est vicaire à Nouzon (Ardennes), puis il est nommé à Daigny (Ardennes), le 31 octobre 1884. Il y reste peu de temps. Après deux avis dont on ne connait pas la teneur (10 et 28 août 1885), la paroisse lui est confiée, ainsi que celle de Draize (Ardennes). Il y reste jusqu’au 21 mars 1901.

Pour lui, l’état d’esprit des habitants est fort bon : toutes les femmes, les enfants et vingt à trente hommes assistent à la messe du dimanche. Il y a beaucoup de monde à la communion pascale et même aux célébrations en dehors de Pâques. Cet avis ne semble pas concorder avec d’autres échos.


Au cours de ces années, quelques incidents relatés dans Le Petit Ardennais révèlent quelques tensions entre le prêtre et ses paroissiens. Le premier a lieu lors de l’inhumation d’un jeune soldat qui accomplissait son service militaire[1]. Ses camarades de régiment avaient offert une couronne, mais celle-ci n’étant pas du goût du curé, elle aurait été jetée par ce dernier.

Peu de temps auparavant, il s’était déjà signalé en retirant à l’instituteur[2], qui était déjà assez vieux et qui ne pouvait plus chanter à l’église, le droit de sonner les cloches[3].


[1] Il s’agit de Jean-Baptiste Emile Mauroy, fils de Jean-Baptiste Mauroy et de Marie Léonie Lelong, décédé le 8 mars 1895 à Vouziers (Ardennes), où il était en garnison comme cavalier au 5e régiment de cuirassiers.

[2] Ce dernier serait Hippolyte Guérard et aurait été âgé de cinquante-six ans au moment des faits.

[3] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 35, « La Romagne. – Un peu plus de tolérance » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, dix-huitième année, n° 5763, vendredi 5 février 1897, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Monseigneur Benoît Langénieux, 101e archevêque de Reims, de 1874 à 1905.
Monseigneur Benoît Langénieux, 101e archevêque de Reims, de 1874 à 1905.

Il ne s’arrête pas là, puisqu’il s’insurge ensuite contre un mariage qui, pour des raisons familiales, sera finalement célébré à Montmeillant (Ardennes), au lieu de l’être à Draize (Ardennes), qui était sous sa tutelle.

L’auteur de l’article du Petit Ardennais, afin d’insister sur la vénalité de l’ecclésiastique, le soupçonne de mener grand bruit car son casuel s’en trouverait diminué. Il se moque que le curé ait porté cette affaire jusque devant monseigneur Langénieux, son archevêque, ne manquant pas au passage d’insister sur le fait que le mariage religieux n’est qu’une « inutile superfétation[1] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 35, « Montmeillant. – A propos d’un mariage » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, dix-huitième année, n° 5776, jeudi 18 février 1897, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Bien qu’il n’y ait pas eu de suite, le maire s’adresse au préfet le 22 mai 1895 pour demander le déplacement de ce prêtre « qui trouble le pays par sa propagande antirépublicaine [1]».

Cette demande n’aura pas de suite immédiate, mais cela n’empêche pas le préfet de dire en 1904 que cet ecclésiastique est hostile aux institutions. Après La Romagne, il rejoint Sévigny-Waleppe (Ardennes), où il décède le 28 mars 1904.


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6654, vue 425/485, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6654 = Reims (diocèse) : A à I].


Edmond François Bastin, « homme énergique qui a le sens des responsabilités et est animé d’une foi profonde[1] », naît en 1873 à Authe (Ardennes) dans une famille très religieuse qui compte plusieurs prêtres et religieuses.

Il a été formé au petit, puis au grand séminaire de Reims (Marne). Tout d’abord vicaire à Rocroi (Ardennes), il est nommé à La Romagne de janvier 1901 jusqu’en décembre 1912, pour être ensuite muté à la paroisse de Challerange (Ardennes).


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfilm, MFILM 8-LC11-842 (7), Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Église de Reims : vie diocésaine, 89e année, n° 13 (1er avr. 1961) -n° 35 (2 nov. 1968), Reims : Archevêché, 1961-1968, n° 27 du 4 juillet 1964.


Monseigneur Louis-Joseph Luçon, 102e archevêque de Reims, de 1906 à 1930.
Monseigneur Louis-Joseph Luçon, 102e archevêque de Reims, de 1906 à 1930.

Comme ses paroissiens, il part en 1914 pour l’armée, où il est infirmier. Lorsqu’il est démobilisé, il retrouve un village dévasté, dans lequel il reprend son ministère. Lui aussi n’échappe pas aux sarcasmes du correspondant du Petit Ardennais : des pèlerins ayant rapporté à leurs connaissances un flacon d’eau de Lourdes (Hautes-Pyrénées) dite « miraculeuse », ils furent épinglés à travers la création d’un vocabulaire digne de celui de Molière pour dénoncer leur crédulité.

Une analyse pseudo-chimique à caractère satirique de ce liquide en dévoile la « teneur » : six cent vingt-cinq grammes d’eau pure et 0,011 milligramme de sulfate de magnésie. Quant aux autres composants, ils se trouverait en quantité variable de l’acide bétifique, de la crédulose, de la niaisine, du carottate d’argent et de l’attrapure d’or, de l’hypocritine, du cervellate de plomb et du gobe-mouchine[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 58, « La Romagne. – L’eau de Lourdes » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-neuvième année, n° 9856, mercredi 30 septembre 1908, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


L’enquête préliminaire diligentée par l’archevêché auprès des curés des diverses paroisses quelques semaines avant la promulgation de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat est le moyen de connaître la mentalité des paroissiens lors de ce changement, bien que ceux-ci « ne semblent pas croire à la mise à exécution de la loi ».


