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La Romagne et les curés de son église


Monseigneur Antonio Barberini, 91e archevêque de Reims, de 1657 à 1671.
Monseigneur Antonio Barberini, 91e archevêque de Reims, de 1657 à 1671.

Parmi ceux qui ont exercé leur ministère dans cette paroisse, on peut citer vers 1663 F. Prony[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Remi[1] Bayen, prémontré de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine, est probablement curé de La Romagne entre 1663/1664 et 1665, après avoir été à La Hardoye (Ardennes) puis à Rocquigny (Ardennes).


[1] Saint Remi (sans accent) est l’un des patrons du diocèse de Reims.


Pierre Le Heutre, né vers 1636 dans le diocèse, est ordonné en 1660 à presque 25 ans. Il est le curé du village pendant dix-sept ans de 1665 à 1682. Quoique son nom n’apparaisse pas, c’est sûrement lui qui est affecté à ce lieu[1] en 1665, alors que la paroisse de Montmeillant (Ardennes) était « abandonnée » et son église « en très mauvais état ».


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252, page 213 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Monseigneur Charles-Maurice Le Tellier, 92e archevêque de Reims, de 1671 à 1710.
Monseigneur Charles-Maurice Le Tellier, 92e archevêque de Reims, de 1671 à 1710.

Nicolas Jouvant, né à Reims (Marne) vers 1656, est ordonné en 1682. Il est nommé ensuite pour quelques mois à La Romagne et, fait curieux, avant son ordination. Cependant, ce cas n’est pas exceptionnel en Champagne, puisque monseigneur Le Tellier attribue souvent des « titres de paroisse » avant que le titulaire ait « reçu la prêtrise[1] ».

Ces nominations sont « maintenues comme exactes ». Cet ecclésiastique est affecté peu de temps après son ordination à la cure de Saint-Jean-aux- Bois (Ardennes) puis à Chémery (Ardennes). Il est nommé doyen rural jusqu’en 1719 et décède en 1734. Il est alors curé d’Aÿ[2] (Marne).


[1] Archives  départementales  des Ardennes, 1J  128-1 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 1J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, achats, legs, dépôts effectués de 1945 à 1975, articles 1J 128 = papiers de l’abbé Emile Bouchez, le clergé des Ardennes en 1789 et sous la Révolution (don de monseigneur Leflon, janvier 1961, entrée 421), pièce 1J 128-1 = répertoire alphabétique des curés et vicaires de l’ancien diocèse de Reims d’après les archives diocésaines, 1663-1791, registre de 173 pages].

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, quarante-quatrième année, n° 3 du samedi 21 janvier 1911, page 35, vue 40/847, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Nicolas Lambinet, originaire de Brieulles-sur-Meuse (Meuse), où il est né vers 1643, est le curé du village de septembre 1682 au 27 juin 1686, avant de rejoindre la cure de Lametz (Ardennes) jusqu’au 1er janvier 1713.


Adrien Desjardins remplit un court intermède d’une dizaine de mois. Ce prêtre, venu de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine (Ardennes) où il est sous-prieur[1], rejoint Rubigny (Ardennes) en février 1687 où il décède le 13 août 1697 [2].


[1] Religieux qui supplée le prieur.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, quarante-cinquième année, n° 20 du samedi 18 mai 1912, page 243, vue 260/900, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Les lettres patentes du roi en forme d'édit du mardi 29 avril 1664 ordonnent que les bulles des papes Innocent X et Alexandre VII seront publiées dans tout le royaume.
Les lettres patentes du roi en forme d’édit du mardi 29 avril 1664 ordonnent que les bulles des papes Innocent X et Alexandre VII seront publiées dans tout le royaume.

Nicolas Norbert Dehaulme, né vers 1653, occupe la cure pendant quinze ans, du 31 mars 1688 jusqu’en octobre 1703, et se dévoue à sa paroisse. C’est à l’origine un religieux du couvent de Chaumont-la-Piscine (Ardennes). Lorsque son ministère romanais prend fin, il y retourne, comme cela se passe assez souvent pour les moines réguliers.


Le testament d'Hubert Terlot est signé par le curé de La Romagne, Louis Pottin, qui assiste ses paroissiens sur le plan matériel et spirituel. Archives départementales des Ardennes, G 238 [série G = clergé régulier avant 1790, articles G 92 à 272 = églises paroissiales et leurs fabriques], cote concernant les églises de Rocquigny, La Romagne, Romance (Saint-Pierre), les constitutions de rentes, dons et legs, les déclarations de biens 1611-1788.
Le testament d’Hubert Terlot est signé par le curé de La Romagne, Louis Pottin, qui assiste ses paroissiens sur le plan matériel et spirituel. Archives départementales des Ardennes, G 238 [série G = clergé régulier avant 1790, articles G 92 à 272 = églises paroissiales et leurs fabriques], cote concernant les églises de Rocquigny, La Romagne, Romance (Saint-Pierre), les constitutions de rentes, dons et legs, les déclarations de biens 1611-1788.

Louis Pottin passe trente-six ans à La Romagne, de sa nomination vers 1705 jusqu’à sa mort à l’âge de soixante et onze ans environ, le 22 octobre 1740. Tout au long de son sacerdoce, il s’implique dans les diverses tâches auprès de ses paroissiens, tant spirituelles que matérielles.

Ses obsèques sont célébrées par le prieur-curé de Givron (Ardennes) en présence de R. Chanveaux, curé-doyen de Rethel (Ardennes), de Jean-Baptiste Le Roy (maître d’école), Antoine Leblanc et François Merlin.


Jean Maquet lui succède pour un temps très court : neuf mois, du 7 novembre 1740 au 14 août 1741.


Le haut lieu du jansénisme est Port-royal-des-Champs, Abbaye de (Yvelines, France). Museum Catharijneconvent (Utrecht, Pays-Bas), numéro d’inventaire OKM s19, anonyme (école française de peinture), Vue sur l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, peinture à l'huile, canevas, 1e moitié du XVIIIe siècle, vers 1764, notice descriptive consultable en ligne.
Le haut lieu du jansénisme est Port-royal-des-Champs, Abbaye de (Yvelines, France). Museum Catharijneconvent (Utrecht, Pays-Bas), numéro d’inventaire OKM s19, anonyme (école française de peinture), Vue sur l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, peinture à l’huile, canevas, 1e moitié du XVIIIe siècle, vers 1764, notice descriptive consultable en ligne.

François-Jean Bataille, de l’ordre des prémontrés, devient le nouveau titulaire de la cure, du 14 août 1741 jusqu’à sa mort vers août 1747 (les registres paroissiaux entre 1742 et 1753 ont disparu). Il jure avoir « signé les formulaires de foi du pape Alexandre VII qui condamnent le jansénisme ».


Palazzo Barberini (Rome, Italie), numéro d’inventaire 5048, Bernin, Le (1598-1680), Portrait du pape Urbain VIII [Maffeo Barberini], peinture à l'huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1631-1632, huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.
Palazzo Barberini (Rome, Italie), numéro d’inventaire 5048, Bernin, Le (1598-1680), Portrait du pape Urbain VIII [Maffeo Barberini], peinture à l’huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1631-1632, huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.

Depuis le 6 mars 1642, le pape Urbain VIII a porté une condamnation contre les théories de Jansenius[1] contenues dans son livre intitulé Augustinus.

Portrait du pape Innocent X par Diego Vélasquez.
Portrait du pape Innocent X par Diego Vélasquez.

Cette critique théologique est confirmée par une bulle du pape Innocent X le 31 mai 1653, puis par celle d’Alexandre VII le 16 octobre 1656.


[1] Cornelius Jansen.


Walters art museum (Baltimore, Maryland), numéro d’inventaire 37.598, Gaulli, Giovanni Battista (1639-1709) [atelier], Portrait du pape Alexandre VII [Fabio Chigi], peinture à l'huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1667, peinture à l'huile sur canevas, notice descriptive consultable en ligne.
Walters art museum (Baltimore, Maryland), numéro d’inventaire 37.598, Gaulli, Giovanni Battista (1639-1709) [atelier], Portrait du pape Alexandre VII [Fabio Chigi], peinture à l’huile, 1e moitié du XVIIe siècle, vers 1667, peinture à l’huile sur canevas, notice descriptive consultable en ligne.

En 1661, les évêques de France décident de rédiger un formulaire portant réprobation des doctrines condamnées, et de l’imposer à tous les ecclésiastiques de leurs diocèses. Ces derniers sont contraints de le signer sur-le-champ.

