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De La Romagne à l’île Bourbon : le destin de Jean Roland Boudsocq (1705-1773)


Jean Roland Boudsocq naît le 2 juin 1705 à La Romagne[1]. Il est le quatrième enfant du couple formé par Henry Boutsocq[2] et Jeanne Dehaulme. Il est baptisé par le prieur curé du village, Louis Potin, qui officie dans la paroisse Saint-Jean[3] de La Romagne depuis mai 1704. Son parrain est Roland Dehaulme (duquel il reçoit le prénom), et sa marraine, Marguerite Dehaulme.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 9/32, consultable en ligne.

[2] D’après les registres des tailles de 1708, conservés aux archives départementales de la Marne,  site de Châlons-en-Champagne, il serait hôtelain, c’est-à-dire aubergiste, cabaretier, hôtelier, hôte, celui chez qui on loge.

[3] L’Evangéliste.


La Cense Boudsocq est actuellement un lieu-dit (petite métairie ou ferme isolée) situé dans la commune de Rubigny (Ardennes). Panneau d'entrée d'agglomération. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 3 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La Cense Boudsocq est actuellement un lieu-dit (petite métairie ou ferme isolée) situé dans la commune de Rubigny (Ardennes). Panneau d’entrée d’agglomération. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 3 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’absence d’acte de mariage[1] fait que la filiation des parents ne peut être attestée avec certitude. Sont-ils des descendants de la famille Boudsocq qui a donné son nom à une cense proche de La Romagne[2] ? Le sont-ils de ceux qui ont essaimé dans les villages voisins ? Aucun document ne permet de l’affirmer.


[1] Tous les registres BMS (baptêmes mariages sépultures) de l’année 1700 ont disparu.

[2] Située sur la route menant de Rocquigny (Ardennes) à Rubigny (Ardennes).


L’aînée des enfants est une fille, Jeanne, née certainement en décembre 1700. Elle meurt[1] âgée de 11 mois, le 1er octobre 1701, et est inhumée dans le cimetière paroissial.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 32/38, consultable en ligne.


François[1], le deuxième enfant, né probablement le 24 février[2] 1702 décède[3] alors qu’il est âgé de dix-sept jours, soit vers le 13 mars suivant[4].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 35/38, consultable en ligne.

[2] Les ratures rendent difficile la lecture du jour.

[3] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 35/38, consultable en ligne.

[4] Les deux actes cités supra se suivent sur le registre.


Deux autres enfants naissent ensuite, Nicolas le 23 juin 1707[1], et Antoine le 19 septembre 1712[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 16/32, consultable en ligne.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 31/32, consultable en ligne.


Jean Roland à dix ans lorsque ses parents décèdent à quelques jours d’intervalle : le père disparaît le 2 août 1715, la mère le 14 août suivant[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 2 = années 1713-1721], page non paginée, vue 12/34, consultable en ligne.


Nul ne sait ce que devient cette fratrie : les registres des actes BMS[1] de La Romagne ont disparu pour la période de 1722 à 1732, et ceux qui leur sont postérieurs restent muets à son sujet. Seul apparaît dans ces derniers un Jacques Boudsocq, qui se révèle être né à Rocquigny et marié en 1713 à La Romagne. La recherche dans les registres des tailles est, elle aussi, infructueuse pour cette période et au-delà. De même, on ne retrouve plus aucune trace de membres de la famille Deheaulme.


[1] Baptêmes, mariages, sépultures.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105357, Plan de Lille de Bourbon sur les mémoires des S[ieu]rs Boucher et Feuilly, 1710, carte manuscrite en couleur, échelle de 5 lieues [= 11 cm], 41,5 × 54,5 cm, note manuscrite historique sur la prise de possession de l’île entre 1642 et 1664, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 11/1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105357, Plan de Lille de Bourbon sur les mémoires des S[ieu]rs Boucher et Feuilly, 1710, carte manuscrite en couleur, échelle de 5 lieues [= 11 cm], 41,5 × 54,5 cm, note manuscrite historique sur la prise de possession de l’île entre 1642 et 1664, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 11/1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Cependant, une preuve de son existence et de son changement de vie apparaît en 1729, lorsqu’il est répertorié[1] sur l’île Bourbon. Comment a-t-il eu connaissance de la colonisation de cette île, située dans l’Océan Indien à plus de douze mille lieues[2] de son village natal, pour commencer une vie totalement différente de celle qu’il a vécue dans le territoire continental?

Qu’a-t-il ressenti en entreprenant un aussi long voyage ? Sur ces différents points, comme sur la première année de son installation dans l’île, on ignore tout, si ce n’est que cette aventure débute par un très long voyage…


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1235, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Environ mille trois cent soixante « lieues de Paris », soit neuf mille deux cents kilomètres en distance à vol d’oiseau ((orthodromique) ; entre deux mille sept cents et trois mille cent « lieues de Paris », soit de dix mille cinq cents à douze mille kilomètres en distance réelle par trajet maritime.


Institut national d'histoire de l'art, document numérique, NUM OA 349, Projet architectural de Lorient & Port-Louis attribué à La Rozière, 18ᵉ siècle, planche à la plume, encre noire et aquarelle, 48 × 102 cm, au verso : inscription au crayon indiquant la cote, image cartographique, reproduite d’après l’original de l’Institut national d'histoire de l'art, OA 349, numérisation effectuée en 2006, notice descriptive consultable en ligne.
Institut national d’histoire de l’art, document numérique, NUM OA 349, Projet architectural de Lorient & Port-Louis attribué à La Rozière, 18ᵉ siècle, planche à la plume, encre noire et aquarelle, 48 × 102 cm, au verso : inscription au crayon indiquant la cote, image cartographique, reproduite d’après l’original de l’Institut national d’histoire de l’art, OA 349, numérisation effectuée en 2006, notice descriptive consultable en ligne.

Depuis la citadelle de Port-Louis (Morbihan), le panorama s’ouvre sur la rade de Lorient, d’où partaient autrefois plusieurs navires de la Compagnie des Indes. Ce point stratégique permettait de surveiller les mouvements maritimes et de protéger le port d’attache. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Depuis la citadelle de Port-Louis (Morbihan), le panorama s’ouvre sur la rade de Lorient, d’où partaient autrefois plusieurs navires de la Compagnie des Indes. Ce point stratégique permettait de surveiller les mouvements maritimes et de protéger le port d’attache. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La citadelle de Port-Louis (Morbihan) est classée monument historique depuis 1948. Elle abrite aujourd’hui le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan) et le musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La citadelle de Port-Louis (Morbihan) est classée monument historique depuis 1948. Elle abrite aujourd’hui le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan) et le musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


Selon les règles de la navigation à voile de l’époque, et le lieu de destination, le voyage peut prendre des mois, voire un an pour les destinations les plus lointaines. Le départ se fait en général de Lorient[1], et plus précisément de Port-Louis[2], une citadelle[3] fortifiée, entre novembre et février pour la Chine, décembre et mars pour l’Inde, mars et avril pour l’île Bourbon[4].

Des escales sont prévues au Cap de Bonne-Espérance[5], que l’on atteint en général au bout de quatre à cinq mois, puis à Madagascar, aux îles Bourbon[6] ou de France[7].


[1] Commune située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.

[2] Commune située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.

[3] Musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Citadelle de Port-Louis : souvenir de visite. Rédigé par Anne Belaud-de Saulce. [Port-Louis] : musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan), 2022. 63 p. : illustrations en couleur ; 22 cm. (Souvenirs de visite). Bibliographie p. 62. Glossaire. Impression : Saint-Thonan, Imprimerie Cloître. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

[4] Haudrère, Philippe. « Les Voyages », dans Les Compagnies des Indes, nouvelle édition augmentée et mise à jour, direction Philippe Haudrère et Gérard Le Bouëdec ; avec la participation du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), Brigitte Nicolas et Louis Mézin. Rennes : Éditions Ouest-France, 2024, p. 67-82. 1 vol. (171 p.) : illustrations en couleurs ; 27 cm. Imprimé à Palaiseau : Imprimerie PPO Graphic. Bibliographie p. 166-168. (Exemplaire provenant de la collection personnelle de l’auteure.)

[5] Éperon rocheux situé actuellement dans la région du Cap-Occidental, en Afrique du Sud.

[6] La Réunion, actuellement département et région d’outre-mer français (DROM).

[7] L’île Maurice, actuellement territoire principal de la république du même nom.


Là-bas, au flanc d’un mont couronné par la brume,
Entre deux noirs ravins roulant leurs frais échos,
Sous l’ondulation de l’air chaud qui s’allume
Monte un bois toujours vert de sombres filaos.

Les Filaos – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

A l’arrivée, il découvre un milieu naturel, dont on peut se faire une idée grâce aux descriptions et aux récits de navigateurs, et qui est à l’opposé de ce qu’il connaissait en quittant le royaume de France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595762, L’Isle de Bourbon anciennement dicte Isle de Mascaregne, [17ᵉ siècle], carte imprimée, 18 × 20,5 cm, figurant des poissons et des navires à voiles, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8415), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595762, L’Isle de Bourbon anciennement dicte Isle de Mascaregne, [17ᵉ siècle], carte imprimée, 18 × 20,5 cm, figurant des poissons et des navires à voiles, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8415), consultable en ligne sur Gallica.

L’île Bourbon est une terre volcanique située au cœur de l’océan Indien[1]. Elle est dominée par deux sommets majeurs : le Piton des Neiges et le Piton de la Fournaise. D’une superficie d’environ deux mille cinq cents kilomètres carrés, elle est entièrement recouverte de forêts au moment de sa découverte.

Ces forêts varient selon l’altitude et abritent des essences spécifiques[2] telles que les tamarins[3], les calumets de Bourbon[4] et les fougères arborescentes[5]. Deux zones échappent toutefois à ce couvert forestier : elles se caractérisent par des paysages de savane ou de bruyère.


[1] Lavaux, Catherine. La Réunion : du battant des lames au sommet des montagnes. Paris : Éditions du Pacifique, 1991. 383 p. : illustrations ; 23 cm. Bibliographie p. 380. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

[2] Indigènes ou autochtones, voire endémiques pour certaines d’entre elles.

[3] Le « Petit Tamarin des Hauts » correspond à Sophora denudata Bory, 1804, tandis que le « Tamarin des Hauts » désigne Acacia heterophylla (Lam.) Willd., 1806. Voir les notices descriptives consultables en ligne sur le site du parc national de La Réunion.

[4] Nastus borbonicus J. F. Gmel., 1791, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

[5] Cyathea glauca Bory, 1804 (Fanjan femelle) et Cyathea borbonica Desv., 1811 (Fanjan mâle). Voir les notices descriptives consultables en ligne sur le site du parc national de La Réunion.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595761, I. do Mascarenhas, [16e siècle], carte imprimée, 11,5 × 16 cm, pagination : 8, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8414), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595761, I. do Mascarenhas, [16e siècle], carte imprimée, 11,5 × 16 cm, pagination : 8, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8414), consultable en ligne sur Gallica.

Cette île fait partie de l’archipel des Mascareignes[1], nom donné en l’honneur du navigateur portugais Pedro Mascarenhas[2]. Durant une trentaine d’années, sa côte n’est qu’un point de relâche[3] pour les navires, qui peuvent ainsi se ravitailler en eau.


[1] Il se compose des îles de La Réunion, Maurice et Rodrigues.

[2] Né vers 1484 à Mértola (Portugal) et décédé le 23 juin 1555 à Goa (Inde).

[3] Relâcher signifie dans le vocabulaire de la navigation « s’arrêter, faire escale en un lieu, souvent en fonction des nécessités de la navigation ou d’incidents imprévus. La tempête les obligea à relâcher. Le navire a relâché à Brest. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Canons du Juste, vaisseau français échoué près de Saint-Nazaire après la bataille des Cardinaux (1759). Dépôt du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Canons du Juste, vaisseau français échoué près de Saint-Nazaire après la bataille des Cardinaux (1759). Dépôt du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Jacques Pronis[1], agent de la Compagnie française d’Orient (1642-1664), créée par Richelieu, fonde la colonie de Fort-Dauphin[2] à Madagascar, qu’il gouverne. Ses manières de faire provoquent la colère et la révolte de certains colons. En 1646, il exile sur l’île « Bourbon[3] » quelques mutins, qui y resteront jusqu’en 1649.


[1] Ou Jacques de Pronis (6 octobre 1619, La Rochelle – 23 mai 1655, Madagascar), administrateur colonial français, actif au XVIIe siècle, notamment dans la région de l’océan Indien.

[2] Ou Tôlanaro, commune située actuellement dans le district de Taolanaro, la région Anosy, la province de Toliara, à Madagascar.

[3] Elle n’est pas nommée ainsi à cette époque. L’île aujourd’hui connue sous le nom de La Réunion a porté diverses appellations au fil de son histoire : d’abord désignée sous la dénomination de Santa Apolonia, en référence au jour de la Sainte Apolline, sur les cartes portugaises, elle devint l’île Bourbon en 1649 sous la domination française, rebaptisée Île de La Réunion en 1793 lors de la Révolution, temporairement appelée Île Bonaparte entre 1806 et 1810, avant de retrouver le nom d’île Bourbon après 1815, pour finalement reprendre définitivement le nom de La Réunion après 1848.


Entrée du musée de la Compagnie des Indes. Ce lieu retrace l’histoire maritime et commerciale de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, à travers les grandes compagnies coloniales et les routes vers l’Asie, l’Afrique et les Amériques. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la Citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entrée du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Ce lieu retrace l’histoire maritime et commerciale de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, à travers les grandes compagnies coloniales et les routes vers l’Asie, l’Afrique et les Amériques. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la Citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La colonisation ne devient effective qu’à partir de la disparition de la Compagnie française de l’Orient, et de la création par Colbert de la Compagnie des Indes orientales (1664-1719) : celle-ci répond à la volonté de Louis XIV de développer la puissance maritime de la France, et de contrecarrer le commerce des Anglais et des Hollandais.

Ces derniers, présents sur l’île Mauritius[1], l’abandonnent en 1715, si bien que les Français la récupèrent au nom du roi de France et s’y installent. Elle prend alors le nom d’île de France.


[1] Nom donné par les navigateurs portugais.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595768, Plan de l’isle de Bourbon, [17e siècle], carte manuscrite, 38,5 × 49 cm, présence d’une rose des vents, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8421), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595768, Plan de l’isle de Bourbon, [17e siècle], carte manuscrite, 38,5 × 49 cm, présence d’une rose des vents, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8421), consultable en ligne sur Gallica.

Lorsque la colonisation de l’île Bourbon est décidée, la Compagnie des Indes recrute pour en faire des colons, des artisans de différents corps de métier, mais aussi des soldats, dont elle exige qu’ils aient un métier civil.

Elle fait construire par des esclaves, qui viennent majoritairement de Madagascar, des habitations en bois, des magasins, des entrepôts, des bâtiments administratifs, etc. Étienne Régnault, ancien commis aux écritures de Colbert, est le premier gouverneur de l’île de Bourbon du 5 août 1665 au 8 mai 1671.


Cloche de brume du XIXᵉ siècle, instrument essentiel à la sécurité maritime. Elle symbolise la lutte contre les aléas et les fortunes de mer, rappelant les dangers constants auxquels sont exposés les marins. Dépôt du Service des phares et balises. Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cloche de brume du XIXᵉ siècle, instrument essentiel à la sécurité maritime. Elle symbolise la lutte contre les aléas et les fortunes de mer, rappelant les dangers constants auxquels sont exposés les marins. Dépôt du Service des phares et balises. Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Une partie de la forêt de l’île disparaît au début du XVIIIe siècle avec :

  • l’accélération de la colonisation ;
  • l’accroissement d’une population qui a besoin de terres pour les cultures vivrières ;
  • la construction d’une flotte pour transporter les marchandises, acheminer (gratuitement) les missionnaires évangélisateurs, et défendre les biens et les personnes[1].

[1] Cependant, en cas de « fortune de mer » (tempêtes, naufrages, abordages, avaries, etc.), la flotte royale lui prête assistance.


L’escadre de Chine (1745-1746) était une flottille française composée notamment du Prince de Conty, du Philibert et de l’Aimable, chargée d’assurer le commerce et de protéger les intérêts français en Asie pendant la guerre de Succession d’Autriche. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’escadre de Chine (1745-1746) était une flottille française composée notamment du Prince de Conty, du Philibert et de l’Aimable, chargée d’assurer le commerce et de protéger les intérêts français en Asie pendant la guerre de Succession d’Autriche. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir du peuplement de cette île, les navires (dont certains appartiennent à des corsaires[1] ou des pirates[2]) se procurent aussi des denrées alimentaires diverses, pour que les escadres[3] soient en mesure de poursuivre leurs voyages jusqu’aux comptoirs de l’Inde, et que l’équipage puisse résister au scorbut[4].


[1] « Bâtiment qui, en temps de guerre, était armé en course par des particuliers en vertu d’une commission du gouvernement. » et, par métonymie, le « capitaine commandant un tel bâtiment. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Aventurier qui se livre au brigandage sur mer, membre d’un équipage qui attaque et pille des navires marchands. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. [Nota bene : le flibustier est un « aventurier appartenant aux bandes de pirates qui, au XVIIe et au XVIIIe siècle, écumaient les mers des Antilles. »]

[3] « Force navale, d’importance variable, composée de bâtiments de combat de divers types, placés sous les ordres d’un officier général. », terme utilisé dans le domaine de la marine militaire, selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Maladie due à une carence en vitamine C, qui se manifeste par des hémorragies, des troubles gastro-intestinaux, le déchaussement des dents et une cachexie progressive pouvant être mortelle. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Vers 1715, la Compagnie est rattachée à Fort-Dauphin. Elle reçoit un certain nombre de privilèges dont :

  • le droit de propriété des terres ;
  • le droit de justice ;
  • le droit d’établir des garnisons ;
  • le droit de battre monnaie ;
  • le droit de faire commerce d’esclaves ;
  • le droit d’armer des navires de commerce et de guerre.

Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire ML 389 C 195. Bouteille à thé quadrangulaire en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1720. Col cerclé de métal et bouchon en bois sculpté. Décor imari chinois combinant bleu de cobalt sous couverte et émaux polychromes sur couverte (rouge de fer, vert, noir, doré). Chaque face alterne entre scène galante à l’européenne — figures hollandaises en promenade — et composition florale nouée. Chrysanthèmes sur fond rouge sur l’épaulement. Production d’exportation sous le règne de Kangxi.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire ML 389 C 195. Bouteille à thé quadrangulaire en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1720. Col cerclé de métal et bouchon en bois sculpté. Décor imari chinois combinant bleu de cobalt sous couverte et émaux polychromes sur couverte (rouge de fer, vert, noir, doré). Chaque face alterne entre scène galante à l’européenne — figures hollandaises en promenade — et composition florale nouée. Chrysanthèmes sur fond rouge sur l’épaulement. Production d’exportation sous le règne de Kangxi.

Ces pouvoirs qui lui sont attribués s’étendent de l’Afrique (jusqu’à Madagascar) à la Chine. Ils sont abolis en 1764, lors de la rétrocession de l’île au roi de France. Mais auparavant, ils lui permettent d’administrer l’île, de développer ses ressources et de s’enrichir.

Dès 1769, le commerce privé s’empare du négoce de l’Océan Indien, et ce jusqu’en 1785. Une troisième organisation voit alors le jour : la Compagnie de Calonne (1785-1793) qui, à l’inverse des précédentes, n’a pas de pouvoir civil ou militaire dans ses comptoirs.


Un large ruban d’or illumine la cime
Des coteaux dont la brume a noyé le versant.
L’horizon se déchire, et le soleil descend
Sous les nuages roux qui flottent dans l’abîme
Comme un riche archipel sur une mer de sang.

Le Semeur – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Elle fournit aux colons des terres à mettre en valeur, sous forme de concessions. Celles-ci sont soumises à des impôts (cens[1], « lods[2] et ventes », etc.). Au départ, elles s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares. Mais au fil des arrivées successives au cours du XVIIIe siècle, leur superficie diminue progressivement, ne représentant plus que cinq à cinquante hectares selon les endroits.


[1] « Redevance de toute nature que certains détenteurs de biens devaient annuellement au seigneur du fief dont ils relevaient. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Seulement dans l’expression Lods et ventes, pour désigner la redevance due au seigneur lors de la vente d’une partie du territoire sur lequel s’étendaient ses droits. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque départementale de La Réunion, R14935.130. Louis Antoine Roussin (1819–1894), Album de la Réunion. Café. Coffea Arabica : famille des Rubiacées, 1860. Lithographie en couleurs sur papier ; dimensions de la feuille : 31 × 23 cm. Imprimée à La Réunion par A. Roussin (Imprimerie A. Roussin). Estampe extraite de l’Album de l'île de la Réunion : recueil de dessins représentant les sites les plus pittoresques..., tome 2, page 130, publié à Saint-Denis entre 1860 et 1867. Langue : français.
Bibliothèque départementale de La Réunion, R14935.130. Louis Antoine Roussin (1819–1894), Album de la Réunion. Café. Coffea Arabica : famille des Rubiacées, 1860. Lithographie en couleurs sur papier ; dimensions de la feuille : 31 × 23 cm. Imprimée à La Réunion par A. Roussin (Imprimerie A. Roussin). Estampe extraite de l’Album de l’île de La Réunion : recueil de dessins représentant les sites les plus pittoresques…, tome 2, page 130, publié à Saint-Denis entre 1860 et 1867. Langue : français.

Au début du XVIIIe siècle, la Compagnie développe la culture du café.  Elle s’occupe de la fourniture des plants, qu’elle achemine. Elle impose, par une ordonnance de 1724, la culture d’au moins deux cents pieds par habitation[1] se lançant dans cette production. A la récolte, le café est acheté aux producteurs cinq sous la livre.

Elle gère ensuite la commercialisation d’autant qu’elle dispose du monopole pour la France. Elle assure grâce à ce produit, le fret de retour de ses navires.


[1] L’habitation désigne à la fois la maison du propriétaire, les cases et les entrepôts faisant partie du domaine.


Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire 793.1.736. Bassin ovale en porcelaine « famille verte », Chine, vers 1715-1720. Porcelaine à glaçure polychrome et rehauts dorés, produite sous le règne de Kangxi. Le décor, caractéristique de la « famille verte », associe oiseaux, fleurs (pivoine, prunus, chrysanthème) et poissons en médaillon. Ornementation répartie sur les parois intérieures et extérieures. Objet d’exportation vers l’Europe, issu de la collection Robien, saisie à Rennes en 1794.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire 793.1.736. Bassin ovale en porcelaine « famille verte », Chine, vers 1715-1720. Porcelaine à glaçure polychrome et rehauts dorés, produite sous le règne de Kangxi. Le décor, caractéristique de la « famille verte », associe oiseaux, fleurs (pivoine, prunus, chrysanthème) et poissons en médaillon. Ornementation répartie sur les parois intérieures et extérieures. Objet d’exportation vers l’Europe, issu de la collection Robien, saisie à Rennes en 1794.

La compagnie prend pour nom celui de Compagnie perpétuelle des Indes (1719-1769)[1] jusqu’à sa rétrocession. Elle naît d’une fusion de diverses compagnies de commerces à privilèges comme l’étaient les Compagnies des Indes orientales, du Sénégal ou de Chine, ce qui entraîne des changements politiques et administratifs.


[1] La Compagnie perpétuelle des Indes, fondée en 1719 par John Law, résulte de la fusion de plusieurs compagnies, dont la Compagnie des Indes orientales (1664). L’adjectif « perpétuelle » est ajouté en 1723 pour souligner un monopole commercial censé durer indéfiniment, mais qui ne sera pas maintenu dans les faits.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105372, Veue de la Rade et du bourg de St. Denis à l’Isle de Mascarin, manuscrit daté du 17ᵉ ou 18ᵉ siècle [S.l.]. Format : 1 carte manuscrite, 25 x 36,5 cm. Notes manuscrites au verso indiquant « Vue de la rade de St Denis » ; légende des bâtiments représentés présente. Orientation au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105372, Veue de la Rade et du bourg de St. Denis à l’Isle de Mascarin, manuscrit daté du 17ᵉ ou 18ᵉ siècle [S.l.]. Format : 1 carte manuscrite, 25 x 36,5 cm. Notes manuscrites au verso indiquant « Vue de la rade de St Denis » ; légende des bâtiments représentés présente. Orientation au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Alors que les débuts de l’organisation de la colonisation ont été assez anarchiques, la Compagnie entretient à partir de 1722 une troupe de cent cinquante hommes pour veiller à la sérénité de l’île, et ce d’autant plus que des révoltes d’esclaves éclatent assez souvent, et que le marronnage[1] se développe sur toute l’île.


[1] « État d’un esclave marron. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. Voir infra la définition de marron.



Des règlements régulièrement promulgués durcissent les sanctions[1] (« fers à un pied », flétrissure sur une ou deux épaules, fouet, patrouille de recherches nocturnes). Des récompenses (en espèces ou sous la forme du don d’un esclave) sont accordées aux « chasseurs de marrons[2] ». Quand c’est un esclave qui réalise cette prise, il reçoit une pièce de toile.


[1] Ève, Prosper, « Le marronnage à Bourbon/La Réunion », 52 pages [article PDF], consultable en ligne sur le site du musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion). [Nota bene : Prosper Ève est professeur émérite d’histoire moderne à l’Université de La Réunion, chercheur au CRESOI (Centre de recherches sur les sociétés de l’océan Indien), et président de l’AHIOI (Association historique internationale de l’océan Indien). Le musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), est une ancienne société de plantation dédiée à l’histoire et aux mémoires de l’esclavage à La Réunion.]

[2] « S’est dit d’un esclave réfugié dans les bois pour y vivre en liberté. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105366, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis la rivière de Ste. Suzanne jusque à la Grande Ravine ; Plan de la baie et du mouillage de St. Denis dans le nord de l’Isle de Bourbon, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 36,5 × 47 cm, échelles : 2 lieues [= 14,5 cm] et 600 toises [= 8 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105366, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis la rivière de Ste. Suzanne jusque à la Grande Ravine ; Plan de la baie et du mouillage de St. Denis dans le nord de l’Isle de Bourbon, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 36,5 × 47 cm, échelles : 2 lieues [= 14,5 cm] et 600 toises [= 8 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Administrativement, entre 1735 et 1746, l’île Bourbon est dirigée par un commandant subordonné au gouverneur général résidant à l’île de France. Il est accompagné d’un Conseil supérieur, sorte de corps administratif et d’assemblée de marchands. Trois de ces conseillers font office de commandant de quartier : à Saint-Paul[1], Saint-Pierre[2] et Sainte-Suzanne[3].


[1] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).

[2] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).

[3] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).


Comme le nombre de soldats entretenus par la compagnie est insuffisant, chaque quartier, que ce soit Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Denis[1] a une milice composée de deux classes : les colons, et un groupe statutaire composé d’affranchis et de descendants d’affranchis. Elle est chargée de la police intérieure et de la défense de l’île.


[1] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Lors de son arrivée, Jean Roland Boudsocq peut constater que la population originaire du territoire métropolitain est moins importante que celle des esclaves. Il est vrai que la culture des caféiers provoque une demande accrue de main-d’œuvre.


Son mariage avec une créole[1], Marie Anne Gruchet[2], peut s’expliquer par les relations qui ont pu exister entre lui et Jean Gruchet, son beau-père. Le premier est employé par la Compagnie dès 1730, et le deuxième est aussi au service de celle-ci.


[1] « Originellement, personne de famille européenne, née dans une des anciennes colonies des régions tropicales de l’Amérique et de l’océan Indien, et plus particulièrement aux Antilles. » Par extension, « toute personne née dans ces régions, quelle que soit son ascendance. Adjectivement. Un Noir créole, né dans ces colonies et non en Afrique. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Née le 2 novembre 1710 à Saint-Paul [Nota bene : la date de son décès demeure inconnue à ce jour, en l’état actuel des recherches.]


Les relations avec la Compagnie, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, sont d’ailleurs incontournables : pour se procurer la moindre chose, il faut y avoir recours, car elle détient dans ses entrepôts les objets et des denrées indispensables à la vie au quotidien.


Flots qui portiez la vie au seuil obscur des temps,
Qui la roulez toujours en embryons flottants
Dans le flux et reflux du primitif servage,
Eternels escadrons cabrés sur un rivage
Ou contre un roc, l’écume au poitrail, flots des mers,
Que vos bruits et leur rythme immortel me sont chers !

Flots des mers – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Jean Gruchet[1] est né vers 1666 à Lisieux[2]. Il est mort le 8 juillet 1744[3] à Saint-Paul[4]. Après un voyage de sept mois jusqu’à l’île de Bourbon sur le Saint-Jean-Baptiste[5], il débarque en décembre 1689 avec une vingtaine d’autres colons, principalement des artisans.


[1]  Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1179, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Commune située actuellement dans le département du Calvados, en région Normandie. 

[3] L’état civil est manquant pour l’année 1744. Cette date provient de la source mentionnée infra.

[4] Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant un inventaire et partage de la succession Jean Gruchet, époux de Jacquette Leverque en secondes noces. [Nota bene : Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, ont informé l’auteure que le contrat du premier mariage de Roland Boutsocq Deheaulme avec Marie Anne Gruchet (1732) demeure introuvable malgré leurs recherches. En revanche, elles ont pu localiser l’inventaire et le partage cotés 3E 41. Ces documents, trop volumineux pour être reproduits, nécessitaient une consultation sur place. L’auteure remercie chaleureusement Patrick Jacquemart d’en avoir transmis les images.]

[5]  Ce navire eut par la suite un destin tragique : d’une capacité de 150 tonneaux et armé à Port-Louis (Morbihan), il arriva à l’île Bourbon le 5 décembre 1689. Moins d’un mois plus tard, le 31 décembre 1689, il fut détruit par un cyclone dans la baie de Saint-Paul, où il fit naufrage.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105380, Port découvert par le Sr Habert de Vauboulon en l'Isle Bourbon vers la rivière du Marsouin..., 1690, plan manuscrit, 46,5 × 34 cm, note manuscrite au verso : « Avec sa lettre à Monsieur [Dehargny] du 1er octobre 1690 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 9 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105380, Port découvert par le Sr Habert de Vauboulon en l’Isle Bourbon vers la rivière du Marsouin…, 1690, plan manuscrit, 46,5 × 34 cm, note manuscrite au verso : « Avec sa lettre à Monsieur [Dehargny] du 1er octobre 1690 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 9 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Henry Habert de Vauboulon[1], qui deviendra gouverneur de l’île, se trouve sur le même navire de la Compagnie. Ces deux passagers restent assez proches l’un de l’autre, mais Jean Gruchet ne suivra pas le gouverneur dans ses turpitudes, et autres opérations hasardeuses.


[1] Bibliothèque François-Mitterrand, site François-Mitterrand, 8-O3S-479, Bénard, Jules ; Bernard Monge. L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais : dictionnaire du peuplement, 1663-1713. Saint-Denis : Azalées éditions. Imprimé à Saint-André (La Réunion) : Imprimerie Graphica, 1994, 215 pp., pages 201-202.



Recruté d’abord comme armurier par la Compagnie des Indes, il exerce plusieurs métiers une fois installé dans l’île, en fonction des besoins du moment, ce qui implique d’une manière générale, pour les colons, d’être habiles dans divers domaines : il est ainsi coutelier, taillandier, charpentier, menuisier, forgeron, etc.


Jean Gruchet séjourne à Saint-Paul à partir de son mariage le 28 juillet 1692 avec une jeune créole, Jeanne Bellon (née le 4 novembre 1676 à Saint-Paul, mort le 30 mai 1729 à Saint-Paul). De ce couple naissent onze enfants, dont neuf filles et deux garçons. Marie Anne Gruchet, cité supra, est la huitième.


Totalement illettré, Jean Gruchet est décrit comme un homme plutôt sobre, qui ne joue pas, et un travailleur acharné, selon Antoine Boucher[1]. Il réussir à bâtir une solide fortune, aidé en cela par la découverte de deux jarres d’argent et d’or en 1729, trésor qu’auraient laissé des pirates qui relâchaient dans l’île.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2015-309679, Boucher, Antoine ; Barassin, Jean ; Cercle généalogique de Bourbon. Mémoire pour servir à la connoissance particulière de chacun des habitans de l’isle Bourbon ; suivi des notes du père Barassin. Sainte-Clotilde : Surya éditions, imprimé en Inde, 2015, 452 p., illustrations, 24 cm, pages 141-143, 338, passim.


Monts superbes, dressez vos pics inaccessibles
Sur le cirque brumeux où plongent vos flancs verts !
Métaux, dans le regret des chaleurs impossibles,
Durcissez-vous au fond des volcans entr’ouverts !

L’orgueil – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Il obtient, en 1720, la concession de trois terrains à la « montagne Saint-Paul »[1], chacun d’entre eux jouxtant des propriétés appartenant aux sœurs de sa femme. Le premier se situe en hauteur, à côté d’une forêt de bois de fer[2], le deuxième est au milieu, et le troisième en bas, à proximité de pignons d’Inde[3]. Ils longent également d’un autre côté un massif de bois rouge[4] et, plus bas, de bois jaune[5]. Il fait défricher ces terres par ses esclaves, et s’en procure d’autres au Boucan des malades[6], où il fait de l’élevage.


[1] « 1720. Extraits de contrats de concession accordés à divers. 3 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 114, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 33/381, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2093 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 2088-2131 = D. Etats et extraits ; cotes 2088-2105 = 1.  – Canton de Saint-Paul.]

[2] Sideroxylon majus (Gaertner fils) Baehni, notice descriptive consultable en ligne sur le site du parc national de La Réunion.

[3] Jatropha curcas L., 1753, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

[4] Cassine orientalis (Jacq.) Kuntze, 1891, notice descriptive consultable en ligne sur le site du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

[5] Ochrosia borbonica J. F. Gmel,1791, notice descriptive consultable en ligne sur le site du site des Parcs nationaux de France.

[6] Ce lieu-dit dépend aujourd’hui de la commune de Saint-Paul, sur la côte ouest de La Réunion, entre Boucan Canot et Saint-Gilles-les-Bains.


Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Première page de l’acte. Rappel de l’apposition des scellés le 8 juillet 1744 et annonce de l’inventaire le 14 juillet. Fait à la requête de Roland Boudsocq Deheaulme, garde-magasin de la Compagnie des Indes, et d’Antoine Maunier, ancien capitaine de bourgeoisie. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Première page de l’acte. Rappel de l’apposition des scellés le 8 juillet 1744 et annonce de l’inventaire le 14 juillet. Fait à la requête de Roland Boudsocq Deheaulme, garde-magasin de la Compagnie des Indes, et d’Antoine Maunier, ancien capitaine de bourgeoisie. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

L’inventaire de sa succession[1], dressé à partir du 14 juillet 1744, détaille le mobilier contenu dans les différentes habitations. On y trouve des couchettes à bas piliers[2] garnies de matelas de laine, d’oreillers et de couverture de « chitte[3] », des tables en natte à petites feuilles[4], avec tiroir et pieds en bois tournés, des chaises ou des pliants en bois de pomme[5], de nombreux miroirs , souvent de petite taille, une pendule, des coffres, une armoire à deux battants et trois tablettes, un buffet à deux battants, etc.


[1] Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant un inventaire et partage de la succession Jean Gruchet, époux de Jacquette Leverque en secondes noces.

[2] Lits légèrement surélevés par de petits supports, destinés à isoler du sol, favoriser la ventilation et protéger de l’humidité ou des nuisibles.

[3] Probablement du chintz, « tissu d’ameublement en coton imprimé dont une des faces est d’un brillant un peu glacé. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] Petit natte ou Labourdonnaisia calophylloides Bojer, 1841, notice descriptive consultable en ligne sur le site du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

[5] Syzygium cordemoyi Bosser & Cadet, 1987, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).


Musée de la Compagnie des Indes, numéro d’inventaire 996.71. Vase balustre en porcelaine, « famille verte », Jingdezhen, Chine, vers 1710. À panse renflée et col resserré, cette pièce en porcelaine est recouverte d’une glaçure vitrifiée. Produite à Jingdezhen, centre majeur de la porcelaine impériale, elle témoigne du raffinement technique encouragé sous le règne de l’empereur Kangxi. À cette époque, les fours impériaux sont dirigés par Lang Tingji, grand promoteur de la qualité des porcelaines destinées à la cour et à l’exportation. Ces pièces séduisent alors l’élite européenne, notamment par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes, qui contribue activement à leur diffusion en Occident.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), numéro d’inventaire 996.71. Vase balustre en porcelaine, « famille verte », Jingdezhen, Chine, vers 1710. À panse renflée et col resserré, cette pièce en porcelaine est recouverte d’une glaçure vitrifiée. Produite à Jingdezhen, centre majeur de la porcelaine impériale, elle témoigne du raffinement technique encouragé sous le règne de l’empereur Kangxi. À cette époque, les fours impériaux sont dirigés par Lang Tingji, grand promoteur de la qualité des porcelaines destinées à la cour et à l’exportation. Ces pièces séduisent alors l’élite européenne, notamment par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes, qui contribue activement à leur diffusion en Occident.

Pour les repas et les réceptions, la vaisselle est importante, avec au moins cinq services de verres, de nombreux gobelets, flacons et carafes, des plats en étain, des services en porcelaine, des gargoulettes[1], des pots en faïence, vingt-deux nappes, soixante-quatorze serviettes en toile de coton, et des « couteaux flamands »[2].


[1] « Vase en terre poreuse où l’eau se rafraîchit par évaporation, et dont le bec étroit permet de diriger le jet d’eau au fond de la gorge. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Soulat, Jean. « Le couteau flamand : du marin hollandais à la traite coloniale », Les Cahiers LandArc, n° 48, août 2022, 17 pages [article PDF], consultable en ligne sur le site du LandArc. [Nota bene : LandArc est un laboratoire français spécialisé en archéologie, archéométrie et histoire des techniques. Il publie régulièrement ses Cahiers LandArc, une revue scientifique portant sur des fouilles, des découvertes et des patrimoines archéologiques, avec un accent particulier sur les contextes littoraux et maritimes.]


En outre, l’inventaire vestimentaire donne des précisions sur la provenance des étoffes : de la calmande[1], du nankin[2], du guingan[3], de la mousseline[4], du gros drap[5], du camelot[6], de l’armoisin[7], qui soulignent la prospérité du commerce établi avec l’Inde et la Chine par la Compagnie. La présence de fils de coton bleus, et de vingt livres de laine, suggère une économie domestique, destinée à un usage personnel.


[1] « Étoffe de laine lustrée d’un côté, comme le satin. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Toile de coton épaisse, qui est ordinairement d’un jaune chamois. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Sorte de toile de coton fine et lustrée. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Toile de coton très fine, légère et transparente. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] « Étoffe de laine pure ou mélangée, à la surface duveteuse, que diverses opérations ont resserrée et rendue plus résistante. Une pièce de drap fin, de gros drap. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[6] « Étoffe faite primitivement de poil de chameau, fort prisée au Moyen Âge, puis simplement de poil de chèvre ou de laine de mouton. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[7] « Taffetas faible et peu lustré. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Reconnaissance de l’exactitude du début de l’inventaire établi devant des témoins, dont Roland Deheaulme. Le paraphe de certains manque, bien qu’ils soient présents, car ils ne savaient ni écrire ni signer. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Reconnaissance de l’exactitude du début de l’inventaire établi devant des témoins, dont Roland Deheaulme. Le paraphe de certains manque, bien qu’ils soient présents, car ils ne savaient ni écrire ni signer. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Signature de l’acte établi à la fin de la journée du 14 juillet 1744. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Signature de l’acte établi à la fin de la journée du 14 juillet 1744. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Des outils (dont quatre-vingt-dix-sept différents) : haches, serpes, varlopes[1], rabots, établi de menuisier, scies, scie de long, masse, pioches, bêches, étrille[2] avec gouge, lames de couteaux, et cent soixante-dix-huit livres de fer attestent des nombreuses activités exercées par Jean Gruchet à la suite de son installation dans l’île. Ses biens témoignent aussi de son enrichissement, qui assure une certaine aisance à ses héritiers[3].


[1] « Très long rabot, muni à l’arrière d’une poignée facilitant la poussée, qui sert à travailler, à aplanir une pièce, une surface. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Instrument métallique dentelé servant au pansage des chevaux, des mulets, etc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] Une telle analyse historique d’un inventaire de succession offre un éclairage concret sur la vie quotidienne à La Réunion au XVIIIe siècle. Sur ce point, voir aussi l’ouvrage d’Albert Jauze, Vivre à l’île Bourbon au XVIIIe siècle : usages, mœurs et coutumes d’une colonie française sur la route des Indes de 1715 à 1789, illustrations originales de Benjamin Combard, préface de Daniel Roche, Paris, Riveneuve éditions ; musée historique de Villèle, Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), 2017, 376-XIV p. : illustrations en couleur ; 27 cm.  (Collection patrimoniale Histoire ; Riveneuve océan Indien), quatrième partie « Rusticité, facettes multiples d’une société agreste », chapitre 3 : « L’exemple d’un habitant, François Lelièvre époux de Jeanne Lépinay », p. 335-344. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)



Sa première femme est la fille de Jean Bellon[1] et d’Antoinette Renaud[2], des primo-arrivants, venus dès 1667 sur l’un des navires de la flotte de Mondevergue[3]. Elle veille à l’éducation de ses filles, dont plusieurs savent écrire. Marianne[4] reçoit, lorsque sa mère est veuve pour la seconde fois, la part d’héritage lui revenant de son père.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 138, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Elle sera la première marraine figurant dans les registres de l’île.

[3]  François Lopès [Lopis], marquis de Montdevergues, marin et administrateur colonial français. Cf. Bibliothèque François-Mitterrand, site François-Mitterrand, 8-O3S-479, Bénard, Jules ; Bernard Monge. L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais : dictionnaire du peuplement, 1663-1713. Saint-Denis : Azalées éditions. Imprimé à Saint-André (La Réunion) : Imprimerie Graphica, 1994, 215 pp., page 208.

[4] Variante orthographique de Marie Anne.


Le contrat de mariage, signé le 25 septembre 1732 auprès de maître Morel[1], aurait pu apporter des renseignements sur les futurs époux et leurs ascendants. Mais la communication de celui-ci s’est révélée impossible[2], le dossier étant « en déficit[3] ».


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1235, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Selon des échanges par courriel des 11 et 21 mars 2025 avec Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, ce document demeure introuvable (voir supra).

[3] En archivistique, cette expression désigne une absence ou une lacune dans un fonds ou une collection, par rapport à ce qui serait attendu ou nécessaire pour assurer une représentation complète, cohérente et fiable d’un ensemble documentaire.


L’acte d’état civil, établi le 30 septembre 1732[1], montre que deux mariages sont célébrés à la même date. Le premier concerne celui de Jean Malesse[2] et de Marie Monique Gruchet, sœur cadette de Marianne. Le second, entre cette dernière et Jean-Roland, comporte des erreurs, qui expliquent le glissement du nom de Boutsocq à celui de Dehaulme[3]. Le marié est en effet déclaré comme étant le fils d’Henry Dehaulme et de Jeanne Bourdois[4].

Non seulement, il y a une confusion entre la filiation paternelle (Henry Boudsocq) et la filiation maternelle (Jeanne Deheaulme). Mais, en plus, cette dernière est remplacée par Jeanne Bourdois (en fait, probablement sa grand-mère maternelle). Cette erreur s’explique sans doute par la similitude des prénoms.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1732, vue 5/8, consultable en ligne.

[2] Ou jean Mallet, selon une variante orthographique.

[3] Ou de Haulme, selon une variante orthographique.

[4] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1732, vue 5/8, consultable en ligne.


Du fait de cet imbroglio, les enfants, puis les descendants de Henry Boutsocq, vont désormais s’appeler « Deheaulme », en un ou deux mots, et avec des variantes orthographiques et anthroponymiques[1]. Alors que le double nom est le plus souvent présent dans les documents de la Compagnie, ce n’est pas le cas pour l’état civil.


[1] L’anthroponymie est la « partie de l’onomastique qui étudie les noms de personnes. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Cependant, en 1790, sur l’acte de mariage d’une de ses petites-filles[1], le nom de Boutsocq réapparaît sous une orthographe éloignée de la graphie d’origine (Boutsooc), et en 1816 sous la forme de Boutsoock Deheaulme. 


[1] Anne Marie Françoise, décédée le 6 août 1861 à Saint-Pierre.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, n° d’inventaire 75.3407.1-60, Armand Léon (1835-1922), Carnet de dessins et d'aquarelles de voyage en Océanie, Guyane et en Terre de Feu, 1861, aquarelle sur papier pleine page, 27,5 × 39 cm, représentant Saint-Denis, île de La Réunion, carnet relié contenant 59 aquarelles, dessins et tirages sur papier albuminé, donateur monsieur Joubert, image reproduite d’après l’original du musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), numéro d’inventaire PA000361, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, n° d’inventaire 75.3407.1-60, Armand Léon (1835-1922), Carnet de dessins et d’aquarelles de voyage en Océanie, Guyane et en Terre de Feu, 1861, aquarelle sur papier pleine page, 27,5 × 39 cm, représentant Saint-Denis, île de La Réunion, carnet relié contenant 59 aquarelles, dessins et tirages sur papier albuminé, donateur monsieur Joubert, image reproduite d’après l’original du musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), numéro d’inventaire PA000361, notice descriptive consultable en ligne.

On peut désormais suivre l’itinéraire familial et professionnel de Jean Roland Boutsocq à partir de son entrée dans l’une des premières familles établies dans l’île. De 1733 à 1753, naissent douze enfants :

  • Marie Anne Charlotte, née le 5 juillet 1733 à Saint-Paul.
  • Antoine Roland, ne lé 26 août 1735 à Saint-Paul et baptisé le 27 août ;
  • Louis Norbert, né le 21 août 1737 à Saint-Paul ;
  • Henriette Olympiade, née en 1739, décédée à l’âge de quatre ans ;
  • une petite fille morte à la naissance le 17 janvier 1742, et non prénommée ;
  • Marie-Hortense, née le 4 janvier 1743, décédée le 11 des mêmes mois et année ;
  • des jumelles, Elisabeth et Anne, nées le 16 décembre 1743.
  • Gaspard François, né le 16 avril 1746 et décédé 5 jours plus tard ;
  • Bertrand Montand[1], né le 9 mai 1747 et décédé le 16 mai ;
  • Jean Valfroy, né le 13 octobre 1748 ;
  • Françoise Geneviève[2], née le 25 juin 1753 à Saint-Paul, décédée le 7 septembre 1780 à Semblançay[3].

[1] Lire Montan, déformation du prénom Montain en usage dans la Thiérache axonaise, une sous-région du massif thiernois s’étendant du nord-est de la Picardie aux contreforts ardennais.

[2] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 11/22, consultable en ligne.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire.


L’acte de naissance et de baptême d’Antoine Roland révèle plusieurs éléments significatifs. D’une part, la mention de son père sous le nom de « Roland Boudsoc de Heaulme » témoigne d’une réintégration explicite du nom patronymique.

D’autre part, les pratiques de sociabilité se manifestent à travers des échanges croisés de parrainage[1] entre deux familles, reproduisant un schéma typique du village natal du père. En revanche, pour Françoise Geneviève, le choix des parrain et marraine s’inscrit dans une logique strictement familiale, puisqu’il s’agit de son frère et de sa sœur aînée.


[1] Le 23 juillet 1735 naît François Roland Maunier, fils d’Antoine Maunier, capitaine de quartier. Il est baptisé le 25 juillet. Son parrain est Roland Boutsoc de Heaulme. Quant à Antoine Roland, le fils de Roland Boutsoc, né le 26 juillet de la même année, et baptisé le 27 juillet de la même année, il a pour parrain Antoine Maunier. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1735, vue 5/6, consultable en ligne.


Le Massiac est une flûte de la Compagnie française des Indes, lancé à Lorient le 30 décembre 1758 pour le commerce maritime. Il est vendu à la Marine royale en avril 1770, puis cédé à l’armement Foucault en octobre 1771. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Massiac est une flûte de la Compagnie française des Indes, lancé à Lorient le 30 décembre 1758 pour le commerce maritime. Il est vendu à la Marine royale en avril 1770, puis cédé à l’armement Foucault en octobre 1771. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On ne sait quasiment rien de la vie des jumelles, si ce n’est qu’elles voyagent avec leur dernière sœur, toujours accompagnées de leur père, et souvent de leur mère et de deux domestiques, Alexis et Marie. Elles sont inscrites sur les rôles d’équipage à bord de différents navires de la Compagnie , comme le Bertin[1], la Paix[2],  le Saint-Louis[3]. Il arrive que Jean Roland soit avec son épouse, un seul domestique, et sans ses enfants, sur le Massiac[4], par exemple, qui est une flûte[5] de la Compagnie.


[1] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 40-II.1, rôle du Bertin (1765-1766), p. 25 : dans la table des noms, sous le n° 264, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland et sa famille sont désignés comme « passagers » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « restés à l’île Bourbon – monsieur, madame et trois enfants, passagers à prendre à l’île Bourbon. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[2] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 40-II.7, rôle de la Paix (1764-1766), p. 25 : dans la table des noms, sous le n° 312, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland et sa famille sont désignés comme « passagers » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon le 12 mars 1766 ; resté à terre à l’île Bourbon – à la table aux frais de la Compagnie, avec ses trois demoiselles et deux domestiques créoles (Alexis et Marie). », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[3] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 41-II.7, rôle du Saint-Louis (1766-1768), pages 40 et 41 : dans la table des noms, sous le n° 488, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Jean Roland est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – monsieur, aux frais de la Compagnie » ; sous le n° 492, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), la femme de Jean Roland est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – madame, mère, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 493, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Anne est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 494, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Elisabeth est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 495, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Françoise Geneviève est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. », sous le n° 502, à l’entrée Marie [sans patronyme] (« individu – parents »), une femme est désignée comme « domestique passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au débarquement – négresse, domestique de monsieur Dehaulme, à ses frais à l’office. » ; sous le n° 503, à l’entrée Alexis [sans patronyme] (« individu – parents »), un homme est désigné comme « domestique passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – nègre, domestique de monsieur Dehaulme, à l’office à ses frais. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[4] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 41-II.5, rôle du Massiac (1766-1768), p. 26 : dans la table des noms, sous le n° 306, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland est désigné comme « conseiller passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; n’ont pas embarqué – à la table, aux frais de la Compagnie, avec son épouse. » ; sous le n° 307, à l’entrée « Anonyme » (« individu – parents »), un homme est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; n’a pas embarqué – domestique de monsieur et madame Deheaulme, à l’office. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[5] « Navire de charge utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles pour le transport des munitions et l’approvisionnement des navires en campagne. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Diorama en coupe longitudinale du Massiac, flûte de la Compagnie des Indes, montrant sa structure interne et son aménagement. Animé par des figurines, il illustre la vie à bord. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama en coupe longitudinale du Massiac, flûte de la Compagnie des Indes, montrant sa structure interne et son aménagement. Animé par des figurines, il illustre la vie à bord. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En revanche, faute de prénom, et en l’absence de précisions suffisantes, il n’est pas possible d’établir avec une totale certitude un lien entre Jean Roland et le Deheaulme « passager » mentionné à bord du Duc de Parme[1], ou le Dehaulme « commis passager » cité sur le Puisieulx[2]. Pas plus qu’il n’est possible d’identifier de quel « monsieur Deheaulme » le « soldat passager » Jean-Baptiste Sorin dit « sans allarme[3] » a reçu un ordre d’embarquement sur la Paix[4].


[1] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 36-23, rôle du Duc de Parme (1752-1754), p. 27 : dans la table des noms, sous le n° 302, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), un homme est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon le 2 juin 1753, débarqué à Pondichéry le 8 juillet 1753 – passager pour Pondichéry à la table. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[2] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 36-15, rôle du Puisieulx (1752-1754), p. 32 : dans la table des noms, sous le n° 373, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), un homme est désigné comme « commis passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à Lorient ; débarqué à Pondichéry le 20 avril 1753 – passager à la table pour Pondichéry », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[3] Lire « sans alarme », sans doute un sobriquet militaire pouvant être valorisant (sang-froid, bravoure tranquille) ou ironique (lâcheté, lenteur).

[4] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 39-II.13, rôle de la Paix (1763-1764), p. 23 : dans la table des noms, sous le n° 274, à l’entrée Sorin dit « sans allarme » Jean-Baptiste (« individu – parents »), un homme est désigné comme « soldat passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – soldat du régiment de Lorraine prisonnier des Anglais embarqué en Chine et débarqué à Maurice, venu à l’île Bourbon sur le Choiseul ; embarqué à l’île Bourbon sur ordre de monsieur Deheaulme. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.


En dehors de sa vie familiale, Roland Deheaulme occupe diverses fonctions au sein de la Compagnie, tant sur le plan commercial qu’administratif. Sa place de commis est confirmée dans deux documents :

  • l’acte de vente, le 14 octobre 1732[1], d’une maison située dans le quartier Saint-Paul, en bois équarri, de dix-neuf pieds de long sur quinze de large (environ cinq mètres soixante-quinze sur quatre mètres cinquante), dont il se rend acquéreur auprès de sa belle sœur Marie Monique Gruchet, pour la somme de 648 livres ;
  • l’acte de partage de la succession de Jeanne Bellon, décédée trois ans plus tôt.

[1] Copie transmise par Lise Di Pietro, adjointe à la directrice, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, aux archives départementales de La Réunion [cote 3E 6 — série E : état civil, officiers publics et ministériels ; sous-série 3E = notaires]. Ce document, établi par maître François Morel et Dussart de Lasalle, relate la cession d’un bien par Marie Monique Gruchet à Roland Boutsocq Deheaulme et à son épouse Marie Anne Gruchet.


Détail de la signature de Jean Roland Dehaulme. Cf. archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Détail de la signature de Jean Roland Dehaulme. Cf. archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

La signature de Jean Roland, apposée sur différents actes, montre une bonne maitrise de l’écriture, qui s’enrichit au cours de ses activités de quelques fioritures[1] à la manière des notaires.


[1] « Ornement, agrément accessoire d’un dessin, d’une décoration. Les fioritures d’un paraphe. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Avant 1734, il est « commis de premier ordre », avec des appointements annuels de 900 livres. Assez rapidement, il exerce des fonctions liées au commerce de la Compagnie (et d’autres) dans l’organisation administrative de l’île. L’année suivante, il effectue le bilan administratif et financier d’un « lascar[1] », et signe comme garde-magasin[2]. Son ascension commence.


[1] « Matelot naviguant notamment dans l’océan Indien. », selon le Trésor de la langue française informatisé.

[2] « 1735 – Saint-Paul, 27 août. Décompte d’un lascar. 1 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 258/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1717 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1716-1727 = 5. – Marine.]


Le 14 avril 1738, il est nommé conseiller juge adjoint, à la demande du procureur général du roi au Conseil supérieur, et prête serment. Il demande un certificat de bonne conduite[1].


[1] « 1738 – Saint-Paul, 2 décembre. Boutsoocq Deheaulme au Conseil supérieur pour lui demander un certificat de bonne conduite . 1 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 37, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 35/83 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 695 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 685-717 = II. – Personnel ; pièces C 689-717 = B. Demandes d’emploi, nominations, congés, réclamations.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105348, Isle Bourbon, par Étienne de Flacourt (1607–1660), 1653, carte manuscrite en couleur, 49 × 67,5 cm, échelle : 3 lieues [= 7 cm], avec dédicaces manuscrites à Louis XIV et Jean III du Portugal, titre au verso : « Isle Bourbon par le Sieur de Flacours 1653 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105348, Isle Bourbon, par Étienne de Flacourt (1607–1660), 1653, carte manuscrite en couleur, 49 × 67,5 cm, échelle : 3 lieues [= 7 cm], avec dédicaces manuscrites à Louis XIV et Jean III du Portugal, titre au verso : « Isle Bourbon par le Sieur de Flacours 1653 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

En 1739, il signe des contrats de trois ans dans le quartier Saint-Paul, pour recruter dans l’exercice de leur métier d’anciens soldats de la Compagnie. Il emploie ainsi, en 1739, un meunier[1] et, en 1745, un boulanger[2] nommée Denis Dumelle.


[1] « 1739 – Saint-Paul, 17 octobre. Engagement de Guillaume Cousian à la Compagnie des Indes en qualité de meunier. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 92, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 62/86, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1134 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1121-1185 = travaux civils et militaires ; articles C 1125-1141 = II. – Personnel ; pièces 1125-1138 = A. Européens et Malabars libres.]

[2] « 1745 – Saint-Paul, 27 novembre. Engagement de Denis Dumielle à la Compagnie des Indes en qualité de boulanger. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 92, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 68/86, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1136 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1121-1185 = travaux civils et militaires ; articles C 1125-1141 = II. – Personnel ; pièces C 1125-1138 = A. Européens et Malabars libres.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105384, Plan et projet d’un petit port à la Rivière d’Abord en l’Isle de Bourbon, par le chevalier de Tromelin, [18e siècle], plan manuscrit en couleur, 55 × 66,5 cm, échelle : 100 toises [= 7 cm], avec légende et remarques en carton à gauche, orienté nord-est, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105384, Plan et projet d’un petit port à la Rivière d’Abord en l’Isle de Bourbon, par le chevalier de Tromelin, [18e siècle], plan manuscrit en couleur, 55 × 66,5 cm, échelle : 100 toises [= 7 cm], avec légende et remarques en carton à gauche, orienté nord-est, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 7 avril 1741 il est « garde-magasin pour la Compagnie des Indes, en cette île »[1]. En 1750, il est garde-magasin de l’entrepôt de la rivière d’Abord[2]. C’est une charge qui comporte de nombreuses responsabilités, et que l’on confie à une personne de confiance et instruite. Parallèlement, il est caissier particulier pour le quartier Saint-Paul, mais aussi garde-magasin des cafés s’y trouvant, ainsi que des marchandises venues de l’Inde et de la Chine.


[1] « 1741 – Déclarations de retour. 6 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 129/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 984 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 974-1011= D. Détachements contre des marrons ; cotes C 981-1009 = 2. – déclarations de retours des détachements.]

[2] Fleuve côtier de l’île.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105375, Quartier St. Denis à Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 30 × 50 cm, bâtiments légendés à droite, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 5 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105375, Quartier St. Denis à Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 30 × 50 cm, bâtiments légendés à droite, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 5 D, consultable en ligne sur Gallica.

De 1751 à 1757, qualifié de sous-marchand[1] (sorte d’intermédiaire), il perçoit un salaire annuel de 1 000 livres puis de 1 500 livres[2], auxquelles s’ajoutent des gratifications en vins et eaux de vie, dont le montant peut varier de 300 livres au double.


[1] « 1757 – Saint-Denis, 31 mars. Etat des appointements depuis le 1er janvier jusqu’au 31 mars. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 26/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1646 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1625-1673 = 1. Administration générale, cotes 1625-1654 = a. Soldes, indemnités, gratifications.]

[2]   « 1755 – Saint-Denis, 31 mars. Etat des appointements dus aux employés, officiers et autres depuis le 1er janvier jusqu’au 31 mars. 4 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 19/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1644 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1625-1673 = 1. Administration générale, cotes 1625-1654 = a. Soldes, indemnités, gratifications.]



Le 8 juillet 1753, il aurait débarqué à Pondichéry[1], après avoir fait le voyage sur le Duc de Parme, un navire de la Compagnie. Il aurait été passager à la table, et aux frais de la Compagnie. Ce voyage entretiendrait-il un lien avec ses fonctions de sous-marchand ? Comme caissier de la Compagnie, il signe les quittances pour les vivres et rafraichissements qui sont fournis à une escadre. Il règle souvent en esclaves[2].


[1] Pour les problèmes d’identification concernant l’identité du voyageur, cf. supra. Pondichéry est une commune située actuellement dans le district et le territoire du même nom, en Inde.

[2] « 1735 – Etat des esclaves accordés à divers habitants de Bourbon en payement des vivres et rafraîchissements fournis aux vaisseaux de l’escadre de d’Aché. 26 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 265/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1720 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1716-1727 = 5. – Marine.]


Le diorama La Vie à bord, don effectué en 1989 par l’association des Amis du musée de la Compagnie des Indes, illustre la vie quotidienne sur un navire de la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle. Il évoque les conditions rudes de la navigation au long cours. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
Le diorama La Vie à bord, don effectué en 1989 par l’association des Amis du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), illustre la vie quotidienne sur un navire de la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle. Il évoque les conditions rudes de la navigation au long cours. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

En 1758, dans des actes relatifs à l’administration des hôpitaux, il est mentionné comme substitut de monsieur le procureur général du roi. Il constate le décès de marins, le plus souvent victimes de la petite vérole[1].

On redoute que cette maladie ne se transforme en épidémie, en raison de la rapidité avec laquelle elle se propage[2]. En ce qui concerne la grande vérole[3], Jean Roland est condamné le 20 juin 1736[4]  pour avoir vendu à un certain Louis Martin, canonnier au service de la Compagnie des Indes, une esclave « traitée » mais non « guérie ».


[1] « Petite vérole, nom que l’on donnait à la variole. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « 1758 – Saint-Paul, décembre. Procès-verbaux de destruction des hardes et effets de Guillaume Tancret, Poitiers, Frompton, Noël Liwat, Gilles Inal, matelots du Duc d’Orléans, du Minotaure, du Fortuné, du Vengeur et de l’Eléphant, décédés à l’hôpital de la variole . 5 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 86, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 13/30 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 938 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 933-939 = VII. – Hôpitaux ; pièces C 936-939 = B. Maladies contagieuses (lèpre, variole).]

[3] « Ou, simplement, vérole, nom que l’on donnait à la syphilis. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « 1733-1737 – Registre des arrêts du Conseil supérieur. 38 x 25 cm. 231 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 121, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 381/455 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2519 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 2279-2807  = greffe ; articles C 2516-2568 = V. – Arrêts et jugements ; pièces C 2516-2561 = A. Arrêts du Conseil provincial et du Conseil supérieur ; cotes 2516-2532 = 1. Registres.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105250, Pont construit à l'isle de Bourbon quartiers St. Denis par Mr. Mahé de La Bourdonnais, chevalier de l’ordre militaire de St. Louis, officier des Vaisseaux du Roy, Gouverneur Général des Isles de France et de Bourbon, Présidant aux dits Conseils, commencé le Ier juillet et finy le mois de septembre suivant, 1738, plan manuscrit en couleur, 54,5 × 148,5 cm, cartouche de titre orné de deux tritons, légende détaillant les éléments du pont et les bâtiments alentours à droite et à gauche du cartouche, image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 4, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105250, Pont construit à l’isle de Bourbon quartiers St. Denis par Mr. Mahé de La Bourdonnais, chevalier de l’ordre militaire de St. Louis, officier des Vaisseaux du Roy, Gouverneur Général des Isles de France et de Bourbon, Présidant aux dits Conseils, commencé le Ier juillet et finy le mois de septembre suivant, 1738, plan manuscrit en couleur, 54,5 × 148,5 cm, cartouche de titre orné de deux tritons, légende détaillant les éléments du pont et les bâtiments alentours à droite et à gauche du cartouche, image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 4, consultable en ligne sur Gallica.

En 1763, le 26 octobre, il est nommé adjoint au Conseil supérieur[1], juge et receveur, sans que cela n’affecte les autres commissions dont il fait partie. Il prête serment, séparément, dans les mains du commandant président du conseil.


[1] « 1763 – Saint-Denis,  26 octobre. Demande du procureur général que les sieurs Dehaulme, Roudic, Dejean et Bellier soient adjoints au Conseil supérieur insuffisamment nombreux. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 37, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 54/83 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 703 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 685-717 = II. – Personnel ; pièces C 689-717 = B. Demandes d’emploi, nominations, congés, réclamations.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105369, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis Ste. Suzanne jusqu’à St. Gilles, où sont renfermés les mouillages de St. Denis et de St. Paul, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 34 × 68 cm, échelle : 3 lieues marines de 3000 toises [= 22 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105369, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis Ste. Suzanne jusqu’à St. Gilles, où sont renfermés les mouillages de St. Denis et de St. Paul, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 34 × 68 cm, échelle : 3 lieues marines de 3000 toises [= 22 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.

Jean Roland Deheaulme est impliqué dans la répression des esclaves en fuite. Non seulement, il milite pour un durcissement des sanctions, mais il est aussi, en tant que « commandant et juge de police en ce quartier Saint-Paul », un de ceux qui prononcent ces sanctions, en fonction de la durée du marronnage, et du nombre de récidives[1].


[1] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 129/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]


Ainsi, Laurent[1], un Cafre[2] de vingt-cinq ans et Fidel[3], un Malabar[4] de dix-huit ans, tous deux esclaves d’Augustin Auber, sont jugés à plusieurs reprises, à quelques semaines d’intervalle. Ces deux hommes, parmi d’autres, incarnent la ténacité des esclaves en quête de liberté, malgré la menace de châtiments sévères.

Laurent s’évade une première fois le 1er juillet 1750 et se rend à son maître quinze jours plus tard. Il fuit de nouveau le 18 septembre 1752, revient le 21 octobre, repart le 29 octobre et se rend le 28 novembre. Sa dernière fuite a lieu le 27 juin 1753, suivie d’un retour dès le lendemain.

Fidel part le 6 décembre 1751 et réintègre le domaine douze jours plus tard. Il récidive le 16 novembre 1752 et revient deux jours après. Le 17 novembre 1753, il prend à nouveau la fuite. Le 18 décembre, il est blessé par un coup de fusil tiré par son maître aux Colimaçons, capturé, puis enfermé au bloc du quartier Saint-Paul. En dépit des peines encourues, ces tentatives d’évasion expriment avec force l’aspiration des esclaves à échapper à la servitude.

Roland Dehaulme prononce de lourdes sentences à l’encontre de Laurent et de Fidel, reconnus coupables de multiples récidives. La peine initialement prévue consiste en la mutilation des oreilles et l’apposition d’un fer en forme de fleur de lys sur l’épaule droite, marquant ainsi l’infamie.

Toutefois, en l’absence d’un exécuteur des sentences criminelles, la procédure judiciaire s’adapte aux circonstances locales : l’esclave est publiquement flagellé à la sortie de la messe paroissiale, conformément aux usages en vigueur, le condamné étant d’ordinaire attaché au carcan[5], puis remis à son propriétaire.


[1] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 144/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]

[2] Ou Caffre « (Celui, celle) qui habite la Cafrerie (partie de l’Afrique australe) ou qui en est originaire. », selon le Trésor de la langue française informatisé. « Cafre » désigne à La Réunion de façon non péjorative une personne d’origine africaine. »

[3] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 143/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]

[4] Le terme « Malabar » désigne à La Réunion les travailleurs indiens originaires de la côte de Malabar (sud-ouest de l’Inde, aujourd’hui états de Karnataka, Kerala, Tamil Nadu). Dans son sens populaire, « homme de grande taille, très fort et robuste. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] « Cercle fixé à un pilori, et auquel on attachait par le cou des criminels condamnés à l’exposition publique. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-5973090, Isle Dauphine, communément nommée par les Européens Madagascar et St Laurens et par les habitants du pays Madecase, par Guillaume Sanson (1633–1703), 1667, carte imprimée en couleur, 58 × 45 cm, échelle : 120 mille pas géométriques, 48 lieues communes de France [= 7,6 cm ; 1:2 900 000 environ], décor avec navire à voiles, titre en bas à droite dans un cartouche illustré de personnages, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE BB-565 (14, 65), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-5973090, Isle Dauphine, communément nommée par les Européens Madagascar et St Laurens et par les habitants du pays Madecase, par Guillaume Sanson (1633–1703), 1667, carte imprimée en couleur, 58 × 45 cm, échelle : 120 mille pas géométriques, 48 lieues communes de France [= 7,6 cm ; 1:2 900 000 environ], décor avec navire à voiles, titre en bas à droite dans un cartouche illustré de personnages, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE BB-565 (14, 65), consultable en ligne sur Gallica.

Jean Roland Deheaulme est pressenti en 1754 comme responsable pour diriger les opérations de traite à Sainte-Marie[1], qui a été cédé à la France par sa souveraine, et y être ainsi élevé au rang de « commandant de l’île ».

