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La Romagne au service des armées du roi (XVIIᵉ-XVIIIᵉ siècles)


Au XVIIe siècle, l’effort militaire imposé à la France est considérable, car les  conflits marquent toute cette période : dernières guerres de Religion en France (1621-1629), guerre de Trente ans (1618-1648), révolte des Grands ou Fronde (1648-1653), guerre de Dévolution (1667-1668), guerre de Hollande (1672-1678), guerre de la Ligue d’Augsbourg ou guerre de Neuf Ans (1688-1697), guerre de la Succession d’Espagne (1701-1714).



Les règnes suivants de Louis XV et de Louis XVI connaitront, pour le premier, la guerre de la Succession de Pologne (1733-1738), la guerre de la Succession d’Autriche (1740-1748), et la guerre de Sept ans (1756-1763) et, pour le second, une participation financière très importante à la guerre d’Indépendance des Etats-Unis (1775-1783).


Maison du roi : étendard, planche 14 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : étendard, planche 14 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Le recrutement de l’armée royale se fait sous la forme d’engagements volontaires de longue durée, puisqu’ils passent de quatre à huit ans, tout d’abord au nom du capitaine, puis au nom du roi, et ce jusqu’à la Révolution.

La misère et le vagabondage peuvent pousser à un enrôlement, mais, comme les volontaires ne sont pas assez nombreux, le capitaine devient, la plupart du temps, un marchand d’hommes faisant pratiquer pour son propre compte le racolage[1].

Nul lieu n’échappe aux recruteurs, que ce soient les marchés, les promenades publiques ou les cabarets. Ainsi, pour la base de l’armée, ce recrutement donne des troupes déplorables, souvent prêtes au pillage.


[1] « Sous l’Ancien Régime, en particulier au XVIIe et au XVIIIe siècle, pratique à laquelle recouraient les capitaines, considérés comme propriétaires de leur compagnie, ou les sous-officiers agissant sur leurs ordres, et qui consistait, lorsque les effectifs étaient insuffisants, à amener des hommes, par de fausses promesses ou par la contrainte, à s’enrôler dans l’armée. Louvois s’efforça de combattre les abus du racolage. Le racolage disparut avec l’établissement de la conscription. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Maison du roi : étendard de la compagnie de Noailles, planche 15 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : étendard de la compagnie de Noailles, planche 15 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, les effectifs sont relativement faibles : la victoire de Rocroi[1] en 1643 est obtenue avec quelque vingt-deux mille hommes[2], alors que la guerre de Hollande mobilise plus de cent vingt mille soldats et officiers. En 1705, les effectifs alignés sont d’environ trois cent mille hommes. Les troupes se partagent entre l’infanterie et la cavalerie.


[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Bonal, François. Les Régiments de Champagne sous l’Ancien Régime : Champagne-Infanterie, Royal-Champagne de cavalerie. Langres : Dominique Guéniot, 1999. 137 p., couv. illustr. en coul. Bibliographie p. 133. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.), p. 12.


Infanterie : régiment de Champagne, page de titre, planche 55 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Infanterie : régiment de Champagne, page de titre, planche 55 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.


Maison du roi : étendard des mousquetaires, planche 38 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : étendard des mousquetaires, planche 38 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.


Etendard du régiment de la Reine, planche 80 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Etendard du régiment de la Reine, planche 80 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Au début du règne de Louis XIV, la Maison militaire[1] du roi se compose d’un ensemble particulièrement vaste et prestigieux de régiments. Cette institution, chargée d’assurer à la fois la sécurité personnelle du souverain et le faste de sa représentation, réunit des unités d’élite telles que :

  • les gardes du corps[2] (Charles de Canogne, né vers 1693 et résidant à Maranwez[3], se trouve dans la compagnie de Noailles. Il sert par quartier[4] à Versailles[5]) ;
  • des chevau-légers : Firmin de Canel est l’un des chevau-légers de la garde du roi après 1697 ;
  • des mousquetaires ;
  • des gardes suisses ;
  • des grenadiers ;
  • le régiment de la Reine[6] : en 1720, Robert Bechet d’Arzilly, fils de Charles Bechet et Marie Foulon de la Romagne[7], y est lieutenant comme cavalier.

[1] Masson, Rémi. Défendre le roi : la Maison militaire au XVIIe siècle. Ceyzérieu : Champ Vallon, 2017. 415 p., ill. En appendice, choix de documents. Bibliogr. p. 394‑402. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

[2] Les gardes du corps du roi comprennent quatre compagnies : la première, dite « compagnie écossaise », la plus ancienne et la plus prestigieuse, est commandée de 1445 à 1462 par Robert de Pottelach. Les trois autres, dites « compagnies françaises », sont créées respectivement le 10 juillet 1473, en 1475 et en 1515. Cf. Forges de Parny, Léon de. Les Gardes du corps du roi. Préface de Paul Bertrand de La Grassière. Paris : L’Auteur, 1972. 166 p., pl. Bibliogr. p. 149. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.), p. 135 et ss.

[3] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] « Sous l’Ancien Régime, période de trois mois pendant laquelle certains officiers de la Maison du roi étaient de service à tour de rôle, au contraire des officiers ordinaires qui remplissaient leurs fonctions toute l’année ; par métonymie, la fonction occupée pendant cette période. Médecin par quartier. Être de quartier, en quartier. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] Commune française, actuellement chef-lieu du département des Yvelines, dans la région Île-de-France.

[6] Plusieurs régiments d’infanterie et de cavalerie ont successivement porté le nom de régiment de la Reine sous l’Ancien Régime, chaque unité étant distincte et recréée à différentes époques (XVIIᵉ-XVIIIᵉ siècles).

[7] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Maison du roi : gardes du corps à cheval de la compagnie de Noailles, planche 8 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe avec aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : gardes du corps à cheval de la compagnie de Noailles, planche 8 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe avec aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Forges de Parny, Léon de. Les Gardes du corps du roi. Préface de Paul Bertrand de La Grassière. Paris (Île-de-France) : L’Auteur, 1972. 166 p., pl. Bibliogr. p. 149. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
Forges de Parny, Léon de. Les Gardes du corps du roi. Préface de Paul Bertrand de La Grassière. Paris (Île-de-France) : L’Auteur, 1972. 166 p., pl. Bibliogr. p. 149. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

Deux gardes du corps de la compagnie de Noailles, à cheval, dont un porte-étendard, planche 9 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765) et Robert-Alexandre d’Hermand (1674-1739), aquarelle, gouache et encre sur papier, 47 × 64,5 cm, numéro d’inventaire 10851-15 BIB, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Deux gardes du corps de la compagnie de Noailles, à cheval, dont un porte-étendard, planche 9 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765) et Robert-Alexandre d’Hermand (1674-1739), aquarelle, gouache et encre sur papier, 47 × 64,5 cm, numéro d’inventaire 10851-15 BIB, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Il en va ainsi des régiments de Champagne, qui recrutent sur la région, mais y combattent très peu : c’est le cas du Champagne-Infanterie et du Royal-Champagne[1], plus récent.


[1] Le Régiment Royal‑Champagne, créé en 1682 sous le nom de régiment de Tallard-Cavalerie, prend son titre en 1761, après l’incorporation du régiment de Preissac.



Ce dernier est la possession de Henri II de Durfort de Duras[1]. Il passe ensuite à son frère Jean-Baptiste de Durfort, qui devient ainsi duc de Duras. Il est en garnison à Compiègne[2] en 1698, avant de participer en 1701 à la guerre en Flandre.

Ensuite, et pendant treize ans, le régiment est la propriété de Louis d’Aumont de Villequier, avant de passer aux mains du comte Louis-Charles de la Motte Houdancourt, dont l’épouse était « dame de La Romagne ».


[1] Jacques‑Henri II de Durfort (1670‑1697), fils de Jacques Henri de Durfort, duc de Duras, et de Marguerite Félicie de Lévis‑Ventadour, épousa en mars 1689 Louise‑Madeleine Eschalart de la Marck, comtesse de Braine (commune française située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France) et baronne de Sérignan.

[2] Commune française située dans le département de l’Oise, en région Hauts-de-France.


Régiment de Languedoc, anonyme français, planche 52 page 107 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Languedoc, anonyme français, planche 52 page 107 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn, notice descriptive consultable en ligne.

Plusieurs habitants de La Romagne et des villages voisins témoignent de ce recrutement dans les provinces, montrant que la levée d’hommes pour la Maison du roi ne se limitait pas à la Cour, mais puisait aussi largement dans les campagnes :

  • Le sieur Nicolas Belancour (marié en secondes noces à Marie-Nicolle Devie de la Romagne) est lieutenant réformé du régiment de Champagne ;
  • Pierre Jadart du Merbion (1692-1759) est capitaine au régiment de Champagne ;
  • Paul Boucher d’Avançon (marié à Marie-Thérèse Devie le 15 juin 1733) est officier au régiment de Languedoc ;
  • A la Romagne est célébré le 11 février 1765 le mariage du grenadier Pierre Braux dit Tonnerre, originaire de Rocquigny[1],et de Marie Nicolle Chamouillet.

[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Officier et soldat du régiment de Champagne, planche 58 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée.
Officier et soldat du régiment de Champagne, planche 58 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Jusqu’au règne de Louis XIII, lors des déplacements des armées, il n’y a aucune organisation quant à leur ravitaillement, d’où de nombreux vols, pillages et dommages.

De plus, les finances royales, le plus souvent impécunieuses, payent avec beaucoup de retard les soldes et les approvisionnements, ce qui fait que, pour la population, le passage des troupes est synonyme de violence, de désolation, et d’épouvante.

Compte tenu de toutes les guerres qui se sont déroulées sur le sol ardennais, ces sentiments se sont ancrés durablement et profondément parmi les habitants.


Régiment de Champagne n° 3, anonyme français, 18ᵉ siècle, aquarelle et encre sur papier, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Champagne n° 3, anonyme français, 18ᵉ siècle, aquarelle et encre sur papier, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Dans le premier tiers du XVIIe siècle, l’administration, à la demande du roi, organise le déplacement des troupes en mettant en place le système des étapes.

Pour cela, l’on utilise les routes, voies et chemins existants, pour prévoir des lieux de stationnement distants de vingt-cinq kilomètres entre eux.

Provisions, vivres et fourrages doivent se trouver rassemblés dans ces lieux, et ce d’autant plus qu’il y a une imposition additionnelle à la taille qui est attribuée à ces frais. Cela n’empêche pas l’argent de manquer.


Officiers porte-drapeau du régiment de Champagne, planche 56 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officiers porte-drapeau du régiment de Champagne, planche 56 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Ce sont souvent les mêmes villes et villages qui supportent la présence plus ou moins momentanée des troupes, si l’on n’est pas en période de quartier d’hiver.

