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Mission historique et mémorielle à Eisenhüttenstadt sur les traces de Pierre Bonhomme, natif de La Romagne, prisonnier de guerre dans le Stalag allemand III-B Fürstenberg (Oder)


8 mai 1945 – 8 mai 2025 : les soldats capturés pendant la Seconde Guerre mondiale, mémoire vive de l’histoire européenne

Panneau de la gare d'Eisenhüttenstadt (Allemagne). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Panneau de la gare d’Eisenhüttenstadt (Allemagne). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les jeudi 8 et vendredi 9 mai 2025 marquent deux anniversaires majeurs : les 80 ans de la victoire du 8 mai 1945 et les 35 ans de la Journée de l’Europe, célébrée le 9 mai. Le 8 mai s’annonce comme la dernière grande commémoration en présence des témoins directs de la Seconde Guerre mondiale : anciens combattants, rescapés des camps, requis du STO[1], incorporés de force[2]… et prisonniers de guerre[3], dont le sort particulier est relégué dans l’ombre.

Capturés en masse dès 1940, contraints au travail forcé en Allemagne, ces hommes vécurent une guerre marquée par la captivité, l’attente, et un retour difficile en France.


[1] Le Service du travail obligatoire était une contrainte imposée par le régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, forçant les jeunes hommes français à travailler en Allemagne pour soutenir l’effort de guerre nazi.

[2] Les « malgré-nous » étaient des hommes d’Alsace-Moselle contraints par le régime de Vichy de rejoindre l’armée allemande après l’annexion de fait de ces régions par le IIIᵉ Reich en 1942.

[3] Les Stalags accueillaient les soldats et sous-officiers soumis au travail forcé (Zwangsarbeit), tandis que les Oflags étaient destinés aux officiers, qui bénéficiaient de conditions de vie relativement meilleures. La notion de Zwangsarbeit (travail forcé) pendant la Seconde Guerre mondiale peut, dans de nombreux cas, être considérée comme une forme de moderne Sklaverei (esclavage moderne), bien que ces deux concepts renvoient à des contextes historiques et juridiques différents.


Embarcadère à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Embarcadère à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après avoir cherché les traces de Pierre Bonhomme, natif de La Romagne, prisonnier de guerre n° 53026 dans les Stalags allemands III-A Luckenwalde et III-D Berlin, une nouvelle mission historique et mémorielle s’est accomplie au Stalag III-B Fürstenberg[1] (Oder), actuellement Eisenhüttenstadt, en Allemagne) du jeudi 24 octobre au vendredi 1er novembre 2024.


[1] Fürstenberg-sur-Oder, commune située actuellement dans l’arrondissement de l’Oder-Spree et le Land de Brandebourg, en Allemagne, ne doit pas être confondue avec Fürstenberg-Havel, qui se trouve également dans le Land de Brandebourg, mais dans l’arrondissement de la Haute-Havel.


Ce déplacement a compris plusieurs rendez-vous avec des historiens, archivistes, bibliothécaires, documentalistes, libraires, etc., dont :

  • plusieurs rencontres avec Erich Opitz, historien local engagé dans la préservation de la mémoire du quartier de Fürstenberg (Oder). Président d’une association culturelle[1], membre du conseil municipal, il a publié plusieurs ouvrages[2] et articles[3] sur Eisenhüttenstadt. Il est par ailleurs collectionneur d’archives sur la Seconde Guerre mondiale (tracts, photographies, cartes postales, etc.) ;
  • des échanges électroniques[4] avec Axel Drieschner, historien de l’art et historien, conservateur au musée Utopie et vie quotidienne[5] (qui regroupe le Centre de documentation[6] sur la vie quotidienne en RDA[7] et des archives d’artistes[8] au château de Beskow[9]), impliqué dans les projets d’exposition et le développement des collections, co-directeur de publication avec Barbara Schulz de Stalag III-B Fürstenberg (Oder) : Kriegsgefangene im Osten Brandenburgs 1939-1945, Berlin : Metropol Verlag, 2006, 212 p. (Beiträge zur Geschichte Eisenhüttenstadts, cahier 4). [10] ;
  • une inscription à la bibliothèque municipale[11], dont le fonds documentaire actuel et varié comprend plusieurs ouvrages d’histoire locale. La délivrance d’une carte de lectrice à l’auteure a autorisé le prêt « à domicile[12] » de la monographie citée supra[13], dans le cadre d’une procédure spécifique ;
  • une consultation aux archives municipales[14]. Un exemplaire du titre référencé ci-dessus étant déjà conservé dans les fonds, la directrice a exceptionnellement autorisé, à titre dérogatoire et dans un cadre strictement non renouvelable, la remise d’un doublon à l’auteure ;
  • une visite du musée municipal[15], ancienne maison d’armateur, au style Art nouveau, arborant une façade décorée de motifs maritimes. Ses collections portent sur l’histoire locale d’Eisenhüttenstadt, et une salle en particulier est dédiée au Stalag III-B Fürstenberg (Oder) ;
  • des passages à l’office de tourisme[16], qui propose sur présentoir des périodiques, des monographies sur l’histoire locale, ainsi que des reproductions de cartes anciennes. Il met également à disposition, gratuitement, des dépliants[17], un livret d’accueil[18] et un itinéraire de découverte de la ville[19] ;
  • un tour à la librairie Thalia[20], qui comprend un rayon sur l’histoire locale, et qui vend des plans de la ville, ainsi que des cartes topographiques[21] de la région ;
  • une correspondance informatique avec la mairie[22] ;
  • une découverte de la galerie d’art de Fürstenberg (Oder)[23], qui organise un dépôt-vente d’ouvrages et d’un lot de cartes postales[24].

[1] Bürgervereinigung Fürstenberg (Oder) e.V., Fellertstraße 31, 15890 Eisenhüttenstadt.

[2] Parmi lesquels un recueil de photographies du vieux Fürstenberg (Oder) : Gansleweit, Klaus-Dieter ; Opitz, Erich ; Schieche, Manfred, Das alte Fürstenberg (Oder), Erfurt : Sutton Verlag, 2016, 136 p.

[3] Erich Opitz a notamment rédigé la partie I (pp. 20-55) d‘une chronologie (Zeitafel) de Fürstenberg (Oder), du moyen-âge à nos jours, avec Klaus-Dieter Gansleweit, dans l’article « Fürstenberg (Oder) im Wandel der Zeiten » (« Fürstenberg-sur-Oder au fil du temps »), paru dans Gansleweit, Klaus-Dieter (dir.), Festschrift zur 750-Jahr-Feier von Fürstenberg (Oder), Heimatkalender Eisenhüttenstadt und Umgebung, 23e année, édition spéciale, 1e édition, Eisenhüttenstadt : Bürgervereinigung Fürstenberg (Oder) e. V., 2005, 284 p. Erich Opitz a ensuite co-signé avec Klaus-Dieter Gansleweit, ou signé seul, les parties II à VI dans les volumes 1 (2011, 248 pages, pp. 17-42), 2 (2017, 224 pages, pp. 6-24), 3 (2020, 216 pages, pp. 6-43), 4 (2022, 203 pages, pp. 6-41), 5 (2024, 228 pages, pp. 6-37) de la revue Ganslweit, Klaus-Dieter (dir.), Fürstenberger Blätter : Beiträge zur Geschichte von Fürstenberg (Oder) und Umgebung, Eisenhüttenstadt: Bürgervereinigung Fürstenberg (Oder) e. V.

[4] Étant donné qu’Axel Drieschner était en déplacement professionnel à cette période, l’auteure n’a pas pu le rencontrer en personne.

[5] Museum Utopie und Alltag (DOK-Zentrum), Erich-Weinert-Allee 3, 15890 Eisenhüttenstadt.

[6] Dokumentationszentrum Alltagskultur der DDR, organisme soutenu par le ministère des Sciences, de la Recherche et de la Culture du Land de Brandebourg, l’arrondissement de l’Oder-Spree et la ville d’ Eisenhüttenstadt.

[7] République démocratique allemande.

[8] Museum Utopie und Alltag (Kunstarchiv), Breitscheidstraße 7, 15848 Beeskow.

[9] Commune située actuellement dans l’arrondissement de l’Oder-Spree et le Land de Brandebourg, en Allemagne.

[10] Ce livre a joué un rôle essentiel dans la rédaction de cet article, et demeure une référence incontournable pour tout lecteur germanophone s’intéressant au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Bien que les citations complètes n’aient pas été intégrées, l’auteure reconnaît l’importance capitale de cette œuvre dans ses recherches. Elle a constitué une ressource clé pour l’analyse, et sa mention explicite dans le texte s’inscrit dans les pratiques académiques, attestant ainsi de son apport déterminant.

[11] Stadtbibliothek, Lindenallee 2a, 15890 Eisenhüttenstadt.

[12] En fait, à l’hôtel, qui, en tant que lieu d’hébergement temporaire, ne revêt pas le statut de domicile légal et ne peut, dans le cadre d’un voyage touristique, être considéré comme une adresse officielle.

[13] Ce titre est épuisé. Publié en édition monolingue allemande, il n’a à ce jour pas été traduit en français, en anglais ni en russe.

[14] Stadtarchiv Eisenhüttenstadt, Am Trockendock 1a, 15890 Eisenhüttenstadt.

[15] Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt.

[16] Touristinformation, Lindenallee 25, 15890 Eisenhüttenstadt.

[17] Erlebnisreich Eisenhüttenstadt : die Vielfalt Eisenhüttenstadts erleben (Eisenhüttenstadt, riche en événements : découvrez la diversité d’Eisenhüttenstadt) ; Filmreich Eisenhüttenstadt : die Filmkulisse Eisenhüttenstadts erkunden (Eisenhüttenstadt, riche en films : découvrir les coulisses cinématographiques d’Eisenhüttenstadt) ; Fürstenberg (Oder) Eisenhüttenstadt : Spaziergang durch die historische Altstadt (Eisenhüttenstadt : promenade dans la vieille ville historique) ; Kunstreich Eisenhüttenstadt : Kunstwerke im öffentlichen Raum entdecken (Eisenhüttenstadt, riche en art : découvrir des œuvres d’art dans l’espace public) ; Naturreich Eisenhüttenstad t: Eisenhüttenstadt für Naturliebhaber (Eisenhüttenstadt, riche en nature : Eisenhüttenstadt pour les amoureux de la nature).

[18] Willkommen in Eisenhüttenstadt : Informationsbroschüre für Bürgerinnen, Bürger und Gäste unserer Stadt (Bienvenue à Eisenhüttenstadt : brochure d’information destinée aux citoyens et aux visiteurs de notre ville).

[19] Eisenhüttenstadt : die Planstadt zu Fuß entdecken (Eisenhüttenstadt : découvrir la ville planifiée à pied). Par « ville planifiée », on entend une ville conçue selon un plan d’urbanisme cohérent, élaboré dans le contexte politique de la RDA, l’État socialiste des années 1950.

[20] Lindenallee 7-9, 15890 Eisenhüttenstadt.

[21] Les feuilles L3952 et L3954 de la carte topographique du Brandebourg, à l’échelle 1 : 50 000 [deux centimètres sur la carte ≙ un kilomètre dans la réalité], couvrent Eisenhüttenstadt. Elles sont éditées par le Service topographique et d’information géographique du Brandebourg (Landesvermessung und Geobasisinformation Brandenburg).

[22] Stadt Eisenhüttenstadt, Zentraler Platz 1, 15890 Eisenhüttenstadt.

[23] Kunsthof Fürstenberg (Oder), Lindenplatz 4, 15890 Eisenhüttenstadt.

[24] Historische Brückeansichten von Fürstenberg/Oder (Vues historiques du pont de Fürstenberg/Oder).


Eisenhüttenstadt, ville palimpseste : entre ruines visibles et silence enfoui



Le voyage a aussi été l’occasion de découvrir Fürstenberg (Oder), le centre historique de la ville d’Eisenhüttenstadt, mentionné pour la première fois en 1286, et qui conserve quelques traces de la Seconde Guerre mondiale :

  • le quartier des pêcheurs[1] ;
  • l’église catholique Saint-Nicolas[2] (nommée d’après le patron des marins, référencée dès 1450, plusieurs fois détruite et reconstruite) ;
  • un remblai sur le canal Oder-Spree, utilisé depuis 1890 comme lieu de stockage et d’amarrage, rénové en 2008 avec la construction de pontons modernes, d’un embarcadère, et d’une promenade[3] ;
  • une « échelle céleste[4] », en fait un escalier étroit au fort dénivelé reliant le quartier de Kietz à l’Oderstraße ;
  • un monument[5] érigé en 1949 en l’honneur des vingt-trois membres de la flottille du Dniepr, tombés au combat au printemps 1945, lors des combats à Fürstenberg (Oder) ;
  • Un ancien embarcadère[6] : au lieu du pont sur la digue, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, un bac à câble actionné à la main a permis le passage jusqu’en 1996 ;
  • le cimetière protestant de Fürstenberg (Oder)[7], qui comprend une stèle en l’honneur de prisonniers de guerre décédés en 1939-1945, dont neuf Français[8] ;
  • le cimetière juif[9] ;
  • des pierres commémoratives[10] posées[11] en l’honneur d’Emma et Siegfried Fellert[12] ;
  • des vestiges de l’ancien pont sur l’Oder (qui a été détruit), visibles du côté polonais[13] ;
  • un ancien chantier naval[14], devenu aujourd’hui un immeuble d’habitation.
  • une fortification médiévale inachevée[15], potentiellement liée à l’empereur Charles IV du Saint-Empire romain germanique (1316-1378) ;
  • l’ancien hôtel de ville et la caserne de pompiers désaffectée[16], bâtiment construit en 1835 et rénové en 1900 dans le style néo-Renaissance ;
  • un château d’eau[17] de 1930, monument historique de style expressionniste ;
  • un musée des sapeurs-pompiers et des techniques de lutte contre l’incendie[18], achevé en 1992 ;
  • une écluse à sas double[19], mise en service en 1929.

[1] Kietz.

[2] Nikolaikirche, Kirchbüro, Oderstraße 1, 15890 Eisenhüttenstadt.

[3] Bollwerk.

[4] Himmelsleiter.

[5] Roßplatz (place des Chevaux).

[6] Ehemaliger Fährplatz.

[7] Fürstenberger evangelischer Friedhof, Kastanienstraße 15b, 15890 Eisenhüttenstadt.

[8] Ce lieu funéraire a été visité en compagnie d’Erich Opitz, reconnu pour ses recherches sur les sépultures oubliées, et pour sa connaissance de l’histoire des cultes des morts sous le national-socialisme à l’échelle régionale. Voir Opitz, Erich, Für Führer, Volk und Vaterland : zum regionalen Totenkult im Nationalsozialismus, Eisenhüttenstadt : Bürgervereinigung Fürstenberg (Oder) e. V., 2019, 188 p.

[9] Jüdischer Friedhof.

[10] Stolpersteine.

[11] Königstraße 61, 15890 Eisenhüttenstadt.

[12] Les deux victimes du nazisme ont été fusillées le 13 février 1945. Leurs corps ont été retrouvés au Stalag III-B Fürstenberg (Oder), mais le lieu exact de leur assassinat demeure incertain. Depuis 1946, la Prinz-Carolath-Straße n’existe plus et a été renommée Fellertstraße en leur honneur.

[13] Słubice est située juste de l’autre côté de la frontière, séparée de l’Allemagne par la rivière Oder. Elle est la voisine directe de Francfort-sur-l’Oder (Frankfurt an der Oder), commune située actuellement dans l’arrondissement de Francfort-sur-l’Oder et le Land de Brandebourg, en Allemagne.

[14] Ehemaliges Reedereigebaüde.

[15] Brauhebbel ou Burghebbel.

[16] Altes Rathaus und Feuerwache. Ce bâtiment a servi aux pompiers jusqu’à la mise en service, en 2022, de la nouvelle caserne centrale : Zentrale Feuerwache, Oderlandstraße 18, 15890 Eisenhüttenstadt.

[17] Wasserturm.

[18] Feuerwehr- und Technikmuseum, Heinrich-Pritzsche-Straße 26, 15890 Eisenhüttenstadt.

[19] Zwillingsschachtschleuse, Unterschleuse 1, 15890 Eisenhüttenstadt.


Pour ce qui est de sa partie moderne, Eisenhüttenstadt, qui est jumelée avec Drancy[1] depuis 1963, compte un théâtre[2], un cinéma[3], et a été le décor de plusieurs films en rapport avec la RDA[4]. La ville offre d’autre part au regard plus d’une centaine d’œuvres d’art dans les espaces publics, dont certaines en relation avec la Seconde Guerre mondiale, comme :

  • la place autrefois nommée « place de l’Amitié germano-soviétique[5] », et actuellement « place du Souvenir[6] », qui accueille un mémorial dédié aux prisonniers soviétiques du Stalag III-B Fürstenberg (Oder) (Les corps, déplacés lors de la construction de l’aciérie d’Eisenhüttenstadt, reposent sous un obélisque en granit, initialement destiné aux projets nazis pour Berlin[7], et réutilisé dans les années 1950) ;
  • la mosaïque murale[8] « Amitié entre les peuples[9] » de Walter Womacka ;
  • La peinture murale « Travailler pour la paix[10] » de Walter Womacka ;
  • La sculpture « Germania[11] Barbarica » d’Eckhard Herrmann.

[1] Commune située actuellement dans le département de la Seine-Saint-Denis, en région Île-de-France, faisant partie de la Métropole du Grand Paris. Le camp de Drancy fut le principal centre de transit des juifs arrêtés en France entre 1941 et 1944. Plus de soixante-trois mille personnes y furent internées avant d’être déportées, surtout à Auschwitz. Administré d’abord par la police française, puis par la Gestapo (abréviation de Geheime Staatspolizei, soit « police secrète d’État »), le camp fut libéré en août 1944. Il est aujourd’hui un lieu de mémoire de la Shoah en France.