En 1665, le pape Alexandre VII propose de ne pas admettre un élu quelconque à la jouissance d’un bénéfice, sans qu’il lui fût enjoint de souscrire à ce document condamnant expressément l’erreur janséniste. Cette ferme invitation soulève une opposition formidable en Champagne.

Au XVIIIe siècle, monseigneur François I de Mailly, successeur de monseigneur Le Tellier, se montre, lui, très empressé de faire signer ce document par les différents prêtres de son diocèse.

Monseigneur François I de Mailly, 93e archevêque de Reims, de 1710 à 1721.
Monseigneur François I de Mailly, 93e archevêque de Reims, de 1710 à 1721.

Monseigneur Armand Jules de Rohan-Guémené, 94e archevêque de Reims, de 1722 à 1762.
Monseigneur Armand Jules de Rohan-Guémené, 94e archevêque de Reims, de 1722 à 1762.

Philippe Hennezel, prémontré, occupe la cure du 4 septembre 1747 jusqu’à sa mort vers février 1760, à l’âge de cinquante-six ans. C’est un chanoine régulier de l’ordre des prémontrés. Pour ses obsèques, le service religieux est célébré par le curé de Givron (Ardennes), en présence de J.-B. Davaux et du prieur Godart de la Piscine. Il est inhumé au milieu du chœur de l’église.


Monseigneur Charles Antoine de La Roche-Aymon, 95e archevêque de Reims, de 1763 à 1777.
Monseigneur Charles Antoine de La Roche-Aymon, 95e archevêque de Reims, de 1763 à 1777.

Simon Godart, prémontré, après avoir été curé de Givron (Ardennes), reste à La Romagne de février 1760 à 1769, moment où il démissionne. Cette situation ouvre aux « patrons de la cure » la possibilité de désigner un candidat, dont les supérieurs diocésains agréent ou rejettent la candidature après l’avoir examinée.


D’après le registre consulté, il est le seul à avoir démissionné dans ce village, alors que sur la même période de cent trente ans, quatre curés l’ont fait à Rocquigny (Ardennes), et que trois autres ont « résigné », c’est-à-dire qu’ils ont laissé leur paroisse en faveur, généralement, d’un membre de leur famille. Quelles peuvent-être les raisons de ces différences ? A la suite de ce départ, c’est F. Pierron, curé de Montmeillant (Ardennes), qui pourvoit aux besoins de la paroisse.


Joseph Bourdon[1], religieux prémontré né le 6 mai 1728 à Moncourt[2], prend en charge la cure à partir du 12 janvier 1770, après avoir relevé des diocèses de Rouen (Seine-Maritime) et de Laon (Aisne) et être arrivé dans le diocèse de Reims en 1763.

Certains prêtres comme ce curé reçoivent l’extension des pouvoirs, et les « cas réservés », c’est-à-dire tout ce qui regarde la magie, les superstitions et les maléfices[3].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 137 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].

[2] Dans le diocèse de Metz (Moselle).

[3] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Serment de Joseph Bourdon à la Constitution civile du clergé.
Serment de Joseph Bourdon à la Constitution civile du clergé.

Il est toujours présent dans sa paroisse lors des premières années révolutionnaires. Il prête serment à la Constitution civile du clergé le 28 janvier 1791[1], contrairement à certains de ses confrères. Il est redemandé après la Révolution.

Attestation du serment prêté par le curé Joseph Bourdon.
Attestation du serment prêté par le curé Joseph Bourdon.

Il est l’un de ceux pour qui quelques détails physiques sont notés en l’an VI par les autorités du canton de Rocquigny (Ardennes). Il mesure cinq pieds et cinq pouces, soit un peu plus d’un mètre soixante-cinq. Il a le visage et le menton ronds, une grande bouche, des « yeux roux[2] », des sourcils gris. Ses cheveux sont blancs.


[1] Archives départementales des Ardennes, L 1336 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819], délibération du canton de Rocquigny lors de sa séance du 26 avril 1792.

[2] Cette désignation ancienne d’une pigmentation de l’iris n’évoque plus pour nous une couleur précise.


Monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, 96e archevêque de Reims, de 1777 à 1816.
Monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, 96e archevêque de Reims, de 1777 à 1816.

Dans l’enquête menée le 20 novembre 1807, nous apprenons qu’il a alors soixante-dix-neuf ans et qu’il souffre de nombreuses infirmités qui l’empêchent de dire la messe. En outre, il ne peut se servir de sa main droite[1]. Il décède dans sa paroisse, un an plus tard, le 3 juillet 1808[2], après l’avoir servie pendant plus de trente-huit ans.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 142 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 139 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Monseigneur Jean Charles de Coucy, 97e archevêque de Reims, de 1817 à 1824.
Monseigneur Jean Charles de Coucy, 97e archevêque de Reims, de 1817 à 1824.

Pendant quelques années, La Romagne est une annexe de Montmeillant (Ardennes), avant de redevenir une cure à part entière. De ce fait, elle est desservie par le prêtre de cette commune.


Monseigneur Jean-Baptiste de Latil, 98e archevêque de Reims, de 1824 à 1839.
Monseigneur Jean-Baptiste de Latil, 98e archevêque de Reims, de 1824 à 1839.

Jean-Baptiste Mozin naît à Montcy-Saint-Pierre (Ardennes). De sa nomination (quand la Romagne est redevenue pleinement une paroisse) jusqu’à sa mort le 4 janvier 1842 à l’âge de trente-six ans, il demeure dans le village.


Dans une enquête destinée à l’archevêché, on apprend qu’il y vit en compagnie de sa mère et de sa sœur, et qu’il héberge chez lui quelques écoliers. Il bine[1]. Ce qui s’avère plus important, c’est l’opinion qu’il exprime sur ses paroissiens.

Pour lui, quelques-uns sont superstitieux, mais ne sont pas scandaleux. Cent trente font leur devoir pascal. Néanmoins, il reproche à certains d’être trop lents pour faire baptiser leurs enfants. Mais personne ne néglige de les envoyer au catéchisme.


[1] En droit canonique, biner = célébrer deux messes le même jour, généralement dans deux églises différentes.


La Romagne – L'Eglise, carte postale ancienne éditée par Briard, virage sépia.
La Romagne – L’Eglise, carte postale ancienne éditée par Briard, virage sépia.

Simon Noiville, né le 10 février 1816 à Longwé (Ardennes), reçoit une nomination à La Romagne à partir du 20 juin 1842. Il veille à améliorer son église : pour communiquer avec ses paroissiens à partir des années 1870, il a recours à un petit journal, Le Réveil de Signy-l’Abbaye, qui lui sert de bulletin paroissial.

Monseigneur Thomas II Gousset, 99e archevêque de Reims, de 1840 à 1866.
Monseigneur Thomas II Gousset, 99e archevêque de Reims, de 1840 à 1866.

Monseigneur Jean-François Landriot, 100e archevêque de Reims, de 1867 à 1874.
Monseigneur Jean-François Landriot, 100e archevêque de Reims, de 1867 à 1874.

Dès 1883, une plainte est formulée contre lui auprès du préfet[1], car il manque souvent à ses obligations. Le représentant du gouvernement fait remarquer dans sa réponse qu’il est paralysé et qu’il a soixante-huit ans. Il ajoute qu’on ne peut pas insister pour le faire remplacer, car le presbytère est sa propriété et non celle de la commune.

A partir du mois de mars 1884, c’est le vicaire administrateur Renaudin qui signe les actes pour La Romagne. D’autre part, certaines lacunes apparaissent à la lecture des documents religieux de l’église Saint-Jean (la transcription de la sépulture de Céline Millet ou le baptême d’un enfant de la famille Gosset ne sont ainsi pas pris en compte).


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6655, vue 241/503, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6655 = Reims (diocèse) : J à W].


Une croix surmontait autrefois ce monument funéraire. Tombe de l’abbé Simon Noiville au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Une croix surmontait autrefois ce monument funéraire. Tombe de l’abbé Simon Noiville au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le 3 mars 1885, l’abbé Noiville qui, depuis trois ans environ, était frappé par une maladie paralysant son activité intellectuelle et physique, décède[1]. Il était curé de La Romagne et prêtre depuis quarante-trois ans.

Il est inhumé, le 5 du même mois, dans le cimetière du village, en présence de nombreux prêtres des alentours[2] (Le Fréty, Novion, Saint-Jean-aux-Bois, Estrebay, Rubigny, Montmeillant, etc.) mais aussi de ses paroissiens qui rendent un dernier hommage à celui qui avait été leur « guide sûr », leur « ami vrai » et qui avait partagé leurs joies et leurs tristesses pendant cette longue série d’années si mouvementées.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, dix-huitième année, n° 11 du samedi 14 mars 1885, page 123, vue 131/800, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).