Pour l’abbé Bastin[1], « Les hommes sont peu portés vers la religion, d’autant qu’il ne s’en trouve que sept qui veulent bien du prêtre au mariage et à la mort. », mais ces derniers « ne viennent pas à la messe chaque dimanche ». « Les femmes sont plus de bonne volonté et résolues. », selon lui.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims, articles 7J 13-28 = contrôle épiscopal, pièces 7J 25 = enquêtes paroissiales, tableaux de l’état des paroisses des archiprêtrés de Notre-Dame de Reims, Charleville, Mézières, Rethel, Rocroi (paroisse de Blombay), Sedan, Vouziers (1905)].


La situation est donc assez confuse. Néanmoins, le curé pense que ses paroissiens réagiront et « pilleront leur porte-monnaie » pour assurer au moins la première année avec 200 à 300 francs de revenu[1]. Cette somme couvrira le lieu de culte, son logement et sa subsistance, quand les fidèles verront « la publication et la réalité de la loi ».

Dans cette même enquête, ce prêtre, qui célèbre les messes aussi à la paroisse de Draize (Ardennes), se montre beaucoup plus pessimiste pour sa situation dans ce village, reprochant à ses paroissiens leur égoïsme et les accusant de « ne vivre que pour eux et pour la terre ».


[1] Mais il émet des doutes pour les années suivantes.


Après la promulgation de la loi de séparation, c’est ce prêtre[1] qui va donc connaître le changement de statut à partir de 1906. C’est une nouvelle occasion pour l’un des journalistes du Petit Ardennais de tourner en dérision cet ecclésiastique, sous le titre ironique « La séparation continue », lors d’une chute à bicyclette, tandis qu’il descendait à « une vitesse vertigineuse » la côte qui va de Montmeillant (Ardennes) à La Romagne, le laissant ensanglanté sur un tas de pierres que la main de la Providence « avait mis là, fort à propos, pour le recevoir[2] ».


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6654, vue 43/485, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6654 = Reims (diocèse) : A à I].

[2] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 53, « Montmeillant – La Romagne. – La séparation continue » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-septième année, n° 8976, dimanche 8 avril 1906, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/6, consultable en ligne].


Les images mortuaires, distribuées à la famille et aux proches, comportent un contour noir plus ou moins épais et, parfois, une photographie du défunt. C’est le cas pour l’abbé Henri-Emile Régnier, curé de La Romagne (Ardennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
Les images mortuaires, distribuées à la famille et aux proches, comportent un contour noir plus ou moins épais et, parfois, une photographie du défunt. C’est le cas pour l’abbé Henri-Emile Régnier, curé de La Romagne (Ardennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Henri-Emile Régnier, né à Clavy-Warby (Ardennes) le 6 janvier 1863, entre au séminaire en 1880, et est ordonné prêtre en 1887. Il rejoint successivement les cures de Faverolles[1] (Marne) et de Beaumont-sur-Vesle (Marne), puis de Landrichamps (Ardennes), avant d’être nommé à la paroisse de La Romagne en 1912.

Tombe de l’abbé Henri-Emile Régnier au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tombe de l’abbé Henri-Emile Régnier au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il décède le 8 octobre 1923 à la maison de retraite au Dorat (Haute-Vienne). Il est inhumé dans le cimetière paroissial et, chaque année, une messe anniversaire était censée devoir être célébrée pour le repos de son âme.


[1] Aujourd’hui, Faverolles-et-Coëmy.


Jules Pleugers naît le 8 juillet 1895 à Huppays (Belgique). Sa famille s’installe à Chooz (Ardennes), où il passe son enfance. Il étudie au petit séminaire de Vouziers (Ardennes) puis entre au grand séminaire de Reims (Marne). La guerre de 1914 l’empêche de continuer ses études dans ce lieu. Mais il les poursuit à Namur[1], où il est ordonné le 15 août 1919. Il est d’abord nommé vicaire à Rocroi (Ardennes), puis à l’église de Saint-Nicolas de Rethel (Ardennes).


[1] Capitale de la région de la Wallonie, en Belgique.


Monseigneur Emmanuel Suhard, 103e archevêque de Reims, de 1930 à 1940.
Monseigneur Emmanuel Suhard, 103e archevêque de Reims, de 1930 à 1940.

La Romagne est sa première cure en 1923. Il a en charge, en plus du village, les paroisses de Draize (Ardennes) et de Montmeillant (Ardennes).  Il est naturalisé[1] Français le 4 avril 1927. C’est lui qui célèbre la messe à Chaumont-Porcien (Ardennes) pour la fête de Saint-Berthault[2] (le 16 juin 1932) devant une assemblée très nombreuse et en présence de nombreux prêtres venus de Fismes (Marne) et de quelques villages des Ardennes (Mainbressy, Fraillicourt, Chappes, Sery, etc.).


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-5314, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 13e année, n° 1 (1er janv. 1881) 76e année, n° 204 (24/25 août 1944) ; 76e année, n° 74 (8 sept. 1944) n° 303 (31 décembre 2015), cinquante-neuvième année, n° 80 du lundi 4 et mardi 5 avril 1927, décret du mardi 5 avril 1927, page 3823, vue 31/64, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, département Centre technique du livre, 2009-100524.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, soixantième année, n° 28 du samedi 9 juillet 1932, page 282, vue 12/19, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Monseigneur Louis-Augustin Marmottin, 104e archevêque de Reims, de 1940 à 1960.
Monseigneur Louis-Augustin Marmottin, 104e archevêque de Reims, de 1940 à 1960.

Il quitte sa paroisse en 1945, après avoir soutenu ses paroissiens durant la Seconde Guerre mondiale pour rejoindre Bourg-Fidèle (Ardennes) et Sévigny-la-Forêt (Ardennes). Il quitte son sacerdoce en 1969 après la célébration de ses noces d’or sacerdotales, car il est frappé d’une grave maladie. Il décède le 8 janvier 1975 à Charleville (Ardennes)[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfilm, MFILM 8-LC11-842 (7), Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Église de Reims : vie diocésaine, 89e année, n° 13 (1er avr. 1961) -n° 35 (2 nov. 1968), Reims : Archevêché, 1961-1968, numéro du 24 janvier 1975.