[2] Friedrich-Wolf-Theater, Lindenallee 23, 15890 Eisenhüttenstadt.

[3] Filmpalast, Werkstraße 2a, 15890 Eisenhüttenstadt.

[4] En 2018, Das schweigende Klassenzimmer (La Révolution silencieuse), qui raconte comment des lycéens dénoncent la répression soviétique lors de l’insurrection de Budapest, a été partiellement tourné à Eisenhüttenstadt pour recréer l’atmosphère de la RDA des années 1950. En 2019, Und der Zukunft zugewandt (sorti en France sous le titre anglais Sealed Lips), qui raconte l’histoire d’une communiste allemande accusée d’espionnage en URSS, a également été filmé dans la ville.

[5] Platz der deutsch-sowjetischen Freundschaft.

[6] Platz des Gedenkes.

[7] Germania était un projet de « ville planifiée » conçu par Adolf Hitler pour transformer Berlin en une capitale mondiale monumentale, symbole de la puissance du régime nazi. Ce programme, imaginé avec l’architecte Albert Speer, prévoyait la construction de bâtiments gigantesques, notamment une grande avenue, un arc de triomphe géant et une salle pouvant accueillir jusqu’à cent quatre-vingt mille personnes. Cependant, le chantier n’a jamais été réalisé, abandonné en raison de l’évolution de la guerre et des destructions causées par le conflit.

[8] En porcelaine de Meißen : celle-ci, créée dès le début du XVIIIe siècle, se distingue par sa qualité exceptionnelle et ses designs raffinés, devenant ainsi un symbole du luxe et de l’artisanat en Europe.

[9] Völkerfreundschaft.

[10] Arbeit für den Frieden.

[11] Germania incarne l’unité et la puissance de l’Allemagne depuis le XIXe siècle. Guerrière couronnée, armée d’une épée ou d’un bouclier, elle symbolise un nationalisme conservateur. Marianne, quant à elle, née de la Révolution française, représente la République, la liberté et la souveraineté du peuple. Coiffée d’un bonnet phrygien, elle incarne les idéaux démocratiques et laïques de la France.



En 1961, le nom de Stalinstadt disparaît au profit de celui d’Eisenhüttenstadt. La « ville sidérurgique[1] », pensée comme la « première ville socialiste d’Allemagne[2] », doit incarner le renouveau de la RDA.

En 2001, la transformation d’une partie de la ville en zone industrielle donne lieu à des fouilles d’archéologie préventive[3] .


[1] Traduction littérale d’Eisenhüttenstadt.

[2] Anton, Wolfgang ; Arbeitsgruppe Stadtgeschichte (Eisenhüttenstadt), Eisenhüttenstadt : erste sozialistische Stadt Deutschlands, Berlin : BeBra Verlag GmbH, 1999, 247 pages.

[3] Rettungsgrabung (fouille de sauvetage).


Bouleau sur voie désaffectée à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Bouleau sur voie désaffectée à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 2024, les vestiges témoignent discrètement d’un passé longtemps occulté. Tout a presque totalement disparu, englouti par une nature luxuriante et exubérante, qui a repris ses droits depuis des décennies. La plupart du temps, les rares ruines affleurant à la surface sont difficiles à lire et à interpréter.

Vestiges d'un lampadaire en bordure de voie ferrée et d'un soubassement à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vestiges d’un lampadaire en bordure de voie ferrée et d’un soubassement à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le Stalag III-B Fürstenberg (Oder), un camp au cœur de la machine militaire nazie

Blocs érigés en souvenir du Stalag III-B à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Blocs érigés en souvenir du Stalag III-B à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dès 1929, dans Fürstenberg (Oder), le NSDAP[1] affronte de manière paramilitaire[2] les communistes[3] et les sociaux-démocrates[4]. En mars 1933, Adolf Hitler consolide son pouvoir avec plusieurs événements clés. Le 5 mars, les élections législatives renforcent son soutien, mais sans majorité absolue.

Le 27 février, l’incendie du Reichstag permet d’adopter un décret répressif. Le 23 mars, la loi des pleins pouvoirs[5] lui donne le pouvoir de légiférer sans le Reichstag, établissant ainsi sa dictature et mettant fin à la démocratie de la République de Weimar.


[1] Le NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) était le parti dirigé par Adolf Hitler, qui a gouverné l’Allemagne sous le régime nazi à partir de 1933.

[2] Le parti politique nazi n’était pas en soi une organisation paramilitaire, mais il s’est entouré de groupes paramilitaires pour assurer sa protection, intimider ses adversaires, et soutenir l’ascension du régime nazi. Parmi les exemples les plus emblématiques figurent les SA (Sturmabteilung) ou « chemises brunes », les SS (Schutzstaffel) à la sinistre tête de mort (Totenkopf), ainsi que les Jeunesses hitlériennes (Hitlerjugend ou HJ, littéralement la Jeunesse hitlérienne).

[3] En riposte, les communistes utilisaient le RFB (Rotfrontkämpferbund), ou Union des combattants du front rouge, qui visait à protéger les ouvriers et à lutter contre les nazis.

[4] Pour se défendre, les sociaux-démocrates s’appuyaient sur le Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold (Bannière noire-rouge-or) , une organisation destinée à défendre la République de Weimar contre l’extrême-droite.

[5] Ermächtigungsgesetz.


Fürstenberg (Oder) tombe sous la coupe des hitlériens. Dès lors, des mesures de terreur sont instaurées dans la ville et ses alentours, et les opposants politiques sont, soit enfermés dans des centres de détention, soit envoyés dans des camps de concentration[1].


[1] Les camps de concentration ont été créés dès 1933 pour détenir les opposants politiques et d’autres groupes « indésirables ». Les camps d’extermination, ouverts en 1941, étaient spécifiquement destinés à l’assassinat de masse, principalement des juifs.


« Les deux blocs de granit utilisés ici ont été récupérés en 2011 sur les rives du canal Oder-Spree à Eisenhüttenstadt. Ils y avaient survécu comme vestiges d’un stock de pierres constitué pendant la Seconde Guerre mondiale pour un projet de construction de la Wehrmacht prévu par Hitler à Berlin, à savoir le nouveau quartier général de l’armée avec la ‘halle des soldats’. Afin de stocker des pierres naturelles de haute qualité pour ce projet de construction, une installation portuaire a été spécialement construite à partir de 1940, juste au sud du Stalag III-B. Un commando de juifs français du camp de prisonniers de guerre a été utilisé pour creuser le bassin portuaire de 400 mètres de long. Environ 20 000 mètres cubes de gros blocs de pierre ont été empilés sur le site portuaire, dont du granit provenant de Scandinavie et des carrières de la SS, où les détenus des camps de concentration étaient soumis à un travail forcé dans des conditions inhumaines. Après la fin de la guerre, les forces d’occupation soviétiques ont notamment utilisé ces réserves de pierres pour construire le mémorial de Berlin-Treptow et la place du Souvenir à Eisenhüttenstadt. »

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

« Les deux blocs de granit utilisés ici ont été récupérés en 2011 sur les rives du canal Oder-Spree à Eisenhüttenstadt. Ils y avaient survécu comme vestiges d'un stock de pierres constitué pendant la Seconde Guerre mondiale pour un projet de construction de la Wehrmacht prévu par Hitler à Berlin, à savoir le nouveau quartier général de l'armée avec la 'halle des soldats'. Afin de stocker des pierres naturelles de haute qualité pour ce projet de construction, une installation portuaire a été spécialement construite à partir de 1940, juste au sud du Stalag III-B. Un commando de juifs français du camp de prisonniers de guerre a été utilisé pour creuser le bassin portuaire de 400 mètres de long. Environ 20 000 mètres cubes de gros blocs de pierre ont été empilés sur le site portuaire, dont du granit provenant de Scandinavie et des carrières de la SS, où les détenus des camps de concentration étaient soumis à un travail forcé dans des conditions inhumaines. Après la fin de la guerre, les forces d'occupation soviétiques ont notamment utilisé ces réserves de pierres pour construire le mémorial de Berlin-Treptow et la place du Souvenir à Eisenhüttenstadt. »

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le bellicisme d’Adolf Hitler se manifeste à travers la préparation de la guerre, notamment avec l’action de la Wehrmacht[1]. Dès août 1938, le commandement de cette dernière se voit chargé de planifier l’installation de camps de prisonniers, en prévision des invasions de la Tchécoslovaquie (le 15 mars 1939) et de la Pologne (le 1er septembre 1939).

Ces instructions incluent la construction des camps, ainsi que des directives sur le traitement des prisonniers, notamment la surveillance, l’hébergement, le ravitaillement et le travail.


[1] Cette « force de défense » (traduction littérale en français), créée en 1935 à partir de la Reichswehr (armée nationale), comprenait l’Heer (armée de Terre), la Kriegsmarine (Marine) et la Luftwaffe (armée de l’Air). La Wehrmacht a été dissoute en 1946 après la défaite de l’Allemagne.


„Hier befand sich während des Zweiten Weltkriegs das sogenannte Mannschafts- Stammlager Stalag III B. Das Lager diente der Deutschen Wehrmacht während ihrer Angriffskriege zur Aufnahme gefangener gegnerischer Soldaten und zu ihrer Weiterführung in die regionale Kriegswirtschaft. Über das Gebiet des Deutschen Reichs waren etwa siebzig Lager gleicher Funktion und Größenordnung verteilt.

Das Stalag III B war zur Unterbringung von maximal 10 000 Kriegsgefangenen ausgelegt. Dazu wurden vierzig Baracken entlang einer zentralen Erschließungsstraße errichtet.   Während des Krieges, durchliefen etwa 100 000 Gefangene das Stalag III B. Sie stammten aus Polen, Frankreich, Belgien, den Niederlanden, Jugoslawien, der Sowjetunion, den USA und aus Italien. Die Gefangenen wurden, je nach ihrer nationalen Herkunft, sehr unterschiedlich behandelt. Gegenüber den Soldaten der westlichen Alliierten beachtete man weitgehend die Grundsätze des Völkerrechts. Die italienischen Gefangenen dagegen wurden, da ihr Land das Bündnis mit Deutschland verlassen hatte, als „Verräter“ bezeichnet und schlechter gestellt.

Absolut menschenverachtend war die Behandlung der sowjetischen Gefangenen. Gemäß der rassistischen NS-Ideo!ogie, die sie zu „Untermenschen“ erklärte, verweigerten die Deutschen ihnen eine lebenserhaltende Ernährung, Hygiene und Medizinische Versorgung.

Mehr als 4000 sowjetische Gefangene verhungerten, deshalb im Stalag III B oder starben an Seuchen. Weitere Rotarmisten, insbesondere solchen jüdischen Glaubens, wurden zur sofortigen Ermordung an Konzentrationslager überstellt.

Das Gebeine der sowjetischen Gefangenen wurden zunächst in Massengräbern verscharrt. Bei Errichtung des Eisenhüttenwerks 1951 umgebettet, ruhen sie heute auf dem Platz des Gedenkens in Eisenhüttenstadt. 80 weiterer Opfer verschiedener Nationalität wurden auf dem Friedhof der evangelischen Kirchengemeine im Ortsteil Fürstenberg, Kastanienstraße 15 b, beigesetz.“

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A la mi-septembre 1939, il apparaît que les lieux initialement prévus ne suffisent pas, si bien que la construction de nouveaux camps tels que le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) se révèle indispensable aux yeux des autorités allemandes. Ce Stalag est intégré dans le Wehrkreis[1] III Berlin Brandebourg[2].


[1] Abrégé en WK. Les Wehrkreise (circonscriptions militaires) étaient des régions militaires allemandes créées sous la République de Weimar pour le recrutement et la formation des troupes. Elles ont été renforcées par le IIIᵉ Reich pour l’organisation de la Wehrmacht.

[2] Cette zone englobait les provinces de Berlin et de la Marche de Brandebourg, avec son quartier général situé à Berlin-Grunewald.


Le site de Fürstenberg (Oder) est choisi dès le 23 septembre 1939[1] par le lieutenant-colonel[2] Paul May, nommé commandant du camp de 1939 à 1940[3], après que le Dulag[4] D Amtitz[5], implanté à proximité de Guben[6] (et qu’il dirigeait) a été dissous.

Il reconnait les lieux en compagnie de représentants de l’autorité civile et du directeur de l’Office du travail[7]. Le terrain sélectionné, long de deux kilomètres, et large de cinq cents à sept cent cinquante mètres, est plat, sec, et recouvert de bruyères sur un sol sableux[8].


[1] Il existe officiellement à partir du 6 décembre 1939.

[2] Oberstleutnant (code OTAN OF-4 selon le document STANAG 2116).

[3] Lagerkommandant.

[4] Le Dulag (Durchgangslager) était un camp de transit, à travers lequel passait tout prisonnier de guerre pour enregistrement, mais aussi pour vérifier son état médical.

[5] La localité, située dans la région de Gubin, est aujourd’hui connue sous le nom de Gębice, en Pologne, dans la voïvodie de Lubusz. Avant 1945, Amtitz faisait partie de l’Allemagne, mais après les accords de Potsdam, la région est devenue polonaise. Gubin, proche de Gębice, est une ville polonaise située à la frontière allemande.

[6] Commune située actuellement dans l’arrondissement de Spree-Neisse et le Land de Brandebourg, en Allemagne. Traversée par la Neisse, elle est séparée de la ville polonaise de Gubin par la frontière germano-polonaise établie après la Seconde Guerre mondiale, conformément aux accords de Potsdam en 1945.

[7] Arbeitsamt, organisme officiel responsable de la gestion du travail et de la main-d’œuvre.

[8] Pour un usage militaire, une telle terre présente l’avantage d’être sèche, bien drainée et aisée à aménager, ce qui permet l’installation rapide d’un camp. Bien qu’inexploitable sur le plan agricole ou économique, elle offre néanmoins deux atouts majeurs : un accès relativement aisé à l’eau et une desserte efficace par le chemin de fer et la route.


Plan du Stalag III-B à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Plan du Stalag III-B à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le camp[1] est prévu au départ pour dix mille prisonniers[2] mais, à la fin de 1939, aucune baraque n’est encore construite pour les héberger. Les prisonniers passent donc le premier hiver de leur captivité sous des tentes, par un froid rigoureux. Les baraques, souvent construites par les prisonniers eux-mêmes, ne sont achevées qu’en août 1940. C’est à cette période que de nombreux prisonniers français y sont internés[3].


[1] Sur le plan organisationnel, il est directement issu du camp de transit d’Amtitz.

[2] Dans les faits, le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) a connu une surpopulation extrême, accueillant jusqu’à cinquante mille prisonniers de guerre à son apogée, soit cinq fois sa capacité. Cette surcharge a entraîné des conditions de détention très difficiles : promiscuité, manque d’hygiène, pénurie de soins et de nourriture.

[3] L’augmentation du nombre de prisonniers français dans les Stalags en 1940 est le résultat de la défaite rapide de la France face à la Blitzkrieg (guerre éclair) allemande lors de la bataille de France, en mai-juin.


Le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) comprend plus d’une quarantaine de baraques d’hébergement, qui ont accueilli pendant la Seconde Guerre mondiale au moins quatre-vingt mille prisonniers, toutes nationalités confondues (Américains, Belges, Français, Italiens, Néerlandais, Polonais, Soviétiques, Yougoslaves, etc.).


L’avant-camp[1] est agrémenté de parterres de fleurs et de jardins. Il regroupe les maisons des gardes du camp[2]. Elles sont à colombages[3]. Le 1er septembre 1943, le colonel[4] Albrecht Blau, commandant du camp[5], inaugure une stèle commémorative et fait planter un chêne[6], près de la voie d’accès au Stalag III-B Fürstenberg (Oder)[7].


[1] Vorlager, c’est-à-dire la zone située devant le camp.

[2] Ce sont des Unterkunftsbaracken (« baraques d’hébergement » ou « baraques de logement ») et plus exactement des Stabsbaracken (« baraques du personnel », ou « baraques du commandement »). Datant de la Seconde Guerre mondiale, elles comptent parmi les rares encore conservées. Elles sont aujourd’hui utilisées par un refuge pour animaux, plus précisément un chenil : Tierheim/Tierpension Eisenhüttenstadt e.V., Oderlandstraße 3b, 15890 Eisenhüttenstadt.

[3] « Mur en charpente dont les vides sont remplis de briques, de torchis ou de plâtre. Par extension. Les parties visibles de cette charpente. Une maison alsacienne, normande, à colombages. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] Oberst (code OTAN OF-5 selon le document STANAG 2116).

[5] Il l’a dirigé du 15 avril 1943 au 25 février 1945. Son cadavre a été retrouvé le 30 août 1945 au Gamskarkogel, sommet de 2 467 mètres dans le massif de l’Ankogel, en Autriche.

[6] Tous les deux sont encore visibles actuellement. Une allée de bouleaux reliait d’autre part le tronçon de route entre les troupes et le camp de prisonniers, et quelques-uns de ces arbres subsistent.

[7] Lagerzufahrt . Dans le contexte d’un camp nazi comme un Stalag, ce terme désigne généralement la route d’accès principale utilisée pour les transports de prisonniers, de matériel ou de personnel.


Défilé de soldats allemands dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Défilé de soldats allemands dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Cette entrée[1], tournée vers la ville, est dominée par une tour de guet[2] en briques, très massive, alors que les autres miradors de surveillance sont en bois. Elle regroupe les bureaux de la Kommandantur[3], de l’Abwehr[4], de la poste, des bâtiments (pour la désinfection ou le stockage de combustible),  et des ateliers[5]. Le camp est entouré extérieurement d’une double clôture de barbelés, dont les poteaux sont enterrés d’au moins cinquante centimètres.


