Catégories
Métiers Patrimoine industriel Professions Travailleurs

Poste, télégraphe et téléphone à La Romagne


Le roi Louis XI est le créateur de la poste d'Etat.
Le roi Louis XI est le créateur de la poste du roi par relais (journée du timbre 1945).

Le service de la poste est un service très ancien, dont la création remonte à 1477 sous le règne de Louis XI. Cet établissement a un double but : l’acheminement des dépêches et des voyageurs. Il perdure jusqu’après la Révolution. Le bureau de poste desservant alors La Romagne et les villages environnants est, soit celui de Wasigny (comme l’indique le curé dans l’enquête paroissiale de 1774), soit celui de Rethel. Ce dernier est l’un des sept existant pour le secteur ardennais depuis 1700. Ensuite, et selon l’importance de la paroisse, le courrier est distribué une ou deux fois par semaine

Le blason communal de Wasigny (Ardennes) est écartelé aux un et quatre d’argent au loup courant de sable, aux deux et trois d’azur à la gerbe de blé d’or.
Le blason communal de Wasigny (Ardennes) se décrit comme écartelé aux un et quatre d’argent au loup courant de sable, aux deux et trois d’azur à la gerbe de blé d’or.

Un facteur rural en 1830, journée du timbre, émission premier jour du 18 mars 1968 à Charleville-Mézières.
Un facteur rural en 1830, journée du timbre, émission premier jour du 18 mars 1968 à Charleville-Mézières.

A partir de la Révolution, la marque de l’origine du département figure sur la lettre et ce sera le chiffre 7 qui l’identifiera jusqu’en 1875, date à laquelle il est remplacé par le nom du département. D’autre part, le bureau d’où part le courrier est distingué par un autre numéro. A partir de 1835, le bureau de Chaumont-Porcien est créé et porte le n° 825. En 1866, celui de Rocquigny ouvre. Ce sont ces deux- là qui successivement ont desservi La Romagne.

Le développement de l’instruction primaire et la suppression de la taxe des lettres, établie d’après la distance au profit d’une taxe fixe et uniforme, vont petit à petit accroître le volume du courrier. Lors de leurs tournées, les facteurs ruraux se doivent d’avoir sur eux en permanence des timbres, afin que tous puissent s’en procurer facilement.

Ces agents postaux ou « piétons » existent depuis la Révolution : le citoyen Jean-Baptiste Canon assure ce service pour La Romagne. Jusqu’à l’installation des boîtes aux lettres, c’est à eux que l’on confie le courrier à expédier. Leur tâche est pénible, puisqu’il leur faut parcourir chaque jour de longs trajets, et ce quel que soit le temps. Il n’en est pour preuve que le fait divers suivant : le 25 mai 1846, vers 10 heures du matin, Gérard Peltier âgé de 37 ans fait sa tournée dans le village. Il se présente au domicile d’Hubert Laroche, où il décède brutalement. Est-il victime d’une très grande fatigue, de chaleur précoce ou d’un malaise ? Rien ne permet d’avancer une explication.

Plaque de facteur rural du service des postes.
Plaque de facteur rural du service des postes.

Le facteur rural dans la grand-rue de La Romagne , carte postale ancienne (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur René Malherbe).
Le facteur rural dans la grand-rue de La Romagne (Ardennes), carte postale ancienne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe).

Jusqu’en 1897, les facteurs ruraux sont rémunérés proportionnellement à l’étendue du parcours effectué, qui peut aller jusqu’à 32 km. Mais ce cas est assez peu répandu. Au cours de leur vie professionnelle, en fonction de leur avancée en âge, et en raison de leur impossibilité de faire d’aussi grands parcours, ils demandent de plus petites tournées, ce qui fait diminuer leurs salaires. C’est pourquoi une expérience menée au sein de cinq départements, dont celui des Ardennes, aboutit à donner aux facteurs un traitement fixe.

Depuis 1853 environ, il existe un système de voitures de nuit qui font la liaison Rethel Rocquigny pour y déposer le courrier. Un peu plus tard, elles font le tour par Chaumont-Porcien, Wasigny et Novion, avant de rejoindre Rethel. Par la suite, cet acheminement se fait par les trains de marchandises, bien que ceux-ci ne fonctionnent pas tous les jours. C’est pourquoi leur circulation journalière est demandée par les édiles du canton.