Le curé de La Romagne (Ardennes) propose aux habitants du village un théâtre populaire familial. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Le curé de La Romagne (Ardennes) propose aux habitants du village un théâtre populaire familial. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Antoine Godart, né à Linchamps (Ardennes) le 23 octobre 1919, ordonné prêtre le 29 juin 1943, est nommé à La Romagne en 1946. Il y reste jusqu’aux années soixante. Son action spirituelle et humaine est importante.  C’est sous son ministère qu’a lieu la cérémonie de réouverture de l’église.

Programme de deux pièces de théâtre jouées à La Romagne (Ardennes) grâce à l'action du curé Antoine Godart. Rosalie fait du marché noir est une comédie en un acte écrite par Jean des Marchenelles en 1945. Théodore cherche des allumettes est une saynète en un acte de Georges Courteline, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol le 10 octobre 1897. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Programme de deux pièces de théâtre jouées à La Romagne (Ardennes) grâce à l’action du curé Antoine Godart. Rosalie fait du marché noir est une comédie en un acte écrite par Jean des Marchenelles en 1945. Théodore cherche des allumettes est une saynète en un acte de Georges Courteline, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol le 10 octobre 1897. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

La vipère est une pièce en un acte de Jules Mauris, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol en novembre 1920. La Farce des bons saints de glace est une pièce en un acte écrite par Henri Brochet en 1942. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
La vipère est une pièce en un acte de Jules Mauris, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol en novembre 1920. La Farce des bons saints de glace est une pièce en un acte écrite par Henri Brochet en 1942. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Dès 1948, Il fait la demande à la commune d’un terrain, sur lequel on pourrait construire une salle des fêtes et de réunions pour les jeunes gens de la localité. Dans sa séance du 17 février 1948, le conseil municipal accepte cette requête, à condition que l’autorité supérieure[1] donne elle aussi son accord. Le terrain communal proposé est situé près du gué Marquigny. Ce projet ne semble pas avoir abouti.


[1] A savoir le préfet.


Station mariale au carrefour des quatre routes des villages guidés spirituellement par l'abbé Antoine Godart. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Station mariale au carrefour des quatre routes des villages guidés spirituellement par l’abbé Antoine Godart. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On lui doit la construction d’un oratoire dédié à Notre-Dame de Lourdes (Hautes-Pyrénées), érigé en 1949 aux confins des paroisses ardennaises dont il a la charge : La Romagne, Draize, Givron et Montmeillant.

Les initiales correspondent aux trois personnes qui ont participé à la construction de cet oratoire [Vasseur, D. – Vuilmet, Paulin – Albertini, Dominique]. Repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les initiales correspondent aux trois personnes qui ont participé à la construction de cet oratoire [Vasseur, D. Vuilmet, Paulin Albertini, Dominique]. Repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Accueil de monseigneur François Marty au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Au premier rang se distingue André Barré en tenue de pompier.
Accueil de monseigneur François Marty au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Au premier rang se distingue André Barré en tenue de pompier.

Antoine Godart est aussi l’instigateur des journées du congrès eucharistique régional de la Pentecôte le dimanche 5 juin 1960.

Monseigneur Georges Béjot (1896-1987), évêque auxiliaire de Reims (1955-1971), en grand apparat, au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Le concile Vatican II, ouvert le jeudi 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII et clos le mercredi 8 décembre 1965 sous le pontificat de Paul VI, simplifie singulièrement la paramentique (vêtements, coiffes, tentures, ornements utilisés dans les liturgies chrétiennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Monseigneur Georges Béjot (1896-1987), évêque auxiliaire de Reims (1955-1971), en grand apparat, au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Le concile Vatican II, ouvert le jeudi 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII et clos le mercredi 8 décembre 1965 sous le pontificat de Paul VI, simplifie singulièrement la paramentique (vêtements, coiffes, tentures, ornements utilisés dans les liturgies chrétiennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

La Jeanne d'Arc, conduite par l'abbé Antoine Godart, défile à La Romagne (Ardennes) lors de la fête nationale du lundi 14 juillet 1952. Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
La Jeanne d’Arc, conduite par l’abbé Antoine Godart, défile à La Romagne (Ardennes) lors de la fête nationale du lundi 14 juillet 1952. Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Il s’implique beaucoup dans la vie du village, tout d’abord en organisant des rencontres de la JOC[1]. Il anime dans le cadre de l’action catholique la fanfare Jeanne d’Arc, regroupant des jeunes gens des différentes paroisses qu’il supervise. Cette clique[2] fort importante par son effectif masculin décline avec le départ de certains de ses membres, rappelés pour combattre en Algérie. Elle disparaît après le départ de la paroisse de l’abbé.


[1] La Jeunesse ouvrière chrétienne est une association catholique de jeunes ouvriers, située à gauche.

[2] Ensemble des musiciens, tambours et clairons.


Mon gosse (Totò e Marcellino) est un film italien en noir et blanc réalisé par Antonio Musu. Il est sorti en Italie le mardi 22 avril 1958 et en France le mercredi 27 juillet 1960. L’affiche de cinéma apposée sur un mur de La Romagne daterait de cette époque. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Mon gosse (Totò e Marcellino) est un film italien en noir et blanc réalisé par Antonio Musu. Il est sorti en Italie le mardi 22 avril 1958 et en France le mercredi 27 juillet 1960. L’affiche de cinéma apposée sur un mur de La Romagne daterait de cette époque. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Il propose aussi des séances de cinéma aux enfants après le catéchisme, ou aux adultes en fin de semaine. Il monte en 1947 les Bons Loisirs[1], une troupe de théâtre où se retrouve une grande partie des jeunes du village, et qui donne parfois une représentation.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1430 W 25 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Lorsqu’il quitte La Romagne, il est nommé à Ville-Dommange (Marne). Il se retire de sa mission curiale le 1er septembre 1995. Il décède le 11 mars 2002 à Reims (Marne).