Son alliance matrimoniale avec une femme créole constitue cependant un obstacle social ou administratif, car un règlement postérieur à leur mariage interdit au mari d’être conseiller si sa femme est créole.


[1] Appelée aujourd’hui Nosy Boraha, l’île est actuellement située dans le district de Nosy Boraha, au sein de la région d’Analanjirofo, dans la province de Toamasina, à Madagascar.


La maquette du Massiac, navire de 900 tonneaux reproduit par Jean Delouche en 1976, illustre la vie difficile à bord. Lancée à Lorient en 1758 pour la Compagnie des Indes, cette flûte transportait hommes, vivres et marchandises précieuses comme le thé, les soieries ou la porcelaine. L’équipage dormait dans des hamacs, près de la cuisine, du charbon et du parc à moutons. L’hygiène était sommaire, et l’hôpital ne comptait que quatre lits. La Sainte-Barbe, où étaient stockés les armes et la poudre, rappelait le danger constant. Officiers et passagers de marque disposaient, eux, de cabines séparées et de salles mieux aménagées. Le confort à bord dépendait fortement du rang. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
La maquette du Massiac, navire de 900 tonneaux reproduit par Jean Delouche en 1976, illustre la vie difficile à bord. Lancée à Lorient en 1758 pour la Compagnie des Indes, cette flûte transportait hommes, vivres et marchandises précieuses comme le thé, les soieries ou la porcelaine. L’équipage dormait dans des hamacs, près de la cuisine, du charbon et du parc à moutons. L’hygiène était sommaire, et l’hôpital ne comptait que quatre lits. La Sainte-Barbe, où étaient stockés les armes et la poudre, rappelait le danger constant. Officiers et passagers de marque disposaient, eux, de cabines séparées et de salles mieux aménagées. Le confort à bord dépendait fortement du rang. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

Or, ce règlement n’aurait pas dû s’appliquer rétroactivement dans son cas. Bien que d’autres conseillers soient dans la même situation, aucune solution n’est cependant trouvée pour lui. Si ces unions sont fréquentes, elles peuvent néanmoins limiter l’accès aux postes les plus élevés, en raison des attentes de loyauté et de distance que l’administration impose à ses agents coloniaux.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Dès juillet 1730, il fait une demande auprès de la Compagnie des Indes, dont il est déjà un employé, pour obtenir la concession d’une terre à mettre en valeur, et pour y cultiver du moka[1].

Il reçoit ainsi un terrain de trente-cinq gaulettes[2] de large, sur plus de cinq cents de long, situé entre la ravine des Cafres[3] et la ravine de l’Anse[4], à quelque six cent cinquante gaulettes de la mer. Il dispose de trois ans pour le défricher et l’exploiter en y plantant des caféiers.


[1] « Variété de café, originaire d’Arabie ; boisson préparée avec la graine de ce café. Du moka d’Éthiopie. Boire un moka. Tasse, cuiller à moka. », terme apparu au « XVIIIe siècle. De Moka, nom du port du Yémen d’où le café d’Arabie était exporté vers l’Europe. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Cette mesure agraire, qui équivaut à quinze pieds, donne en réalité quatre mètres huit cent soixante-douze centimètres, un chiffre qu’on peut arrondir à cinq mètres pour simplifier.

[3] Cours d’eau intermittent formant actuellement la limite entre les communes du Tampon et de Saint-Pierre.

[4] La ravine de l’Anse sert actuellement de frontière naturelle entre les communes de Saint-Pierre et Petite-Île.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Il en a la « propriété roturière », tandis que la Compagnie se réserve les droits de seigneurie directe, de banalité[1], chasse et pêche, ainsi que l’application de règlements concernant les cultures. Lui, doit payer au domaine de la Compagnie trois « coqs d’Inde[2] » et cinq poules[3] comme redevance, plus quatre onces de café par arpent de terre défrichable[4].


[1] « Servitude imposant aux vassaux d’un seigneur d’utiliser certains services (moulin, pressoir, etc.) moyennant le paiement d’un droit ou d’une redevance. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Mâle de certaines espèces d’oiseaux. Coq d’Inde, dindon, mâle de la dinde. Coq faisan, mâle de la poule faisane. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Femelle de certaines autres espèces d’oiseaux. Poule d’Inde, femelle du dindon, dinde. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 265/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039321x1, référence de l’image CICL07711, Branche du caffier, gravure au burin d’O. Michel, extraite de Dissertation sur le caffé de Claude Joseph Gentil, Paris, chez l’auteur, 1787, notice descriptive consultable en ligne.
Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039321×1, référence de l’image CICL07711, Branche du caffier, gravure au burin d’O. Michel, extraite de Dissertation sur le caffé de Claude Joseph Gentil, Paris, chez l’auteur, 1787, notice descriptive consultable en ligne.

Le 17 mars 1732, il reçoit, avec un autre colon, une nouvelle parcelle de terre, toujours située entre la ravine des Cafres et la ravine de l’Anse. Cette terre borde les terrains déjà exploités par d’autres colons. Sa largeur s’étend sur trois cents gaulettes jusqu’aux habitations, et à cinquante du littoral. Les redevances sont assez identiques[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 27/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105382, Plan de la rivière Dabord, [18ᵉ siècle], plan manuscrit, 42 × 27,5 cm, échelle : 20 toises [= 5 cm], notes manuscrites au verso : « Isle de Bourbon », « Embouchure de la rivière Dabord avec les sondes », image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105382, Plan de la rivière Dabord, [18ᵉ siècle], plan manuscrit, 42 × 27,5 cm, échelle : 20 toises [= 5 cm], notes manuscrites au verso : « Isle de Bourbon », « Embouchure de la rivière Dabord avec les sondes », image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 29 septembre de la même année, alors qu’il vient de se marier, il obtient un emplacement à la rivière d’Abord, pour s’y établir et y bâtir des cases et des magasins. La compagnie lui accorde un terrain de vingt-cinq gaulettes carrées, pour lequel il devra payer la redevance annuelle d’un denier[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 50/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039269, référence image CICL03189, Tige de la plante du caffé, gravure à l’eau-forte réalisée par J. H., extraite de l’ouvrage de Nicolas de Blégny, Le bon usage du thé, du caffé et du chocolat pour la preservation & pour la guerison des maladies (Lyon : Thomas Amaulry, 1687), image placée en page 86, taille originale 120 x 70 mm, notice descriptive consultable en ligne.
Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039269, référence image CICL03189, Tige de la plante du caffé, gravure à l’eau-forte réalisée par J. H., extraite de l’ouvrage de Nicolas de Blégny, Le bon usage du thé, du caffé et du chocolat pour la preservation & pour la guerison des maladies (Lyon : Thomas Amaulry, 1687), image placée en page 86, taille originale 120 x 70 mm, notice descriptive consultable en ligne.

En 1735, il possède à Saint-Louis cent quarante-cinq arpents de terre. Après plusieurs années prospères, la culture du café et du blé rencontre diverses difficultés dues à des aléas climatiques, tels que des ouragans et des pluies diluviennes, ainsi qu’à des invasions d’insectes comme les pucerons. Cette même année, une attaque de sauterelles[1] provoque des dégâts importants.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-21669, « Les invasions de sauterelles à l’île Bourbon », Revue historique et littéraire de l’île Maurice. Archives coloniales, 5ᵉ année, n° 7, 19 juillet 1891, pages 73–76, vues 1/12 et suivantes, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-NT-4067


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.63, Histoire naturelle, Fig. 1 Le café ; Fig. 2 La canne à sucre ; Fig. 3 Le thé, Martinet (dessinateur, 18ᵉ siècle), Bénard Robert (graveur, 18ᵉ siècle), édité par Martinet, Paris, 1768, estampe sur papier, 39,6 × 25 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.63, Histoire naturelle, Fig. 1 Le café ; Fig. 2 La canne à sucre ; Fig. 3 Le thé, Martinet (dessinateur, 18ᵉ siècle), Bénard Robert (graveur, 18ᵉ siècle), édité par Martinet, Paris, 1768, estampe sur papier, 39,6 × 25 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Pour tenter de limiter leur multiplication, il est décidé que les propriétaires de terres et habitations doivent fournir des esclaves pour lutter contre ce fléau. Il importe au capitaine du quartier Saint-Paul de dresser la liste des propriétaires, pour les obliger à fournir la main d’œuvre nécessaire.

Or, certains s’abstiennent, dont un certain Deheaulme. Celui-ci ne peut être que Jean Roland, compte tenu de la date des évènements. Il est condamné à verser une amende de onze piastres[1], par jour et par ouvrier. L’année suivante, le même système est remis en place pour faire face à de nouveaux assauts de parasites.


[1] « Monnaie d’argent espagnole, en usage aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui devint l’unité monétaire de certains pays et resta longtemps une monnaie de référence du commerce international. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105249, Partie de l'Isle de Bourbon qui comprend les mouillages de St. Denis & de St. Paul avec un plan particulier de la rade de St. Denis et un autre de l'Isle Entière, ou la montagne est représentée telle quelle paroist de 9 à 10 lieues dans l'Est, elle est située par 21 degrés de latitude Sud et par 16 degrés 30 minutes de longitude, le premier méridien passant par l'isle de Tenerif, carte manuscrite en couleur attribuée à Antoine Boucher (1680–1725), [18e siècle], 33,5 × 89 cm. Trois plans : mouillages de Saint-Denis et Saint-Paul, plan particulier de la rade de Saint-Denis, et vue en perspective de l’île avec représentation du volcan. Échelle principale : 3 lieues [= 21 cm]. Image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2/2, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105249, Partie de l’Isle de Bourbon qui comprend les mouillages de St. Denis & de St. Paul avec un plan particulier de la rade de St. Denis et un autre de l’Isle Entière, ou la montagne est représentée telle quelle paroist de 9 à 10 lieues dans l’Est, elle est située par 21 degrés de latitude Sud et par 16 degrés 30 minutes de longitude, le premier méridien passant par l’isle de Tenerif, carte manuscrite en couleur attribuée à Antoine Boucher (1680–1725), [18e siècle], 33,5 × 89 cm. Trois plans : mouillages de Saint-Denis et Saint-Paul, plan particulier de la rade de Saint-Denis, et vue en perspective de l’île avec représentation du volcan. Échelle principale : 3 lieues [= 21 cm]. Image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2/2, consultable en ligne sur Gallica.

Le 18 mars 1741, il fait valoir qu’il travaille depuis plus de huit ans pour la Compagnie, et en profite pour obtenir un nouvel emplacement pour s’y loger avec sa famille. La compagnie lui confirme la jouissance depuis le 29 mai 1740 d’une parcelle (vingt-trois sur vingt-quatre gaulettes), dont il devient propriétaire[1]. Désormais, il se trouve au quartier Saint-Paul, à proximité de sa belle-famille.


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 176/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105241, Isle de Bourbon, par Denis de Nyon (Chevalier de Saint-Louis), 1723, carte manuscrite en couleur, 55,5 × 81 cm, échelle : 5 lieues [= 10,5 cm], encartés : plans de la rade de Saint-Denis, de la rade de Saint-Paul, du fort et batterie basse de Saint-Denis, et du fort et batterie de Saint-Paul, mention manuscrite : « À l’Isle de France, le 15 septembre 1723, Le Chevalier Denyon », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 13, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105241, Isle de Bourbon, par Denis de Nyon (Chevalier de Saint-Louis), 1723, carte manuscrite en couleur, 55,5 × 81 cm, échelle : 5 lieues [= 10,5 cm], encartés : plans de la rade de Saint-Denis, de la rade de Saint-Paul, du fort et batterie basse de Saint-Denis, et du fort et batterie de Saint-Paul, mention manuscrite : « À l’Isle de France, le 15 septembre 1723, Le Chevalier Denyon », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 13, consultable en ligne sur Gallica.

Le 28 novembre 1744, il conteste le mesurage d’un terrain entrant dans la succession de son beau-père. Seules quatre gaulettes sont concernées, mais en obtenant gain de cause pour sa réclamation, il parvient à agrandir son terrain situé sur les sables du quartier de Saint-Paul, en contrepartie d’un paiement annuel symbolique d’un denier.[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 211/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105242, Carte de l’Isle de Bourbon, par Jacques-Nicolas Bellin (1703–1772), cartographe, dressée au Dépôt des cartes et plans de la Marine sur ordre du duc de Choiseul, 1763, carte imprimée et manuscrite en couleur, 56,5 × 73 cm, échelle : quatre lieues communes de France de 2282 toises [= 10 cm], note manuscrite au verso : « Provenant du Cabinet du ci-devant Roi le 7 février 1793, l’an 2e de la République », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 18, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105242, Carte de l’Isle de Bourbon, par Jacques-Nicolas Bellin (1703–1772), cartographe, dressée au Dépôt des cartes et plans de la Marine sur ordre du duc de Choiseul, 1763, carte imprimée et manuscrite en couleur, 56,5 × 73 cm, échelle : quatre lieues communes de France de 2282 toises [= 10 cm], note manuscrite au verso : « Provenant du Cabinet du ci-devant Roi le 7 février 1793, l’an 2e de la République », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 18, consultable en ligne sur Gallica.

En 1751, il possède une habitation à la montagne Saint-Paul. En 1758, il détient également quatre-vingt-huit arpents de terre dans le quartier, exploités par ses trente-neuf esclaves.


Le Code noir[1], promulgué par Louis XIV en mars 1685, s’applique à l’île Bourbon en 1723, alors qu’il est en vigueur depuis plus longtemps aux Antilles. Il stipule dans son article deux que les esclaves doivent être instruits dans la religion catholique, et baptisés, sous peine d’amendes. La religion est dispensée par des missionnaires membres de la congrégation de la Mission, appelés aussi lazaristes. C’est ce que l’on constate pour les esclaves de Jean Roland.


[1] Intitulé officiellement Édit du Roi, servant de règlement pour le gouvernement et l’administration de la justice, police, discipline et le commerce des nègres dans la colonie française de Saint-Domingue ».


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493555, Ille Bourbon ou Mascarin, par Alexandre Maupin, vers 1700, carte nautique manuscrite au lavis, 56 × 41,5 cm, échelle de cinq lieues [= 0 m.129 ; 1 : 215 000 environ], orientée à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-15722, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493555, Ille Bourbon ou Mascarin, par Alexandre Maupin, vers 1700, carte nautique manuscrite au lavis, 56 × 41,5 cm, échelle de cinq lieues [= 0 m.129 ; 1 : 215 000 environ], orientée à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-15722, consultable en ligne sur Gallica.

Bien que ces derniers soient considérés comme des biens meubles, il est interdit de disperser les membres d’une même famille, c’est-à-dire le père, la mère et les enfants. Un arrêt du Conseil supérieur de l’île Bourbon fait aux maîtres et maîtresses « très expresses défenses de laisser vivre leurs esclaves en concubinage, ni de séparer, sous quel prétexte que ce puisse être, les noirs mariés d’avec leurs femmes ».

Il enjoint en outre aux maîtres et maîtresses « d’envoyer leurs esclaves non baptisés aux instructions ou de les instruire eux-mêmes, dans l’espace de quatre années à compter du jour qu’ils en seront propriétaires, pour les mettre en état de mériter la grâce du baptême[1] ».


[1] « 1737-1739. – Registre des arrêts du Conseil supérieur. 53 x 39 cm. 145 fol. ; 1739-1743.– idem, en déficit » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 122, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 222/294 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2520 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 2279-2807  = greffe ; articles C 2516-2568 = V. – Arrêts et jugements ; pièces C 2516-2561 = A. Arrêts du Conseil provincial et du Conseil supérieur ; cotes 2516-2532 = 1. Registres.]


Le dépouillement de l’état civil permet d’avoir un premier exemple que Jean Roland respecte ces préceptes religieux. Née la veille, Benonie est baptisée à Saint-Paul[1] le 15 janvier 1749. Elle est la fille de Dominique et de Rose, originaires de Madagascar, mariés, tous deux esclaves de monsieur de Heaulme.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1749, vue 3/34, consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105355, Isle de Bourbon ou Mascareigne, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 50,5 × 32 cm, échelle : 4 lieues françoises [= 7,5 cm], note manuscrite sous le titre : « Nota que ou l’on voit des lieux marqués A, cela denote habitation », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 10/1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105355, Isle de Bourbon ou Mascareigne, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 50,5 × 32 cm, échelle : 4 lieues françoises [= 7,5 cm], note manuscrite sous le titre : « Nota que ou l’on voit des lieux marqués A, cela denote habitation », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 10/1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Un deuxième cas est illustré par la naissance d’Olive le 8 septembre 1753[1], fille de Marie Joseph, esclave de monsieur de Heaulme, et dont le père est un esclave du commandant de Saint-Pierre. L’attribution du prénom Olive, sainte[2] honorée tout particulièrement dans le Porcien[3], ne peut être que le choix de Jean Roland de Heaulme, originaire des Ardennes. Enfin, le 22 octobre 1753, deux de ses esclaves se marient[4] : Narcice[5]  et Pélagie[6], dont le premier est un Cafre, et la seconde, une créole.

Lorsque des esclaves mariés appartiennent au même maître, l’enfant né de leur union lui appartient entièrement. En revanche, Olive, née de parents esclaves appartenant à deux maîtres différents, devient la propriété conjointe de ces deux planteurs.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 16/22, consultable en ligne.

[2] Sainte Olive d’Hauteville (Ardennes) est une figure de la tradition chrétienne ardennaise du Xe siècle. Disciple de saint Berthauld, ermite installé à Chaumont-Porcien (Ardennes), elle incarne l’élan spirituel qui marqua la région à cette époque.

[3]  Région naturelle des Ardennes.

[4] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 18/22, consultable en ligne.

[5] Dérivé de Narcisse, du grec ancien Νάρκισσος (Narkissos). Dans la mythologie grecque, Narcisse était un jeune homme d’une grande beauté qui s’éprit de son propre reflet. Son nom est lié au mot grec νάρκη (narkē), signifiant « engourdissement » ou « sommeil profond », en référence à la fleur de narcisse qui aurait poussé à l’endroit de sa mort.

[6] Vient du grec Πελαγία (Pelagía), dérivé de πέλαγος (pélagos) qui signifie « mer » ou « haute mer ». Le prénom signifie donc « celle de la mer » ou « marine ».


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Jean Roland possède ainsi au moins dix esclaves en « copropriété » avec d’autres personnes, parmi lesquelles figurent les sieurs Martin, Baillif, Paulet, le commandant de Saint-Paul, ou encore la Compagnie des Indes, qui organise elle-même la traite des esclaves[1] en son nom. Les planteurs ne sont pas les seuls dans la société bourbonnaise à avoir des esclaves. C’est le cas également des missionnaires.


[1] En allant les chercher, au départ à Madagascar, puis en Afrique et en Inde.



Roland de Heaulme décède le 3 octobre 1773, après quarante années de service au sein de la Compagnie des Indes, et s’être retiré en France continentale. Ses obsèques[1] sont célébrées près de Semblançay par le curé de l’église Saint-Etienne-du-Serrain[2]. L’acte dressé à cette occasion mentionne sa fonction d’ancien commandant du quartier de Saint-Paul, cinquième circonscription de l’île.


[1] Archives départementales d’Indre-et-Loire, document numérique 6NUM6/245/031, vue 4/7 [registres paroissiaux numérisés ; Semblançay ; baptêmes, mariages, sépultures, 1773], consultable en ligne.

[2] L’église Saint-Étienne-du-Serrain a été détruite en 1800, et intégrée à Semblançay en 1821.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105350, Carte de l’Isle Bourbon apartenant aux Mrs. de la Royalle Compagnie de France, [17e siècle], carte manuscrite en couleur, 43 × 56,5 cm, orientation : vue d’est ; indication du mouillage : 18 graffes d’eau, fond de sable noir, au N. 1/4 NE. de la maison de Saint-Denis, située par 76° de longitude et 21° de latitude sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 4 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105350, Carte de l’Isle Bourbon apartenant aux Mrs. de la Royalle Compagnie de France, [17e siècle], carte manuscrite en couleur, 43 × 56,5 cm, orientation : vue d’est ; indication du mouillage : 18 graffes d’eau, fond de sable noir, au N. 1/4 NE. de la maison de Saint-Denis, située par 76° de longitude et 21° de latitude sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 4 D, consultable en ligne sur Gallica.

Selon les données actuellement disponibles, seuls trois enfants du couple formé par Jean Roland et son épouse auraient laissé une descendance. Celle-ci s’est constituée principalement par le biais de mariages avantageux avec des membres de la petite noblesse ou de la vieille bourgeoisie de l’île Bourbon, notamment les familles Hoarau et Ricquebourg, ou encore avec des familles établies en France centrale. Dans les générations suivantes, les alliances deviennent plus fréquemment endogames.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105251, Plan du cartier de St. Paul en l'île de Bourbon, par Étienne de Champion (18ᵉ siècle), plan manuscrit en couleur, 51 × 73,5 cm, échelles : mille pas géométriques [= 16,5 cm] et 800 toises [= 15,5 cm], légende « Explication des renvoys » sous le titre, note manuscrite « Cote V n° 95 » avec signature, orientation sud-ouest, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 3, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105251, Plan du cartier de St. Paul en l’île de Bourbon, par Étienne de Champion (18ᵉ siècle), plan manuscrit en couleur, 51 × 73,5 cm, échelles : mille pas géométriques [= 16,5 cm] et 800 toises [= 15,5 cm], légende « Explication des renvoys » sous le titre, note manuscrite « Cote V n° 95 » avec signature, orientation sud-ouest, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 3, consultable en ligne sur Gallica.

Marie Anne Charlotte[1], l’aînée de la fratrie, naît le 5 juillet 1733 à Saint-Paul. Elle épouse vers le 31 mars 1752, à Paris[2], Denis Toussaint Julienne, sieur d’Auzicour, né le 27 septembre 1715. Ce dernier exerce les fonctions de receveur des Aides, receveur général des Fermes du roi à Caen, puis trésorier général de l’artillerie[3]. Le couple a sept enfants[4], parmi lesquels une fille, Jeanne Marguerite, et un fils, Jean Charles[5].


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1733, vue 13/19, consultable en ligne.

[2] Actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la Métropole du Grand Paris.

[3] Indications des activités données dans l’acte de mariage de Jean Charles Julienne avec Marie-Françoise Lagourgue le 18 juin 1781 à Saint-Denis. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Denis, année 1781, vues 8/9 et suivante, consultables en ligne.

[4] Archives nationales d’outre-mer, COL E 233, vues 1/9 et suivantes, consultables en ligne, dossier concernant « Julienne, de, fille de Dehaulme, ancien commandant du quartier Saint-Paul à l’île de Bourbon, ancien conseiller au Conseil supérieur de la colonie ».

[5] Marié le 18 juin 1781 à Saint-Denis avec Françoise Lagourgue. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Denis, année 1781, vues 8/9 et suivante, consultables en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105389, Plan de la baye de St Paul sittuée au nord-ouest quart de nord de Lisle de Bourbon, [S.l.], [17e ou 18e siècle], 1 plan manuscrit aquarellé, 20,5 × 31,5 cm, échelle : 2 lieues [= 14 cm], image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105389, Plan de la baye de St Paul sittuée au nord-ouest quart de nord de Lisle de Bourbon, [S.l.], [17e ou 18e siècle], 1 plan manuscrit aquarellé, 20,5 × 31,5 cm, échelle : 2 lieues [= 14 cm], image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Devenu infirme[1] depuis une quinzaine d’années, Denis Toussaint Julienne décède le 3 novembre 1800 à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe[2], commune où il résidait avec son épouse depuis au moins 1780[3].


[1] Indiqué dans une lettre du 23 février 1785, Cf. Archives nationales d’outre-mer, COL E 233 vue 2/9, consultable en ligne, dossier concernant « Julienne, de, fille de Dehaulme, ancien commandant du quartier Saint-Paul à l’île de Bourbon, ancien conseiller au Conseil supérieur de la colonie ».

[2] Commune située actuellement dans le département du Calvados, en région Normandie.

[3] Indications tirées de l’acte de mariage de leur fille Jeanne Marguerite. Cf. archives départementales du Calvados, document numérique, état civil (communes de S à V) ; Saint-Germain-la-Blanche-Herbe ; baptêmes, mariages, sépultures ; 1761-1792, 5MI 1, vue 96/82, consultable en ligne [série MI = microfilms ; sous-série 5MI = microfilms d’état civil réalisés par la Société généalogique d’Utah.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595770, Veüe du bourg de St Denis dans l'isle de Bourbon ; Veüe du bourg de St Paul dans l'isle de Bourbon, 2 estampes sans médiation, [S.l.] : [s.n.], [18e siècle]. Format 13,5 x 17 cm. Pagination : XVI Rec, pag. 9., image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8423), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595770, Veüe du bourg de St Denis dans l’isle de Bourbon ; Veüe du bourg de St Paul dans l’isle de Bourbon, 2 estampes sans médiation, [S.l.] : [s.n.], [18e siècle]. Format 13,5 x 17 cm. Pagination : XVI Rec, pag. 9., image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8423), consultable en ligne sur Gallica.

Louis Norbert de Heaulme naît le 21 août 1737[1]  à Saint-Paul et épouse Marguerite Mercier, selon le contrat de mariage daté du 11 juin 1779 par un acte notarié[2]. Il est mentionné comme commissaire des colonies de la Marine dans un document daté du 8 février 1783, jour de la « réformation[3] de l’acte de baptême[4] » de leur fils aîné, Louis Marie Joseph, initialement baptisé le 11 septembre 1771 à la paroisse Saint-Eustache à Paris. D’après ce même document, leur mariage a été célébré le 15 juin 1779 à l’église Saint-Roch[5].


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1737, vue 4/5, consultable en ligne.

[2] Archives nationales, document numérique, MC/RE/LIX/5, vue 17/36, images des répertoires du notaire Simon Provost pour l’étude LIX, répertoire chronologique pour la période du 2 janvier 1778 au 12 août 1789, mention du contrat de mariage à la date du 11 juin 1779.

[3] Ou rectification, c’est-à-dire une procédure canonique dans l’Église catholique qui consiste à corriger un acte de baptême qui présente une erreur ou une irrégularité.

[4] Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]

[5] Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]


L’acte de réformation corrige le nom du père, passant de Louis Milliaucourt à Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse. Il acte l'emploi de ce nom composé, transmis aux descendants, et affirme ainsi une nouvelle identité familiale. Cf. Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l'hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]
L’acte de réformation corrige le nom du père, passant de Louis Milliaucourt à Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse. Il acte l’emploi de ce nom composé, transmis aux descendants, et affirme ainsi une nouvelle identité familiale. Cf. Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]

Dans l’acte original, l’enfant est déclaré fils de Louis Milliaucourt, bourgeois de Paris, et de Marguerite Mercier. Cette mention est supprimée dans l’acte de réformation et remplacée par « fils de Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse, bourgeois de Paris, et de Marguerite Mercier, ses père et mère ». C’est à partir de ce document qu’apparaît le nom composé « de Heaulme de Vallombreuse », qui sera conservé par les générations suivantes. Le couple a également deux autres fils : François Norbert et Louis Casimir.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105390, Plan de la rade de Saint-Paul à l’Isle de Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], plan manuscrit en couleur, 16 × 20 cm, avec mention manuscrite « N° 26 » en haut à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105390, Plan de la rade de Saint-Paul à l’Isle de Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], plan manuscrit en couleur, 16 × 20 cm, avec mention manuscrite « N° 26 » en haut à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.

Par la suite, il est commissaire de marine en chef à Libourne (Gironde) où il est domicilié avec son épouse. Le mariage de son troisième fils, daté du 8 avril 1818 à Saint-Paul, signale que son père est commissaire des classes de Marine et que ses parents appartiennent à la paroisse de Saint-Jacques-le-Majeur de Bergerac[1].


[1] Commune située actuellement dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105383, Plan d’un port à faire à la Rivière d’Abord, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 54 × 46,5 cm, échelle : 80 toises [= 13 cm], légende en carton à gauche, orientation sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica. [Nota bene : La rivière d’Abord prend naissance sur le territoire de la commune du Tampon (La Réunion) et termine son cours dans l’océan Indien, au niveau de la commune de Saint-Pierre (La Réunion.]
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105383, Plan d’un port à faire à la Rivière d’Abord, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 54 × 46,5 cm, échelle : 80 toises [= 13 cm], légende en carton à gauche, orientation sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica. [Nota bene : La rivière d’Abord prend naissance sur le territoire de la commune du Tampon (La Réunion) et termine son cours dans l’océan Indien, au niveau de la commune de Saint-Pierre (La Réunion).]

Jean Valfroy[1] (né le 13 octobre 1748 à Saint-Paul, et décédé le 11 février 1819 à Saint-Pierre) épouse Anne Marie Potier le 21 août 1775 à Saint-Paul.


[1] Saint Walfroy (ou Vulflaïc, mort vers 595) est un ermite venu s’établir dans les Ardennes près de Margut. Stylite pendant plusieurs années, il évangélise la région en détruisant un sanctuaire païen dédié à la déesse Arduinna. Sur ordre de l’évêque de Trèves, il quitte sa colonne pour fonder une église dédiée à saint Martin, devenant un centre religieux important dans le diocèse de Reims (Marne). Sa fête est célébrée le 21 octobre. Ce prénom se perpétue pendant deux siècles dans la famille Dehaulme.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8617961, Lettres patentes concernant les billets de caisse, récépissés et autres effets de la Compagnie des Indes, circulant dans les Isles de France et de Bourbon, Versailles, 25 janvier 1767, texte imprimé, in-4°, 6 p., registrées en Parlement le 31 janvier 1767, image textuelle sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21174 (14) , consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8617961, Lettres patentes concernant les billets de caisse, récépissés et autres effets de la Compagnie des Indes, circulant dans les Isles de France et de Bourbon, Versailles, 25 janvier 1767, texte imprimé, in-4°, 6 p., registrées en Parlement le 31 janvier 1767, image textuelle sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21174 (14) , consultable en ligne sur Gallica.

Son dossier pour l’obtention de la Croix de Saint-Louis[1]  révèle qu’il s’embarque le 10 juillet 1757 comme officier sur les vaisseaux de guerre de la Compagnie des Indes, au sein des escadres commandées par Bouvel, Dauhel et Saint Georges.

Il sert comme enseigne à bord du Fortuné, embarquant le 3 octobre 1761 et débarquant le 1er mars 1762. En mai 1763, il rejoint le Volant, qui fait naufrage ; il est alors débarqué au Cap de Bonne-Espérance, avant d’embarquer sur le Condé en novembre 1763. Il poursuit son service tout au long de la guerre[2], jusqu’à la suppression de la Compagnie des Indes et la rétrocession de l’île au roi de France.


[1] Archives nationales d’outre-mer, COL E 114, vues 1/3 et suivantes, consultables en ligne, dossier d’attribution de l’ordre de la Croix de Saint-Louis à « Deheaulme, Jean Valfroy, capitaine de milices à l’île de Bourbon ».

[2]  La guerre de Sept Ans (1756–1763) est un conflit mondial opposant principalement la France et la Grande-Bretagne, avec leurs alliés respectifs, sur les terrains européens, américains, africains et asiatiques. Elle marque un tournant dans l’équilibre colonial au profit de la Grande-Bretagne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105365, A correct map of the African islands of Bourbon, and Mauritius or the isle of France, Londres, J. Bew, 1781, carte imprimée, 29,5 × 39,5 cm, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 27 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105365, A correct map of the African islands of Bourbon, and Mauritius or the isle of France, Londres, J. Bew, 1781, carte imprimée, 29,5 × 39,5 cm, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 27 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 10 avril 1765, il entre dans le corps des gendarmes de la garde du Roi. Peu de temps après, il doit se rendre à l’île de France (aujourd’hui île Maurice) pour des affaires de famille. En 1772, il obtient du maréchal de Soubise[1] un congé illimité. Mais, au moment où il s’apprête à rejoindre son corps, celui-ci est réformé et supprimé.


[1] Le maréchal de Soubise (1715-1787), prince de Rohan, est un aristocrate et militaire français du XVIIIe siècle. Favori de Louis XV, il connut une carrière contrastée, marqué par la défaite de Rossbach (1757) durant la guerre de Sept Ans.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.147.4, Site des environs de la rivière d'Abord – Saint-Pierre, par Jean-Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint-Vincent (1778-1846, dessinateur), d’après Jean-Joseph Patu de Rosemont (1747-1814, peintre), gravé par Fortier et F. Buisson, imprimé par Adam, 1804, eau-forte et burin sur papier vélin, dimensions non précisées, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.147.4, Site des environs de la rivière d’Abord – Saint-Pierre, par Jean-Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint-Vincent (1778-1846, dessinateur), d’après Jean-Joseph Patu de Rosemont (1747-1814, peintre), gravé par Fortier et F. Buisson, imprimé par Adam, 1804, eau-forte et burin sur papier vélin, dimensions non précisées, notice descriptive consultable en ligne.

Il poursuit sa carrière dans les milices. Le 22 novembre 1778, il est nommé capitaine d’infanterie dans ces dernières. Le 9 avril 1787, il reçoit le commandement d’une compagnie d’artillerie, à la tête des Dragons des quartiers Saint-Pierre et Saint-Louis. Il exerce cette fonction jusqu’en 1790, date à laquelle les milices sont supprimées pour faire place à l’organisation de la garde nationale, dans laquelle il est élu. Il décède en 1819.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 2002.1.4, La Basse Terre (à Mr de Heaulme) : Quartier St Pierre, extrait de l’Album de La Réunion, dessin de  Hastrel de Rivedoux Étienne-Adolphe d’ (1836-1837), lithographié par Honoré Clerget, imprimé par Lemercier (Paris), édité par V. Delarue et Cie (Londres) et E. Gambart, Junin et Co (2e quart XIXe siècle), lithographie sur papier, 29,6 × 41,4 cm, estampe, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : la propriété est celle de Roland Valfroy Dehaulme (1782-1854).]
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 2002.1.4, La Basse Terre (à Mr de Heaulme) : Quartier St Pierre, extrait de l’Album de La Réunion, dessin de  Hastrel de Rivedoux Étienne-Adolphe d’ (1836-1837), lithographié par Honoré Clerget, imprimé par Lemercier (Paris), édité par V. Delarue et Cie (Londres) et E. Gambart, Junin et Co (2e quart XIXe siècle), lithographie sur papier, 29,6 × 41,4 cm, estampe, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : la propriété est celle de Roland Valfroy Dehaulme (1782-1854).]

Il a eu sept enfants : Anne Marie Françoise (1776-1861), Marie Victoire (1778-1829), Jeanne Marie (1779-1811), Roland Valfroy (1782-1854), Elisabeth Adélaïde (1783-1857), Henry Norbert (1785-1840) et Gaspard Victor (1788-1857).


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.24.1, Sucrerie, vue d'une habitation, Coupe d'une étuve et canot avec ses Pilons, numéro d’inventaire 1992.24.1, création/exécution par un directeur artistique au 18e siècle, auteurs Bernard Robert (éditeur, 1785, Paris) et Panckoucke (éditeur), matière et technique : eau-forte sur papier vergé, 31,7 x 46,7 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.24.1, Sucrerie, vue d’une habitation, Coupe d’une étuve et canot avec ses Pilons, numéro d’inventaire 1992.24.1, création/exécution par un directeur artistique au 18e siècle, auteurs Bernard Robert (éditeur, 1785, Paris) et Panckoucke (éditeur), matière et technique : eau-forte sur papier vergé, 31,7 x 46,7 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Jean Valfroy, important propriétaire foncier, appartient à la bourgeoisie active de l’ile. Il développe l’exploitation de ses cultures de cannes à sucre en créant une première sucrerie dans la plaine du Gol, dont il se débarrasse rapidement en la revendant à un nommé Pinard.



Jean Valfroy, comme quelques autres grands propriétaires de l’île, dispose des moyens nécessaires pour prêter de l’argent à d’autres membres de la colonie. Il en tire profit, accroît sa fortune, et acquiert progressivement des biens immobiliers.

C’est ainsi qu’en 1784, François Marie Pascalis peut acheter le château du Gol, grâce à un prêt de Valfroy. Mais à sa mort en 1817, n’ayant pas remboursé sa dette, la propriété passe entre les mains de son créancier, puis à celles des héritiers de ce dernier : son fils Roland, et son gendre Laurent Philippe Robin.


Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire ML 379 C 183. Assiette ronde en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1735-1740. Décor polychrome sur couverte, enrichi de dorure. Le médaillon central, peint en grisaille, figure une scène portuaire de style européen inspirée de Meissen. Marli orné de réserves paysagées alternant avec un fond mosaïqué. Production d’exportation réalisée sous les Qing, au début du règne de Qianlong, dans les fours de Jingdezhen.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire ML 379 C 183. Assiette ronde en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1735-1740. Décor polychrome sur couverte, enrichi de dorure. Le médaillon central, peint en grisaille, figure une scène portuaire de style européen inspirée de Meissen. Marli orné de réserves paysagées alternant avec un fond mosaïqué. Production d’exportation réalisée sous les Qing, au début du règne de Qianlong, dans les fours de Jingdezhen.

En l’espace d’un siècle, Jean Roland Boudsocq et ses successeurs bâtissent une fortune familiale. Celle-ci est parfois fragilisée par les aléas de la conjoncture économique, comme ce sera le cas pour Bois-Rouge, propriété d’Adrien Bellier Montrose et de Clémentine de Heaulme.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.112, a. Arundo saccharifera, Canne de sucre ; b. Coma Arundinis saccharierce, fleure à canne de sucre, dessin attribué à Georg Dionysius Ehret, gravure attribuée à Johann Jakob Haid, 1737, estampe en manière noire (mezzo-tinto) rehaussée de couleur sur papier, 39,2 × 24,6 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.112, a. Arundo saccharifera, Canne de sucre ; b. Coma Arundinis saccharierce, fleure à canne de sucre, dessin attribué à Georg Dionysius Ehret, gravure attribuée à Johann Jakob Haid, 1737, estampe en manière noire (mezzo-tinto) rehaussée de couleur sur papier, 39,2 × 24,6 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Ses descendants sont donc nombreux, bien que la mortalité infantile ait parfois été élevée. Certains demeurent attachés à leur île natale et s’investissent dans le développement agricole ou le négoce du sucre.

D’autres s’établissent hors de La Réunion, et jouent un rôle politique dans d’autres colonies, comme Henry de Heaulme (1899-1986) à Madagascar. D’autres encore s’orientent vers des carrières dans la finance, les assurances, ou les chemins de fer, en tant qu’agents de change, directeurs de banque ou responsables d’entreprises, avec des fortunes diverses.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105374, Plan de la rade de Saint-Denis sur l’Isle Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite, 25 × 37,5 cm, orientation sud-est, notes manuscrites au recto et au verso, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105374, Plan de la rade de Saint-Denis sur l’Isle Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite, 25 × 37,5 cm, orientation sud-est, notes manuscrites au recto et au verso, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.

Parmi les descendants de Jean Roland Boudsocq, trois figures se distinguent par leur contribution notable à la culture, aux arts et à l’histoire militaire :

  • Léon Dierx[1], né le 31 mars 1838 à Saint-Denis et mort le 11 juin 1912 à Paris, fils de Jacques Marais Dierx et d’Anne Marie Deheaulme, est un poète parnassien élu « prince des poètes » après la mort de Stéphane Mallarmé en 1898. Il côtoie des figures majeures telles que Paul Verlaine, Guy de Maupassant et Catulle Mendès, et joue un rôle important dans la vie littéraire française de la fin du XIXᵉ siècle. Bien que moins connu aujourd’hui que Charles Marie René Leconte de Lisle, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul, le Réunionnais a su influencer durablement la scène artistique de sa génération par son œuvre et son implication.
  • Henri de Vallombreuse (né le 27 juin 1856 à Saint-Denis – mort le 25 août 1919 à Paris) est un peintre et céramiste influencé par le japonisme et les Nabis. Après ses études à l’Académie Julian à Paris, il se forme à la céramique à Saint-Amand-en-Puisaye auprès d’Émile Gaubier. Sa production, reconnue pour ses émaux subtils et son esthétique naturaliste, connaît un succès national et international. Certaines de ses œuvres sont conservées au musée d’Orsay[2].
  • Jean de Heaulme de Boutsocq[3] (né le 9 janvier 1923 à Hanoï, Indochine française) est un officier français ayant servi comme responsable des renseignements dans la région du delta du fleuve Rouge, durant la guerre d’Indochine. Il participe à la bataille de Vĩnh Yên (du 13 au 17 janvier 1951). En 1956, il se marie avec Geneviève de Galard Terraube, née le 13 avril 1925 à Paris et décédée le 30 mai 2024 à Toulouse[4]. Affectée au Service de santé des armées et convoyeuse de l’air, elle est restée dans les mémoires comme « l’infirmière de Diên Biên Phu ».

[1] Matricule n° 42486 dans l’ordre de la Légion d’honneur, fait chevalier le 13 juillet 1890, officier le 23 juillet 1901, selon la base de données Léonore.

[2] Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie-Valéry Giscard d’Estaing (France).

[3] Elevé au grade d’officier le 23 septembre 1968, et promu à celui de commandeur le 31 décembre 2015, selon le Journal officiel électronique authentifié n° 0001 du 01/01/2016, texte 3 sur 55, vue 7/103, consultable en ligne.

[4] Commune située actuellement dans le département de la Haute-Garonne, en région Occitanie.


Au XVIIIe siècle, la carte du monde se redessine au rythme du commerce maritime. L'argent extrait des mines d'Amérique alimente les échanges avec l’Asie : il paie les soieries, les épices, le thé et les porcelaines chinoises. Cette circulation des métaux, des biens et des hommes fonde une première mondialisation, où l’Europe organise les flux, mais dépend des richesses venues d’ailleurs. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
Au XVIIIe siècle, la carte du monde se redessine au rythme du commerce maritime. L’argent extrait des mines d’Amérique alimente les échanges avec l’Asie : il paie les soieries, les épices, le thé et les porcelaines chinoises. Cette circulation des métaux, des biens et des hommes fonde une première mondialisation, où l’Europe organise les flux, mais dépend des richesses venues d’ailleurs. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

De La Romagne, modeste village des Ardennes, à l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion[1]), le destin de Jean Roland Boudsocq illustre le chemin d’une famille dont l’histoire s’inscrit dans les grands mouvements de son temps.


[1] L’auteure remercie Olivia Pelletier, conservatrice en chef du patrimoine et responsable des fonds patrimoniaux Inde et Indochine aux archives nationales d’outre-mer (ANOM), Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, ainsi que Mireille Robert, Bofwa Mukenge, Patrick Jacquemart, Michèle Jacquemart et Valérie Cadet pour les contacts, les indications et les échanges qu’ils lui ont aimablement transmis au sujet de La Réunion.


Je suis tel qu’un ponton sans vergues et sans mâts,
Aventureux débris des trombes tropicales,
Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
Sur une mer sans borne et sous de froids climats.

Le vieux solitaire – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Ses descendants les plus célèbres, de Léon Dierx à Jean de Heaulme de Boutsocq, ont marqué leur époque, témoignant d’un enracinement profond conjugué à une ouverture sur le monde. Ce parcours révèle comment une lignée locale peut s’inscrire durablement dans la mémoire collective, entre continuité et mutation.


Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis (Morbihan). Blason de la Compagnie française des Indes : écu d’argent au chef d’azur semé de fleurs de lys d’or ; dans la partie inférieure, un fleuve couché au naturel s’appuie sur une corne d’abondance d’or. L’ensemble est timbré d’une couronne royale tréflée et soutenu par deux figures de « sauvages ». Devise : Florebo quocumqum ferar (« Je fleurirai partout où je serai portée »).
Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis (Morbihan). Blason de la Compagnie française des Indes : écu d’argent au chef d’azur semé de fleurs de lys d’or ; dans la partie inférieure, un fleuve couché au naturel s’appuie sur une corne d’abondance d’or. L’ensemble est timbré d’une couronne royale tréflée et soutenu par deux figures de « sauvages ». Devise en latin : Florebo quocumqum ferar (« Je fleurirai partout où je serai portée »).

Catégories
Anciens combattants Architecture Criminalité Guerre mondiale (1939-1945) Industrie Militaires Monuments commémoratifs Monuments commémoratifs militaires Patrimoine culturel Patrimoine industriel Victimes de guerre

Mission historique et mémorielle à Eisenhüttenstadt sur les traces de Pierre Bonhomme, natif de La Romagne, prisonnier de guerre dans le Stalag allemand III-B Fürstenberg (Oder)


8 mai 1945 – 8 mai 2025 : les soldats capturés pendant la Seconde Guerre mondiale, mémoire vive de l’histoire européenne

Panneau de la gare d'Eisenhüttenstadt (Allemagne). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Panneau de la gare d’Eisenhüttenstadt (Allemagne). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les jeudi 8 et vendredi 9 mai 2025 marquent deux anniversaires majeurs : les 80 ans de la victoire du 8 mai 1945 et les 35 ans de la Journée de l’Europe, célébrée le 9 mai. Le 8 mai s’annonce comme la dernière grande commémoration en présence des témoins directs de la Seconde Guerre mondiale : anciens combattants, rescapés des camps, requis du STO[1], incorporés de force[2]… et prisonniers de guerre[3], dont le sort particulier est relégué dans l’ombre.

Capturés en masse dès 1940, contraints au travail forcé en Allemagne, ces hommes vécurent une guerre marquée par la captivité, l’attente, et un retour difficile en France.


[1] Le Service du travail obligatoire était une contrainte imposée par le régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, forçant les jeunes hommes français à travailler en Allemagne pour soutenir l’effort de guerre nazi.

[2] Les « malgré-nous » étaient des hommes d’Alsace-Moselle contraints par le régime de Vichy de rejoindre l’armée allemande après l’annexion de fait de ces régions par le IIIᵉ Reich en 1942.

[3] Les Stalags accueillaient les soldats et sous-officiers soumis au travail forcé (Zwangsarbeit), tandis que les Oflags étaient destinés aux officiers, qui bénéficiaient de conditions de vie relativement meilleures. La notion de Zwangsarbeit (travail forcé) pendant la Seconde Guerre mondiale peut, dans de nombreux cas, être considérée comme une forme de moderne Sklaverei (esclavage moderne), bien que ces deux concepts renvoient à des contextes historiques et juridiques différents.


Embarcadère à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Embarcadère à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après avoir cherché les traces de Pierre Bonhomme, natif de La Romagne, prisonnier de guerre n° 53026 dans les Stalags allemands III-A Luckenwalde et III-D Berlin, une nouvelle mission historique et mémorielle s’est accomplie au Stalag III-B Fürstenberg[1] (Oder), actuellement Eisenhüttenstadt, en Allemagne) du jeudi 24 octobre au vendredi 1er novembre 2024.


[1] Fürstenberg-sur-Oder, commune située actuellement dans l’arrondissement de l’Oder-Spree et le Land de Brandebourg, en Allemagne, ne doit pas être confondue avec Fürstenberg-Havel, qui se trouve également dans le Land de Brandebourg, mais dans l’arrondissement de la Haute-Havel.


Ce déplacement a compris plusieurs rendez-vous avec des historiens, archivistes, bibliothécaires, documentalistes, libraires, etc., dont :

  • plusieurs rencontres avec Erich Opitz, historien local engagé dans la préservation de la mémoire du quartier de Fürstenberg (Oder). Président d’une association culturelle[1], membre du conseil municipal, il a publié plusieurs ouvrages[2] et articles[3] sur Eisenhüttenstadt. Il est par ailleurs collectionneur d’archives sur la Seconde Guerre mondiale (tracts, photographies, cartes postales, etc.) ;
  • des échanges électroniques[4] avec Axel Drieschner, historien de l’art et historien, conservateur au musée Utopie et vie quotidienne[5] (qui regroupe le Centre de documentation[6] sur la vie quotidienne en RDA[7] et des archives d’artistes[8] au château de Beskow[9]), impliqué dans les projets d’exposition et le développement des collections, co-directeur de publication avec Barbara Schulz de Stalag III-B Fürstenberg (Oder) : Kriegsgefangene im Osten Brandenburgs 1939-1945, Berlin : Metropol Verlag, 2006, 212 p. (Beiträge zur Geschichte Eisenhüttenstadts, cahier 4). [10] ;
  • une inscription à la bibliothèque municipale[11], dont le fonds documentaire actuel et varié comprend plusieurs ouvrages d’histoire locale. La délivrance d’une carte de lectrice à l’auteure a autorisé le prêt « à domicile[12] » de la monographie citée supra[13], dans le cadre d’une procédure spécifique ;
  • une consultation aux archives municipales[14]. Un exemplaire du titre référencé ci-dessus étant déjà conservé dans les fonds, la directrice a exceptionnellement autorisé, à titre dérogatoire et dans un cadre strictement non renouvelable, la remise d’un doublon à l’auteure ;
  • une visite du musée municipal[15], ancienne maison d’armateur, au style Art nouveau, arborant une façade décorée de motifs maritimes. Ses collections portent sur l’histoire locale d’Eisenhüttenstadt, et une salle en particulier est dédiée au Stalag III-B Fürstenberg (Oder) ;
  • des passages à l’office de tourisme[16], qui propose sur présentoir des périodiques, des monographies sur l’histoire locale, ainsi que des reproductions de cartes anciennes. Il met également à disposition, gratuitement, des dépliants[17], un livret d’accueil[18] et un itinéraire de découverte de la ville[19] ;
  • un tour à la librairie Thalia[20], qui comprend un rayon sur l’histoire locale, et qui vend des plans de la ville, ainsi que des cartes topographiques[21] de la région ;
  • une correspondance informatique avec la mairie[22] ;
  • une découverte de la galerie d’art de Fürstenberg (Oder)[23], qui organise un dépôt-vente d’ouvrages et d’un lot de cartes postales[24].

[1] Bürgervereinigung Fürstenberg (Oder) e.V., Fellertstraße 31, 15890 Eisenhüttenstadt.

[2] Parmi lesquels un recueil de photographies du vieux Fürstenberg (Oder) : Gansleweit, Klaus-Dieter ; Opitz, Erich ; Schieche, Manfred, Das alte Fürstenberg (Oder), Erfurt : Sutton Verlag, 2016, 136 p.

[3] Erich Opitz a notamment rédigé la partie I (pp. 20-55) d‘une chronologie (Zeitafel) de Fürstenberg (Oder), du moyen-âge à nos jours, avec Klaus-Dieter Gansleweit, dans l’article « Fürstenberg (Oder) im Wandel der Zeiten » (« Fürstenberg-sur-Oder au fil du temps »), paru dans Gansleweit, Klaus-Dieter (dir.), Festschrift zur 750-Jahr-Feier von Fürstenberg (Oder), Heimatkalender Eisenhüttenstadt und Umgebung, 23e année, édition spéciale, 1e édition, Eisenhüttenstadt : Bürgervereinigung Fürstenberg (Oder) e. V., 2005, 284 p. Erich Opitz a ensuite co-signé avec Klaus-Dieter Gansleweit, ou signé seul, les parties II à VI dans les volumes 1 (2011, 248 pages, pp. 17-42), 2 (2017, 224 pages, pp. 6-24), 3 (2020, 216 pages, pp. 6-43), 4 (2022, 203 pages, pp. 6-41), 5 (2024, 228 pages, pp. 6-37) de la revue Ganslweit, Klaus-Dieter (dir.), Fürstenberger Blätter : Beiträge zur Geschichte von Fürstenberg (Oder) und Umgebung, Eisenhüttenstadt: Bürgervereinigung Fürstenberg (Oder) e. V.

[4] Étant donné qu’Axel Drieschner était en déplacement professionnel à cette période, l’auteure n’a pas pu le rencontrer en personne.

[5] Museum Utopie und Alltag (DOK-Zentrum), Erich-Weinert-Allee 3, 15890 Eisenhüttenstadt.

[6] Dokumentationszentrum Alltagskultur der DDR, organisme soutenu par le ministère des Sciences, de la Recherche et de la Culture du Land de Brandebourg, l’arrondissement de l’Oder-Spree et la ville d’ Eisenhüttenstadt.

[7] République démocratique allemande.

[8] Museum Utopie und Alltag (Kunstarchiv), Breitscheidstraße 7, 15848 Beeskow.

[9] Commune située actuellement dans l’arrondissement de l’Oder-Spree et le Land de Brandebourg, en Allemagne.

[10] Ce livre a joué un rôle essentiel dans la rédaction de cet article, et demeure une référence incontournable pour tout lecteur germanophone s’intéressant au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Bien que les citations complètes n’aient pas été intégrées, l’auteure reconnaît l’importance capitale de cette œuvre dans ses recherches. Elle a constitué une ressource clé pour l’analyse, et sa mention explicite dans le texte s’inscrit dans les pratiques académiques, attestant ainsi de son apport déterminant.

[11] Stadtbibliothek, Lindenallee 2a, 15890 Eisenhüttenstadt.

[12] En fait, à l’hôtel, qui, en tant que lieu d’hébergement temporaire, ne revêt pas le statut de domicile légal et ne peut, dans le cadre d’un voyage touristique, être considéré comme une adresse officielle.

[13] Ce titre est épuisé. Publié en édition monolingue allemande, il n’a à ce jour pas été traduit en français, en anglais ni en russe.

[14] Stadtarchiv Eisenhüttenstadt, Am Trockendock 1a, 15890 Eisenhüttenstadt.

[15] Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt.

[16] Touristinformation, Lindenallee 25, 15890 Eisenhüttenstadt.

[17] Erlebnisreich Eisenhüttenstadt : die Vielfalt Eisenhüttenstadts erleben (Eisenhüttenstadt, riche en événements : découvrez la diversité d’Eisenhüttenstadt) ; Filmreich Eisenhüttenstadt : die Filmkulisse Eisenhüttenstadts erkunden (Eisenhüttenstadt, riche en films : découvrir les coulisses cinématographiques d’Eisenhüttenstadt) ; Fürstenberg (Oder) Eisenhüttenstadt : Spaziergang durch die historische Altstadt (Eisenhüttenstadt : promenade dans la vieille ville historique) ; Kunstreich Eisenhüttenstadt : Kunstwerke im öffentlichen Raum entdecken (Eisenhüttenstadt, riche en art : découvrir des œuvres d’art dans l’espace public) ; Naturreich Eisenhüttenstad t: Eisenhüttenstadt für Naturliebhaber (Eisenhüttenstadt, riche en nature : Eisenhüttenstadt pour les amoureux de la nature).

[18] Willkommen in Eisenhüttenstadt : Informationsbroschüre für Bürgerinnen, Bürger und Gäste unserer Stadt (Bienvenue à Eisenhüttenstadt : brochure d’information destinée aux citoyens et aux visiteurs de notre ville).

[19] Eisenhüttenstadt : die Planstadt zu Fuß entdecken (Eisenhüttenstadt : découvrir la ville planifiée à pied). Par « ville planifiée », on entend une ville conçue selon un plan d’urbanisme cohérent, élaboré dans le contexte politique de la RDA, l’État socialiste des années 1950.

[20] Lindenallee 7-9, 15890 Eisenhüttenstadt.

[21] Les feuilles L3952 et L3954 de la carte topographique du Brandebourg, à l’échelle 1 : 50 000 [deux centimètres sur la carte ≙ un kilomètre dans la réalité], couvrent Eisenhüttenstadt. Elles sont éditées par le Service topographique et d’information géographique du Brandebourg (Landesvermessung und Geobasisinformation Brandenburg).

[22] Stadt Eisenhüttenstadt, Zentraler Platz 1, 15890 Eisenhüttenstadt.

[23] Kunsthof Fürstenberg (Oder), Lindenplatz 4, 15890 Eisenhüttenstadt.

[24] Historische Brückeansichten von Fürstenberg/Oder (Vues historiques du pont de Fürstenberg/Oder).


Eisenhüttenstadt, ville palimpseste : entre ruines visibles et silence enfoui



Le voyage a aussi été l’occasion de découvrir Fürstenberg (Oder), le centre historique de la ville d’Eisenhüttenstadt, mentionné pour la première fois en 1286, et qui conserve quelques traces de la Seconde Guerre mondiale :

  • le quartier des pêcheurs[1] ;
  • l’église catholique Saint-Nicolas[2] (nommée d’après le patron des marins, référencée dès 1450, plusieurs fois détruite et reconstruite) ;
  • un remblai sur le canal Oder-Spree, utilisé depuis 1890 comme lieu de stockage et d’amarrage, rénové en 2008 avec la construction de pontons modernes, d’un embarcadère, et d’une promenade[3] ;
  • une « échelle céleste[4] », en fait un escalier étroit au fort dénivelé reliant le quartier de Kietz à l’Oderstraße ;
  • un monument[5] érigé en 1949 en l’honneur des vingt-trois membres de la flottille du Dniepr, tombés au combat au printemps 1945, lors des combats à Fürstenberg (Oder) ;
  • Un ancien embarcadère[6] : au lieu du pont sur la digue, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, un bac à câble actionné à la main a permis le passage jusqu’en 1996 ;
  • le cimetière protestant de Fürstenberg (Oder)[7], qui comprend une stèle en l’honneur de prisonniers de guerre décédés en 1939-1945, dont neuf Français[8] ;
  • le cimetière juif[9] ;
  • des pierres commémoratives[10] posées[11] en l’honneur d’Emma et Siegfried Fellert[12] ;
  • des vestiges de l’ancien pont sur l’Oder (qui a été détruit), visibles du côté polonais[13] ;
  • un ancien chantier naval[14], devenu aujourd’hui un immeuble d’habitation.
  • une fortification médiévale inachevée[15], potentiellement liée à l’empereur Charles IV du Saint-Empire romain germanique (1316-1378) ;
  • l’ancien hôtel de ville et la caserne de pompiers désaffectée[16], bâtiment construit en 1835 et rénové en 1900 dans le style néo-Renaissance ;
  • un château d’eau[17] de 1930, monument historique de style expressionniste ;
  • un musée des sapeurs-pompiers et des techniques de lutte contre l’incendie[18], achevé en 1992 ;
  • une écluse à sas double[19], mise en service en 1929.

[1] Kietz.

[2] Nikolaikirche, Kirchbüro, Oderstraße 1, 15890 Eisenhüttenstadt.

[3] Bollwerk.

[4] Himmelsleiter.

[5] Roßplatz (place des Chevaux).

[6] Ehemaliger Fährplatz.

[7] Fürstenberger evangelischer Friedhof, Kastanienstraße 15b, 15890 Eisenhüttenstadt.

[8] Ce lieu funéraire a été visité en compagnie d’Erich Opitz, reconnu pour ses recherches sur les sépultures oubliées, et pour sa connaissance de l’histoire des cultes des morts sous le national-socialisme à l’échelle régionale. Voir Opitz, Erich, Für Führer, Volk und Vaterland : zum regionalen Totenkult im Nationalsozialismus, Eisenhüttenstadt : Bürgervereinigung Fürstenberg (Oder) e. V., 2019, 188 p.

[9] Jüdischer Friedhof.

[10] Stolpersteine.

[11] Königstraße 61, 15890 Eisenhüttenstadt.

[12] Les deux victimes du nazisme ont été fusillées le 13 février 1945. Leurs corps ont été retrouvés au Stalag III-B Fürstenberg (Oder), mais le lieu exact de leur assassinat demeure incertain. Depuis 1946, la Prinz-Carolath-Straße n’existe plus et a été renommée Fellertstraße en leur honneur.

[13] Słubice est située juste de l’autre côté de la frontière, séparée de l’Allemagne par la rivière Oder. Elle est la voisine directe de Francfort-sur-l’Oder (Frankfurt an der Oder), commune située actuellement dans l’arrondissement de Francfort-sur-l’Oder et le Land de Brandebourg, en Allemagne.

[14] Ehemaliges Reedereigebaüde.

[15] Brauhebbel ou Burghebbel.

[16] Altes Rathaus und Feuerwache. Ce bâtiment a servi aux pompiers jusqu’à la mise en service, en 2022, de la nouvelle caserne centrale : Zentrale Feuerwache, Oderlandstraße 18, 15890 Eisenhüttenstadt.

[17] Wasserturm.

[18] Feuerwehr- und Technikmuseum, Heinrich-Pritzsche-Straße 26, 15890 Eisenhüttenstadt.

[19] Zwillingsschachtschleuse, Unterschleuse 1, 15890 Eisenhüttenstadt.


Pour ce qui est de sa partie moderne, Eisenhüttenstadt, qui est jumelée avec Drancy[1] depuis 1963, compte un théâtre[2], un cinéma[3], et a été le décor de plusieurs films en rapport avec la RDA[4]. La ville offre d’autre part au regard plus d’une centaine d’œuvres d’art dans les espaces publics, dont certaines en relation avec la Seconde Guerre mondiale, comme :

  • la place autrefois nommée « place de l’Amitié germano-soviétique[5] », et actuellement « place du Souvenir[6] », qui accueille un mémorial dédié aux prisonniers soviétiques du Stalag III-B Fürstenberg (Oder) (Les corps, déplacés lors de la construction de l’aciérie d’Eisenhüttenstadt, reposent sous un obélisque en granit, initialement destiné aux projets nazis pour Berlin[7], et réutilisé dans les années 1950) ;
  • la mosaïque murale[8] « Amitié entre les peuples[9] » de Walter Womacka ;
  • La peinture murale « Travailler pour la paix[10] » de Walter Womacka ;
  • La sculpture « Germania[11] Barbarica » d’Eckhard Herrmann.

[1] Commune située actuellement dans le département de la Seine-Saint-Denis, en région Île-de-France, faisant partie de la Métropole du Grand Paris. Le camp de Drancy fut le principal centre de transit des juifs arrêtés en France entre 1941 et 1944. Plus de soixante-trois mille personnes y furent internées avant d’être déportées, surtout à Auschwitz. Administré d’abord par la police française, puis par la Gestapo (abréviation de Geheime Staatspolizei, soit « police secrète d’État »), le camp fut libéré en août 1944. Il est aujourd’hui un lieu de mémoire de la Shoah en France.

[2] Friedrich-Wolf-Theater, Lindenallee 23, 15890 Eisenhüttenstadt.

[3] Filmpalast, Werkstraße 2a, 15890 Eisenhüttenstadt.

[4] En 2018, Das schweigende Klassenzimmer (La Révolution silencieuse), qui raconte comment des lycéens dénoncent la répression soviétique lors de l’insurrection de Budapest, a été partiellement tourné à Eisenhüttenstadt pour recréer l’atmosphère de la RDA des années 1950. En 2019, Und der Zukunft zugewandt (sorti en France sous le titre anglais Sealed Lips), qui raconte l’histoire d’une communiste allemande accusée d’espionnage en URSS, a également été filmé dans la ville.

[5] Platz der deutsch-sowjetischen Freundschaft.

[6] Platz des Gedenkes.

[7] Germania était un projet de « ville planifiée » conçu par Adolf Hitler pour transformer Berlin en une capitale mondiale monumentale, symbole de la puissance du régime nazi. Ce programme, imaginé avec l’architecte Albert Speer, prévoyait la construction de bâtiments gigantesques, notamment une grande avenue, un arc de triomphe géant et une salle pouvant accueillir jusqu’à cent quatre-vingt mille personnes. Cependant, le chantier n’a jamais été réalisé, abandonné en raison de l’évolution de la guerre et des destructions causées par le conflit.

[8] En porcelaine de Meißen : celle-ci, créée dès le début du XVIIIe siècle, se distingue par sa qualité exceptionnelle et ses designs raffinés, devenant ainsi un symbole du luxe et de l’artisanat en Europe.

[9] Völkerfreundschaft.

[10] Arbeit für den Frieden.

[11] Germania incarne l’unité et la puissance de l’Allemagne depuis le XIXe siècle. Guerrière couronnée, armée d’une épée ou d’un bouclier, elle symbolise un nationalisme conservateur. Marianne, quant à elle, née de la Révolution française, représente la République, la liberté et la souveraineté du peuple. Coiffée d’un bonnet phrygien, elle incarne les idéaux démocratiques et laïques de la France.



En 1961, le nom de Stalinstadt disparaît au profit de celui d’Eisenhüttenstadt. La « ville sidérurgique[1] », pensée comme la « première ville socialiste d’Allemagne[2] », doit incarner le renouveau de la RDA.

En 2001, la transformation d’une partie de la ville en zone industrielle donne lieu à des fouilles d’archéologie préventive[3] .


[1] Traduction littérale d’Eisenhüttenstadt.

[2] Anton, Wolfgang ; Arbeitsgruppe Stadtgeschichte (Eisenhüttenstadt), Eisenhüttenstadt : erste sozialistische Stadt Deutschlands, Berlin : BeBra Verlag GmbH, 1999, 247 pages.

[3] Rettungsgrabung (fouille de sauvetage).


Bouleau sur voie désaffectée à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Bouleau sur voie désaffectée à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 2024, les vestiges témoignent discrètement d’un passé longtemps occulté. Tout a presque totalement disparu, englouti par une nature luxuriante et exubérante, qui a repris ses droits depuis des décennies. La plupart du temps, les rares ruines affleurant à la surface sont difficiles à lire et à interpréter.

Vestiges d'un lampadaire en bordure de voie ferrée et d'un soubassement à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vestiges d’un lampadaire en bordure de voie ferrée et d’un soubassement à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le Stalag III-B Fürstenberg (Oder), un camp au cœur de la machine militaire nazie

Blocs érigés en souvenir du Stalag III-B à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Blocs érigés en souvenir du Stalag III-B à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dès 1929, dans Fürstenberg (Oder), le NSDAP[1] affronte de manière paramilitaire[2] les communistes[3] et les sociaux-démocrates[4]. En mars 1933, Adolf Hitler consolide son pouvoir avec plusieurs événements clés. Le 5 mars, les élections législatives renforcent son soutien, mais sans majorité absolue.

Le 27 février, l’incendie du Reichstag permet d’adopter un décret répressif. Le 23 mars, la loi des pleins pouvoirs[5] lui donne le pouvoir de légiférer sans le Reichstag, établissant ainsi sa dictature et mettant fin à la démocratie de la République de Weimar.


[1] Le NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) était le parti dirigé par Adolf Hitler, qui a gouverné l’Allemagne sous le régime nazi à partir de 1933.

[2] Le parti politique nazi n’était pas en soi une organisation paramilitaire, mais il s’est entouré de groupes paramilitaires pour assurer sa protection, intimider ses adversaires, et soutenir l’ascension du régime nazi. Parmi les exemples les plus emblématiques figurent les SA (Sturmabteilung) ou « chemises brunes », les SS (Schutzstaffel) à la sinistre tête de mort (Totenkopf), ainsi que les Jeunesses hitlériennes (Hitlerjugend ou HJ, littéralement la Jeunesse hitlérienne).

[3] En riposte, les communistes utilisaient le RFB (Rotfrontkämpferbund), ou Union des combattants du front rouge, qui visait à protéger les ouvriers et à lutter contre les nazis.

[4] Pour se défendre, les sociaux-démocrates s’appuyaient sur le Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold (Bannière noire-rouge-or) , une organisation destinée à défendre la République de Weimar contre l’extrême-droite.

[5] Ermächtigungsgesetz.


Fürstenberg (Oder) tombe sous la coupe des hitlériens. Dès lors, des mesures de terreur sont instaurées dans la ville et ses alentours, et les opposants politiques sont, soit enfermés dans des centres de détention, soit envoyés dans des camps de concentration[1].


[1] Les camps de concentration ont été créés dès 1933 pour détenir les opposants politiques et d’autres groupes « indésirables ». Les camps d’extermination, ouverts en 1941, étaient spécifiquement destinés à l’assassinat de masse, principalement des juifs.


« Les deux blocs de granit utilisés ici ont été récupérés en 2011 sur les rives du canal Oder-Spree à Eisenhüttenstadt. Ils y avaient survécu comme vestiges d’un stock de pierres constitué pendant la Seconde Guerre mondiale pour un projet de construction de la Wehrmacht prévu par Hitler à Berlin, à savoir le nouveau quartier général de l’armée avec la ‘halle des soldats’. Afin de stocker des pierres naturelles de haute qualité pour ce projet de construction, une installation portuaire a été spécialement construite à partir de 1940, juste au sud du Stalag III-B. Un commando de juifs français du camp de prisonniers de guerre a été utilisé pour creuser le bassin portuaire de 400 mètres de long. Environ 20 000 mètres cubes de gros blocs de pierre ont été empilés sur le site portuaire, dont du granit provenant de Scandinavie et des carrières de la SS, où les détenus des camps de concentration étaient soumis à un travail forcé dans des conditions inhumaines. Après la fin de la guerre, les forces d’occupation soviétiques ont notamment utilisé ces réserves de pierres pour construire le mémorial de Berlin-Treptow et la place du Souvenir à Eisenhüttenstadt. »

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

« Les deux blocs de granit utilisés ici ont été récupérés en 2011 sur les rives du canal Oder-Spree à Eisenhüttenstadt. Ils y avaient survécu comme vestiges d'un stock de pierres constitué pendant la Seconde Guerre mondiale pour un projet de construction de la Wehrmacht prévu par Hitler à Berlin, à savoir le nouveau quartier général de l'armée avec la 'halle des soldats'. Afin de stocker des pierres naturelles de haute qualité pour ce projet de construction, une installation portuaire a été spécialement construite à partir de 1940, juste au sud du Stalag III-B. Un commando de juifs français du camp de prisonniers de guerre a été utilisé pour creuser le bassin portuaire de 400 mètres de long. Environ 20 000 mètres cubes de gros blocs de pierre ont été empilés sur le site portuaire, dont du granit provenant de Scandinavie et des carrières de la SS, où les détenus des camps de concentration étaient soumis à un travail forcé dans des conditions inhumaines. Après la fin de la guerre, les forces d'occupation soviétiques ont notamment utilisé ces réserves de pierres pour construire le mémorial de Berlin-Treptow et la place du Souvenir à Eisenhüttenstadt. »

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le bellicisme d’Adolf Hitler se manifeste à travers la préparation de la guerre, notamment avec l’action de la Wehrmacht[1]. Dès août 1938, le commandement de cette dernière se voit chargé de planifier l’installation de camps de prisonniers, en prévision des invasions de la Tchécoslovaquie (le 15 mars 1939) et de la Pologne (le 1er septembre 1939).

Ces instructions incluent la construction des camps, ainsi que des directives sur le traitement des prisonniers, notamment la surveillance, l’hébergement, le ravitaillement et le travail.


[1] Cette « force de défense » (traduction littérale en français), créée en 1935 à partir de la Reichswehr (armée nationale), comprenait l’Heer (armée de Terre), la Kriegsmarine (Marine) et la Luftwaffe (armée de l’Air). La Wehrmacht a été dissoute en 1946 après la défaite de l’Allemagne.


„Hier befand sich während des Zweiten Weltkriegs das sogenannte Mannschafts- Stammlager Stalag III B. Das Lager diente der Deutschen Wehrmacht während ihrer Angriffskriege zur Aufnahme gefangener gegnerischer Soldaten und zu ihrer Weiterführung in die regionale Kriegswirtschaft. Über das Gebiet des Deutschen Reichs waren etwa siebzig Lager gleicher Funktion und Größenordnung verteilt.

Das Stalag III B war zur Unterbringung von maximal 10 000 Kriegsgefangenen ausgelegt. Dazu wurden vierzig Baracken entlang einer zentralen Erschließungsstraße errichtet.   Während des Krieges, durchliefen etwa 100 000 Gefangene das Stalag III B. Sie stammten aus Polen, Frankreich, Belgien, den Niederlanden, Jugoslawien, der Sowjetunion, den USA und aus Italien. Die Gefangenen wurden, je nach ihrer nationalen Herkunft, sehr unterschiedlich behandelt. Gegenüber den Soldaten der westlichen Alliierten beachtete man weitgehend die Grundsätze des Völkerrechts. Die italienischen Gefangenen dagegen wurden, da ihr Land das Bündnis mit Deutschland verlassen hatte, als „Verräter“ bezeichnet und schlechter gestellt.

Absolut menschenverachtend war die Behandlung der sowjetischen Gefangenen. Gemäß der rassistischen NS-Ideo!ogie, die sie zu „Untermenschen“ erklärte, verweigerten die Deutschen ihnen eine lebenserhaltende Ernährung, Hygiene und Medizinische Versorgung.

Mehr als 4000 sowjetische Gefangene verhungerten, deshalb im Stalag III B oder starben an Seuchen. Weitere Rotarmisten, insbesondere solchen jüdischen Glaubens, wurden zur sofortigen Ermordung an Konzentrationslager überstellt.

Das Gebeine der sowjetischen Gefangenen wurden zunächst in Massengräbern verscharrt. Bei Errichtung des Eisenhüttenwerks 1951 umgebettet, ruhen sie heute auf dem Platz des Gedenkens in Eisenhüttenstadt. 80 weiterer Opfer verschiedener Nationalität wurden auf dem Friedhof der evangelischen Kirchengemeine im Ortsteil Fürstenberg, Kastanienstraße 15 b, beigesetz.“

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A la mi-septembre 1939, il apparaît que les lieux initialement prévus ne suffisent pas, si bien que la construction de nouveaux camps tels que le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) se révèle indispensable aux yeux des autorités allemandes. Ce Stalag est intégré dans le Wehrkreis[1] III Berlin Brandebourg[2].


[1] Abrégé en WK. Les Wehrkreise (circonscriptions militaires) étaient des régions militaires allemandes créées sous la République de Weimar pour le recrutement et la formation des troupes. Elles ont été renforcées par le IIIᵉ Reich pour l’organisation de la Wehrmacht.

[2] Cette zone englobait les provinces de Berlin et de la Marche de Brandebourg, avec son quartier général situé à Berlin-Grunewald.


Le site de Fürstenberg (Oder) est choisi dès le 23 septembre 1939[1] par le lieutenant-colonel[2] Paul May, nommé commandant du camp de 1939 à 1940[3], après que le Dulag[4] D Amtitz[5], implanté à proximité de Guben[6] (et qu’il dirigeait) a été dissous.

Il reconnait les lieux en compagnie de représentants de l’autorité civile et du directeur de l’Office du travail[7]. Le terrain sélectionné, long de deux kilomètres, et large de cinq cents à sept cent cinquante mètres, est plat, sec, et recouvert de bruyères sur un sol sableux[8].


[1] Il existe officiellement à partir du 6 décembre 1939.

[2] Oberstleutnant (code OTAN OF-4 selon le document STANAG 2116).

[3] Lagerkommandant.

[4] Le Dulag (Durchgangslager) était un camp de transit, à travers lequel passait tout prisonnier de guerre pour enregistrement, mais aussi pour vérifier son état médical.

[5] La localité, située dans la région de Gubin, est aujourd’hui connue sous le nom de Gębice, en Pologne, dans la voïvodie de Lubusz. Avant 1945, Amtitz faisait partie de l’Allemagne, mais après les accords de Potsdam, la région est devenue polonaise. Gubin, proche de Gębice, est une ville polonaise située à la frontière allemande.

[6] Commune située actuellement dans l’arrondissement de Spree-Neisse et le Land de Brandebourg, en Allemagne. Traversée par la Neisse, elle est séparée de la ville polonaise de Gubin par la frontière germano-polonaise établie après la Seconde Guerre mondiale, conformément aux accords de Potsdam en 1945.

[7] Arbeitsamt, organisme officiel responsable de la gestion du travail et de la main-d’œuvre.

[8] Pour un usage militaire, une telle terre présente l’avantage d’être sèche, bien drainée et aisée à aménager, ce qui permet l’installation rapide d’un camp. Bien qu’inexploitable sur le plan agricole ou économique, elle offre néanmoins deux atouts majeurs : un accès relativement aisé à l’eau et une desserte efficace par le chemin de fer et la route.


Plan du Stalag III-B à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Plan du Stalag III-B à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le camp[1] est prévu au départ pour dix mille prisonniers[2] mais, à la fin de 1939, aucune baraque n’est encore construite pour les héberger. Les prisonniers passent donc le premier hiver de leur captivité sous des tentes, par un froid rigoureux. Les baraques, souvent construites par les prisonniers eux-mêmes, ne sont achevées qu’en août 1940. C’est à cette période que de nombreux prisonniers français y sont internés[3].


[1] Sur le plan organisationnel, il est directement issu du camp de transit d’Amtitz.

[2] Dans les faits, le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) a connu une surpopulation extrême, accueillant jusqu’à cinquante mille prisonniers de guerre à son apogée, soit cinq fois sa capacité. Cette surcharge a entraîné des conditions de détention très difficiles : promiscuité, manque d’hygiène, pénurie de soins et de nourriture.

[3] L’augmentation du nombre de prisonniers français dans les Stalags en 1940 est le résultat de la défaite rapide de la France face à la Blitzkrieg (guerre éclair) allemande lors de la bataille de France, en mai-juin.


Le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) comprend plus d’une quarantaine de baraques d’hébergement, qui ont accueilli pendant la Seconde Guerre mondiale au moins quatre-vingt mille prisonniers, toutes nationalités confondues (Américains, Belges, Français, Italiens, Néerlandais, Polonais, Soviétiques, Yougoslaves, etc.).


L’avant-camp[1] est agrémenté de parterres de fleurs et de jardins. Il regroupe les maisons des gardes du camp[2]. Elles sont à colombages[3]. Le 1er septembre 1943, le colonel[4] Albrecht Blau, commandant du camp[5], inaugure une stèle commémorative et fait planter un chêne[6], près de la voie d’accès au Stalag III-B Fürstenberg (Oder)[7].


[1] Vorlager, c’est-à-dire la zone située devant le camp.

[2] Ce sont des Unterkunftsbaracken (« baraques d’hébergement » ou « baraques de logement ») et plus exactement des Stabsbaracken (« baraques du personnel », ou « baraques du commandement »). Datant de la Seconde Guerre mondiale, elles comptent parmi les rares encore conservées. Elles sont aujourd’hui utilisées par un refuge pour animaux, plus précisément un chenil : Tierheim/Tierpension Eisenhüttenstadt e.V., Oderlandstraße 3b, 15890 Eisenhüttenstadt.

[3] « Mur en charpente dont les vides sont remplis de briques, de torchis ou de plâtre. Par extension. Les parties visibles de cette charpente. Une maison alsacienne, normande, à colombages. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] Oberst (code OTAN OF-5 selon le document STANAG 2116).

[5] Il l’a dirigé du 15 avril 1943 au 25 février 1945. Son cadavre a été retrouvé le 30 août 1945 au Gamskarkogel, sommet de 2 467 mètres dans le massif de l’Ankogel, en Autriche.

[6] Tous les deux sont encore visibles actuellement. Une allée de bouleaux reliait d’autre part le tronçon de route entre les troupes et le camp de prisonniers, et quelques-uns de ces arbres subsistent.

[7] Lagerzufahrt . Dans le contexte d’un camp nazi comme un Stalag, ce terme désigne généralement la route d’accès principale utilisée pour les transports de prisonniers, de matériel ou de personnel.


Défilé de soldats allemands dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Défilé de soldats allemands dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Cette entrée[1], tournée vers la ville, est dominée par une tour de guet[2] en briques, très massive, alors que les autres miradors de surveillance sont en bois. Elle regroupe les bureaux de la Kommandantur[3], de l’Abwehr[4], de la poste, des bâtiments (pour la désinfection ou le stockage de combustible),  et des ateliers[5]. Le camp est entouré extérieurement d’une double clôture de barbelés, dont les poteaux sont enterrés d’au moins cinquante centimètres.


[1] Lagereingang.

[2] Wachturm.

[3] Le terme Kommandantur désigne les services de commandement militaires allemands, le bâtiment où ils sont installés, ainsi que le territoire qu’ils administrent. Dans certains contextes, il peut être traduit par PC (poste de commandement), notamment lorsqu’il se réfère à l’endroit où les autorités militaires exercent leur commandement.

[4] L’Abwehr (défense, riposte, parade), service de renseignement militaire allemand, a été fondée le 1er janvier 1921, en succession du Service IIIb (Abteilung ou Sektion IIIb, soit section IIIb) de la Première Guerre mondiale. Chargée du Gegenspionage (contre-espionnage), du Auslandsnachrichtendienst (renseignement extérieur) et du Sabotage (sabotage), elle est dirigée par l’amiral Wilhelm Canaris à partir de 1935. En conflit croissant avec la SS (Schutzstaffel, escadron de protection), accusée de trahison, elle est dissoute par Adolf Hitler le 18 février 1944.

[5] Les locaux non destinés à l’habitation sont désignés comme Lagerbaracken (baraques de stockage) ou Lagerflächen (zones ou surfaces de stockage).


Le miroir routier ou miroir de sécurité qui se voit à gauche a pour but d’améliorer la visibilité dans les zones où le champ de vision est réduit, notamment aux intersections.  Entrée du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Le miroir routier ou miroir de sécurité qui se voit à gauche a pour but d’améliorer la visibilité dans les zones où le champ de vision est réduit, notamment aux intersections. Entrée du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Cette structure du camp est identique à celle du Stalag III-A Luckenwalde[1] ou du Stalag XVII-B Gneixendorf[2], où Pierre Bonhomme a été prisonnier de guerre, ainsi qu’à de nombreux autres camps[3]. Il est à noter que ce camp n’a pas d’hôpital mais de simples infirmeries jusqu’en 1944[4].


[1] Commune située actuellement dans l’arrondissement de Teltow-Fläming et le Land de Brandebourg, en Allemagne.

[2] Village rattaché à Krems an der Donau (Krems-sur-le-Danube), commune située actuellement dans le district (Bezirk) de Krems et le Land de Basse-Autriche, en Autriche.

[3] Les Stalags II-A Neubrandenburg, III-A Luckenwalde, IV-B Mühlberg, VII-A Moosburg, IX-A Ziegenhain, X-B Sandbostel et XVII-B Gneixendorf sont tous construits sur le même modèle. Au Stalag VIII-A Görlitz, le plan a été légèrement modifié.

[4] Cette année-là, une annexe du camp de concentration de Sachsenhausen fut établie au sein de la nouvelle verrerie.


Baraques des gardes du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Baraques des gardes du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

A l’intérieur du camp, d’autres clôtures divisent l’espace en fonction des nationalités. Chaque enclos compte en général cinq baraques, chacune ayant une capacité approximative de deux cent cinquante hommes.

Leur comptage se fait dans le sens des aiguilles d’une montre : celles numérotées de 5 à 24 se trouvent à l’ouest, tandis que celles de 25 à 44 sont à l’est. La partie française regroupe notamment les baraques 6 et 8, tandis que la baraque 41 accueille des Français employés au service du camp.


Maquette d'un baraquement du Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Maquette d’un baraquement du Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La cuisine est dans un bâtiment de soixante-sept mètres de long sur treize de large, séparé par des barbelés des hébergements. L’endroit comprend des locaux à ordures, des espaces pour le stockage des denrées alimentaires, et une zone de lavage des ustensiles de cuisine.


Lagerstraße (route du camp) du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Lagerstraße (route du camp) du Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Extérieurement, les baraquements sont des constructions en briques. Intérieurement, ils sont divisés en plusieurs parties :

  • deux dortoirs respectivement de vingt-cinq et trente mètres, chacun comportant plus de cent prisonniers. Ces derniers ne disposent que d’une surface de deux mètres carrés cinquante. Elle est réduite à un mètre carré soixante-dix en cas de surpopulation[1].
  • Un espace central réservé aux salles d’eau : la première, destinée à l’hygiène corporelle ; la deuxième, au lavage du linge ; la troisième, probablement au séchage.

[1] Le camp a pu être plus peuplé que la ville elle-même.


Maquette d'un baraquement et du plan du Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Maquette d’un baraquement et du plan du Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce Stalag sert d’accueil, de centre administratif pour les prisonniers de guerre qui y arrivent. Ils sont enregistrés et, après la quarantaine habituelle, transférés dans des commandos de travail à l’extérieur des camps.

Lorsque la main-d’œuvre du Wehrkreis III Berlin Brandebourg est détachée du Stalag III-B Fürstenberg (Oder), elle est rattachée administrativement au Stalag III-D Berlin, et répartie dans des camps secondaires disséminés en dehors de la capitale[1].


[1] Plusieurs Schattenlager (camps satellites, ou « camps de l’ombre ») ont été installés à Berlin et dans ses environs pendant la Seconde Guerre mondiale.


L’évacuation du Stalag III-B Fürstenberg (Oder) commence avec l’avancée des troupes soviétiques dans de très mauvaises conditions, avec le froid, le manque d’eau et de nourriture. Le 4 février 1945, le pont sur l’Oder est détruit, lors de la retraite allemande. Le 9 février, l’évacuation des habitants de Fürstenberg (Oder) est ordonnée.

„An der Stelle der am 23.04.1945 gesprengten Brücke entstand in den Jahren 1995/96 diese „Neue Deichbrücke“. Ermöglicht wurde der Wiederaufbau durch Gelder des Landes Brandenburg, der Stadt Eisenhüttenstadt und vieler Bürger aus Fürstenberg/Oder, die nach Ende des 2. Weltkrieges für diese Brücke spendeten.“

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder) le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La Guerre sacrée, en Russie de 1941 à 1945, fait référence à l'appel patriotique lancé par le gouvernement soviétique pour mobiliser la population contre l'invasion nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le samedi 26 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La Guerre sacrée, en Russie de 1941 à 1945, fait référence à l’appel patriotique lancé par le gouvernement soviétique pour mobiliser la population contre l’invasion nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le samedi 26 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Désertée, la ville est prise par la 33e armée (URSS)[1] le 24 avril 1945. Les prisonniers sont dirigés sur le Stalag III-A Luckenwalde. Quant aux captifs soviétiques, fragilisés par leurs conditions de détention, beaucoup trouvent la mort.


[1] 33-я армия (СССР), unité de l’Armée rouge durant la Grande Guerre patriotique.


Une rencontre symbolique entre historiens locaux français et allemands à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prises de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Une rencontre symbolique entre historiens locaux français et allemands à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prises de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les baraques, bien que situées sur la ligne de front à Fürstenberg (Oder), sont épargnées[1]. Jusqu’à l’automne 1947, elles sont occupées par l’Armée rouge, avant d’être habitées par la population locale. La Wehrmacht a creusé des tranchées et posé des champs de mines le long du canal Oder-Spree.

Des démineurs sont désignés par les Soviétiques parmi les habitants de Fürstenberg (Oder), une dizaine d’hommes, ainsi que six adolescents, membres des Jeunesses hitlériennes, perdent la vie dans des explosions.


[1] La ville a connu des combats isolés et des tirs d’artillerie, mais n’a pas subi de destructions majeures.


„Ewiger Ruhm den Helden die im Kampf für die Freiheit und Unabhängigkeit unserer Heimat gefallen sind.“

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Eisenhüttenstadt (Allemagne) le samedi 26 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après la création de la RDA le 7 octobre 1949, la décision de construire un combinat sidérurgique est prise lors du IIIe congrès du SED[1] en juillet 1950. Le terrain du Stalag III-B Fürstenberg (Oder) est transformé au sud en un complexe industriel (usine de ciment, extension de voies ferrées[2] publiques ou privées[3], etc.).

Il se trouve plus tard intégré dans la création d’une « ville nouvelle », Stalinstadt[4], dont Fürstenberg (Oder) est désormais un simple quartier.


[1] Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (Parti socialiste unifié d’Allemagne).

[2] Dès le milieu du XIXe siècle, Krupp fournissait des produits en acier moulé pour l’industrie ferroviaire en plein essor. Le nom du conglomérat industriel allemand apparaît sur certains rails d’Eisenhüttenstadt.

[3] Les embranchements particuliers (EP sous une forme abrégée en France) désignent des sections de voie ferrée raccordées au réseau principal, et utilisées par des entreprises pour leurs besoins logistiques.

[4] Ou « ville de Staline », appelée ainsi de 1953 à 1961, sur le modèle de Stalingrad, qui porta ce nom de 1925 à 1961 avant d’être rebaptisée Volgograd.


Vue sur une zone industrielle depuis l'emplacement du Stalag III-B, à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vue sur une zone industrielle depuis l’emplacement du Stalag III-B, à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1940, la société allemande Degussa[1] acquiert auprès de la municipalité un terrain convoité par Siemens & Halske AG[2], situé à proximité du camp. Elle y implante un complexe chimique destiné à la production de sodium, de formaldéhyde et d’autres substances utilisées dans la fabrication d’explosifs.


[1] Fondée en 1873, Degussa (Deutsche Gold- und Silberscheideanstalt vormals Roessler) était à l’origine spécialisée dans le raffinage des métaux précieux en Allemagne. Avant 1933, elle dominait ce secteur, puis elle s’est progressivement diversifiée, devenant un acteur important de la chimie industrielle et d’autres domaines liés à l’industrie lourde.

[2] Ou Siemens-Halske


La sculpture « Germania Barbarica » d'Eckhard Herrmann se trouve en plein air, pour éveiller les consciences des passants. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Eisenhüttenstadt (Allemagne) le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La sculpture « Germania Barbarica » d’Eckhard Herrmann se trouve en plein air, pour éveiller les consciences des passants. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Eisenhüttenstadt (Allemagne) le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lors de la deuxième phase d’extension, la production de carbure de calcium est introduite, suivie, dans une troisième phase, de la fabrication d’acétylène, de peroxyde de sodium, de cyanure de sodium, d’acide cyanhydrique, d’examéthylènetétramine, d’acétaldéhyde, d’ester acétique, d’acétone et d’acétone-cyanhydrine.


Près de deux mille prisonniers de guerre ont été employés pour transformer la ville en site d’armement. Or, selon les conventions de Genève, le travail dans des usines produisant des substances pour l’effort de guerre, comme des explosifs, constitue une violation flagrante du droit international humanitaire.


« Frieden den hier ruhenden Kriegsgefangenen. 42 Polen, 1 Chinese, 4 Amerikaner, 9 Franzosen, 4 Serben, 2 Jugoslaven, 2 Tschechen, 38 Italiener, 2 Unbekannter Nation, 1 Hollander (Paix aux prisonniers de guerre qui reposent ici. 42 Polonais, 1 Chinois, 4 Américains, 9 Français, 4 Serbes, 2 Yougoslaves, 2 Tchèques, 38 Italiens, 2 de nationalité inconnue, 1 Hollandais.) » Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
« Frieden den hier ruhenden Kriegsgefangenen. 42 Polen, 1 Chinese, 4 Amerikaner, 9 Franzosen, 4 Serben, 2 Jugoslaven, 2 Tschechen, 38 Italiener, 2 Unbekannter Nation, 1 Hollander (Paix aux prisonniers de guerre qui reposent ici. 42 Polonais, 1 Chinois, 4 Américains, 9 Français, 4 Serbes, 2 Yougoslaves, 2 Tchèques, 38 Italiens, 2 de nationalité inconnue, 1 Hollandais.) » Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En janvier 1941, deux cent dix hommes travaillent sur le chantier de Degussa, et de nombreux prisonniers de guerre les rejoignent par la suite. La société exploite la main-d’œuvre bon marché fournie par les victimes de guerre. Elle n’est pas seule : en 1943, cinq cents juifs polonais déportés sont employés non seulement pour cette entreprise, mais aussi sur le chantier de construction d’une centrale électrique MEW[1], près de Vogelsang[2].


[1] Märkisches Elektrizitätswerk.

[2] Commune située actuellement dans l’arrondissement de l’Oder-Spree et le Land de Brandebourg, en Allemagne.


Après la Seconde Guerre mondiale, l’usine Degussa est démantelée, et l’extraction du lignite reprend à Schönfließ[1]. Les machines et installations sont démontées, puis transportées par bateau comme réparations de guerre. Les bâtiments détruits sont déblayés, et les décombres sont mis à la disposition des habitants pour le programme de reconstruction et de réaménagement du sol.


[1] Schönfließ était à l’origine un village indépendant, devenu en 1961 un quartier historique d’Eisenhüttenstadt. Il a connu une activité industrielle dès la découverte de lignite en 1847, avec le début de son exploitation en 1858. Après une relance temporaire de l’extraction en 1947, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’exploitation a finalement cessé de façon définitive en 1952.


Entrée du musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entrée du musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) sert de réservoir de main-d’œuvre pour les secteurs industriel, minier, agricole et sylvicole. Cependant, les prisonniers y restent rarement plus de six à huit semaines, le temps nécessaire pour les formalités administratives et la quarantaine.


Ils sont ensuite répartis dans divers commandos de travail, selon le lieu, la taille de l’entreprise et les compétences requises. Les conditions de vie varient considérablement d’un endroit à un autre. Par ailleurs, les besoins en travailleurs dépassent souvent largement les capacités du camp, malgré le grand nombre de prisonniers de guerre disponibles.

Le ministère du Travail du Reich[1] constate ainsi que la Wehrmacht n’a pu fournir que vingt mille des vingt-huit mille prisonniers demandés par le Wehrkreis III, mettant en péril la récolte des betteraves.


[1] Reichsarbeitsministerium.


Groupe de prisonniers au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Groupe de prisonniers au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Depuis 1940-1941, les employeurs de prisonniers français (principalement issus de l’armée de Terre) sont satisfaits de leur travail, et ne souhaitent pas les remplacer par des prisonniers soviétiques, malgré les propositions faites à cet effet. En effet, l’état de faiblesse de ces derniers les rend inaptes au travail, et non « rentables ».

Les prisonniers de guerre français sont employés essentiellement dans la production d’armement, tandis que les projets de construction d’autoroutes, pour lesquels ils avaient été initialement affectés, sont abandonnés.


Groupe de prisonniers au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Groupe de prisonniers au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Le commandant du Stalag est en théorie responsable de l’application des conventions de Genève, tant dans les camps principaux que dans leurs satellites. Le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) faisant partie du Wehrkreis III Berlin Brandebourg, son territoire correspond avec celui de l’Office du travail du Land de Brandebourg et de la région métropolitaine de Berlin-Brandebourg.

Il a pour attribution le gouvernement de l’arrondissement de Francfort-sur-l’Oder, dans le Land de Brandebourg. Néanmoins des changements interviennent par la suite après la création du Stalag III-D Berlin et du Stalag III-E Kirchhain[1].


[1] Doberlug-Kirchhain, commune située actuellement dans l’arrondissement de l’Elbe-Elster et le Land de Brandebourg, en Allemagne.


Roßplatz, monument commémoratif à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Roßplatz, monument commémoratif à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La Wehrmacht viole de plus en plus les règles des conventions de Genève. En pratique, le traitement des prisonniers varie selon leur nationalité, en fonction de la position politique de leur pays d’origine, et de critères ouvertement racistes. Les plus maltraités sont les Soviétiques.

Dépliant en russe sur le Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dépliant en russe sur le Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

À partir de 1943, le Stalag III-B Fürstenberg (Oder) fait l’objet de visites du Comité international de la Croix-Rouge, chargé de veiller au respect des conventions de Genève. Toutefois, ce contrôle reste très limité.

Livraison de colis par la Croix-Rouge au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Livraison de colis par la Croix-Rouge au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Si des inspections sont autorisées dans les camps où sont détenus des prisonniers de guerre occidentaux (français, britanniques, américains), les représentants de la Croix-Rouge sont tenus à l’écart des zones de détention réservées aux prisonniers soviétiques, que l’Allemagne nazie ne reconnaît pas comme protégés par ces conventions.

Dépliant en anglais sur le Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dépliant en anglais sur le Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’envoi de colis et les visites, strictement encadrés, ne permettent qu’une intervention restreinte, souvent instrumentalisée par le régime à des fins de propagande.

Groupe de prisonniers, dont des joueurs d'accordéon, au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Groupe de prisonniers, dont des joueurs d’accordéon, au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Façade principale de la gare (partie ancienne) à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Façade principale de la gare (partie ancienne) à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dans les premiers temps de détention au Stalag III-B Fürstenberg (Oder), des prisonniers français mettent fin à leurs jours[1]. Après le choc de la défaite, la capture, puis les transferts successifs — d’un Frontstalag[2] à un Dulag, puis à un Stalag, souvent entassés dans des wagons à bestiaux —, ils arrivent épuisés, affamés, sans nouvelles de leurs proches.


[1] Six suicides ont été recensés par le bureau d’état civil d’Eisenhüttenstadt.

[2] Abréviation de l’allemand Front-Stammlager, « camp principal de front », ce terme désigne un camp de prisonniers de guerre installé par l’armée allemande à proximité du front, notamment en France occupée, pendant la Seconde Guerre mondiale.


Façade arrière de la gare (partie ancienne) à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Façade arrière de la gare (partie ancienne) à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

À la gare de marchandises de Fürstenberg (Oder), il leur reste encore plusieurs kilomètres à parcourir à pied, généralement dans l’obscurité. Face à l’incertitude, à l’isolement, à la douleur physique et à la souffrance morale, certains ne supportent plus cette accumulation d’épreuves.


Certains prisonniers français trouvent un peu d’espoir dans la culture, grâce à une partie de baraque transformée en bibliothèque, salle de lecture et de classe, tandis que d’autres se tournent vers la religion, avec une chapelle aménagée dans une autre section de baraque.

Salle de lecture et de classe au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).
Salle de lecture et de classe au Stalag III-B Fürstenberg (Oder). Photographie ancienne en noir et blanc, virage sépia, tirage argentique (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Erich Opitz).

Tous endurent des années de privations, de peur et de violences jusqu’à la libération du camp par les Soviétiques à la fin du mois d’avril 1945.

« Вечная слава героям — морякам Краснознаменной ордена Ушакова Днепровской флотилии, павшим в боях за честь, свободу и независимость Советской Родины.

17 апреля 1945 года

Лейтенанты: Ткачёв И.Е., Лосев А.Д.

Старшина I статьи: Черенков И.А.

Старшие краснофлотцы: Ивлев И.Г., Мичник Г.А.

Краснофлотцы: Боровых Д.Т., Бельтиков А.Л., Богданов Е.И., Вандышев Ю.В., Гоголев В.Н., Дорофеев А.Д., Заливин А.М., Каприилов Ф.М., Кузнецов В.Н., Новожилов В.А., Ножаев Н.Х., Половенко Л.Я., Смаковой С.Я., Смирнов И.М., Трофимчук В.Н., Уфумов Ф.Д., Шишкин Е. А., Костылевский Ю.Д. »

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

17 апреля 1945 года

Лейтенанты: Ткачёв И.Е., Лосев А.Д.

Старшина I статьи: Черенков И.А.

Старшие краснофлотцы: Ивлев И.Г., Мичник Г.А.

Краснофлотцы: Боровых Д.Т., Бельтиков А.Л., Богданов Е.И., Вандышев Ю.В., Гоголев В.Н., Дорофеев А.Д., Заливин А.М., Каприилов Ф.М., Кузнецов В.Н., Новожилов В.А., Ножаев Н.Х., Половенко Л.Я., Смаковой С.Я., Смирнов И.М., Трофимчук В.Н., Уфумов Ф.Д., Шишкин Е. А., Костылевский Ю.Д. »

17 avril 1945

Lieutenants[4] : Tkachov I.E., Losev A.D.

Maître de 1e classe[5] : Tcherenkov I.A.

Matelots-chefs[6] : Ivlev I.G., Mitchnik G.A.

Matelots[7] : Borovykh D.T., Beltikov A.L., Bogdanov E. I., Vandychev Iou.V., Gogolev V. N., Dorofeev A.D., Zalivin A.M., Kapriilov F.M., Kouznetsov V.N., Novojilov V.A., Nojlev N. Kh., Polovenko L. Ia., Smakovoi C. Ia., Smirnov I. M., Trofimtchouk V. N., Ufumov F. D., Chichkine E. A., Kostylevskiï Iou. D. »


[1] La flottille du Dniepr a été rétablie le 20 mars 2024, dans le cadre de la Marine russe.

[2] L’ordre de l’Étoile rouge (Орден Краснoй Звезды), décoration militaire soviétique, a été instituée par décret le 6 avril 1930.

[3] L’ordre d’Ouchakov (Орден Ушакова), distinction honorifique navale, a été créée en Union soviétique le 3 mars 1944. Elle rend hommage à Fiodor Fiodorovitch Ouchakov, un amiral russe du XVIIIe siècle.

[4] Лейтенант (« lieutenant »). Ce grade est approximativement équivalent à « enseigne de vaisseau de première classe » dans la Marine française (code OTAN OF-1 selon le document STANAG 2116).

[5] Старшина 1-й статьи (« maître de première classe »).  Ce grade est approximativement équivalent à « maître » dans la Marine française (code OTAN OR-6 selon le document STANAG 2116).

[6] Старший краснофлотец (« marin rouge de première classe »). Ce grade est approximativement équivalent à « quartier-maître de première classe » dans la Marine française (code OTAN OR-4 selon le document STANAG 2116).

[7] Краснофлотец (« marin rouge »). Ce grade est approximativement équivalent à « matelot de deuxième classe » dans la Marine française. Le terme a été remplacé en 1946 par « матрос » (matelot), dénomination plus classique (code OTAN] OR-1 selon le document STANAG 2116).

« Gloire éternelle aux héros, marins de la flottille du Dniepr[1] décorée de l'Ordre de l'Étoile rouge[2] et de l'Ordre d' Ouchakov[3], tombés au combat pour l'honneur, la liberté et l'indépendance de la patrie soviétique.

17 avril 1945

Lieutenants[4] : Tkachov I.E., Losev A.D.

Maître de 1e classe[5] : Tcherenkov I.A.

Matelots-chefs[6] : Ivlev I.G., Mitchnik G.A.

Matelots[7] : Borovykh D.T., Beltikov A.L., Bogdanov E. I., Vandychev Iou.V., Gogolev V. N., Dorofeev A.D., Zalivin A.M., Kapriilov F.M., Kouznetsov V.N., Novojilov V.A., Nojlev N. Kh., Polovenko L. Ia., Smakovoi C. Ia., Smirnov I. M., Trofimtchouk V. N., Ufumov F. D., Chichkine E. A., Kostylevskiï Iou. D. »

[1] La flottille du Dniepr a été rétablie le 20 mars 2024, dans le cadre de la Marine russe.

[2] L’ordre de l’Étoile rouge (Орден Краснoй Звезды), décoration militaire soviétique, a été instituée par décret le 6 avril 1930.

[3] L'ordre d'Ouchakov (Орден Ушакова), distinction honorifique navale, a été créée en Union soviétique le 3 mars 1944. Elle rend hommage à Fiodor Fiodorovitch Ouchakov, un amiral russe du XVIIIe siècle.

[4] Лейтенант (« lieutenant »). Ce grade est approximativement équivalent à « enseigne de vaisseau de première classe » dans la Marine française (code OTAN OF-1 selon le document STANAG 2116).

[5] Старшина 1-й статьи (« maître de première classe »).  Ce grade est approximativement équivalent à « maître » dans la Marine française (code OTAN OR-6 selon le document STANAG 2116).

[6] Старший краснофлотец (« marin rouge de première classe »). Ce grade est approximativement équivalent à « quartier-maître de première classe » dans la Marine française (code OTAN OR-4 selon le document STANAG 2116).

[7] Краснофлотец (« marin rouge »). Ce grade est approximativement équivalent à « matelot de deuxième classe » dans la Marine française. Le terme a été remplacé en 1946 par « матрос » (matelot), dénomination plus classique (code OTAN] OR-1 selon le document STANAG 2116).

Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mardi 29 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Barbelés du Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Barbelés du Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La présence du camp est bien connue de la population locale, et ce d’autant plus qu’une route, le long de laquelle se promènent les habitants, borde les barbelés du Stalag III-B Fürstenberg (Oder).


Avant 1945, Fürstenberg (Oder) fait partie de la province de Brandebourg, qui intègre le royaume de Prusse, puis l’État libre de Prusse sous la République de Weimar et le Troisième Reich. Après la guerre, les Alliés dissolvent officiellement la Prusse en 1947, redistribuant son territoire entre de nouvelles entités administratives.

L'écriture gothique, conservée dans certains contextes, évoque un lien avec l'histoire, le patrimoine culturel et une certaine nostalgie du passé. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’écriture gothique, conservée dans certains contextes, évoque un lien avec l’histoire, le patrimoine culturel et une certaine nostalgie du passé. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 25 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’État militaire prussien, fondé sur une armée disciplinée, joue un rôle clé dans l’unification de l’Allemagne sous Bismarck au XIXe siècle. Bismarck utilise les guerres pour créer l’Empire allemand.

Plus tard, Adolf Hitler radicalise ce militarisme pour mener des guerres d’agression[1] et commettre des atrocités durant la Seconde Guerre mondiale. Le procès de Nuremberg met en lumière la fois la continuité et la rupture entre ces deux périodes.


[1] Invasions menées par l’Allemagne nazie et ses alliés pour étendre leur territoire et imposer leur idéologie.


Quelques vestiges du Stalag III-B se voient le long de l'Oderstraße à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Quelques vestiges du Stalag III-B se voient le long de l’Oderstraße à Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le général Hermann Reinecke (1888-1973), chef de l’Office général de la Wehrmacht[1], acteur central de la politique répressive à l’égard des prisonniers de guerre et du travail forcé[2], est jugé pour cela puis a vu sa peine réduite[3].


[1] L’AWA (Allgemeines Wehrmachtamt, ou Office général de la Wehrmacht) était un service central de l’Oberkommando der Wehrmacht (OKW), le haut commandement militaire du IIIe Reich. Il gérait les affaires administratives générales des forces armées, dont l’organisation, la législation militaire, le personnel et la coordination entre les différentes armes.

[2] Le procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 au palais de justice de Nuremberg. Ce tribunal militaire international a jugé les principaux responsables nazis pour leurs crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes contre la paix.

[3] Condamné à la réclusion à perpétuité en 1948 pour crimes de guerre, il a été libéré en 1954, dans le contexte du réarmement de la RFA (République fédérale d’Allemagne). Il incarne pourtant le type du général étroitement lié au régime nazi.



Dépliant en allemand sur le Stalag III-B au musée municipal d'Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l'aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Dépliant en allemand sur le Stalag III-B au musée municipal d’Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Avec l’aimable autorisation du Städtisches Museum & Galerie, Löwenstraße 4, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour de nombreux autres officiers de la Wehrmacht impliqués dans la gestion des camps de prisonniers, les poursuites ne sont pas à la hauteur de ce qu’elles auraient dû être, ces derniers occupant, quelques années après la Seconde Guerre mondiale, des postes importants dans la Bundeswehr[1].


[1] La Bundeswehr est l’armée nationale, créée en 1955 après la Seconde Guerre mondiale pour défendre la RFA dans le cadre de l’OTAN.


Archives municipales. Stadtarchiv Eisenhüttenstadt, Am Trockendock 1a, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleur, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Archives municipales. Stadtarchiv Eisenhüttenstadt, Am Trockendock 1a, 15890 Eisenhüttenstadt. Photographie en couleur, prise de vue effectuée le mercredi 30 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La loi Dreher du 1er octobre 1968 entraîne l’arrêt de nombreuses procédures judiciaires pour crimes nazis, en fixant un délai de prescription à vingt ans, empêchant ainsi de juger de nombreux responsables.


Quant au Stalag III-B Fürstenberg (Oder), il demeure aujourd’hui absent de l’espace public : aucune signalétique, aucun transport en commun ne permet d’y accéder, et les brochures touristiques l’ignorent totalement.

Baraque envahie par la végétation. Am Kanal 23, 15890 Eisenhüttenstadt. Vestige du Stalag III-B ? Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le lundi 28 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baraque envahie par la végétation. Am Kanal 23, 15890 Eisenhüttenstadt. Vestige du Stalag III-B ? Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le lundi 28 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Enfoui sous des friches industrielles ou dissimulé sous la terre, il semble littéralement effacé du paysage – comme enseveli sous une chape de béton, matérielle et mémorielle. Cette disparition interroge : comment un site d’une telle importance historique a-t-il pu être relégué au silence spatial et symbolique ?

Ruines de soubassement du Stalag III-B ? Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruines de soubassement du Stalag III-B ? Eisenhüttenstadt (Allemagne), dans le quartier de Fürstenberg (Oder). Photographies en couleurs, prises de vue effectuées le dimanche 27 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
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Gabrielle Gillet, mère de l’aviateur Jean Mermoz : de La Romagne à Rocquigny, une vie entre bois et château


La vie de Jean Mermoz (1901-1936) est très connue des Français. Aviateur pionnier de l’Aéropostale[1], célèbre pour ses vols audacieux entre la France et l’Amérique du Sud, il a marqué l’histoire de l’aviation, notamment lors de la traversée des Andes. Disparu au cours d’un vol le 7 décembre 1936, il est considéré comme un héros national.


[1] Compagnie générale aéropostale sous sa forme longue.


Il laisse un vif souvenir dans les Ardennes, ayant passé une partie de son enfance chez ses grands-parents à Mainbressy[1]. Adulte, il a souvent rendu visite à sa mère, Gabrielle Gillet, dite « Mangaby », à Rocquigny[2]. Aujourd’hui, l’association Racines de Jean Mermoz entretient sa mémoire dans les Ardennes.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Il est en revanche peu connu que la bâtisse surnommée localement « château Mermoz » a été achetée en même que des bois de La Romagne par la mère du pilote.


Lorsque madame Gillet[1] fait l’acquisition, auprès de madame Destrez Jourdain, de biens divers après le décès de son mari, Emile Destrez[2], l’acte de vente signé le 19 août 1935 en présence d’un notaire établi à Paris[3], maître Trimoulet[4], comprend pour elle l’achat de quelques hectares de bois situés à La Romagne.


[1] Madame Gillet, divorcée de Jules Mermoz, est la mère de l’aviateur Jean Mermoz. Elle est nommée ainsi dans tous les actes notariés, et c’est donc par convention cette dénomination qui a été privilégiée. Il est cependant à noter qu’elle est souvent présentée dans les journaux sous le nom de madame Gillet, madame Gillet Mermoz, madame Mermoz. Dans le recensement de Rocquigny de 1936, elle est dénommée Madame Mermoz. Mais elle apparait sous le nom de madame Gillet Mermoz dans celui de 1946.

[2] En 1934 à Rocquigny.

[3] Actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la Métropole du Grand Paris.

[4] Etude située à l’époque au 6, rue de Miromesnil 78008 Paris. Archives notariales déposées actuellement à la SCP (Société civile professionnelle) « Fabrice Luzu, Julien Trokiner, Sébastien Wolf, Virginie Jacquet, Thibault Egret, Marion Jourdan et Claude-Aliénor Renault », ayant pour nom commercial DixSept68 Notaires, située au 29, rue de la Bienfaisance 75008 Paris.


Un second acquéreur, Auguste Lehmann, négociant parisien en immeubles, achète quelques parcelles situées dans ce village, les plus importantes relevant des terroirs de Lalobbe[1] et de Montmeillant[2]. Son but est uniquement commercial, et il ne cache pas son intention de les revendre.


[1] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[2] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Autrefois, une haie touffue encerclait le château de Rocquigny (Ardennes), formant un mur végétal. Cette barrière naturelle, aujourd’hui disparue, demeure visible sur cette source iconographique, témoin d’un paysage transformé. Archives départementales des Ardennes, 8Fi 8 [série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire, sous-série 8Fi = cartes postales], carte postale ancienne en noir et blanc consultable en ligne.
Autrefois, une haie touffue encerclait le château de Rocquigny (Ardennes), formant un mur végétal. Cette barrière naturelle, aujourd’hui disparue, demeure visible sur cette source iconographique, témoin d’un paysage transformé. Archives départementales des Ardennes, 8Fi 8 [série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire, sous-série 8Fi = cartes postales], carte postale ancienne en noir et blanc consultable en ligne.

D’après un acte de vente du 27 février 1922[1] par-devant maître Tison[2], notaire à Chaumont-Porcien[3], ces bois ont été acquis initialement par Emile Destrez (ancien capitaine d’artillerie de réserve exerçant la profession d’agent d’assurances), et sa femme née Pauline Marie Jourdain (déjà propriétaire du château de Rocquigny).


[1] Archives départementales des Ardennes, 4Q 3148 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 4Q = hypothèques, depuis l’époque révolutionnaire], transcription en date du 24 mars 1922, volume 71, n° 5.

[2] Archives notariales déposées actuellement à l’étude de maître Sophie Collet Monod 1, place de l’hôtel de ville 08460 Signy-l’Abbaye (Ardennes). Cet office notarial regroupe les anciennes études de Signy-l’Abbaye, Chaumont-Porcien, Poix-Terron, Château-Porcien, Launois-sur-Vence, Wasigny, Sévigny-Waleppe et Rocquigny.

[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Ils ont eu recours à un mandataire[1], qui les a mis en contact avec Marie Catherine Tonnelier, veuve de François Alfred Merlin[2], et madame Gilbert, veuve de Charles Paul Adrien Merlin[3]. Toutes deux résident à Paris et sont propriétaires de ces biens à La Romagne.


[1] « Personne chargée d’un mandat, d’une procuration, d’une mission lui permettant d’agir au nom d’une autre, appelée mandant. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] François Alfred Merlin (fils de Jean Baptiste Merlin et de Sidonie Leclère, tous deux nés respectivement à La Romagne et Warnécourt, et morts à La Romagne), naît le 3 décembre 1855 à La Romagne. Il est propriétaire rentier, marié le 3 avril 1880 à Chaumont-Porcien avec Marie Catherine Tonnelier, née le 4 août 1860 à Rocquigny.

[3] Charles Paul Adrien Merlin (fils de François Alfred Merlin et de Marie Catherine Tonnelier) est né le 21 novembre 1881 à Warnécourt (Ardennes). Il se marie le 17 janvier 1906 à Brienne-sur-Aisne (Ardennes) avec Marguerite Stéphanie Gilbert, née le 19 mars 1887 à Brienne-sur-Aisne. Il décède à Dugny-sur-Meuse (Meuse).


Madame Gillet se porte acquéreur de plusieurs hectares sur le terroir de La Romagne :

  • un hectare situé, d’après le contrat de vente du 27 février 1922, aux Houis, section B, numéros des parcelles 379, 380, 381, 382. Selon les documents du notaire et de la conservation des hypothèques, ces bois seraient cependant plutôt situés à la Cense Longue Vallée[1] pour deux hectares soixante ares et six centiares, cadastrés section B, n° des parcelles 379p, 3798, 3808, et 3816.
  • Un hectare trente-quatre ares au même terroir, lieu-dit du Beauchamp, près de l’ancien chemin de La Romagne à Saint-Jean-aux-Bois, section B, numéros des parcelles 247, 247b, 548.
  • Un hectare dix-huit ares soixante-dix centiares, même terroir, au lieu-dit l’Epine, section C, n° de parcelle 368 sur le cadastre.

[1] Lire probablement Cense Longueval.


Ces immeubles[1] proviennent de plusieurs successions issues de celle de Sidonie Merlin[2] :

  • Paul Merlin[3] est héritier de la première moitié. A son décès, son seul ayant-droit est son neveu Charles Paul Adrien Merlin Gilbert. Ce dernier, mort pour la France comme sous-lieutenant au 7e régiment d’infanterie le 12 juillet 1916, laisse son héritage à son épouse survivante, et légataire universelle, aux termes d’un testament olographe[4].
  • François Alfred Merlin Tonnelier est héritier de l’autre moitié. Il décède à Reims le 1er septembre 1906. Son épouse survivante, Catherine Tonnelier, a pour seul héritier son fils Charles Paul Adrien Merlin. Ce dernier est en communauté de biens avec Marguerite Stéphanie Gilbert, son épouse survivante.

[1] « Se dit d’un bien qui, par nature, ne peut être transporté d’un lieu à un autre. Assurer tous ses biens meubles et immeubles. Les fonds de terre et les bâtiments sont immeubles par nature. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Epouse de Jean Baptiste Merlin.

[3] Paul Merlin, fils de Jean Baptiste Merlin et de Sidonie Leclère, est né le 30 juillet 1846 à La Romagne.

[4] « Se dit d’un document entièrement écrit de la main de son auteur. Testament olographe, écrit, daté et signé par le testateur lui-même. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Cette plaque de la rue Jean Mermoz à Rocquigny (Ardennes) rend hommage à l’aviateur français, figure emblématique de l’Aéropostale, disparu en mer en 1936. Prise de vue effectuée le mercredi 18 décembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cette plaque de la rue Jean Mermoz à Rocquigny (Ardennes) rend hommage à l’aviateur français, figure emblématique de l’Aéropostale, disparu en mer en 1936. Prise de vue effectuée le mercredi 18 décembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Lorsque Gabrielle Gillet Mermoz les achète, ces bois ne sont plus qu’à l’état de taillis, par suite de leur exploitation. Elle les conserve une quinzaine d’années, avant de les revendre en 1948 au médecin de Chaumont-Porcien de l’époque.

Ce serait peut-être un premier signe qu’elle souhaite rompre avec sa vie ardennaise, et se consacrer encore davantage aux œuvres en souvenir de son fils. Elle aurait sans doute éprouvé l’envie, en résidant à Paris[1], d’être plus proche d’instances officielles, capables de soutenir son action depuis la capitale.


[1] Son appartement est sis 2, square des Aliscamps 75016 Paris.


Lors de cette acquisition de bois à La Romagne, madame Gillet devient, par le même acte notarié, propriétaire du château de Rocquigny. Les articles de la presse locale, des ouï-dire, les bulletins municipaux de Rocquigny, et même un rapport de gendarmerie de la brigade de Chaumont-Porcien en date du 5 octobre 1944[1] affirment tous que l’aviateur Jean Mermoz aurait acheté à sa mère divers biens, dont une demeure sise à Rocquigny appelée « château ».


[1] « C’est en 1934 que Jean Mermoz achète la propriété de Rocquigny (le château) et y installe sa mère. » Ministère des ArméesService historique de la Défense (SHD), GD/8/E/226, archives de la Gendarmerie : compagnies et brigades : unités départementales des Ardennes (1917-1950) ; Brigade territoriale de Chaumont-Porcien (section de Rethel) : registre de correspondance confidentielle au départ (R/4), 1942-1946.


Acte de la vente du château de Rocquigny (Ardennes) le 19 août 1935 par madame Pauline Jourdain à madame Gabrielle Gillet.
Acte de la vente du château de Rocquigny (Ardennes) le 19 août 1935 par madame Pauline Jourdain à madame Gabrielle Gillet.

L’acte notarié actant la vente du bâtiment est cependant formel : daté du 19 août 1935, établi auprès de son notaire parisien[1], et signalé dans un registre de la conservation des hypothèques[2] de Rethel, il mentionne uniquement « madame Gabrielle Georgette Gillet sans profession acquéreur ici présente et qui accepte ». De fait, aucune phrase de cet acte ne laisse apparaître le nom de son fils, qui n’a donc pas acheté ce bien pour sa mère, comme l’affirme l’opinion publique.


[1] Maître Trimoulet. Etude située à l’époque 6, rue de Miromesnil 78008 Paris. Archives notariales déposées actuellement à la SCP (Société civile professionnelle) « Fabrice Luzu, Julien Trokiner, Sébastien Wolf, Virginie Jacquet, Thibault Egret, Marion Jourdan et Claude-Aliénor Renault », ayant pour nom commercial DixSept68 Notaires, située au 29, rue de la Bienfaisance 75008 Paris.

[2] Archives départementales des Ardennes, 4Q 3471 394 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 4Q = hypothèques, depuis l’époque révolutionnaire.]


La charpente du château de Rocquigny (Ardennes), visible dans la grande salle du deuxième étage, est composée de poutres massives assemblées selon des techniques traditionnelles. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La charpente du château de Rocquigny (Ardennes), visible dans la grande salle du deuxième étage, est composée de poutres massives assemblées selon des techniques traditionnelles. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce château est une bâtisse carrée de deux étages, surmontés de combles. Il est construit sur une cave, dont les aérations et les soupiraux disposés régulièrement au ras du sol assurent une ventilation pour lutter contre l’humidité. Celle-ci est due à la fois au climat et à la proximité d’un petit ruisseau, dont les débordements provoquent quelques montées d’eau visibles sur les murs[1]. Un trottoir de briques, parfois dissimulé par de grandes herbes, en fait le tour.


[1] Rocquigny (Ardennes), maître d’ouvrage ; EURL (Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) « Eric Pallot architectes » (architectes du patrimoine), maître d’œuvre, Ardennes : Rocquigny – 08200 : étude de diagnostic pour la réhabilitation et l’aménagement du château Mermoz en musée et centre d’accueil, Noisy-Le-Grand (Seine-Saint-Denis) : Eric Pallot architectes, décembre 2022, [non paginé]. Nota bene : ce document dactylographié, produit à l’intention d’un public restreint, en dehors des circuits commerciaux de l’édition et de la diffusion, relève de la « littérature grise ». Entré en possession de l’auteure, il constitue un appui à la recherche historique en tant que source primaire, mais ne peut être cité directement en l’état pour des raisons de confidentialité.


Le bâtiment, entièrement réalisé en briques, et présentant sur ses deux façades, orientées est et ouest, l’inscription 1727 en fer forgé, interroge sur cette datation. Est-ce une allusion à l’année de sa construction (ou reconstruction), voire de son achèvement ? Peu d’indications permettent de répondre à ces questions. Néanmoins, des traces d’un ancien château, cerné de fossés, subsisteraient, et auraient été identifiées lors d’études récentes[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 8J 20 [série J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, legs, achats, dépôts ; sous-série 8J = collection Hemmerlé ; cote 8J 20 = liste des châteaux et maisons fortes des Ardennes.] Voir aussi l’étude de diagnostic pour la réhabilitation et l’aménagement du château Mermoz en musée et centre d’accueil, citée supra.


Des ancres de tirants de formes diverses (croix de Saint-André ou esses[1]) assurent le maintien des murs. Cet édifice est doté de nombreuses ouvertures : vingt et une fenêtres et portes sont déjà répertoriées dans un document[2] du XIXe siècle utilisé pour la perception des impôts[3].


[1] « Objet, crochet, agrafe en forme de S. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/G 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROCQUIGNY = fonds concernant Rocquigny ; série G = cadastre ; sous-série G 3 = propriétés bâties et non bâties : état de sections.]

[3] L’impôt sur les portes et fenêtres est fondé sur le nombre des ouvertures des bâtiments. Introduit par la loi du 4 frimaire an VII (24 novembre 1798), il est resté en place jusqu’en 1926 et a donc été appliqué au château de Rocquigny.


Une porte à double battant marque l’entrée principale à l’est, tandis qu’une porte, simple et symétrique, correspond à la sortie côté jardin. Les fenêtres, protégées par des volets récemment refaits[1], sont identiques sur la façade principale : quatre pour le rez de chaussée, et trois pour le premier étage. Les fenêtres de toit en chien-assis[2] sont au nombre de deux, tandis que des vasistas disposés sur la toiture éclairent le second étage et les combles.


[1] A la suite du rachat par la commune.

[2] « Lucarne verticale construite en avancée sur le toit pour éclairer une mansarde. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Les fenêtres sont disposées symétriquement, et l’encadrement en briques se termine par un voûtain[1] faiblement arrondi. Placées les unes au-dessus des autres, les trois fenêtres centrales du premier étage ont des dimensions égales. La symétrie s’arrête là, puisque cet étage prend la lumière par des fenêtres ouvrant sur la façade sud pour certaines chambres. Les battants sont à grands carreaux.


[1] « Portion de voûte délimitée par les arêtes ou les nervures. », selon le Trésor de la langue française informatisé.


A l’arrière, les ouvertures sont de tailles différentes, les grandes fenêtres semblent plus étroites, et un peu plus hautes que celles de la façade est. Le vitrage, disparate, est constitué de grands ou de petits carreaux.


Le toit en ardoise est très pentu, et dominé par quatre grandes cheminées en pierre, qui présentent des chaperons[1] en brique[2]. Cette toiture arbore un faîtage[3] décoratif en zinc, avec des épis[4] qui ont été ajoutés lors des réfections effectuées postérieurement à 1905.


[1] « Partie supérieure d’un mur de clôture auquel on a donné la forme d’un toit pour faciliter l’écoulement des eaux. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Voir l’étude de diagnostic pour la réhabilitation et l’aménagement du château Mermoz en musée et centre d’accueil, citée supra.

[3] « Assemblage de tuiles faîtières, de feuilles de plomb ou de zinc, qui couvre et protège l’arête supérieure d’un toit. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] Voir l’étude de diagnostic pour la réhabilitation et l’aménagement du château Mermoz en musée et centre d’accueil, citée supra.


L'effacement des armoiries sur la façade est du château de Rocquigny (Ardennes) rend difficile leur identification et leur rattachement à une famille précise. Le passage du temps, l'usure des matériaux et l'exposition aux intempéries ont contribué à l'altération de ces éléments héraldiques, laissant des traces vagues et indistinctes. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’effacement des armoiries sur la façade est du château de Rocquigny (Ardennes) rend difficile leur identification et leur rattachement à une famille précise. Le passage du temps, l’usure des matériaux et l’exposition aux intempéries ont contribué à l’altération de ces éléments héraldiques, laissant des traces vagues et indistinctes. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Trois marches donnent accès à la porte d’entrée, dont le linteau[1] est en pierre de taille, tout comme celui de la porte arrière et des appuis des fenêtres. Le linteau à l’est est surmonté de deux arcs en brique, à l’intérieur desquels subsistent deux médaillons, où sont sculptées des armoiries, rongées par le temps, et donc non identifiables.


[1] « Traverse horizontale reposant sur deux points d’appui au-dessus d’une ouverture, d’une baie, pour soutenir la maçonnerie. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Les arbres dénudés, alourdis par l’enneigement, encadrent la silhouette du château de Wasigny (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, 8Fi 11 [série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire, sous-série 8Fi = cartes postales], carte postale ancienne en noir et blanc consultable en ligne.
Les arbres dénudés, alourdis par l’enneigement, encadrent la silhouette du château de Wasigny (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, 8Fi 11 [série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire, sous-série 8Fi = cartes postales], carte postale ancienne en noir et blanc consultable en ligne.

Ces dernières pourraient dater de 1579[1] (date gravée), et faire allusion aux précédents propriétaires : la famille de La Chevardière. L’étude de diagnostic[2] souligne une grande ressemblance avec le château de Wasigny[3], en ce qui concerne le logis, à l’exception de la tourelle[4]. Dans ce cas, l’hypothèse d’une reconstruction, et non d’une construction totalement nouvelle, pourrait être émise, et ce d’autant plus que Charles Hemmerlé la qualifie d’édifice de style Louis XIII[5].


[1] Voir l’étude de diagnostic pour la réhabilitation et l’aménagement du château Mermoz en musée et centre d’accueil, citée supra.

[2] Citée supra.

[3] Commune située actuellement dans le département des Ardennes, en région Grand Est.

[4] « Petite tour faisant partie d’un château, d’un édifice et, spécialement, qui se présente en encorbellement sur une façade ou à l’angle de ce château, de cet édifice. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] Archives départementales des Ardennes, 8J 20 [série J = documents entrés par voies extraordinaires : dons, legs, achats, dépôts ; sous-série 8J = collection Hemmerlé ; cote 8J 20 = liste des châteaux et maisons fortes des Ardennes.]


Les façades ouvrent sur d’immenses terrains (presque deux hectares), qui ont été en leur temps des jardins d’agrément à l’avant, et des jardins (potager et fruitier) à l’arrière.


Sur la droite du bâtiment principal, se trouve une aile assez longue, dont l’utilisation a été diverse selon les propriétaires, et qui a subi d’innombrables transformations. On peut les remarquer dans l’utilisation de matériaux divers (reprise côté nord du mur avec des parpaings ; pans de bois comblés avec des briques et du bardage[1]), tandis que la tourelle carrée (au sud) occupait probablement l’espace de l’ancien pigeonnier.


[1] « Enceinte de planches protégeant un ouvrage d’art. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Un carrelage quadrilobé et fleurdelysé au motif complexe, à la fois géométrique et floral, orne le sol du couloir d’entrée et d’une partie de la salle à manger, qui communique avec le petit salon, à droite de l’entrée, au rez-de-chaussée du château de Rocquigny (Ardennes). Cette décoration au sol, résistante et décorative, témoigne d’un époque où l’esthétique et le confort se mêlaient dans les choix architecturaux. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Un carrelage quadrilobé et fleurdelysé au motif complexe, à la fois géométrique et floral, orne le sol du couloir d’entrée et d’une partie de la salle à manger, qui communique avec le petit salon, à droite de l’entrée, au rez-de-chaussée du château de Rocquigny (Ardennes). Cette décoration au sol, résistante et décorative, témoigne d’un époque où l’esthétique et le confort se mêlaient dans les choix architecturaux. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La propriété, telle que l’achète en 1935 madame Gillet, est décrite dans l’acte notarié, et dans celui du registre des hypothèques, comme un ensemble comprenant une maison d’habitation, de grands communs et des jardins.


Petit salon à droite de l'entrée, communiquant avec la salle à manger, au rez-de-chaussée du château de Rocquigny (Ardennes). De grandes fenêtres offrent une vue dégagée sur la rue de La Bauve de l'Isle, tout en offrant un aperçu de l’ancien jardin qui orne la façade est. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Petit salon à droite de l’entrée, communiquant avec la salle à manger, au rez-de-chaussée du château de Rocquigny (Ardennes). De grandes fenêtres offrent une vue dégagée sur la rue de La Bauve de l’Isle, tout en offrant un aperçu de l’ancien jardin qui orne la façade est. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dès que l’on pénètre par trois marches à l’intérieur, un couloir central carrelé relie les quatre pièces du rez-de-chaussée. A droite, la première est parquetée, la deuxième au fond est une salle à manger avec une grande cheminée. Le sol se compose d’un rectangle, imitant un tapis rectangulaire, entouré d’une large bande en carreaux, identiques à ceux du vestibule.


Fabriqué dans un matériau robuste et durable,  l'évier de pierre, situé dans une zone pratique du château de Rocquigny (Ardennes), est utilisé notamment pour laver les légumes du jardin potager. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le samedi 23 novembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Fabriqué dans un matériau robuste et durable,  l’évier de pierre, situé dans une zone pratique du château de Rocquigny (Ardennes), est utilisé notamment pour laver les légumes du jardin potager. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le samedi 23 novembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Cette pièce communique avec l’office. A côté de ce dernier, se trouvent un débarras, un évier en pierre, et un W.-C. probablement destiné au personnel. Au fond du couloir, à droite et en partie sous l’escalier on a deux petits débarras et les escaliers menant à la cave. Une porte arrière communique par trois marches également avec les jardins.


La cuisinière, en fonte ou en métal, permet de préparer les repas dans la cuisine, tandis que le ballon d’eau chaude assure l'approvisionnement en eau pour la cuisine et la salle de bains, offrant ainsi un certain confort moderne au château de Rocquigny (Ardennes). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le samedi 23 novembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La cuisinière, en fonte ou en métal, permet de préparer les repas dans la cuisine, tandis que le ballon d’eau chaude assure l’approvisionnement en eau pour la cuisine et la salle de bains, offrant ainsi un certain confort moderne au château de Rocquigny (Ardennes). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le samedi 23 novembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le premier étage, qui compte cinq pièces (selon le descriptif de la transcription de l’acte de vente de 1935 à la conservation des hypothèques[1]) est celui des chambres, dont certaines sont dotées de cheminées. On retrouve la même disposition qu’au rez-de- chaussée, avec un couloir central, sauf pour l’une des chambres, qui a été réduite pour laisser place à une salle de bains, et à un cabinet de toilette.


[1] Archives départementales des Ardennes, 4Q 3471 394 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 4Q = hypothèques, depuis l’époque révolutionnaire.]


Le second étage, en lambris[1] avec fenêtres, est composé d’un grenier et de combles au-dessus, auxquels on a accès par un escalier de meunier[2].


[1] « Revêtement de bois, de marbre, de stuc, ornant les murs d’une salle, d’une chambre, d’une galerie. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Ou échelle de meunier, dispositif prévu pour un encombrement réduit au sol, et se caractérisant par une pente plus raide qu’un autre type d’escalier.


Les grands communs attenant au logis, avec un bâtiment lui aussi en brique, et couvert en ardoise, comprennent une cuisine, un atelier, un garage pour automobile avec fosse, une grande remise, deux bûchers, une buanderie, un grand grenier sur le tout.

Deux jardins donnant sur la grande rue, séparés par une allée de sapins, prennent entrée sur la place, le pré, les vergers. Ils sont clos sur le derrière, traversés par un ruisseau, le tout d’un seul tenant et d’une superficie d’un hectare quatre-vingt-trois ares quatre-vingt-treize centiares cadastré au lieu-dit du Village, section E, parcelles n° 301, 311, 313, 314, 315.

Ce domaine tient à ce moment-là, du levant à monsieur Dizy, madame Blatié et plusieurs autres personnes, du couchant à messieurs Guillaume, Boudsocq, madame Blatié, en direction de la place et de la ruelle des Crolys, du midi à la Grande Rue, et du nord à la ruelle des Crolys.


Acte de la vente du château de Rocquigny (Ardennes) les 29 juillet et 27 août 1953 par le mandataire de madame Gabrielle Gillet à monsieur André Blatié.
Acte de la vente du château de Rocquigny (Ardennes) les 29 juillet et 27 août 1953 par le mandataire de madame Gabrielle Gillet à monsieur André Blatié.

Une « vente par madame Gabrielle Gillet à monsieur André Blatié[1] », par l’intermédiaire d’un mandataire, établie les 29 juillet et 27 août 1953 par l’étude de maître Yves de Saint-Gilles, permet par son descriptif de mesurer toutes les améliorations qui ont été apportées en quelque dix-sept années[2].


[1] Archives notariales déposées actuellement à l’étude de maître Sophie Collet Monod 1, place de l’hôtel de ville 08460 Signy-l’Abbaye (Ardennes). Cet office notarial regroupe les anciennes études de Signy-l’Abbaye, Chaumont-Porcien, Poix-Terron, Château-Porcien, Launois-sur-Vence, Wasigny, Sévigny-Waleppe et Rocquigny.

[2] Archives départementales des Ardennes, 4Q 7857 653 n° 56 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 4Q = hypothèques, depuis l’époque révolutionnaire.]


Dans le salon, au rez-de-chaussée du château de Rocquigny (Ardennes), à gauche de l'entrée, se trouve une fontaine décorative et commémorative dédiée à Jean Mermoz. Cette fontaine rend hommage à l'aviateur français et figure emblématique de l'Aéropostale. Placée dans cet espace de réception, elle incarne un souvenir marquant. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Dans le salon, au rez-de-chaussée du château de Rocquigny (Ardennes), à gauche de l’entrée, se trouve une fontaine décorative et commémorative dédiée à Jean Mermoz. Cette fontaine rend hommage à l’aviateur français et figure emblématique de l’Aéropostale. Placée dans cet espace de réception, elle incarne un souvenir marquant. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les quatre pièces du rez-de-chaussée sont devenues, à gauche, un vestibule et une petite pièce servant de bar. Après la disparition de l’aviateur Jean Mermoz, ce vestibule devient une sorte de sanctuaire dédié à sa mémoire, dans lequel une fontaine lumineuse évoque les éléments (eau et air) qu’il affrontait lors de ses vols. A droite, se trouvent le salon et la salle à manger, cette dernière communiquant avec la cuisine. Dans cette pièce sont installées une cuisinière et une chaudière pour le chauffage central, et un système d’eau sous pression.


Le premier étage, avec son couloir central, ne comporte plus que quatre pièces, mais est doté d’une salle de bain et d’un W.-C. tous deux desservis par un petit couloir qui s’insère entre deux chambres à gauche et un cabinet de toilette au bout du grand couloir. Les communs sont à peu près à l’identique, sinon qu’un pressoir à pommes est signalé, et que le grenier a été réduit pour laisser la place à trois chambres.



Les chambres de part et d'autre du couloir central au premier étage du château de Rocquigny (Ardennes) sont équipées d’un système électrique innovant pour l'époque. Ce dernier comprend des interrupteurs, des prises et des fils dissimulés sous des baguettes, installées autour des portes. Cette technologie, avant-gardiste pour son temps, témoigne du souci de confort et de modernité. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les chambres de part et d’autre du couloir central au premier étage du château de Rocquigny (Ardennes) sont équipées d’un système électrique innovant pour l’époque. Ce dernier comprend des interrupteurs, des prises et des fils dissimulés sous des baguettes, installées autour des portes. Cette technologie, avant-gardiste pour son temps, témoigne du souci de confort et de modernité. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’électricité, installée dans tout l’immeuble, est à l’état neuf lors de la vente en 1953. Cette dernière précise que l’ensemble est alors entièrement clos, avec portes sur la rue et la place, pour la même superficie que celle indiquée dans le précédent acte.


Quant aux parcs, pelouses, bosquets et jardins autour de la propriété, ils sont traversés par une « rivière[1] ».


[1] Tel que cité dans le document. En réalité le ruisseau Chantraine, l’un des huit tronçons affluents référencés de la Malacquise (ou Hurtaut).


André Blatié, cultivateur à Rocquigny et acquéreur de ce bien, ne l’a jamais habité, ni véritablement entretenu, si bien qu’en quelque cinquante ans le château a subi de nombreuses dégradations. Celles-ci sont actées à partir de 1957 : les beaux arbres, buis, etc. sont abattus. Les parterres non entretenus disparaissent, puisque l’utilisation du domaine par son propriétaire change de vocation. La gentilhommière cède la place à une exploitation agricole, où les vaches paissent dans l’ancien parc du château. Après le décès de cet exploitant, la mairie rachète ce lieu et finance des réparations urgentes et indispensables.


Plaque de la rue de La Bauve de l'Isle, du nom de la famille qui fut longtemps propriétaire du château de Rocquigny (Ardennes). Cette dénomination rend hommage à l’influence et à l’ancrage historique de cette lignée dans la région. Témoignage du passé du domaine, elle perpétue le souvenir de ceux qui ont marqué l’histoire locale. Photographie en couleurs, prise de vue effectuées le mercredi 18 décembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Plaque de la rue de La Bauve de l’Isle, du nom de la famille qui fut longtemps propriétaire du château de Rocquigny (Ardennes). Cette dénomination rend hommage à l’influence et à l’ancrage historique de cette lignée dans la région. Témoignage du passé du domaine, elle perpétue le souvenir de ceux qui ont marqué l’histoire locale. Photographie en couleurs, prise de vue effectuées le mercredi 18 décembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Jusqu’en 1843, le château est la propriété des descendants en ligne directe de Louis Robert de La Bauve, marié à Marguerite Béchet (1689-1761)[1].

Né vers 1654, Louis Robert, fils de Louis de La Bauve[2] et de Marie des Portes, est écuyer, seigneur de Jumont. Il est lieutenant-colonel au régiment Bonnelles dragons, maître de camps des armées du roi, chevalier de l’ordre du Saint-Esprit[3]. Il décède à Rocquigny le 29 août 1734[4]. Il est certainement à l’initiative de l’édification de ce château.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/E 6 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROCQUIGNY = fonds concernant Rocquigny ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 6 = années 1713-1722 [Note : 1713-1720 : minute et grosse], page non paginée, vue 73/108, consultable en ligne.

[2] Louis de la Bauve et Marie des Portes sont mariés à Villefranche-sur-Meuse, aujourd’hui Saulmory-Villefranche (Meuse), vers 1653. Ils se fixent probablement à cette époque en Champagne. Voir Archives départementales des Ardennes, PERH2 13, Bossu, Louis, « La famille des Portes », in Laurent, Paul (1860-1935). Directeur de publication, Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, 21 volumes, bimestriel, tome treizième année, 1906, pp. 5-35, pages 19 et 20, vues 13/194 et suivante, consultables en ligne. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].

[3] Ordre très prestigieux de la monarchie française, fondé en 1578.

[4] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/E 8 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROCQUIGNY = fonds concernant Rocquigny ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 8 = années 1733-1742, page non paginée, vue 18/96, consultable en ligne.


Né le 25 et baptisé le 26 mars 1725[1] à Rocquigny, son fils Louis Dieudonné Robert de la Bove en hérite. Capitaine des dragons du régiment d’Aubigné, chevalier de Saint-Louis, il se marie le 25 février 1746 à Mézières avec Marie Suzanne Lesueur de Sernicourt (1723 -1781). L’acte de mariage de son fils Louis François de La Bauve[2] précise qu’il se trouve en 1781 au régiment de Custine dragons.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/E 7 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROCQUIGNY = fonds concernant Rocquigny ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 7 = années 1722-1780, page non paginée, vue 14/82, consultable en ligne.

[2] Archives départementales de la Marne, 2 E 534/134, registres paroissiaux, paroisse Saint-Pierre de Reims, baptêmes, mariages, sépultures 1778-1781 ;1783-1784, [folio 21 verso], vue 176/312, consultable en ligne. [Nota bene : le folio 21 recto semble ne pas avoir été numérisé.]


Né le 9 juillet 1751 à Rocquigny[1], ce dernier, garde du roi, fils des précédents et seigneur de Jumont et Sernicourt, en est ensuite le propriétaire. De fait de la paroisse de Saint-Nizier de Troyes mais de droit de celle de Rocquigny[2], Il épouse à vingt-neuf ans, dans l’église de la paroisse Saint-Pierre de Reims, à la suite d’une dispense de bans[3], Joséphine Angélique Lespagnol de Bezannes[4], qui décède le 8 mars 1830 à Rocquigny[5].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/E 9 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROCQUIGNY = fonds concernant Rocquigny ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 9 = années 1743-1752, page non paginée, vue 73/87, consultable en ligne.

[2] Archives départementales de la Marne, 2 E 534/134, registres paroissiaux, paroisse Saint-Pierre de Reims, baptêmes, mariages, sépultures 1778-1781 ;1783-1784, [folio 21 verso], vue 176/312, consultable en ligne. [Nota bene : le folio 21 recto semble ne pas avoir été numérisé.]

[3] Accordée par monseigneur l’archevêque de Reims le 31 mai 1781.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-12775, Du Pin de la Guérivière, E., « [Les ascendants maternels du bienheureux Jean-Baptiste de la Salle] : chapitre VIII : généalogie de la famille Lespagnol : origine du nom », in Frémont, Léon (imprimeur-typographe). Directeur de publication, Revue de Champagne et de Brie : histoire, biographie, archéologie, documents inédits, bibliographie, beaux-arts, Paris : H. Menu, 1876-1901, Arcis-sur-Aube : Léon Frémont, imprimeur-éditeur, place de la Halle, 1900, trente-huit volumes, vingt-cinquième année, deuxième série, tome douzième, pp. 738-759, page 751, vue 759/984, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque municipale de Châlons-en-Champagne, 2013-352967.

[5] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/E 26 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROCQUIGNY = fonds concernant Rocquigny ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 26 = décès, table décennale des années 1823-1832, page non paginée, vue 57/83, consultable en ligne.


Inscrit sur la liste des émigrés[1] lors de la Révolution, il en est rayé par un acte d’amnistie[2]. Il revient alors vivre dans son château natal. Maréchal des logis dans la garde du roi à la compagnie Noailles (vers 1814), chevalier de Saint-Louis[3], il devient maire de Rocquigny de 1816 à 1826. Il décède le 26 septembre 1826 dans la commune.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 619 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, fonds Q 1-832 = état des fonds ayant subi des pertes en 1940, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, documents Q 613-660 : liste générale des émigrés (collection incomplète) et suppléments à la liste générale des émigrés. 1793-an VIII.]

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 625 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, fonds Q 1-832 = état des fonds ayant subi des pertes en 1940, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, documents Q 613-660 : liste générale des émigrés (collection incomplète) et suppléments à la liste générale des émigrés. 1793-an VIII.], radiation par acte d’amnistie à la suite de la délivrance le 28 thermidor an X (16 août 1802) d’un certificat par le ministère de la justice et le préfet.

[3] Distingué le 1er juin 1814 par le roi Louis XVIII selon la Base de données – Ordre de Saint-Louis, site consacré aux membres de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis nommés durant la Restauration, de 1814 à 1830. [Nota bene : ce recensement « a pour but de mettre à la disposition des chercheurs une base de données et des renseignements établis sur la base de recherches sur l’ordre de Saint-Louis, menées par une historienne spécialisée dans les ordres et décorations. Ce site est un site indépendant de tout association, institution ou organisme officiel ».]


Né le 8 septembre 1782 à Rocquigny, son fils Louis Félix de La Bauve de L’Isle[1] est baptisé le 10 du même mois[2]. Il épouse à Chapois (Jura) le 11 avril 1814[3] Julie Françoise Isabelle Charlot de Princey[4], née le 25 janvier 1774 à Salins[5], et qui décède le 30 octobre 1817 à Chapois[6]. Ce drame se passe quelques semaines après la naissance le 18 août 1817[7] (et la mort quasi simultanée[8]) de leur premier enfant, une petite fille nommée Sophie Julie Félicie Labove de Lille.


[1] Archives départementales des Ardennes, E 257 [série E = seigneuries, familles, état civil, notaires, articles E 207-647 = papiers de familles], famille de la Bove de l’Isle. 1773-an VI.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/E 12 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROCQUIGNY = fonds concernant Rocquigny ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 12 = années 1773-1782 ; 1790], page non paginée, vue 125/128, consultable en ligne.

[3] Archives départementales du Jura, 3E/2404 [série E = féodalité, communes, bourgeoisie, familles, notaires, état civil ; sous-série 3E = registres paroissiaux et d’état civil (fonds du greffe des tribunaux) 1533-1922], commune de Chapois (Jura), naissances, mariages, décès, publications de mariage, 1813-1822. Nota bene : manquent les publications de mariage pour la période 1816-1817], page non paginée, média 134/237, consultable en ligne.

[4] Comme il est courant à cette époque, l’orthographe des patronymes est très fluctuante. On peut ainsi trouver Charlet, Charlot, Charelot, Princé, etc.

[5] Actuellement Salins-les-Bains, commune située dans le département du Jura, en région Bourgogne – Franche-Comté.

[6] Archives départementales du Jura, Qp 1620, déclaration de succession de madame Julie Françoise Charlot de Princé, le 1er avril 1818, bureau de l’enregistrement de Champagnole (Jura).

[7] Archives départementales du Jura, 3E/2404 [série E = féodalité, communes, bourgeoisie, familles, notaires, état civil ; sous-série 3E = registres paroissiaux et d’état civil (fonds du greffe des tribunaux) 1533-1922], commune de Chapois (Jura), naissances, mariages, décès, publications de mariage, 1813-1822. Nota bene : manquent les publications de mariage pour la période 1816-1817], page non paginée, média 41/237, consultable en ligne.

[8] Archives départementales du Jura, 3E/2404 [série E = féodalité, communes, bourgeoisie, familles, notaires, état civil ; sous-série 3E = registres paroissiaux et d’état civil (fonds du greffe des tribunaux) 1533-1922], commune de Chapois (Jura), naissances, mariages, décès, publications de mariage, 1813-1822. Nota bene : manquent les publications de mariage pour la période 1816-1817], page non paginée, média 203/237, consultable en ligne.


Rentier, maire de la commune de Chapois en 1817, inventeur de matériel agricole, dont une « machine destinée à la séparation du grain d’avec la paille[1] » ou « modèle à égrener le blé[2] », il est un homme préoccupé par le progrès.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-84, Loos, Philippe Werner (1754-1819). Directeur de publication, Archives des découvertes et des inventions nouvelles faites dans les sciences, les arts et les manufactures, tant en France que dans les pays étrangers pendant l’année…, Paris : Treuttel et Würtz, 1809- [circa 1842], annuel, 31 volumes, [année 1828 ; édition de 1829], page 504, vue 507/601, consultable en ligne sur Gallica.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-7363, Société royale d’agriculture (France), Mémoires d’agriculture, d’économie rurale et domestique, Paris : Buisson, 1785-1872, trimestriel (1785-1791) puis annuel (parfois 2 ou 3 volumes par an) (1800-1872), année 1830, première partie, page XXVI, vue 48/838, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de l’Académie d’Agriculture de France, 2010-53013.


En 1835, le cadastre[1] de Rocquigny permet de repérer que ce Louis Felix Labove y est encore propriétaire de trois maisons et du château, ainsi que de terres (prés, jardins, vergers). Cela contredit totalement l’information erronée véhiculée dans certains documents tels que des articles ou des brochures, selon laquelle le château aurait été vendu en 1826.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROCQUIGNY/G 3 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROCQUIGNY = fonds concernant Rocquigny ; série G = cadastre ; sous-série G 3 = propriétés bâties et non bâties : état de sections.]


Louis Felix Labove de Lille, âgé d’une soixantaine d’années, décède le 9 septembre 1843[1], sans aucun héritier direct. Ainsi s’éteint la branche ardennaise de la famille Labove de Lille, détentrice du château de Rocquigny. C’est la dernière fois que ce dernier est transmis par héritage dans cette famille.


[1] Archives départementales du Jura, 3E/2407 [série E = féodalité, communes, bourgeoisie, familles, notaires, état civil ; sous-série 3E = registres paroissiaux et d’état civil (fonds du greffe des tribunaux) 1533-1922], commune de Chapois (Jura), naissances, mariages, décès, publications de mariage, 1840-1846, page non paginée, média 165/186, consultable en ligne.


Par un premier testament[1], déposé auprès de maître Chauvin, notaire d’Arbois (Jura), il institue, comme légataires, des parents au 7e degré, dont certains sont originaires de l’Aisne (Rozoy-sur-Serre, Iviers, Laon, etc.), et d’autres d’Indre-et-Loire. Ces derniers ont choisi de vendre par adjudication la demeure. Deux notaires, maître Locar (notaire à Rocquigny) et maître Pottier (notaire à Chaumont-Porcien) en réalisent la vente[2]. Ces actes, dont le contenu est cité par d’autres documents, n’ont pas pu être trouvés dans l’état actuel de la recherche.


[1] Archives départementales du Jura, Qp 1634, déclarations de succession de monsieur Louis Félix Labove de Lille, du 1er mars et du 7 mars, bureau de l’enregistrement de Champagnole (Jura).

[2] Archives départementales des Ardennes, 4Q 3471 394 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 4Q = hypothèques, depuis l’époque révolutionnaire.]


Par un second testament, déposé auprès du même notaire le 4 septembre 1843[1], il se montre philanthrope à l’égard de l’Eglise et de son village du Jura, en consentant plusieurs legs[2], destinés à instruire en particulier les enfants.


[1] Archives départementales du Jura, 4E 50/36 [série E = seigneuries, familles, état civil ; sous-série 4E = minutes et répertoires des actes des notaires du Jura.]

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-111, Bulletin des lois du royaume de France [devenu Bulletin des lois de la République française], Paris : Imprimerie royale [devenue Imprimerie nationale des lois], [1794]-1931, neuvième série, règne de Louis-Philippe Ier, roi des Français, partie supplémentaire, tome vingt-huitième, contenant les ordonnances d’intérêt local ou particulier publiées pendant le 2e semestre 1845, n° 793 à 820, 1846, page 632, vue 662/908, consultable en ligne sur Gallica.


Le château connaît de 1844 jusqu’en 1935 de nouveaux propriétaires, tous descendants directs du couple formé par Nicolas Emmanuel Destrez et sa femme Marguerite Hortense Gérardin.

Nicolas Emmanuel Destrez naît le 13 floréal an VII[1] à Doumely[2] (Ardennes) et décède à Rocquigny le 26 février 1874, âgé de soixante-seize ans. Il est notaire et, durant une certaine période, maire du village. Son épouse, Marguerite Hortense Gérardin, naît vers 1808, et décède à Rocquigny le 9 mars 1906. Leur mariage est célébré le 10 décembre 1828 à Auvillers[3] (Ardennes).


[1] 2 mai 1799.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/DOUMELY/E 13 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/DOUMELY = fonds concernant Doumely ; série E = seigneuries, familles, état civil, notaires ; sous-série E 13 = registre de naissances des années 1793-an X], page non paginée, vue 37/54, consultable en ligne.

[3] Actuellement Auvillers-les-Forges, commune située dans le département des Ardennes, en région Grand Est.


Leur fils Arille Destrez naît le 28 février 1836. Il est avoué au tribunal civil de première instance de la Seine, mais aussi rentier. Il épouse le 21 juin 1864 à Paris Victoria Elisa Blancard[1]. De leur union naît Ernest Emile Destrez. Alors qu’Arille est le seul héritier de sa mère, sa femme (après avoir été séparée de biens de son mari) fait l’acquisition du château auprès de sa belle-mère pour le prix de 18 000 francs, à la condition que cette dernière y reste jusqu’à sa mort.


[1] Victoire Elise est une orthographe alternative.


Ernest Emile Destrez naît le 5 octobre 1867, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Il est propriétaire, directeur particulier d’assurances, profession qu’il exercera à Rocquigny. Chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique. Il décède à Rocquigny le 24 avril 1934. Il épouse, à Paris, dans la mairie du 7e arrondissement, le 24 juin 1912, Pauline Marie Jourdain. A la mort de son mari, cette dernière hérite la propriété.


Elle décide de se défaire du château, peut-être parce qu’il n’y a aucun descendant direct pour en hériter. Il est donc vendu vide. Maître Husson, notaire à Rocquigny, est chargé de vendre les meubles, ce qui sera fait le dimanche 24 mars 1935[1]. Il publie des annonces à cet effet dans la presse locale, par exemple le jeudi 14[2] et le dimanche 17 mars 1935[3], à propos d’un « beau mobilier à vendre », dont il donne un rapide descriptif :

  • table de salon Régence ;
  • commode et chiffonnier Empire ;
  • cartel[4] ;
  • pétrin sculpté louis XV ;
  • vaisselles, verreries, etc.

[1] Archives départementales des Ardennes, 8U/NOT 82 [série U = justice, depuis 1800, sous-série 8U/NOT = officiers publics et ministériels (copies de répertoires de notaires).], répertoire d’officier public ministériel de maître Lefèvre (1914-1925, 1927) et de maître Husson (1927, 1930-1939), versé par le tribunal de première instance de Rethel, 1914-1939.

[2] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 113, « Beau mobilier à vendre à Rocquigny » [page d’annonces] in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, cinquante-sixième année, n° 16911, jeudi 14 mars 1935, page 6, vue 6/6, septième colonne, consultable en ligne.

[3] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 113, « Beau mobilier à vendre à Rocquigny » [page d’annonces] in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, cinquante-sixième année, n° 16914, dimanche 17 mars 1935, page 7, vue 7/8, deuxième colonne, consultable en ligne.

[4] « Cartouche décoratif ornant notamment le cadran de certaines pendules. Par métonymie. La pendule elle-même. Un cartel Louis XV. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


86% environ des acheteurs proviennent du département des Ardennes. Graphique de type « secteurs ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
86% environ des acheteurs proviennent du département des Ardennes. Graphique de type « secteurs ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, madame Gillet vit peu à Rocquigny. Avant de se dessaisir des bâtiments, que d’aucuns surnomment désormais localement le « château Mermoz », sa propriétaire se sépare de tous ses meubles et ses objets.

Pour cela, l’étude de maître Yves de Saint-Gilles, notaire à Chaumont-Porcien a recours à une « adjudication mobilière à la requête de Mme Gabrielle Georgette Gillet[1] » le dimanche 6 juillet 1952, avec continuation le lundi 7 juillet. Annoncée par des affiches et dans la presse[2], cette vente est constituée de quatre cent cinquante-quatre lots.


[1] Archives notariales déposées actuellement à l’étude de maître Sophie Collet Monod 1, place de l’hôtel de ville 08460 Signy-l’Abbaye (Ardennes). Cet office notarial regroupe les anciennes études de Signy-l’Abbaye, Chaumont-Porcien, Poix-Terron, Château-Porcien, Launois-sur-Vence, Wasigny, Sévigny-Waleppe et Rocquigny.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-26782, L’Ardennais : quotidien républicain, Charleville-Mézières : L’Ardennais, 1944-1992, neuvième année, n° 2376, samedi 5 et dimanche 6 juillet 1952, page 5, vue 5/8, septième colonne, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, FOL-JO-2513.


65% environ des acheteurs ardennais proviennent de Rocquigny (Ardennes) et de ses environs. Carte heuristique de type « formes ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
65% des acheteurs ardennais proviennent de Rocquigny (Ardennes) et de ses environs. Carte heuristique de type « formes ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les biens mobiliers sont convoités par cent treize acquéreurs (cent hommes et treize femmes), venus pour la plupart des Ardennes (quatre-vingt-dix-sept acheteurs) dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres, tandis que d’autres ont effectué des déplacements plus lointains.

35% environ des acheteurs ardennais proviennent de communes plus éloignées de Rocquigny (Ardennes) et de ses environs. Graphique de type « barres ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
35% environ des acheteurs ardennais proviennent de communes plus éloignées de Rocquigny (Ardennes) et de ses environs. Graphique de type « barres ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les sept plus gros acheteurs ont investi au minimum 10 000 anciens francs de plus que la majorité. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les sept plus gros acheteurs ont investi au minimum 10 000 anciens francs de plus que la majorité. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le montant des ventes s’étend de 50 à 82 200 francs et fait apparaître deux grandes parties : cent six acheteurs entre 50 et 21 000 francs ; sept entre 33 100 et 82 200 francs). L’analyse des objets de cette vente ne peut pas être plus approfondie, dans la mesure où le descriptif en a été dressé par un notaire. Un commissaire-priseur se serait attaché à donner de plus amples renseignements sur les origines, les matières, les décors…

La majorité des acheteurs a dépensé au maximum 5 000 anciens francs. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La majorité des acheteurs a dépensé au maximum 5 000 anciens francs. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le mobilier de ce château répond à un certain niveau de vie, à la volonté d’accueillir agréablement des invités, et de profiter du confort moderne de l’époque.


Quoique le chauffage central soit installé, le plaisir de se chauffer au coin du feu est attesté par un lot de douze stères[1] de bois, des cheminées installées dès la construction dans les différentes pièces, plusieurs paires de chenets, une crémaillère, un soufflet, un pare-feu et des taques. Une bouillote et une bassinoire en cuivre rendent le coucher plus douillet.


[1] « Unité de volume utilisée pour le bois de chauffage (symbole : St), qui équivaut à un mètre cube de bûches d’un mètre de long empilées régulièrement les unes sur les autres. Acheter deux stères de bois. Un décastère vaut dix stères. », selon le Dictionnaire de l’académie française.


L'attache de volet sur la façade sud du château de Rocquigny (Ardennes) est un élément de ferronnerie encore en place malgré l'usure du temps. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 18 décembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’attache de volet sur la façade sud du château de Rocquigny (Ardennes) est un élément de ferronnerie encore en place malgré l’usure du temps. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le mercredi 18 décembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le bien-être est renforcé par dix-sept tapis de laine, des descentes de lit, une carpette, une tapisserie. Pour lutter contre le froid, l’humidité ou la lumière du petit matin, des doubles rideaux (au moins six paires) occultent les fenêtres.


Les luminaires sont nombreux, tant pour l’éclairage direct qu’indirect. Ils comptent des lustres en bois ou en bronze, sept lampes anciennes, des lampes de chevet. Comme le réseau n’est parfois pas très stable, on revient momentanément aux lampes à huile ou à pétrole, aux chandeliers et à leurs bougies.


La cuisine est dotée d’un important matériel pour préparer des mets simples ou raffinés : faitouts, casseroles et louches en cuivre, cocottes, trois cafetières, et même une bouilloire à lait, des tourtières, un gaufrier, etc. Une table de boucher sert à découper la viande. Une poissonnière permet de cuire avec précision des poissons entiers au court-bouillon.

Les lots de bocaux, le stérilisateur, les bassines en cuivre et un chaudron laissent à penser que l’on fait des confitures et des conserves ; le saloir, que de la viande est conservée par salaison ; le pressoir, le moulin à pommes, les tonneaux et feuillettes[1] ainsi que les bouteilles, que l’on produit du cidre.


[1] « Tonneau dont la contenance varie, selon les régions, de cent quatorze à cent quarante litres. Une feuillette de chêne. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Plusieurs services de table[1] et à café, des verres (dont certains probablement en cristal), et de l’argenterie témoignent d’une vie sociale et mondaine. A côté de cette vaisselle raffinée, il en existe une plus simple, avec de nombreux plats, des assiettes à fleurs, etc.


[1] Dont les enchères se sont élevées à 4 400 et 6 600 francs.


Tout le matériel n’est pas énuméré : vingt-six lots de cette vente sont proposés comme « lots d’objets divers ». Néanmoins, certains permettent d’évoquer sans aucun doute le grand aviateur, durant les quelques mois qui précèdent sa mort. C’est tout d’abord un lot de cendriers : très souvent photographié, Jean Mermoz arbore souvent une cigarette sur les clichés[1]. Un chapeau mexicain, des hallebardes, des fétiches, une peau de crocodile et des objets des colonies évoquent des souvenirs de ses voyages lointains.

Quant au berceau, au jeu de nain jaune et à une petite voiture, pourrait-on les rattacher à son enfance ? Ou à celle d’enfants de pilotes décédés, qui étaient accueillis à Rocquigny pour les aider à surmonter cette disparition ?


[1] En revanche, la présence d’un porte-pipes reste plus mystérieux.


Les meubles occupent une grande place dans cette vente. Ils sont adaptés aux différents usages des pièces. Plusieurs canapés et fauteuils, un bar roulant, des guéridons et des petites tables décorent le salon ou le bar. Une horloge ancienne et une petite pendule rappellent la fuite du temps.

Une bibliothèque, des presse-livres, un secrétaire style Louis XIV, une corbeille à papier et un encrier évoquent une pièce ou un coin plus intime[1]. Il est attesté que madame Gillet entretenait une correspondance importante.

Dans la salle à manger doivent se trouver la table ancienne, des chaises, peut-être un des bahuts vendus, et un buffet ancien.


[1] Un cabinet de travail ? Un boudoir ? Une chambre ? L’acte ne précise pas l’affectation exacte de la pièce.


Les murs d’une chambre du premier étage du château de Rocquigny (Ardennes) sont recouverts de lambris, contribuant à l’isolation thermique et à la protection des murs. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les murs d’une chambre du premier étage du château de Rocquigny (Ardennes) sont recouverts de lambris, contribuant à l’isolation thermique et à la protection des murs. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le vendredi 18 octobre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les différentes pièces du premier étage peuvent comprendre la chambre à coucher complète[1] en plaqué noyer[2], deux « cosys[3] », des tables de nuit.


[1] C’est-à-dire comportant un lit, deux tables de chevet, et une armoire, voire des chaises, le tout du même style.

[2] Le bois de noyer est apprécié pour sa robustesse, sa finition élégante et sa couleur chaleureuse. Il est idéal pour les meubles, les revêtements de sol et l’ébénisterie.

[3] « Causeuse disposée dans le coin d’une pièce. » dans un contexte francophone. « Le syntagme cosy-corner désignant un meuble n’existe pas en anglais », où il s’applique à un « agencement d’intérieur, généralement dans une encoignure, comprenant un divan accompagné d’une étagère. » Voir le Trésor de la langue française informatisé.


D’une manière générale, la demeure est décorée de bibelots divers, de vases, de porte-photos, de cadres et de tableaux. Les cuisines sont en bois blanc, dotées de tabourets et de chaises en paille, et très certainement de buffets vaisseliers.


L’eau courante, assainie par des filtres à eau, alimente non seulement la cuisine, mais également les salles de bain, le cabinet de toilette et les W.-C., ce qui n’était pas répandu pour l’époque dans les villages ardennais. La vente d’une table, d’une garniture de toilette et d’un bidet portatif témoigne de pratiques d’hygiène plus anciennes.


Si l’automne et l’hiver se passent plus à l’intérieur, le printemps et l’été sont propices à profiter des jardins à l’ombre d’un parasol, sur des transats[1], ou à déjeuner à l’extérieur avec du mobilier de jardin, lui aussi proposé à la vente.


[1] « Chaise longue pliante, faite d’une toile tendue sur une armature de bois ou de métal. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Couverture du n° double 48/49 – hiver 1968 – printemps 1969 consacré à Jean Mermoz (reproduite avec l’aimable autorisation de madame Béatrice Leroy, coordinatrice éditoriale d’Icare : revue de l’aviation française).
Couverture du n° double 48/49 – hiver 1968 – printemps 1969 consacré à Jean Mermoz (avec l’aimable autorisation de madame Béatrice Leroy, coordinatrice éditoriale d’Icare : revue de l’aviation française).

C’est dans ce séjour enchanteur que madame Gillet reçoit les amis de son fils comme Joseph Kessel ou Antoine de Saint-Exupéry. Son cousin germain Jean Boulanger partage à ce propos un témoignage auriculaire dans Icare : revue de l’aviation française[1] : « Je sais que le 11 novembre 1936 à Rocquigny, il avait assisté au défilé en compagnie de Saint-Ex et qu’ils ont parlé politique, longtemps, chez Mme Mermoz, en marchant à grands pas dans le jardin[2]. »


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-18557, Boulanger, Jean. Auteur, « Mon cousin Jean », in Syndicat national des pilotes de ligne (France), Icare : revue de l’aviation française, Paris ; Pantin : Tour ESSOR 93, 1957-, n° double 48/49 – hiver 1968 – printemps 1969, pp. 51-55, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original du Musée Air France, 2018-231062, page 55, vue 57/250.

[2] La reproduction de la couverture de la revue à titre d’illustration a fait l’objet d’une aimable autorisation de Béatrice Leroy, coordinatrice éditoriale d’Icare : revue de l’aviation française.


Cette vie de château n’a cependant qu’un temps pour la mère de Mermoz : en raison de la mort brutale de son fils, elle s’investit, avant et après la Seconde Guerre mondiale, dans des œuvres en faveur des veuves et des orphelins de pilotes de ligne. Elle accueille les enfants d’Alexandre Collenot[1] ainsi que leur mère. Elle tient ensuite dans les années 50 à collecter des fonds pour l’aérium[2] de Vic-sur-Cère (Cantal), créé pour recevoir des orphelins de l’aviation militaire et marchande.


[1] Mécanicien d’aviation, souvent coéquipier de Jean Mermoz, disparu prématurément en mer le 10 février 1936.

[2] « Établissement sanitaire destiné aux enfants délicats, aux convalescents ayant besoin de grand air. Les aériums du Jura. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


La fin de la Seconde Guerre mondiale, son désir de rejoindre son appartement parisien, la disparition de ses parents, et peut-être sa santé qui se dégrade, lui offrent des raisons de vendre la maison familiale de Mainbressy[1] et son château de Rocquigny, et ce d’autant plus que son attitude sous l’Occupation n’aurait pas toujours été appréciée par la population locale.


[1] L’acte de vente est établi le samedi 17 mars 1951 en la mairie de Mainbressy par-devant maître Yves de Saint-Gilles. Archives notariales déposées actuellement à l’étude de maître Sophie Collet Monod 1, place de l’hôtel de ville 08460 Signy-l’Abbaye (Ardennes). Cet office notarial regroupe les anciennes études de Signy-l’Abbaye, Chaumont-Porcien, Poix-Terron, Château-Porcien, Launois-sur-Vence, Wasigny, Sévigny-Waleppe et Rocquigny.


En dehors de ce qui pourrait s’apparenter à de la médisance, un rapport d’enquête[1] établi officiellement le 5 octobre 1944 par un maréchal des logis chef, commandant la brigade de gendarmerie de Chaumont-Porcien, sur la demande du 25 septembre 1944 formulée par le général commandant militaire de la région militaire de Laon (Aisne), montre que l’on s’intéresse à « madame MERMOZ[2] née GILLET[3] (Gabrielle) » et à son progermanisme, souligné à plusieurs reprises :

  • « La débâcle de 1940 n’émotionne pas outre mesure madame Mermoz qui reste dans son château ; elle est toujours férue de politique et ne cache pas ses tendances pro-allemandes. »
  • « On ne remarque cependant pas que les autorités occupantes lui accordent plus d’attention qu’aux autres habitants et si quelquefois un officier allemand de passage allait présenter ses hommages à Madame Mermoz, il est possible et même probable, que c’est moins à la collaboratrice qu’à la mère du célèbre aviateur. »
  • « De toute évidence, Mme Mermoz a extériorisé ses tendances pro-allemandes et elle est à surveiller ; mais jusqu’à ce jour aucun fait menaçant la sécurité n’a pu être relevé contre elle. »

[1] Ministère des ArméesService historique de la Défense (SHD), GD/8/E/226, archives de la Gendarmerie : compagnies et brigades : unités départementales des Ardennes (1917-1950) ; Brigade territoriale de Chaumont-Porcien (section de Rethel) : registre de correspondance confidentielle au départ (R/4), 1942-1946.

[2] La typographie reprend celle du document administratif original.

[3] Idem.


Il y est d’autre part explicitement mentionné que le château, après son achat, est devenu « le lieu de réunion du P.S.F.[1] dont madame Mermoz est une fervente militante » (Jean Mermoz lui-même est un membre fondateur et le vice-président de ce parti).


[1] Parti social français. Lire PSF, selon les règles de typographie actuelles concernant les sigles et les acronymes. Organisation nationaliste fondée le 6 juillet 1936 par le lieutenant-colonel François de La Rocque, à la suite de la dissolution des Croix-de-Feu, mouvement d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale.


Le rapport de gendarmerie est mesuré dans son ton, et préfère s’appuyer sur des faits que sur des rumeurs, même s’il les relaie parfois : « Quelques éléments de la population de Rocquigny soupçonnent madame Mermoz d’être à la base de certaine dénonciation qui a eu pour simple résultat la convocation du maire et de plusieurs autres personnes [à[1]] la Kommandanture[2] de Charleville pour s’y voir interrogés sur leu[rs[3]] soi-disants[4] tendances et activité[5] communistes alors qu’il s’agissait tout au plus de socialistes. Ces soupçons ne semblent pas devoir être justifiés, car madame Mermoz est une personne plutôt érudite en matière de politique et qui ne pourrait confondre. »


[1] Faute de frappe.

[2] Lire Kommandantur.

[3] Faute de frappe.

[4] L’adjectif « soi-disant » est en réalité invariable. Les puristes préfèreront « prétendues, attendues, supposées ».

[5] Au singulier, au sens générique d’engagement.


En janvier 1945, elle figure sur la liste des membres de groupements antinationaux[1]. Puis la chronique locale et régionale du quotidien L’Ardennais[2] apprend que, dans sa séance du 27 juillet 1945, Madame Gabrielle Mermoz comparaît devant la chambre civique des Ardennes[3].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1W 88 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels).] Voir aussi Archives départementales des Ardennes, 1M 21 105, page 3 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 1M = administration générale (fonds du cabinet du préfet).]

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-26782, « Chambre civique des Ardennes » [chronique locale et régionale] in L’Ardennais : quotidien républicain, Charleville-Mézières : L’Ardennais, 1944-1992, deuxième année, n° 257, samedi 28 et dimanche 29 juillet 1945, page 2, vue 2/2, deuxième colonne, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, FOL-JO-2513.

[3] La chambre civique des Ardennes était composée de monsieur Chabert (commissaire du gouvernement adjoint), monsieur Bodelet (président du tribunal civil de Sedan), Pierre Nizet, Félix Goffette, André Petit et Camille Génon (jurés).


Elle est accusée par le commissaire du gouvernement[1] de s’être rendue coupable d’indignité nationale[2] à Rocquigny en 1941,1942, 1943, 1944. Elle est assistée par maître Manil, un avocat du barreau de Charleville.


[1] Arrêts de la chambre civique entre le 9 mars 1945 et le 28 juillet 1945, avec acquittement de madame Gillet Mermoz le 27 juillet 1945. Archives départementales des Ardennes, 7U1 18 [série U = justice, depuis 1800 ; sous-série 7U1 = juridiction d’exception. Cour de justice des Ardennes 1944-1951.]

[2] L’ordonnance du 26 août 1944 définit le crime d’indignité nationale.


La chambre civique statue contrairement aux réquisitoires, après avoir entendu des témoins, dont trois sont nommés. Elle se prononce pour l’acquittement. Lors de cette même séance, sur les autres prévenus, la chambre civique condamne trois prévenus à l’indignité nationale (deux pour cinq ans, et un à vie), et en acquitte sept autres.


En outre, Le 9 avril 1945, Max Delty[1] et son amie Arlette Carlys sont arrêtés au château de Rocquigny, où ils s’étaient réfugiés. Selon L’Ardennais[2]du lendemain, il est reproché à l’artiste d’avoir été le « secrétaire de Doriot[3] et un ex-speaker de Radio-Vichy[4]».

L’information, qui circule dans la presse régionale, a un retentissement national : cet entrefilet est en effet repris presque tel quel par L’Aurore, Le Figaro, France libre : toujours à l’avant-garde du progrès social, L’Humanité : organe central du Parti communiste français, France libre sportive , etc.


[1] Max Delty, de son vrai nom Alexis Vasseur, est un chanteur lyrique. Madame Gillet, infirmière à l’époque, l’aurait rencontré en le soignant, alors qu’il avait été blessé lors de la Première Guerre mondiale. Il est le mentor de Jean Mermoz, lui conseillant de se tourner vers l’aviation, et jouant d’autre part un rôle dans la rencontre entre le pilote et le colonel de La Rocque.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-26782, « Une belle prise » [chronique locale et régionale] in L’Ardennais : quotidien républicain, Charleville-Mézières : L’Ardennais, 1944-1992, deuxième année, n° 168, mardi 10 avril 1945, page une, vue 1/2, cinquième colonne, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, FOL-JO-2513.

[3] Jacques Doriot (1898-1945), dirigeant du Parti populaire français, est une figure majeure de la collaboration.

[4] Surnom de la radio nationale qui émet du 6 juillet 1940 au 26 août 1944.


Une semaine après, L’Ardennais revient sur l’affaire [1], accusant cette fois-ci Max Delty :

  • d’avoir participé régulièrement à l’émission La Rose des vents sur Radio-Paris[2] ;
  • d’avoir proféré des insultes et des menaces à l’égard de la France libre ;
  • d’avoir tenu un stand de la Légion tricolore contre le bolchévisme[3] ;
  • d’avoir fait de la propagande pour la LVF[4], le RNP[5] et le PPF[6] ;
  • d’avoir participé à un défilé de chemises noires ;
  • d’avoir arrêté ou fait arrêter des milliers de patriotes.

[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-26782, « Autour de l’arrestation d’Alexis Vasseur » [chronique locale et régionale] in L’Ardennais : quotidien républicain, Charleville-Mézières : L’Ardennais, 1944-1992, deuxième année, n° 173, mardi 17 avril 1945, page deux, vue 2/2, troisième colonne, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, FOL-JO-2513.

[2] Radio de propagande diffusée sous l’Occupation de 1940 à 1944.

[3] Nom provisoire de la LVF en 1942.

[4] LVF = Légion des volontaires français contre le bolchevisme, combattants volontaires aux côtés du Troisième Reich.

[5] RNP = Rassemblement national populaire, parti collaborationniste, fondé par Marcel Déat pendant l’Occupation.

[6] PPF = Parti populaire français, parti collaborationniste, fondé par Jacques Doriot pendant l’Occupation.


En 1941, Max Delty anime une émission en souvenir du cinquième anniversaire de la mort de l’aviateur[1]. En 1943, Mme Gillet lui confie la création d’une association pour préserver la mémoire de son fils. Max Delty, né le 26 août 1888, décède le 10 août 1945 à son domicile parisien. Aucune source n’a pu à ce jour permettre d’identifier ce qui s’est passé entre son arrestation et sa mort.

Quant à madame Gillet, bien qu’elle figure encore sur le recensement de 1946[2] à Rocquigny comme propriétaire, elle n’y vit plus en fait que très rarement.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-2127, « Le souvenir de Jean-Mermoz à Radio-Paris », in Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication, Le Matin : le mieux informé des journaux parisiens, grand folio, quotidien, cinquante-huitième année, n° 21039, jeudi 4 décembre 1941, page 2, vue 2/4, septième colonne, consultable en ligne sur Gallica.

[2] Archives départementales des Ardennes, 30W 15 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels).]


En 1952, ses déboires sont loin, et elle reprend à Paris ses activités caritatives. Un « décret du 15 novembre 1952 portant nomination dans l’ordre national de la Légion d’honneur[1] » nomme « à titre civil, au grade de chevalier […] Mme Mermoz[2], née Gillet (Georgette-Gabrielle), infirmière ; 36 ans de services civils[3]. »

Le journal L’Ardennais lui rend alors un hommage appuyé : « Mme Mermoz Chevalier de la Légion d’Honneur. – Paris. – Mme Mermoz, mère du héros de l’Atlantique Sud, fondatrice de l’Aérium des Croix, qui recueille les orphelins de l’aviation militaire et marchande, de l’armée de terre et de mer, ainsi que les enfants des combattants d’Extrême-Orient et de l’Union Française vient d’être élevée au grade de chevalier de la Légion d’honneur, au titre du ministère des Forces Armées[4]. »


[1] Bibliothèque nationale de France, NUMP-5314, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, Paris : Journaux officiels, 1881-2015, in-folio, quotidien, quatre-vingt-quatrième année, n° 273, dimanche 16 novembre 1952, page 10699, vue 11/32, première colonne, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la DILA (Direction de l’information légale et administrative), 2009-100524.

[2] Selon les renseignements fournis par la grande chancellerie de la Légion d’honneur à l’auteure, le dossier de proposition pour l’attribution de cette décoration à madame Mermoz née Gillet ne se trouve pas dans la base de données Léonore, réalisée par les Archives nationales, et qui recense uniquement les légionnaires dont les dossiers ont fait l’objet d’un versement par la grande chancellerie aux Archives nationales. D’autre part, il n’est pas non plus conservé au SHDCAAPC (Service historique de la DéfenseCentre des archives de l’armement et du personnel civil) de Châtellerault (Vienne), d’après les renseignements fournis par ce dernier.

[3] A titre exceptionnel, et dans le dessein d’être agréable à l’auteure, la grande chancellerie de la Légion d’honneur lui a adressé une copie de l’extrait du Journal officiel mentionnant cette décoration, cité supra.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-26782, « Mme Mermoz Chevalier de la Légion d’Honneur » [chronique locale et régionale] in L’Ardennais : quotidien républicain, Charleville-Mézières : L’Ardennais, 1944-1992, neuvième année, n° 2496, jeudi 27 novembre 1952, page 5, vue 5/8, sixième colonne, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, FOL-JO-2513.


Des infiltrations d’eau de pluie affectent la grande pièce du deuxième étage du château de Rocquigny (Ardennes), autrefois aménagée en dortoir. L’humidité progressive a fragilisé les revêtements et laissé des traces visibles sur les murs et le plafond, témoignant de l’altération du bâti au fil du temps. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Des infiltrations d’eau de pluie affectent la grande pièce du deuxième étage du château de Rocquigny (Ardennes), autrefois aménagée en dortoir. L’humidité progressive a fragilisé les revêtements et laissé des traces visibles sur les murs et le plafond, témoignant de l’altération du bâti au fil du temps. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Elle décède le 26 novembre 1955, à Paris, loin du château de Rocquigny. La transformation de ce dernier en exploitation agricole, additionnée au manque d’entretien général, puis au vandalisme, marquent le début de sa dégradation.

Des végétaux (dont un lierre géant sur le mur au sud) recouvrent les murs extérieurs, la toiture laisse passer des infiltrations d’eau, une marche de l’escalier s’affaisse, les planchers sont fragilisés, les vitres parfois brisées, les fenêtres arrachées, laissant libre cours aux intempéries.


Ces biens sont légués à la SPA[1], qui n’est pas intéressée par le château, trop lourd d’entretien. La commune, consciente de l’intérêt de ce domaine, décide en 2008 d’en devenir propriétaire. Le passif est lourd, mais les efforts des uns et des autres pour valoriser ce château suscitent l’intérêt de la « Mission patrimoine » (confiée à Stéphane Bern), l’investissement de la Française des jeux, des dons de particuliers, etc.


[1] Société protectrice des animaux.


Cette métamorphose du château Mermoz à Rocquigny (Ardennes) incarne l’ambition de reconstruire, réformer, refonder un patrimoine historique et mémoriel, tout en dynamisant le tourisme.

Le château sera revitalisé avec un musée de l’Aviation célébrant les exploits de Jean Mermoz et d’Albert Caquot, ingénieur né à Vouziers (Ardennes) qui a réalisé la structure interne en béton du Christ de Rio[1].

Quant aux intérieurs des années 1930, ils seront réinterprétés tout en intégrant des éléments contemporains, et un gîte touristique verra le jour, attirant les visiteurs. Avec un financement de 460 000 € déjà mobilisé, cette initiative créera des emplois et encouragera l’aménagement du territoire ardennais, renforçant le tissu associatif local et célébrant l’histoire régionale de manière innovante.


[1] Rio de Janeiro sous sa forme longue. Commune située dans la région Sud-Est de la république fédérative du Brésil (República Federativa do Brasil), capitale de l’État de Rio de Janeiro après avoir été celle du pays jusqu’en 1960.

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Administration communale après la Révolution à La Romagne


La structure de la commune se met en place avec la loi du 22 décembre 1789. Elle établit une municipalité par ville (bourg, paroisse ou communauté de campagne), qui prend le relais des assemblées d’habitants.

A partir de cette date, le système électoral proposé est un suffrage à deux degrés. Il y a tout d’abord les électeurs primaires, qui votent pour les élections municipales, et qui choisissent des grands électeurs, seuls habilités à désigner les députés.


Selon les époques, on assiste à la mise en place d’un certain nombre de contraintes, ou d’assouplissements, pour être électeur ou éligible :

  • des conditions d’âge : vingt-cinq ans en 1791, vingt et un ans (sous le Consulat avec la constitution de l’an VIII, pendant le Premier Empire, ou lors des Cent-Jours), et même trente ans (sous la Restauration et la monarchie de Juillet), vingt et un ans à partir de la IIIe République, dix-huit ans depuis 1974 sous la Ve république ;
  • des conditions d’habitation : être dans le canton depuis six mois à un an, voire trois ans au moment du Second Empire ;
  • payer des contributions directes en 1789 (allant de la valeur de trois journées de travail en 1789, à 200 et 300 francs sous la Restauration ou la monarchie de Juillet). Ces conditions écartent du vote un certain nombre d’habitants du village.

Depuis la loi de 2010, il est nécessaire d’avoir dix-huit ans pour être éligible comme conseiller municipal.  En outre, il faut avoir une attache dans la commune, soit en y étant électeur, soit en étant inscrit au rôle des contributions directes. Dans certains cas, il existe des clauses d’inégibilité, liées aux fonctions exercées.

Ces lois sont à maintes reprises modifiées, et le suffrage universel masculin sans condition n’apparaît qu’à partir de la Seconde République, et ce pour une courte durée. Puis il est repris par la loi du 5 avril 1884, qui promulgue l’élection des conseils municipaux au suffrage universel, et l’élection du maire par les conseillers municipaux. Pendant le Second Empire, les nominations par le préfet prévalaient.


Fiche d'électrice de madame Adrienne Euphrasie Modeste née Marandel, boulangère, qui exerce pour la première fois son droit de vote à La Romagne (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, 1010W 125 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels).]
Fiche d’électrice de madame Adrienne Euphrasie Modeste née Marandel, boulangère, qui exerce pour la première fois son droit de vote à La Romagne (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, 1010W 125 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels).]

Quant au droit de vote des femmes, il faut attendre une ordonnance du 21 avril 1944 pour qu’il soit accordé. Et c’est le 29 avril 1945, lors des élections municipales, qu’il devient effectif.

De nos jours, le code électoral en vigueur distingue, pour les élections municipales, les communes de moins de trois mille cinq cents habitants, ce qui est le cas de La Romagne, et celles qui en ont davantage. Dans tous les cas, les conseillers municipaux sont élus pour six ans. Le conseil municipal détermine librement le nombre des adjoints.

Ainsi, à La Romagne, n’y en a-t-il qu’un seul jusqu’en 1993, et deux depuis. Ces derniers peuvent remplacer le maire dans ses prérogatives. L’élection du maire et de ses adjoints a lieu lors de la première réunion du nouveau conseil municipal élu. On constate que la première femme conseillère municipale a été élue en 1971 et que, depuis cette date, deux ou trois femmes y siègent, sans que l’on atteigne la parité.


La dénomination de maire est ancienne, et remonte au Moyen Âge. A partir de1792, la commune est administrée, tout d’abord par un officier public puis, à partir de l’année suivante, par trois membres, dont l’un est dénommé désormais agent municipal. De 1795 à 1799, les communes se regroupent en municipalités cantonales.

Chacune élit un agent municipal, qui devient membre de la municipalité cantonale. L’an IV[1], Pierre Langlet est nommé trésorier conservateur des biens communaux de La Romagne. En l’an V[2], Jean-Baptiste Devie est désigné agent municipal pour la Romagne. Tandis qu’en l’an VI[3], Pierre Gérard Merlin en devient adjoint.


[1] Du 23 septembre 1795 au 21 septembre 1796.

[2] Du 22 septembre 1796 au 21 septembre 1797.

[3] Du 22 septembre 1797 au 21 septembre 1798.


Ce n’est qu’à partir de 1800 que le terme de maire est employé à nouveau, pour désigner le premier magistrat d’une commune. A cette époque, et contrairement à la nôtre, cette fonction n’est pas rémunérée. Ce qui fait que ceux qui sont désignés par le préfet, sur une liste établie par les électeurs, doivent être assez aisés.


La vie administrative de la commune change avec le décret du 20 septembre 1792, puisqu’il impose désormais aux officiers publics de chaque municipalité de tenir en double exemplaire les registres d’état civil, qui jusque-là l’étaient par les curés (depuis l’ordonnance de Villers-Cotterêts).


Les premiers registres d’état civil[1] non religieux à La Romagne apparaissent en 1793. Parallèlement, les tables annuelles et décennales sont créées. Le point le plus important de ce décret est la prééminence du mariage civil sur le mariage religieux[2], et la reconnaissance du divorce. Le premier mariage dissous à La Romagne l’est par le maire de l’époque, Jean-Baptiste Devie.

Ce divorce[3] est prononcé le 5 vendémiaire an IX[4]. Il met fin à l’union célébrée le 27 novembre 1785 entre Thomas Tavernier et Marie-Catherine Dupont : la différence d’âge des époux est importante, la femme ayant quelque quinze ans de plus que son mari.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 8 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 8 = naissances 1793-an X, pages non paginées, vue 1/53 et suivantes, consultables en ligne. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 9 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 9 = mariages 1793-an X, pages non paginées, vue 1/42 et suivantes, consultables en ligne. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 10 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 10 = décès 1793-an X, pages non paginées, vue 1/35 et suivantes, consultables en ligne.

[2] L’enregistrement des décès et des mariages datait de l’ordonnance de Blois (1579), et de celle de Saint-Germain-en-Laye (1667).

[3] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 9 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 9 = mariages 1793-an X, pages non paginées, vue 33/42 et suivantes, consultables en ligne.]

[4] 27 septembre 1800.


Alors que le choix des prénoms était, jusqu’à la Révolution, lié au martyrologe de l’Eglise, on assiste dans quelques familles de La Romagne (Hamel, Devie, Boudier, etc.) à l’octroi en deuxième ou troisième position des prénoms de Liberté, Egalité ou Victoire, sous l’influence des évènements révolutionnaires, et peut être par attachement aux valeurs nouvelles, entre l’an III[1] et l’an VI.

On retrouve ce même principe juste après la proclamation du Second Empire, avec l’exemple unique d’un enfant prénommé Louis-Napoléon.


[1] Du 22 septembre 1794 au 22 septembre 1795.


Rapidement, la loi du 11 germinal An XI[1] fixe l’immuabilité du prénom donné à la naissance, et choisi dans les différents calendriers, ou parmi les personnages de l’histoire ancienne. Néanmoins, on accorde à ceux qui avaient reçu un prénom révolutionnaire le pouvoir d’en changer.


[1] 1er avril 1803.


Depuis la loi du 28 pluviôse an VIII[1], chaque municipalité a un maire[2], un adjoint et un conseil municipal (le nombre de ses membres varie en fonction de l’importance de la population de la commune). En 2024, pour La Romagne, les conseillers municipaux sont au nombre de onze.

Les maires ont des fonctions administratives en lien avec la police et l’état civil. Quant au conseil municipal, il est concerné par les finances de la commune (contributions en centimes additionnels), les travaux nécessaires pour les biens communaux, en particulier l’entretien des chemins.


[1] 17 février 1800.

[2] Ce terme est employé dans les registres de la commune à partir de l’an IX (du 23 septembre 1800 au 22 septembre 1801).


Durant une courte période, la loi du 13 fructidor an VI[1] décrète que le mariage civil ne peut être célébré que par le président de l’administration municipale du chef-lieu de canton (Joseph Lacroix), juste après les cérémonies et discours officiels, et parfois avec un accompagnement de chants patriotiques. Le mariage d’Elisabeth Lepinois, originaire de La Romagne, se déroule ainsi à Rocquigny le 10 vendémiaire an VII[2].


[1] 30 août 1798.

[2] 1er octobre 1798. Voir Archives départementales des Ardennes, L 1337 [série L = administration générale, articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 : canton de Rocquigny. Délibérations. An IV-1819.]



Carte d'électeur de monsieur François Merlin, maire de La Romagne (Ardennes) de 1817 à 1837. Archives départementales des Ardennes, 7 J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].
Carte d’électeur de monsieur François Merlin, maire de La Romagne (Ardennes) de 1817 à 1837. Archives départementales des Ardennes, 7 J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].

Sous le Consulat, des listes de notables éligibles sont établies. Elles représentent un vivier pour le choix des maires par les préfets. Cette situation change peu jusqu’à la fin de la Restauration, car le pouvoir souhaite exercer un contrôle sur la gestion des communes.

La loi de 1831 sous la monarchie de Juillet permet aux Français d’élire leurs conseillers municipaux, et de prévoir un renouvellement du conseil municipal tous les trois ans. Le maire, lui, est chargé, à partir de 1837, de la nomination des agents communaux et de la réunion du conseil municipal quatre fois par an.


Après le coup d’Etat du 2 décembre 1851, qui fait du premier président de la Deuxième République Louis-Napoléon Bonaparte un empereur, le maire et chacun des conseillers se doivent chaque année désormais, lors d’une séance, de prêter serment d’obéissance à la constitution et fidélité à l’homme d’Etat.

C’est le cas par exemple lors de la séance du 2 mai 1852[1], qui s’adresse au président de la République. Puis, le 27 février 1853, le maire et l’adjoint prêtent cette fois serment à l’empereur. Il est à noter que, pour les chefs-lieux de canton, ce dernier garde des prérogatives pour la nomination du maire et des adjoints.

Afin de disposer dans toute la France de municipalités dociles, la loi du 5 mai 1855 ordonne le renouvellement total des conseils municipaux, par des élections qui ont lieu en juillet. Ce nouveau conseil, où l’on retrouve comme membres la moitié de ceux élus précédemment (dont Séraphin Guillaume, Pierre Devie-Laroche, Jean Charles Boudié, Joseph Raulin), est installé en août de cette même année.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 1 = 24 juin 1849-6 août 1893.]


Les changements de régime entraînent toujours des bouleversements, si bien qu’après la guerre de 1870, et la débâcle qui s’ensuit, une nouvelle loi (du 14 avril 1871) impose un nouveau renouvellement des conseils municipaux, tout en rétablissant le principe de l’élection du maire par le conseil municipal.

Celui de La Romagne n’en est pas profondément transformé, puisque l’on y retrouve, comme auparavant, une bonne proportion de conseillers de la précédente municipalité : Pierre Gustave Devie-Collet, Séraphin Guillaume, Nicolas Laroche, Jean Charles Bonpart, et Philogone Legros.  Ils se retrouvent siéger avec Florentin Bocquet, Jean-Baptiste Devie (dit Devie-Devie), Noizet[1], et Hezette (maréchal-ferrant)[2].


[1] Le prénom est manquant.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 1 = 24 juin 1849-6 août 1893.] Les pages arrachées à ce registre des comptes rendus des conseils municipaux, entre le 12 septembre 1872 et le début de l’année 1875, soustraient des informations pour cette période.


Signatures des conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) après la séance du 23 septembre 1900. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 2 = 5 octobre 1893-13 mai 1922.]
Signatures des conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) après la séance du 23 septembre 1900. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 2 = 5 octobre 1893-13 mai 1922.]

Sous la Troisième République, le scrutin municipal se déroule tous les quatre ans puis, après la Seconde Guerre mondiale, tous les six ans, avec un scrutin à deux tours.

Par une ordonnance du 21 avril 1944 du Gouvernement provisoire de la République, et jusqu’au jour où des élections régulières sont organisées, les maires, adjoints et conseillers élus avant le 1er septembre 1939 sont maintenus ou rétablis dans leurs droits et fonctions, sauf en cas d’indignité pour délit de droit commun, ou d’attitude trop passive durant la guerre.

Contrairement à Chappes, Wasigny, La Romagne n’est pas dépourvue d’un maire. En effet, depuis octobre 1941, la municipalité élue avant la guerre est rentrée, à l’exception de Maurice Druart et de Léon Briard (qui a quitté la commune).


Les conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) sont élus en 1945 selon un scrutin plurinominal, à deux tours, à la majorité absolue. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) sont élus en 1945 selon un scrutin plurinominal, à deux tours, à la majorité absolue. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Des élections municipales sont organisées dans toute la France le 29 avril 1945[1]. Pour celles-ci, La Romagne compte cent trente-trois inscrits et quatre-vingt-dix-sept votants. Quatre-vingt-seize suffrages sont exprimés (un bulletin étant jugé nul). La liste comportait quarante et une candidatures, dont sept féminines.


[1] Archives départementales des Ardennes, 3M9 45 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 3M = élections et plébiscites, sous-sous série 3M9 = élections municipales, résultats pour le canton de Chaumont-Porcien en 1945, cote 3M9 45 = procès-verbaux des élections municipales ; procès-verbal de l’installation du conseil municipal.]


La majorité absolue étant fixée à quarante-neuf voix sur quatre-vingt-seize, les dix conseillers municipaux sont élus au premier tour. Alcide Cugnart devient maire avec neuf voix sur dix. Son adjoint Ernest Bauquet le suit de près, avec huit voix sur dix. Le succès de ces dix candidats creuse l’écart avec les trente et un autres, qui n’ont recueilli que d’une à dix-huit voix.

Les voix obtenues par les candidats non élus aux élections municipales de La Romagne (Ardennes) du 29 avril 1945 montrent une large dispersion de ces dernières. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les voix obtenues par les candidats non élus aux élections municipales de La Romagne (Ardennes) du 29 avril 1945 montrent une large dispersion de ces dernières. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le conseil municipal, ainsi constitué après un unique tour, est dominé par la présence de sept cultivateurs, un artisan, un employé de commerce et un commerçant.

Les conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) élus le 29 avril 1945 sont majoritairement dans le domaine de l'agriculture, ce qui témoigne d'une société encore fort rurale. Graphique de type « secteur ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) élus le 29 avril 1945 sont majoritairement dans le domaine de l’agriculture, ce qui témoigne d’une société encore fort rurale. Graphique de type « secteur ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La France ayant retrouvé ses institutions politiques, avec la disparition de l’Etat Français[1], et la naissance de la IVe République, de nouvelles élections municipales sont organisées le 19 octobre 1947[2]. Au premier tour, huit conseillers sont élus. L’un d’entre eux refuse cette fonction (Monsieur Jonnart), arguant qu’il est désigné, mais qu’il n’était pas candidat.

Lors du scrutin précédent de 1945, une des trois femmes candidates avait obtenu trois voix, et les autres une seule. Dans le premier tour du scrutin de 1947, Thérèse Mouton Marquigny (seule femme à se présenter) obtient trente et une voix. Le second tour[3] permet l’élection des trois derniers conseillers, sur les six qui s’étaient maintenus. La composition change peu par rapport à celle de 1945. Il y a toujours 70 % de cultivateurs, mais un ouvrier fait son entrée. Le reste est représenté par un commerçant et un artisan.


[1] Nom du gouvernement de la France durant l’occupation allemande, de 1940 à 1944, désigné comme régime de Vichy, gouvernement de Vichy, ou simplement Vichy.

[2] Archives départementales des Ardennes, 3M9 45 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 3M = élections et plébiscites ; sous-sous série 3M9 = élections municipales, résultats pour le canton de Chaumont-Porcien en 1945, cote 3M9 45 = procès-verbaux des élections municipales ; procès-verbal de l’installation du conseil municipal.]

[3] Archives départementales des Ardennes, 3M9 172 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 3M = élections et plébiscites, sous-sous série 3M9 = élections municipales, résultats pour le canton de Chaumont-Porcien en 1945, cote 3M9 172 = tableau des conseillers municipaux en date du 27 octobre 1947.]


Les élections donnent parfois matière à querelle, et suscitent rumeurs ou diffamations, ce qui provoque des répliques parfois sibyllines de certains habitants, qui se sentent atteints dans leur honneur. Bien souvent, ce sont des électeurs de tendance cléricale ou républicaine qui s’affrontent.

Au cours des élections municipales de mars 1892, c’est ce que l’on peut voir de la part d’un correspondant anonyme, au soutien sans faille apporté au maire (certainement Paul Merlin) et à l’instituteur public, après son arrivée en novembre de l’année précédente. A cet article, un autre correspondant, tout aussi anonyme, répond par le biais d’une fable à la manière de La Fontaine, dépeignant le premier sous les traits d’un vil crapaud.

Il n’est pas possible de dire si ces attaques étaient monnaie courante, ou si elles correspondaient à des moments d’agitation politique particuliers, comme a pu en connaître la France.


Papillon anonyme, encre bleue sur papier, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Papillon anonyme, encre bleue sur papier, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

Toujours est-il que, dans les années 1960 et 1970, les élections municipales provoquent la distribution de billets anonymes, parfois illustrés et souvent énigmatiques, tels que celui-ci : « Prépare les caboulets, l’heure va sonner. Les jeunes vont rentrer ». Le dessin d’une marmite évoque la caboulée[1], ou nourriture bouillie destinée aux porcs, mais aussi une soupe grossière.

La table compte douze places, mais le conseil municipal ne compte que 11 membres. Pierre Fleury se souvient que ces billets étaient mis dans les boîtes aux lettres, glissés sous les portes, ou jetés dans la cour de l’école.


[1] Régionalisme pour soupe, selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


Discours de monsieur Michel Mauroy, candidat pour le second tour aux élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 1983, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Discours de monsieur Michel Mauroy, candidat pour le second tour aux élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 1983, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

En 1983, Michel Mauroy, candidat aux municipales, adresse aux électeurs du second tour une missive, dans laquelle il expose ce que doit être un bon conseiller municipal. Il y soutient que de jeunes conseillers sont un atout, et que la gestion d’une commune est loin d’un assemblage d’affaires personnelles. Cette lettre a probablement aidé ses électeurs à se décider, puisqu’il a été élu. Ce sera le seul mandat qu’il exercera.


Résultats du premier tour des élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Résultats du premier tour des élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Actuellement, pour la commune de La Romagne, qui compte plus de cent habitants, et moins de quatre cent quatre-vingt-dix-neuf, le nombre des conseillers à élire est de onze. En 2008, sur les cent quatorze inscrits, cent ont voté. Au premier tour, ils avaient à choisir parmi une liste de trente-deux personnes, dont cinq candidates et vingt-sept candidats. A l’issue du second tour (où il ne reste que dix candidats), le conseil municipal se compose de neuf hommes, et de deux femmes (Andrée Lequeux et Isabelle Marandel).


Résultats du second tour des élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Résultats du second tour des élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après l’élection du maire, dont la fonction requiert de nombreuses aptitudes, le conseil municipal peut créer des commissions dans le cadre de délibérations, sur des sujets tels que la voirie, les travaux à entreprendre, le budget, etc.


En 1984, pour récompenser leur fidélité à leur engagement municipal, Roger Bocquet, André Druart et Henri Claise sont proposés pour être décorés de la médaille d’argent départementale et communale, car ils ont été conseillers municipaux durant vingt-quatre ans au moins. L’année suivante marque le tour de Victor Devie.

Puis, en 1987, est créée, par décret, une nouvelle décoration civile destinée à récompenser des services de longue durée accomplis au service de la région, du département ou de la commune : la médaille d’honneur régionale, départementale et communale. Elle est aussi bien attribuée aux conseillers qu’aux secrétaires de mairie. Elle se décline en trois échelons, correspondant aux années de service :

  • argent (vingt ans) ;
  • vermeil (trente ans) ;
  • or (trente-cinq ans).

En 1989, l’instituteur Pierre Fleury reçoit la médaille d’argent pour vingt-deux ans de secrétariat de mairie. En 1994, c’est le tour d’Yves Petipas (médaille d’argent) et de Victor Devie (médaille vermeil). Leur dévouement à la commune est à nouveau distingué en 2006 : Victor Devie est récipiendaire de la médaille d’or, tandis qu’Yves Petipas l’est de celle de vermeil, pour sa présence au conseil depuis 1971, et ses six années comme adjoint.


Pour pallier certains désordres apparus à la Révolution, en particulier l’abolition du droit exclusif de chasse, on instaure une police rurale, avec la création d’un agent chargé de la protection du domaine communal.

L’institution du garde-champêtre date de la loi du 20 messidor an III[1]. Il est proposé par le maire, mais est nommé par le préfet. C’est un homme digne de confiance, chargé d’annoncer les nouvelles officielles, et de veiller à la tranquillité du village.


[1] 8 juillet 1795.


Le premier dont on trouve une trace dans les archives est Mathieu Arbonville, en l’an II[1], puis Jean-Baptiste Grenet, originaire de Draize. Présenté par le citoyen Devie, ce dernier est agréé et jure, au cours de la séance du 24 pluviôse an IV[2], qui se tient à Rocquigny, de bien remplir les fonctions qui lui sont déférées[3].

Il est chargé de veiller à la stricte exécution des décisions prises par l’administration communale. Il est chargé, en plus, de verbaliser tous ceux qui enfreindraient l’observation des décadis.


[1] Du 6 octobre 1793 au 21 septembre 1794.

[2] 13 février 1796.

[3] Archives départementales des Ardennes, L 1337 [série L = administration générale, articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 : canton de Rocquigny. Délibérations. An IV-1819.]


Vote d'une indemnité au garde-champêtre de La Romagne (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 2 = 5 octobre 1893-13 mai 1922.]
Vote d’une indemnité au garde-champêtre de La Romagne (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 2 = 5 octobre 1893-13 mai 1922.]

Plus tard, on le découvre dans ce même rôle. Il dresse des procès-verbaux à tous ceux qui ne respectent pas les règlements communaux concernant :

  • la pâture (que ce soit pour la garde des troupeaux de moutons, d’oies et de dindons) ;
  • la protection contre l’incendie (d’aucuns ont été condamnés à payer une amende, pour s’être promenés avec une bougie dans des lieux remplis de paille) ;
  • la circulation (comme passer avec des charrois trop lourds pour certains chemins).

Le Second Empire cadre strictement son recrutement, puisqu’il doit être âgé d’au moins vingt-cinq ans, prêter serment, et s’engager à ne jamais s’attabler à l’auberge pour boire, sous peine de révocation. Son traitement fait partie des dépenses obligatoires de la commune.


L’évolution du village, à la suite des deux guerres mondiales et des changements sociétaux, amène La Romagne à créer divers postes, qui répondent à des besoins spécifiques temporaires ou durables. Ils traduisent aussi la situation de l’emploi pour une période donnée.


Durée des mandats des maires de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « entonnoir ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Durée des mandats des maires de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « entonnoir ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

De la IIe République à nos jours, quinze maires soutenus par leurs adjoints se sont succédé pour gérer, améliorer, développer, et faire vivre le village et ses habitants, en temps de paix ou de guerre, montrant ainsi leur dévouement et leur attachement au bien-être de leurs concitoyens.

Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 101, « La Romagne. — Obsèques » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-neuvième année, n° 15166, lundi 23 et mardi 24 décembre 1929, p. 3, deuxième et troisième colonnes [presse locale ancienne, vue 3/6, consultable en ligne].
Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 101, « La Romagne. — Obsèques » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicainquotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-neuvième année, n° 15166, lundi 23 et mardi 24 décembre 1929, p. 3, deuxième et troisième colonnes [presse locale ancienne, vue 3/6, consultable en ligne].

L’administration communale de La Romagne a vu une diversification socioprofessionnelle des élus municipaux, et une lente progression de la participation féminine. La police rurale, incarnée par les gardes-champêtres, a adapté ses missions pour répondre aux besoins de sécurité et d’ordre public, tout en se professionnalisant. La Romagne illustre ainsi un équilibre entre tradition et innovation dans sa gestion locale, en s’adaptant aux mutations de la société.