Bien que l’on connaisse peu de messagers effectuant la tournée du village, on sait cependant qu’en 1866, c’est Jean-François Devie puis, de 1867 à 1875, François-Pierre Mauroy qui s’en charge.

Un relais de poste (journée du timbre du
Un relais de poste (journée du timbre 1973).

Ancienne boîte aux lettres de La Romagne, située sur le mur de la salle des fêtes (ancienne école), rue des Fondys, photographiée en 2017 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).
Ancienne boîte aux lettres de La Romagne, située sur le mur de la salle des fêtes, rue des Fondys, photographiée en mars 2017 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).

Les bureaux de poste vont se multiplier à partir de 1850 à travers le département. Lorsque les boîtes aux lettres sont installées, une à deux levées sont instaurées chaque jour. Les distributions sont journalières, et ce même le dimanche, comme le confirme une délibération du conseil municipal en juillet 1919.

Or, ces levées et distributions ne donnent pas toujours satisfaction quant à leurs horaires. Diverses propositions et demandes sont faites, sans qu’on ne trouve jamais le bon équilibre.

Boîte aux lettres de La Romagne actuellement en service, située sur le mur de la salle des fêtes (ancienne école), rue des Fondys, photographiée en avril 2021 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).
Boîte aux lettres de La Romagne actuelle, située sur le mur de la salle des fêtes (ancienne école), rue des Fondys, photographiée en avril 2021 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).

La boîte aux lettres de La Romagne a visiblement essuyé pendant de nombreuses années les intempéries typiques des Ardennes. Son état est un indice de la dureté du métier de facteur rural.
La boîte aux lettres de La Romagne a visiblement essuyé pendant de nombreuses années les intempéries typiques des Ardennes. Son état est un indice de la dureté du métier de facteur rural.

Dès 1890, des récriminations s’élèvent : en effet, les dépêches arrivent en gare de Draize – La Romagne vers 6 h 30 pour être acheminées au bureau de  Chaumont  dans la matinée, quoique la distance ne soit que de 6 km. Or, la route est accidentée, les pentes dangereuses pour des voitures à chevaux qui sont, pour la plupart du temps, obligées de circuler au pas.

Les habitants de Chaumont aimeraient bien bénéficier des passages des autres trains à Draize pour avoir un second service de voiture. Ce dernier pourrait également être utile à ceux qui souhaiteraient prendre le train. Ainsi, la voiture ne circulerait jamais à vide et les habitants bénéficieraient d’une possibilité d’une seconde distribution. Cette requête ne semble pas avoir abouti[1] .


Modèle officiel de boîte aux lettres fabriquée pour la poste par la maison Foulon en 1930.
Modèle officiel de boîte aux lettres fabriquée pour la poste par la maison Foulon, en service entre les années 1930 et 1950.

Une fois à Chaumont, le courrier pour Rocquigny et ses environs est trié puis acheminé quelque temps après, ce qui a pour conséquence de mal desservir les commerçants, les notaires, et d’occuper les facteurs ruraux au plus fort de la chaleur en été.

La mise en place d’une organisation stable et rationnelle semble difficile pour l’administration des postes, si l’on tient compte qu’en quelque six mois entre 1907 et 1908, le service a dû faire appel à une dizaine de transporteurs différents pour faire la liaison de la gare de Draize à Chaumont.

En 1931, à des fins d’amélioration, la Poste envisage dans la région de Chaumont-Porcien la création d’un circuit automobile rural qui pourrait satisfaire les communes.


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 22, « Chronique locale et régionale », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, onzième année, n° 3484, vendredi 5 septembre 1890, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Le service des postes & télégraphes vend des bulletins de communication à partir des cabines publiques.
Le service des postes & télégraphes vend des bulletins de communication à partir des cabines publiques.

En dehors du courrier, un autre moyen de relier les habitants de La Romagne est le téléphone. Le Préfet des Ardennes propose en 1899 un projet d’organisation de réseau départemental. Ceci nécessite la mise en place d’un très important emprunt de 600 000 francs remboursable sur 30 ans. La Romagne pourrait se rattacher à ce projet. Mais elle attendra 1906 pour que cela soit effectif et que ce service assure aussi l’échange des télégrammes.

Emission premier jour représentant le télégraphe Chappe à l'occasion du bicentenaire de cette invention.
Emission premier jour représentant le télégraphe Chappe à l’occasion du bicentenaire de cette invention.

Le premier gérant choisi pour ce service est monsieur Varlet en raison de ses qualités de boulanger, épicier, aubergiste. Le local est l’une des pièces de la maison dans laquelle il exerce déjà. Afin que le service fonctionne sans interruption et sans attente, sa femme est désignée comme suppléante.


Madame Mariette Lesein, gérante de la cabine téléphonique de La Romagne, et monsieur Edmond Lesein (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Eric Lesein).
Madame Mariette Lesein, gérante de la cabine téléphonique de La Romagne, et monsieur Edmond Lesein (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Eric Lesein).

La première guerre mondiale et l’occupation allemande de tous les villages environnants met fin à ce service. Ce n’est qu’en juin 1921 que le bureau de La Romagne, tout comme ceux de Draize et de Givron, est rouvert au public[1].

Parmi les gérants successifs de cette cabine téléphonique, on notera Léon Briard, Gaston Boudsocq, Mariette Lesein née Henri, Adrien Ravignon et madame Van der Beke.


[1] Bibliothèque Carnegie, PER CH Atlas 2, « P. T. T. service téléphonique » [rubrique Ardennes] in Le Courrier de la Champagne : journal de Reims, 20e année, n° 1 (23 janv. 1854)-34e année, n° 4123 (7 mai 1868) ; 34e année (8 mai 1868)-? ; 85e année, n° 1 (30 avr. 1919)-87e année (25 sept. 1921), Reims : [s.n.], 1854-1921, 87e année, dimanche 5 juin 1921, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].


Enveloppe premier jour du centenaire du téléphone.
Enveloppe premier jour du centenaire de l’invention du téléphone par Graham Bell en 1876.

Rares sont les particuliers qui possèdent personnellement une ligne téléphonique jusqu’à l’après-guerre, en dehors des Etablissements Malherbe qui ont été les premiers. En 1954, le téléphone rural automatique est installé à La Romagne. Le développement du fixe et du portable fera disparaître définitivement ces cabines du village.

Photographie de la dernière cabine téléphonique publique de La Romagne prise en avril 2017 (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).Dernière cabine téléphonique publique de La Romagne photographiée en avril 2017 (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).
Dernière cabine téléphonique publique de La Romagne photographiée en 2017 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).
Catégories
Patrimoine industriel

Le chemin de fer à La Romagne


La Romagne (Ardennes), route de la gare (carte postale ancienne).
Route de la gare de Draize – La Romagne (Ardennes), carte postale ancienne.

L’arrivée du rail dans les Ardennes se fait à partir de 1860 pour les grandes lignes et dès 1865/1867 pour des lignes secondaires, ce qui permet à tous de se déplacer jusqu’au chef-lieu d’arrondissement ou du département pour vaquer à leurs affaires. Désormais, ceux qui n’ont pas comme certains particuliers une carriole, un cabriolet, ou même une voiture à quatre roues, vont pouvoir connaître d’autres horizons.

L’intérêt d’une voie locale traversant la Thiérache en partant du nord du département de l’Aisne pour aboutir soit à Amagne soit à Rethel est très vite compris et va donner des débouchés aux productions agricoles et industrielles (filatures, scieries, etc.). Si l’attrait économique est indéniable, l’intérêt militaire a aussi une grande importance et se fait sentir dès la guerre de 1870, même si celle-ci met pour quelque temps un frein à ce développement des communications.


Emprise du chemin de fer de La Romagne, ligne Hirson – Amagne.
Emprise de la gare de Draize – La Romagne (Ardennes).

Les premières difficultés qui surgissent sont celles du tracé et du lieu d’implantation des gares. Chaque commune défend ses intérêts avec véhémence et âpreté, essayant d’attirer la plus grande attention sur elle, en faisant parfois jouer les « relations parisiennes » de certains habitants (comme ce fut le cas pour Wasigny).

La solution définitive adoptée est le trajet Hirson – Amagne en passant par Liart, Draize, La Romagne, avec une desserte vers Amagne ou Rethel. Cette ligne, qui permet de relier le nord et l’est, compte un peu moins de 61 km ponctués d’un certain nombre d’arrêts aux gares suivantes :

  • dans le département de l’Aisne : Martigny et Aubenton ;
  • pour ce qui est des Ardennes : Rumigny, Liart, Montmeillant – Saint-Jean-aux-Bois (= Le Merbion), Draize – La Romagne (au kilomètre 41,253 m), Wasigny, Novion-Porcien, Novy et Amagne.
Draize – La Romagne (Ardennes) au kilomètre 41,253
Plan de Draize – La Romagne (Ardennes) au kilomètre 41,253 m (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur François Gillet).

Locomotive de l'ancienne Compagnie Lerouville-Sedan, transformée par la Compagnie des chemins de fer de l'Est.
Locomotive faisant le service des trains légers, transformée par la Compagnie des chemins de fer de l’Est.

La ligne est exploitée par la Compagnie des chemins de fer de l’Est et est déclarée d’utilité publique en 1879. A l’origine, lors des discussions de 1880, l’implantation de la gare était prévue à Draize sur la droite du village. Mais c’était sans compter sur la municipalité de La Romagne, qui entendait ne pas négliger ses propres intérêts.


Le conseil municipal s’élève en effet contre ce choix et demande que la gare soit construite « en deçà du village de Draize sur le plein de Croanne pour en faciliter l’accès et permettre un développement ultérieur[1] ». Cette situation facilite le stockage et l’expédition des bois de grume et de sciage. On peut citer l’exemple de la scierie à vapeur de Douai, installée au niveau  du quai à bois, et qui acquiert les arbres vendus par les communes de La Romagne ou de Givron. D’autre part, cette implantation aidera l’expédition des produits de la cidrerie Malherbe dans l’entre-deux-guerres. Plus tard, le train assurera le transport du courrier et des colis postaux, remplaçant les voitures qui partaient de Rethel.

Plomb de scellé ouvert à la lecture et aux identifications (Compagnie des chemins de fer de l'Est).
Plomb de scellé ouvert à la lecture et aux identifications (Compagnie des chemins de fer de l’Est).

[1] Archives départementales des Ardennes, délibérations du conseil municipal de La Romagne des 6 mai 1880 et 15 juillet 1883.


Ce choix est un argument supplémentaire pour obtenir le classement du chemin n° 34 « en chemin de grande communication » puisqu’il permet les liaisons avec Hirson. La commune pourrait ainsi obtenir des subventions sur les fonds départementaux pour son entretien[1]. La Romagne obtient gain de cause et, en 1896, le chemin d’intérêt commun n° 34 est incorporé à la gare de Draize[2]. Cela permet de relier la gare au chemin de grande communication n° 2 de Tournes à Sevigny[3].

Chemin vicinal de grande communication de Rocquigny à la gare de Draize – La Romagne (Archives municipales des Ardennes).
Plan de la station de Draize – La Romagne.

[1] Archives départementales des Ardennes, délibérations du conseil municipal de La Romagne des 15 juillet 1883 et 26 décembre 1886.

[2] « Les Moyens de transport » in Le Curieux vouzinois, Vouziers : mairie, 1982-, n°7, 1984, p. 45 et suivantes.

[3] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/O 5 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MONTMEILLANT/O 5 = chemins vicinaux de Montmeillant], Chemin vicinal de grande communication de Rocquigny à la gare de Draize-la-Romagne : extrait de la carte départementale, rapport, pièce, 1886, signalée en ligne.


La Romagne (Ardennes) - Vers la gare, Augustin Wilmet, photographe-éditeur, Rethel.
Vers la gare de Draize – La Romagne, carte postale ancienne d’Augustin Wilmet, photographe-éditeur à Rethel.

La ligne de chemin de fer entre en service en 1885, après la réalisation d’importants travaux. Ces derniers nécessitent l’emploi d’une main d’œuvre nombreuse et souvent d’origine étrangère, en raison du manque de ressources locales. Ce sont surtout des Italiens que l’on retrouve dans la construction de la partie qui concerne le village. En effet, entre 1883 et 1886, on relève dans les registres d’état civil la confirmation de la présence de ces ouvriers. Les uns sont terrassiers, les autres sont poseurs de rails.

Si la plupart d’entre eux vivent avec leur famille (soit au village soit aux Houïs), d’autres, beaucoup plus jeunes, se sont mariés avec des jeunes filles du village. Leur présence n’est attestée dans les registres de la commune que sur une période de quatre à cinq ans. La plupart d’entre eux ont ensuite quitté le village.


Le tiré au bleu de la façade de la gare de Rocquigny présente le modèle-type utilisé pour toutes les stations de la ligne Hirson – Amagne.
Le tiré au bleu de la gare de Rocquigny montre un type de façade utilisé pour toutes les stations de la ligne Hirson – Amagne.

La construction de la gare de La Romagne est achevée dès 1884 et comprend :

  • un bâtiment voyageurs précédé d’une cour ;
  • un pavillon de lieu d’aisances de type A ;
  • une halle à marchandises de type n° 1 bis : ( = « ouverte avec une cour des marchandises bordée d’un quai découvert derrière lequel se trouve une grue hydraulique qui sert à peser les wagons »).
Cours des marchandises et des voyageurs de la gare de Draize – La Romagne (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur François Gillet).
Cours des marchandises et des voyageurs de la gare de Draize – La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur François Gillet).

La voie 1 permet la circulation des trains dans le sens Hirson – Amagne à raison de quatre trains par jour[1] et s’arrête à la gare de Draize – La Romagne.

DépartHoraires d’étéDraize – La Romagne
Hirson5 h 37
11 h 20
16 h 48
21 h 35
6 h 40
12 h 26
17 h 53
22 h 37
Amagne7 h 10
9 h 43
14 h 50
18h 50
7 h 51
10 h 17
15 h 22
19 h 24
La circulation des trains à la gare de Draize – La Romagne.

Chaque convoi comporte trois employés : un chauffeur, un mécanicien et un chef de train. La voie 2 est réservée pour la circulation inverse. Elle est équipée :

  • d’une fosse « à piquer », c’est-à-dire d’une cavité permettant de recevoir les résidus des machines et de faire le nettoyage du bas de la locomotive ;
  • d’un abri voyageurs sur le quai.

Les deux voies sont à écartements normaux (soit 1,44 m). D’autres lignes secondaires ouvrent dans les alentours jusqu’à la veille de la guerre de 1914 : certains lieux ont un intérêt stratégique (comme Liart où l’on construit des quais militaires).  Avant  chaque construction de ligne, il est nécessaire de prendre l’avis de la hiérarchie militaire qui autorise soit des voies normales soit des voies plus étroites (1 m ou 0,75 m), comme c’est le cas pour le tronçon Renneville – Wasigny – Signy. Selon cette instance, ce sont des voies qui seraient plus difficilement transformables et qui ne supporteraient pas de matériel lourd. L’ennemi serait ainsi ralenti.


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 26. « Chemins de fer de l’Est : service d’été 1892 », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, n° 4128, 2 juillet 1892, p. 4 [presse locale ancienne, vue 4/4, consultable en ligne].


Château d'eau sur tour système Monnoyer à Draize – La Romagne (collection privée, avec l'aimable autorisation de  monsieur François Gillet).
Château d’eau sur tour système Monnoyer à Draize – La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur François Gillet).

L’alimentation en eau des machines se fait à partir de la capture d’une source située sur le pré vacher juste à côté du Pas de la vache. Elle remplit tout au moins au début un réservoir de 100m3. Ce dernier se révèle assez rapidement insuffisant, surtout dans le cas où il faudrait acheminer des troupes. C’est pourquoi, à partir de 1905, un réservoir de 200m3 fonctionnant indépendamment est adjoint au premier. Ces réservoirs sont détruits durant la première guerre, si bien qu’à la fin de 1918 et de façon provisoire, deux réservoirs de 30m3 sont installés jusqu’à la reconstruction, à partir de 1920, de deux châteaux d’eau. Il faut aussi réparer les voies dont certaines parties ont été arrachées par les troupes allemandes.


Gare de Draize – La Romagne (carte postale Librairie Nicaise, Signy-l'Abbaye).
Gare de Draize – La Romagne, carte postale ancienne.

L’après-guerre fait émerger des considérations nouvelles pour le développement et la fréquence des trains. Selon certains, c’est un argument pour faciliter le repeuplement des campagnes : le transport ferroviaire offre un moyen d’évasion aux habitants. Ces derniers peuvent aller en ville pour traiter leurs affaires ou, tout simplement, rompre avec leur quotidien le temps d’une journée.

Le café de la Gare de Draize – La Romagne, carte postale ancienne d'Augustin Wilmet, photographe-éditeur à Rethel.
Le café de la Gare de Draize – La Romagne, carte postale ancienne d’Augustin Wilmet, photographe-éditeur à Rethel.

Ces demandes ne sont pas vraiment entendues, car des transformations de ce réseau secondaire se mettent en place petit à petit. Le trafic des voyageurs sur la ligne Liart – Draize ferme le 10 octobre 1938 mais il est rétabli pour un temps dès la déclaration de guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939.

La ligne subit des dégâts durant la seconde guerre mondiale. Ceux-ci sont réparés mais, comme la gare voit son activité décliner, elle est fermée au trafic voyageurs en 1952. C’est un service de bus qui assure la liaison des villages avec les bourgades proches. Le trafic marchandises se poursuit jusqu’en 1953 pour Liart et Draize et 1979 entre Draize et Amagne[1] (en circulation en voie unique). Cette ligne est déclassée en octobre 1967 pour le tronçon Liart Draize – La Romagne et en novembre 1965 pour le tronçon allant jusque Novion-Porcien.

Le blason communal de Novion-Porcien est d’azur à la croix d’argent fleurdelysée d’or.
Le blason communal de Novion-Porcien est d’azur à la croix d’argent fleurdelysée d’or.

[1] Dumont, Pascal ; Geerinck, Olivier, Sur les rails d’Ardennes et de Gaume, Breil-sur-Roya : les Éditions du Cabri, 2004, 175 p., collection « Images ferroviaires ; 14 », p. 75-78.

Catégories
Patrimoine industriel

L’arrivée de l’électricité à La Romagne


L’électricité en France : marchés, réseaux et pouvoirs publics (1880-1940), article du Bulletin d'histoire de l'électricité n° 22 (1993), p. 187-202.
L’électricité en France : marchés, réseaux et pouvoirs publics (1880-1940), article du Bulletin d’histoire de l’électricité n° 22 (1993), p. 187-202.

L’électrification du village est envisagée dès 1922 par l’adhésion de la commune au syndicat des communes rurales des cantons de Chaumont, Rumigny, Signy-le-Petit et Rocroi. Elle ne sera effective que quelques années plus tard, après la réalisation des travaux (dans un premier temps uniquement pour le village). Le maire Alfred Malherbe et le conseil municipal s’impliquent dans cette modernisation de La Romagne, au point que les bâtiments communaux disposent de l’éclairage électrique dès 1925. L’électrification des hameaux et des fermes isolées n’est approuvée que six ans plus tard.


Installation des pylônes électriques à La Romagne.
Installation des pylônes électriques à La Romagne.

Quant à l’éclairage des rues, il est installé en 1932 par la Société rurale d’énergie électrique des Ardennes. Les rues Haute et Basse sont pourvues de lampadaires. Leur disposition est étudiée de façon à éviter des accidents pouvant survenir à proximité du gué, ce dernier n’étant protégé par aucune barrière[1]. Tout comme le reste du village, le réseau électrique subira d’importantes dégradations au cours de la seconde guerre et ne sera complètement réparé qu’en 1947.


[1] Archives départementales des Ardennes, délibération du conseil municipal de La Romagne du 21 octobre 1932.

Raoul Dufy reçoit pour l’Exposition internationale de 1937 à Paris la commande de décorations monumentales, notamment celle du mur légèrement courbe du hall du Palais de la Lumière et de l’Électricité, édifié par Robert Mallet-Stevens sur le Champ-de-Mars.
La Fée Electricité par Raoul Dufy (musée d’art moderne de la ville de Paris).