Pierre Médéric Buché, curé de La Romagne (Ardennes) en soutane, surplis et barrette.
Pierre Médéric Buché, curé de La Romagne (Ardennes) en soutane, surplis et barrette.

Pierre Médéric Buché, originaire de Reims (Marne), où il naît le 29 août 1922, est ordonné prêtre le 22 mars 1947. Il devient le nouveau curé de La Romagne tout en l’étant également à Maranwez (Ardennes) du 6 août 1960 jusqu’au 5 août 1967, date à laquelle il rejoint le district de Verzenay (Marne). Après sa retraite, il vit au presbytère de ce village et décède le 10 juin 2010 à Reims (Marne).

Cérémonie religieuse à La Romagne (Ardennes) célébrée par Pierre Médéric Buché et des ecclésiastiques des environs.
Cérémonie religieuse à La Romagne (Ardennes) célébrée par Pierre Médéric Buché et des ecclésiastiques des environs.

Manuscrit d'un poème chrétien rédigé pour La Romagne (Ardennes) par le curé de sa paroisse, Henri Gaston Leromain. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Brigitte Alliot.
Manuscrit d’un poème chrétien rédigé pour La Romagne (Ardennes) par le curé de sa paroisse, Henri Gaston Leromain. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Brigitte Alliot.

Henri Gaston Leromain[1], né le 28 octobre 1929, est originaire de Cheveuges (Ardennes). Il se forme au chant grégorien à l’Institut catholique. Il porte la responsabilité de la paroisse du 5 août 1967 jusqu’en 1973. Il est ensuite nommé sur le secteur pastoral de l’Argonne[2] puis en 1977 à Saint-Remi de Charleville (Ardennes). Il est prêtre auxiliaire au service du district de cette ville le 1er septembre 1996. Il décède le 29 mars 1998 à Reims (Marne).


[1] Archives diocésaines de Reims-Ardennes, fonds en cours de classement, Breve, seu Ordo divini officii recitandi, années 1837 à 1970.

[2] Région naturelle de la France, qui couvre la Marne, les Ardennes et la Meuse.


Paul Dubois-Matra, né le 28 juin 1933 à Reims (Marne), lui succède. Jusqu’à sa nomination à La Romagne, il s’occupe du secteur pastoral du Vallage[1], et appartient à l’équipe pastorale de Vouziers (Ardennes).

Lors de la séance du conseil municipal le 12 juin 1984, la commune se propose de participer à la cérémonie organisée à Chaumont-Porcien (Ardennes) le 1er juillet 1984 pour fêter son jubilé. Il reste jusqu’au 9 octobre 1988.

C’est à ce moment que la municipalité est informée par l’archevêché qu’il n’y aura plus de desservant à demeure à La Romagne.

Par la suite, il devient responsable du secteur Thiérache Nord à Signy-le-Petit (Ardennes). Il rejoint la cure d’Asfeld (Ardennes) le 1er septembre 1997, et décède dans ce bourg le 16 septembre 2000.


[1] Région de l’Est de la Champagne.


L'abbé Buché, curé de La Romagne (Ardennes), entouré d'enfants de chœur du village et des paroisses environnantes.
L’abbé Buché, curé de La Romagne (Ardennes), entouré d’enfants de chœur du village et des paroisses environnantes.

Le sacerdoce de ces prêtres, et la foi qui anime leurs familles, font probablement naître des aspirations religieuses parmi les Romanais. Plusieurs sont ainsi entrés dans les ordres.


Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Pierre Thomas Antoine de Boucher, né le 7 mars 1734 à La Romagne, fils de messire Paul de Boucher, seigneur d’Avançon (Ardennes) et de Marie-Thérèse Devie, devient curé de Poix (Marne), avant de permuter pour la cure d’Avançon (Ardennes).


Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant la grille de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant la grille de l’église
Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Jean-Louis Bienfait, fils de François Bienfait et de Marie Catherine Trippier, né le 29 novembre 1796 à La Romagne, devient prêtre à Sauville (Ardennes) et s’éteint dans cette commune le 28 septembre1859.


Messe et cérémonie publique sur la place de La Romagne (Ardennes).
Messe et cérémonie publique sur la place de La Romagne (Ardennes).

Victor Devie, fils d’Alexandre Auguste Devie et de Marie-Charlotte Fréal, né le 27 février 1805 à La Romagne, est également prêtre. Il pratique à Pomacle (Marne), Bazancourt (Marne), Blanchefosse[1] (à partir de 1865) et décède le 7 novembre 1886 à Reims (Marne).


[1] Blanchefosse a depuis fusionné avec la commune de Bay pour former la commune de Blanchefosse-et-Bay (Ardennes).


Jean-Baptiste Apollinaire Lantenoy[1], fils de Jean-Pierre Lantenoy et de Jeanne Marie Hamel, né le 8 janvier 1818 à La Romagne. Ordonné prêtre, il officie à Revin (Ardennes) comme vicaire, puis Vaux-lès-Mouzon (Ardennes), Joigny[2] à partir du 22 octobre 1849, Banogne[3] et Saint-Fergeux (Ardennes), où il est nommé le 12 octobre 1862, et où il décède le 21 novembre 1873.


[1] Lantenois.

[2] Probablement Joigny-sur-Meuse (Ardennes), jumelée avec Joigny (Yonne) depuis le vendredi 25 juin 2004.