[2] Tous les villages cités sont dans l’actuel département des Ardennes.


Georges Victor Grégoire naît le 21 septembre 1857 à Floing (Ardennes). En 1881, il est vicaire à Nouzon (Ardennes), puis il est nommé à Daigny (Ardennes), le 31 octobre 1884. Il y reste peu de temps. Après deux avis dont on ne connait pas la teneur (10 et 28 août 1885), la paroisse lui est confiée, ainsi que celle de Draize (Ardennes). Il y reste jusqu’au 21 mars 1901.

Pour lui, l’état d’esprit des habitants est fort bon : toutes les femmes, les enfants et vingt à trente hommes assistent à la messe du dimanche. Il y a beaucoup de monde à la communion pascale et même aux célébrations en dehors de Pâques. Cet avis ne semble pas concorder avec d’autres échos.


Au cours de ces années, quelques incidents relatés dans Le Petit Ardennais révèlent quelques tensions entre le prêtre et ses paroissiens. Le premier a lieu lors de l’inhumation d’un jeune soldat qui accomplissait son service militaire[1]. Ses camarades de régiment avaient offert une couronne, mais celle-ci n’étant pas du goût du curé, elle aurait été jetée par ce dernier.

Peu de temps auparavant, il s’était déjà signalé en retirant à l’instituteur[2], qui était déjà assez vieux et qui ne pouvait plus chanter à l’église, le droit de sonner les cloches[3].


[1] Il s’agit de Jean-Baptiste Emile Mauroy, fils de Jean-Baptiste Mauroy et de Marie Léonie Lelong, décédé le 8 mars 1895 à Vouziers (Ardennes), où il était en garnison comme cavalier au 5e régiment de cuirassiers.

[2] Ce dernier serait Hippolyte Guérard et aurait été âgé de cinquante-six ans au moment des faits.

[3] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 35, « La Romagne. – Un peu plus de tolérance » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, dix-huitième année, n° 5763, vendredi 5 février 1897, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Monseigneur Benoît Langénieux, 101e archevêque de Reims, de 1874 à 1905.
Monseigneur Benoît Langénieux, 101e archevêque de Reims, de 1874 à 1905.

Il ne s’arrête pas là, puisqu’il s’insurge ensuite contre un mariage qui, pour des raisons familiales, sera finalement célébré à Montmeillant (Ardennes), au lieu de l’être à Draize (Ardennes), qui était sous sa tutelle.

L’auteur de l’article du Petit Ardennais, afin d’insister sur la vénalité de l’ecclésiastique, le soupçonne de mener grand bruit car son casuel s’en trouverait diminué. Il se moque que le curé ait porté cette affaire jusque devant monseigneur Langénieux, son archevêque, ne manquant pas au passage d’insister sur le fait que le mariage religieux n’est qu’une « inutile superfétation[1] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 35, « Montmeillant. – A propos d’un mariage » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, dix-huitième année, n° 5776, jeudi 18 février 1897, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Bien qu’il n’y ait pas eu de suite, le maire s’adresse au préfet le 22 mai 1895 pour demander le déplacement de ce prêtre « qui trouble le pays par sa propagande antirépublicaine [1]».

Cette demande n’aura pas de suite immédiate, mais cela n’empêche pas le préfet de dire en 1904 que cet ecclésiastique est hostile aux institutions. Après La Romagne, il rejoint Sévigny-Waleppe (Ardennes), où il décède le 28 mars 1904.


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6654, vue 425/485, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6654 = Reims (diocèse) : A à I].


Edmond François Bastin, « homme énergique qui a le sens des responsabilités et est animé d’une foi profonde[1] », naît en 1873 à Authe (Ardennes) dans une famille très religieuse qui compte plusieurs prêtres et religieuses.

Il a été formé au petit, puis au grand séminaire de Reims (Marne). Tout d’abord vicaire à Rocroi (Ardennes), il est nommé à La Romagne de janvier 1901 jusqu’en décembre 1912, pour être ensuite muté à la paroisse de Challerange (Ardennes).


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfilm, MFILM 8-LC11-842 (7), Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Église de Reims : vie diocésaine, 89e année, n° 13 (1er avr. 1961) -n° 35 (2 nov. 1968), Reims : Archevêché, 1961-1968, n° 27 du 4 juillet 1964.


Monseigneur Louis-Joseph Luçon, 102e archevêque de Reims, de 1906 à 1930.
Monseigneur Louis-Joseph Luçon, 102e archevêque de Reims, de 1906 à 1930.

Comme ses paroissiens, il part en 1914 pour l’armée, où il est infirmier. Lorsqu’il est démobilisé, il retrouve un village dévasté, dans lequel il reprend son ministère. Lui aussi n’échappe pas aux sarcasmes du correspondant du Petit Ardennais : des pèlerins ayant rapporté à leurs connaissances un flacon d’eau de Lourdes (Hautes-Pyrénées) dite « miraculeuse », ils furent épinglés à travers la création d’un vocabulaire digne de celui de Molière pour dénoncer leur crédulité.

Une analyse pseudo-chimique à caractère satirique de ce liquide en dévoile la « teneur » : six cent vingt-cinq grammes d’eau pure et 0,011 milligramme de sulfate de magnésie. Quant aux autres composants, ils se trouverait en quantité variable de l’acide bétifique, de la crédulose, de la niaisine, du carottate d’argent et de l’attrapure d’or, de l’hypocritine, du cervellate de plomb et du gobe-mouchine[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 58, « La Romagne. – L’eau de Lourdes » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-neuvième année, n° 9856, mercredi 30 septembre 1908, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


L’enquête préliminaire diligentée par l’archevêché auprès des curés des diverses paroisses quelques semaines avant la promulgation de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat est le moyen de connaître la mentalité des paroissiens lors de ce changement, bien que ceux-ci « ne semblent pas croire à la mise à exécution de la loi ».


Pour l’abbé Bastin[1], « Les hommes sont peu portés vers la religion, d’autant qu’il ne s’en trouve que sept qui veulent bien du prêtre au mariage et à la mort. », mais ces derniers « ne viennent pas à la messe chaque dimanche ». « Les femmes sont plus de bonne volonté et résolues. », selon lui.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 25 [série J = documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims, articles 7J 13-28 = contrôle épiscopal, pièces 7J 25 = enquêtes paroissiales, tableaux de l’état des paroisses des archiprêtrés de Notre-Dame de Reims, Charleville, Mézières, Rethel, Rocroi (paroisse de Blombay), Sedan, Vouziers (1905)].


La situation est donc assez confuse. Néanmoins, le curé pense que ses paroissiens réagiront et « pilleront leur porte-monnaie » pour assurer au moins la première année avec 200 à 300 francs de revenu[1]. Cette somme couvrira le lieu de culte, son logement et sa subsistance, quand les fidèles verront « la publication et la réalité de la loi ».

Dans cette même enquête, ce prêtre, qui célèbre les messes aussi à la paroisse de Draize (Ardennes), se montre beaucoup plus pessimiste pour sa situation dans ce village, reprochant à ses paroissiens leur égoïsme et les accusant de « ne vivre que pour eux et pour la terre ».


[1] Mais il émet des doutes pour les années suivantes.


Après la promulgation de la loi de séparation, c’est ce prêtre[1] qui va donc connaître le changement de statut à partir de 1906. C’est une nouvelle occasion pour l’un des journalistes du Petit Ardennais de tourner en dérision cet ecclésiastique, sous le titre ironique « La séparation continue », lors d’une chute à bicyclette, tandis qu’il descendait à « une vitesse vertigineuse » la côte qui va de Montmeillant (Ardennes) à La Romagne, le laissant ensanglanté sur un tas de pierres que la main de la Providence « avait mis là, fort à propos, pour le recevoir[2] ».


[1] Archives nationales, document numérique, F19 6654, vue 43/485, consultable en ligne [série F = versements des ministères et administrations qui en dépendent, sous-série F19 = cultes, articles F19 6544-6697 = fichiers des ecclésiastiques rémunérés par l’Etat sous la IIIe République, 1881-1905, pièces F19 6554-6655 = Reims (diocèse), documents F19 6654 = Reims (diocèse) : A à I].

[2] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 53, « Montmeillant – La Romagne. – La séparation continue » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s.n.], 1880-1944, vingt-septième année, n° 8976, dimanche 8 avril 1906, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/6, consultable en ligne].