[1] Lagereingang.

[2] Wachturm.

[3] Le terme Kommandantur désigne les services de commandement militaires allemands, le bâtiment où ils sont installés, ainsi que le territoire qu’ils administrent. Dans certains contextes, il peut être traduit par PC (poste de commandement), notamment lorsqu’il se réfère à l’endroit où les autorités militaires exercent leur commandement.

[4] L’Abwehr (défense, riposte, parade), service de renseignement militaire allemand, a été fondée le 1er janvier 1921, en succession du Service IIIb (Abteilung ou Sektion IIIb, soit section IIIb) de la Première Guerre mondiale. Chargée du Gegenspionage (contre-espionnage), du Auslandsnachrichtendienst (renseignement extérieur) et du Sabotage (sabotage), elle est dirigée par l’amiral Wilhelm Canaris à partir de 1935. En conflit croissant avec la SS (Schutzstaffel, escadron de protection), accusée de trahison, elle est dissoute par Adolf Hitler le 18 février 1944.

[5] Les locaux non destinés à l’habitation sont désignés comme Lagerbaracken (baraques de stockage) ou Lagerflächen (zones ou surfaces de stockage).


Le miroir routier ou miroir de sécurité qui se voit à gauche a pour but d’améliorer la visibilité dans les zones où le champ de vision est réduit, notamment aux intersections.  Entrée du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Le miroir routier ou miroir de sécurité qui se voit à gauche a pour but d’améliorer la visibilité dans les zones où le champ de vision est réduit, notamment aux intersections. Entrée du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Cette structure du camp est identique à celle du Stalag III-A Luckenwalde[1] ou du Stalag XVII-B Gneixendorf[2], où Pierre Bonhomme a été prisonnier de guerre, ainsi qu’à de nombreux autres camps[3]. Il est à noter que ce camp n’a pas d’hôpital mais de simples infirmeries jusqu’en 1944[4].


[1] Commune située actuellement dans l’arrondissement de Teltow-Fläming et le Land de Brandebourg, en Allemagne.

[2] Village rattaché à Krems an der Donau (Krems-sur-le-Danube), commune située actuellement dans le district (Bezirk) de Krems et le Land de Basse-Autriche, en Autriche.

[3] Les Stalags II-A Neubrandenburg, III-A Luckenwalde, IV-B Mühlberg, VII-A Moosburg, IX-A Ziegenhain, X-B Sandbostel et XVII-B Gneixendorf sont tous construits sur le même modèle. Au Stalag VIII-A Görlitz, le plan a été légèrement modifié.

[4] Cette année-là, une annexe du camp de concentration de Sachsenhausen fut établie au sein de la nouvelle verrerie.


Baraques des gardes du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Baraques des gardes du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

A l’intérieur du camp, d’autres clôtures divisent l’espace en fonction des nationalités. Chaque enclos compte en général cinq baraques, chacune ayant une capacité approximative de deux cent cinquante hommes.

Leur comptage se fait dans le sens des aiguilles d’une montre : celles numérotées de 5 à 24 se trouvent à l’ouest, tandis que celles de 25 à 44 sont à l’est. La partie française regroupe notamment les baraques 6 et 8, tandis que la baraque 41 accueille des Français employés au service du camp.


Maquette d'un baraquement du Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Maquette d’un baraquement du Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La cuisine est dans un bâtiment de soixante-sept mètres de long sur treize de large, séparé par des barbelés des hébergements. L’endroit comprend des locaux à ordures, des espaces pour le stockage des denrées alimentaires, et une zone de lavage des ustensiles de cuisine.


Lagerstraße (route du camp) du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Lagerstraße (route du camp) du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Extérieurement, les baraquements sont des constructions en briques. Intérieurement, ils sont divisés en plusieurs parties :

  • deux dortoirs respectivement de vingt-cinq et trente mètres, chacun comportant plus de cent prisonniers. Ces derniers ne disposent que d’une surface de deux mètres carrés cinquante. Elle est réduite à un mètre carré soixante-dix en cas de surpopulation[1].
  • Un espace central réservé aux salles d’eau : la première, destinée à l’hygiène corporelle ; la deuxième, au lavage du linge ; la troisième, probablement au séchage.

[1] Le camp a pu être plus peuplé que la ville elle-même.


Maquette d'un baraquement et du plan du Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Maquette d’un baraquement et du plan du Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce Stalag sert d’accueil, de centre administratif pour les prisonniers de guerre qui y arrivent. Ils sont enregistrés et, après la quarantaine habituelle, transférés dans des commandos de travail à l’extérieur des camps.

Lorsque la main-d’œuvre du Wehrkreis III Berlin Brandebourg est détachée du Stalag III-B Fürstenberg (Oder), elle est rattachée administrativement au Stalag III-D Berlin, et répartie dans des camps secondaires disséminés en dehors de la capitale[1].


[1] Plusieurs Schattenlager (camps satellites, ou « camps de l’ombre ») ont été installés à Berlin et dans ses environs pendant la Seconde Guerre mondiale.


L’évacuation du Stalag III-B Fürstenberg (Oder) commence avec l’avancée des troupes soviétiques dans de très mauvaises conditions, avec le froid, le manque d’eau et de nourriture. Le 4 février 1945, le pont sur l’Oder est détruit, lors de la retraite allemande. Le 9 février, l’évacuation des habitants de Fürstenberg (Oder) est ordonnée.

„An der Stelle der am 23.04.1945 gesprengten Brücke entstand in den Jahren 1995/96 diese „Neue Deichbrücke“. Ermöglicht wurde der Wiederaufbau durch Gelder des Landes Brandenburg, der Stadt Eisenhüttenstadt und vieler Bürger aus Fürstenberg/Oder, die nach Ende des 2. Weltkrieges für diese Brücke spendeten.“

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder) le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La Guerre sacrée, en Russie de 1941 à 1945, fait référence à l'appel patriotique lancé par le gouvernement soviétique pour mobiliser la population contre l'invasion nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le samedi 26 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La Guerre sacrée, en Russie de 1941 à 1945, fait référence à l’appel patriotique lancé par le gouvernement soviétique pour mobiliser la population contre l’invasion nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le samedi 26 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Désertée, la ville est prise par la 33e armée (URSS)[1] le 24 avril 1945. Les prisonniers sont dirigés sur le Stalag III-A Luckenwalde. Quant aux captifs soviétiques, fragilisés par leurs conditions de détention, beaucoup trouvent la mort.


[1] 33-я армия (СССР), unité de l’Armée rouge durant la Grande Guerre patriotique.


Une rencontre symbolique entre historiens locaux français et allemands à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prises de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Une rencontre symbolique entre historiens locaux français et allemands à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prises de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les baraques, bien que situées sur la ligne de front à Fürstenberg (Oder), sont épargnées[1]. Jusqu’à l’automne 1947, elles sont occupées par l’Armée rouge, avant d’être habitées par la population locale. La Wehrmacht a creusé des tranchées et posé des champs de mines le long du canal Oder-Spree.

Des démineurs sont désignés par les Soviétiques parmi les habitants de Fürstenberg (Oder), une dizaine d’hommes, ainsi que six adolescents, membres des Jeunesses hitlériennes, perdent la vie dans des explosions.


[1] La ville a connu des combats isolés et des tirs d’artillerie, mais n’a pas subi de destructions majeures.


„Ewiger Ruhm den Helden die im Kampf für die Freiheit und Unabhängigkeit unserer Heimat gefallen sind.“

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Eisenhüttenstadt (Allemagne) le samedi 26 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après la création de la RDA le 7 octobre 1949, la décision de construire un combinat sidérurgique est prise lors du IIIe congrès du SED[1] en juillet 1950. Le terrain du Stalag III-B Fürstenberg (Oder) est transformé au sud en un complexe industriel (usine de ciment, extension de voies ferrées[2] publiques ou privées[3], etc.).

Il se trouve plus tard intégré dans la création d’une « ville nouvelle », Stalinstadt[4], dont Fürstenberg (Oder) est désormais un simple quartier.


[1] Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (Parti socialiste unifié d’Allemagne).

[2] Dès le milieu du XIXe siècle, Krupp fournissait des produits en acier moulé pour l’industrie ferroviaire en plein essor. Le nom du conglomérat industriel allemand apparaît sur certains rails d’Eisenhüttenstadt.

[3] Les embranchements particuliers (EP sous une forme abrégée en France) désignent des sections de voie ferrée raccordées au réseau principal, et utilisées par des entreprises pour leurs besoins logistiques.

[4] Ou « ville de Staline », appelée ainsi de 1953 à 1961, sur le modèle de Stalingrad, qui porta ce nom de 1925 à 1961 avant d’être rebaptisée Volgograd.


Vue sur une zone industrielle depuis l'emplacement du Stalag III-B, à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vue sur une zone industrielle depuis l’emplacement du Stalag III-B, à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1940, la société allemande Degussa[1] acquiert auprès de la municipalité un terrain convoité par Siemens & Halske AG[2], situé à proximité du camp. Elle y implante un complexe chimique destiné à la production de sodium, de formaldéhyde et d’autres substances utilisées dans la fabrication d’explosifs.


[1] Fondée en 1873, Degussa (Deutsche Gold- und Silberscheideanstalt vormals Roessler) était à l’origine spécialisée dans le raffinage des métaux précieux en Allemagne. Avant 1933, elle dominait ce secteur, puis elle s’est progressivement diversifiée, devenant un acteur important de la chimie industrielle et d’autres domaines liés à l’industrie lourde.

[2] Ou Siemens-Halske


La sculpture « Germania Barbarica » d'Eckhard Herrmann se trouve en plein air, pour éveiller les consciences des passants. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Eisenhüttenstadt (Allemagne) le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La sculpture « Germania Barbarica » d’Eckhard Herrmann se trouve en plein air, pour éveiller les consciences des passants. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Eisenhüttenstadt (Allemagne) le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lors de la deuxième phase d’extension, la production de carbure de calcium est introduite, suivie, dans une troisième phase, de la fabrication d’acétylène, de peroxyde de sodium, de cyanure de sodium, d’acide cyanhydrique, d’examéthylènetétramine, d’acétaldéhyde, d’ester acétique, d’acétone et d’acétone-cyanhydrine.


Près de deux mille prisonniers de guerre ont été employés pour transformer la ville en site d’armement. Or, selon les conventions de Genève, le travail dans des usines produisant des substances pour l’effort de guerre, comme des explosifs, constitue une violation flagrante du droit international humanitaire.


« Frieden den hier ruhenden Kriegsgefangenen. 42 Polen, 1 Chinese, 4 Amerikaner, 9 Franzosen, 4 Serben, 2 Jugoslaven, 2 Tschechen, 38 Italiener, 2 Unbekannter Nation, 1 Hollander (Paix aux prisonniers de guerre qui reposent ici. 42 Polonais, 1 Chinois, 4 Américains, 9 Français, 4 Serbes, 2 Yougoslaves, 2 Tchèques, 38 Italiens, 2 de nationalité inconnue, 1 Hollandais.) » Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
« Frieden den hier ruhenden Kriegsgefangenen. 42 Polen, 1 Chinese, 4 Amerikaner, 9 Franzosen, 4 Serben, 2 Jugoslaven, 2 Tschechen, 38 Italiener, 2 Unbekannter Nation, 1 Hollander (Paix aux prisonniers de guerre qui reposent ici. 42 Polonais, 1 Chinois, 4 Américains, 9 Français, 4 Serbes, 2 Yougoslaves, 2 Tchèques, 38 Italiens, 2 de nationalité inconnue, 1 Hollandais.) » Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En janvier 1941, deux cent dix hommes travaillent sur le chantier de Degussa, et de nombreux prisonniers de guerre les rejoignent par la suite. La société exploite la main-d’œuvre bon marché fournie par les victimes de guerre. Elle n’est pas seule : en 1943, cinq cents juifs polonais déportés sont employés non seulement pour cette entreprise, mais aussi sur le chantier de construction d’une centrale électrique MEW[1], près de Vogelsang[2].


[1] Märkisches Elektrizitätswerk.

[2] Commune située actuellement dans l’arrondissement de l’Oder-Spree et le Land de Brandebourg, en Allemagne.


Après la Seconde Guerre mondiale, l’usine Degussa est démantelée, et l’extraction du lignite reprend à Schönfließ[1]. Les machines et installations sont démontées, puis transportées par bateau comme réparations de guerre. Les bâtiments détruits sont déblayés, et les décombres sont mis à la disposition des habitants pour le programme de reconstruction et de réaménagement du sol.


[1] Schönfließ était à l’origine un village indépendant, devenu en 1961 un quartier historique d’Eisenhüttenstadt. Il a connu une activité industrielle dès la découverte de lignite en 1847, avec le début de son exploitation en 1858. Après une relance temporaire de l’extraction en 1947, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’exploitation a finalement cessé de façon définitive en 1952.


Entrée du musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entrée du musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) sert de réservoir de main-d’œuvre pour les secteurs industriel, minier, agricole et sylvicole. Cependant, les prisonniers y restent rarement plus de six à huit semaines, le temps nécessaire pour les formalités administratives et la quarantaine.


Ils sont ensuite répartis dans divers commandos de travail, selon le lieu, la taille de l’entreprise et les compétences requises. Les conditions de vie varient considérablement d’un endroit à un autre. Par ailleurs, les besoins en travailleurs dépassent souvent largement les capacités du camp, malgré le grand nombre de prisonniers de guerre disponibles.

Le ministère du Travail du Reich[1] constate ainsi que la Wehrmacht n’a pu fournir que vingt mille des vingt-huit mille prisonniers demandés par le Wehrkreis III, mettant en péril la récolte des betteraves.


[1] Reichsarbeitsministerium.


Groupe de prisonniers au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Groupe de prisonniers au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Depuis 1940-1941, les employeurs de prisonniers français (principalement issus de l’armée de Terre) sont satisfaits de leur travail, et ne souhaitent pas les remplacer par des prisonniers soviétiques, malgré les propositions faites à cet effet. En effet, l’état de faiblesse de ces derniers les rend inaptes au travail, et non « rentables ».

Les prisonniers de guerre français sont employés essentiellement dans la production d’armement, tandis que les projets de construction d’autoroutes, pour lesquels ils avaient été initialement affectés, sont abandonnés.


Groupe de prisonniers au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Groupe de prisonniers au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Le commandant du Stalag est en théorie responsable de l’application des conventions de Genève, tant dans les camps principaux que dans leurs satellites. Le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) faisant partie du Wehrkreis III Berlin Brandebourg, son territoire correspond avec celui de l’Office du travail du Land de Brandebourg et de la région métropolitaine de Berlin-Brandebourg.

Il a pour attribution le gouvernement de l’arrondissement de Francfort-sur-l’Oder, dans le Land de Brandebourg. Néanmoins des changements interviennent par la suite après la création du Stalag III-D Berlin et du Stalag III-E Kirchhain[1].


[1] Doberlug-Kirchhain, commune située actuellement dans l’arrondissement de l’Elbe-Elster et le Land de Brandebourg, en Allemagne.


Roßplatz, monument commémoratif à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Roßplatz, monument commémoratif à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La Wehrmacht viole de plus en plus les règles des conventions de Genève. En pratique, le traitement des prisonniers varie selon leur nationalité, en fonction de la position politique de leur pays d’origine, et de critères ouvertement racistes. Les plus maltraités sont les Soviétiques.

Dépliant en russe sur le Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dépliant en russe sur le Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

À partir de 1943, le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) fait l’objet de visites du Comité international de la Croix-Rouge, chargé de veiller au respect des conventions de Genève. Toutefois, ce contrôle reste très limité.

Livraison de colis par la Croix-Rouge au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Livraison de colis par la Croix-Rouge au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Si des inspections sont autorisées dans les camps où sont détenus des prisonniers de guerre occidentaux (français, britanniques, américains), les représentants de la Croix-Rouge sont tenus à l’écart des zones de détention réservées aux prisonniers soviétiques, que l’Allemagne nazie ne reconnaît pas comme protégés par ces conventions.

Dépliant en anglais sur le Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dépliant en anglais sur le Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’envoi de colis et les visites, strictement encadrés, ne permettent qu’une intervention restreinte, souvent instrumentalisée par le régime à des fins de propagande.

Groupe de prisonniers, dont des joueurs d'accordéon, au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Groupe de prisonniers, dont des joueurs d’accordéon, au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Façade principale de la gare (partie ancienne) à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Façade principale de la gare (partie ancienne) à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dans les premiers temps de détention au Stalag III-B Fürstenberg (Oder), des prisonniers français mettent fin à leurs jours[1]. Après le choc de la défaite, la capture, puis les transferts successifs — d’un Frontstalag[2] à un Dulag, puis à un Stalag, souvent entassés dans des wagons à bestiaux —, ils arrivent épuisés, affamés, sans nouvelles de leurs proches.


[1] Six suicides ont été recensés par le bureau d’état civil d’Eisenhüttenstadt.

[2] Abréviation de l’allemand Front-Stammlager, « camp principal de front », ce terme désigne un camp de prisonniers de guerre installé par l’armée allemande à proximité du front, notamment en France occupée, pendant la Seconde Guerre mondiale.


Façade arrière de la gare (partie ancienne) à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Façade arrière de la gare (partie ancienne) à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

À la gare de marchandises de Fürstenberg (Oder), il leur reste encore plusieurs kilomètres à parcourir à pied, généralement dans l’obscurité. Face à l’incertitude, à l’isolement, à la douleur physique et à la souffrance morale, certains ne supportent plus cette accumulation d’épreuves.