[3] Correspond aujourd’hui à Banogne-Recouvrance (Ardennes).


Par ce testament, Marie-Eugénie Devie fait don de sa maison pour la création d'une école à La Romagne (Ardennes).
Par ce testament, Marie-Eugénie Devie fait don de sa maison pour la création d’une école à La Romagne (Ardennes).

Marie-Eugénie Devie, sœur de Marie-Esther Devie, née le 3 septembre 1833, décède le 10 septembre 1864, alors qu’est religieuse de la communauté de L’Enfant Jésus. Elle lègue ses biens pour la création de l’école des filles de La Romagne.


Sœur Hélène en cornette. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Denise Flament-Legros, transmise par madame Marie-Paule Vergneaux.
Sœur Hélène en cornette. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Denise Flament-Legros, transmise par madame Marie-Paule Vergneaux.

Marie-Jeanne Eudoxie Devie, fille d’Alexandre Auguste Devie et de Jeanne Catherine Patoureaux, née le 14 décembre 1836 à La Romagne, entre en religion sous le nom de sœur Hélène. Elle est hospitalière à l’hôpital Lariboisière puis à Saint-Louis, avant de décéder à Paris en 1905.


Marie-Esther Devie, fille de Jean Baptiste Devie et de Marguerite-Virginie Devie, née le 5 mai 1838 à La Romagne, décède à Reims le 30 juillet 1861, alors qu’elle est novice au monastère de la congrégation des sœurs de la Divine Providence.


Monseigneur François Marty, 105e archevêque de Reims, de 1960 à 1968. La mutation culturelle et sociale qui touche la société cette année-là affecte aussi l'Église.
Monseigneur François Marty, 105e archevêque de Reims, de 1960 à 1968. La mutation culturelle et sociale qui touche la société cette année-là affecte aussi l’Église.

Malgré ces vocations romanaises, La Romagne n’a plus de curé attitré. La paroisse se voit partagée avec d’autres : elle est confiée à l’abbé Jean-Marie Brédy, curé de Rocquigny (Ardennes), qui assure aussi sa mission sacerdotale à Fraillicourt (Ardennes).

Il occupe cette charge jusqu’au 1er septembre 1998. Il est alors nommé aumônier du mouvement des retraités. Il décède le 1er décembre 2008 à Nouvion-sur-Meuse (Ardennes).

La fin du 20e siècle est marquée par une crise religieuse. Les curés ont désormais à s’occuper de plusieurs paroisses. Il ne peuvent le faire qu’en étant secondés par des clercs comme cela est courant pour les obsèques. Les ecclésiastiques doivent compter de plus en plus sur le laïcat…

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Les marguilliers et la fabrique de La Romagne avant la Révolution


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823889NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823889NUC2A.

Pour la vie paroissiale, le curé est en étroite relation avec le maire, les échevins, mais aussi avec la fabrique. Ce terme désigne à l’origine la construction d’une église. Le sens évolue vers le temporel d’une paroisse, c’est-à-dire ses biens et ses revenus, puis l’assemblée chargée de les gérer.

Cette dernière se compose de laïcs, appelés marguilliers ou fabriciens selon leur statut. Ils sont désignés ou élus pour un an par les paroissiens, au moment de Noël. Ils doivent normalement savoir lire et écrire. Ils sont souvent choisis parmi les laboureurs aisés.


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823883NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823883NUC2A.

A La Romagne, il peut y avoir deux marguilliers : le premier est en charge des affaires, tandis que le second (appelé marguillier des trépassés) s’initie aux affaires de la paroisse, avant de les gérer pleinement l’année suivante. Le choix d’un habitant pour remplir cette fonction est « une preuve que la personne est en estime de probité[1] ».

Les deux laïcs doivent assurer la responsabilité de la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à l’entretien, aux réparations de l’édifice et au mobilier de la paroisse : argenterie, luminaires, ornements.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9747647, page non paginée, vue 1/16, consultable en ligne sur Gallica, Lettres patentes pour contraindre les marguilliers et paroissiens de rendre conte des dons et revenus de leur église, par devant MM. les évesques, archidiacres et officiaux, ou leurs commis et vicaires. Avec l'extraict des registres du Grand Conseil du Roy, Paris : A. Estiene, 1620, in-8°, 14 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-46939 (10).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9747647, page non paginée, vue 1/16, consultable en ligne sur Gallica, Lettres patentes pour contraindre les marguilliers et paroissiens de rendre conte des dons et revenus de leur église, par devant MM. les évesques, archidiacres et officiaux, ou leurs commis et vicaires. Avec l’extraict des registres du Grand Conseil du Roy, Paris : A. Estiene, 1620, in-8°, 14 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-46939 (10).

Le tout premier marguillier dont on trouve la trace au début du XVIIe siècle est Jean Robin, qui est « constre», c’est-à-dire chargé de rendre les comptes. En 1699, Judin Rifflet exerce à son tour cette charge durant quelques mois[1].

En 1740, c’est Jean Courtois le marguillier de l’église, tandis que le syndic est Louis Lebrun[2] . Ce dernier office est le plus souvent commun à la commune et à l’Eglise, car les gestions civile et religieuse sont étroitement liées.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].

[2] Archives départementales des Ardennes, 7 J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 893.13.1, anonyme (école française de sculpture), Armes de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, calcaire polychrome et doré, XVIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. L'ecclésiastique a écrit des Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 893.13.1, anonyme (école française de sculpture), Armes de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, calcaire polychrome et doré, XVIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. L’ecclésiastique a écrit des Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.