Les images mortuaires, distribuées à la famille et aux proches, comportent un contour noir plus ou moins épais et, parfois, une photographie du défunt. C’est le cas pour l’abbé Henri-Emile Régnier, curé de La Romagne (Ardennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
Les images mortuaires, distribuées à la famille et aux proches, comportent un contour noir plus ou moins épais et, parfois, une photographie du défunt. C’est le cas pour l’abbé Henri-Emile Régnier, curé de La Romagne (Ardennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Henri-Emile Régnier, né à Clavy-Warby (Ardennes) le 6 janvier 1863, entre au séminaire en 1880, et est ordonné prêtre en 1887. Il rejoint successivement les cures de Faverolles[1] (Marne) et de Beaumont-sur-Vesle (Marne), puis de Landrichamps (Ardennes), avant d’être nommé à la paroisse de La Romagne en 1912.

Tombe de l’abbé Henri-Emile Régnier au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tombe de l’abbé Henri-Emile Régnier au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le vendredi 13 mai 2011. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il décède le 8 octobre 1923 à la maison de retraite au Dorat (Haute-Vienne). Il est inhumé dans le cimetière paroissial et, chaque année, une messe anniversaire était censée devoir être célébrée pour le repos de son âme.


[1] Aujourd’hui, Faverolles-et-Coëmy.


Jules Pleugers naît le 8 juillet 1895 à Huppays (Belgique). Sa famille s’installe à Chooz (Ardennes), où il passe son enfance. Il étudie au petit séminaire de Vouziers (Ardennes) puis entre au grand séminaire de Reims (Marne). La guerre de 1914 l’empêche de continuer ses études dans ce lieu. Mais il les poursuit à Namur[1], où il est ordonné le 15 août 1919. Il est d’abord nommé vicaire à Rocroi (Ardennes), puis à l’église de Saint-Nicolas de Rethel (Ardennes).


[1] Capitale de la région de la Wallonie, en Belgique.


Monseigneur Emmanuel Suhard, 103e archevêque de Reims, de 1930 à 1940.
Monseigneur Emmanuel Suhard, 103e archevêque de Reims, de 1930 à 1940.

La Romagne est sa première cure en 1923. Il a en charge, en plus du village, les paroisses de Draize (Ardennes) et de Montmeillant (Ardennes).  Il est naturalisé[1] Français le 4 avril 1927. C’est lui qui célèbre la messe à Chaumont-Porcien (Ardennes) pour la fête de Saint-Berthault[2] (le 16 juin 1932) devant une assemblée très nombreuse et en présence de nombreux prêtres venus de Fismes (Marne) et de quelques villages des Ardennes (Mainbressy, Fraillicourt, Chappes, Sery, etc.).


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-5314, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 13e année, n° 1 (1er janv. 1881) 76e année, n° 204 (24/25 août 1944) ; 76e année, n° 74 (8 sept. 1944) n° 303 (31 décembre 2015), cinquante-neuvième année, n° 80 du lundi 4 et mardi 5 avril 1927, décret du mardi 5 avril 1927, page 3823, vue 31/64, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, département Centre technique du livre, 2009-100524.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-10685 < 1867-1943 >, Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867) 89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, soixantième année, n° 28 du samedi 9 juillet 1932, page 282, vue 12/19, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7).


Monseigneur Louis-Augustin Marmottin, 104e archevêque de Reims, de 1940 à 1960.
Monseigneur Louis-Augustin Marmottin, 104e archevêque de Reims, de 1940 à 1960.

Il quitte sa paroisse en 1945, après avoir soutenu ses paroissiens durant la Seconde Guerre mondiale pour rejoindre Bourg-Fidèle (Ardennes) et Sévigny-la-Forêt (Ardennes). Il quitte son sacerdoce en 1969 après la célébration de ses noces d’or sacerdotales, car il est frappé d’une grave maladie. Il décède le 8 janvier 1975 à Charleville (Ardennes)[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfilm, MFILM 8-LC11-842 (7), Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Église de Reims : vie diocésaine, 89e année, n° 13 (1er avr. 1961) -n° 35 (2 nov. 1968), Reims : Archevêché, 1961-1968, numéro du 24 janvier 1975.


Le curé de La Romagne (Ardennes) propose aux habitants du village un théâtre populaire familial. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Le curé de La Romagne (Ardennes) propose aux habitants du village un théâtre populaire familial. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Antoine Godart, né à Linchamps (Ardennes) le 23 octobre 1919, ordonné prêtre le 29 juin 1943, est nommé à La Romagne en 1946. Il y reste jusqu’aux années soixante. Son action spirituelle et humaine est importante.  C’est sous son ministère qu’a lieu la cérémonie de réouverture de l’église.

Programme de deux pièces de théâtre jouées à La Romagne (Ardennes) grâce à l'action du curé Antoine Godart. Rosalie fait du marché noir est une comédie en un acte écrite par Jean des Marchenelles en 1945. Théodore cherche des allumettes est une saynète en un acte de Georges Courteline, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol le 10 octobre 1897. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Programme de deux pièces de théâtre jouées à La Romagne (Ardennes) grâce à l’action du curé Antoine Godart. Rosalie fait du marché noir est une comédie en un acte écrite par Jean des Marchenelles en 1945. Théodore cherche des allumettes est une saynète en un acte de Georges Courteline, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol le 10 octobre 1897. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

La vipère est une pièce en un acte de Jules Mauris, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol en novembre 1920. La Farce des bons saints de glace est une pièce en un acte écrite par Henri Brochet en 1942. Collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Reine Druart †.
La vipère est une pièce en un acte de Jules Mauris, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Grand-guignol en novembre 1920. La Farce des bons saints de glace est une pièce en un acte écrite par Henri Brochet en 1942. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Dès 1948, Il fait la demande à la commune d’un terrain, sur lequel on pourrait construire une salle des fêtes et de réunions pour les jeunes gens de la localité. Dans sa séance du 17 février 1948, le conseil municipal accepte cette requête, à condition que l’autorité supérieure[1] donne elle aussi son accord. Le terrain communal proposé est situé près du gué Marquigny. Ce projet ne semble pas avoir abouti.


[1] A savoir le préfet.


Station mariale au carrefour des quatre routes des villages guidés spirituellement par l'abbé Antoine Godart. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Station mariale au carrefour des quatre routes des villages guidés spirituellement par l’abbé Antoine Godart. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On lui doit la construction d’un oratoire dédié à Notre-Dame de Lourdes (Hautes-Pyrénées), érigé en 1949 aux confins des paroisses ardennaises dont il a la charge : La Romagne, Draize, Givron et Montmeillant.

Les initiales correspondent aux trois personnes qui ont participé à la construction de cet oratoire [Vasseur, D. – Vuilmet, Paulin – Albertini, Dominique]. Repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les initiales correspondent aux trois personnes qui ont participé à la construction de cet oratoire [Vasseur, D. Vuilmet, Paulin Albertini, Dominique]. Repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Accueil de monseigneur François Marty au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Au premier rang se distingue André Barré en tenue de pompier.
Accueil de monseigneur François Marty au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Au premier rang se distingue André Barré en tenue de pompier.

Antoine Godart est aussi l’instigateur des journées du congrès eucharistique régional de la Pentecôte le dimanche 5 juin 1960.

Monseigneur Georges Béjot (1896-1987), évêque auxiliaire de Reims (1955-1971), en grand apparat, au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Le concile Vatican II, ouvert le jeudi 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII et clos le mercredi 8 décembre 1965 sous le pontificat de Paul VI, simplifie singulièrement la paramentique (vêtements, coiffes, tentures, ornements utilisés dans les liturgies chrétiennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Monseigneur Georges Béjot (1896-1987), évêque auxiliaire de Reims (1955-1971), en grand apparat, au congrès eucharistique de la Romagne (Ardennes), lors de la Pentecôte, le dimanche 5 juin 1960. Le concile Vatican II, ouvert le jeudi 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII et clos le mercredi 8 décembre 1965 sous le pontificat de Paul VI, simplifie singulièrement la paramentique (vêtements, coiffes, tentures, ornements utilisés dans les liturgies chrétiennes). Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

La Jeanne d'Arc, conduite par l'abbé Antoine Godart, défile à La Romagne (Ardennes) lors de la fête nationale du lundi 14 juillet 1952. Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.
La Jeanne d’Arc, conduite par l’abbé Antoine Godart, défile à La Romagne (Ardennes) lors de la fête nationale du lundi 14 juillet 1952. Collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Il s’implique beaucoup dans la vie du village, tout d’abord en organisant des rencontres de la JOC[1]. Il anime dans le cadre de l’action catholique la fanfare Jeanne d’Arc, regroupant des jeunes gens des différentes paroisses qu’il supervise. Cette clique[2] fort importante par son effectif masculin décline avec le départ de certains de ses membres, rappelés pour combattre en Algérie. Elle disparaît après le départ de la paroisse de l’abbé.