Et ce sont eux qui finalement pourvoient à la nourriture, dont la quantité et la qualité dépendent du grade. Ce système connait une courte éclipse, avant de perdurer bien au-delà de la Révolution.


Officiers du régiment de Champagne, planche 57 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officiers du régiment de Champagne, planche 57 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

La constitution d’une armée permanente est l’aboutissement de la prise de conscience des insuffisances et des méfaits du mercenariat, qui a été, jusqu’en 1650, la règle pour tous les états européens, même si la France avait déjà un embryon d’armée permanente dans cette période. En font partie :

  • Jean-Baptiste Devie de La Horgne[1], décédé le 17 juillet 1728 à La Romagne, seigneur de Logny et de la Cour Avril, était capitaine au régiment de Condé-Cavalerie[2].
  • Pierre Merlin (14 décembre 1745-mort le 7 janvier 1772 à La Romagne) était soldat au Royal-dragons[3]
  • Pierre Goulard (fils de Pierre Goulard[4] et Jeanne Caré ), né en octobre 1718[5], est caporal dans la compagnie colonelle du régiment de Beauce (créé en 1684). Il est « dit La Romagne[6] », tiré de son village natal. A la fin de son engagement, il revient vivre au village.

[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2]Le régiment de Condé‑Dragons, régiment de cavalerie française créé en 1665 sous le nom de régiment de Condé‑Cavalerie, sert sous l’Ancien Régime comme unité de cavalerie légère, avant de devenir le 2ᵉ régiment de dragons lors de la Révolution.

[3] Le régiment Royal-Dragons, créé en 1667 sous le nom de régiment des Dragons étrangers du roi, devient le 1er régiment de dragons en 1791.

[4] Ou Goullar, selon une version orthographique alternative.

[5] EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées ; sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures ; sous-série E 2 = années 1713-1721], page non paginée, vue 24/34, consultable en ligne.

[6] Bibliothèque nationale de France, site de l’Arsenal, 4-NF-17188 (6), Laurent, Paul. Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Tome VI, Ardennes. Série E supplément : Archives communales. Collection des inventaires sommaires des archives départementales antérieures à 1790. Charleville : Imprimerie & Lithographie F. Devin–A. Anciaux successeur, 1902, p. 29 [E. Suppl. 141. — GG. 9. (Registre.) — In-4°, 40 feuillets, papier. 1763-1773. —Baptêmes, mariages et sépultures célébrés dans l’église paroissiale de La Romagne. — Baptêmes : le 4 mars 1763, de Pierre, fils de Jean-Baptiste Daveaux, maître d’école, et de Jeanne Leroy ; — le 21 juillet 1763, de Nicolas, fils de Bertaud Soret et de Catherine Marchand ; parrain : Nicolas Baudoin ; marraine : Catherine de Morgny, de la paroisse de Logny, proche Aubenton. — Mariage : le 10 mai 1768, de Pierre Goulard, dit La Romagne, fils de feu Pierre Goulard et de défunte Jeanne Caret, ci-devant caporal de la compagnie colonelle du régiment de Beauce, avec Madeleine du Bois, veuve de Louis Le Brun.]


Guidon du régiment de Condé-Dragons, 1776, textile, 100 × 118 cm, numéro d’inventaire 2018.48.1, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Émilie Cambier, notice descriptive consultable en ligne, notice descriptive consultable en ligne.
Guidon du régiment de Condé-Dragons, 1776, textile, 100 × 118 cm, numéro d’inventaire 2018.48.1, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Émilie Cambier, notice descriptive consultable en ligne, notice descriptive consultable en ligne.

Le sobriquet est une tradition dans les anciens régiments français. Il rappelle souvent le village ou la province d’origine, des fleurs, des défauts ou des qualités. Ainsi Etienne Gasque, époux de Marguerite Delangre[1], est surnommé « La Bonté ».

De même, Pierre Lépinois, dont le décès a lieu le 3 janvier 1740 à La Romagne, était dit « la Rigueur ». Ces surnoms expriment parfois par dérision tout le contraire de ce qu’ils symbolisent. Ils servent aussi lorsque le soldat entre à l’hôtel des Invalides à distinguer les homonymes.


[1] Née à La Romagne le 22 février 1717.


Royal-Champagne n° 15, planche 31 d’Uniformes militaires des troupes françaises sous Louis XVI, 1779, anonyme, dessin rehaussé d’aquarelle et encre, 23 × 17 cm, numéro d’inventaire 10866 ; NF AR UNI, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Émilie Cambier, notice descriptive consultable en ligne.
Royal-Champagne n° 15, planche 31 d’Uniformes militaires des troupes françaises sous Louis XVI, 1779, anonyme, dessin rehaussé d’aquarelle et encre, 23 × 17 cm, numéro d’inventaire 10866 ; NF AR UNI, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Émilie Cambier, notice descriptive consultable en ligne.

En 1674, l’hôtel des Invalides est inauguré. Cet établissement[1] est destiné à recueillir, soigner, héberger des soldats mutilés, usés par l’âge ou les infirmités.

Néanmoins, tous les soldats qui ont reçu des blessures au service du roi ne sont pas admis aux Invalides. Les plus alertes, ou ceux qui peuvent encore être utiles, sont parfois employés à Versailles pour la surveillance et la sécurité du château.


[1] Belmas, Élisabeth ; Coste Joël. Les soldats du roi à l’hôtel des Invalides : étude d’épidémiologie historique, 1670-1791. Paris : CNRS Éditions, 2018. 364 p., ill. en coul. Bibliogr. p. 276‑278. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)



Almanach pour l'année 1704, Jean Langlois (1649 ?-1712 ?), burin, 88,5 × 57,3 cm, numéro d’inventaire invgravures1670, Versailles (Yvelines), châteaux de Versailles et de Trianon, © GrandPalaisRmn / Franck Raux. Almanach illustré représentant la guerre sous Louis XIV. Le roi examine le plan de la ville de Landau et reçoit de monsieur le chevalier de Croissy la nouvelle de la prise par le maréchal de Tallard le 18 novembre 1703. [Nota bene : Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière).], notice descriptive consultable en ligne.
Almanach pour l’année 1704, Jean Langlois (1649 ?-1712 ?), burin, 88,5 × 57,3 cm, numéro d’inventaire invgravures1670, Versailles (Yvelines), châteaux de Versailles et de Trianon, © GrandPalaisRmn / Franck Raux. Almanach illustré représentant la guerre sous Louis XIV. Le roi examine le plan de la ville de Landau et reçoit de monsieur le chevalier de Croissy la nouvelle de la prise par le maréchal de Tallard le 18 novembre 1703. [Nota bene : Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière).], notice descriptive consultable en ligne.

Dans d’autres cas, ils sont nommés à la garde d’autres châteaux, comme l’a été Henry Macquart (natif de Saint-Jean-aux-Bois[1]), sieur de Damonville, capitaine blessé lors du siège de Landau[2] (1702) : il a été recouvert de terre par le souffle d’une bombe. Incommodé par cette blessure, il a été accueilli le 12 mai 1720 à l’hôtel des Invalides[3], puis a été nommé capitaine d’une compagnie d’invalides au château de Sedan[4].


[1] Commune française, située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière). La forteresse de Landau, construite par Vauban entre 1688 et 1691 sur ordre de Louis XIV, illustre l’art de la fortification bastionnée de l’Ancien Régime et joua un rôle stratégique dans le Palatinat durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg et la guerre de Succession d’Espagne.

[3] Service historique de la Défense, site de Vincennes, GR 2 XY 20, acte n° 32561 [série GR = guerre et armée de Terre ; sous-série GR XY = Invalides ; partie GR 2 XY 1 à 374 = registres de l’hôtel des Invalides.]

[4] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Le duc de Bourgogne devant Brisach en 1703, Jean Langlois (1649 ?-1712 ?), burin, 88,5 × 57,3 cm, numéro d’inventaire invgravures1670, Versailles (Yvelines), châteaux de Versailles et de Trianon, © GrandPalaisRmn / image GrandPalaisRmn. Almanach illustré représentant la guerre sous Louis XIV. Le roi examine le plan de la ville de Landau et reçoit de monsieur le chevalier de Croissy la nouvelle de la prise par le maréchal de Tallard le 18 novembre 1703. Le duc de Bourgogne est représenté devant Brisach [Nota bene : Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière). D’autre part, Breisach am Rhein (arrondissement de Brisgau-Haute-Forêt-Noire, district de Fribourg-en-Brisgau, Land de Bade-Wurtemberg), est une ville allemande appelée Vieux-Brisach par les Français pour la distinguer de Neuf-Brisach, commune française située actuellement dans le département du Haut-Rhin, en région Grand Est.], notice descriptive consultable en ligne.
Le duc de Bourgogne devant Brisach en 1703, Jean Langlois (1649 ?-1712 ?), burin, 88,5 × 57,3 cm, numéro d’inventaire invgravures1670, Versailles (Yvelines), châteaux de Versailles et de Trianon, © GrandPalaisRmn / image GrandPalaisRmn. Almanach illustré représentant la guerre sous Louis XIV. Le roi examine le plan de la ville de Landau et reçoit de monsieur le chevalier de Croissy la nouvelle de la prise par le maréchal de Tallard le 18 novembre 1703. Le duc de Bourgogne est représenté devant Brisach [Nota bene : Landau in der Pfalz (ville-arrondissement de Landau in der Pfalz, Land de Rhénanie-Palatinat) est une ville allemande à ne pas confondre avec Landau an der Isar (arrondissement de Dingolfing-Landau, district de Basse-Bavière, Land de Bavière). D’autre part, Breisach am Rhein (arrondissement de Brisgau-Haute-Forêt-Noire, district de Fribourg-en-Brisgau, Land de Bade-Wurtemberg), est une ville allemande appelée Vieux-Brisach par les Français pour la distinguer de Neuf-Brisach, commune française située actuellement dans le département du Haut-Rhin, en région Grand Est.], notice descriptive consultable en ligne.


On retrouve également, dans les listes des pensionnaires de cet hôtel des Invalides, Hubert Laroche, natif de La Romagne. En effet, ce dernier appartient au régiment de Touraine (crée en 1725) et à la compagnie d’Harmeville[1].

C’est un régiment d’infanterie, où il a servi cinq ans et quatre mois. Blessé durant la guerre de Sept Ans à la bataille de Minden[2] d’un coup de sabre sur l’épaule droite, il entre aux Invalides[3] le 19 mars 1761, ce qui met fin à sa carrière militaire.


[1] Ancienne commune française, associée à la commune de Lezéville depuis 1972, située actuellement dans le département de la Haute-Marne, en région Grand Est.