Certains prisonniers français trouvent un peu d’espoir dans la culture, grâce à une partie de baraque transformée en bibliothèque, salle de lecture et de classe, tandis que d’autres se tournent vers la religion, avec une chapelle aménagée dans une autre section de baraque.

Salle de lecture et de classe au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Salle de lecture et de classe au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Tous endurent des années de privations, de peur et de violences jusqu’à la libération du camp par les Soviétiques à la fin du mois d’avril 1945.

« Вечная слава героям — морякам Краснознаменной ордена Ушакова Днепровской флотилии, павшим в боях за честь, свободу и независимость Советской Родины.

17 апреля 1945 года

Лейтенанты: Ткачёв И.Е., Лосев А.Д.

Старшина I статьи: Черенков И.А.

Старшие краснофлотцы: Ивлев И.Г., Мичник Г.А.

Краснофлотцы: Боровых Д.Т., Бельтиков А.Л., Богданов Е.И., Вандышев Ю.В., Гоголев В.Н., Дорофеев А.Д., Заливин А.М., Каприилов Ф.М., Кузнецов В.Н., Новожилов В.А., Ножаев Н.Х., Половенко Л.Я., Смаковой С.Я., Смирнов И.М., Трофимчук В.Н., Уфумов Ф.Д., Шишкин Е. А., Костылевский Ю.Д. »

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

17 апреля 1945 года

Лейтенанты: Ткачёв И.Е., Лосев А.Д.

Старшина I статьи: Черенков И.А.

Старшие краснофлотцы: Ивлев И.Г., Мичник Г.А.

Краснофлотцы: Боровых Д.Т., Бельтиков А.Л., Богданов Е.И., Вандышев Ю.В., Гоголев В.Н., Дорофеев А.Д., Заливин А.М., Каприилов Ф.М., Кузнецов В.Н., Новожилов В.А., Ножаев Н.Х., Половенко Л.Я., Смаковой С.Я., Смирнов И.М., Трофимчук В.Н., Уфумов Ф.Д., Шишкин Е. А., Костылевский Ю.Д. »

17 avril 1945

Lieutenants[4] : Tkachov I.E., Losev A.D.

Maître de 1e classe[5] : Tcherenkov I.A.

Matelots-chefs[6] : Ivlev I.G., Mitchnik G.A.

Matelots[7] : Borovykh D.T., Beltikov A.L., Bogdanov E. I., Vandychev Iou.V., Gogolev V. N., Dorofeev A.D., Zalivin A.M., Kapriilov F.M., Kouznetsov V.N., Novojilov V.A., Nojlev N. Kh., Polovenko L. Ia., Smakovoi C. Ia., Smirnov I. M., Trofimtchouk V. N., Ufumov F. D., Chichkine E. A., Kostylevskiï Iou. D. »


[1] La flottille du Dniepr a été rétablie le 20 mars 2024, dans le cadre de la Marine russe.

[2] L’ordre de l’Étoile rouge (Орден Краснoй Звезды), décoration militaire soviétique, a été instituée par décret le 6 avril 1930.

[3] L’ordre d’Ouchakov (Орден Ушакова), distinction honorifique navale, a été créée en Union soviétique le 3 mars 1944. Elle rend hommage à Fiodor Fiodorovitch Ouchakov, un amiral russe du XVIIIe siècle.

[4] Лейтенант (« lieutenant »). Ce grade est approximativement équivalent à « enseigne de vaisseau de première classe » dans la Marine française (code OTAN OF-1 selon le document STANAG 2116).

[5] Старшина 1-й статьи (« maître de première classe »).  Ce grade est approximativement équivalent à « maître » dans la Marine française (code OTAN OR-6 selon le document STANAG 2116).

[6] Старший краснофлотец (« marin rouge de première classe »). Ce grade est approximativement équivalent à « quartier-maître de première classe » dans la Marine française (code OTAN OR-4 selon le document STANAG 2116).

[7] Краснофлотец (« marin rouge »). Ce grade est approximativement équivalent à « matelot de deuxième classe » dans la Marine française. Le terme a été remplacé en 1946 par « матрос » (matelot), dénomination plus classique (code OTAN] OR-1 selon le document STANAG 2116).

« Gloire éternelle aux héros, marins de la flottille du Dniepr[1] décorée de l'Ordre de l'Étoile rouge[2] et de l'Ordre d' Ouchakov[3], tombés au combat pour l'honneur, la liberté et l'indépendance de la patrie soviétique.

17 avril 1945

Lieutenants[4] : Tkachov I.E., Losev A.D.

Maître de 1e classe[5] : Tcherenkov I.A.

Matelots-chefs[6] : Ivlev I.G., Mitchnik G.A.

Matelots[7] : Borovykh D.T., Beltikov A.L., Bogdanov E. I., Vandychev Iou.V., Gogolev V. N., Dorofeev A.D., Zalivin A.M., Kapriilov F.M., Kouznetsov V.N., Novojilov V.A., Nojlev N. Kh., Polovenko L. Ia., Smakovoi C. Ia., Smirnov I. M., Trofimtchouk V. N., Ufumov F. D., Chichkine E. A., Kostylevskiï Iou. D. »

[1] La flottille du Dniepr a été rétablie le 20 mars 2024, dans le cadre de la Marine russe.

[2] L’ordre de l’Étoile rouge (Орден Краснoй Звезды), décoration militaire soviétique, a été instituée par décret le 6 avril 1930.

[3] L'ordre d'Ouchakov (Орден Ушакова), distinction honorifique navale, a été créée en Union soviétique le 3 mars 1944. Elle rend hommage à Fiodor Fiodorovitch Ouchakov, un amiral russe du XVIIIe siècle.

[4] Лейтенант (« lieutenant »). Ce grade est approximativement équivalent à « enseigne de vaisseau de première classe » dans la Marine française (code OTAN OF-1 selon le document STANAG 2116).

[5] Старшина 1-й статьи (« maître de première classe »).  Ce grade est approximativement équivalent à « maître » dans la Marine française (code OTAN OR-6 selon le document STANAG 2116).

[6] Старший краснофлотец (« marin rouge de première classe »). Ce grade est approximativement équivalent à « quartier-maître de première classe » dans la Marine française (code OTAN OR-4 selon le document STANAG 2116).

[7] Краснофлотец (« marin rouge »). Ce grade est approximativement équivalent à « matelot de deuxième classe » dans la Marine française. Le terme a été remplacé en 1946 par « матрос » (matelot), dénomination plus classique (code OTAN] OR-1 selon le document STANAG 2116).

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Barbelés du Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Barbelés du Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La présence du camp est bien connue de la population locale, et ce d’autant plus qu’une route, le long de laquelle se promènent les habitants, borde les barbelés du Stalag III-B Fürstenberg (Oder).


Avant 1945, Fürstenberg (Oder) fait partie de la province de Brandebourg, qui intègre le royaume de Prusse, puis l’État libre de Prusse sous la République de Weimar et le Troisième Reich. Après la guerre, les Alliés dissolvent officiellement la Prusse en 1947, redistribuant son territoire entre de nouvelles entités administratives.

L'écriture gothique, conservée dans certains contextes, évoque un lien avec l'histoire, le patrimoine culturel et une certaine nostalgie du passé. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’écriture gothique, conservée dans certains contextes, évoque un lien avec l’histoire, le patrimoine culturel et une certaine nostalgie du passé. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’État militaire prussien, fondé sur une armée disciplinée, joue un rôle clé dans l’unification de l’Allemagne sous Bismarck au XIXe siècle. Bismarck utilise les guerres pour créer l’Empire allemand.

Plus tard, Adolf Hitler radicalise ce militarisme pour mener des guerres d’agression[1] et commettre des atrocités durant la Seconde Guerre mondiale. Le procès de Nuremberg met en lumière la fois la continuité et la rupture entre ces deux périodes.


[1] Invasions menées par l’Allemagne nazie et ses alliés pour étendre leur territoire et imposer leur idéologie.


Quelques vestiges du Stalag III-B se voient le long de l'Oderstraße à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Quelques vestiges du Stalag III-B se voient le long de l’Oderstraße à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le général Hermann Reinecke (1888-1973), chef de l’Office général de la Wehrmacht[1], acteur central de la politique répressive à l’égard des prisonniers de guerre et du travail forcé[2], est jugé pour cela puis a vu sa peine réduite[3].


[1] L’AWA (Allgemeines Wehrmachtamt, ou Office général de la Wehrmacht) était un service central de l’Oberkommando der Wehrmacht (OKW), le haut commandement militaire du IIIe Reich. Il gérait les affaires administratives générales des forces armées, dont l’organisation, la législation militaire, le personnel et la coordination entre les différentes armes.

[2] Le procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 au palais de justice de Nuremberg. Ce tribunal militaire international a jugé les principaux responsables nazis pour leurs crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes contre la paix.

[3] Condamné à la réclusion à perpétuité en 1948 pour crimes de guerre, il a été libéré en 1954, dans le contexte du réarmement de la RFA (République fédérale d’Allemagne). Il incarne pourtant le type du général étroitement lié au régime nazi.



Dépliant en allemand sur le Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Dépliant en allemand sur le Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour de nombreux autres officiers de la Wehrmacht impliqués dans la gestion des camps de prisonniers, les poursuites ne sont pas à la hauteur de ce qu’elles auraient dû être, ces derniers occupant, quelques années après la Seconde Guerre mondiale, des postes importants dans la Bundeswehr[1].


[1] La Bundeswehr est l’armée nationale, créée en 1955 après la Seconde Guerre mondiale pour défendre la RFA dans le cadre de l’OTAN.


Archives municipales. Stadtarchiv Eisenhüttenstadt, Am Trockendock 1a, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleur, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Archives municipales. Stadtarchiv Eisenhüttenstadt, Am Trockendock 1a, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleur, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La loi Dreher du 1er octobre 1968 entraîne l’arrêt de nombreuses procédures judiciaires pour crimes nazis, en fixant un délai de prescription à vingt ans, empêchant ainsi de juger de nombreux responsables.


Quant au Stalag III-B Fürstenberg (Oder), il demeure aujourd’hui absent de l’espace public : aucune signalétique, aucun transport en commun ne permet d’y accéder, et les brochures touristiques l’ignorent totalement.

Baraque envahie par la végétation. Am Kanal 23, 15890 Eisenhüttenstadt. Vestige du Stalag III-B ? Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le lundi 28 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baraque envahie par la végétation. Am Kanal 23, 15890 Eisenhüttenstadt. Vestige du Stalag III-B ? Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le lundi 28 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Enfoui sous des friches industrielles ou dissimulé sous la terre, il semble littéralement effacé du paysage – comme enseveli sous une chape de béton, matérielle et mémorielle. Cette disparition interroge : comment un site d’une telle importance historique a-t-il pu être relégué au silence spatial et symbolique ?

Ruines de soubassement du Stalag III-B ? Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruines de soubassement du Stalag III-B ? Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
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Mission historique et mémorielle à Berlin sur les traces de Pierre Bonhomme, natif de La Romagne, prisonnier de guerre dans les Stalags allemands


C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français – exposition temporaire à Berlin du vendredi 28 octobre 2022 au mercredi 31 mai 2023

Edition bilingue allemand-anglais du catalogue offert lors de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l'exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).

Edition bilingue allemandanglais du catalogue offert lors de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l’exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).


Le Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) organise du vendredi 28 octobre 2022 au 31 mai 2023 une exposition trilingue (en allemand, français, anglais) intitulée C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français[1].


[1] Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War.


Vidéo Eröffnung Vergessen und vorbei? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen (C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français), consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

Cette initiative a suscité une mission historique et mémorielle à Berlin et ses environs du dimanche 26 mars au dimanche 2 avril 2023 sur les traces de Pierre Bonhomme, natif de La Romagne, prisonnier de guerre n° 53026 dans les Stalags allemands III A Luckenwalde, , III B Fürstenberg, et III D Berlin. Affecté à l’AKdo 407 (Arbeitskommando[1] n° 407), il a dû travailler sous la contrainte pendant ses cinq ans de captivité.


[1] Commando de travail.


Vidéo Zur Zukunft des historischen Ortes ehemaligen Kriegsgefangenenlager Lichterfelde-Süd (Sur l’avenir du site historique de l’ancien camp de prisonniers de guerre de Lichterfelde-Süd), consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

Partant d’un destin individuel spécifique, la démarche a consisté à développer une méthodologie archivistique et historienne globale pour trouver un prisonnier de guerre français en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Edition bilingue allemand-français du catalogue offert à la suite de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l'exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).

Edition bilingue allemandfrançais du catalogue offert à la suite de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l’exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).



Entrée des expositions temporaires du Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Entrée des expositions temporaires du Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce déplacement a donc compris plusieurs rencontres avec des historiens, archivistes, bibliothécaires, documentalistes, une quête des vestiges de 1939-1945 et des lieux de mémoire, une exploration urbaine[1] de sites abandonnés et en cours de destruction, dont :

  • un entretien personnalisé de deux heures avec Roland Borchers[2] au Centre de documentation du travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) à Berlin-Schöneweide[3], suivi d’une visite privée de la baraque 13[4] et de son abri antiaérien. Une autorisation exceptionnelle de rester sur place après la fermeture du lieu, en présence du seul agent de sécurité, a permis d’effectuer des photographies au milieu des baraquements et des cartels de l’exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ?, à l’exclusion de toute autre personne. Enfin, trois catalogues ont été offerts sur place et un quatrième[5], l’édition bilingue allemandfrançais de l’exposition, a été envoyé par la poste dès sa parution début mai 2023.
  • un trajet à Luckenwalde, à cinquante kilomètres de Berlin[6], avec un passage au musée d’histoire locale (HeimatMuseum) et au cimetière des sépultures de guerre (Friedhof Kriegsgräberstätte) du Stalag III A.
  • un rendez-vous de deux heures au domicile de monsieur Reinhard Pohlke[7] et sa femme madame Annette Pohlke[8], vice-présidente et webmestre de l’association mémorielle Initiative KZ-Außenlager Lichterfelde e.V. (un contact préalable par mail avait été établi avec monsieur Thomas Schleissing-Niggemann, président du conseil d’administration).
  • une rencontre personnalisée de deux heures avec monsieur Christian Kurzweg, archiviste référent, en quelque sorte responsable de l’ORB[9], et une stagiaire en sciences de l’information au service des utilisateurs (Benutzerzentrum) des archives fédérales (Bundesarchiv) de Berlin-Lichterfelde, département du centre de ressources documentaires (Abteilung BE = Bereitstellung)[10].
  • Un déplacement aux archives fédérales (Bundesarchiv) de Berlin-Tegel[11], département des renseignements personnels sur les soldats de la Première et Deuxième Guerre mondiale (Abteilung PA = Personenbezogene Auskünfte zum Ersten und Zweiten Weltkrieg). L’accès direct aux salles de lecture n’ayant pas été possible, le remplissage d’un formulaire administratif en allemand a débouché sur une réponse. Madame Claudia Müller, archiviste référente, fournit la précision suivante : « Les dossiers du Bureau allemand des états de service[12]WASt[13] concernant les anciens prisonniers de guerre français détenus par l’Allemagne ont été saisis en avril 1945 et pris en charge par une commission d’officiers alliés. » Elle renvoie donc au secrétariat d’Etat aux anciens combattants[14] et aux archives des pays d’origine respectifs des prisonniers de guerre. Cet échange de documents sur les prisonniers de guerre est conforme à la convention de Genève.
  • Une action de conservation curative légère[15] sur la plaque commémorative (Gedenktafel) du siège du commandement (Kommandantur) régissant le Stalag III D Berlin aujourd’hui disparu.
  • Une reconnaissance sur le terrain dans le sud-est de Berlin de pistes sur l’Arbeitskommando n°407 (dépendant du Stalag III D Berlin, dans lequel Pierre Bonhomme a été contraint de travailler). La classe 400 le rattachant possiblement à l’arrondissement de Neukölln, les quartiers traversés en priorité ont été Berlin-Britz, Berlin-Buckow, Berlin-Gropiusstadt, Berlin-Neukölln et Berlin-Rudow.
  • La quête d’anciens abris antiaériens dans le sud-est de Berlin[16], dans la mesure où Pierre Bonhomme aurait pu (sous réserves) réaliser des coffrages en bois pour des casemates[17].
  • Un reportage photographique « de guerre » sur les terrains vagues du camp de Berlin-Lichterfelde, patrimoine industriel en péril.

« Les dossiers du Bureau allemand des états de service – WASt concernant les anciens prisonniers de guerre français détenus par l’Allemagne ont été saisis en avril 1945 et pris en charge par une commission d’officiers alliés. »

Madame Claudia Müller, archiviste référente aux archives fédérales de Berlin-Tegel, département des renseignements personnels sur les soldats de la Première et Deuxième Guerre mondiale


[1] Urbex.

[2] Chercheur à l’Institut d’Europe de l’Est de l’Université libre de Berlin (chaire d’histoire de l’Europe centrale et orientale), coordinateur du projet Mémoire et identité en Cachoubie, auteur d’une thèse de doctorat Mémoires du travail forcé : l’exemple de la Pologne.

[3] Schöneweide est le nom simplifié des deux quartiers Berlin-Niederschöneweide et Berlin-Oberschöneweide dans l’arrondissement Treptow-Köpenick de Berlin (Allemagne).

[4] Où des internés militaires italiens et des travailleurs civils ont été hébergés entre 1944 et 1945.