En 1745, en dehors de celles du visiteur et du curé, on trouve parmi les signatures apposées lors de la visite de la paroisse les noms de P. Gagneux, Jean Canon, N. Rifflet, Jean Coutié et François Boudsocq. Puis, en 1783, dans les mêmes circonstances, celles de Pierre Richard Legros (ancien marguillier), François Boudsocq et Davaux. Ces noms sont certainement ceux des membres du bureau de la fabrique[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La location de terrains fournit d’autres recettes. Si le montant des baux n’est pas versé, la fabrique peut introduire un recours contre le mauvais payeur.

Un exemple en est fourni par Jean Hamelin, laboureur, condamné par une sentence du 1er août 1682, rendue en la cour sénéchalière de Reims, pour « n’avoir pas pu ou pas voulu payer 21 livres » représentant le montant de la location de prés à la fabrique de Montmeillant.


Les anciens bancs de l'église Saint-Jean ont été remplacés par des chaises, prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les anciens bancs de l’église Saint-Jean ont été remplacés par des chaises, prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La fabrique tire également des revenus occasionnels de la vente de pommes, mais de plus importants de la vente des bancs de chœur[1] : en 1721, le Prieur Carré et André Sacré, marguillier en service, procèdent à l’adjudication des bancs libres pour un coût variant de « 7 livres pour le premier banc de la droite ou de la gauche à 20 sols[2] la place pour les autres bancs ».

Cette différence de prix permet de mieux comprendre la hiérarchie économique du village, sachant que les places les plus près de l’autel sont les plus chères. D’autre part, il est à remarquer que, quelle que soit la place de la famille dans le village, il n’est à aucun moment question des femmes.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 2 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, 1713-1721, actes de baptême, mariage, sépulture], publication de la vente de bancs de chœur, vue 33/34, consultable en ligne.

[2] Soit une livre.


Double Louis d’or au bandeau, 1745, Bayonne (avers ou droit).

Les revenus de la fabrique sont administrés par le marguillier. Celui-ci se charge de la recette et détermine la dépense ordinaire, après avoir demandé le consentement du curé et des principaux habitants qui composent le bureau.  Il doit présenter chaque année les comptes, après avoir veillé à faire rentrer les diverses sommes d’argent.

Or, malgré les ordonnances royales qui stipulent qu’on enjoint aux marguilliers, fabriciens de présenter les comptes des revenus et de la dépense chaque année, ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, en 1745, lors de la visite du vicaire général Zénard Viegen, les comptes de 1743 sont censés être les derniers effectués.

Double Louis d’or au bandeau, 1745, Bayonne (revers).

De même, lors de la succession de Louis Letellier établie par maître Watelier (notaire à Wasigny)[1], ce dernier doit la somme de 28 livres 6 sols et 9 deniers au titre de 1758 (année durant laquelle il a été marguillier).

Cette somme est comptée comme dettes passives dans l’acte notarié qui est dressé après son décès. Dans ce rapport, il est question de « revenus en souffrance ». Quelque trente ans plus tard, le problème est le même : en 1774, 600 livres et quelques sols sont dus à la fabrique, alors que « le revenu annuel de celle-ci est d’environ 200 livres[2] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, 3E35 499 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E35/1-613 = archives notariales de Wasigny].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Double louis d'or au buste habillé, 1783, Bordeaux (avers ou droit).
Double louis d’or au buste habillé, 1783, Bordeaux (avers ou droit).

Le curé note que « l’on ne fait pas les diligences nécessaires pour faire payer les personnes qui sont redevables à la fabrique », que certaines dettes « remontent à plus de 10 ans », que « certains sont aujourd’hui insolvables » et que les marguilliers en charge « ne veulent pas agir ».

A la suite de ces remarques, le curé écrit en conséquent au procureur fiscal de La Romagne. L’intervention se révèle efficace car, en 1783, il n’est plus question de dettes à l’égard de la fabrique et « les comptes sont rendus exactement ».


Louis d'or aux palmes, 1774, Paris (avers ou droit), représentant le buste du roi Louis XVI à gauche, en habit de cour, avec un jabot de dentelle, les cheveux noués sur la nuque par un ruban, et décoré de l'Ordre du Saint-Esprit.
Louis d’or aux palmes, 1774, Paris (avers ou droit).

Avec son revenu, la fabrique peut payer en 1774 les trente-sept messes hautes avec vigiles, les messes basses, le pain, le vin, le luminaire, la blanchisseuse, l’entretien de la sacristie, du maître autel, et de « tout ce qui est nécessaire ».

Louis d'or aux palmes, 1774, Paris (revers), représentant un écu de France couronné, entouré de deux palmes, avec une main de justice et un sceptre en sautoir.
Louis d’or aux palmes, 1774, Paris (revers).

Double louis d'or au buste habillé, 1783, Bordeaux (revers).
Double louis d’or au buste habillé, 1783, Bordeaux (revers).

Il n’y a pas de date précise pour former un bureau. Il se réunit en fonction des besoins. Or, en 1783, il n’y en a toujours pas d’établi « dans les formes, point de registres ni de papiers titres » mais un « registre des adjudications et reconnaissance des places ».


Ce coffre de fabrique (dit des marguilliers) date du XVe siècle. Il se situe dans la sacristie de l’église paroissiale Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Sa notice descriptive PM41000467 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.
Ce coffre de fabrique (dit des marguilliers) date du XVe siècle. Il se situe dans la sacristie de l’église paroissiale Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Sa notice descriptive PM41000467 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.

Quelle que soit l’époque, la personne choisie a parfois du mal, pour diverses raisons, à gérer l’administration de la fabrique. Les quelques documents écrits sont enfermés dans un coffre à trois clés. Celles-ci sont attribuées au curé, au marguillier et au principal paroissien. La consultation des papiers paraît assez difficile dans ces conditions.