[1] La Jeunesse ouvrière chrétienne est une association catholique de jeunes ouvriers, située à gauche.

[2] Ensemble des musiciens, tambours et clairons.


Mon gosse (Totò e Marcellino) est un film italien en noir et blanc réalisé par Antonio Musu. Il est sorti en Italie le mardi 22 avril 1958 et en France le mercredi 27 juillet 1960. L’affiche de cinéma apposée sur un mur de La Romagne daterait de cette époque. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.
Mon gosse (Totò e Marcellino) est un film italien en noir et blanc réalisé par Antonio Musu. Il est sorti en Italie le mardi 22 avril 1958 et en France le mercredi 27 juillet 1960. L’affiche de cinéma apposée sur un mur de La Romagne daterait de cette époque. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Reine Druart †.

Il propose aussi des séances de cinéma aux enfants après le catéchisme, ou aux adultes en fin de semaine. Il monte en 1947 les Bons Loisirs[1], une troupe de théâtre où se retrouve une grande partie des jeunes du village, et qui donne parfois une représentation.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1430 W 25 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Lorsqu’il quitte La Romagne, il est nommé à Ville-Dommange (Marne). Il se retire de sa mission curiale le 1er septembre 1995. Il décède le 11 mars 2002 à Reims (Marne).


Pierre Médéric Buché, curé de La Romagne (Ardennes) en soutane, surplis et barrette.
Pierre Médéric Buché, curé de La Romagne (Ardennes) en soutane, surplis et barrette.

Pierre Médéric Buché, originaire de Reims (Marne), où il naît le 29 août 1922, est ordonné prêtre le 22 mars 1947. Il devient le nouveau curé de La Romagne tout en l’étant également à Maranwez (Ardennes) du 6 août 1960 jusqu’au 5 août 1967, date à laquelle il rejoint le district de Verzenay (Marne). Après sa retraite, il vit au presbytère de ce village et décède le 10 juin 2010 à Reims (Marne).

Cérémonie religieuse à La Romagne (Ardennes) célébrée par Pierre Médéric Buché et des ecclésiastiques des environs.
Cérémonie religieuse à La Romagne (Ardennes) célébrée par Pierre Médéric Buché et des ecclésiastiques des environs.

Manuscrit d'un poème chrétien rédigé pour La Romagne (Ardennes) par le curé de sa paroisse, Henri Gaston Leromain. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Brigitte Alliot.
Manuscrit d’un poème chrétien rédigé pour La Romagne (Ardennes) par le curé de sa paroisse, Henri Gaston Leromain. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Brigitte Alliot.

Henri Gaston Leromain[1], né le 28 octobre 1929, est originaire de Cheveuges (Ardennes). Il se forme au chant grégorien à l’Institut catholique. Il porte la responsabilité de la paroisse du 5 août 1967 jusqu’en 1973. Il est ensuite nommé sur le secteur pastoral de l’Argonne[2] puis en 1977 à Saint-Remi de Charleville (Ardennes). Il est prêtre auxiliaire au service du district de cette ville le 1er septembre 1996. Il décède le 29 mars 1998 à Reims (Marne).


[1] Archives diocésaines de Reims-Ardennes, fonds en cours de classement, Breve, seu Ordo divini officii recitandi, années 1837 à 1970.

[2] Région naturelle de la France, qui couvre la Marne, les Ardennes et la Meuse.


Paul Dubois-Matra, né le 28 juin 1933 à Reims (Marne), lui succède. Jusqu’à sa nomination à La Romagne, il s’occupe du secteur pastoral du Vallage[1], et appartient à l’équipe pastorale de Vouziers (Ardennes).

Lors de la séance du conseil municipal le 12 juin 1984, la commune se propose de participer à la cérémonie organisée à Chaumont-Porcien (Ardennes) le 1er juillet 1984 pour fêter son jubilé. Il reste jusqu’au 9 octobre 1988.

C’est à ce moment que la municipalité est informée par l’archevêché qu’il n’y aura plus de desservant à demeure à La Romagne.

Par la suite, il devient responsable du secteur Thiérache Nord à Signy-le-Petit (Ardennes). Il rejoint la cure d’Asfeld (Ardennes) le 1er septembre 1997, et décède dans ce bourg le 16 septembre 2000.


[1] Région de l’Est de la Champagne.


L'abbé Buché, curé de La Romagne (Ardennes), entouré d'enfants de chœur du village et des paroisses environnantes.
L’abbé Buché, curé de La Romagne (Ardennes), entouré d’enfants de chœur du village et des paroisses environnantes.

Le sacerdoce de ces prêtres, et la foi qui anime leurs familles, font probablement naître des aspirations religieuses parmi les Romanais. Plusieurs sont ainsi entrés dans les ordres.


Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Pierre Thomas Antoine de Boucher, né le 7 mars 1734 à La Romagne, fils de messire Paul de Boucher, seigneur d’Avançon (Ardennes) et de Marie-Thérèse Devie, devient curé de Poix (Marne), avant de permuter pour la cure d’Avançon (Ardennes).


Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant la grille de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).
Monseigneur François Marty et enfants de chœur devant la grille de l’église
Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Jean-Louis Bienfait, fils de François Bienfait et de Marie Catherine Trippier, né le 29 novembre 1796 à La Romagne, devient prêtre à Sauville (Ardennes) et s’éteint dans cette commune le 28 septembre1859.


Messe et cérémonie publique sur la place de La Romagne (Ardennes).
Messe et cérémonie publique sur la place de La Romagne (Ardennes).

Victor Devie, fils d’Alexandre Auguste Devie et de Marie-Charlotte Fréal, né le 27 février 1805 à La Romagne, est également prêtre. Il pratique à Pomacle (Marne), Bazancourt (Marne), Blanchefosse[1] (à partir de 1865) et décède le 7 novembre 1886 à Reims (Marne).


[1] Blanchefosse a depuis fusionné avec la commune de Bay pour former la commune de Blanchefosse-et-Bay (Ardennes).


Jean-Baptiste Apollinaire Lantenoy[1], fils de Jean-Pierre Lantenoy et de Jeanne Marie Hamel, né le 8 janvier 1818 à La Romagne. Ordonné prêtre, il officie à Revin (Ardennes) comme vicaire, puis Vaux-lès-Mouzon (Ardennes), Joigny[2] à partir du 22 octobre 1849, Banogne[3] et Saint-Fergeux (Ardennes), où il est nommé le 12 octobre 1862, et où il décède le 21 novembre 1873.


[1] Lantenois.

[2] Probablement Joigny-sur-Meuse (Ardennes), jumelée avec Joigny (Yonne) depuis le vendredi 25 juin 2004.

[3] Correspond aujourd’hui à Banogne-Recouvrance (Ardennes).


Par ce testament, Marie-Eugénie Devie fait don de sa maison pour la création d'une école à La Romagne (Ardennes).
Par ce testament, Marie-Eugénie Devie fait don de sa maison pour la création d’une école à La Romagne (Ardennes).

Marie-Eugénie Devie, sœur de Marie-Esther Devie, née le 3 septembre 1833, décède le 10 septembre 1864, alors qu’est religieuse de la communauté de L’Enfant Jésus. Elle lègue ses biens pour la création de l’école des filles de La Romagne.


Sœur Hélène en cornette. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Denise Flament-Legros, transmise par madame Marie-Paule Vergneaux.
Sœur Hélène en cornette. Collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Denise Flament-Legros, transmise par madame Marie-Paule Vergneaux.

Marie-Jeanne Eudoxie Devie, fille d’Alexandre Auguste Devie et de Jeanne Catherine Patoureaux, née le 14 décembre 1836 à La Romagne, entre en religion sous le nom de sœur Hélène. Elle est hospitalière à l’hôpital Lariboisière puis à Saint-Louis, avant de décéder à Paris en 1905.


Marie-Esther Devie, fille de Jean Baptiste Devie et de Marguerite-Virginie Devie, née le 5 mai 1838 à La Romagne, décède à Reims le 30 juillet 1861, alors qu’elle est novice au monastère de la congrégation des sœurs de la Divine Providence.