[2] La bataille de Minden, le 1er août 1759, fut un épisode décisif de la guerre de Sept Ans, qui se déroula aux portes de la ville de Minden, actuellement dans l’arrondissement de Minden-Lübbecke, district de Detmold, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Allemagne). Les troupes britanniques, prussiennes, du Brunswick-Lunebourg et de Hesse-Cassel infligèrent une lourde défaite aux forces françaises et à leurs alliés, dont le duché de Saxe, marquant un tournant stratégique dans le conflit en Europe centrale.

[3] Service historique de la Défense, site de Vincennes, GR 2 XY 38, acte n° 86418 [série GR = guerre et armée de Terre ; sous-série GR XY = Invalides ; partie GR 2 XY 1 à 374 = registres de l’hôtel des Invalides.]


Plan du siège de Minden, Pays-Bas, 1766, estampe à l’eau-forte, 54,5 × 72,5 cm, numéro d’inventaire CFAb102, Blérancourt, musée franco-américain du château de Blérancourt, © GrandPalaisRmn / Gérard Blot, notice descriptive consultable en ligne.
Plan du siège de Minden, Pays-Bas, 1766, estampe à l’eau-forte, 54,5 × 72,5 cm, numéro d’inventaire CFAb102, Blérancourt, musée franco-américain du château de Blérancourt, © GrandPalaisRmn / Gérard Blot, notice descriptive consultable en ligne.

Maison du roi : étendard du régiment du Roi, planche 105 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Maison du roi : étendard du régiment du Roi, planche 105 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Avant la fondation des Invalides, les soldats estropiés sont envoyés dans des abbayes où ils sonnent les cloches, ouvrent les portes, entretiennent la chapelle, etc. Le roi verse alors au monastère, pour l’entretien de chacun, une somme annuelle de cent livres[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LF50-137, Mention, Léon. L’Armée de l’Ancien Régime, de Louis XIV à la Révolution. Paris : L.-H. May, s. d. In-8°, 312 p., fig., portraits. Bibliothèque d’histoire illustrée, publiée sous la direction de J. Zeller et H. Vast. [Nota bene : l’ouvrage de Léon Mention propose une synthèse accessible sur l’organisation et l’évolution de l’armée française de Louis XIV à la Révolution. Illustré et destiné à la vulgarisation, il présente les principales structures, les différents types de troupes, et les réformes successives. Malgré une approche aujourd’hui datée, il demeure une introduction utile à l’armée de l’Ancien Régime.]


Pistolet d’officier de dragons, modèle 1767, calibre 17,1 mm, manufacture de Charleville (Ardennes), 18ᵉ siècle, numéro d’inventaire 2002.21.31, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Pascal Segrette, notice descriptive consultable en ligne.
Pistolet d’officier de dragons, modèle 1767, calibre 17,1 mm, manufacture de Charleville (Ardennes), 18ᵉ siècle, numéro d’inventaire 2002.21.31, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Pascal Segrette, notice descriptive consultable en ligne.

En 1693, le roi crée l’ordre royal et militaire de Saint-Louis pour récompenser les militaires qui se sont distingués par leur bravoure et leurs actions d’éclat : on y trouve Philippe Jadart du Merbion (1678-1738).

Seuls peuvent y être admis les officiers de nationalité française et de religion catholique ayant au moins dix ans de service. Cet ordre disparaît avec la Révolution, mais on sait qu’en 1773, messire Louis Dieudonné Robert de la Bove de L’Isle, ancien capitaine de dragons, résidant à Rocquigny, en était chevalier.


« Chef de musique » et tambour du régiment de Champagne, planche 60 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
« Chef de musique » et tambour du régiment de Champagne, planche 60 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

La convocation du ban et de l’arrière-ban est une survivance féodale, et un devoir impérieux pour la noblesse. Les seigneurs se doivent d’aider le roi en cas de guerre, et sur sa demande. Le ban et l’arrière-ban sont formés par les possesseurs de fiefs et d’arrière-fiefs, nobles ou non nobles, qui sont astreints au service militaire et viennent ainsi grossir l’armée régulière.

Ce que ne peut pas faire, en octobre 1636, Christophe de Bouzonville (de la Cour Avril). Alors qu’il doit se rendre à l’armée conduite par le comte de Soissons[1], suivant un commandement envoyé à tous les gentilshommes, il déclare alors qu’il ne peut répondre à cet ordre, car il est constitué chef de la milice de Chaumont[2] pour la conservation des frontières de Champagne et Thiérache, et plus particulièrement des places de Charleville[3] et de « Chastel en Porcien[4] ».


[1] Commune française située actuellement dans le département de l’Aisne, en région Hauts-de-France.

[2] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Charleville-Mézières, commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] Lire Château-Porcien, commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est. Archives départementales des Ardennes, 5J 4 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt) ; sous-série 5J = collection généalogique constituée par Louis Bossu, procureur général de la cour d’appel de Chambéry, né à Mirecourt (commune française, actuellement chef-lieu de canton du département des Vosges, en région Grand Est) en 1857, et décédé en 1929, cote 5J 4 = dossiers généalogiques Ca-Ch.]


Marche des Gris-Vêtus (régiment de Champagne), page 303 de l’album musical n° 125, supplément de Musica, février 1913, François Couperin (1668-1733), impression sur papier, H. 34 cm, numéro d’inventaire 27170 BIB, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Pascal Segrette, notice descriptive consultable en ligne.
Marche des Gris-Vêtus (régiment de Champagne), page 303 de l’album musical n° 125, supplément de Musica, février 1913, François Couperin (1668-1733), impression sur papier, H. 34 cm, numéro d’inventaire 27170 BIB, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Pascal Segrette, notice descriptive consultable en ligne.

Il en est de même pour le sieur d’Aguisy de Mainbresson[1], convoqué en 1694, mais qui est hors d’état de servir, car il est gravement malade. Cela n’empêche pas qu’il soit taxé avec d’autres membres de sa famille de soixante livres[2].


[1] Commune associée de Rocquigny et ancienne commune française, située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 17B 104 [série B = juridictions d’Ancien Régime ; sous-série 17B = bailliage royal et siège présidial de Reims ; articles 17B 1-126 = actes non judiciaires et actes administratifs et de police ; cotes 17B 101-104 = ban et arrière-ban (1689-1697).]


Fantassin du régiment de Champagne, planche 2 page 7 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, anonyme français, 18ᵉ siècle, aquarelle et gouache sur papier, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Fantassin du régiment de Champagne, planche 2 page 7 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, anonyme français, 18ᵉ siècle, aquarelle et gouache sur papier, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

A l’origine, ce sont les baillis qui ont pour mission de lever ce ban et cet arrière-ban. Lorsque celui-ci tombe en désuétude, les baillis sont réduits à leurs fonctions judiciaires.

Sous Louis XIV, les rapports des intendants stipulent que les convocations du ban et de l’arrière-ban font apparaître des gentilshommes dont on ne peut faire grand-chose.

Toutefois, si ces derniers refusent de répondre aux convocations, ils s’exposent à la confiscation de leur fief ou de leur arrière-fief[1]. En outre, ils sont obligés aussi de contribuer à cet arrière-ban, en versant une taxe proportionnelle à la valeur de ce fief.

Si, pour une raison valable, ils ne sont pas en mesure de faire face à cette convocation, une somme compensatoire est demandée. S’ils ne peuvent pas la donner, ils sont poursuivis, comme l’a été par exemple monsieur d’Aguisy de Mainbresson.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 17B 102 [série B = juridictions d’Ancien Régime ; sous-série 17B = bailliage royal et siège présidial de Reims ; articles 17B 1-126 = actes non judiciaires et actes administratifs et de police ; cotes 17B 101-104 = ban et arrière-ban (1689-1697).]


Soldat du régiment de Champagne sous les armes, planche 61 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Soldat du régiment de Champagne sous les armes, planche 61 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Ce ban et cet arrière-ban sont convoqués à plusieurs reprises au cours du XVIIe siècle, par exemple de 1635 à 1639 pour la guerre de Trente ans (1618-1648), puis en 1674 pour lutter contre les agissements des Impériaux[1] (die Kaiserlichen), et rejoindre l’armée de Turenne qui, les trouvant par trop indisciplinés, ne veut pas les garder. On fait encore appel à eux en 1689, puis en 1697, au sujet des troubles que l’on redoutait du côté des nouveaux convertis.


[1] Lettres patentes du 12 août 1674, pour la convocation du ban et arrière-ban de la province de Champagne. Cf. Archives du Palais princier de Monaco, MC/APM/T/11 (1540-1693) = ban et arrière-ban. Liasse. 14 pièces et 16 cahiers papier. 1 pièce imprimée [série T = cotes MC/APM/T/1-MC/APM/T/1419 (années 687-2014) correspondant à l’inventaire des archives du comté et duché de Rethel-Mazarin au Palais de Monaco ; articles MC/APM/T/3-MC/APM/T/27 (années 1200-1786) = affaires féodales.], document consultable en ligne, pages non paginés, vue média 8/139 et suivantes.


Officier et soldat du régiment de Champagne, planche 59 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officier et soldat du régiment de Champagne, planche 59 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

La suppression du ban et de l’arrière-ban suit de près l’établissement des milices. Créés par Louvois dans le contexte de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) afin de fournir des renforts, deux régiments de milice, comptant chacun dix-huit compagnies, sont levés au tout début de l’année 1689, en vertu de l’ordonnance royale du 28 novembre 1688.

C’est une troupe auxiliaire, forte d’environ vingt-cinq mille hommes, utilisables en temps de guerre. Cette institution inaugure un principe nouveau : celui de service militaire, territorial et forcé, exclusivement imposé aux classes inférieures.


Coupe de l'uniforme d'un soldat du régiment de Champagne, planche 62 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Coupe de l’uniforme d’un soldat du régiment de Champagne, planche 62 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Toutes les paroisses, sauf les plus faibles (c’est-à-dire celles où la taille globale est inférieure à quatre cents livres et qui en sont par conséquent dispensées), doivent équiper au moins un milicien, si la taille collective est inférieure à quatre mille livres. Sinon, elles se doivent de fournir un milicien supplémentaire par tranche de deux mille livres.

La désignation a lieu à la sortie de la messe, le dimanche suivant la notification envoyée par l’intendant. Pour la communauté villageoise, c’est parfois l’occasion d’écarter certains habitants jugés indésirables, de les éloigner, voire de les ostraciser ou de régler des tensions locales.


Coupe de l'uniforme d'un soldat, planche 10 du tome II d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée de gouache, aquarelle et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, définition 5 24 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10850, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Coupe de l’uniforme d’un soldat, planche 10 du tome II d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée de gouache, aquarelle et dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, définition 5 24 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10850, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Pour essayer d’éviter les excès que permet ce premier mode de désignation, l’on a recours en 1691 au tirage au sort. Il s’effectue dans la maison du subdélégué, où le syndic du village conduit les hommes célibataires âgés de seize à quarante ans.