Cinquante verges de ce pré appartenant à la fabrique sont vendues sous la Révolution à un habitant de Hauteville (Ardennes). La Huée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cinquante verges de ce pré appartenant à la fabrique sont vendues sous la Révolution à un habitant de Hauteville (Ardennes). La Huée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A la fin du XVIIIe siècle, la fabrique semble enfin correctement administrée financièrement, d’autant que la location des terres aux principaux habitants du village (Jean-Baptiste Mauroy, Pierre Langlet, Jean Arbonville, Pierre Simon, Nicolas Cercelet, Jean Lépinois, Hubert Laroche, etc.) assure un revenu régulier.

Trois quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un habitant de Rethel (Ardennes). Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Trois quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un habitant de Rethel (Ardennes). Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Archives nationales, document numérique, AE/II/1140, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l'Assemblée nationale en date du 2 novembre 1789 mettant les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, C30/246/2.
Archives nationales, document numérique, AE/II/1140, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l’Assemblée nationale en date du 2 novembre 1789 mettant les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, C30/246/2.

Avec la Révolution, elle plonge dans la tourmente, comme toutes les fabriques des autres paroisses. Le décret du 2 novembre 1789 met à la disposition de la Nation les biens ecclésiastiques, mais indique ne pas toucher à ceux des fabriques. Le décret de brumaire an III déclare en revanche propriété nationale tout actif de ces dernières, même ce qui est affecté à l’acquit[1] des fondations.


[1] Action d’acquitter.


Lieu-dit et surfaceLoyerLocataireMise à prixVente réaliséeAcquéreur
Le Jardin, pièce de pré10 livres 15 solsJean Tripier, tisserand300 livres610 livresToussaint Lallement
Le Pont Camelot, cinquante verges de pré13 livresJ.-B. Mauroy500 livres765 livresJ.-B. Suan (La Neuville-lès-Wasigny)
Le Pré Terlot, cinquante verges10 livres 5 solsJ.-B. Lepinois400 livres445 livresJ.-P. Letellier (le citoyen Tellier)
La Favée, deux quartels de pré10 livresPierre Mauroy200 livres450 livresJacques Remacle, homme de loi (Rethel)
Chemistresse, un quartel de pré2 livres 19 solsPierre Legros (propriétaire de la Cour Avril)100 livres100 livresPierre Legros
Le Bois Librecy, trois quartels de pré9 livres 10 solsFrançois Hezette, manouvrier200 livres300 livresJ. Remacle (Rethel)
La Fontaine aux Grues, soixante-dix verges de pré14 livresFrançois Mauroy400 livres665 livresJacques Gaudelet (Rethel)
Les Gros Saules, cinquante verges de pré20 livresThomas Thomas, laboureur800 livres810 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Grand Sart, trois quartels de pré9 livresFrançois Harbonville, manouvrier200 livres500 livresJ. Gaudelet (Rethel)
La Marchotterie, un quartel de pré3 livresClaude Champion (Rocquigny)100 livres140 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Chêne, un quartel de pré4 livresPierre Langlet, laboureur150 livres200 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Pré Hagnon, deux quartels8 livresJ.-B. Millet, manouvrier205 livres380 livresJ. Remacle (Rethel)
Le Pré Robin, un arpent24 livresJean-Charles Boudier, laboureur900 livres1500 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Pré Haguenau, un quartel3 livres 16 solsPierre Langlet100 livres200 livresJ. Remacle (Rethel)
La Houette, trois quartels et un pugnet de pré12 livres 9 solsPierre Langlet300 livres800 livresJ.-B. Toupet (Montigny)
La Houette, trois pugnets de pré10 livresPierre Davaux200 livres600 livresJ.-B. Toupet (Montigny)
Le Rouage, un arpent de pré26 livres 15 solsThomas Devie1300 livres1800 livresJ. Remacle-Watelier (Rethel)
Le Marais, un quartel de pré7 livresPierre Hamel, manouvrier200 livres300 livresJ. Remacle-Watelier (Rethel)
Le Plutaux, neuf quartels de pré48 livresHubert LarocheNon préciséeNon préciséeNon précisé
Les Trois Terroirs, un quartel de pré1 livre 6 solsPierre Langlet40 livres135 livres J.-P. Letellier (le Mont de Vergogne)
La Huée, cinquante verges de pré18 livresMathieu Arbonville, cordonnier500 livres760 livresJean Le Roy (Hauteville)
Moranvaux, soixante-dix verges de pré10 livres 15 solsMathieu Arbonville300 livres550 livres J.-P. Letellier (le Mont de Vergogne)
Tébouzé, un quartel de pré5 livres 10 solsJean Lepinois, laboureur200 livresNon préciséeNon précisé
La Voilarme, un quartel de pré4 livresNicolas Cercelet100 livres145 livresHamel
La Voillarme, trois quartels de pré11 livresNicolas Cercelet400 livres600 livresJean Le Roy (Hauteville)
Le Pré Pigneau, cinquante verges9 livres 10 solsPierre Laroche400 livres510 livresFrançois Millet
Le Pré Pigneau, un quartel3 livres 5 solsJ.-B. Mauroy160 livres215 livresToussaint Lallement
La Rigolle, un quartel de pré7 livres 5 solsJ.-B. Millet200 livres330 livresHubert Laroche
La Favée, trois pugnets de pré7 livres 10 solsPierre Davaux200 livres300 livresJean Le Roy (Hauteville)
La vente des terres, prés et jardins des biens de la fabrique de La Romagne (Ardennes) trouve de nombreux acquéreurs à Rethel (Ardennes).

Le 17 fructidor an II, Montain Louis Macquart (juge de paix du canton de Rocquigny et commissaire nommé) inventorie les vêtements sacerdotaux et l’argenterie. L’inventaire estimatif des biens de la fabrique de La Romagne[1] ne concerne que les biens religieux, mais permet de mieux connaître la richesse de l’Eglise quant à la célébration du culte.