Monseigneur François Marty, 105e archevêque de Reims, de 1960 à 1968. La mutation culturelle et sociale qui touche la société cette année-là affecte aussi l'Église.
Monseigneur François Marty, 105e archevêque de Reims, de 1960 à 1968. La mutation culturelle et sociale qui touche la société cette année-là affecte aussi l’Église.

Malgré ces vocations romanaises, La Romagne n’a plus de curé attitré. La paroisse se voit partagée avec d’autres : elle est confiée à l’abbé Jean-Marie Brédy, curé de Rocquigny (Ardennes), qui assure aussi sa mission sacerdotale à Fraillicourt (Ardennes).

Il occupe cette charge jusqu’au 1er septembre 1998. Il est alors nommé aumônier du mouvement des retraités. Il décède le 1er décembre 2008 à Nouvion-sur-Meuse (Ardennes).

La fin du 20e siècle est marquée par une crise religieuse. Les curés ont désormais à s’occuper de plusieurs paroisses. Il ne peuvent le faire qu’en étant secondés par des clercs comme cela est courant pour les obsèques. Les ecclésiastiques doivent compter de plus en plus sur le laïcat…

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L’extérieur de l’église Saint-Jean à La Romagne


Mur ouest de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), correspondant à son portail d'entrée. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Mur ouest de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), correspondant à son portail d’entrée. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’église située au cœur du village est consacrée à saint Jean l’Evangéliste, alors que celle de Sery est dédiée à saint Jean le Baptiste. Sa fête est fixée par l’Eglise catholique au 27 décembre[1]. Il est un des douze apôtres du Christ et un des quatre annonciateurs de l’Évangile, avec Luc, Marc et Mathieu. Son symbole est l’aigle.


[1] Autour de cette période sont parfois célébrées la Saint-Jean d’hiver ou le solstice.


L'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) est actuellement bâtie en dur (moellons, calcaire, mortier, briques, ardoise, etc.). Contrefort nord-ouest. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) est actuellement bâtie en dur (moellons, calcaire, mortier, briques, ardoise, etc.). Contrefort nord-ouest. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La construction de l’église est organisée dès 1227 par Simon Pied de Loup pour faciliter la vie des habitants de La Romagne, qui doivent alors aller jusqu’à Rocquigny pour assister aux offices. Elle est très certainement en bois, comme toutes celles qui sont construites à cette époque.


Au Moyen Âge, les églises paroissiales se trouvent sous l’autorité d’un évêque ou d’un abbé[1], en qualité de fondateurs. Les prémontrés de Chaumont-Porcien et les cisterciens de Signy-l’Abbaye règnent sur les villages circonvoisins.

La rivalité des uns et des autres se manifeste par le nombre de paroisses à gouverner. Cette attitude explique le nombre considérable de lieux de culte construits dans les villes et les bourgades aux XIIe et XIIIe siècles.


[1] Supérieur ecclésiastique exerçant sa juridiction sur une abbaye ou un monastère régulier.


Meurtrière (probablement une arquebusière) de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), bouchée avec du mortier et des briques. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Meurtrière (probablement une arquebusière) de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), bouchée avec du mortier et des briques. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’actuelle église de La Romagne date probablement de la première moitié du XVIe siècle. Elle est fortifiée : la région est en butte aux guerres civiles et religieuses, de manière presque ininterrompue pendant quatre-vingt-dix-ans. La situation est telle que le village est incendié à plusieurs reprises.


Plan de masse cadastral de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).

Elle est construite, non en forme de croix latine, mais selon un rectangle. Ce plan basilical hérité des Romains a été repris dans la tradition champenoise. En effet, de nombreuses églises rurales sont bâties ainsi en Champagne, province qui recouvrait entre autres les départements actuels de la Marne et des Ardennes.


La visite paroissiale de 1774 permet de dire que le bâtiment se compose d’un sanctuaire de vingt-sept pieds de large sur quinze de long, et d’une nef de vingt-sept pieds sur trente-huit.


Maçonnerie en moellons de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Maçonnerie en moellons de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les quatre murs (d’au moins soixante-dix centimètres d’épaisseur) reposent sur un soubassement de pierres régulièrement taillées. Ils sont construits en moellons du pays, très durs et irrégulièrement disposés. Au contraire, d’autres églises assez voisines, telles celles de Fraillicourt ou de Rocquigny sont en brique (ce matériau est moins cher car de fabrication locale).


Contrefort (pilier de maçonnerie servant à consolider un mur) nord-est de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Contrefort (pilier de maçonnerie servant à consolider un mur) nord-est de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les murs sont soutenus par d’épais contreforts, montrant parfois des reprises à chaque angle, comme ceux du pignon est. Chaque paroi présente de petits décrochements, dont l’un correspond aux fenêtres hautes. Certaines parties doivent être enduites car, en 1745, il est conseillé, pour l’extérieur, de « refaire un crépy[1] qui paraît nécessaire pour conserver les matériaux[2] ».


[1] En orthographe moderne, lire crépi, à savoir une couche de mortier, de plâtre ou de ciment non lissée.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Porte basse en  arc surbaissé de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Porte basse en arc surbaissé de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A l’est, le pignon ou chevet se trouve percé dans le haut de quelques lucarnes d’observation (ou d’arquebusières). Les murs nord et sud laissent voir dans le bas des meurtrières. Il subsiste, sur le mur latéral gauche en partant du portail d’entrée, la trace d’une ancienne porte basse.

Elle pourrait avoir permis aux habitants de se réfugier dans cet édifice : le danger était fréquent en ces temps peu sûrs. Sa taille empêche les cavaliers ennemis de s’y introduire et de terroriser un peu plus la population.


L'église Saint-Jean à  La Romagne (Ardennes) est un ouvrage fortifié. La fente défensive permet de lancer des projectiles ou de tirer sur des assaillants. Cette meurtrière est aujourd'hui obturée à l'intérieur par du plexiglas. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) est un ouvrage fortifié. La fente défensive permet de lancer des projectiles ou de tirer sur des assaillants. Cette meurtrière est aujourd’hui obturée à l’intérieur par du plexiglas. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Terwel, envoyé par le roi pour enquêter sur l’état du royaume après la guerre de Trente Ans et la Fronde, signale qu’en 1657 l’église est dans une condition désastreuse. En 1665, l’église est toujours «  en très mauvais état tant pour les bâtiments que pour les ornements ». Elle ne retrouve un meilleur aspect que quelque trente ans après ce constat.


Des arquebusières (ouvertures d’une fortification destinées à des arquebuses) sont encore visibles sur le pignon est de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Elles peuvent servir également de lucarnes d'observation. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Des arquebusières (ouvertures d’une fortification destinées à des arquebuses) sont encore visibles sur le pignon est de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Elles peuvent servir également de lucarnes d’observation. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le pignon ouest qui sert de façade devait probablement être, lui aussi, percé d’ouvertures de surveillance. Les nombreux travaux de réfection entrepris à diverses époques ont vraisemblablement abouti à leur disparition.


Baie en arc brisé et ouverture plus ancienne en plein-cintre (demi-cercle parfait) de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), actuellement obturée. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baie en arc brisé et ouverture plus ancienne en plein-cintre (demi-cercle parfait) de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), actuellement obturée. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour les fenêtres les plus anciennes, il s’agit de simples ouvertures ménagées dans l’épaisseur de la maçonnerie. Jusqu’au XVIIIe siècle, elles sont sur chaque mur au nombre de trois et assez hautes, ce qui fait que l’église est non seulement peu lumineuse mais aussi humide. C’est pourquoi il est conseillé, lors de la visite de 1774, non seulement de les agrandir, mais aussi d’en percer une quatrième.


Durant la Révolution, il semblerait que les vitraux existants aient été brisés ou aient disparu : l’état des lieux fait pour la réouverture au culte souligne que « certaines fenêtres sont bouchées avec de la paille ». Les autorités ecclésiastiques du diocèse se plaignent de la situation piteuse dans lequel se trouvent les églises de l’arrondissement de Rethel.


En ce qui concerne La Romagne en 1807, l’édifice est considéré défavorablement « tant pour la couverture que pour les murs qui ont besoin d’être reconstruits car ils sont défectueux[1] ». Et pourtant, selon un arrêté du préfet du département des Ardennes le 3 août 1809, l’église est déclarée conforme  : les critères d’appréciation seraient-ils différents entre les autorités religieuses et civiles ?