Ces derniers doivent répondre à certains critères physiques : il faut mesurer au moins cinq pieds quatre pouces[1]. Une ordonnance de 1774 interdit d’admettre dans cette milice les mendiants, les vagabonds, et autres « gens sans aveu[2] ».


[1] Sous l’Ancien Régime, le pied de roi mesurait 0,32483 m et se subdivisait en 12 pouces (1 pouce ≈ 2,706 cm). Ainsi, cinq pieds quatre pouces correspondent à environ 1,73 m.

[2] Cette expression désignait autrefois un individu isolé, sans statut social clair, et souvent perçu comme immoral ou criminel.


Drapeaux des Cent-Suisses du roi, planche 61 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe avec aquarelle et gouache sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Drapeaux des Cent-Suisses du roi, planche 61 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe avec aquarelle et gouache sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Le service dure deux ans mais, à partir de 1726, il passe à quatre ans, pour aboutir, en 1736, à six ans. L’âge d’appel varie de vingt-deux ans, lors de la création, à seize ans vers 1726, pour atteindre dix-huit ans durant le règne de Louis XVI.


Guidon du régiment Royal-Dragons, planche 36 du tome V d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, gouache et rehauts d’or, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10853, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Guidon du régiment Royal-Dragons, planche 36 du tome V d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, gouache et rehauts d’or, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10853, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Dans la région ardennaise, la milice s’ajoute à la réquisition de pionniers, chargés des réparations ou de la surveillance des places fortes et des rivières. Cette mesure est impopulaire à plusieurs titres car :

  • cette charge imposée par le roi est très inégalement répartie au sein du royaume et des communautés ;
  • elle est un véritable fardeau pour les paroisses rurales, qui supportent le plus durement cet effort : si le milicien désigné ne se présente pas au point de rassemblement, qui ne doit pas (après 1750) se trouver à plus de trois jours de marche, il est qualifié de traitre à la Couronne. La paroisse est alors obligée d’en fournir un nouveau pour le remplacer.

Coupe de l’uniforme d’un soldat du régiment de la Couronne, Delaistre Jacques-Antoine, planche 102 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, estampe, aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 18ᵉ siècle, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Coupe de l’uniforme d’un soldat du régiment de la Couronne, Delaistre Jacques-Antoine, planche 102 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, estampe, aquarelle, gouache et dessin à la plume sur papier, 18ᵉ siècle, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Si les villages des alentours sont mis régulièrement à contribution, l’on ne retrouve actuellement, pour La Romagne, que la participation d’ Antoine Chamouillet, François Merlin, Benoit Panier et Jean Ronsin, quatre de ses habitants (ce qui ne veut pas dire que d’autres n’ont pas été appelés à d’autres moments).

Ces derniers ont été appelés pour la garde du treizième poste[1], qui se trouvait sur la ligne de défense allant de Charleville à Signy-le-Petit[2], qui en comptait vingt et un. L’ensemble de ces postes doit assurer la protection de la frontière pendant la guerre de la Succession d’Autriche (1740-1748).


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons en Champagne, C 1263, pièce n° 17 [série C = administrations provinciales ; cotes C1-2059 = intendance de Châlons ; articles C1216-1519 = armée, marine, colonies ; documents C1256-1267 = fortifications et lignes de défense de la Champagne (1675-1788).]

[2] Commune française, située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Étendard de la première compagnie des mousquetaires, planche 46 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), aquarelle et gouache, 47 × 54 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Anne-Sylvaine Marre-Noël, notice descriptive consultable en ligne.
Étendard de la première compagnie des mousquetaires, planche 46 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), aquarelle et gouache, 47 × 54 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / Anne-Sylvaine Marre-Noël, notice descriptive consultable en ligne.

Dans la généralité[1] de Champagne, on recrute un homme pour trois cent quatre-vingt-cinq habitants, ce qui fait qu’en suivant cette décision en 1768, La Romagne et Grandchamps[2] doivent en fournir un, tandis que Rocquigny et Mainbresson en donnent deux.

Pour d’autres généralités, comme celles de Poitiers[3] ou La Rochelle[4], c’est un homme pour mille trois cents habitants qui est requis. Certaines provinces nouvellement rattachées, comme l’Artois, la Flandre ou le Hainaut, sont dispensées de ce recrutement.


[1] « Circonscription administrative où s’exerçait la juridiction d’un bureau de trésoriers de France, et qui était placée sous la direction d’un général des finances ou, plus tard, d’un intendant. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Commune française située actuellement dans le département de la Vienne, en région Nouvelle-Aquitaine.

[4] Commune française, actuellement préfecture du département de la Charente-Maritime, en région Nouvelle-Aquitaine.


Les cas de dérogation sont très nombreux, comme le prouve l’exemple de Rocquigny, en 1783, ou l’exempté est le domestique du garde-étalon pansant le cheval. On peut dénombrer parmi les dispensés :

  • les titulaires d’offices comportant exemption de logement des gens de guerre ;
  • les médecins, les chirurgiens, les apothicaires ;
  • les employés des fermes du roi ;
  • le directeur d’une forge ;
  • le fils aîné d’un laboureur ;
  • les nouveaux convertis ;
  • les serviteurs de nobles, etc.

Régiment de Condé, anonyme français, planche 38 page 79 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Condé, anonyme français, planche 38 page 79 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, 50,5 × 36 cm, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

La charge est très onéreuse, puisque l’équipement et l’entretien du milicien jusqu’à sa convocation dépendent de la paroisse. Dès sa désignation, le milicien n’a plus le droit de s’en éloigner. Il reçoit de celle-ci deux sols par jour puis, à partir du jour où les régiments sont assemblés par ordre du roi, trois sols et le pain.

Son habillement et son armement sont également à la charge de la paroisse, qui lui fournit un justaucorps de drap, des culottes et des bas, un bon chapeau et de bons souliers.

Aucune uniformité ou couleur ne sont imposées. L’armement consiste en un mousquet ou fusil, une épée dont la lame mesure au moins deux pieds neuf pouces[1], et un baudrier (remplacé plus tard par un ceinturon). Les ensembles sont très disparates, et de qualité souvent médiocre.


[1] Environ 89,3 centimètres.


Régiment de Beauce n° 71, anonyme français, aquarelle et encre sur papier, 18ᵉ siècle, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Beauce n° 71, anonyme français, aquarelle et encre sur papier, 18ᵉ siècle, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Lorsque l’on a la malchance d’être tiré au sort, il est possible de se faire remplacer. C’est ce que fait Thomas Devie qui, désigné en 1743, use de ce droit. Pour cela, un contrat est passé devant maître J.-B. Douce, notaire à Rocquigny, par lequel, et moyennant finances, Servais Créquy le Jeune, demeurant sous les Faux, lieu-dit de Rocquigny, s’engage à le remplacer.


Cent-Suisses du roi : soldat avec hallebarde et porte-étendard, planche 64 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Cent-Suisses du roi : soldat avec hallebarde et porte-étendard, planche 64 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Mathieu Arbonville (natif de Wasigny[1] mais de droit rattaché à la paroisse de La Romagne) n’a certainement pas pu, pour sa part, bénéficier de cette possibilité (en raison du coût que représente le choix d’un remplaçant), puisqu’il reçoit son congé le 1er janvier 1765, après avoir été soldat au bataillon de la milice de Mazarin.


[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Cent-Suisses du roi : tambour et joueur de flûte, planche 63 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Cent-Suisses du roi : tambour et joueur de flûte, planche 63 du tome III de Gardes du corps, chevau-légers, mousquetaires, gendarmerie, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle et de gouache, dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10851, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Parisle-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Etre tiré au sort peut susciter parfois de la jalousie à l’égard d’un plus chanceux. Dans ce cas, l’on n’hésite pas à faire appel de la décision du tirage au sort. C’est ce que fait Nicolas Lacroix, qui estime anormal que l’un des garçons de la paroisse, Nicolas Dupont, n’ait pas été inscrit sur la liste et que, de ce fait, le sort ne lui aurait peut-être pas été aussi fatal.

Pour la défense de Nicolas Dupont, il est indiqué qu’il ne pouvait figurer sur la liste de La Romagne, alors qu’il était, à la date du 25 décembre 1768, au service du curé de Marlemont[1] et, qu’un mois plus tard, il entrait au service de monsieur de La Rancée, procureur-syndic de la ville de Charleville.

Nicolas Lacroix fait tant et si bien que le subdélégué de Château-Porcien organise un tirage au sort entre les deux hommes. Mais la chance n’est décidément pas de son côté, puisque le billet tiré confirme son sort. Il ne lui reste plus, pour se consoler, que l’indemnité de cinquante livres qu’ont dû lui verser les principaux habitants de la paroisse[2].


[1] Commune française, située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons‑en‑Champagne, C 1368, pièces n° 568 et 614 [série C = administrations provinciales ; cotes C1-2059 = intendance de Châlons ; articles C1216-1519 = armée, marine, colonies ; documents C1341-1378 = milice et régiments provinciaux (1706-1789).]


Régiment de Touraine n° 34, anonyme français, aquarelle sur papier, 18ᵉ siècle, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Touraine n° 34, anonyme français, aquarelle sur papier, 18ᵉ siècle, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire NF AR UNI ; Est A 118, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Chaque compagnie se compose d’un capitaine, d’un lieutenant, de deux sergents et de quarante hommes, soit au total sept cent quatre-vingt-douze individus par régiment.

Les officiers qui commandent les compagnies doivent, autant que possible, être domiciliés au centre, ou à proximité des villages d’où sont issus les miliciens. Assez souvent, ces officiers ont servi dans les troupes du roi, ou dans les compagnies de sa Maison militaire.


Régiment de Touraine, planche 18 page 39 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, anonyme français, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Régiment de Touraine, planche 18 page 39 de Troupes du roi, infanterie française et étrangère, année 1757, tome I, anonyme français, aquarelle et gouache sur papier, 18ᵉ siècle, numéro d’inventaire 10858 BIB ; A1J12, Paris (Île-de-France), musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

Pour la milice de Champagne, deux régiments sont formés : le premier est attribué à monsieur de Joyeuse, comte de Grandpré[1], et le second à monsieur de Berzau de Molins. Une fois assemblés, ces deux derniers sont éloignés de leur province d’origine.

Le régiment de Grandpré est envoyé en 1688 à Vernon[2] puis à Abbeville[3]. en 1690, il tient garnison à Besançon[4], avant de se rendre en Savoie. Il est affecté à la garnison de Suse[5], l’une des clés du Piémont avec Pignerol[6].


[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune française située actuellement dans le département de l’Eure, en région Normandie.

[3] Commune française, actuellement sous-préfecture du département de la Somme, en région Hauts-de-France.

[4] Commune de l’Est de la France, actuellement préfecture du département du Doubs et siège du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

[5] Actuellement, commune italienne de la ville métropolitaine de Turin, dans le Piémont.

[6] Actuellement, commune italienne de la ville métropolitaine de Turin, dans la région du Piémont.


Officiers des gardes françaises et drapeau, planche 1 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officiers des gardes françaises et drapeau, planche 1 du tome I d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), estampe rehaussée d’aquarelle, de gouache et de dessin à la plume sur papier, 41,7 × 54,8 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

En 1693, pour faire face à l’ennemi, chaque compagnie est augmentée de dix hommes. Le premier bataillon est présent à l’armée des Flandres, et le second, après avoir tenu garnison à Schlettstàdt[1], est intégré à l’armée d’Allemagne.

Ces deux régiments sont réformés, l’un en 1695, et l’autre en 1697, aussitôt la paix revenue[2]. En effet, avec la fin de la guerre de la Ligue d’Augsbourg et les traités de Ryswick[3], le successeur de Louvois, Barbezieux, ne garde pas cette milice.


[1] Alsacien pour Sélestat, commune située actuellement dans le département du Bas-Rhin, en région Grand Est.

[2] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0957 [= Anciennement 9352 selon une cotation antérieure], numéros de notice 957-960, Mémoire sur la province de Champagne (1708). [XVIIIe siècle. Manuscrit en français sur papier. 492, 418, 488 et 506 feuillets. 370 sur 250 mm. Reliure en veau raciné. Le manuscrit doit être incomplet, car au bas du dernier feuillet du tome IV on lit les mots d’appels pour le feuillet suivant : « De l’évêché. » — Ce mémoire a dû être rédigé par André de Harouys, qui fut intendant en Champagne de 1702 à 1711.]

[3] À Ryswick, deux traités signés les 20 septembre et 30 octobre 1697 mirent un terme à la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) et limitèrent l’expansion de la France sous le règne de Louis XIV. Ryswick (Rijswijk en néerlandais) est actuellement une commune des Pays-Bas, située en Hollande-Méridionale, au sud-est de La Haye.


Officier de grenadier des gardes françaises, planche d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), aquarelle sur papier, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.
Officier de grenadier des gardes françaises, planche d’Infanterie et gardes françaises, vers 1721, Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765), aquarelle sur papier, 23,4 × 16,4 cm, numéro d’inventaire A1J7 ; 10849, Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, © Paris (Île-de-France) – musée de l’Armée, dist. GrandPalaisRmn / image musée de l’Armée, notice descriptive consultable en ligne.

A partir de 1726, le duc de Bourbon et monsieur de Breteuil, ministre de la Guerre, prennent la résolution de rétablir les milices de façon permanente.

Elles ont une place très importante dans les guerres du règne de Louis XV, soit en s’occupant des places frontières, soit en prenant part à des opérations actives, que ce soit pendant la guerre de la Succession de Pologne, la guerre de la Succession d’Autriche, ou durant la guerre de Sept Ans. Elles se composent en 1762 de quatre-vingt-dix mille hommes.



Dès 1771, le nom de milice disparaît au profit d’une nouvelle appellation, celle de « régiment de soldats provinciaux ». Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, ce n’est plus chaque paroisse qui doit fournir un milicien, mais un groupement de villages.

En 1778, l’on constate que les paroisses de La Romagne et de Montmeillant[1] sont regroupées avec celles de Chaumont-Porcien et de Givron[2], tandis que celles de Rocquigny et Mainbressy[3] forment un autre rassemblement.


[1] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune française située dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[3] Commune française située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.



Un peu plus tard, l’autorisation est donnée aux villages et aux particuliers de pouvoir remplacer le milicien désigné, soit par un « volontaire », soit par une somme d’argent, alors même que cette pratique est quasiment dénoncée depuis la première création de la milice.

Celui qui se substitue à l’homme désigné signe un contrat, dans lequel figurent la somme d’argent remise, et le nom de l’homme qu’il remplace. Il est tenu de remplir toutes les obligations du milicien, et il n’est libéré que six ans après l’époque de la substitution.



Dans les cahiers de doléances, s’élèvent des plaintes contre le recrutement et le service de la milice ou régiments provinciaux. La suppression officielle de ces derniers a lieu le 4 mars 1791. Les régiments sont licenciés, et les soldats reçoivent un congé absolu.



Il est à noter que, bien avant la Révolution, Maurice de Saxe (1696-1750)[1] avait recommandé l’instauration d’un service militaire obligatoire d’une durée de cinq ans.

Cette réforme ne fut pas adoptée sous la monarchie, le pays n’étant pas prêt pour une telle mesure. Toutefois, elle contribua à faire évoluer les mentalités et à préparer l’émergence d’une nouvelle conception du service armé, qui aboutira au XIXᵉ siècle à l’instauration du service militaire obligatoire pour tous.


[1] Maréchal général des camps et armées de Louis XV.


Catégories
Administration communale Agriculteurs Finances publiques Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) Guerre franco-espagnole (1635-1659) Impôt Métiers Professions Travailleurs

Les impôts directs à La Romagne avant la Révolution


La circonscription administrative fiscale est l’élection.  Elle regroupe des dizaines, voire quelques centaines de villages. Celle de Reims, dont dépend La Romagne, est créée dès 1357. Elle subit des modifications, en se voyant enlever des paroisses ardennaises lors de la création de celles de Rethel (1450) et de Sainte-Menehould (1635).

Les impôts, à l’origine, ne sont pas permanents, mais accordés pour une période donnée. A partir du XIVe siècle, certains deviennent définitifs. Ils sont fixés en Conseil du roi, et répartis entre les paroisses de la province par l’intendant.

L’impôt direct reste assez stable jusqu’en 1621, avant d’augmenter considérablement à partir de 1626. Les besoins du roi pour les guerres et le développement de l’administration monarchique sont sans cesse grandissants. Ce qu’atteste le quintuplement des dépenses de guerre contre les Habsbourg entre 1599 et 1643.


Or, les revenus du domaine royal[1] sont insuffisants pour faire face, ne serait-ce qu’aux dépenses ordinaires, ce qui aboutit à un empilement de taxes pour les contribuables au cours des siècles.


[1] « Domaine de la Couronne, partie du territoire que le roi possédait en propre, ou sur laquelle il exerçait directement son autorité (on dit aussi domaine royal). », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Tous les moyens sont bons pour procurer de l’argent au Trésor royal[1]. Outre les divers impôts établis, comme la création en 1674 du droit de timbre sur les actes officiels, Louis XIV multiplie la vente des charges, et taxe les faux nobles. L’usurpation de noblesse est la cause d’une surcharge fiscale pour tous les roturiers.


[1] Lieu où sont versées les sommes qui proviennent des revenus royaux, et d’où sont tirées celles employées au service et aux dépenses de la royauté.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 2/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 2/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

Dans chaque province, à partir de 1696, est lancée la recherche des usurpateurs de titre de noblesse[1], qui bénéficient ainsi d’exemptions fiscales. Ceux qui se déclarent nobles doivent apporter les preuves de leur noblesse, afin d’échapper à cette taxe. Nombre d’entre eux sont inquiets, car tous n’ont pas les documents requis pour l’établir, et c’est une agitation de plus dans un pays troublé.


[1] Déclaration du roi pour la recherche des faux nobles du 4 septembre 1696, qui fait suite à la grande enquête sur la noblesse de 1666, et qui débouche sur la parution de l’Armorial général de France, dit « Armorial d’Hozier ». Pour les Ardennes, voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 1/558 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.


L’impôt de la taille, créé au XIVe siècle, ne devient pérenne qu’à partir du XVe siècle, à la suite de la permanence de l’armée sous Charles VII. Il n’est pas dû individuellement par les habitants, mais collectivement par une paroisse. C’est un impôt de répartition, pour lequel il existe deux catégories : la taille personnelle[1], pratiquée surtout dans le Sud de la France (par exemple le Languedoc), et la taille réelle[2], concernant plutôt les régions du Nord.


[1] Elle était « celle qui était levée sur chaque personne taillable. », et la taille réelle, « celle qui était levée sur les terres », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Elle est fondée sur l’appréciation de la richesse en terres du chef de famille.


C’est à cette dernière qu’est soumis le village de La Romagne. La taille est levée chaque année, en tenant compte de tous les types d’activités. Elle varie considérablement, en fonction de la nécessité pour le roi de rétablir les finances. Les aménagements obtenus par Terwel[1] sont de très courte durée.


[1] Auteur de notices cadastrales sur les villages de la frontière de Champagne en 1657.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. Voir aussi Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°.
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. Voir aussi Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°.

Dès 1660, dans presque toutes les paroisses, le montant des tailles augmente, et ce, jusqu’en 1664[1]. Les villages sont pressurés, alors que ces années-là sont les premières d’une paix longtemps attendue avec l’Espagne[2]. La somme demandée pour l’ensemble de l’élection de Reims en 1660 se monte à 208 595 livres de principal[3].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°. – 1662-1672. – Election de Reims : taille et accessoires. – Assiette et département des tailles et accessoires pour les années 1662, 1664 à 1669 et 1671 à 1672 par les intendants Daniel Voysin en 1662, Lambert d’Herbigny en 1665, Lefèvre de Caumartin de 1666 à 1671. – Etat des sommes restant dues en 1665 sur le taillon imposé en 1656.]

[2] La guerre francoespagnole a eu lieu du 19 mai 1635 au 7 novembre 1659.

[3] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. – 1625-1660. – Election de Reims : taille et accessoires. – Assiette et département des tailles, crues, accessoires et taillon à lever sur les communautés de l’élection en 1625. – Registre et département des tailles, taillon, crues des garnisons et autres crues, droits d’officiers et autres à lever sur l’élection pendant l’année 1628. – Département de la taille en 1634, du taillon en 1649. – Etat des deniers dus par les paroisses de l’élection et dont il n’a pu être fait recouvrement en 1652 à cause des guerres et de l’abandon de la plupart de ces paroisses : la somme totale s’élève à 89 042 livres 11 sols 6 deniers. – Assiette et département des tailles de 1658, 1659 et 1660 par Daniel Voysin, « intendant de la justice, police et finances et armées de S. M. en la province de Champagne ». – Extrait de l’état du roi contenant les sommes à lever sur les paroisses de l’élection pour la subsistance des gens de guerre pendant les cent cinquante jours du quartier d’hiver de l’année 1660.]


Les guerres suspendent la perception des impôts, mais ne l'annulent pas. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°.
Les guerres suspendent la perception des impôts, mais ne l’annulent pas. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°.

Il est très difficile pour la population de faire face à ces impôts, après les ravages des guerres. Pour ceux qui ne peuvent pas les payer, il est interdit en 1663 de saisir les chevaux, les instruments, et outils agricoles, car cela renforcerait la pauvreté. Si les tailles sont réduites momentanément après les premières années du règne de Louis XIV, cela ne dure pas.

En janvier 1678, Thomas Hue de Miromesnil[1] (1634-1702) fait remarquer que l’élection de Reims est une des trois juridictions les plus chargées en impôts, que le nombre de pauvres s’accroît de jour en jour, au point que la taille se paie très difficilement, car la circonscription est loin d’être remise de la guerre[2].


[1] Intendant de Châlons, c’est-à-dire, selon le titre officiel, « commissaire départi en la province de Champagne ».

[2] Archives nationales, G7 224 [série G = administrations financières et spéciales, sous-série G7 = contrôle général des finances, fonds G7 71-531 = lettres originales adressées au contrôleur général des finances par les intendants des généralités. 1678-1747, articles G7 223-238. Champagne (Châlons-sur-Marne). 1677-1738.]


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 5957,
Duplessis Joseph Siffred (1725-1802), Jacques Necker (1732-1804), directeur général des Finances, huile sur toile, XVIIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV5957,
Duplessis Joseph Siffred (1725-1802), Jacques Necker (1732-1804), directeur général des Finances, huile sur toile, XVIIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Il faut attendre Necker (1732-1804), et ses analyses des finances de la France, pour que l’augmentation de ce plus ancien impôt direct soit désormais dûment enregistrée par une loi. Jusqu’alors, elle pouvait être décidée à l’aide d’un simple arrêt du Conseil du roi, et présentait de fait un caractère plus arbitraire. La baisse de cette imposition n’arrive qu’à la suite des efforts faits par Colbert (1619-1683) pour réduire les tailles du royaume.

Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV7403,
Franque Jean-Pierre (1774-1860) ; Nanteuil Robert (1623-1678) [d'après], Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), représenté en 1676 (dans un encadrement décoratif), huile sur toile, 1839, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV7403,
Franque Jean-Pierre (1774-1860) ; Nanteuil Robert (1623-1678) [d’après], Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), représenté en 1676 (dans un encadrement décoratif), huile sur toile, 1839, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

En réalité, il est plus juste de parler des tailles au pluriel que de la taille au singulier, puisque cet impôt se compose de plusieurs éléments : la taille proprement dite, le taillon[1] de la gendarmerie, la taille pour la solde des officiers des maréchaussées, et celle pour les étapes des gens de guerre.


[1] « Imposition de deniers, qui se levait anciennement de la même manière que la taille, et qui en était comme un supplément. Receveur général, receveur particulier du taillon. Le taillon était affecté au payement de la gendarmerie. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


L’année fiscale commence au premier octobre. Au mois de février, le Conseil du roi détermine la somme à imposer pour l’année suivante, et la répartit entre les généralités des pays d’élection. Fin juin, deux extraits établis par le contrôleur général sont adressés à l’intendant et aux officiers du bureau des finances.


Le premier répartit la somme due par sa province entre les différentes élections. Après contrôle, l’intendant, renseigné par ses subdélégués (en contact permanent avec la population) procède au département[1] des tailles entre les divers villages et villes.

Il peut ainsi tenir compte d’événements ponctuels comme les inondations, les sécheresses, les grêles, les circonstances personnelles (état de santé ou nombre et âge des enfants) et ajuster au mieux l’impôt.


[1] « XIIe siècle, au sens d’action de partager ; XVIIIe siècle, comme terme du vocabulaire administratif. Dérivé de départir, au sens de partager. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


C’est ainsi que, dans le cas d’incendies ou de dégâts dus à des orages, plusieurs habitants de La Romagne, de Rocquigny et de Saint-Jean-aux-Bois[1] obtiennent une remise ou une dispense de leur imposition, en raison de la perte de leur maison, grange, meubles, vêtements, chevaux, charrettes, charrues, foin, etc.

On peut citer le cas de très pauvres habitants, qui ont besoin de soulagement. Ou encore, une inondation en 1784 à Château-Porcien, qui a valu aux réfugiés d’être nourris et logés par d’autres habitants[2].


[1] Villages du département des Ardennes.

[2] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 953 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 953 = portefeuille. – 175 pièces, papier. – 1757-1788. – Remises, décharges et modérations. – Requêtes en décharge d’impositions, avec pièces à l’appui, adressées à l’intendant et classées par élections. – Election d’Epernay : Mancy (1777-1785). – Mareuil-le-Port (1774). – Mareuil-en-Brie (1785-1788). – Mareuil-sur-Ay (1785-1786). – Mareuil-sous-Châtillon (1773). – Monthelon (1785-1788). – Montmort (1772-1787). – Moslins (1785-1787). – Moussy (1772). – Passy-Grigny (1787-1788). – Pierry (1775-1776). – Plivot : requête des habitants disant « que depuis plusieurs années ils n’ont rien récolté en différents cantons de leur prairie désolés par la grande sécheresse et surtout par des insectes qui se couloient entre deux terres, coupant entièrement les racines des herbes, de sorte que la surface de leurs héritages étoit soulevée ; que les débordements des eaux en l’’hiver dernier ont absolument enlevé le gazon de leur prez, en ont creusé plusieurs jusqu’à en arracher les bornes et à recombler les troux des autres servant de limites » (1786). – Saint-Gemme (1785). – Soilly (1773-1788). – Tauxières (1786-1788). – Tours-sur-Marne (1785-1788). Trépail (1778-1787). – Troissy (1784-1787). – Vandières (1757). – Vouciennes : requête des habitants surchargés de taxes ; « ces malheureux n’ont pu, quoiqu’ils ayent fait tous leurs efforts, s’acquitter des tailles, vingtièmes et impositions : ils en redoivent encore des sommes considérables sur les années 1780, 1781, 1782, 1783 et 1784… les frais qu’on leur fait ne font qu’augmenter leurs charges » (1784). – Vaudancourt (1772-1786). – Vaudemange ; requête des habitants « disant que l’hiver de 1784, la grande abondance de neige, en fondant, a produit une grande abondance d’eau qui a causé un très grand dommage : les grains des terres hautes et moyennes ont été ravinés et déracinés ; les terres des lieux plats sont entraînées par les eaux ou recouvertes de mauvaise terre, et les terres qui étaient pour ensemencer ont été pareillement dégradées, ce qui a ôté toutes les espérances des cultivateurs » (1785). – Venteuil (1772-1786). – Verneuil (1771-1788). – Ville-en-Selve (1787-1788). – Ville-en-Tardennois : requête des habitants « disant qu’il a plu au roi de leur faire une remise d’une somme de quatre-vingt-six livres pour être répartie au marc la livre sur tous les contribuables à la taille, comme cela s’est pratiqué dans toutes les paroisses de votre généralité ; mais ils n’ont jamais été plus surpris que d’apprendre que cette somme a été répartie, il y a environ trois mois, sur 25 particuliers de la paroisse et de ladite ville, sans que le collecteur ni aucune autre personne leur ait fait part de cela, sinon il y a huit jours qu’à force de plaintes, le collecteur, semble-t-il par une grâce spéciale, a annoncé à la porte de l’église ce bienfait de S. M. Les suppliants auroient bien moins lieu de plainte si on avoit rejeté cette somme sur tous les pauvres, mais au contraire, il semble qu’on se soit étudié à la répartir sur ces 25 particuliers des plus riches de la paroisse » (1786-1787). – Vinay (1785-1786). – Vincelles : requête des habitants au roi demandant la remise des impôts pour l’année ou un temps suffisant pour les payer (1784).]


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Chaque paroisse est ensuite informée de son imposition par son receveur des tailles. Les collecteurs, solvables, sont élus le premier dimanche de septembre. Ils sont chargés de la répartition de l’impôt auprès de chaque foyer, puis de sa perception.

Ils changent chaque année, et peuvent être poursuivis pour prévarication[1], si une plainte est portée contre eux. Les sommes qu’ils touchent sont variables : ainsi, en 1602, ils reçoivent vingt deniers par livre perçue, alors qu’en 1620, ils n’en obtiennent que huit, et plus que six en 1626.


[1] « Manquement d’un homme d’État, d’un élu, d’un agent public aux devoirs de son mandat, de sa charge ; faute grave commise à des fins d’intérêt personnel dans l’exercice de ses fonctions. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


En-tête du rôle de La Romagne (Ardennes) en 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
En-tête du rôle de La Romagne (Ardennes) en 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

D’après le rôle de 1750[1], le système change : un édit permet désormais aux intendants de nommer des commissaires au lieu de collecteurs pour asseoir[2] la taille, et la récolter chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Ainsi, en 1762, le rôle[3] est tenu par Jean Sollette, commissaire nommé par l’intendant de Champagne.


[1] Il n’existe aucun rôle conservé entre 1742 et 1750, si bien qu’il n’est pas possible de dater plus précisément le passage des collecteurs aux commissaires à La Romagne.

[2] C’est-à-dire établir la base de l’imposition.

[3] « Ce qui sert de support à un écrit officiel ; cet écrit lui-même. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Les plus anciens rôles concernant La Romagne sont établis par ordre alphabétique des prénoms, ou par noms de famille. Jusqu’en 1752, ils ne concernent que les tailles.  A partir de cette date, apparaît le détail de la capitation, auquel s’ajoutent en 1771 les quartiers d’hiver.


Liste des contribuables de La Romagne (Ardennes) par ordre alphabétique des prénoms sur le rôle de 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Liste des contribuables de La Romagne (Ardennes) par ordre alphabétique des prénoms sur le rôle de 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Ainsi, les collecteurs répartissent le « tant pour la taille », le « tant pour leurs six deniers », le montant de l’ustensile[1] (levé uniquement en temps de guerre) et celui des quartiers d’hiver.


[1] « Ensemble des fournitures dues à la troupe par les gens qui la logeaient et, par extension, impôt établi par addition à la taille pour tenir lieu desdits fournitures [et services]. », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


La perception provoque parfois des heurts importants avec les villageois, si ceux–ci estiment être défavorisés par rapport à d’autres. Ils discutent alors la quote-part attribuée, ou dénoncent de trop fortes pressions du collecteur pour recouvrer l’impôt.


Ce dernier est responsable de la rentrée de l’argent, et doit combler personnellement tout déficit. Parfois, devant la mauvaise volonté de certains à payer, il peut avoir recours à des garnisaires[1].

Ces hommes, recrutés par les receveurs et envoyés ensuite, soit chez le collecteur, soit chez le contribuable, exercent une pression pour le règlement des dettes. L’un ou l’autre doit le feu et le logement, et cette présence accélère assez souvent le paiement de l’impôt.


[1] « Celui qu’on établissait chez un contribuable en retard pour le contraindre à s’acquitter, chez un débiteur pour garder les meubles saisis, ou chez les parents d’un jeune homme qui ne s’était pas présenté pour la conscription. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Par sa place, le collecteur s’attire souvent des ennemis, et subit les pressions de gens influents, et ce, d’autant plus qu’il est démuni de toute autorité. Cependant, à la sortie de sa charge, et pendant les trois années qui suivent, il ne peut pas être imposé à un taux supérieur à celui de l’année précédant son entrée en poste, sauf si l’on peut prouver sa malhonnêteté.

Une plainte est ainsi déposée contre les collecteurs Jean Millet et Jean Courtois, car ils sont accusés d’avoir sous-estimé leur propre cotation, et probablement d’avoir favorisé, ou mal coté, deux contribuables, les veuves Langlet et Deschamps. Ils comparaissent le 15 mai 1737. L’année suivante, Jean Millet doit s’acquitter d’une somme supplémentaire de 12 livres. Elle est de 6 livres pour Jean Courtois, tandis que la veuve Langlet se voit réclamer 10 sols, et la veuve Deschamps 20 sols[1].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin. – 1774-1790. – Election d’Epernay : requêtes en décharge de taille adressées aux élus et classées par ordre alphabétique de communautés. – Ambonnay (1789) ; Anthenay (1785) ; Athis (1781-1787) ; Avenay (1786-1787), Avize (1789) ; Ay (1774-1788) ; J.-B. Georges, syndic de la communauté, demande à être exempt de la collecte : accordé (1775). – Baslieux (1789) ; Belval (1784-1785) ; Binson-Orquigny (1784-1789) ; Boursault (1782). – Champillon (1782-1785) ; Champvoicy (1784-1788) ; Châtillon-sur-Marne (1783-1789) ; Cherville (1789) ; Chouilly (1782-1788) ; Condé-sur-Marne (1787-1788) ; Courthiézy (1787) ; Cuis (1782-1785) ; Cumières et Mardeuil (1786). – Damery (1782-1788) ; Dizy (1782-1789) ; Dormans (1780-1790).]


En-tête du rôle de 1702 de La Romagne (Ardennes) avec le cachet de la généralité de Châlons. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
En-tête du rôle de 1702 de La Romagne (Ardennes) avec le cachet de la généralité de Châlons. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

L’analyse approfondie des rôles[1] des années 1702,1712, et 1752[2] permet de déceler un certain nombre de changements dans la population.


[1] Ibidem. [Nota bene : le cadre de classement des archives départementales de la Marne ne décrit pas de façon exhaustive toutes les pièces incluses sous la cote C 2169.]

[2] Le rôle de 1702 analysé ci-dessus a été choisi car il est le premier conservé pour La Romagne. Bien que d’autres registres ultérieurs aient été consultés aux archives départementales de la Marne, la méthodologie a consisté à privilégier un sondage des années 1702, 1712 (une décennie après) et 1752 (un demi-siècle après). Ce choix, qui pourrait paraître arbitraire, peut s’expliquer : 1712 est la première année documentée après le grand hiver de 1709. Et le système d’imposition change trop dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour qu’une comparaison puisse être établie après 1752. Il faut peut-être ajouter que l’état de conservation de certains documents a pu les rendre moins exploitables. Le corpus choisi a fait l’objet d’un dépouillement systématique (par nom, métier, et taille).


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1702 met en lumière la diversité des activités et des situations parmi les trois exemptés[1] (le seigneur de La Romagne, le marquis de Chaumont ; le curé de la paroisse Norbert Deheaulme ; Firmin Canel, écuyer dans les chevau-légers de la garde) et les soixante contribuables, dont quatorze laboureurs, huit tireurs de mines, neuf manouvriers, deux tisserands en toile et un peigneur de laine, deux scieurs de long, un meunier, un fruitier, un berger, un maître d’école, un hautelain[2], un mandelier[3], un couvreur en paille, un savetier[4].


[1] Les nobles, le curé du village et son vicaire (quand il y en a un), et ceux qui ont été au service du roi dans ses armées, sont dispensés du paiement de la taille.

[2] Variante orthographique d’hôtelain, c’est-à-dire aubergiste, cabaretier, hôtelier, hôte, celui chez qui on loge.

[3] « Celui qui fabrique et vend des mandes, des paniers, vannier », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.

[4] « Artisan qui raccommodait les souliers. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. A distinguer du sabotier, qui est, lui, un « fabricant ou marchand de sabots. »


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1702. La dégradation du document entraîne une perte d'information. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1702. La dégradation du document entraîne une perte d’information. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Quatre métiers ne sont pas précisés. Une femme célibataire est répertoriée, Marguerite Cornu. Dix veuves sont décomptées. La plus forte cotisation (55 livres) est celle de Pierre Leblanc, laboureur en propre et en cense. La plus faible est celle d’un habitant dont le nom est resté illisible à cause d’un bas de page déchiré, mais qui cotise 8 sols. L’assiette de la taille est de 548 livres et 15 sols. Le document est établi le 27 décembre 1701 pour un paiement en 1702.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1712 ne montre plus que cinquante-trois contribuables et deux exemptés. Le premier est le curé Louis Potin, et le second, qualifié de « soi-disant exempt des impositions[1] », est le sieur Devie de La Horgne, lieutenant de cavalerie. L’assiette de la taille est de 429 livres 2 sols 6 deniers. Le document est établi le 6 janvier 1712 pour un paiement en 1712.


[1] L’orthographe a été modernisée.


Il n’y a plus de tireurs de mines, et il ne subsiste qu’un tisserand. L’extraction du fer et la filière de la laine semblent des secteurs en déshérence.


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1712. L'humidité favorise le développement de certains champignons. Le papier en a gardé des traces. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1712. L’humidité favorise le développement de certains champignons. Le papier en a gardé des traces. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Désormais, seuls restent onze laboureurs, certains ayant changé de statut pour celui de manouvriers. Désormais, ces derniers sont au nombre de quinze. Les deux scieurs de long continuent d’exercer.

Sont également notés un maréchal-ferrant, un meunier, un berger (identifié comme pauvre), un maître d’école, un garde[1], trois fruitiers, et un boucher. Jean Foulon et Pierre Cocu n’ont pas de mention de métier. Onze veuves sont dénombrées. Une célibataire est recensée, Madeleine Mallet.


[1] Sous réserves, cela pourrait correspondre à un garde des bois et forêts particulier.


Le veuvage des femmes marque une hausse entre 1702 et 1712. D’autre part, une nouvelle classe apparaît dans les rôles, celle des mendiants : le terme désigne, non celui qui vit de mendicité, mais un homme pauvre, qui n’a pas de réserves, qui est très vulnérable en raison de la maladie, du chômage ou de la cherté des grains.

Une livre = vingt sols.

Cela n’empêche pas de lui prélever quelques sous malgré son statut. Ainsi, Martin Mauroy, qualifié de mendiant, doit-il payer 30 sols, soit une livre et 10 sols, en 1712. Gilles Antoine, répertorié lui comme pauvre, s’acquitte pour sa part de 20 sols, soit une livre.

Un sol = douze deniers.

Cette situation des veuves, des pauvres et des mendiants à La Romagne est sans doute liée à l’influence du grand hiver de 1709, qui a accru la pauvreté, avec une sous-alimentation des Romanais, et une plus grande mortalité.

Rôle de la taille à La Romagne (Ardennes) en 1727. Certains insectes (termites, vrillettes, poissons d'argent, etc.) creusent les documents et en rendent la lecture difficile. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de la taille à La Romagne (Ardennes) en 1727. Certains insectes (termites, vrillettes, poissons d’argent, etc.) creusent les documents et en rendent la lecture difficile. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1752 atteste que la population a de nouveau augmenté. Il y a désormais quatre exemptés : Monsieur de la Motte Houdancourt ; monsieur du Merbion, officier de milice ; monsieur d’Avançon, officier réformé ; le prieur.

Les exemptés de la taille à La Romagne (Ardennes) d'après le rôle de 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Les exemptés de la taille à La Romagne (Ardennes) d’après le rôle de 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

S’y ajoutent soixante-quinze contribuables, dont vingt laboureurs et vingt-trois manouvriers, trois forains[1] et cinq de droits de suite[2], un tailleur, un maréchal-ferrant, deux pâtres, un cabaretier, un maître d’école, un sabotier.


[1] « Propriétaire forain, qui ne réside pas dans le lieu où sont situés ses biens et où il paie l’impôt. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Le droit de suite permet à un créancier de poursuivre un bien en quelque main qu’il se trouve.


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Quatre femmes sont célibataires. Les veuves sont au nombre de treize, dont une insolvable. Quant aux veufs, ils ne forment pas une catégorie à part, leur état étant signalé en même temps que leur activité. La Romagne en compte trois. L’assiette de la taille est de 599 livres 5 sols. Le document est établi le 22 décembre 1751 pour un paiement en 1752.


La politique royale a recours presque systématiquement à la belligérance pour consolider les positions de la France. De 1688 à 1697, la guerre de la Ligue d’Augsbourg[1] est la cause de ponctions fiscales de plus en plus fortes.

Celles-ci sont destinées, d’une part, aux cavaliers et fantassins préposés à la garde de la rivière Meuse et, d’autre part, aux appointements des officiers et des soldats, à leur habillement, à l’armement et au fourrage.


[1] Aussi désignée comme guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession palatine, guerre de la Grande Alliance, campagnes du Palatinat, elle est nommée guerre de Succession d’Angleterre ou guerre du roi Guillaume par les historiens britanniques.


La Romagne[1], comme Herbigny ou Wasigny est rattachée au 13e poste de Maubert-Fontaine, sur la ligne de défense depuis Charleville jusque Signy-le-Petit[2].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2007-53877, Desbrière, Michel, Chronique critique des lignes de défense de la Champagne septentrionale 1644-1748, Charleville-Mézières : Éditions Terres ardennaises, 2003, 314 p., p. 247.

[2] Tous ces villages se trouvent dans le département des Ardennes.


Au départ, la fourniture de l’ustensile comprend la place au feu et à la chandelle[1], avec fourniture du sel, du vinaigre et d’autres menues denrées, le prêt des objets de cuisine, le coucher, ainsi que l’avance de la subsistance et du fourrage pour les chevaux.


[1] C’est-à-dire le chauffage et l’éclairage.


Cet impôt se paie sur cinq mois à compter du 1er décembre. En 1655, cette obligation est convertie en une somme d’argent. Un siècle plus tard, l’intendant de Champagne Pelletier de Beaupré[1] donne des instructions concernant les dispenses de paiement d’ustensile.

Elles précisent que, si une exemption individuelle est accordée, la somme due par l’ensemble de la paroisse ne peut en aucun cas être diminuée. Si bien que la répartition s’applique à ceux qui ne sont pas dispensés :  leur participation est augmentée d’autant[2].


[1] Il est intendant de la généralité de Champagne de 1739 à 1750.

[2] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 791 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 791 = portefeuille. – 3 cahiers in-fol. – 1787. – Tarif pour la répartition de la taille de 1788 dans les villes, bourgs et communautés de l’élection de Chaumont-en-Bassigny, classées par ordre alphabétique depuis Germizey jusqu’à Voucourt (un premier cahier manque). Le tableau consacré à chaque localité contient les mêmes renseignements statistiques et autres énumérés dans l’article précédent : le nom du seigneur, ceux des commissaires de la taille des trois dernières années, le taux de la taille de l’année précédente au marc la livre de la propriété et de l’exploitation réunies ; celui des impositions accessoires et de la capitation ; la mesure du lieu pour les biens fonds ; la mesure, le poids et le prix des différentes espèces de grains ; le tableau du territoire de la communauté divisé en exploitation des privilégiés, des taillables et biens incultes ; la consistance des usages communaux ; l’extrait en ce qui concerne la communauté du dénombrement général de 1774 (habitants et bestiaux) ; le montant de la taille de chacune des dix dernières années ; le chiffre proposé par l’élection et celui qui est arrêté par l’intendant pour l’année 1788.]


Les quartiers d’hiver sont destinés au logement des troupes durant la trêve hivernale. Ils pèsent lourdement sur la population. En 1727, la généralité de Châlons se doit de fournir la somme de 476 779 livres.

Ce dû est réparti entre toutes les élections, dont celle de Rethel pour 58 467 livres, et celle de Reims pour la somme de 88 689 livres[1]. A charge pour ces deux circonscriptions d’exiger à leur tour ces sommes de chacune des paroisses sur lesquelles s’exerce leur tutelle.


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 1117 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 1117 = portefeuille. – 59 pièces, 8 parchemins. – 1703-1775. – Impositions militaires : ustensile, fourrage et quartier d’hiver. – Lettre du roi à l’intendant de Champagne d’Harouys fixant le chiffre de l’ustensile et réglant le mode de recouvrement pour 1704 (1703). – Fixation de l’ustensile à payer par les villes de la généralité de Champagne en 1708 : la somme s’élève à 110 000 livres. – Département du quartier d’hiver par élections et paroisses : élections de Bar-sur-Aube, Chaumont, Epernay, Joinville, Rethel, Sainte-Menehould, Sézanne et Vitry (1704) ; de Châlons (1711-1712) ; de Joinville et Troyes (1716-1717) ; d’Epernay, Sainte-Menehould et Sézanne (1718). – Arrêts du Conseil fixant l’imposition à lever en Champagne pour le quartier d’hiver et l’habillement de la milice : la somme s’élève en 1727 à 476 779 livres 18 sols 3 deniers ; en 1730 à 330 954 livres 13 sols 6 deniers ; en 1762 à 573 430 livres 19 sols 9 deniers. – Demandes d’exemption de l’ustensile classées par communautés. – Châlons : Beschefer et Charruel, officiers de feue madame ; lettre de d’Argenson à l’intendant Le Pelletier de Beaupré en leur faveur (1734). – Fismes : Billet, substitut du procureur du roi au bailliage (1742). – Langres : les échevins de la ville (1735). – Reims : les bailli et procureur fiscal de l’archevêque ; 2 lettres de l’archevêque Armand-Jules de Rohan à l’intendant pour lui recommander la requête et le remercier d’y avoir fait droit (1734) ; Bernard, professeur à la faculté de médecine (1734). – Liste envoyée à l’intendant de Champagne par les échevins de Reims avec prière de leur faire savoir si les personnes y dénommées doivent être sujettes à l’ustensile ; observations de l’intendant Le Pelletier de Beaupré en réponse (1734). – Ordonnance de l’intendant Le Pelletier assujettissant à l’ustensile les officiers des traites foraines de Reims (1744). – Sainte-Menehould : Delavaux, substitut du procureur du roi au bailliage et prévôté (1734).]


La capitation est un autre impôt personnel, établi sur la fortune de chacun. A l’origine, c’est un impôt temporaire (qui se prélève par tête, comme son nom l’indique), destiné à soutenir l’effort de guerre.

Créée par la déclaration du 18 janvier 1695, elle taxe chaque feu sans exception (à moins d’indigence déclarée), d’après son état financier, et selon un tarif qui comporte vingt-deux classes.


Supprimée peu de temps après, elle est rétablie en 1701 de façon systématique. Très rapidement, un système d’abonnement ou de rachat enlève à cet impôt son caractère d’égalité. Le clergé le rachète d’abord par un « don gratuit ».

Puis il s’en affranchit complètement en 1710, en payant six fois la valeur de ce « don ». On nomme des membres de la noblesse, comme le marquis d’Ambly en 1716, pour assurer la répartition de la capitation dans les bailliages de Rethel et de Reims[1].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 969 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 969 = portefeuille. – 151 pièces, papier. –  1718-1787. – Capitation de la noblesse : commissaires chargés de travailler à la répartition. – Circulaires annuelles de l’intendant aux commissaires de la noblesse (1769-1787). – Envoi à l’intendant des lettres de cachet portant nomination des commissaires dont les noms suivent : Louvergny et Sugny (1720) ; comte de Dampierre (1724) ; marquis de Sommeyèvre (1724) ; Dey de Séraucourt (1724) ; Saint-Eulien et Pavant (1726) ; Saint-Eulien (1729) ; Féret (1733) ; Mondéjeux (1736) ; comte de Wignacourt (1740) ; Féret (1742) ; Mesgrigny (1743) ; comte de Gizaucourt (1744) ; comte de Nettancourt (1744) ; Godet de Vadenay (1745) ; marquis de Pleurre (1749) ; marquis de Villennes (1750) ; Féret (1753) ; Godet de Crouy (1753-1766) ; Capy d’Hoiry, Hocart et Renneville (1767) ; marquis d’Ambly (1770-1777) ; Hocart fils (1774) ; Gizaucourt fils (1774-1787) ; comte de Pleurre (1776-1787) ; Béguin de Savigny et Rémont de Saint-Loup (1777-1784) ; marquis de Bienville (1782) ; Cappy fils (1784).]


La capitation et les quartiers d’hiver sont établis « au marc la livre[1] » soit, pour la première, 12 sols 10 deniers, et pour les seconds, 12 sols 3 deniers.


[1] « Au marc le franc, se dit, par référence à une ancienne unité de poids, de la manière de répartir ce qui doit être reçu ou payé par chacun, en proportion de sa créance ou de son intérêt dans une affaire. Les créanciers ont été payés au marc le franc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


A partir de 1710, et pour des périodes plus ou moins longues, sont établis de nouveaux impôts (dixième, vingtième, cinquantième), qui taxent, selon les époques, les revenus.

Cette imposition ne repose pas sur l’ensemble de la population : les nobles en sont dispensés, au nom de l’impôt du sang ; le clergé l’est aussi, pour son rôle spirituel. Seuls les roturiers, artisans, manouvriers, laboureurs y sont soumis, ce qui affaiblit considérablement la province.

Le nombre des exempts et des privilégiés est très grand, et la situation instable de l’époque nuit au commerce et aux cultures, comme le constate l’intendant Larcher[1] dans son Mémoire sur la Champagne[2].


[1] Intendant de la province de Champagne de 1692 à 1699.

[2] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0956 [= Ancien 9351 selon une cotation antérieure], numéro de notice 956, Mémoires sur diverses généralités [XVIIIe siècle, manuscrit en français sur papier, 230, 213, et 200 pages, 350 sur 240 mm, reliure en parchemin vert], tome I, Larcher, Michel, Mémoire sur la généralité de Champagne, dressé par M[ichel Larcher], 1695, 230 p.


Cette grande misère est encore soulignée en 1712 par le sieur Galloys, receveur général des finances. Ce dernier demande de soulager la population d’une partie de l’ustensile car, dans la misère où sont les peuples, il ne peut en faire le recouvrement[1].


[1] Archives nationales, G7 236 [série G = administrations financières et spéciales, sous-série G7 = contrôle général des finances, fonds G7 71-531 = lettres originales adressées au contrôleur général des finances par les intendants des généralités. 1678-1747, articles G7 223-238. Champagne (Châlons-sur-Marne). 1677-1738.]


En 1765, des instructions pour la confection des rôles des tailles et de la capitation dans la généralité de Châlons permettent de comprendre comment est établi le montant de ces impôts, d’autant que, depuis cinq ans, le système d’imposition est passé à la taille tarifiée.

Est pris en compte ce qui relève de l’industrie, ou du travail manuel, que ce soit pour les manouvriers ou les artisans. S’y ajoute ce qui est du domaine de la propriété, ou de la location de biens, selon la déclaration royale du 13 août 1765.


L’imposition de l’industrie est réglée sur la base de deux cents jours par an, dont le prix est fixé suivant les différentes vacations ou métiers. Elle concerne les laboureurs n’ayant pas l’emploi d’une charrue toute l’année, les manouvriers et les artisans.

Certaines catégories en sont exemptées, comme les veufs et veuves de plus de soixante ans. Sont également concernées par cette mesure les personnes vivant « bourgeoisement », c’est-à-dire n’effectuant aucun travail mécanique, ainsi que les domestiques célibataires. Des réductions sont consenties aux veufs et veuves de moins de soixante ans.


Les avocats, notaires, procureurs, sergents, praticiens et chirurgiens la payent. Les commerçants (blatiers[1], coquassiers[2], revendeurs, cabaretiers, etc.) sont taxés comme le sont les biens-fonds.


[1] « Revendeur de blé, de grains. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Marchand de beurre, œufs, volailles », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


Les autres immeubles[1] sont constitués de terres de labour, pour lesquelles on paie la taxe d’exploitation, plus la moitié de celle de propriété. Mais pour d’autres, comme les prés, les vignes, les chènevières, la taxe entière de la propriété est payée. Quant aux maisons, moulins et étangs, ces biens voient la taxe diminuée d’un quart, à cause des réparations et de l’entretien nécessaires.


[1] « Se dit d’un bien qui, par nature, ne peut être transporté d’un lieu à un autre. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


La lourdeur de la fiscalité, et les privilèges dont certains bénéficient, expliquent les revendications qui apparaissent dans les cahiers de doléances de 1789.