Il suit de quelques mois l’inventaire, puis la vente des terres, prés et jardins appartenant à la ci-devant fabrique[2] (19 avril 1793 et 15 août de la même année), dont les principaux acquéreurs ne sont pas les habitants du village ou des environs, mais de riches bourgeois de Rethel.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 503 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 483-511 = dossiers des fabriques (par ordre alphabétique des communes), 1790-1808].

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 276 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV]. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, Q 145 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].


Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le dernier inventaire est dressé le 23 germinal an II[1] par Montain Louis Macquart, Hugues Crépeaux et Pierre Perrin (menuisier), le premier demeurant à Saint-Jean-aux-Bois et le second à Montmeillant. Une fois l’acte rédigé et la déclaration des présidents et officiers municipaux jurant qu’il ne reste plus aucun bien immeuble appartenant à la fabrique, il apparaît que la valeur totale de l’estimation des biens de l’église s’élève à 1760 livres 15 sols.

C’est à cette occasion que la distinction est faite concernant la propriété du bâtiment puisqu’il est affirmé que les habitants considèrent leur église comme appartenant à leur commune et non comme bien de fabrique[2].


[1] Soit le 12 avril 1794.

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 278 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823892NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823892NUC2A.

Comme la vente ne peut se faire immédiatement, les meubles et effets sont laissés dans l’église et sacristie sous la surveillance de ladite municipalité. L’acte porte la signature des responsables de celle-ci, tels Langlet (président), Boudié (officier municipal), Pierre Douce, J. Pausé et Macquart. La vente mobilière des biens de la fabrique[1] a lieu le 24 vendémiaire an III[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 503 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 483-511 = dossiers des fabriques (par ordre alphabétique des communes), 1790-1808].

[2] Le 15 octobre 1794.


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, ciboire, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823885NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, ciboire, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823885NUC2A.

Elle est menée par Montain Louis Macquart. Jean-Baptiste Deligny (notaire demeurant à Rocquigny) est aussi nommé audit effet pour la délibération susdite. Elle se fait en présence de Langlois[1] (maire), Boudier et Le Thellier[2] (officiers municipaux), après avoir été annoncée par affiches et par le son de la caisse (ou tambour).

Ces derniers procèdent à la dispersion des « boisseries, bancs, buffets et autres ustenciles restant du mobillier de la ci-devant fabrique du dit lieu de La Romagne ». Les biens sont répartis parmi les habitants de la paroisse ou des villages voisins.

Tout est acquis au comptant, ce qui est assez curieux : la loi n’exigeait qu’un premier paiement de 12%, et permettait de se libérer du reste en douze annuités.


[1] Langlet.

[2] Letellier (variante orthographique).


Ce banc des marguilliers date de 1755. Il se trouve dans l’église Saint-Ayoul à Provins (Seine-et-Marne). Sa notice descriptive PM77001403 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.
Ce banc des marguilliers date de 1755. Il se trouve dans l’église Saint-Ayoul à Provins (Seine-et-Marne). Sa notice descriptive PM77001403 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.

L’église est totalement vidée de son mobilier. Quelque vingt-huit bancs, dont certains ont un dossier, quand ce n’est pas le « banc du marguillier », trouvent très vite preneurs. Parmi les acquéreurs, on peut citer : Louis Noël, Pierre Mauroy, Toussaint Lallemand, Hubert Laroche, François Millet, François Arbonville, Jean Baptiste Miclet, François Hezette, Nicolas Cercelet, Pierre Lépinois, etc.


Confessionnal en bois peint du XIXe siècle de l'église Saint-Jean, prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Confessionnal en bois peint du XIXe siècle de l’église Saint-Jean, prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce sont ensuite l’aigle et son pied (sur lequel on reposaient les évangiles pour la lecture durant la messe) qui sont adjugés à François Devie, ou le confessionnal qui devient la propriété de la veuve de Pierre Lallemand.

Les murs recouverts de lambris ou de boiseries sont mis à nu pour  leur vente. Les gradins et le maître-autel sont aussi dispersés parmi des acquéreurs, qui sont quasiment les mêmes.

Les armoires ou les coffres subissent le même sort, pour devenir la propriété de Jean-Baptiste Devaux, Gérard Miclet, François Mauroy.

Musée national du Moyen âge - Thermes et Hôtel de Cluny (Paris), numéro d’inventaire Cl. 19255, anonyme, Saint Jean l'Évangéliste, sculpture, 3e quart du 14e siècle, notice consultable en ligne.
Musée national du Moyen âge – Thermes et Hôtel de Cluny (Paris), numéro d’inventaire Cl. 19255, anonyme, Saint Jean l’Évangéliste, sculpture, 3e quart du 14e siècle, notice descriptive consultable en ligne.

Musée national de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, Yvelines), numéro d’inventaire PRP 004, Champaigne, Philippe de (1602-1674), Le Christ aux outrages, peinture à l’huile sur toile, vers 1655, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, Yvelines), numéro d’inventaire PRP 004, Champaigne, Philippe de (1602-1674), Le Christ aux outrages, peinture à l’huile sur toile, vers 1655, notice descriptive consultable en ligne.

Il ne reste rien des objets du culte. Même la pierre d’autel, placée au centre de celui-ci, et symbolisant le Christ (elle était gravée d’une croix), est vendue lors de la dispersion des biens. Elle est acquise par Pierre-Simon Legros. A la suite de ces événements, l’église est abandonnée et la fabrique disparaît[1].

Cette frénésie d’achats peut interroger. S’agit-il de mettre à l’abri de la convoitise ces biens, en ces temps troublés ? Ou souhaite-t-on prouver son attachement au nouveau régime, en démantelant ce qui a été, pendant des siècles, le cœur de la paroisse ?


[1] Cette institution est rétablie après la Révolution par l’article LXXVI du Concordat.