[1] Archives départementales de la Moselle, centre de Saint-Julien-lès-Metz, 29J 363/365 [série J = archives privées, sous-série 29J = évêché de Metz (1093-1999), articles 29J 130-773 = diocèse depuis 1802, articles 29J 340-396 = contrôle épiscopal, an XIII-1925, articles 29J 355-385 = visites canoniques, enquêtes sur l’état des paroisses, 1803-1886, articles 29J 355-377 = ancien diocèse de Metz, 1803-1886]


Les réparations les plus urgentes ont été réalisées à partir de 1824 par la fabrique. Les autres se font aux dépens de la commune[1], si bien que, vers 1830, l’église retrouve une nouvelle fois un aspect extérieur correct. Cependant, le portail et les quatre piliers ont besoin de réfection, tout comme la toiture, qui est à remettre à neuf.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 64 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Or, en 1852, le conseil municipal constate que le devis des réparations à faire à l’église (sans que leur nature ne soit précisée) s’élève à plus de 4500 francs. Il en ressort que la commune aura les plus grandes difficultés pour y faire face[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 1 = registre du conseil municipal], délibération du 12 mai 1852.


Fenêtre en arc surbaissé de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Le moellon (pierre de construction dans les murs) est recouvert de mortier. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Fenêtre en arc surbaissé de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Le moellon (pierre de construction dans les murs) est recouvert de mortier. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le conseil d’arrondissement de Rethel, après avoir reçu des subventions pour la réparation des églises, marque son intérêt pour la conservation du patrimoine. Il souhaite que les réparations ne soient pas l’occasion de mutilations, et que les architectes conservent le caractère reçu des siècles qui les a érigées.

En outre il faut « empêcher les dilapidations des boiseries, des sculptures, la disparition des dalles tumulaires[1] par un changement du parage [2]». Il semble inutile de préciser que ce vœu n’est pas toujours respecté.


[1] Les dalles funéraires, ou tumulaires, sont les plaques mises en place au-dessus des sépultures. Elles sont souvent décorées de motifs gravés en creux. Ce terme a été très utilisé au Moyen Âge pour désigner les pierres tombales.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 124 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Baie en arc surbaissé (hauteur de flèche inférieure à celle du plein-cintre) de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Maçonnerie en moellons recouverts de mortier et entourés de briques. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baie en arc surbaissé (hauteur de flèche inférieure à celle du plein-cintre) de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Maçonnerie en moellons recouverts de mortier et entourés de briques. Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 . Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’abbé Grégoire, curé de La Romagne, décrivant l’édifice en 1890, tient le propos suivant : « L’église est sans intérêt particulier, elle a un porche en brique et fenêtre de même. ».


Baie géminée (groupée deux par deux sans être en contact) en arc brisé de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baie géminée (groupée deux par deux sans être en contact) en arc brisé de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes).Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Une transformation tardive voit le jour avec le percement de baies (géminée sur le pignon est, simple au-dessus du portail ouest). Il n’est pas possible d’avancer une date précise pour ces travaux, en l’absence de documents primaires. Elle a eu lieu très certainement vers 1903 pour la première, si l’on se fie à la date du vitrail qui l’orne.


Portail en arc surbaissé de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), surmonté d'une fenêtre en arc brisé . Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Portail en arc surbaissé de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), surmonté d’une fenêtre en arc brisé . Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le portail d’entrée est modifié à de nombreuses reprises. Jules Carlier le décrit en 1913 comme « très sobre et surmonté d’arcs formés par des tores[1] qui reposent sur des colonnettes disposées en ébrasement ».

Il conserve également des vestiges « de crochets et de clochetons » qui ont désormais disparu. En 1890, le curé Grégoire, dépeint un petit portail triangulaire. Avant cette date, l’abbé Noiville, dans son désir d’embellir son église, a veillé à la réfection de celui-ci et à son rehaussement. De nos jours, il est d’une grande simplicité, sobrement surmonté d’une croix au-dessus de la baie.


[1] Moulure saillante demi-cylindrique entourant la base d’une colonne ou d’un pilier. Boudin est son synonyme.


Archives nationales, document numérique, AE/II/2991, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, A1610.
Archives nationales, document numérique, AE/II/2991, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de ParisA1610.

A partir de la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, le bâtiment est officiellement la propriété de la commune. En réalité, il l’est depuis la Révolution, mais celle-ci est en plus chargée de son entretien.

Désormais, le ministre du culte (ou curé) a l’autorité de police à l’intérieur de l’édifice religieux, tandis que le maire l’a dans tous les autres lieux de la commune. Tous deux sont détenteurs des clés du bâtiment.

Avant cette période, la clé de l’église était déposée entre les mains du curé et, en principe, le maire n’avait le droit qu’à une clé du clocher (pour ce qui regardait la vie journalière des habitants). Si l’accès à ce dernier n’était pas indépendant de l’entrée de l’église, une clé de celle-ci devait être en théorie remise au maire[1]. Il arrivait qu’elle ne le fût pas, d’où, parfois, quelques petits incidents…


[1] Loi du 5 avril 1884 relatif à l’organisation municipale, article 101.


En 1907, les curés des différentes paroisses des Ardennes doivent se rendre auprès des maires des villes ou villages où ils exercent leur ministère, afin de demander la location des églises pour dix-huit ans (la plupart d’entre elles étant devenues depuis la Révolution des biens communaux).

Cette demande est assortie d’une condition que les maires ne peuvent refuser : ils doivent accepter, sans opposition possible, les différents locataires qu’il plait à l’évêque d’y nommer. Ainsi, cette clause permet, malgré la loi, d’avoir une reconnaissance de la hiérarchie ecclésiastique.


Quelques arrêts du Conseil d’Etat (en particulier celui du 11 juin 1913) permettent aux communes d’engager les dépenses nécessaires pour l’entretien et la conservation des édifices du culte dont la propriété leur est attribuée. L’église de La Romagne relève donc désormais du conseil municipal.  Ce dernier est autorisé à restaurer les objets mobiliers en usage qui sont déclarés « propriété communale » et qui figurent dans un inventaire.


L’église ne subit pas de dégâts extérieurs en 1914-1918 : elle n’est pas incendiée. Ce n’est pas le cas durant la Seconde Guerre mondiale. Le 15 mai 1940, une bombe tombe sur une partie de la sacristie et du mur sud, provoquant la mort de deux habitants et d’importants dégâts : la toiture et la charpente sont éventrées.

Une partie du toit menace de s’effondrer. Pour pallier des risques plus importants, deux Romanais (madame Devie-Richard et monsieur Achille Cotte) font chacun don d’un arbre de taille imposante, afin de consolider la charpente.


C’est le charpentier du village[1] qui est chargé de tailler à l’herminette ces poutres avant de les mettre en place. Dès 1942, quelques travaux de couverture sont entrepris. Ils ne représentent qu’un petit pourcentage de ce qui doit être fait lors du retour de la paix pour que l’église retrouve son rôle.

Outre la charpente et la toiture, il faut refaire des parties de maçonnerie. Dans l’état où se trouve l’église, il n’est plus possible de célébrer le culte. Celui-ci le sera pour un certain temps dans un bâtiment situé dans la cour de la famille Druart.


[1] Vital Bonhomme.


Le mardi 14 septembre 1948, une cérémonie solennelle est célébrée pour la réouverture au culte de cet édifice.  Au cours de cette dernière, trois statues (celles de saint Jean l’Evangéliste, du Sacré- Cœur, de Marie Immaculée) et le chemin de croix sont bénits.

Une assemblée nombreuse venue des trois annexes (Draize, Givron et Montmeillant) se recueille durant la messe, au cours de laquelle on célèbre la confirmation de trente enfants. Cette cérémonie s’achève au monument aux morts par une prière et un chant[1].

[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC11-842 (7), Eglise catholique. Diocèse (Reims, Marne), Bulletin du diocèse de Reims : revue religieuse, historique et littéraire, 1e année, n° 1 (6 juil. 1867)-89e année, n° 12 (25 mars 1961), Reims : [s.n.], 1867-1961, numéro du 28 septembre 1948.



La sacristie, salle attenante à l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), est affectée au rangement des objets nécessaires au culte. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La sacristie, salle attenante à l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes), est affectée au rangement des objets nécessaires au culte. Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La sacristie est un bâtiment qui dépend, tant pour sa construction que pour son entretien, de la fabrique. Jusqu’en 1710, on ne trouve aucune allusion à ce lieu. Trente-cinq ans plus tard, on apprend que celle qui existe est « trop étroite et malpropre ».