[5] Glauning, Christine 1963- ; Borchers, Roland 1980- ; Stiftung Topographie des Terrors Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit Berlin-Schöneweide ; [et al.], Vergessen und vorbei ? : das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? : the Lichterfelde Camp and the French prisoners of war, édition bilingue allemandanglais Berlin : Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors, 2022, 191 pages, cartes, plans. Glauning, Christine 1963- ; Borchers, Roland 1980- ; Stiftung Topographie des Terrors Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit Berlin-Schöneweide ; [et al.], Vergessen und vorbei ? : das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français, édition bilingue allemandfrançais, Berlin : Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors, 2023, 191 pages, cartes, plans. Glauning, Christine 1963- ; Stiftung Topographie des Terrors Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit Berlin-Schöneweide, Le Travail forcé au quotidien 1938-1945 : catalogue de l’exposition éponyme, édition monolingue en français, Berlin : Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors, 2020, 277 p., cartes, plans. Bücking, Heribert 1940- ; Glauning, Christine 1963- ; Stiftung Topographie des Terrors Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit Berlin-Schöneweide, Die Zwangsarbeit von Zofia und Rolland : Kupferstich-Collagen : eine Begleitbroschüre zur Sonderausstellung im Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit vom 20. Januar 2023 bis 21. Mai 2023, édition monolingue en allemand, Berlin : Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors, 2023, 32 p.

[6] D’où la locution proverbiale « Luckenwalde, Luckenkien, 50 Kilometer vor Berlin ».

[7] Né en 1966, il enseigne dans un établissement secondaire berlinois le latin, le grec, le fait religieux, les technologies de l’information.

[8] Née en 1967, elle a étudié l’histoire, le latin et la théologie protestante à l’Université libre de Berlin. Elle est aujourd’hui enseignante et auteure indépendante.

[9] Orientation et recherche bibliographique.

[10] Finckensteinallee 63, 12205 Berlin.

[11] Am Borsigturm 130, 13507 Berlin.

[12] Deutsche Dienstelle.

[13] Wehrmachtauskunftstelle für Kriegerverluste und Kriegsgefangene = Service de renseignements de la Wehrmacht sur les pertes de guerre et les prisonniers de guerre.

[14] Ce dernier a en fait été intégré au ministère de la Défense et n’existe plus en tant que tel. Les documents remis par l’Allemagne se trouvent donc plutôt au Service historique de la défense, division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC)rue Neuve du Bourg l’Abbé, 14037 Caen cedex. Les Archives nationales possèdent également un fonds sur les prisonniers de guerre français (voir sous-série F9 = affaires militaires et 72AJ = Seconde Guerre mondiale).

[15] Décollage, dans le cadre d’une préservation du patrimoine urbain, des restes d’un autocollant apposé de façon intempestive, et constituant un acte de vandalisme susceptible d’abîmer la surface à terme.

[16] Bunker transformé en Musikbunker, Steinträgerweg 5, 12351 Berlin (Allemagne). Un autre situé Selgenauer Weg, 12355 Berlin (Allemagne) a été intégré dans un projet immobilier.

[17] Ces réduits d’un fort, généralement souterrains, sont à l’épreuve des bombes et des obus.


Les archives fédérales et régionales de Berlin



Les pièces d’archives personnelles antérieures à 1945 sont d’une manière générale conservées aux archives fédérales (Bundesarchiv) de Berlin.

Le Bureau allemand des états de service – WASt, dont les documents étaient conservés initialement aux archives fédérales de Berlin-Reinickendorf[1], a vu le 1er janvier 2019 ses missions intégrées aux archives fédérales de Berlin-Tegel en tant que département des renseignements personnels sur les soldats de la Première et Deuxième Guerre mondiale[2]. Le délai de traitement peut atteindre plusieurs mois avant que la demande n’aboutisse.

Les dossiers médicaux des prisonniers de guerre se trouvaient autrefois à l’Office régional de la santé et des affaires sociales[3] à Berlin. Dans la mesure où cela ne relevait pas vraiment de ses missions, ils ont été transférés le 1e juillet 2007 au Bureau allemand des états de service – WASt, puis à Berlin-Tegel, au titre de son habitude de la gestion des données individuelles.

Le centre de ressources documentaires est pour sa part à Berlin-Lichterfelde, tandis que certains documents concernant l’armée sont aux archives fédérales de Fribourg (Allemagne), département des affaires militaires[4]. Monsieur Daniel Schneider, archiviste référent de cette institution, indique : « Seuls sont conservés les dossiers matériels des institutions allemandes à propos du système des prisonniers de guerre, mais pas les dossiers personnels des prisonniers de guerre. »


« Seuls sont conservés les dossiers matériels des institutions allemandes à propos du système des prisonniers de guerre, mais pas les dossiers personnels des prisonniers de guerre. »

Monsieur Daniel Schneider, archiviste référent aux archives fédérales de Fribourg (Allemagne), département des affaires militaires.


[1] Eichborndamm 179, 13403 Berlin (Allemagne).

[2] PA = Personenbezogene Auskünfte.

[3] Landesamt für Gesundheit und Soziales (LAGeSo), Versorgungsamt – Kundencenter, Sächsische Straße 28, 10707 Berlin (Allemagne).

[4] Bundesarchiv, Abteilung Militärarchiv, Wiesentalstraße 10, 79115 Freiburg (Allemagne).


Il est important d’autre part de ne pas confondre les archives fédérales (Bundesarchiv) et les archives régionales[1] (Landesarchiv) de Berlin. Après la fin de la guerre, les documents que le Bureau allemand des états de service – WASt avait conservés sur les prisonnier de guerre détenus par l’Allemagne ont été confisqués et remis aux pays d’origine des prisonniers de guerre.


[1] Eichborndamm 115-121, 13403 Berlin (Allemagne).


Il est possible de repérer les noms des victimes de guerre sur le portail des Arolsen Archives[1] International Center on Nazi Persecution (archives Arolsen centre international sur les persécutions nazies). Toutefois, il ne s’agit pas d’une requête complète. De nombreux documents conservés ne sont pas encore accessibles en ligne. Il faut donc contacter les archivistes. 50 millions de fiches présentent des informations sur 17,5 millions de personnes. Madame Martina Paul, membre du service international de recherche[2], a ainsi retrouvé et envoyé une fiche de la mission de liaison à Berlin (Français de toutes les zones) concernant Pierre Bonhomme.

Toute demande de renseignements auprès du CICR [3] sur une personne détenue pendant la Seconde Guerre mondiale relève d’un quota trimestriel. Le service reprendra le lundi 22 mai 2023, puis le lundi 25 septembre 2023 à 8 h 00 heure de Genève (Suisse).


[1] Große Allee 5-9, 34454 Bad Arolsen.

[2] ITS = International Tracing Service/ Service international de recherches se présente depuis le 21 mai 2019 sous son nouveau nom.

[3] Comité international de la Croix-Rouge.


Le Stalag III A Luckenwalde, le musée d’histoire locale et le cimetière des sépultures de guerre


A Luckenwalde, il ne subsiste plus aucun vestige matériel du camp, si ce n’est le cimetière des sépultures de guerre (Friedhof Kriegsgräberstätte) du Stalag III A Luckenwalde[1], divisé en plusieurs carrés selon la nationalité des prisonniers enterrés. Nombreux sont ceux qui ont été inhumés dans des fosses communes (en particulier des Russes[2]). Une croix est élevée, et marque à tout jamais l’emplacement de la partie française du cimetière.  Chaque année se déroule une cérémonie du souvenir.


[1] Zum Stalag-Friedhof, 14943 Luckenwalde.

[2] A cette époque, tous les Russes sont des Soviétiques, mais tous les Soviétiques ne sont pas des Russes. L’appellation retenue ici est celle qu’employaient les prisonniers de guerre.


Un poste de travail permet de consulter des dossiers d’archives. Sur un écran interactif, il est possible de feuilleter plus de 9 000 documents concernant 3 900 détenus russes du camp.


Le Stalag III A se situait à 2,5 km de Luckenwalde, ville de 27 000 habitants à quelque 50 km du sud de Berlin dans la 3e région militaire allemande[1], dans la région de la Fläming, au cœur du Land[2] de Brandebourg. C’est une région montueuse, argileuse et caillouteuse, recouverte de bois et d’étangs. La pauvreté du sol ne permet comme cultures essentielles que le seigle ou la pomme de terre[3]. L’horizon en est borné par une végétation assez haute de résineux et de bouleaux, qui dégagent une grande tristesse. La toponymie est d’ailleurs explicite : « Luch[4] im Walde[5] » signifie « bois marécageux ». Le paysage actuel n’a pas vraiment changé, et dégage une impression sinistre.


[1] Wehrkreis III (WK III). Sous le IIIe Reich, cette division administrative comprenait pour la Wehrmacht une partie de la Nouvelle-Marche et le Brandebourg.

[2] État fédéré.

[3] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, NAF 17280, Croix-Rouge française, L’Âme des camps, I Chronique des Stalags I B, II D, II E, III A et III C, Paris : Croix rouge française, Comité central d’assistance aux prisonniers de guerre en captivité, 1944, page 82, vue 173/350, consultable en ligne sur Gallica.

[4] « Luch » désigne un marais dans le dialecte brandebourgeois.

[5] « Im Walde » signifie mot à mot « dans la forêt ».


Monument commémoratif à la gloire des militaires du carré yougoslave †. Cimetière de sépultures de guerre du Stalag III A (Friedhof Kriegsgräberstätte Stalag III A), prise de vue effectuée le mercredi 29 mars à Luckenwalde (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monument commémoratif à la gloire des militaires du carré yougoslave †. Cimetière de sépultures de guerre du Stalag III A (Friedhof Kriegsgräberstätte Stalag III A), prise de vue effectuée le mercredi 29 mars 2023 à Luckenwalde (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La plupart du temps, les soldats prisonniers des Stalags sont placés dans un Arbeitskommando[1], ce qui n’est pas le cas pour les officiers des Oflags[2]. En raison de la convention de Genève, ils ne peuvent être officiellement employés que dans l’agriculture ou dans des tâches sans aucun lien avec l’effort de guerre. C’est souvent loin d’être le cas.  Au commando de Topschin, faisant partie du Stalag III A, les prisonniers sont ainsi employés dans une usine de munitions, d’obus, de bombes, de torpilles et de tanks[3]. Ils sont donc bel et bien contraints de participer à l’industrie d’armement allemande.

La construction du camp a été planifiée avant l’invasion de la Pologne en septembre 1939. Il était prévu pour accueillir au départ 10 000 hommes. Sa structure a servi de modèle[4] pour les autres camps.


[1] Commando ou unité de travail.

[2] Abréviation d’Offizierslager (camps d’officiers).

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9759499 < Tome 39  >, Tribunal militaire international (Nuremberg, Allemagne), Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international [Texte imprimé] : Nuremberg, 14 novembre 1945 – 1er octobre 1946 : [documents et autre matériel de preuve], texte officiel, édition française, Nuremberg : Tribunal militaire international, 1947-1949, tome XXXIX, page 172, vue 188/660, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2000-282739.

[4] Le mot Musterlager désigne un stock d’échantillons dans le civil, et un camp modèle dans le langage militaire. Le régime nazi avait son propre vocabulaire.


A partir de l’été 1940, des prisonniers hollandais[1] et français sont arrivés dans ce camp. Les premiers sont libérés quelques semaines plus tard, tandis que les seconds, qui forment le groupe le plus important, y sont affectés.

Le séjour dans ce camp précède souvent l’intégration dans des commandos de travail à Berlin ou dans ses environs. Les conditions de vie y sont très difficiles.

Les prisonniers de guerre qui ont travaillé dans la région du Brandebourg ou à Berlin ont atteint le chiffre de 22 000. Une partie de ces derniers était des prisonniers transformés[2].


[1] Tous les Hollandais sont des Néerlandais, mais tous les Néerlandais ne sont pas des Hollandais. L’appellation retenue ici est celle qu’employaient les prisonniers de guerre.

[2]  Il s’agit de rendre à l’état de civil certains prisonniers de guerre, et d’en faire des travailleurs forcés.


Alors que dans ce camp, les instituteurs et professeurs étaient dispensés au départ de travail (car ils animaient une vie culturelle), les autres prisonniers essayaient de se rapprocher par origine régionale. Ils étaient astreints à des journées de 12 à 14 heures. Les commandos percevaient des vivres (toujours en quantité insuffisante) de la Croix-Rouge. Mais cela ne compensait que difficilement la pénibilité du travail : le commando n° 206, où étaient employés 300 prisonniers, extrayait de la tourbe, le n° 211 (qui en comprenait 20) exploitait du minerai, tandis que les n° 282 et 283 étaient des commandos agricoles.

Par la suite, ce camp a hébergé des prisonniers serbes et russes, dont le nombre n’a cessé d’augmenter.  Durant l’hiver 1941-1942, 2 500 de ces derniers y sont décédés. Temporairement, il y a eu également des Italiens, vers la fin, des Roumains et des Anglais[1].


[1] Tous les Anglais sont des Britanniques, mais tous les Britanniques ne sont pas des Anglais (certains sont des Écossais, des Gallois ou des Nord-Irlandais). L’appellation retenue ici est celle qu’employaient les prisonniers de guerre.

.


Le Stalag était aussi organisé du point de vue religieux, tant catholique que protestant. Les prêtres dans ce camp étaient au nombre de quarante-quatre pour tout le Stalag dont trois pour le camp, deux pour l’hôpital. Tous les autres étaient affectés aux commandos.  Selon les secteurs religieux (au nombre de 42), ceux-ci comptaient de dix à soixante commandos. Le camp comprenait aussi des séminaristes que les aumôniers pouvaient emmener avec eux. L’approvisionnement liturgique était assuré par l’Aumônerie générale de Paris en vin de messe, hosties et livres.

Le culte était autorisé en dehors des heures de travail. Les prêtres munis d’un Ausweis[1] avaient le droit de circuler librement dans leur secteur. Bien souvent, ils disaient au moins trois messes au cours de la journée, tandis que les commandos étaient massés sur un point central (où se trouvait un local convenable pour dire la messe).

Les prêtres n’avaient pas le droit de prêcher et, en cas d’impossibilité de confesser, ils prononçaient une absolution générale. Ils assuraient, outre les messes du dimanche, les communions des détenus en cellule et les enterrements au cimetière du camp.

Pour les besoins religieux et spirituels, les confrères étaient autorisés à se rencontrer.

Lorsque le camp a été libéré le 27 avril 1945, les prisonniers ont été rendus à la vie civile, envoyés en permission pendant quinze jours, avant de vaquer à leurs occupations.


[1] Pièce d’identité.

Le Stalag III B Fürstenberg


Le Stalag III B Fürstenberg est, lui aussi, un camp de prisonniers de guerre. Il avait le statut de Dulag[1]. Il se situe également dans la 3e région militaire allemande. La campagne y est sablonneuse avec des bois de pins. Il se trouvait à Fürstenberg-sur-Oder.

Il semblerait que ce camp n’avait que très peu de liens avec l’administration de la ville. Les archives municipales disposent aujourd’hui des dossiers de Fürstenberg-sur-Oder, devenu un quartier d’Eisenhüttenstadt.

Des noms de prisonniers français s’y trouvent. Celui de Pierre Bonhomme n’y figure malheureusement pas, selon madame Gabriele Urban, archiviste référente, du département des services aux citoyens (Fachbereich Bürgerdienste), Musée municipalGalerieMusée des pompiersArchives de la ville (Städtisches MuseumGalerieFeuerwehrmuseumArchiv) [2].

Le musée d’histoire locale[3] évoque l’ancien camp de prisonniers de guerre, grâce à l’initiative de monsieur Axel Drieschner. Avec sa femme, madame Barbara Schulz, il a publié un livre sur le Stalag III B Fürstenberg[4].

Devant le site de l’ancien camp, il y a une pierre commémorative qui doit rappeler tous les prisonniers et leur souffrance.


[1] Durchgangslager, c’est-à-dire un camp de transit.

[2] Stadt Eisenhüttenstadt • Zentraler Platz 1 • 15890 • Eisenhüttenstadt.

[3] Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt (Allemagne).

[4] Drieschner, Axel, Schulz, Barbara, Stalag III B Fürstenberg (Oder) : Kriegsgefangene im Osten Brandenburgs 1939-1945, Berlin : Metropol, 2006, 212 p., illustrations (Beiträge zur Geschichte Eisenhüttenstadts 4).


Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l'armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l'armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 52.
Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l’armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l’armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 52.

A l’époque, il comprend une cinquantaine de baraques, dont seules huit sont occupées par des Français. Réparties de part et d’autre d’une route cimentée, celles-ci hébergent chacune de trois cents à trois cent soixante prisonniers. Les travaux qui leur sont confiés sont épuisants. Nombre d’entre eux manient la pelle et la pioche comme ceux du commando n° 406 pour les mines de charbon, du n° 648 pour les mines de lignite, du n° 728 pour les mines de tourbe. Sinon, ils étaient employés dans des usines de guerre.

Au moment du repli du Stalag III B Fürstenberg, les prisonniers de guerre furent occupés jusqu’à la fin avril à effectuer des travaux de terrassements des tranchées, et à transporter des bombes d’avions. Il est même arrivé que des commandos aient effectué des travaux sous la première ligne de feu de l’artillerie russe. Malgré des réclamations, le colonel commandant le Stalag III B Fürstenberg reste sourd aux réclamations de la Croix-Rouge genevoise (Suisse).

Quant à l’homme de confiance, ce dernier signale que la durée du travail journalier était dans de nombreux cas excessive, en particulier dans les mines et les usines (12 heures). Elle pouvait monter jusqu’à quinze heures dans la culture pendant la période d’été.

Alors qu’il devait y avoir un repos de vingt quatre heures toutes les trois semaines, le repos hebdomadaire n’était pas souvent observé. En outre, l’homme de confiance principal du Stalag a signalé que des coups étaient portés sur des prisonniers français. Il y a une mauvaise foi évidente dans l’application de la convention de Genève dans ce camp.


Fin 1944, les Allemands ont décidé de déplacer ce camp à Buchenwald[1], à côté de Weimar[2]. Au début de février 1945, l’Armée rouge a pris pied sur la rive occidentale de l’Oder à Fürstenberg[3].

La campagne a retrouvé son aspect d’antan et nombre de citoyens allemands actuels en ignorent de manière feinte ou réelle l’existence.


[1] D’après Buche (hêtre) et Wald (forêt), Buchenwald signifie hêtraie (bois de hêtres).

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-25677, Commissariat régional de la République à Montpellier, Bulletin officiel du Commissariat régional de la République à Montpellier, 1re année , n° 1 (septembre 1944) – ? Montpellier : [s.n.], 1944-, 2e année, n° 107 du vendredi 23 février 1945, page 521, vue 1/4, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original des archives départementales de l’Hérault, PAR 3215.

[3] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-14232 <  1937-1948 >, Aragon, Louis (1897-1982), directeur de publication ; Bloch, Jean-Richard (1884-1947), directeur de publication, Ce soir : grand quotidien d’information indépendant, 1re année, n° 1 (2 mars 1937)-17e année, n° 3537 (2 mars 1953), Paris : [s.n.], 1937-1953 [n’a pas paru du 26 août 1939 à août 1944], n° 1059 du jeudi 8 février 1945, page 1 [non paginée], vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, JOD-109.


Le Stalag III D Berlin et la Kommandantur[1]


[1] Kommandanturen au pluriel. Ou « kommandanturs », en romain et
avec une minuscule (ou une majuscule), selon un usage français variable. En général, « Les mots, expressions, citations donnés dans une langue étrangère et non francisés se composent en italique dans un texte français en romain » selon le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. Mais « de très nombreux termes étrangers, adoptés par l’usage, se composent cependant en romain comme ces exemples appartenant au langage courant : condottiere, conquistador, leitmotiv, match, sketch, week-end ». Pour éviter d’établir une distinction artificielle entre les mots germaniques recensés dans les dictionnaires français (stalags) et ceux, plus spécialisés, qui n’y sont pas (Dulags), il a été décidé par convention de considérer tous les mots employés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale comme étrangers, et donc de les écrire avec une majuscule et en italique.


Vidéo Französische Kriegsgefangene in Berlin | Lager, Arbeit und Alltag (Prisonniers de guerre français à Berlin | camp, travail et vie quotidienne, consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

Le Stalag III D se situait à Berlin, et dépendait de la 3e région militaire allemande comme les deux précédents. De très nombreux prisonniers français ayant été enfermés au camp de Berlin-Lichterfelde, il se confond un peu pour les historiens francophones avec le Stalag III D Berlin.

C’est là une perspective remise en cause par les chercheurs allemands. Le Stalag III D Berlin est en réalité une entité administrative qui repose sur des camps satellites disséminés sur tout Berlin : 3000 camps couvraient la ville. Certes, une majorité de Français s’est retrouvée à Berlin-Lichterfelde ou à Falkensee[1]. L’approche de la réalité historique est cependant plus complexe.


[1] Falkensee est une ville d’Allemagne située dans le Land du Brandebourg.


Plaque commémorative (Gedenktafel) du siège du commandement (Kommandantur) régissant le Stalag III D Berlin, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Plaque commémorative (Gedenktafel) du siège du commandement (Kommandantur) régissant le Stalag III D Berlin, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un siège du commandement (Kommandantur) gère le travail des prisonniers du Stalag III D Berlin dans des commandos de travail (Arbeitskommandos) répartis en fonction de leur classe dans tous les points cardinaux à Berlin ou alentour :

  • 100 Stadtzentrum[1]
  • 200 Norden[2]
  • 300 Osten[3]
  • 400 Südosten[4]
  • 500 Süden[5]
  • 600 Südwest[6]
  • 700 Westen[7]
  • 800 Nordosten[8]

L’édifice[9], qui se trouvait rue de la Belle-Alliance [10], a totalement disparu, rasé et remplacé par un parking, à proximité de la Bibliothèque commémorative américaine (Amerika-Gedenkbibliothek)[11]. Il ne reste plus à son emplacement qu’une plaque commémorative (Gedenktafel)[12] en plastique tellement discrète qu’il a été plutôt difficile de la localiser (les bibliothécaires du lieu avoisinant ont eux-mêmes rencontré des difficultés pour la trouver).


[1] Centre-ville.

[2] Nord.

[3] Est.

[4] Sud-est.

[5] Sud.

[6] Sud-ouest.

[7] Ouest.

[8] Nord-est

[9] Belle-Alliance-Straße 106-107. Aujourd’hui, Mehringdamm, Berlin (Allemagne).

[10] Ce nom de Belle-Alliance est une autre façon de désigner la bataille de Waterloo (Belgique) en 1815.

[11] Blücherplatz 1, 10961 Berlin (Allemagne)

[12] Blücherplatz 1, 10961 Berlin (Allemagne).


Pierre Bonhomme, affecté à l’Arbeitskommando n° 407


Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l'armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l'armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 72.
Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l’armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l’armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 72.

Un bureau de censure postale (Postzensur[1]) contrôlait la correspondance et les colis échangés entre les prisonniers de guerre et leurs proches. Les photographies et livres autorisés de Pierre Bonhomme étaient frappés du tampon « Stalag III D 75 geprüft » ou « Stalag III D 96 geprüft »[2], « Freigegeben Stalag III D[3] » ou « Freigegegeben zur Heimsendung M.-Stammlager III D[4] ».

Des ajouts manuscrits par les Allemands ont permis d’identifier que Pierre Bonhomme avait été affecté à l’Arbeitskommando n° 407 lors de son internement au Stalag III D Berlin.


[1] Tempelhofer Ufer (codes postaux 10961 et 10963), dans l’arrondissement berlinois de Friedrichshain-Kreuzberg, s’étend de la Schöneberger Straße au Landwehrkanal.

[2] Geprüpft = validé, contrôlé. Ce tampon correspond à la censure postale.

[3] Validé [par l’administration du] Stalag III D.

[4] Libéré pour rapatriement du Stalag III D. La lettre M. est une abréviation pour Mannschaft [troupe]. Stammlager désigne un centre de détention. Le Kriegsgefangenen-Mannschafts-Stammlager est donc un camp de concentration pour les prisonniers de guerre, destiné aux hommes du rang ou aux sous-officiers. C’est ce que les Français connaissent sous son abréviation Stalag = Stammlager.


Vidéo Das Stalag III D | Kriegsgefangene in Berlin (Le Stalag III D | Prisonniers de guerre à Berlin) consultable en ligne sur Youtube pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

Il a été impossible de trouver des renseignements sur ce commando de travail, ce qui arrive souvent selon les historiens allemands. Il est simplement identifié sans aucune mention supplémentaire sur une liste militaire française[1] des « principaux Kommandos » :

  • n° 402 : Reidow[2] (98 P. G.[3]), usine aviation.
  • n° 407
  • n° 412 : Reidow[4] (555 P. G.), usine aviation.
  • n° 413 : Franfurt-sur-Oder[5] (600 P. G.), usine de munitions.
  • n° 415
  • n° 419 : Berlin (transformé) (88 P. G.), fleuriste.
  • n° 420 : (44 P. G.), usine Krupp[6].
  • n° 424 : Reidow[7] (6 P. G.), usine aviation.
  • n° 425 : Britz[8] (1767 P. G.) (transformé), une noyade fin 1943, bon abri.
  • n° 427 : composé de punis.
  • n° 431
  • n° 483 : Ludwigsfeld[9] (600 P. G.), usine aviation Daimler-Benz[10].

[1] Bibliothèque universitaire Saint-Charles (Montpellier), 940.547 2 DOC, Ministère de la Guerre, État-major de l’armée, 5e bureau, Documentation sur les camps de prisonniers de guerre : secret, Paris : Ministère de la Guerre. Etat-major de l’armée, [1945], 1 volume, 493 p., [14] cartes en couleurs, page 75.

[2] Transcription fautive. Lire Berlin-Rudow, quartier de l’arrondissement de Neukölln.

[3] Prisonniers de guerre.

[4] Voir n° 402.

[5] Lire Francfort-sur-l’Oder (Allemagne), ville du Land de Brandebourg.

[6] Fried. Krupp AG est un conglomérat industriel dans le secteur de l’acier fondé par Friedrich Krupp (1787-1826). Il est appelé couramment Krupp.

[7] Voir n° 402.

[8] Berlin-Britz, quartier dans l’arrondissement de Neukölln.

[9] Transcription fautive. Lire Ludwigsfelde, une ville du Land du Brandebourg dans l’arrondissement de Teltow-Fläming.

[10] Il s’agit des usines automobiles de Ludwigsfelde (Automobilwerke Ludwigsfelde), devenues en 1936 le siège pour la production de moteurs d’avion Daimler-Benz Motoren GmbH.


Plaque commémorative à la gloire des « anciens prisonniers de guerre du Stalag III D à leurs camarades décédés en captivité » † exposée au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Plaque commémorative à la gloire des « anciens prisonniers de guerre du Stalag III D à leurs camarades décédés en captivité » † exposée au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On ne peut donc qu’émettre des conjectures sur le n° 407 par rapport aux positions du commando n° 406 (Neukölln) et du n° 408 (Berlin-Lichtenrade). Ce dernier avait sous sa garde 39 prisonniers de guerre, d’après une liste allemande Commandos de travail sans les Italiens (Arbeitskommandos ohne Italiener)[1] établie par Thomas Irmer, historien, politologue, spécialiste de l’histoire du travail forcé sous le régime nazi.

D’après son hypothèse d’une « répartition géographique possible » (« mögliche geographische Gliederung »), les camps de la classe 400 se situeraient dans le sud-est (Südosten) de Berlin. Les données restent fragmentaires :

  • n° 401
  • n° 402 : 98 Kgf.
  • n° 403 : 58 Kgf.[2], Metall[3]
  • n° 404 : Briten[4] ?
  • n° 405 : Britz[5], Gaubschat-Fahrzeugwerke[6], 118-179 Kgf.
  • n° 406 : Neukölln[7]
  • n° 408 : Obsch.[8] Lichtenrade[9], 39 Kgf.
  • n° 410 : 50-72 Kgf. Floristen[10]
  • n° 411 : 21 Kgf.
  • n° 412 : Rudow[11], 555 Kgf., Luftfahrindustrie[12]
  • n° 413
  • n° 415 : Rudow, 55 Kgf., Industrie
  • n° 416 : 55 Kgf.
  • n° 418
  • n° 419 : 72 Kgf.
  • n° 421 : 52 Kgf.
  • n° 423 : Elektrolux[13], 65 Kgf.
  • n° 425 : Britz[14]
  • n° 427, 428, 429 Zernsdorf bei KW[15] (n° 428 : 144 Briten[16])
  • n° 430 Neukölln[17], Lazarett[18]

[1] Ce document de travail inédit, qui se présente sous forme d’une photocopie, a fait l’objet d’un dépouillement systématique.

[2] Selon les contextes, abréviation pour Kriegsgefangene (prisonniers de guerre) ou Kriegsgefangener (prisonnier de guerre).

[3] Métal.

[4] Britanniques.

[5] Berlin-Britz, quartier dans l’arrondissement de Neukölln.

[6] Usine de véhicules Gaubschat. La société Gaubschat Fahrzeugwerke GmbH a été fondée par Fritz Gaubschat en 1904 à Rixdorf, ville intégrée dans Berlin (Allemagne) en 1912 et renommée Berlin-Neukölln. Elle a fait faillite en 1975. Elle était impliquée au départ dans la construction de véhicules utilitaires.

[7] Quartier (Ortsteil) de Berlin-Neukölln ou arrondissement (Bezirk) de Neukölln.

[8] Abréviation pour obscheinlich (apparemment).

[9] Berlin-Lichtenrade, dans l’arrondissement de Tempelhof-Schöneberg

[10] Fleuristes.

[11] La société Flugzeugreparaturwerk Rudow GmbH s’occupait de réparation d’avions à Berlin-Rudow, quartier dans l’arrondissement de Neukölln.

[12] Industrie aéronautique.

[13] L’orthographe a été germanisée. Electrolux est une entreprise suédoise d’électroménager créée en 1910.

[14] Voir n° 405.

[15] Zernsdorf près de Königs Wusterhausen. Depuis 2003, ce village fait partie de cette ville. Il est situé dans l’arrondissement de Dahme-Spreewald (Dahme-Forêt-de-Spree) du Land (État fédéré) de Brandebourg (Allemagne).

[16] Voir n° 404.

[17] Voir n° 406.

[18] Hôpital militaire.


Pierre Bonhomme aurait d’après un récit personnel travaillé du « bois de mine ». Ce qui serait logique : avant d’être militaire comme pontonnier, il était charpentier. De fait, il aurait pu être éventuellement boiseur, chargé du soutènement et de la réparation dans des galeries. Monsieur Ronny Maylahn, du comité de direction (Führungskoordination) de la société de recherche et de documentation sur les constructions souterraines Berliner Unterwelten e.V.[1] n’a pas pu nous renseigner sur le sujet.


[1] Brunnenstraße 105, 13355 Berlin (Allemagne). Berliner Unterwelten peut se traduire selon les cas « les souterrains de Berlin », « les sous-sols de Berlin », voire « les bas-fonds de Berlin » et même dans certains contextes « les enfers de Berlin ».


L’hôpital militaire principal de Berlin-Neukölln et l’Arbeitskommando n° 430


Hopital militaire de Berlin-Neukölln. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Hopital militaire de Berlin-Neukölln. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Plusieurs hôpitaux militaires[1] peuvent soigner les prisonniers de guerre. Le plus important était établi à Berlin-Neukölln dans un établissement scolaire[2]. Il était lié à l’Arbeitskommando n° 430. Il a repris ses fonctions premières. Un centre d’épouillage se trouvait à Berlin-Lichterfelde, ce qui a permis de limiter les risques de typhus.


[1] Lazarett [latsaˈrɛt], neutre <Lazarette̸s; Lazarette>.

[2] Donaustraße 122, 12043 Berlin.


Les baraquements redécouverts du camp de Berlin-Lichterfelde


Vidéo Vergessen und vorbei? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen (C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français), consultable en ligne pour la chaîne Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit (Centre de documentation sur le travail forcé nazi).

L’ensemble des baraquements de Berlin-Lichterfelde a été retrouvé au moment où devait se dérouler dans ce lieu une opération immobilière. Il avait été ouvert dès 1938, avant donc le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale le 1ᵉʳ septembre 1939.

A l’origine, la Reichsbahn[1] y a installé un camp pour 1 400 travailleurs allemands de la région des Sudètes (Tchéquie) à l’angle d’Osdorfer straße et du Lanweg. En 1939, la Wehrmacht a loué une partie de ce site pour accueillir des prisonniers tout d’abord polonais.

A partir du mois d’août 1940, ce camp est affecté aux prisonniers français : en janvier 1941, plus de 18 000 prisonniers qui y vivaient étaient français. Les baraques construites grossièrement avec des parpaings ont remplacé parfois les premières, en bois, qui ont brûlé lors d’attaques aériennes en 1942/1943. Chacune mesurait 38 m de long sur 16 de large, et devait être occupées par 96 hommes environ. Le grand nombre de prisonniers a fait que leur occupation a été plus importante dans les faits.


[1] Société des chemins de fer allemands.


La mise au jour de ce camp tient à un projet de construction d’appartements.  L’association Initiative KZ-Außenlager Lichterfelde e.V. (un collectif citoyen)[1] et l’Office d’État des monuments historiques de Berlin (Landesdenkmalamt Berlin)[2] tentent de sauver des baraques situées dans le quartier[3] et identifiées formellement en 2017 comme ayant fait partie du camp de Berlin-Lichterfelde. Une est classée monument historique, les autres sont plus ou moins délabrées et à l’abandon, en cours de destruction, après avoir connu après la Seconde Guerre mondiale divers usages.


[1] Président du conseil d’administration : Thomas Schleissing-Niggemann. Vice-présidente : Annette Pohlke.

[2] Klosterstraße 47, 10179 Berlin (Allemagne).

[3] Landweg 3, 12007 Berlin (Allemagne).


Le gardien chargé du terrain en friche refuse d’orienter le promeneur (les bâtiments se trouvent pourtant à moins de cent mètres de sa guérite). Les passants qui s’arrêtent font mine de ne rien comprendre aux explications données dans un allemand très clair. Les habitants du quartier ignorent ce qui se passe à quelques dizaines de mètres de leur maison. Une exploration urbaine[1] « sauvage » du site permet de mesurer la désolation du lieu, squatté occasionnellement et bombé à la peinture. Une captation d’images permettra à terme d’étudier les lieux à travers le prisme de la culture visuelle.

A peu près quatre-vingts ans après la capitulation du Troisième Reich, l’historien affronte moins un négationnisme agressif qu’une parfaite indifférence et un total désintérêt.


[1] Urbex.


Les dix grands baraquements qui restent sont du même modèle que ceux du camp du quartier de Berlin-Schöneweide[1]. Ce lieu se révèle être un camp de travailleurs forcés, où étaient internés notamment des Italiens, tant militaires que civils, mais aussi des hommes et des femmes originaires d’Europe de l’Ouest et l’Est.


[1] Le lieu a été identifié comme un camp en 1994 alors qu’il se trouvait au milieu d’immeubles et qu’il servait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à diverses activités comme la chaudronnerie.


Les prisonniers sont répartis dans différents commandos de travail. Il existe un homme de confiance qui a le droit d’aller les visiter. Les tâches confiées à ces prisonniers sont simples, mais physiquement très pénibles. Pour ce travail, le prisonnier reçoit un faible salaire, alors que les entreprises remportent de gros bénéfices grâce à cette main-d’œuvre bon marché.


L'enduit qui s'abîme avec le temps laisse entrevoir le parpaing d'origine. Camp de Berlin-Lichterfelde, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’enduit qui s’abîme avec le temps laisse entrevoir le parpaing d’origine. Camp de Berlin-Lichterfelde, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


La dégradation du mur le fait paradoxalement revenir à un état premier : le temps destructeur peut être aussi conservateur, en rendant visible l’invisible. Camp de Berlin-Lichterfelde, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La dégradation du mur le fait paradoxalement revenir à un état premier : le temps destructeur peut être aussi conservateur, en rendant visible l'invisible. Camp de Berlin-Lichterfelde, prise de vue effectuée le jeudi 30 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le camp de Berlin-Schöneweide et l’abri antiaérien de la baraque 13


Au camp de Berlin-Schöneweide, les conditions de vie y auraient été semble-t-il relativement meilleures que dans d’autres. Cette donnée reste cependant à relativiser en fonction des nationalités : les Russes emprisonnés ont par exemple subi des traitements pires que celui des Italiens.


Plan d'orientation du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Plan d’orientation du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le Centre de documentation du travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), ouvert en 2006, est situé sur ce site historique[1].


[1] Britzer Straße 5, 12439 Berlin (Allemagne).


Les baraquements de pierre ont été construits en 1943 sous la direction d’Albert Speer, premier architecte du IIIe Reich inspecteur général des travaux pour la capitale du Reich (Generalbauinspektor für die Reichshauptstadt)[1].


[1] Abrégé en GBI.


Une exposition permanente inaugurée en 2013, Quotidien du travail forcé 1938–1945, montre à quel point le nazisme s’appuyait sur la main-d’œuvre sous contrainte.

Les travailleurs invités[1], en provenance de pays amis de l’Allemagne n’y étaient pas soumis. L’historiographie allemande englobe sous le concept général de travailleurs forcés :

  • les prisonniers de guerre[2]
  • les travailleurs civils[3]
  • les travailleurs de l’Est[4]
  • les déportés, traités comme des esclaves.

D’un point de vue davantage français, les anciens combattants ne goûtent guère d’être confondus avec les membres du STO[5]. En France, ces derniers ont le droit au titre de « victimes du travail forcé en Allemagne nazie[6] ». Mais les dernières décisions de justice leur interdisent celui de « déportés du travail[7] ». La « transformation » de certains en travailleurs « libres » étant en lien avec la Relève, dispositif mis en place en 1942 par le régime de Vichy, il s’agit là encore d’une question sensible.


[1] Gastarbeitnehmer.

[2] Militärinternierte (internés militaires).

[3] Zivilarbeiter.

[4] Ostarbeiter.

[5] Service du travail obligatoire.

[6] Par décret du 16 octobre 2008.

[7] Refus le 28 mars 2011 par la Cour de cassation.


Edition monolingue en français du catalogue offert lors de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l’exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).

Edition monolingue en français du catalogue offert lors de la rencontre à Berlin (Allemagne) du mardi 28 mars 2023 au Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors) par Roland Borchers, commissaire de l'exposition Vergessen und vorbei ? Das Lager Lichterfelde und die französischen Kriegsgefangenen = Past and forgotten ? The Lichterfelde Camp and the French Prisoners of War = C’est le passé, on oublie ? Le camp de Lichterfelde et les prisonniers de guerre français. (collection personnelle de l’auteure).


[1] Zwangsarbeiter.


Depuis leurs balcons, les habitants pouvaient voir tout ce qui se passait dans le camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Depuis leurs balcons, les habitants pouvaient voir tout ce qui se passait dans le camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La baraque 13, qui a accueilli des prisonniers de guerre italiens, est la mieux conservée[1].


[1] Köllnische Straße 17, 12439 Berlin (Allemagne).


Vue extérieure de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Vue extérieure de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


Mur en parpaing avec lequel la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide a été construite. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Mur en parpaing avec lequel la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide a été construite. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le baraquement se compose d’un couloir central et de douze dortoirs de part et d’autre (destinés chacun à seize prisonniers), d’une seule pièce d’eau avec une fontaine, des latrines[1] et des urinoirs publics.

Chaque prisonnier a un châlit avec un sac de paille, une couverture, une gamelle, un gobelet et des couverts. La distribution de la nourriture varie selon les nationalités. Toujours manquante et de mauvaise qualité, elle l’est encore plus pour les prisonniers russes, qui sont davantage affamés, épuisés, et soumis aux mauvais traitements.


[1] A peine plus confortables que les feuillées de la vie militaire.


Entrée de l'abri antiaérien de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entrée de l’abri antiaérien de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Pièces de l'abri antiaérien de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Pièces de l’abri antiaérien de la baraque 13 du camp de Berlin-Schöneweide. Centre de documentation sur le travail forcé nazi de la fondation Topographie de la terreur (Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit der Stiftung Topographie des Terrors), prise de vue effectuée le mardi 28 mars 2023 à Berlin (Allemagne). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le plus souvent, une cave se trouve sous le baraquement. Elle est aménagée en abri antiaérien avec de petites cellules. Les prisonniers s’y réfugient lors des nombreux bombardements.


Porte blindée en métal hermétique avec valve de l'abri antiaérien de la baraque 13. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Porte blindée en métal hermétique avec valve de l’abri antiaérien de la baraque 13. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


Sortie de l'abri antiaérien de la baraque 13. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Sortie de l’abri antiaérien de la baraque 13. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


En conclusion de cette mission historique et mémorielle à Berlin


Cette mission historique et mémorielle à Berlin met en lumière l’évolution des lieux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Certains bâtiments ont connu une reconversion, d’autre une conservation comme patrimoine industriel[1], les derniers enfin une destruction. Des historiens allemands s’évertuent à témoigner du sort de millions d’hommes asservis sous le nazisme, tandis qu’une nouvelle génération semble se faire à l’idée d’une lente et inexorable disparition, que le déni parfois précipite…


[1] Le camp de Berlin-Schöneweide est répertorié dans le parcours d’ERIHEuropean Route of Industrial Heritage e.V. (Route européenne du patrimoine industriel).

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Anciens combattants Guerre mondiale (1939-1945) Militaires Religion Travailleurs Victimes de guerre

Les natifs de La Romagne prisonniers de guerre en 1939-1945 (A-Z)


Le blog laromagne.info commémore l'appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de transmettre : « Aucun élève ne doit quitter sa scolarité sans avoir visité au moins un site mémoriel combattant et avoir participé au moins à une cérémonie patriotique. »
Le blog laromagne.info commémore l’appel du 18 juin 1940 et soutient la pétition du Souvenir français. Son objectif est de transmettre : « Aucun élève ne doit quitter sa scolarité sans avoir visité au moins un site mémoriel combattant et avoir participé au moins à une cérémonie patriotique. »

Bonhomme, Pierre, Georges, charpentier puis militaire de carrière, sous-officier du génie, décoré de la médaille militaire[1], né le 6 janvier 1910 à La Romagne, fils de Désiré Vital Bonhomme et de Blanche Georges, n° de matricule 891. Il est fait prisonnier à Goviller (Meurthe-et-Moselle) le 21 juin 1940[2].


[1] Attribuée par un décret paru au Journal officiel de la République française n° 239 du 9 octobre 1949, page 10146, qui mentionne dix-huit ans de service et six campagnes.

[2] Liste du Frontstalag 162.

Médaille militaire (avers) de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Médaille militaire (avers) de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Attestation du 4 décembre 2008 délivrée par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) de Genève certifiant posséder les renseignement sur le parcours de prisonnier de guerre de monsieur Pierre Bonhomme  †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Attestation du 4 décembre 2008 délivrée par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) de Genève certifiant posséder les renseignement sur le parcours de prisonnier de guerre de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il est dirigé vers un camp provisoire[1]. D’après une liste officielle des prisonniers français n° 28 du 9 octobre 1940, il est au Frontstalag 162 à Dommartin-lès-Toul (Meurthe-et-Moselle). Il porte le numéro de prisonnier 6987 et se trouve dans le quartier n° 4. Une liste nominative du camp d’Ecrouves (Meurthe-et-Moselle) datée du 13 juillet 1940 indique qu’il s’y trouve à ce moment-là.


[1] Fiche bristol [Karteikarte] du Frontstalag 162 en date du 9 octobre 1940.


L'Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII B Krems-Gneixendorf et Stalag III D Berlin (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII B Krems-Gneixendorf et Stalag III D Berlin (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir du 4 octobre 1940, il est au Stalag XVII B Krems-Gneixendorf[1]. C’est dans ce camp qu’il reçoit son immatriculation de prisonnier de guerre[2] n° 53026. Il se retrouve ensuite au Stalag III B Fürstenberg (arrondissement de l’Oder-Spree), d’après sa fiche bristol[3] du 9 octobre 1940.


[1] Gneixendorf est un village près de Krems-sur-le-Danube (Krems an der Donau) situé dans le Land de la Basse-Autriche.

[2] Kriegsgefangener.

[3] Karteikarte.


Carte de l'emplacement des Stalags en Allemagne (1940-1945).
Carte de l’emplacement des Stalags en Allemagne (1940-1945).

Cette ville correspond à l’actuelle Eisenhüttenstadt (Land du Brandebourg), en Allemagne. Cette ville nouvelle est issue de la fusion en 1961 de Fürstenberg, Staline-Ville[1], et Schönfließ. Cet immense camp se situe dans la vallée de l’Oder est situé à cent vingt kilomètres au sud-est de Berlin et à environ soixante kilomètres de la frontière polonaise[2]. C’est pour les autorités allemandes un camp modèle[3].


[1] Stalinstadt.

[2] La voie ferrée conduisant à Berlin et le canal de l’Oder forment en quelque sorte les limites naturelles du camp.

[3] Modelllager.


Détail de l'emplacement de quelques Stalags en Allemagne (1940-1945).
Détail de l’emplacement de quelques Stalags en Allemagne (1940-1945).

Selon une liste allemande datée du 20 novembre 1940, il est transféré au Stalag III A Luckenwalde[1] sous le n° 53021 le 13 novembre 1940 depuis le Stalag XVII B Krems-Gneixendorf. Il est présent dans le Stalag III D Berlin[2] le 24 novembre 1940, selon une carte de capture dont le tampon très effacé semblerait être du 18 décembre 1940.


[1] Land du Brandebourg, en Allemagne.

[2] Berlin-Lichterfelde est un quartier de Berlin dans l’arrondissement de Steglitz-Zehlendorf.


Carte du combattant n° 143757 de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Carte du combattant n° 143757 de monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

D’après une liste n° 111 reçue le 24 mars 1941 et une fiche de capture du CICR[1] du 1e décembre1944, il est probable qu’il est encore dans ce camp pendant cette période. Il semble qu’il y reste jusqu’à la libération de ce camp en avril 1945. D’après sa fiche nominative du Frontstalag 162 à Dommartin-lès-Toul (Meurthe-et-Moselle), Pierre Bonhomme est rapatrié le 27 mai 1945 au centre de Maubeuge (Nord)[2].


[1] Comité international de la Croix-Rouge.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 410 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Musée de la Reddition du 7 mai 1945 (Reims), numéro d'inventaire R.853, acte de capitulation rédigé par les Alliés, texte dactylographié à l’encre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée de la Reddition du 7 mai 1945 (Reims), numéro d’inventaire R.853, acte de capitulation rédigé par les Alliés, texte dactylographié à l’encre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Fouquet, Henri Albert, n° de matricule du recrutement 411, né le 20 octobre 1907 à La Romagne, fils de Gustave Fouquet et de Marie Carbonneaux, rappelé à l’activité le 2 octobre 1939, affecté au dépôt du génie n° 15. Il est fait prisonnier le 21 juin 1940 à Rambervillers (Vosges). Henri Fouquet[1] est interné au camp de transit de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) avant d’être démobilisé par le comité départemental le 28 août 1941.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 392 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Pour nos prisonniers de guerre, timbre  brun carminé en taille douce, collé sur des cahiers de captivité de prisonniers de guerre du Stalag IV-B Mühlberg (1940).
Pour nos prisonniers de guerre, timbre  brun carminé en taille douce, collé sur des cahiers de captivité de prisonniers de guerre du Stalag IV B Mühlberg (1940).

Lelong, Marceau Alfred, domestique de culture, classe de mobilisation 1927, n° de matricule de recrutement 1308, né le 11 novembre 1912 à La Romagne, fils de Jules Alcide Lelong et de Marie Claire Faveaux, rappelé le 26 août 1939 au 29e régiment régional.

Il passe au 22e régiment régional le 16 janvier 1940. Il est fait prisonnier à Etampes (Essonne) le 15 juin 1940. Interné au Stalag IV B Mühlberg[1], à une cinquantaine de kilomètres de Dresde. Il a le matricule n° 72021. Rapatrié le 30 mai 1945, Marceau Lelong est démobilisé le 1er juin 1945 par le comité départemental de Charleville[2].


[1] Ville allemande située dans l’arrondissement d’Elbe-Elster (Land du Brandebourg).

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 423 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Pierre Bonhomme †, titulaire de la médaille militaire depuis plus de 50 ans (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monsieur Pierre Bonhomme †, titulaire de la médaille militaire depuis plus de 50 ans (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lequeux, Armand Adonis, ferronnier, n° de matricule du recrutement 111, né le 19 mars 1915 à La Romagne, fils de Victor Eugène Lequeux et de Marie Georgette David, convoqué le 29 mars 1939 au 91e régiment d’infanterie, il passe au 295e régiment d’infanterie le 2 septembre 1939.

Fait prisonnier à La Salle[1] (Saône-et-Loire) le 28 juin 1940. Interné au Stalag II A Neubrandenbourg[2]. Il porte le numéro de prisonnier 66459. Malade, il est rapatrié le 4 juin 1941 et est démobilisé le 9 juillet 1941. Armand Lequeux se retire alors à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)[3].


[1] Près de Mâcon (Saône-et-Loire).

[2] Ville d’Allemagne située dans le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, au nord de Berlin.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 442 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Macquin, Paul Adolphe, classe de mobilisation 1925, n° de matricule du recrutement 119, né le 7 janvier 1905 à La Romagne, fils de Paul Eugène Macquin et de Marie-Angèle Lantenois, rappelé à l’activité par mesure de mobilisation générale, il est affecté au dépôt ALVF[1] n° 209.

Parti aux armées le 11 février 1940 et affecté au 374e RALVF[2] 13e bataillon le 1er avril 1940. Il est fait prisonnier à « Archambeau[3] » le 20 juin 1940. Interné au Stalag II C Greifswald[4] sous le n° de prisonnier 3355. Paul Macquin est rapatrié le 28 mai 1945[5].


[1] Artillerie lourde sur voie ferrée.

[2] Régiment d’artillerie lourde sur voie ferrée.

[3] Sic, id est Bourg-Archambault (Vienne).

[4] Ville du nord de l’Allemagne (Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale).

[5] Archives départementales des Ardennes, 1R 378 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Reconnaissance des services rendus à la France par monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Reconnaissance des services rendus à la France par monsieur Pierre Bonhomme † (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Macquin, Rémi Jean, commis de perception, né le 5 mars 1911 à La Romagne, fils de Paul Eugène Macquin et de Marie Angèle Lantenois, n° de matricule du recrutement 110.

Rappelé à l’activité le 2 septembre 1939, il est fait prisonnier à Saint-Dié (Vosges) le 22 juin 1940. Interné au Stalag XIII D Nuremberg-Langwasser[1] sous le n° de prisonnier 88022. Libéré le 5 mai 1945 et rapatrié le même jour, Rémi Macquin est démobilisé le 16 mai 1945 par le comité départemental de Charleville[2].


[1] Land de Bavière.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 415 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Monsieur Jean Malherbe † pose devant sa voiture. Hotchkiss est un constructeur automobile et manufacturier d'armes français, qui a produit des véhicules militaires jusqu'en 1969. Photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Monsieur Jean Malherbe † pose devant sa voiture. Hotchkiss est un constructeur automobile et manufacturier d’armes français, qui a produit des véhicules militaires jusqu’en 1969. Photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Malherbe, Eugène Jean, employé de commerce, n° de matricule du recrutement 230, né le 20 février 1913 à La Romagne, fils de Georges Malherbe et de Lucie Bonpart, rappelé à l’activité à la 2e section de COMA[1] le 25 août 1939 et affecté au groupe d’exploitation de la 52e division d’infanterie.

Nommé sergent le 21 juin 1940. Fait prisonnier à La Bourgonce (Vosges) le 22 juin 1940. Interné au Stalag XIII D Nuremberg-Langwasser. Eugène Jean Malherbe est rapatrié le 23 avril 1945 et démobilisé par le centre des Ardennes le 1er juin 1945.


[1] Commis et ouvriers militaires d’administration.


Marandel, Léon André, cultivateur, maréchal-ferrant, classe de mobilisation 1922, soldat au 140e régiment d’artillerie, n° de matricule du recrutement 244, né le 27 janvier 1902 à La Romagne, fils de Alfred Célestin Marandel et d’Eugénie Chéry.Rappelé à l’activité le 23 août 1939, il est fait prisonnier à Epinal (Vosges) et interné au Stalag XII D Trier[1]/Petrisberg sous le n° de prisonnier 1564. Rapatrié, Léon Marandel est démobilisé le 5 novembre 1945 par le comité départemental d’Amiens[2].


[1] Trèves est une ville du sud-ouest de l’Allemagne (Land de Rhénanie-Palatinat).

[2] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Marquigny, Henri Emile, ouvrier de culture, classe de mobilisation 1922, né le 20 mars 1906 à La Romagne, mort pour la France[1], n° matricule du recrutement 408, fils de Joseph Louis Emile Marquigny et de Marie Ida Boitte. Rappelé à l’activité le 20 septembre 1939 et affecté au 301e RALP[2].

Après un séjour à l’hôpital de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) du 20 octobre 1939 au 24 février 1940 et sa convalescence, il rejoint le dépôt d’artillerie n° 302 le 17 mars 1940. Il est affecté le 29 mars 1940 au parc de munitions d’armée et passe à la 662e compagnie du parc de munitions d’armée.

Fait prisonnier le 12 juin 1940 au fort de La Chaume[3]. Henri Marquigny est rapatrié le 30 mai 1945 et décède quelques mois plus tard à l’hôpital militaire de Mézières le 5 octobre de la même année[4].


[1] Il figure à ce titre sur le monument aux morts de La Romagne.

[2] Régiment d’artillerie légère portée.

[3] Thierville-sur-Meuse, près de Verdun (Meuse).

[4] Archives départementales des Ardennes, 1R 385 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Mauroy[1], Gaston Auguste, n° de matricule du recrutement 269, né le 2 juillet 1902 à La Romagne, fils de Charles Emile Mauroy et de Juliette Léonie Bailly. Il est fait prisonnier à Maubert-Fontaine. Il est interné au Stalag XII A Limburg an der Lahn[2] sous le n° de prisonnier 21506. Gaston Mauroy est démobilisé le 31 mai 1945 par le comité départemental de Charleville.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 356 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

[2] Limbourg-sur-la-Lahn (Land de la Hesse).


Monsieur Marcel Mauroy † et d'autres prisonniers de guerre, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Michel Mauroy).
Monsieur Marcel Mauroy † et d’autres prisonniers de guerre, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Michel Mauroy).

Mauroy, Marcel Charles, n° de matricule du recrutement 59, né le 6 mai 1904 à La Romagne, fils de Charles Emile Mauroy et de Marie Juliette Léonie Bailly. Rappelé à l’activité le 24 août 1939, affecté au 17e RAD[1].

Fait prisonnier le 22 juin 1940 à La Bourgonce (Vosges). Il est interné au Stalag XIII B Weiden/Oberpfalz[2]. Il est rapatrié le 25 mai 1945 sous le matricule 83774. Marcel Mauroy est démobilisé par le comité départemental de Charleville le 30 mai 1945[3].


[1] Régiment d’artillerie divisionnaire.

[2] Weiden in der Oberpfalz (Land de la Bavière).

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 371 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Miclet, Henri Léon, domestique, n° de matricule du recrutement 60, né le 16 février 1916 à La Romagne, fils de Paul Georges Miclet et de Célestine Constance Destrez. Rappelé à l’activité le 20 août 1939, affecté à la CM[1]. Capturé le 12 juin 1940 à Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Maritime), il est au Stalag IX C Bad Sulza[2] sous le n° de prisonnier 3940. Rapatrié le 9 juin 1941 comme aîné de cinq enfants. Démobilisé par le comité départemental de Guéret (Creuse) le 25 juin 1941[3], Henri Miclet se retire à Lérat (Creuse).


[1] Cavalerie montée.

[2] Land de Thuringe.

[3] Archives départementales des Ardennes, 1R 448 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Miclet, Joseph Emile, charron,classe de mobilisation 1926, n° de matricule du recrutement 434, né le 12 octobre 1906 à La Romagne, fils de Georges Miclet et de Célestine Destrez. Rappelé à l’activité le 25 août 1939 au dépôt d’artillerie n° 2.

Il est fait prisonnier à Redon (Ille-et-Vilaine) le 23 juin 1940, et est interné dans un Frontstalag sous le n° de prisonnier 11303 avant d’être mis en congé de captivité le 18 juillet 1941. Joseph Miclet est démobilisé le 1er août 1941[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 385 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Quentin, Gaston Fernand, militaire, n° de matricule du recrutement 490,décoré de la médaille militaire par décret du 21 décembre1954[1], né le 1er février 1920 à La Romagne, fils de Louis Albert Quentin et de Marie-Juliette Bosserelle.

Engagé en 1938 à l’intendance militaire de Versailles (Yvelines), il est affecté au 2e régiment du génie à Metz (Moselle) et est nommé caporal le 28 juillet 1938 puis sergent le 1er avril 1939. Il est fait prisonnier le 4 juillet 1940 et est interné au Stalag VII A Moosburg[2] avec le n° de prisonnier 30746.

Il est rapatrié le 23 mai 1945 et, après une permission d’un mois, il est dirigé en septembre 1945 à Bad-Salzig[3] en Allemagne. Gaston Quentin poursuit sa carrière militaire et devient officier[4].


[1] Journal officiel de la République française n° 5 du 5 janvier 1954.

[2] Land du Bade-Wurtemberg.

[3] Land de la Rhénanie-Palatinat.

[4] Archives départementales des Ardennes, 1R 468 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Quentin, Robert Léon, cultivateur puis militaire de carrière, n° de matricule du recrutement 63, né le 13 mai 1914 à La Romagne, fils de Louis Albert Quentin et de Marie Juliette Bosserelle. Après son engagement en 1932 et diverses affectations, il est nommé sergent au 105e régiment d’infanterie en juillet 1939. 

Le 18 septembre 1939, il est affecté à la CHR[1] du dépôt d’infanterie 64. Il est muté le 1e janvier 1940 à une compagnie de passage[2]. Son contrat est maintenu tacitement. Muté à la CBI[3] le 24 mai 1940, il rejoint le DI 83[4] le 15 juin 1940 par ses propres moyens. Fait prisonnier[5] le 24 juin 1940, Robert Quentin est rapatrié le 15 juin 1945[6].


[1] Compagnie hors rang.

[2] Les documents consultés n’ont pas permis d’identifier laquelle.

[3] Compagnie de base et d’instruction.

[4] A Auxerre (Yonne).

[5] Aucun renseignement n’est donné sur le lieu de son emprisonnement.

[6] Archives départementales des Ardennes, 1R 434 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].


Roncin[1], Henri Albert, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1928, n° de matricule de recrutement 1093, né le 17 juin 1908 à La Romagne, fils de Calixte Sulpice Roncin et de Valentine Angèle Depurrieux. Rappelé à l’activité le 24 août 1939 et affecté au 348e régiment d’infanterie.

Il est fait prisonnier le 28 juin 1940 à Fontenay-le-Comte (Vendée) et interné au Stalag VIII C Żagań[2] sous le n° de prisonnier 11136. Henri Roncin est rapatrié et démobilisé le 26 septembre 1942 par le comité départemental de Charleville.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1R 400 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement].

[2] Ville de Pologne connue aussi sous son nom allemand de Sagan.


Plusieurs hommes du rang nés à la Romagne ont donc été faits prisonniers de guerre en Allemagne dans les Stalags[1] du Troisième Reich. Si le sort des détenus des camps de concentration et d’extermination nazis est aujourd’hui mieux connu, celui des militaires emprisonnés en 1939-1945 reste encore un vaste champ d’étude. Il semble donc important d’expliciter ce que ces militaires romanais ont pu vivre…


[1] Abréviation de Kriegsgefangenen-Mannschafts-Stammlager (camp de base de prisonniers de guerre).


Entre mai et juin 1940, le soldat est le plus souvent envoyé, après sa capture, dans un Frontstalag[1]. C’est un lieu de rassemblement pour prisonniers de guerre de tous grades, doté d’une organisation très structurée, et avec un personnel important.

C’est en quelque sorte un espace de transit, avant l’acheminement vers les camps définitifs, disséminés sur tout le territoire allemand, et répartis entre les diverses circonscriptions militaires[2] du Reich : les hommes de troupe et les sous-officiers rejoignent des Stalags, et les officiers des Oflags[3].


[1] Ou Frontstammlager (camp de prisonniers dans les territoires français occupés).

[2] Wehrkreise.

[3] Offizier-Lager (camps d’officiers).


Les conventions de Genève, timbre de la Croix-Rouge.
Les conventions de Genève, timbre de la Croix-Rouge.

Les prisonniers subissent un long périple ferroviaire vers les camps qui leur sont assignés : entassés parfois à soixante dans des wagons de marchandises ou à bestiaux dépourvus de paille et surtout de sanitaires, ils doivent, à leur arrivée, parcourir à pied, encadrés par des gardes, le chemin séparant la gare de leur lieu de captivité.


Henry Dunant (1828-1910), fondateur de la Croix-Rouge.
Henry Dunant (1828-1910), fondateur de la Croix-Rouge.

Généralement, l’entrée du camp, symbolisée par une porte massive, est précédée d’une ou deux enceintes de barbelés avec, à intervalles réguliers, des miradors d’où des sentinelles surveillent les environs.


Gustave Moynier (1826-1910), fondateur de la Croix-Rouge.
Gustave Moynier (1826-1910), fondateur de la Croix-Rouge.

Le camp, pouvant accueillir plusieurs milliers d’hommes, est constitué de nombreuses baraques en bois ou en brique construites de part et d’autre d’une allée centrale. Elles permettent de concentrer dans un même lieu des prisonniers de différentes nationalités.


Infirmière, timbre de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.
Infirmière, timbre de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.

A l’intérieur de chaque baraquement, l’éclairage est chiche, et les châlits[1] à deux ou trois étages. Ces rectangles étroits et spartiates sont recouverts d’une très mince paillasse, et d’une seule couverture. A cet inconfort matériel, s’ajoute la promiscuité. Dans ces conditions, le sommeil du prisonnier de guerre est rarement réparateur.


[1] Cadre de lit en bois ou en métal.


Pour nos blessés, timbre de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.
Pour nos blessés, timbre de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.

C’est dans le premier camp où il est affecté que le prisonnier reçoit son immatriculation. Les initiales KG (Kriegsgefangener, c’est-à-dire prisonnier de guerre) sont peintes en blanc sur sa vareuse et sa musette. A partir de ce moment-là, il devient un numéro au sens strict. Cette anonymisation est pour lui une épreuve de plus.


Sauvé, timbre vert de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.
Sauvé, timbre vert de la Croix-Rouge française, gravé en taille-douce.

D’une part, il doit surmonter la situation dans laquelle il est tombée comme soldat face à un ennemi supérieur en nombre et en matériel, mais il doit affronter d’autre part la mentalité de son époque qui le considère comme un vaincu.


Monsieur Pierre Bonhomme † et d'autres prisonniers de guerre au Stalag III-D, photographie ancienne en noir et blanc (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Monsieur Pierre Bonhomme † et d’autres prisonniers de guerre au Stalag III D, photographie ancienne en noir et blanc (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il est totalement soumis à l’autorité de ses geôliers allemands : lors de son arrivée, il subit le contrôle de son identité, une fouille intégrale lui est imposée. Ses objets personnels (livres, photographies, etc.) sont momentanément confisqués. Il ne les récupère que quelques jours plus tard, dûment tamponnés.

Freigegeben zur Heimsendung Mannschafts-Stammlager III-D se traduit en français par « Validé pour un envoi à domicile. Stalag III-D », verso d'une photographie ancienne en noir et blanc, encre rouge sur papier photo (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Freigegeben zur Heimsendung Mannschafts-Stammlager III D se traduit en français par « Validé pour un envoi à domicile. Stalag III D », verso d’une photographie ancienne en noir et blanc, encre rouge sur papier photo (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Reims consacre un salon aux prisonniers le 31 mai 1944.
Reims consacre un salon aux prisonniers le 31 mai 1944.

Il passe ensuite par l’étape de l’épouillage des vêtements et du corps. Les effets enlevés sont passés à l’étuve, avant d’être restitués à leur propriétaire. Pendant ce temps, le prisonnier est badigeonné d’insecticide. Malgré cela, tout au long de sa captivité, il est la proie de la vermine[1] et de la dysenterie.


[1] Insectes (poux, puces, punaises) parasites de l’homme et des animaux.


Pour nos prisonniers de guerre, timbre brun carminé en taille-douce.
Pour nos prisonniers de guerre, timbre brun carminé en taille-douce.

La nourriture est plus que frugale et constamment insuffisante. Le repas consiste en quelques louches de soupe claire, un morceau de pain et un tout petit bout de viande. Très vite, le prisonnier est tenaillé par la faim : il ressent une véritable torture physique, même si le gros cul[1] anesthésie momentanément sa souffrance.


[1] Tabac de troupe inférieur au Scaferlati Caporal (le fameux cube de gris). Le terme s’applique tout d’abord à un gros bâtiment de la marine de guerre. Par métonymie, il désigne un marin puis, par extension, un homme de troupe, un soldat.


Conventions de Genève 22 août 1864, timbre premier jour de la Croix-Rouge française.
Conventions de Genève 22 août 1864, timbre premier jour de la Croix-Rouge française.

La faim, la misère, les souvenirs d’un passé plus heureux atteignent leur moral. La dureté de leur vie est parfois atténuée par l’arrivée de colis ou de lettres, qui sont les seuls liens avec leur famille et leur vie antérieure. Le courrier met entre une dizaine et une quarantaine de jours pour parvenir à son destinataire.

Les prisonniers n’ont le droit pour correspondre avec les leurs qu’à deux lettres et deux cartes postales par mois. Ils ont la possibilité de recevoir mensuellement deux colis familiaux d’un kilo chacun et de temps en temps un paquet de cinq kilos.

En outre, ils reçoivent des cartons de la Croix-Rouge contenant entre autres du corned-beef[1], surnommé « singe » de façon argotique.


[1] Dans les pays francophones et depuis la Seconde Guerre mondiale, le corned-beef est connu une préparation culinaire de viande de bœuf habituellement salée, mise en petits morceaux, vendue dans une boîte de conserve métallique.


Prières du prisonnier, exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Prières du prisonnier, exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l’auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour ce qui est du réconfort spirituel, certains prisonniers éprouvent le besoin d’assister aux offices, qui sont assurés régulièrement. Dès septembre 1940, en France, l’Aumônerie générale des prisonniers de guerre, fondée par le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, est reconnue.

A partir de décembre, elle envoie dans les camps de prisonniers des « valises-chapelles », qui contiennent ce qui est nécessaire à la célébration de la messe. C’est ainsi qu’est distribué aux captifs un missel intitulé Prières du prisonnier : quelques simples prières pour rencontrer le Seigneur.

Oraisons supplémentaires tirées de Prières du prisonnier, exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l'auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Oraisons supplémentaires tirées de Prières du prisonnier, exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme †, collection personnelle de l’auteure. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Famille du prisonnier, timbre vert en taille-douce.
Famille du prisonnier, timbre vert en taille-douce.

Au quotidien, l’organisation du travail est régie par la section III de la convention de Genève du 27 juillet 1929. Son article 27 précise : « Les sous-officiers prisonniers de guerre ne pourront être astreints qu’à des travaux de surveillance, à moins qu’ils ne fassent la demande expresse d’une occupation rémunératrice. »

Bien qu’ils soient comme eux enfermés dans les Stalags, les hommes du rang n’ont pas du tout le même traitement : la plupart du temps, ils sont contraints de travailler dans un Arbeitskommando[1] et donc de rejoindre des fermes, des usines, des carrières.


[1] Kommando concerne ici une unité de travail forcé.


L'Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII-B Krems-Gneixendorf et Stalag III-D Berlin (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’Allemand sans peine (méthode Assimil éditée en 1941), exemplaire de monsieur Pierre Bonhomme † avec référence manuscrite aux Stalags XVII B Krems-Gneixendorf et Stalag III D Berlin (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le réveil est fixé à cinq heures, les sentinelles allemandes s’adressent bruyamment aux prisonniers avec des « Raus ! Raus[1]! » ou des « Schnell ! Schnell[2] ! », les obligeant à se presser pour le rassemblement sur la place du Stalag. Matinal ou vespéral, il peut durer un long moment. Et ce, quelles que soient les conditions atmosphériques…


[1] « Dehors ! Dehors ! ».

[2] « Vite ! Vite ! ».


Avec Moi, René Tardi, prisonnier de guerre - Stalag II B, Jacques Tardi transpose en bande dessinée les carnets de son père, sur ses années de captivité en Allemagne (collection personnelle de l'auteure).
Avec Moi, René Tardi, prisonnier de guerre – Stalag II B, Jacques Tardi transpose en bande dessinée les carnets de son père, sur ses années de captivité en Allemagne (collection personnelle de l’auteure).

Les prisonniers de guerre sont ensuite dirigés sous escorte vers le lieu de leur travail. La durée du labeur peut alors atteindre treize heures. Il n’est pas exclu qu’ils soient retenus, si nécessaire, les dimanches et les jours fériés.


Pour nos prisonniers de guerre, timbre vert en taille-douce.
Pour nos prisonniers de guerre, timbre vert en taille-douce.

Lorsqu’ils sont libérés à partir d’avril 1945, ils sont en grande partie livrés à eux-mêmes et au bon vouloir des Américains ou des Russes. Ils partent sur des routes défoncées, à travers des paysages dévastés, avant que leur retour vers la France ne soit organisé.


Nomination de monsieur Pierre Bonhomme † au titre de la régularisation de l'avancement des ex-prisonniers de guerre (collection personnelle de l'auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Nomination de monsieur Pierre Bonhomme † au titre de la régularisation de l’avancement des ex-prisonniers de guerre (collection personnelle de l’auteure). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Là, ils doivent retrouver leur travail ou réintégrer leurs unités après un mois de permission, se réadapter à leur vie d’avant et garder souvent le silence sur ce qu’ils ont subi en captivité. De nos jours, la détresse et le découragement de ces hommes se sont peu à peu effacés de la mémoire collective…