Un projet de reconstruction est établi, ainsi qu’un devis pour sa réalisation. Les deniers proviennent de la fabrique, qui vend des arbres lui appartenant, le long du cimetière. La visite de 1774 atteste qu’une sacristie se distingue de l’église.


Une nouvelle fois visitée en 1783, la sacristie apparaît comme suffisamment grande, mais elle n’est pas notée comme saine. Pour cela, il conviendrait qu’elle fût « planchée et boisée pour la rendre moins humide[1]. Par ce moyen, « les ornements qui sont décents ne se terniraient pas si vite[2] ». Elle renferme « le nécessaire pour le service divin et les linges sont bien tenus ».

Ces remarques montrent combien la situation s’est améliorée depuis que le curé Dehaulme a essayé de redonner , un siècle auparavant, un peu de lustre à son église.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)]

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 23 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


En 1838, le mauvais état de la sacristie est une nouvelle fois signalé. En 1890, le curé Grégoire, qui répond au questionnaire concernant le pouillé[1] constitué par monseigneur Pierre-Louis Péchenard, porte le jugement suivant :

« La sacristie tombe en ruine, tout y est pauvre et en mauvais état, on parle d’une reconstruction prochaine et monsieur le curé s’occupe activement du mobilier ».

Réponse du curé Grégoire aux questions de monseigneur Pierre-Louis Péchenard.

[1] Relevé des biens et bénéfices d’une abbaye, d’un diocèse, d’une province.


La nouvelle est bâtie en brique. L’un des murs est percé d’une fenêtre assez large, qui laisse pénétrer la lumière. Elle est lourdement touchée lors du bombardement de mai 1940. Comme le reste de l’édifice, elle ne sera définitivement réparée qu’après la fin de la guerre.


A plusieurs reprises, il apparaît qu’il n’y a pas de clocher sur l’église. Comme l’indique l’enquête de 1774, « Il n’y a qu’une grosse cloche mauvaise ». En 1807, la cloche de l’église de La Romagne est estimée convenable[1], quoique d’une sonorité de piètre qualité. Le village, durant la Révolution, a dû échapper à la réquisition de celle-ci. Ou elle a pu être remplacée…


[1] Archives départementales de la Moselle, centre de Saint-Julien-lès-Metz, 29J 370 [série J = archives privées, sous-série 29J = évêché de Metz (1093-1999), articles 29J 130-773 = diocèse depuis 1802, articles 29J 340-396 = contrôle épiscopal, an XIII-1925, articles 29J 355-385 = visites canoniques, enquêtes sur l’état des paroisses, 1803-1886, articles 29J 355-377 = ancien diocèse de Metz, 1803-1886].


En 1832, l’église est dotée d’une nouvelle  cloche, dont le diamètre est de quatre-vingt-sept décimètres. Elle est fabriquée par Antoine et Loiseau, des fondeurs de Robécourt dans les Vosges. On en retrouve de nombreuses consœurs dans l’arrondissement de Rethel, et en particulier dans le canton de Château-Porcien.


Tombe de membres de la famille Merlin au cimetière de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tombe de membres de la famille Merlin au cimetière de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Elle est bénite lors de son baptême par le curé de la paroisse, l’abbé Morin, et reçoit le nom de Marie – Françoise – Prudence, en l’honneur de sa marraine Marie Françoise Merlin. Cette dernière est la femme du maire de l’époque, François Merlin. Ce dernier est le parrain de la cloche de l’église[1]. Elle est décorée d’un Christ en croix et de la Vierge Marie, avec une course de fleurs et de feuillage.


[1] Pouillé (registre ecclésiastique) 1874/1894 du diocèse de Reims établi par monseigneur Pierre Louis Péchenard.


Le sous-sol des Ardennes alterne les bancs de grès et de schiste (dont fait partie l'ardoise). Par l'utilisation de ce matériau, l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) relève de l'architecture vernaculaire (propre à un pays, à un terroir, à une aire donnée). Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le sous-sol des Ardennes alterne les bancs de grès et de schiste (dont fait partie l’ardoise). Par l’utilisation de ce matériau, l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) relève de l’architecture vernaculaire (propre à un pays, à un terroir, à une aire donnée). Prise de vue effectuée le dimanche 18 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1848, l’église est dotée d’un clocher de forme carrée. Il est totalement recouvert d’ardoise avec deux faces présentant des abat-son, dont le rôle est à la fois de ventiler les charpentes mais aussi de rabattre le son vers le sol. Il est également surmonté d’un lanternon à dôme polygonal.


Quatre pièces de bois équarries de grandes dimensions soutiennent le clocher de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Quatre pièces de bois équarries de grandes dimensions soutiennent le clocher de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes). Prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le poids de ce clocher est important et nécessite l’installation de quatre poutres intérieures, à l’instar de Saint-Nicaise à Montmeillant. Cette construction est due à l’action conjointe de la commune et de l’abbé Noiville.


Pour pouvoir réaliser une partie de ces travaux, il réunit une somme de quasiment 5 000 francs, offerte par de généreux donateurs pour mener à bien ce projet. Mais sa gestion « fantaisiste » des comptes le met dans une situation délicate vis-à-vis de la municipalité.

Il se soustrait aux demandes réitérées de celle-ci de produire les comptes. Il n’hésite pas à ne pas se présenter aux rendez-vous qui lui sont donnés. Voire, quand il finit par s’y rendre, à se sauver dès que des demandes d’explication lui sont faites[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/D 1 = registre du conseil municipal de La Romagne], délibération du 30 avril 1884.


Cependant, dès 1850, des réparations sont  menées pour ce clocher. Elles nécessitent l’intervention de deux artisans : Alloy Bosserelle et Alexandre Richard (maréchal-ferrant).


En 1905, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat fixe la possibilité d’utiliser les cloches. Elles font certes partie de l’édifice cultuel, mais peuvent être tintées pour des sonneries civiles en cas de péril commun (alerte, catastrophe naturelle, incendie, mobilisation générale, telle celle qui a eu lieu lors de la Première Guerre mondiale). Elles sonnent alors le tocsin…


Ces cloches annoncent aussi la messe, les vêpres, les mariages et les baptêmes avec des sonneries joyeuses. Elles marquent les enterrements par la tristesse du glas[1]. A l’occasion de la Semaine Sainte qui précède le dimanche de Pâques, elles restent silencieuses du jeudi au samedi, et sont remplacées parfois par des crécelles. Elles sonnent en revanche à toute volée le dimanche de Pâques, pour annoncer la Résurrection.


[1] Tintement d’une cloche d’église pour annoncer l’agonie, la mort ou les obsèques de quelqu’un.


A son tour, cette cloche est remplacée après la Première Guerre mondiale par une autre, dont le décor de feuillage n’est pas sans rappeler le précédent, et qui porte le nom de Marquigny. On trouve la nécessité d’une nouvelle cloche dans les délibérations du conseil municipal pour l’année 1920. Or, les enquêtes lancées par l’archevêché juste après la fin de la guerre ne font aucunement allusion au mauvais état de la cloche. Il semble exister encore sur ce point-là une divergence d’avis…


Lors de la séance du conseil municipal du 26 décembre 1950, la commune se dote d’un sonneur communal. En 1989, la cloche est électrifiée, de manière à sonner l’angélus[1]. Cette décision fait regretter à des générations d’enfants le moment où, échappant momentanément à la surveillance de leurs parents, ils se suspendaient à la corde dans l’espoir de s’envoler à quelques mètres du sol.


[1] Prière latine qui commence par le mot angelus et se récite matin, midi et soir.


Le coq sur le clocher de l'église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) signifie la lumière et la résurrection. Prise de vue effectuée le samedi 2 septembre 2017, photographie en couleurs, (collection privée, avec l’aimable autorisation de son auteure, madame Odette Corneille).
Le coq sur le clocher de l’église Saint-Jean à La Romagne (Ardennes) signifie la lumière et la résurrection. Prise de vue effectuée le samedi 2 septembre 2017, photographie en couleurs, (collection privée, avec l’aimable autorisation de son auteure, madame Odette Corneille).

Depuis sa création, ce clocher fait régulièrement l’objet de campagnes de restauration. L’une des dernières remonte aux années 1990, à la suite de la chute de la foudre. Il est surmonté d’un coq faisant office de girouette. Sa symbolique est multiple entre l’annonce du jour, le zèle pour le service de Dieu[1] ou l’emblème du Christ protecteur. Le nouveau coq installé au sommet du clocher en janvier 2007 veille désormais sur le village…


[1] Il est une allusion au reniement de saint Pierre et à la parole du Christ : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois ».