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De La Romagne à l’île Bourbon : le destin de Jean Roland Boudsocq (1705-1773)


Jean Roland Boudsocq naît le 2 juin 1705 à La Romagne[1]. Il est le quatrième enfant du couple formé par Henry Boutsocq[2] et Jeanne Dehaulme. Il est baptisé par le prieur curé du village, Louis Potin, qui officie dans la paroisse Saint-Jean[3] de La Romagne depuis mai 1704. Son parrain est Roland Dehaulme (duquel il reçoit le prénom), et sa marraine, Marguerite Dehaulme.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 9/32, consultable en ligne.

[2] D’après les registres des tailles de 1708, conservés aux archives départementales de la Marne,  site de Châlons-en-Champagne, il serait hôtelain, c’est-à-dire aubergiste, cabaretier, hôtelier, hôte, celui chez qui on loge.

[3] L’Evangéliste.


La Cense Boudsocq est actuellement un lieu-dit (petite métairie ou ferme isolée) situé dans la commune de Rubigny (Ardennes). Panneau d'entrée d'agglomération. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 3 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La Cense Boudsocq est actuellement un lieu-dit (petite métairie ou ferme isolée) situé dans la commune de Rubigny (Ardennes). Panneau d’entrée d’agglomération. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 3 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’absence d’acte de mariage[1] fait que la filiation des parents ne peut être attestée avec certitude. Sont-ils des descendants de la famille Boudsocq qui a donné son nom à une cense proche de La Romagne[2] ? Le sont-ils de ceux qui ont essaimé dans les villages voisins ? Aucun document ne permet de l’affirmer.


[1] Tous les registres BMS (baptêmes mariages sépultures) de l’année 1700 ont disparu.

[2] Située sur la route menant de Rocquigny (Ardennes) à Rubigny (Ardennes).


L’aînée des enfants est une fille, Jeanne, née certainement en décembre 1700. Elle meurt[1] âgée de 11 mois, le 1er octobre 1701, et est inhumée dans le cimetière paroissial.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 32/38, consultable en ligne.


François[1], le deuxième enfant, né probablement le 24 février[2] 1702 décède[3] alors qu’il est âgé de dix-sept jours, soit vers le 13 mars suivant[4].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 35/38, consultable en ligne.

[2] Les ratures rendent difficile la lecture du jour.

[3] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 35/38, consultable en ligne.

[4] Les deux actes cités supra se suivent sur le registre.


Deux autres enfants naissent ensuite, Nicolas le 23 juin 1707[1], et Antoine le 19 septembre 1712[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 16/32, consultable en ligne.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 31/32, consultable en ligne.


Jean Roland à dix ans lorsque ses parents décèdent à quelques jours d’intervalle : le père disparaît le 2 août 1715, la mère le 14 août suivant[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 2 = années 1713-1721], page non paginée, vue 12/34, consultable en ligne.


Nul ne sait ce que devient cette fratrie : les registres des actes BMS[1] de La Romagne ont disparu pour la période de 1722 à 1732, et ceux qui leur sont postérieurs restent muets à son sujet. Seul apparaît dans ces derniers un Jacques Boudsocq, qui se révèle être né à Rocquigny et marié en 1713 à La Romagne. La recherche dans les registres des tailles est, elle aussi, infructueuse pour cette période et au-delà. De même, on ne retrouve plus aucune trace de membres de la famille Deheaulme.


[1] Baptêmes, mariages, sépultures.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105357, Plan de Lille de Bourbon sur les mémoires des S[ieu]rs Boucher et Feuilly, 1710, carte manuscrite en couleur, échelle de 5 lieues [= 11 cm], 41,5 × 54,5 cm, note manuscrite historique sur la prise de possession de l’île entre 1642 et 1664, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 11/1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105357, Plan de Lille de Bourbon sur les mémoires des S[ieu]rs Boucher et Feuilly, 1710, carte manuscrite en couleur, échelle de 5 lieues [= 11 cm], 41,5 × 54,5 cm, note manuscrite historique sur la prise de possession de l’île entre 1642 et 1664, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 11/1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Cependant, une preuve de son existence et de son changement de vie apparaît en 1729, lorsqu’il est répertorié[1] sur l’île Bourbon. Comment a-t-il eu connaissance de la colonisation de cette île, située dans l’Océan Indien à plus de douze mille lieues[2] de son village natal, pour commencer une vie totalement différente de celle qu’il a vécue dans le territoire continental?

Qu’a-t-il ressenti en entreprenant un aussi long voyage ? Sur ces différents points, comme sur la première année de son installation dans l’île, on ignore tout, si ce n’est que cette aventure débute par un très long voyage…


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1235, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Environ mille trois cent soixante « lieues de Paris », soit neuf mille deux cents kilomètres en distance à vol d’oiseau ((orthodromique) ; entre deux mille sept cents et trois mille cent « lieues de Paris », soit de dix mille cinq cents à douze mille kilomètres en distance réelle par trajet maritime.


Institut national d'histoire de l'art, document numérique, NUM OA 349, Projet architectural de Lorient & Port-Louis attribué à La Rozière, 18ᵉ siècle, planche à la plume, encre noire et aquarelle, 48 × 102 cm, au verso : inscription au crayon indiquant la cote, image cartographique, reproduite d’après l’original de l’Institut national d'histoire de l'art, OA 349, numérisation effectuée en 2006, notice descriptive consultable en ligne.
Institut national d’histoire de l’art, document numérique, NUM OA 349, Projet architectural de Lorient & Port-Louis attribué à La Rozière, 18ᵉ siècle, planche à la plume, encre noire et aquarelle, 48 × 102 cm, au verso : inscription au crayon indiquant la cote, image cartographique, reproduite d’après l’original de l’Institut national d’histoire de l’art, OA 349, numérisation effectuée en 2006, notice descriptive consultable en ligne.

Depuis la citadelle de Port-Louis (Morbihan), le panorama s’ouvre sur la rade de Lorient, d’où partaient autrefois plusieurs navires de la Compagnie des Indes. Ce point stratégique permettait de surveiller les mouvements maritimes et de protéger le port d’attache. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Depuis la citadelle de Port-Louis (Morbihan), le panorama s’ouvre sur la rade de Lorient, d’où partaient autrefois plusieurs navires de la Compagnie des Indes. Ce point stratégique permettait de surveiller les mouvements maritimes et de protéger le port d’attache. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La citadelle de Port-Louis (Morbihan) est classée monument historique depuis 1948. Elle abrite aujourd’hui le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan) et le musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La citadelle de Port-Louis (Morbihan) est classée monument historique depuis 1948. Elle abrite aujourd’hui le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan) et le musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


Selon les règles de la navigation à voile de l’époque, et le lieu de destination, le voyage peut prendre des mois, voire un an pour les destinations les plus lointaines. Le départ se fait en général de Lorient[1], et plus précisément de Port-Louis[2], une citadelle[3] fortifiée, entre novembre et février pour la Chine, décembre et mars pour l’Inde, mars et avril pour l’île Bourbon[4].

Des escales sont prévues au Cap de Bonne-Espérance[5], que l’on atteint en général au bout de quatre à cinq mois, puis à Madagascar, aux îles Bourbon[6] ou de France[7].


[1] Commune située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.

[2] Commune située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.

[3] Musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Citadelle de Port-Louis : souvenir de visite. Rédigé par Anne Belaud-de Saulce. [Port-Louis] : musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan), 2022. 63 p. : illustrations en couleur ; 22 cm. (Souvenirs de visite). Bibliographie p. 62. Glossaire. Impression : Saint-Thonan, Imprimerie Cloître. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

[4] Haudrère, Philippe. « Les Voyages », dans Les Compagnies des Indes, nouvelle édition augmentée et mise à jour, direction Philippe Haudrère et Gérard Le Bouëdec ; avec la participation du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), Brigitte Nicolas et Louis Mézin. Rennes : Éditions Ouest-France, 2024, p. 67-82. 1 vol. (171 p.) : illustrations en couleurs ; 27 cm. Imprimé à Palaiseau : Imprimerie PPO Graphic. Bibliographie p. 166-168. (Exemplaire provenant de la collection personnelle de l’auteure.)

[5] Éperon rocheux situé actuellement dans la région du Cap-Occidental, en Afrique du Sud.

[6] La Réunion, actuellement département et région d’outre-mer français (DROM).

[7] L’île Maurice, actuellement territoire principal de la république du même nom.


Là-bas, au flanc d’un mont couronné par la brume,
Entre deux noirs ravins roulant leurs frais échos,
Sous l’ondulation de l’air chaud qui s’allume
Monte un bois toujours vert de sombres filaos.

Les Filaos – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

A l’arrivée, il découvre un milieu naturel, dont on peut se faire une idée grâce aux descriptions et aux récits de navigateurs, et qui est à l’opposé de ce qu’il connaissait en quittant le royaume de France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595762, L’Isle de Bourbon anciennement dicte Isle de Mascaregne, [17ᵉ siècle], carte imprimée, 18 × 20,5 cm, figurant des poissons et des navires à voiles, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8415), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595762, L’Isle de Bourbon anciennement dicte Isle de Mascaregne, [17ᵉ siècle], carte imprimée, 18 × 20,5 cm, figurant des poissons et des navires à voiles, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8415), consultable en ligne sur Gallica.

L’île Bourbon est une terre volcanique située au cœur de l’océan Indien[1]. Elle est dominée par deux sommets majeurs : le Piton des Neiges et le Piton de la Fournaise. D’une superficie d’environ deux mille cinq cents kilomètres carrés, elle est entièrement recouverte de forêts au moment de sa découverte.

Ces forêts varient selon l’altitude et abritent des essences spécifiques[2] telles que les tamarins[3], les calumets de Bourbon[4] et les fougères arborescentes[5]. Deux zones échappent toutefois à ce couvert forestier : elles se caractérisent par des paysages de savane ou de bruyère.


[1] Lavaux, Catherine. La Réunion : du battant des lames au sommet des montagnes. Paris : Éditions du Pacifique, 1991. 383 p. : illustrations ; 23 cm. Bibliographie p. 380. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

[2] Indigènes ou autochtones, voire endémiques pour certaines d’entre elles.

[3] Le « Petit Tamarin des Hauts » correspond à Sophora denudata Bory, 1804, tandis que le « Tamarin des Hauts » désigne Acacia heterophylla (Lam.) Willd., 1806. Voir les notices descriptives consultables en ligne sur le site du parc national de La Réunion.

[4] Nastus borbonicus J. F. Gmel., 1791, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

[5] Cyathea glauca Bory, 1804 (Fanjan femelle) et Cyathea borbonica Desv., 1811 (Fanjan mâle). Voir les notices descriptives consultables en ligne sur le site du parc national de La Réunion.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595761, I. do Mascarenhas, [16e siècle], carte imprimée, 11,5 × 16 cm, pagination : 8, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8414), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595761, I. do Mascarenhas, [16e siècle], carte imprimée, 11,5 × 16 cm, pagination : 8, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8414), consultable en ligne sur Gallica.

Cette île fait partie de l’archipel des Mascareignes[1], nom donné en l’honneur du navigateur portugais Pedro Mascarenhas[2]. Durant une trentaine d’années, sa côte n’est qu’un point de relâche[3] pour les navires, qui peuvent ainsi se ravitailler en eau.


[1] Il se compose des îles de La Réunion, Maurice et Rodrigues.

[2] Né vers 1484 à Mértola (Portugal) et décédé le 23 juin 1555 à Goa (Inde).

[3] Relâcher signifie dans le vocabulaire de la navigation « s’arrêter, faire escale en un lieu, souvent en fonction des nécessités de la navigation ou d’incidents imprévus. La tempête les obligea à relâcher. Le navire a relâché à Brest. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Canons du Juste, vaisseau français échoué près de Saint-Nazaire après la bataille des Cardinaux (1759). Dépôt du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Canons du Juste, vaisseau français échoué près de Saint-Nazaire après la bataille des Cardinaux (1759). Dépôt du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Jacques Pronis[1], agent de la Compagnie française d’Orient (1642-1664), créée par Richelieu, fonde la colonie de Fort-Dauphin[2] à Madagascar, qu’il gouverne. Ses manières de faire provoquent la colère et la révolte de certains colons. En 1646, il exile sur l’île « Bourbon[3] » quelques mutins, qui y resteront jusqu’en 1649.


[1] Ou Jacques de Pronis (6 octobre 1619, La Rochelle – 23 mai 1655, Madagascar), administrateur colonial français, actif au XVIIe siècle, notamment dans la région de l’océan Indien.

[2] Ou Tôlanaro, commune située actuellement dans le district de Taolanaro, la région Anosy, la province de Toliara, à Madagascar.

[3] Elle n’est pas nommée ainsi à cette époque. L’île aujourd’hui connue sous le nom de La Réunion a porté diverses appellations au fil de son histoire : d’abord désignée sous la dénomination de Santa Apolonia, en référence au jour de la Sainte Apolline, sur les cartes portugaises, elle devint l’île Bourbon en 1649 sous la domination française, rebaptisée Île de La Réunion en 1793 lors de la Révolution, temporairement appelée Île Bonaparte entre 1806 et 1810, avant de retrouver le nom d’île Bourbon après 1815, pour finalement reprendre définitivement le nom de La Réunion après 1848.


Entrée du musée de la Compagnie des Indes. Ce lieu retrace l’histoire maritime et commerciale de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, à travers les grandes compagnies coloniales et les routes vers l’Asie, l’Afrique et les Amériques. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la Citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entrée du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Ce lieu retrace l’histoire maritime et commerciale de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, à travers les grandes compagnies coloniales et les routes vers l’Asie, l’Afrique et les Amériques. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la Citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La colonisation ne devient effective qu’à partir de la disparition de la Compagnie française de l’Orient, et de la création par Colbert de la Compagnie des Indes orientales (1664-1719) : celle-ci répond à la volonté de Louis XIV de développer la puissance maritime de la France, et de contrecarrer le commerce des Anglais et des Hollandais.

Ces derniers, présents sur l’île Mauritius[1], l’abandonnent en 1715, si bien que les Français la récupèrent au nom du roi de France et s’y installent. Elle prend alors le nom d’île de France.


[1] Nom donné par les navigateurs portugais.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595768, Plan de l’isle de Bourbon, [17e siècle], carte manuscrite, 38,5 × 49 cm, présence d’une rose des vents, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8421), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595768, Plan de l’isle de Bourbon, [17e siècle], carte manuscrite, 38,5 × 49 cm, présence d’une rose des vents, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8421), consultable en ligne sur Gallica.

Lorsque la colonisation de l’île Bourbon est décidée, la Compagnie des Indes recrute pour en faire des colons, des artisans de différents corps de métier, mais aussi des soldats, dont elle exige qu’ils aient un métier civil.

Elle fait construire par des esclaves, qui viennent majoritairement de Madagascar, des habitations en bois, des magasins, des entrepôts, des bâtiments administratifs, etc. Étienne Régnault, ancien commis aux écritures de Colbert, est le premier gouverneur de l’île de Bourbon du 5 août 1665 au 8 mai 1671.


Cloche de brume du XIXᵉ siècle, instrument essentiel à la sécurité maritime. Elle symbolise la lutte contre les aléas et les fortunes de mer, rappelant les dangers constants auxquels sont exposés les marins. Dépôt du Service des phares et balises. Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cloche de brume du XIXᵉ siècle, instrument essentiel à la sécurité maritime. Elle symbolise la lutte contre les aléas et les fortunes de mer, rappelant les dangers constants auxquels sont exposés les marins. Dépôt du Service des phares et balises. Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Une partie de la forêt de l’île disparaît au début du XVIIIe siècle avec :

  • l’accélération de la colonisation ;
  • l’accroissement d’une population qui a besoin de terres pour les cultures vivrières ;
  • la construction d’une flotte pour transporter les marchandises, acheminer (gratuitement) les missionnaires évangélisateurs, et défendre les biens et les personnes[1].

[1] Cependant, en cas de « fortune de mer » (tempêtes, naufrages, abordages, avaries, etc.), la flotte royale lui prête assistance.


L’escadre de Chine (1745-1746) était une flottille française composée notamment du Prince de Conty, du Philibert et de l’Aimable, chargée d’assurer le commerce et de protéger les intérêts français en Asie pendant la guerre de Succession d’Autriche. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’escadre de Chine (1745-1746) était une flottille française composée notamment du Prince de Conty, du Philibert et de l’Aimable, chargée d’assurer le commerce et de protéger les intérêts français en Asie pendant la guerre de Succession d’Autriche. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir du peuplement de cette île, les navires (dont certains appartiennent à des corsaires[1] ou des pirates[2]) se procurent aussi des denrées alimentaires diverses, pour que les escadres[3] soient en mesure de poursuivre leurs voyages jusqu’aux comptoirs de l’Inde, et que l’équipage puisse résister au scorbut[4].


[1] « Bâtiment qui, en temps de guerre, était armé en course par des particuliers en vertu d’une commission du gouvernement. » et, par métonymie, le « capitaine commandant un tel bâtiment. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Aventurier qui se livre au brigandage sur mer, membre d’un équipage qui attaque et pille des navires marchands. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. [Nota bene : le flibustier est un « aventurier appartenant aux bandes de pirates qui, au XVIIe et au XVIIIe siècle, écumaient les mers des Antilles. »]

[3] « Force navale, d’importance variable, composée de bâtiments de combat de divers types, placés sous les ordres d’un officier général. », terme utilisé dans le domaine de la marine militaire, selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Maladie due à une carence en vitamine C, qui se manifeste par des hémorragies, des troubles gastro-intestinaux, le déchaussement des dents et une cachexie progressive pouvant être mortelle. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Vers 1715, la Compagnie est rattachée à Fort-Dauphin. Elle reçoit un certain nombre de privilèges dont :

  • le droit de propriété des terres ;
  • le droit de justice ;
  • le droit d’établir des garnisons ;
  • le droit de battre monnaie ;
  • le droit de faire commerce d’esclaves ;
  • le droit d’armer des navires de commerce et de guerre.

Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire ML 389 C 195. Bouteille à thé quadrangulaire en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1720. Col cerclé de métal et bouchon en bois sculpté. Décor imari chinois combinant bleu de cobalt sous couverte et émaux polychromes sur couverte (rouge de fer, vert, noir, doré). Chaque face alterne entre scène galante à l’européenne — figures hollandaises en promenade — et composition florale nouée. Chrysanthèmes sur fond rouge sur l’épaulement. Production d’exportation sous le règne de Kangxi.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire ML 389 C 195. Bouteille à thé quadrangulaire en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1720. Col cerclé de métal et bouchon en bois sculpté. Décor imari chinois combinant bleu de cobalt sous couverte et émaux polychromes sur couverte (rouge de fer, vert, noir, doré). Chaque face alterne entre scène galante à l’européenne — figures hollandaises en promenade — et composition florale nouée. Chrysanthèmes sur fond rouge sur l’épaulement. Production d’exportation sous le règne de Kangxi.

Ces pouvoirs qui lui sont attribués s’étendent de l’Afrique (jusqu’à Madagascar) à la Chine. Ils sont abolis en 1764, lors de la rétrocession de l’île au roi de France. Mais auparavant, ils lui permettent d’administrer l’île, de développer ses ressources et de s’enrichir.

Dès 1769, le commerce privé s’empare du négoce de l’Océan Indien, et ce jusqu’en 1785. Une troisième organisation voit alors le jour : la Compagnie de Calonne (1785-1793) qui, à l’inverse des précédentes, n’a pas de pouvoir civil ou militaire dans ses comptoirs.


Un large ruban d’or illumine la cime
Des coteaux dont la brume a noyé le versant.
L’horizon se déchire, et le soleil descend
Sous les nuages roux qui flottent dans l’abîme
Comme un riche archipel sur une mer de sang.

Le Semeur – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Elle fournit aux colons des terres à mettre en valeur, sous forme de concessions. Celles-ci sont soumises à des impôts (cens[1], « lods[2] et ventes », etc.). Au départ, elles s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares. Mais au fil des arrivées successives au cours du XVIIIe siècle, leur superficie diminue progressivement, ne représentant plus que cinq à cinquante hectares selon les endroits.


[1] « Redevance de toute nature que certains détenteurs de biens devaient annuellement au seigneur du fief dont ils relevaient. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Seulement dans l’expression Lods et ventes, pour désigner la redevance due au seigneur lors de la vente d’une partie du territoire sur lequel s’étendaient ses droits. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque départementale de La Réunion, R14935.130. Louis Antoine Roussin (1819–1894), Album de la Réunion. Café. Coffea Arabica : famille des Rubiacées, 1860. Lithographie en couleurs sur papier ; dimensions de la feuille : 31 × 23 cm. Imprimée à La Réunion par A. Roussin (Imprimerie A. Roussin). Estampe extraite de l’Album de l'île de la Réunion : recueil de dessins représentant les sites les plus pittoresques..., tome 2, page 130, publié à Saint-Denis entre 1860 et 1867. Langue : français.
Bibliothèque départementale de La Réunion, R14935.130. Louis Antoine Roussin (1819–1894), Album de la Réunion. Café. Coffea Arabica : famille des Rubiacées, 1860. Lithographie en couleurs sur papier ; dimensions de la feuille : 31 × 23 cm. Imprimée à La Réunion par A. Roussin (Imprimerie A. Roussin). Estampe extraite de l’Album de l’île de La Réunion : recueil de dessins représentant les sites les plus pittoresques…, tome 2, page 130, publié à Saint-Denis entre 1860 et 1867. Langue : français.

Au début du XVIIIe siècle, la Compagnie développe la culture du café.  Elle s’occupe de la fourniture des plants, qu’elle achemine. Elle impose, par une ordonnance de 1724, la culture d’au moins deux cents pieds par habitation[1] se lançant dans cette production. A la récolte, le café est acheté aux producteurs cinq sous la livre.

Elle gère ensuite la commercialisation d’autant qu’elle dispose du monopole pour la France. Elle assure grâce à ce produit, le fret de retour de ses navires.


[1] L’habitation désigne à la fois la maison du propriétaire, les cases et les entrepôts faisant partie du domaine.


Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire 793.1.736. Bassin ovale en porcelaine « famille verte », Chine, vers 1715-1720. Porcelaine à glaçure polychrome et rehauts dorés, produite sous le règne de Kangxi. Le décor, caractéristique de la « famille verte », associe oiseaux, fleurs (pivoine, prunus, chrysanthème) et poissons en médaillon. Ornementation répartie sur les parois intérieures et extérieures. Objet d’exportation vers l’Europe, issu de la collection Robien, saisie à Rennes en 1794.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire 793.1.736. Bassin ovale en porcelaine « famille verte », Chine, vers 1715-1720. Porcelaine à glaçure polychrome et rehauts dorés, produite sous le règne de Kangxi. Le décor, caractéristique de la « famille verte », associe oiseaux, fleurs (pivoine, prunus, chrysanthème) et poissons en médaillon. Ornementation répartie sur les parois intérieures et extérieures. Objet d’exportation vers l’Europe, issu de la collection Robien, saisie à Rennes en 1794.

La compagnie prend pour nom celui de Compagnie perpétuelle des Indes (1719-1769)[1] jusqu’à sa rétrocession. Elle naît d’une fusion de diverses compagnies de commerces à privilèges comme l’étaient les Compagnies des Indes orientales, du Sénégal ou de Chine, ce qui entraîne des changements politiques et administratifs.


[1] La Compagnie perpétuelle des Indes, fondée en 1719 par John Law, résulte de la fusion de plusieurs compagnies, dont la Compagnie des Indes orientales (1664). L’adjectif « perpétuelle » est ajouté en 1723 pour souligner un monopole commercial censé durer indéfiniment, mais qui ne sera pas maintenu dans les faits.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105372, Veue de la Rade et du bourg de St. Denis à l’Isle de Mascarin, manuscrit daté du 17ᵉ ou 18ᵉ siècle [S.l.]. Format : 1 carte manuscrite, 25 x 36,5 cm. Notes manuscrites au verso indiquant « Vue de la rade de St Denis » ; légende des bâtiments représentés présente. Orientation au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105372, Veue de la Rade et du bourg de St. Denis à l’Isle de Mascarin, manuscrit daté du 17ᵉ ou 18ᵉ siècle [S.l.]. Format : 1 carte manuscrite, 25 x 36,5 cm. Notes manuscrites au verso indiquant « Vue de la rade de St Denis » ; légende des bâtiments représentés présente. Orientation au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Alors que les débuts de l’organisation de la colonisation ont été assez anarchiques, la Compagnie entretient à partir de 1722 une troupe de cent cinquante hommes pour veiller à la sérénité de l’île, et ce d’autant plus que des révoltes d’esclaves éclatent assez souvent, et que le marronnage[1] se développe sur toute l’île.


[1] « État d’un esclave marron. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. Voir infra la définition de marron.



Des règlements régulièrement promulgués durcissent les sanctions[1] (« fers à un pied », flétrissure sur une ou deux épaules, fouet, patrouille de recherches nocturnes). Des récompenses (en espèces ou sous la forme du don d’un esclave) sont accordées aux « chasseurs de marrons[2] ». Quand c’est un esclave qui réalise cette prise, il reçoit une pièce de toile.


[1] Ève, Prosper, « Le marronnage à Bourbon/La Réunion », 52 pages [article PDF], consultable en ligne sur le site du musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion). [Nota bene : Prosper Ève est professeur émérite d’histoire moderne à l’Université de La Réunion, chercheur au CRESOI (Centre de recherches sur les sociétés de l’océan Indien), et président de l’AHIOI (Association historique internationale de l’océan Indien). Le musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), est une ancienne société de plantation dédiée à l’histoire et aux mémoires de l’esclavage à La Réunion.]

[2] « S’est dit d’un esclave réfugié dans les bois pour y vivre en liberté. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105366, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis la rivière de Ste. Suzanne jusque à la Grande Ravine ; Plan de la baie et du mouillage de St. Denis dans le nord de l’Isle de Bourbon, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 36,5 × 47 cm, échelles : 2 lieues [= 14,5 cm] et 600 toises [= 8 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105366, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis la rivière de Ste. Suzanne jusque à la Grande Ravine ; Plan de la baie et du mouillage de St. Denis dans le nord de l’Isle de Bourbon, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 36,5 × 47 cm, échelles : 2 lieues [= 14,5 cm] et 600 toises [= 8 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Administrativement, entre 1735 et 1746, l’île Bourbon est dirigée par un commandant subordonné au gouverneur général résidant à l’île de France. Il est accompagné d’un Conseil supérieur, sorte de corps administratif et d’assemblée de marchands. Trois de ces conseillers font office de commandant de quartier : à Saint-Paul[1], Saint-Pierre[2] et Sainte-Suzanne[3].


[1] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).

[2] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).

[3] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).


Comme le nombre de soldats entretenus par la compagnie est insuffisant, chaque quartier, que ce soit Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Denis[1] a une milice composée de deux classes : les colons, et un groupe statutaire composé d’affranchis et de descendants d’affranchis. Elle est chargée de la police intérieure et de la défense de l’île.


[1] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Lors de son arrivée, Jean Roland Boudsocq peut constater que la population originaire du territoire métropolitain est moins importante que celle des esclaves. Il est vrai que la culture des caféiers provoque une demande accrue de main-d’œuvre.


Son mariage avec une créole[1], Marie Anne Gruchet[2], peut s’expliquer par les relations qui ont pu exister entre lui et Jean Gruchet, son beau-père. Le premier est employé par la Compagnie dès 1730, et le deuxième est aussi au service de celle-ci.


[1] « Originellement, personne de famille européenne, née dans une des anciennes colonies des régions tropicales de l’Amérique et de l’océan Indien, et plus particulièrement aux Antilles. » Par extension, « toute personne née dans ces régions, quelle que soit son ascendance. Adjectivement. Un Noir créole, né dans ces colonies et non en Afrique. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Née le 2 novembre 1710 à Saint-Paul [Nota bene : la date de son décès demeure inconnue à ce jour, en l’état actuel des recherches.]


Les relations avec la Compagnie, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, sont d’ailleurs incontournables : pour se procurer la moindre chose, il faut y avoir recours, car elle détient dans ses entrepôts les objets et des denrées indispensables à la vie au quotidien.


Flots qui portiez la vie au seuil obscur des temps,
Qui la roulez toujours en embryons flottants
Dans le flux et reflux du primitif servage,
Eternels escadrons cabrés sur un rivage
Ou contre un roc, l’écume au poitrail, flots des mers,
Que vos bruits et leur rythme immortel me sont chers !

Flots des mers – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Jean Gruchet[1] est né vers 1666 à Lisieux[2]. Il est mort le 8 juillet 1744[3] à Saint-Paul[4]. Après un voyage de sept mois jusqu’à l’île de Bourbon sur le Saint-Jean-Baptiste[5], il débarque en décembre 1689 avec une vingtaine d’autres colons, principalement des artisans.


[1]  Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1179, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Commune située actuellement dans le département du Calvados, en région Normandie. 

[3] L’état civil est manquant pour l’année 1744. Cette date provient de la source mentionnée infra.

[4] Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant un inventaire et partage de la succession Jean Gruchet, époux de Jacquette Leverque en secondes noces. [Nota bene : Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, ont informé l’auteure que le contrat du premier mariage de Roland Boutsocq Deheaulme avec Marie Anne Gruchet (1732) demeure introuvable malgré leurs recherches. En revanche, elles ont pu localiser l’inventaire et le partage cotés 3E 41. Ces documents, trop volumineux pour être reproduits, nécessitaient une consultation sur place. L’auteure remercie chaleureusement Patrick Jacquemart d’en avoir transmis les images.]

[5]  Ce navire eut par la suite un destin tragique : d’une capacité de 150 tonneaux et armé à Port-Louis (Morbihan), il arriva à l’île Bourbon le 5 décembre 1689. Moins d’un mois plus tard, le 31 décembre 1689, il fut détruit par un cyclone dans la baie de Saint-Paul, où il fit naufrage.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105380, Port découvert par le Sr Habert de Vauboulon en l'Isle Bourbon vers la rivière du Marsouin..., 1690, plan manuscrit, 46,5 × 34 cm, note manuscrite au verso : « Avec sa lettre à Monsieur [Dehargny] du 1er octobre 1690 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 9 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105380, Port découvert par le Sr Habert de Vauboulon en l’Isle Bourbon vers la rivière du Marsouin…, 1690, plan manuscrit, 46,5 × 34 cm, note manuscrite au verso : « Avec sa lettre à Monsieur [Dehargny] du 1er octobre 1690 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 9 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Henry Habert de Vauboulon[1], qui deviendra gouverneur de l’île, se trouve sur le même navire de la Compagnie. Ces deux passagers restent assez proches l’un de l’autre, mais Jean Gruchet ne suivra pas le gouverneur dans ses turpitudes, et autres opérations hasardeuses.


[1] Bibliothèque François-Mitterrand, site François-Mitterrand, 8-O3S-479, Bénard, Jules ; Bernard Monge. L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais : dictionnaire du peuplement, 1663-1713. Saint-Denis : Azalées éditions. Imprimé à Saint-André (La Réunion) : Imprimerie Graphica, 1994, 215 pp., pages 201-202.



Recruté d’abord comme armurier par la Compagnie des Indes, il exerce plusieurs métiers une fois installé dans l’île, en fonction des besoins du moment, ce qui implique d’une manière générale, pour les colons, d’être habiles dans divers domaines : il est ainsi coutelier, taillandier, charpentier, menuisier, forgeron, etc.


Jean Gruchet séjourne à Saint-Paul à partir de son mariage le 28 juillet 1692 avec une jeune créole, Jeanne Bellon (née le 4 novembre 1676 à Saint-Paul, mort le 30 mai 1729 à Saint-Paul). De ce couple naissent onze enfants, dont neuf filles et deux garçons. Marie Anne Gruchet, cité supra, est la huitième.


Totalement illettré, Jean Gruchet est décrit comme un homme plutôt sobre, qui ne joue pas, et un travailleur acharné, selon Antoine Boucher[1]. Il réussir à bâtir une solide fortune, aidé en cela par la découverte de deux jarres d’argent et d’or en 1729, trésor qu’auraient laissé des pirates qui relâchaient dans l’île.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2015-309679, Boucher, Antoine ; Barassin, Jean ; Cercle généalogique de Bourbon. Mémoire pour servir à la connoissance particulière de chacun des habitans de l’isle Bourbon ; suivi des notes du père Barassin. Sainte-Clotilde : Surya éditions, imprimé en Inde, 2015, 452 p., illustrations, 24 cm, pages 141-143, 338, passim.


Monts superbes, dressez vos pics inaccessibles
Sur le cirque brumeux où plongent vos flancs verts !
Métaux, dans le regret des chaleurs impossibles,
Durcissez-vous au fond des volcans entr’ouverts !

L’orgueil – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Il obtient, en 1720, la concession de trois terrains à la « montagne Saint-Paul »[1], chacun d’entre eux jouxtant des propriétés appartenant aux sœurs de sa femme. Le premier se situe en hauteur, à côté d’une forêt de bois de fer[2], le deuxième est au milieu, et le troisième en bas, à proximité de pignons d’Inde[3]. Ils longent également d’un autre côté un massif de bois rouge[4] et, plus bas, de bois jaune[5]. Il fait défricher ces terres par ses esclaves, et s’en procure d’autres au Boucan des malades[6], où il fait de l’élevage.


[1] « 1720. Extraits de contrats de concession accordés à divers. 3 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 114, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 33/381, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2093 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 2088-2131 = D. Etats et extraits ; cotes 2088-2105 = 1.  – Canton de Saint-Paul.]

[2] Sideroxylon majus (Gaertner fils) Baehni, notice descriptive consultable en ligne sur le site du parc national de La Réunion.

[3] Jatropha curcas L., 1753, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

[4] Cassine orientalis (Jacq.) Kuntze, 1891, notice descriptive consultable en ligne sur le site du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

[5] Ochrosia borbonica J. F. Gmel,1791, notice descriptive consultable en ligne sur le site du site des Parcs nationaux de France.

[6] Ce lieu-dit dépend aujourd’hui de la commune de Saint-Paul, sur la côte ouest de La Réunion, entre Boucan Canot et Saint-Gilles-les-Bains.


Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Première page de l’acte. Rappel de l’apposition des scellés le 8 juillet 1744 et annonce de l’inventaire le 14 juillet. Fait à la requête de Roland Boudsocq Deheaulme, garde-magasin de la Compagnie des Indes, et d’Antoine Maunier, ancien capitaine de bourgeoisie. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Première page de l’acte. Rappel de l’apposition des scellés le 8 juillet 1744 et annonce de l’inventaire le 14 juillet. Fait à la requête de Roland Boudsocq Deheaulme, garde-magasin de la Compagnie des Indes, et d’Antoine Maunier, ancien capitaine de bourgeoisie. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

L’inventaire de sa succession[1], dressé à partir du 14 juillet 1744, détaille le mobilier contenu dans les différentes habitations. On y trouve des couchettes à bas piliers[2] garnies de matelas de laine, d’oreillers et de couverture de « chitte[3] », des tables en natte à petites feuilles[4], avec tiroir et pieds en bois tournés, des chaises ou des pliants en bois de pomme[5], de nombreux miroirs , souvent de petite taille, une pendule, des coffres, une armoire à deux battants et trois tablettes, un buffet à deux battants, etc.


[1] Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant un inventaire et partage de la succession Jean Gruchet, époux de Jacquette Leverque en secondes noces.

[2] Lits légèrement surélevés par de petits supports, destinés à isoler du sol, favoriser la ventilation et protéger de l’humidité ou des nuisibles.

[3] Probablement du chintz, « tissu d’ameublement en coton imprimé dont une des faces est d’un brillant un peu glacé. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] Petit natte ou Labourdonnaisia calophylloides Bojer, 1841, notice descriptive consultable en ligne sur le site du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

[5] Syzygium cordemoyi Bosser & Cadet, 1987, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).


Musée de la Compagnie des Indes, numéro d’inventaire 996.71. Vase balustre en porcelaine, « famille verte », Jingdezhen, Chine, vers 1710. À panse renflée et col resserré, cette pièce en porcelaine est recouverte d’une glaçure vitrifiée. Produite à Jingdezhen, centre majeur de la porcelaine impériale, elle témoigne du raffinement technique encouragé sous le règne de l’empereur Kangxi. À cette époque, les fours impériaux sont dirigés par Lang Tingji, grand promoteur de la qualité des porcelaines destinées à la cour et à l’exportation. Ces pièces séduisent alors l’élite européenne, notamment par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes, qui contribue activement à leur diffusion en Occident.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), numéro d’inventaire 996.71. Vase balustre en porcelaine, « famille verte », Jingdezhen, Chine, vers 1710. À panse renflée et col resserré, cette pièce en porcelaine est recouverte d’une glaçure vitrifiée. Produite à Jingdezhen, centre majeur de la porcelaine impériale, elle témoigne du raffinement technique encouragé sous le règne de l’empereur Kangxi. À cette époque, les fours impériaux sont dirigés par Lang Tingji, grand promoteur de la qualité des porcelaines destinées à la cour et à l’exportation. Ces pièces séduisent alors l’élite européenne, notamment par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes, qui contribue activement à leur diffusion en Occident.

Pour les repas et les réceptions, la vaisselle est importante, avec au moins cinq services de verres, de nombreux gobelets, flacons et carafes, des plats en étain, des services en porcelaine, des gargoulettes[1], des pots en faïence, vingt-deux nappes, soixante-quatorze serviettes en toile de coton, et des « couteaux flamands »[2].


[1] « Vase en terre poreuse où l’eau se rafraîchit par évaporation, et dont le bec étroit permet de diriger le jet d’eau au fond de la gorge. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Soulat, Jean. « Le couteau flamand : du marin hollandais à la traite coloniale », Les Cahiers LandArc, n° 48, août 2022, 17 pages [article PDF], consultable en ligne sur le site du LandArc. [Nota bene : LandArc est un laboratoire français spécialisé en archéologie, archéométrie et histoire des techniques. Il publie régulièrement ses Cahiers LandArc, une revue scientifique portant sur des fouilles, des découvertes et des patrimoines archéologiques, avec un accent particulier sur les contextes littoraux et maritimes.]


En outre, l’inventaire vestimentaire donne des précisions sur la provenance des étoffes : de la calmande[1], du nankin[2], du guingan[3], de la mousseline[4], du gros drap[5], du camelot[6], de l’armoisin[7], qui soulignent la prospérité du commerce établi avec l’Inde et la Chine par la Compagnie. La présence de fils de coton bleus, et de vingt livres de laine, suggère une économie domestique, destinée à un usage personnel.


[1] « Étoffe de laine lustrée d’un côté, comme le satin. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Toile de coton épaisse, qui est ordinairement d’un jaune chamois. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Sorte de toile de coton fine et lustrée. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Toile de coton très fine, légère et transparente. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] « Étoffe de laine pure ou mélangée, à la surface duveteuse, que diverses opérations ont resserrée et rendue plus résistante. Une pièce de drap fin, de gros drap. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[6] « Étoffe faite primitivement de poil de chameau, fort prisée au Moyen Âge, puis simplement de poil de chèvre ou de laine de mouton. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[7] « Taffetas faible et peu lustré. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Reconnaissance de l’exactitude du début de l’inventaire établi devant des témoins, dont Roland Deheaulme. Le paraphe de certains manque, bien qu’ils soient présents, car ils ne savaient ni écrire ni signer. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Reconnaissance de l’exactitude du début de l’inventaire établi devant des témoins, dont Roland Deheaulme. Le paraphe de certains manque, bien qu’ils soient présents, car ils ne savaient ni écrire ni signer. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Signature de l’acte établi à la fin de la journée du 14 juillet 1744. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Signature de l’acte établi à la fin de la journée du 14 juillet 1744. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Des outils (dont quatre-vingt-dix-sept différents) : haches, serpes, varlopes[1], rabots, établi de menuisier, scies, scie de long, masse, pioches, bêches, étrille[2] avec gouge, lames de couteaux, et cent soixante-dix-huit livres de fer attestent des nombreuses activités exercées par Jean Gruchet à la suite de son installation dans l’île. Ses biens témoignent aussi de son enrichissement, qui assure une certaine aisance à ses héritiers[3].


[1] « Très long rabot, muni à l’arrière d’une poignée facilitant la poussée, qui sert à travailler, à aplanir une pièce, une surface. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Instrument métallique dentelé servant au pansage des chevaux, des mulets, etc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] Une telle analyse historique d’un inventaire de succession offre un éclairage concret sur la vie quotidienne à La Réunion au XVIIIe siècle. Sur ce point, voir aussi l’ouvrage d’Albert Jauze, Vivre à l’île Bourbon au XVIIIe siècle : usages, mœurs et coutumes d’une colonie française sur la route des Indes de 1715 à 1789, illustrations originales de Benjamin Combard, préface de Daniel Roche, Paris, Riveneuve éditions ; musée historique de Villèle, Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), 2017, 376-XIV p. : illustrations en couleur ; 27 cm.  (Collection patrimoniale Histoire ; Riveneuve océan Indien), quatrième partie « Rusticité, facettes multiples d’une société agreste », chapitre 3 : « L’exemple d’un habitant, François Lelièvre époux de Jeanne Lépinay », p. 335-344. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)



Sa première femme est la fille de Jean Bellon[1] et d’Antoinette Renaud[2], des primo-arrivants, venus dès 1667 sur l’un des navires de la flotte de Mondevergue[3]. Elle veille à l’éducation de ses filles, dont plusieurs savent écrire. Marianne[4] reçoit, lorsque sa mère est veuve pour la seconde fois, la part d’héritage lui revenant de son père.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 138, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Elle sera la première marraine figurant dans les registres de l’île.

[3]  François Lopès [Lopis], marquis de Montdevergues, marin et administrateur colonial français. Cf. Bibliothèque François-Mitterrand, site François-Mitterrand, 8-O3S-479, Bénard, Jules ; Bernard Monge. L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais : dictionnaire du peuplement, 1663-1713. Saint-Denis : Azalées éditions. Imprimé à Saint-André (La Réunion) : Imprimerie Graphica, 1994, 215 pp., page 208.

[4] Variante orthographique de Marie Anne.


Le contrat de mariage, signé le 25 septembre 1732 auprès de maître Morel[1], aurait pu apporter des renseignements sur les futurs époux et leurs ascendants. Mais la communication de celui-ci s’est révélée impossible[2], le dossier étant « en déficit[3] ».


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1235, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Selon des échanges par courriel des 11 et 21 mars 2025 avec Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, ce document demeure introuvable (voir supra).

[3] En archivistique, cette expression désigne une absence ou une lacune dans un fonds ou une collection, par rapport à ce qui serait attendu ou nécessaire pour assurer une représentation complète, cohérente et fiable d’un ensemble documentaire.


L’acte d’état civil, établi le 30 septembre 1732[1], montre que deux mariages sont célébrés à la même date. Le premier concerne celui de Jean Malesse[2] et de Marie Monique Gruchet, sœur cadette de Marianne. Le second, entre cette dernière et Jean-Roland, comporte des erreurs, qui expliquent le glissement du nom de Boutsocq à celui de Dehaulme[3]. Le marié est en effet déclaré comme étant le fils d’Henry Dehaulme et de Jeanne Bourdois[4].

Non seulement, il y a une confusion entre la filiation paternelle (Henry Boudsocq) et la filiation maternelle (Jeanne Deheaulme). Mais, en plus, cette dernière est remplacée par Jeanne Bourdois (en fait, probablement sa grand-mère maternelle). Cette erreur s’explique sans doute par la similitude des prénoms.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1732, vue 5/8, consultable en ligne.

[2] Ou jean Mallet, selon une variante orthographique.

[3] Ou de Haulme, selon une variante orthographique.

[4] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1732, vue 5/8, consultable en ligne.


Du fait de cet imbroglio, les enfants, puis les descendants de Henry Boutsocq, vont désormais s’appeler « Deheaulme », en un ou deux mots, et avec des variantes orthographiques et anthroponymiques[1]. Alors que le double nom est le plus souvent présent dans les documents de la Compagnie, ce n’est pas le cas pour l’état civil.


[1] L’anthroponymie est la « partie de l’onomastique qui étudie les noms de personnes. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Cependant, en 1790, sur l’acte de mariage d’une de ses petites-filles[1], le nom de Boutsocq réapparaît sous une orthographe éloignée de la graphie d’origine (Boutsooc), et en 1816 sous la forme de Boutsoock Deheaulme. 


[1] Anne Marie Françoise, décédée le 6 août 1861 à Saint-Pierre.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, n° d’inventaire 75.3407.1-60, Armand Léon (1835-1922), Carnet de dessins et d'aquarelles de voyage en Océanie, Guyane et en Terre de Feu, 1861, aquarelle sur papier pleine page, 27,5 × 39 cm, représentant Saint-Denis, île de La Réunion, carnet relié contenant 59 aquarelles, dessins et tirages sur papier albuminé, donateur monsieur Joubert, image reproduite d’après l’original du musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), numéro d’inventaire PA000361, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, n° d’inventaire 75.3407.1-60, Armand Léon (1835-1922), Carnet de dessins et d’aquarelles de voyage en Océanie, Guyane et en Terre de Feu, 1861, aquarelle sur papier pleine page, 27,5 × 39 cm, représentant Saint-Denis, île de La Réunion, carnet relié contenant 59 aquarelles, dessins et tirages sur papier albuminé, donateur monsieur Joubert, image reproduite d’après l’original du musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), numéro d’inventaire PA000361, notice descriptive consultable en ligne.

On peut désormais suivre l’itinéraire familial et professionnel de Jean Roland Boutsocq à partir de son entrée dans l’une des premières familles établies dans l’île. De 1733 à 1753, naissent douze enfants :

  • Marie Anne Charlotte, née le 5 juillet 1733 à Saint-Paul.
  • Antoine Roland, ne lé 26 août 1735 à Saint-Paul et baptisé le 27 août ;
  • Louis Norbert, né le 21 août 1737 à Saint-Paul ;
  • Henriette Olympiade, née en 1739, décédée à l’âge de quatre ans ;
  • une petite fille morte à la naissance le 17 janvier 1742, et non prénommée ;
  • Marie-Hortense, née le 4 janvier 1743, décédée le 11 des mêmes mois et année ;
  • des jumelles, Elisabeth et Anne, nées le 16 décembre 1743.
  • Gaspard François, né le 16 avril 1746 et décédé 5 jours plus tard ;
  • Bertrand Montand[1], né le 9 mai 1747 et décédé le 16 mai ;
  • Jean Valfroy, né le 13 octobre 1748 ;
  • Françoise Geneviève[2], née le 25 juin 1753 à Saint-Paul, décédée le 7 septembre 1780 à Semblançay[3].

[1] Lire Montan, déformation du prénom Montain en usage dans la Thiérache axonaise, une sous-région du massif thiernois s’étendant du nord-est de la Picardie aux contreforts ardennais.

[2] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 11/22, consultable en ligne.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire.


L’acte de naissance et de baptême d’Antoine Roland révèle plusieurs éléments significatifs. D’une part, la mention de son père sous le nom de « Roland Boudsoc de Heaulme » témoigne d’une réintégration explicite du nom patronymique.

D’autre part, les pratiques de sociabilité se manifestent à travers des échanges croisés de parrainage[1] entre deux familles, reproduisant un schéma typique du village natal du père. En revanche, pour Françoise Geneviève, le choix des parrain et marraine s’inscrit dans une logique strictement familiale, puisqu’il s’agit de son frère et de sa sœur aînée.


[1] Le 23 juillet 1735 naît François Roland Maunier, fils d’Antoine Maunier, capitaine de quartier. Il est baptisé le 25 juillet. Son parrain est Roland Boutsoc de Heaulme. Quant à Antoine Roland, le fils de Roland Boutsoc, né le 26 juillet de la même année, et baptisé le 27 juillet de la même année, il a pour parrain Antoine Maunier. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1735, vue 5/6, consultable en ligne.


Le Massiac est une flûte de la Compagnie française des Indes, lancé à Lorient le 30 décembre 1758 pour le commerce maritime. Il est vendu à la Marine royale en avril 1770, puis cédé à l’armement Foucault en octobre 1771. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Massiac est une flûte de la Compagnie française des Indes, lancé à Lorient le 30 décembre 1758 pour le commerce maritime. Il est vendu à la Marine royale en avril 1770, puis cédé à l’armement Foucault en octobre 1771. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On ne sait quasiment rien de la vie des jumelles, si ce n’est qu’elles voyagent avec leur dernière sœur, toujours accompagnées de leur père, et souvent de leur mère et de deux domestiques, Alexis et Marie. Elles sont inscrites sur les rôles d’équipage à bord de différents navires de la Compagnie , comme le Bertin[1], la Paix[2],  le Saint-Louis[3]. Il arrive que Jean Roland soit avec son épouse, un seul domestique, et sans ses enfants, sur le Massiac[4], par exemple, qui est une flûte[5] de la Compagnie.


[1] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 40-II.1, rôle du Bertin (1765-1766), p. 25 : dans la table des noms, sous le n° 264, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland et sa famille sont désignés comme « passagers » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « restés à l’île Bourbon – monsieur, madame et trois enfants, passagers à prendre à l’île Bourbon. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[2] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 40-II.7, rôle de la Paix (1764-1766), p. 25 : dans la table des noms, sous le n° 312, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland et sa famille sont désignés comme « passagers » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon le 12 mars 1766 ; resté à terre à l’île Bourbon – à la table aux frais de la Compagnie, avec ses trois demoiselles et deux domestiques créoles (Alexis et Marie). », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[3] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 41-II.7, rôle du Saint-Louis (1766-1768), pages 40 et 41 : dans la table des noms, sous le n° 488, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Jean Roland est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – monsieur, aux frais de la Compagnie » ; sous le n° 492, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), la femme de Jean Roland est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – madame, mère, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 493, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Anne est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 494, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Elisabeth est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 495, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Françoise Geneviève est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. », sous le n° 502, à l’entrée Marie [sans patronyme] (« individu – parents »), une femme est désignée comme « domestique passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au débarquement – négresse, domestique de monsieur Dehaulme, à ses frais à l’office. » ; sous le n° 503, à l’entrée Alexis [sans patronyme] (« individu – parents »), un homme est désigné comme « domestique passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – nègre, domestique de monsieur Dehaulme, à l’office à ses frais. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[4] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 41-II.5, rôle du Massiac (1766-1768), p. 26 : dans la table des noms, sous le n° 306, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland est désigné comme « conseiller passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; n’ont pas embarqué – à la table, aux frais de la Compagnie, avec son épouse. » ; sous le n° 307, à l’entrée « Anonyme » (« individu – parents »), un homme est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; n’a pas embarqué – domestique de monsieur et madame Deheaulme, à l’office. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[5] « Navire de charge utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles pour le transport des munitions et l’approvisionnement des navires en campagne. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Diorama en coupe longitudinale du Massiac, flûte de la Compagnie des Indes, montrant sa structure interne et son aménagement. Animé par des figurines, il illustre la vie à bord. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama en coupe longitudinale du Massiac, flûte de la Compagnie des Indes, montrant sa structure interne et son aménagement. Animé par des figurines, il illustre la vie à bord. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En revanche, faute de prénom, et en l’absence de précisions suffisantes, il n’est pas possible d’établir avec une totale certitude un lien entre Jean Roland et le Deheaulme « passager » mentionné à bord du Duc de Parme[1], ou le Dehaulme « commis passager » cité sur le Puisieulx[2]. Pas plus qu’il n’est possible d’identifier de quel « monsieur Deheaulme » le « soldat passager » Jean-Baptiste Sorin dit « sans allarme[3] » a reçu un ordre d’embarquement sur la Paix[4].


[1] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 36-23, rôle du Duc de Parme (1752-1754), p. 27 : dans la table des noms, sous le n° 302, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), un homme est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon le 2 juin 1753, débarqué à Pondichéry le 8 juillet 1753 – passager pour Pondichéry à la table. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[2] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 36-15, rôle du Puisieulx (1752-1754), p. 32 : dans la table des noms, sous le n° 373, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), un homme est désigné comme « commis passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à Lorient ; débarqué à Pondichéry le 20 avril 1753 – passager à la table pour Pondichéry », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[3] Lire « sans alarme », sans doute un sobriquet militaire pouvant être valorisant (sang-froid, bravoure tranquille) ou ironique (lâcheté, lenteur).

[4] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 39-II.13, rôle de la Paix (1763-1764), p. 23 : dans la table des noms, sous le n° 274, à l’entrée Sorin dit « sans allarme » Jean-Baptiste (« individu – parents »), un homme est désigné comme « soldat passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – soldat du régiment de Lorraine prisonnier des Anglais embarqué en Chine et débarqué à Maurice, venu à l’île Bourbon sur le Choiseul ; embarqué à l’île Bourbon sur ordre de monsieur Deheaulme. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.


En dehors de sa vie familiale, Roland Deheaulme occupe diverses fonctions au sein de la Compagnie, tant sur le plan commercial qu’administratif. Sa place de commis est confirmée dans deux documents :

  • l’acte de vente, le 14 octobre 1732[1], d’une maison située dans le quartier Saint-Paul, en bois équarri, de dix-neuf pieds de long sur quinze de large (environ cinq mètres soixante-quinze sur quatre mètres cinquante), dont il se rend acquéreur auprès de sa belle sœur Marie Monique Gruchet, pour la somme de 648 livres ;
  • l’acte de partage de la succession de Jeanne Bellon, décédée trois ans plus tôt.

[1] Copie transmise par Lise Di Pietro, adjointe à la directrice, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, aux archives départementales de La Réunion [cote 3E 6 — série E : état civil, officiers publics et ministériels ; sous-série 3E = notaires]. Ce document, établi par maître François Morel et Dussart de Lasalle, relate la cession d’un bien par Marie Monique Gruchet à Roland Boutsocq Deheaulme et à son épouse Marie Anne Gruchet.


Détail de la signature de Jean Roland Dehaulme. Cf. archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Détail de la signature de Jean Roland Dehaulme. Cf. archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

La signature de Jean Roland, apposée sur différents actes, montre une bonne maitrise de l’écriture, qui s’enrichit au cours de ses activités de quelques fioritures[1] à la manière des notaires.


[1] « Ornement, agrément accessoire d’un dessin, d’une décoration. Les fioritures d’un paraphe. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Avant 1734, il est « commis de premier ordre », avec des appointements annuels de 900 livres. Assez rapidement, il exerce des fonctions liées au commerce de la Compagnie (et d’autres) dans l’organisation administrative de l’île. L’année suivante, il effectue le bilan administratif et financier d’un « lascar[1] », et signe comme garde-magasin[2]. Son ascension commence.


[1] « Matelot naviguant notamment dans l’océan Indien. », selon le Trésor de la langue française informatisé.

[2] « 1735 – Saint-Paul, 27 août. Décompte d’un lascar. 1 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 258/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1717 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1716-1727 = 5. – Marine.]


Le 14 avril 1738, il est nommé conseiller juge adjoint, à la demande du procureur général du roi au Conseil supérieur, et prête serment. Il demande un certificat de bonne conduite[1].


[1] « 1738 – Saint-Paul, 2 décembre. Boutsoocq Deheaulme au Conseil supérieur pour lui demander un certificat de bonne conduite . 1 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 37, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 35/83 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 695 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 685-717 = II. – Personnel ; pièces C 689-717 = B. Demandes d’emploi, nominations, congés, réclamations.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105348, Isle Bourbon, par Étienne de Flacourt (1607–1660), 1653, carte manuscrite en couleur, 49 × 67,5 cm, échelle : 3 lieues [= 7 cm], avec dédicaces manuscrites à Louis XIV et Jean III du Portugal, titre au verso : « Isle Bourbon par le Sieur de Flacours 1653 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105348, Isle Bourbon, par Étienne de Flacourt (1607–1660), 1653, carte manuscrite en couleur, 49 × 67,5 cm, échelle : 3 lieues [= 7 cm], avec dédicaces manuscrites à Louis XIV et Jean III du Portugal, titre au verso : « Isle Bourbon par le Sieur de Flacours 1653 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

En 1739, il signe des contrats de trois ans dans le quartier Saint-Paul, pour recruter dans l’exercice de leur métier d’anciens soldats de la Compagnie. Il emploie ainsi, en 1739, un meunier[1] et, en 1745, un boulanger[2] nommée Denis Dumelle.


[1] « 1739 – Saint-Paul, 17 octobre. Engagement de Guillaume Cousian à la Compagnie des Indes en qualité de meunier. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 92, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 62/86, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1134 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1121-1185 = travaux civils et militaires ; articles C 1125-1141 = II. – Personnel ; pièces 1125-1138 = A. Européens et Malabars libres.]

[2] « 1745 – Saint-Paul, 27 novembre. Engagement de Denis Dumielle à la Compagnie des Indes en qualité de boulanger. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 92, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 68/86, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1136 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1121-1185 = travaux civils et militaires ; articles C 1125-1141 = II. – Personnel ; pièces C 1125-1138 = A. Européens et Malabars libres.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105384, Plan et projet d’un petit port à la Rivière d’Abord en l’Isle de Bourbon, par le chevalier de Tromelin, [18e siècle], plan manuscrit en couleur, 55 × 66,5 cm, échelle : 100 toises [= 7 cm], avec légende et remarques en carton à gauche, orienté nord-est, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105384, Plan et projet d’un petit port à la Rivière d’Abord en l’Isle de Bourbon, par le chevalier de Tromelin, [18e siècle], plan manuscrit en couleur, 55 × 66,5 cm, échelle : 100 toises [= 7 cm], avec légende et remarques en carton à gauche, orienté nord-est, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 7 avril 1741 il est « garde-magasin pour la Compagnie des Indes, en cette île »[1]. En 1750, il est garde-magasin de l’entrepôt de la rivière d’Abord[2]. C’est une charge qui comporte de nombreuses responsabilités, et que l’on confie à une personne de confiance et instruite. Parallèlement, il est caissier particulier pour le quartier Saint-Paul, mais aussi garde-magasin des cafés s’y trouvant, ainsi que des marchandises venues de l’Inde et de la Chine.


[1] « 1741 – Déclarations de retour. 6 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 129/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 984 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 974-1011= D. Détachements contre des marrons ; cotes C 981-1009 = 2. – déclarations de retours des détachements.]

[2] Fleuve côtier de l’île.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105375, Quartier St. Denis à Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 30 × 50 cm, bâtiments légendés à droite, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 5 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105375, Quartier St. Denis à Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 30 × 50 cm, bâtiments légendés à droite, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 5 D, consultable en ligne sur Gallica.

De 1751 à 1757, qualifié de sous-marchand[1] (sorte d’intermédiaire), il perçoit un salaire annuel de 1 000 livres puis de 1 500 livres[2], auxquelles s’ajoutent des gratifications en vins et eaux de vie, dont le montant peut varier de 300 livres au double.


[1] « 1757 – Saint-Denis, 31 mars. Etat des appointements depuis le 1er janvier jusqu’au 31 mars. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 26/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1646 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1625-1673 = 1. Administration générale, cotes 1625-1654 = a. Soldes, indemnités, gratifications.]

[2]   « 1755 – Saint-Denis, 31 mars. Etat des appointements dus aux employés, officiers et autres depuis le 1er janvier jusqu’au 31 mars. 4 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 19/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1644 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1625-1673 = 1. Administration générale, cotes 1625-1654 = a. Soldes, indemnités, gratifications.]



Le 8 juillet 1753, il aurait débarqué à Pondichéry[1], après avoir fait le voyage sur le Duc de Parme, un navire de la Compagnie. Il aurait été passager à la table, et aux frais de la Compagnie. Ce voyage entretiendrait-il un lien avec ses fonctions de sous-marchand ? Comme caissier de la Compagnie, il signe les quittances pour les vivres et rafraichissements qui sont fournis à une escadre. Il règle souvent en esclaves[2].


[1] Pour les problèmes d’identification concernant l’identité du voyageur, cf. supra. Pondichéry est une commune située actuellement dans le district et le territoire du même nom, en Inde.

[2] « 1735 – Etat des esclaves accordés à divers habitants de Bourbon en payement des vivres et rafraîchissements fournis aux vaisseaux de l’escadre de d’Aché. 26 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 265/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1720 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1716-1727 = 5. – Marine.]


Le diorama La Vie à bord, don effectué en 1989 par l’association des Amis du musée de la Compagnie des Indes, illustre la vie quotidienne sur un navire de la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle. Il évoque les conditions rudes de la navigation au long cours. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
Le diorama La Vie à bord, don effectué en 1989 par l’association des Amis du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), illustre la vie quotidienne sur un navire de la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle. Il évoque les conditions rudes de la navigation au long cours. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

En 1758, dans des actes relatifs à l’administration des hôpitaux, il est mentionné comme substitut de monsieur le procureur général du roi. Il constate le décès de marins, le plus souvent victimes de la petite vérole[1].

On redoute que cette maladie ne se transforme en épidémie, en raison de la rapidité avec laquelle elle se propage[2]. En ce qui concerne la grande vérole[3], Jean Roland est condamné le 20 juin 1736[4]  pour avoir vendu à un certain Louis Martin, canonnier au service de la Compagnie des Indes, une esclave « traitée » mais non « guérie ».


[1] « Petite vérole, nom que l’on donnait à la variole. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « 1758 – Saint-Paul, décembre. Procès-verbaux de destruction des hardes et effets de Guillaume Tancret, Poitiers, Frompton, Noël Liwat, Gilles Inal, matelots du Duc d’Orléans, du Minotaure, du Fortuné, du Vengeur et de l’Eléphant, décédés à l’hôpital de la variole . 5 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 86, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 13/30 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 938 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 933-939 = VII. – Hôpitaux ; pièces C 936-939 = B. Maladies contagieuses (lèpre, variole).]

[3] « Ou, simplement, vérole, nom que l’on donnait à la syphilis. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « 1733-1737 – Registre des arrêts du Conseil supérieur. 38 x 25 cm. 231 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 121, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 381/455 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2519 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 2279-2807  = greffe ; articles C 2516-2568 = V. – Arrêts et jugements ; pièces C 2516-2561 = A. Arrêts du Conseil provincial et du Conseil supérieur ; cotes 2516-2532 = 1. Registres.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105250, Pont construit à l'isle de Bourbon quartiers St. Denis par Mr. Mahé de La Bourdonnais, chevalier de l’ordre militaire de St. Louis, officier des Vaisseaux du Roy, Gouverneur Général des Isles de France et de Bourbon, Présidant aux dits Conseils, commencé le Ier juillet et finy le mois de septembre suivant, 1738, plan manuscrit en couleur, 54,5 × 148,5 cm, cartouche de titre orné de deux tritons, légende détaillant les éléments du pont et les bâtiments alentours à droite et à gauche du cartouche, image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 4, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105250, Pont construit à l’isle de Bourbon quartiers St. Denis par Mr. Mahé de La Bourdonnais, chevalier de l’ordre militaire de St. Louis, officier des Vaisseaux du Roy, Gouverneur Général des Isles de France et de Bourbon, Présidant aux dits Conseils, commencé le Ier juillet et finy le mois de septembre suivant, 1738, plan manuscrit en couleur, 54,5 × 148,5 cm, cartouche de titre orné de deux tritons, légende détaillant les éléments du pont et les bâtiments alentours à droite et à gauche du cartouche, image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 4, consultable en ligne sur Gallica.

En 1763, le 26 octobre, il est nommé adjoint au Conseil supérieur[1], juge et receveur, sans que cela n’affecte les autres commissions dont il fait partie. Il prête serment, séparément, dans les mains du commandant président du conseil.


[1] « 1763 – Saint-Denis,  26 octobre. Demande du procureur général que les sieurs Dehaulme, Roudic, Dejean et Bellier soient adjoints au Conseil supérieur insuffisamment nombreux. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 37, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 54/83 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 703 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 685-717 = II. – Personnel ; pièces C 689-717 = B. Demandes d’emploi, nominations, congés, réclamations.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105369, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis Ste. Suzanne jusqu’à St. Gilles, où sont renfermés les mouillages de St. Denis et de St. Paul, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 34 × 68 cm, échelle : 3 lieues marines de 3000 toises [= 22 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105369, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis Ste. Suzanne jusqu’à St. Gilles, où sont renfermés les mouillages de St. Denis et de St. Paul, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 34 × 68 cm, échelle : 3 lieues marines de 3000 toises [= 22 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.

Jean Roland Deheaulme est impliqué dans la répression des esclaves en fuite. Non seulement, il milite pour un durcissement des sanctions, mais il est aussi, en tant que « commandant et juge de police en ce quartier Saint-Paul », un de ceux qui prononcent ces sanctions, en fonction de la durée du marronnage, et du nombre de récidives[1].


[1] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 129/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]


Ainsi, Laurent[1], un Cafre[2] de vingt-cinq ans et Fidel[3], un Malabar[4] de dix-huit ans, tous deux esclaves d’Augustin Auber, sont jugés à plusieurs reprises, à quelques semaines d’intervalle. Ces deux hommes, parmi d’autres, incarnent la ténacité des esclaves en quête de liberté, malgré la menace de châtiments sévères.

Laurent s’évade une première fois le 1er juillet 1750 et se rend à son maître quinze jours plus tard. Il fuit de nouveau le 18 septembre 1752, revient le 21 octobre, repart le 29 octobre et se rend le 28 novembre. Sa dernière fuite a lieu le 27 juin 1753, suivie d’un retour dès le lendemain.

Fidel part le 6 décembre 1751 et réintègre le domaine douze jours plus tard. Il récidive le 16 novembre 1752 et revient deux jours après. Le 17 novembre 1753, il prend à nouveau la fuite. Le 18 décembre, il est blessé par un coup de fusil tiré par son maître aux Colimaçons, capturé, puis enfermé au bloc du quartier Saint-Paul. En dépit des peines encourues, ces tentatives d’évasion expriment avec force l’aspiration des esclaves à échapper à la servitude.

Roland Dehaulme prononce de lourdes sentences à l’encontre de Laurent et de Fidel, reconnus coupables de multiples récidives. La peine initialement prévue consiste en la mutilation des oreilles et l’apposition d’un fer en forme de fleur de lys sur l’épaule droite, marquant ainsi l’infamie.

Toutefois, en l’absence d’un exécuteur des sentences criminelles, la procédure judiciaire s’adapte aux circonstances locales : l’esclave est publiquement flagellé à la sortie de la messe paroissiale, conformément aux usages en vigueur, le condamné étant d’ordinaire attaché au carcan[5], puis remis à son propriétaire.


[1] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 144/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]

[2] Ou Caffre « (Celui, celle) qui habite la Cafrerie (partie de l’Afrique australe) ou qui en est originaire. », selon le Trésor de la langue française informatisé. « Cafre » désigne à La Réunion de façon non péjorative une personne d’origine africaine. »

[3] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 143/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]

[4] Le terme « Malabar » désigne à La Réunion les travailleurs indiens originaires de la côte de Malabar (sud-ouest de l’Inde, aujourd’hui états de Karnataka, Kerala, Tamil Nadu). Dans son sens populaire, « homme de grande taille, très fort et robuste. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] « Cercle fixé à un pilori, et auquel on attachait par le cou des criminels condamnés à l’exposition publique. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-5973090, Isle Dauphine, communément nommée par les Européens Madagascar et St Laurens et par les habitants du pays Madecase, par Guillaume Sanson (1633–1703), 1667, carte imprimée en couleur, 58 × 45 cm, échelle : 120 mille pas géométriques, 48 lieues communes de France [= 7,6 cm ; 1:2 900 000 environ], décor avec navire à voiles, titre en bas à droite dans un cartouche illustré de personnages, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE BB-565 (14, 65), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-5973090, Isle Dauphine, communément nommée par les Européens Madagascar et St Laurens et par les habitants du pays Madecase, par Guillaume Sanson (1633–1703), 1667, carte imprimée en couleur, 58 × 45 cm, échelle : 120 mille pas géométriques, 48 lieues communes de France [= 7,6 cm ; 1:2 900 000 environ], décor avec navire à voiles, titre en bas à droite dans un cartouche illustré de personnages, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE BB-565 (14, 65), consultable en ligne sur Gallica.

Jean Roland Deheaulme est pressenti en 1754 comme responsable pour diriger les opérations de traite à Sainte-Marie[1], qui a été cédé à la France par sa souveraine, et y être ainsi élevé au rang de « commandant de l’île ».

Son alliance matrimoniale avec une femme créole constitue cependant un obstacle social ou administratif, car un règlement postérieur à leur mariage interdit au mari d’être conseiller si sa femme est créole.


[1] Appelée aujourd’hui Nosy Boraha, l’île est actuellement située dans le district de Nosy Boraha, au sein de la région d’Analanjirofo, dans la province de Toamasina, à Madagascar.


La maquette du Massiac, navire de 900 tonneaux reproduit par Jean Delouche en 1976, illustre la vie difficile à bord. Lancée à Lorient en 1758 pour la Compagnie des Indes, cette flûte transportait hommes, vivres et marchandises précieuses comme le thé, les soieries ou la porcelaine. L’équipage dormait dans des hamacs, près de la cuisine, du charbon et du parc à moutons. L’hygiène était sommaire, et l’hôpital ne comptait que quatre lits. La Sainte-Barbe, où étaient stockés les armes et la poudre, rappelait le danger constant. Officiers et passagers de marque disposaient, eux, de cabines séparées et de salles mieux aménagées. Le confort à bord dépendait fortement du rang. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
La maquette du Massiac, navire de 900 tonneaux reproduit par Jean Delouche en 1976, illustre la vie difficile à bord. Lancée à Lorient en 1758 pour la Compagnie des Indes, cette flûte transportait hommes, vivres et marchandises précieuses comme le thé, les soieries ou la porcelaine. L’équipage dormait dans des hamacs, près de la cuisine, du charbon et du parc à moutons. L’hygiène était sommaire, et l’hôpital ne comptait que quatre lits. La Sainte-Barbe, où étaient stockés les armes et la poudre, rappelait le danger constant. Officiers et passagers de marque disposaient, eux, de cabines séparées et de salles mieux aménagées. Le confort à bord dépendait fortement du rang. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

Or, ce règlement n’aurait pas dû s’appliquer rétroactivement dans son cas. Bien que d’autres conseillers soient dans la même situation, aucune solution n’est cependant trouvée pour lui. Si ces unions sont fréquentes, elles peuvent néanmoins limiter l’accès aux postes les plus élevés, en raison des attentes de loyauté et de distance que l’administration impose à ses agents coloniaux.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Dès juillet 1730, il fait une demande auprès de la Compagnie des Indes, dont il est déjà un employé, pour obtenir la concession d’une terre à mettre en valeur, et pour y cultiver du moka[1].

Il reçoit ainsi un terrain de trente-cinq gaulettes[2] de large, sur plus de cinq cents de long, situé entre la ravine des Cafres[3] et la ravine de l’Anse[4], à quelque six cent cinquante gaulettes de la mer. Il dispose de trois ans pour le défricher et l’exploiter en y plantant des caféiers.


[1] « Variété de café, originaire d’Arabie ; boisson préparée avec la graine de ce café. Du moka d’Éthiopie. Boire un moka. Tasse, cuiller à moka. », terme apparu au « XVIIIe siècle. De Moka, nom du port du Yémen d’où le café d’Arabie était exporté vers l’Europe. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Cette mesure agraire, qui équivaut à quinze pieds, donne en réalité quatre mètres huit cent soixante-douze centimètres, un chiffre qu’on peut arrondir à cinq mètres pour simplifier.

[3] Cours d’eau intermittent formant actuellement la limite entre les communes du Tampon et de Saint-Pierre.

[4] La ravine de l’Anse sert actuellement de frontière naturelle entre les communes de Saint-Pierre et Petite-Île.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Il en a la « propriété roturière », tandis que la Compagnie se réserve les droits de seigneurie directe, de banalité[1], chasse et pêche, ainsi que l’application de règlements concernant les cultures. Lui, doit payer au domaine de la Compagnie trois « coqs d’Inde[2] » et cinq poules[3] comme redevance, plus quatre onces de café par arpent de terre défrichable[4].


[1] « Servitude imposant aux vassaux d’un seigneur d’utiliser certains services (moulin, pressoir, etc.) moyennant le paiement d’un droit ou d’une redevance. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Mâle de certaines espèces d’oiseaux. Coq d’Inde, dindon, mâle de la dinde. Coq faisan, mâle de la poule faisane. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Femelle de certaines autres espèces d’oiseaux. Poule d’Inde, femelle du dindon, dinde. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 265/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039321x1, référence de l’image CICL07711, Branche du caffier, gravure au burin d’O. Michel, extraite de Dissertation sur le caffé de Claude Joseph Gentil, Paris, chez l’auteur, 1787, notice descriptive consultable en ligne.
Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039321×1, référence de l’image CICL07711, Branche du caffier, gravure au burin d’O. Michel, extraite de Dissertation sur le caffé de Claude Joseph Gentil, Paris, chez l’auteur, 1787, notice descriptive consultable en ligne.

Le 17 mars 1732, il reçoit, avec un autre colon, une nouvelle parcelle de terre, toujours située entre la ravine des Cafres et la ravine de l’Anse. Cette terre borde les terrains déjà exploités par d’autres colons. Sa largeur s’étend sur trois cents gaulettes jusqu’aux habitations, et à cinquante du littoral. Les redevances sont assez identiques[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 27/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105382, Plan de la rivière Dabord, [18ᵉ siècle], plan manuscrit, 42 × 27,5 cm, échelle : 20 toises [= 5 cm], notes manuscrites au verso : « Isle de Bourbon », « Embouchure de la rivière Dabord avec les sondes », image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105382, Plan de la rivière Dabord, [18ᵉ siècle], plan manuscrit, 42 × 27,5 cm, échelle : 20 toises [= 5 cm], notes manuscrites au verso : « Isle de Bourbon », « Embouchure de la rivière Dabord avec les sondes », image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 29 septembre de la même année, alors qu’il vient de se marier, il obtient un emplacement à la rivière d’Abord, pour s’y établir et y bâtir des cases et des magasins. La compagnie lui accorde un terrain de vingt-cinq gaulettes carrées, pour lequel il devra payer la redevance annuelle d’un denier[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 50/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039269, référence image CICL03189, Tige de la plante du caffé, gravure à l’eau-forte réalisée par J. H., extraite de l’ouvrage de Nicolas de Blégny, Le bon usage du thé, du caffé et du chocolat pour la preservation & pour la guerison des maladies (Lyon : Thomas Amaulry, 1687), image placée en page 86, taille originale 120 x 70 mm, notice descriptive consultable en ligne.
Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039269, référence image CICL03189, Tige de la plante du caffé, gravure à l’eau-forte réalisée par J. H., extraite de l’ouvrage de Nicolas de Blégny, Le bon usage du thé, du caffé et du chocolat pour la preservation & pour la guerison des maladies (Lyon : Thomas Amaulry, 1687), image placée en page 86, taille originale 120 x 70 mm, notice descriptive consultable en ligne.

En 1735, il possède à Saint-Louis cent quarante-cinq arpents de terre. Après plusieurs années prospères, la culture du café et du blé rencontre diverses difficultés dues à des aléas climatiques, tels que des ouragans et des pluies diluviennes, ainsi qu’à des invasions d’insectes comme les pucerons. Cette même année, une attaque de sauterelles[1] provoque des dégâts importants.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-21669, « Les invasions de sauterelles à l’île Bourbon », Revue historique et littéraire de l’île Maurice. Archives coloniales, 5ᵉ année, n° 7, 19 juillet 1891, pages 73–76, vues 1/12 et suivantes, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-NT-4067


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.63, Histoire naturelle, Fig. 1 Le café ; Fig. 2 La canne à sucre ; Fig. 3 Le thé, Martinet (dessinateur, 18ᵉ siècle), Bénard Robert (graveur, 18ᵉ siècle), édité par Martinet, Paris, 1768, estampe sur papier, 39,6 × 25 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.63, Histoire naturelle, Fig. 1 Le café ; Fig. 2 La canne à sucre ; Fig. 3 Le thé, Martinet (dessinateur, 18ᵉ siècle), Bénard Robert (graveur, 18ᵉ siècle), édité par Martinet, Paris, 1768, estampe sur papier, 39,6 × 25 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Pour tenter de limiter leur multiplication, il est décidé que les propriétaires de terres et habitations doivent fournir des esclaves pour lutter contre ce fléau. Il importe au capitaine du quartier Saint-Paul de dresser la liste des propriétaires, pour les obliger à fournir la main d’œuvre nécessaire.

Or, certains s’abstiennent, dont un certain Deheaulme. Celui-ci ne peut être que Jean Roland, compte tenu de la date des évènements. Il est condamné à verser une amende de onze piastres[1], par jour et par ouvrier. L’année suivante, le même système est remis en place pour faire face à de nouveaux assauts de parasites.


[1] « Monnaie d’argent espagnole, en usage aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui devint l’unité monétaire de certains pays et resta longtemps une monnaie de référence du commerce international. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105249, Partie de l'Isle de Bourbon qui comprend les mouillages de St. Denis & de St. Paul avec un plan particulier de la rade de St. Denis et un autre de l'Isle Entière, ou la montagne est représentée telle quelle paroist de 9 à 10 lieues dans l'Est, elle est située par 21 degrés de latitude Sud et par 16 degrés 30 minutes de longitude, le premier méridien passant par l'isle de Tenerif, carte manuscrite en couleur attribuée à Antoine Boucher (1680–1725), [18e siècle], 33,5 × 89 cm. Trois plans : mouillages de Saint-Denis et Saint-Paul, plan particulier de la rade de Saint-Denis, et vue en perspective de l’île avec représentation du volcan. Échelle principale : 3 lieues [= 21 cm]. Image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2/2, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105249, Partie de l’Isle de Bourbon qui comprend les mouillages de St. Denis & de St. Paul avec un plan particulier de la rade de St. Denis et un autre de l’Isle Entière, ou la montagne est représentée telle quelle paroist de 9 à 10 lieues dans l’Est, elle est située par 21 degrés de latitude Sud et par 16 degrés 30 minutes de longitude, le premier méridien passant par l’isle de Tenerif, carte manuscrite en couleur attribuée à Antoine Boucher (1680–1725), [18e siècle], 33,5 × 89 cm. Trois plans : mouillages de Saint-Denis et Saint-Paul, plan particulier de la rade de Saint-Denis, et vue en perspective de l’île avec représentation du volcan. Échelle principale : 3 lieues [= 21 cm]. Image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2/2, consultable en ligne sur Gallica.

Le 18 mars 1741, il fait valoir qu’il travaille depuis plus de huit ans pour la Compagnie, et en profite pour obtenir un nouvel emplacement pour s’y loger avec sa famille. La compagnie lui confirme la jouissance depuis le 29 mai 1740 d’une parcelle (vingt-trois sur vingt-quatre gaulettes), dont il devient propriétaire[1]. Désormais, il se trouve au quartier Saint-Paul, à proximité de sa belle-famille.


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 176/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105241, Isle de Bourbon, par Denis de Nyon (Chevalier de Saint-Louis), 1723, carte manuscrite en couleur, 55,5 × 81 cm, échelle : 5 lieues [= 10,5 cm], encartés : plans de la rade de Saint-Denis, de la rade de Saint-Paul, du fort et batterie basse de Saint-Denis, et du fort et batterie de Saint-Paul, mention manuscrite : « À l’Isle de France, le 15 septembre 1723, Le Chevalier Denyon », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 13, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105241, Isle de Bourbon, par Denis de Nyon (Chevalier de Saint-Louis), 1723, carte manuscrite en couleur, 55,5 × 81 cm, échelle : 5 lieues [= 10,5 cm], encartés : plans de la rade de Saint-Denis, de la rade de Saint-Paul, du fort et batterie basse de Saint-Denis, et du fort et batterie de Saint-Paul, mention manuscrite : « À l’Isle de France, le 15 septembre 1723, Le Chevalier Denyon », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 13, consultable en ligne sur Gallica.

Le 28 novembre 1744, il conteste le mesurage d’un terrain entrant dans la succession de son beau-père. Seules quatre gaulettes sont concernées, mais en obtenant gain de cause pour sa réclamation, il parvient à agrandir son terrain situé sur les sables du quartier de Saint-Paul, en contrepartie d’un paiement annuel symbolique d’un denier.[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 211/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105242, Carte de l’Isle de Bourbon, par Jacques-Nicolas Bellin (1703–1772), cartographe, dressée au Dépôt des cartes et plans de la Marine sur ordre du duc de Choiseul, 1763, carte imprimée et manuscrite en couleur, 56,5 × 73 cm, échelle : quatre lieues communes de France de 2282 toises [= 10 cm], note manuscrite au verso : « Provenant du Cabinet du ci-devant Roi le 7 février 1793, l’an 2e de la République », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 18, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105242, Carte de l’Isle de Bourbon, par Jacques-Nicolas Bellin (1703–1772), cartographe, dressée au Dépôt des cartes et plans de la Marine sur ordre du duc de Choiseul, 1763, carte imprimée et manuscrite en couleur, 56,5 × 73 cm, échelle : quatre lieues communes de France de 2282 toises [= 10 cm], note manuscrite au verso : « Provenant du Cabinet du ci-devant Roi le 7 février 1793, l’an 2e de la République », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 18, consultable en ligne sur Gallica.

En 1751, il possède une habitation à la montagne Saint-Paul. En 1758, il détient également quatre-vingt-huit arpents de terre dans le quartier, exploités par ses trente-neuf esclaves.


Le Code noir[1], promulgué par Louis XIV en mars 1685, s’applique à l’île Bourbon en 1723, alors qu’il est en vigueur depuis plus longtemps aux Antilles. Il stipule dans son article deux que les esclaves doivent être instruits dans la religion catholique, et baptisés, sous peine d’amendes. La religion est dispensée par des missionnaires membres de la congrégation de la Mission, appelés aussi lazaristes. C’est ce que l’on constate pour les esclaves de Jean Roland.


[1] Intitulé officiellement Édit du Roi, servant de règlement pour le gouvernement et l’administration de la justice, police, discipline et le commerce des nègres dans la colonie française de Saint-Domingue ».


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493555, Ille Bourbon ou Mascarin, par Alexandre Maupin, vers 1700, carte nautique manuscrite au lavis, 56 × 41,5 cm, échelle de cinq lieues [= 0 m.129 ; 1 : 215 000 environ], orientée à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-15722, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493555, Ille Bourbon ou Mascarin, par Alexandre Maupin, vers 1700, carte nautique manuscrite au lavis, 56 × 41,5 cm, échelle de cinq lieues [= 0 m.129 ; 1 : 215 000 environ], orientée à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-15722, consultable en ligne sur Gallica.

Bien que ces derniers soient considérés comme des biens meubles, il est interdit de disperser les membres d’une même famille, c’est-à-dire le père, la mère et les enfants. Un arrêt du Conseil supérieur de l’île Bourbon fait aux maîtres et maîtresses « très expresses défenses de laisser vivre leurs esclaves en concubinage, ni de séparer, sous quel prétexte que ce puisse être, les noirs mariés d’avec leurs femmes ».

Il enjoint en outre aux maîtres et maîtresses « d’envoyer leurs esclaves non baptisés aux instructions ou de les instruire eux-mêmes, dans l’espace de quatre années à compter du jour qu’ils en seront propriétaires, pour les mettre en état de mériter la grâce du baptême[1] ».


[1] « 1737-1739. – Registre des arrêts du Conseil supérieur. 53 x 39 cm. 145 fol. ; 1739-1743.– idem, en déficit » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 122, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 222/294 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2520 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 2279-2807  = greffe ; articles C 2516-2568 = V. – Arrêts et jugements ; pièces C 2516-2561 = A. Arrêts du Conseil provincial et du Conseil supérieur ; cotes 2516-2532 = 1. Registres.]


Le dépouillement de l’état civil permet d’avoir un premier exemple que Jean Roland respecte ces préceptes religieux. Née la veille, Benonie est baptisée à Saint-Paul[1] le 15 janvier 1749. Elle est la fille de Dominique et de Rose, originaires de Madagascar, mariés, tous deux esclaves de monsieur de Heaulme.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1749, vue 3/34, consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105355, Isle de Bourbon ou Mascareigne, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 50,5 × 32 cm, échelle : 4 lieues françoises [= 7,5 cm], note manuscrite sous le titre : « Nota que ou l’on voit des lieux marqués A, cela denote habitation », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 10/1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105355, Isle de Bourbon ou Mascareigne, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 50,5 × 32 cm, échelle : 4 lieues françoises [= 7,5 cm], note manuscrite sous le titre : « Nota que ou l’on voit des lieux marqués A, cela denote habitation », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 10/1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Un deuxième cas est illustré par la naissance d’Olive le 8 septembre 1753[1], fille de Marie Joseph, esclave de monsieur de Heaulme, et dont le père est un esclave du commandant de Saint-Pierre. L’attribution du prénom Olive, sainte[2] honorée tout particulièrement dans le Porcien[3], ne peut être que le choix de Jean Roland de Heaulme, originaire des Ardennes. Enfin, le 22 octobre 1753, deux de ses esclaves se marient[4] : Narcice[5]  et Pélagie[6], dont le premier est un Cafre, et la seconde, une créole.

Lorsque des esclaves mariés appartiennent au même maître, l’enfant né de leur union lui appartient entièrement. En revanche, Olive, née de parents esclaves appartenant à deux maîtres différents, devient la propriété conjointe de ces deux planteurs.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 16/22, consultable en ligne.

[2] Sainte Olive d’Hauteville (Ardennes) est une figure de la tradition chrétienne ardennaise du Xe siècle. Disciple de saint Berthauld, ermite installé à Chaumont-Porcien (Ardennes), elle incarne l’élan spirituel qui marqua la région à cette époque.

[3]  Région naturelle des Ardennes.

[4] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 18/22, consultable en ligne.

[5] Dérivé de Narcisse, du grec ancien Νάρκισσος (Narkissos). Dans la mythologie grecque, Narcisse était un jeune homme d’une grande beauté qui s’éprit de son propre reflet. Son nom est lié au mot grec νάρκη (narkē), signifiant « engourdissement » ou « sommeil profond », en référence à la fleur de narcisse qui aurait poussé à l’endroit de sa mort.

[6] Vient du grec Πελαγία (Pelagía), dérivé de πέλαγος (pélagos) qui signifie « mer » ou « haute mer ». Le prénom signifie donc « celle de la mer » ou « marine ».


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Jean Roland possède ainsi au moins dix esclaves en « copropriété » avec d’autres personnes, parmi lesquelles figurent les sieurs Martin, Baillif, Paulet, le commandant de Saint-Paul, ou encore la Compagnie des Indes, qui organise elle-même la traite des esclaves[1] en son nom. Les planteurs ne sont pas les seuls dans la société bourbonnaise à avoir des esclaves. C’est le cas également des missionnaires.


[1] En allant les chercher, au départ à Madagascar, puis en Afrique et en Inde.



Roland de Heaulme décède le 3 octobre 1773, après quarante années de service au sein de la Compagnie des Indes, et s’être retiré en France continentale. Ses obsèques[1] sont célébrées près de Semblançay par le curé de l’église Saint-Etienne-du-Serrain[2]. L’acte dressé à cette occasion mentionne sa fonction d’ancien commandant du quartier de Saint-Paul, cinquième circonscription de l’île.


[1] Archives départementales d’Indre-et-Loire, document numérique 6NUM6/245/031, vue 4/7 [registres paroissiaux numérisés ; Semblançay ; baptêmes, mariages, sépultures, 1773], consultable en ligne.

[2] L’église Saint-Étienne-du-Serrain a été détruite en 1800, et intégrée à Semblançay en 1821.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105350, Carte de l’Isle Bourbon apartenant aux Mrs. de la Royalle Compagnie de France, [17e siècle], carte manuscrite en couleur, 43 × 56,5 cm, orientation : vue d’est ; indication du mouillage : 18 graffes d’eau, fond de sable noir, au N. 1/4 NE. de la maison de Saint-Denis, située par 76° de longitude et 21° de latitude sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 4 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105350, Carte de l’Isle Bourbon apartenant aux Mrs. de la Royalle Compagnie de France, [17e siècle], carte manuscrite en couleur, 43 × 56,5 cm, orientation : vue d’est ; indication du mouillage : 18 graffes d’eau, fond de sable noir, au N. 1/4 NE. de la maison de Saint-Denis, située par 76° de longitude et 21° de latitude sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 4 D, consultable en ligne sur Gallica.

Selon les données actuellement disponibles, seuls trois enfants du couple formé par Jean Roland et son épouse auraient laissé une descendance. Celle-ci s’est constituée principalement par le biais de mariages avantageux avec des membres de la petite noblesse ou de la vieille bourgeoisie de l’île Bourbon, notamment les familles Hoarau et Ricquebourg, ou encore avec des familles établies en France centrale. Dans les générations suivantes, les alliances deviennent plus fréquemment endogames.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105251, Plan du cartier de St. Paul en l'île de Bourbon, par Étienne de Champion (18ᵉ siècle), plan manuscrit en couleur, 51 × 73,5 cm, échelles : mille pas géométriques [= 16,5 cm] et 800 toises [= 15,5 cm], légende « Explication des renvoys » sous le titre, note manuscrite « Cote V n° 95 » avec signature, orientation sud-ouest, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 3, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105251, Plan du cartier de St. Paul en l’île de Bourbon, par Étienne de Champion (18ᵉ siècle), plan manuscrit en couleur, 51 × 73,5 cm, échelles : mille pas géométriques [= 16,5 cm] et 800 toises [= 15,5 cm], légende « Explication des renvoys » sous le titre, note manuscrite « Cote V n° 95 » avec signature, orientation sud-ouest, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 3, consultable en ligne sur Gallica.

Marie Anne Charlotte[1], l’aînée de la fratrie, naît le 5 juillet 1733 à Saint-Paul. Elle épouse vers le 31 mars 1752, à Paris[2], Denis Toussaint Julienne, sieur d’Auzicour, né le 27 septembre 1715. Ce dernier exerce les fonctions de receveur des Aides, receveur général des Fermes du roi à Caen, puis trésorier général de l’artillerie[3]. Le couple a sept enfants[4], parmi lesquels une fille, Jeanne Marguerite, et un fils, Jean Charles[5].


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1733, vue 13/19, consultable en ligne.

[2] Actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la Métropole du Grand Paris.

[3] Indications des activités données dans l’acte de mariage de Jean Charles Julienne avec Marie-Françoise Lagourgue le 18 juin 1781 à Saint-Denis. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Denis, année 1781, vues 8/9 et suivante, consultables en ligne.

[4] Archives nationales d’outre-mer, COL E 233, vues 1/9 et suivantes, consultables en ligne, dossier concernant « Julienne, de, fille de Dehaulme, ancien commandant du quartier Saint-Paul à l’île de Bourbon, ancien conseiller au Conseil supérieur de la colonie ».

[5] Marié le 18 juin 1781 à Saint-Denis avec Françoise Lagourgue. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Denis, année 1781, vues 8/9 et suivante, consultables en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105389, Plan de la baye de St Paul sittuée au nord-ouest quart de nord de Lisle de Bourbon, [S.l.], [17e ou 18e siècle], 1 plan manuscrit aquarellé, 20,5 × 31,5 cm, échelle : 2 lieues [= 14 cm], image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105389, Plan de la baye de St Paul sittuée au nord-ouest quart de nord de Lisle de Bourbon, [S.l.], [17e ou 18e siècle], 1 plan manuscrit aquarellé, 20,5 × 31,5 cm, échelle : 2 lieues [= 14 cm], image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Devenu infirme[1] depuis une quinzaine d’années, Denis Toussaint Julienne décède le 3 novembre 1800 à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe[2], commune où il résidait avec son épouse depuis au moins 1780[3].


[1] Indiqué dans une lettre du 23 février 1785, Cf. Archives nationales d’outre-mer, COL E 233 vue 2/9, consultable en ligne, dossier concernant « Julienne, de, fille de Dehaulme, ancien commandant du quartier Saint-Paul à l’île de Bourbon, ancien conseiller au Conseil supérieur de la colonie ».

[2] Commune située actuellement dans le département du Calvados, en région Normandie.

[3] Indications tirées de l’acte de mariage de leur fille Jeanne Marguerite. Cf. archives départementales du Calvados, document numérique, état civil (communes de S à V) ; Saint-Germain-la-Blanche-Herbe ; baptêmes, mariages, sépultures ; 1761-1792, 5MI 1, vue 96/82, consultable en ligne [série MI = microfilms ; sous-série 5MI = microfilms d’état civil réalisés par la Société généalogique d’Utah.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595770, Veüe du bourg de St Denis dans l'isle de Bourbon ; Veüe du bourg de St Paul dans l'isle de Bourbon, 2 estampes sans médiation, [S.l.] : [s.n.], [18e siècle]. Format 13,5 x 17 cm. Pagination : XVI Rec, pag. 9., image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8423), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595770, Veüe du bourg de St Denis dans l’isle de Bourbon ; Veüe du bourg de St Paul dans l’isle de Bourbon, 2 estampes sans médiation, [S.l.] : [s.n.], [18e siècle]. Format 13,5 x 17 cm. Pagination : XVI Rec, pag. 9., image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8423), consultable en ligne sur Gallica.

Louis Norbert de Heaulme naît le 21 août 1737[1]  à Saint-Paul et épouse Marguerite Mercier, selon le contrat de mariage daté du 11 juin 1779 par un acte notarié[2]. Il est mentionné comme commissaire des colonies de la Marine dans un document daté du 8 février 1783, jour de la « réformation[3] de l’acte de baptême[4] » de leur fils aîné, Louis Marie Joseph, initialement baptisé le 11 septembre 1771 à la paroisse Saint-Eustache à Paris. D’après ce même document, leur mariage a été célébré le 15 juin 1779 à l’église Saint-Roch[5].


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1737, vue 4/5, consultable en ligne.

[2] Archives nationales, document numérique, MC/RE/LIX/5, vue 17/36, images des répertoires du notaire Simon Provost pour l’étude LIX, répertoire chronologique pour la période du 2 janvier 1778 au 12 août 1789, mention du contrat de mariage à la date du 11 juin 1779.

[3] Ou rectification, c’est-à-dire une procédure canonique dans l’Église catholique qui consiste à corriger un acte de baptême qui présente une erreur ou une irrégularité.

[4] Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]

[5] Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]


L’acte de réformation corrige le nom du père, passant de Louis Milliaucourt à Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse. Il acte l'emploi de ce nom composé, transmis aux descendants, et affirme ainsi une nouvelle identité familiale. Cf. Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l'hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]
L’acte de réformation corrige le nom du père, passant de Louis Milliaucourt à Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse. Il acte l’emploi de ce nom composé, transmis aux descendants, et affirme ainsi une nouvelle identité familiale. Cf. Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]

Dans l’acte original, l’enfant est déclaré fils de Louis Milliaucourt, bourgeois de Paris, et de Marguerite Mercier. Cette mention est supprimée dans l’acte de réformation et remplacée par « fils de Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse, bourgeois de Paris, et de Marguerite Mercier, ses père et mère ». C’est à partir de ce document qu’apparaît le nom composé « de Heaulme de Vallombreuse », qui sera conservé par les générations suivantes. Le couple a également deux autres fils : François Norbert et Louis Casimir.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105390, Plan de la rade de Saint-Paul à l’Isle de Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], plan manuscrit en couleur, 16 × 20 cm, avec mention manuscrite « N° 26 » en haut à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105390, Plan de la rade de Saint-Paul à l’Isle de Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], plan manuscrit en couleur, 16 × 20 cm, avec mention manuscrite « N° 26 » en haut à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.

Par la suite, il est commissaire de marine en chef à Libourne (Gironde) où il est domicilié avec son épouse. Le mariage de son troisième fils, daté du 8 avril 1818 à Saint-Paul, signale que son père est commissaire des classes de Marine et que ses parents appartiennent à la paroisse de Saint-Jacques-le-Majeur de Bergerac[1].


[1] Commune située actuellement dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105383, Plan d’un port à faire à la Rivière d’Abord, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 54 × 46,5 cm, échelle : 80 toises [= 13 cm], légende en carton à gauche, orientation sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica. [Nota bene : La rivière d’Abord prend naissance sur le territoire de la commune du Tampon (La Réunion) et termine son cours dans l’océan Indien, au niveau de la commune de Saint-Pierre (La Réunion.]
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105383, Plan d’un port à faire à la Rivière d’Abord, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 54 × 46,5 cm, échelle : 80 toises [= 13 cm], légende en carton à gauche, orientation sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica. [Nota bene : La rivière d’Abord prend naissance sur le territoire de la commune du Tampon (La Réunion) et termine son cours dans l’océan Indien, au niveau de la commune de Saint-Pierre (La Réunion).]

Jean Valfroy[1] (né le 13 octobre 1748 à Saint-Paul, et décédé le 11 février 1819 à Saint-Pierre) épouse Anne Marie Potier le 21 août 1775 à Saint-Paul.


[1] Saint Walfroy (ou Vulflaïc, mort vers 595) est un ermite venu s’établir dans les Ardennes près de Margut. Stylite pendant plusieurs années, il évangélise la région en détruisant un sanctuaire païen dédié à la déesse Arduinna. Sur ordre de l’évêque de Trèves, il quitte sa colonne pour fonder une église dédiée à saint Martin, devenant un centre religieux important dans le diocèse de Reims (Marne). Sa fête est célébrée le 21 octobre. Ce prénom se perpétue pendant deux siècles dans la famille Dehaulme.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8617961, Lettres patentes concernant les billets de caisse, récépissés et autres effets de la Compagnie des Indes, circulant dans les Isles de France et de Bourbon, Versailles, 25 janvier 1767, texte imprimé, in-4°, 6 p., registrées en Parlement le 31 janvier 1767, image textuelle sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21174 (14) , consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8617961, Lettres patentes concernant les billets de caisse, récépissés et autres effets de la Compagnie des Indes, circulant dans les Isles de France et de Bourbon, Versailles, 25 janvier 1767, texte imprimé, in-4°, 6 p., registrées en Parlement le 31 janvier 1767, image textuelle sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21174 (14) , consultable en ligne sur Gallica.

Son dossier pour l’obtention de la Croix de Saint-Louis[1]  révèle qu’il s’embarque le 10 juillet 1757 comme officier sur les vaisseaux de guerre de la Compagnie des Indes, au sein des escadres commandées par Bouvel, Dauhel et Saint Georges.

Il sert comme enseigne à bord du Fortuné, embarquant le 3 octobre 1761 et débarquant le 1er mars 1762. En mai 1763, il rejoint le Volant, qui fait naufrage ; il est alors débarqué au Cap de Bonne-Espérance, avant d’embarquer sur le Condé en novembre 1763. Il poursuit son service tout au long de la guerre[2], jusqu’à la suppression de la Compagnie des Indes et la rétrocession de l’île au roi de France.


[1] Archives nationales d’outre-mer, COL E 114, vues 1/3 et suivantes, consultables en ligne, dossier d’attribution de l’ordre de la Croix de Saint-Louis à « Deheaulme, Jean Valfroy, capitaine de milices à l’île de Bourbon ».

[2]  La guerre de Sept Ans (1756–1763) est un conflit mondial opposant principalement la France et la Grande-Bretagne, avec leurs alliés respectifs, sur les terrains européens, américains, africains et asiatiques. Elle marque un tournant dans l’équilibre colonial au profit de la Grande-Bretagne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105365, A correct map of the African islands of Bourbon, and Mauritius or the isle of France, Londres, J. Bew, 1781, carte imprimée, 29,5 × 39,5 cm, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 27 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105365, A correct map of the African islands of Bourbon, and Mauritius or the isle of France, Londres, J. Bew, 1781, carte imprimée, 29,5 × 39,5 cm, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 27 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 10 avril 1765, il entre dans le corps des gendarmes de la garde du Roi. Peu de temps après, il doit se rendre à l’île de France (aujourd’hui île Maurice) pour des affaires de famille. En 1772, il obtient du maréchal de Soubise[1] un congé illimité. Mais, au moment où il s’apprête à rejoindre son corps, celui-ci est réformé et supprimé.


[1] Le maréchal de Soubise (1715-1787), prince de Rohan, est un aristocrate et militaire français du XVIIIe siècle. Favori de Louis XV, il connut une carrière contrastée, marqué par la défaite de Rossbach (1757) durant la guerre de Sept Ans.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.147.4, Site des environs de la rivière d'Abord – Saint-Pierre, par Jean-Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint-Vincent (1778-1846, dessinateur), d’après Jean-Joseph Patu de Rosemont (1747-1814, peintre), gravé par Fortier et F. Buisson, imprimé par Adam, 1804, eau-forte et burin sur papier vélin, dimensions non précisées, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.147.4, Site des environs de la rivière d’Abord – Saint-Pierre, par Jean-Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint-Vincent (1778-1846, dessinateur), d’après Jean-Joseph Patu de Rosemont (1747-1814, peintre), gravé par Fortier et F. Buisson, imprimé par Adam, 1804, eau-forte et burin sur papier vélin, dimensions non précisées, notice descriptive consultable en ligne.

Il poursuit sa carrière dans les milices. Le 22 novembre 1778, il est nommé capitaine d’infanterie dans ces dernières. Le 9 avril 1787, il reçoit le commandement d’une compagnie d’artillerie, à la tête des Dragons des quartiers Saint-Pierre et Saint-Louis. Il exerce cette fonction jusqu’en 1790, date à laquelle les milices sont supprimées pour faire place à l’organisation de la garde nationale, dans laquelle il est élu. Il décède en 1819.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 2002.1.4, La Basse Terre (à Mr de Heaulme) : Quartier St Pierre, extrait de l’Album de La Réunion, dessin de  Hastrel de Rivedoux Étienne-Adolphe d’ (1836-1837), lithographié par Honoré Clerget, imprimé par Lemercier (Paris), édité par V. Delarue et Cie (Londres) et E. Gambart, Junin et Co (2e quart XIXe siècle), lithographie sur papier, 29,6 × 41,4 cm, estampe, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : la propriété est celle de Roland Valfroy Dehaulme (1782-1854).]
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 2002.1.4, La Basse Terre (à Mr de Heaulme) : Quartier St Pierre, extrait de l’Album de La Réunion, dessin de  Hastrel de Rivedoux Étienne-Adolphe d’ (1836-1837), lithographié par Honoré Clerget, imprimé par Lemercier (Paris), édité par V. Delarue et Cie (Londres) et E. Gambart, Junin et Co (2e quart XIXe siècle), lithographie sur papier, 29,6 × 41,4 cm, estampe, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : la propriété est celle de Roland Valfroy Dehaulme (1782-1854).]

Il a eu sept enfants : Anne Marie Françoise (1776-1861), Marie Victoire (1778-1829), Jeanne Marie (1779-1811), Roland Valfroy (1782-1854), Elisabeth Adélaïde (1783-1857), Henry Norbert (1785-1840) et Gaspard Victor (1788-1857).


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.24.1, Sucrerie, vue d'une habitation, Coupe d'une étuve et canot avec ses Pilons, numéro d’inventaire 1992.24.1, création/exécution par un directeur artistique au 18e siècle, auteurs Bernard Robert (éditeur, 1785, Paris) et Panckoucke (éditeur), matière et technique : eau-forte sur papier vergé, 31,7 x 46,7 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.24.1, Sucrerie, vue d’une habitation, Coupe d’une étuve et canot avec ses Pilons, numéro d’inventaire 1992.24.1, création/exécution par un directeur artistique au 18e siècle, auteurs Bernard Robert (éditeur, 1785, Paris) et Panckoucke (éditeur), matière et technique : eau-forte sur papier vergé, 31,7 x 46,7 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Jean Valfroy, important propriétaire foncier, appartient à la bourgeoisie active de l’ile. Il développe l’exploitation de ses cultures de cannes à sucre en créant une première sucrerie dans la plaine du Gol, dont il se débarrasse rapidement en la revendant à un nommé Pinard.



Jean Valfroy, comme quelques autres grands propriétaires de l’île, dispose des moyens nécessaires pour prêter de l’argent à d’autres membres de la colonie. Il en tire profit, accroît sa fortune, et acquiert progressivement des biens immobiliers.

C’est ainsi qu’en 1784, François Marie Pascalis peut acheter le château du Gol, grâce à un prêt de Valfroy. Mais à sa mort en 1817, n’ayant pas remboursé sa dette, la propriété passe entre les mains de son créancier, puis à celles des héritiers de ce dernier : son fils Roland, et son gendre Laurent Philippe Robin.


Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire ML 379 C 183. Assiette ronde en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1735-1740. Décor polychrome sur couverte, enrichi de dorure. Le médaillon central, peint en grisaille, figure une scène portuaire de style européen inspirée de Meissen. Marli orné de réserves paysagées alternant avec un fond mosaïqué. Production d’exportation réalisée sous les Qing, au début du règne de Qianlong, dans les fours de Jingdezhen.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire ML 379 C 183. Assiette ronde en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1735-1740. Décor polychrome sur couverte, enrichi de dorure. Le médaillon central, peint en grisaille, figure une scène portuaire de style européen inspirée de Meissen. Marli orné de réserves paysagées alternant avec un fond mosaïqué. Production d’exportation réalisée sous les Qing, au début du règne de Qianlong, dans les fours de Jingdezhen.

En l’espace d’un siècle, Jean Roland Boudsocq et ses successeurs bâtissent une fortune familiale. Celle-ci est parfois fragilisée par les aléas de la conjoncture économique, comme ce sera le cas pour Bois-Rouge, propriété d’Adrien Bellier Montrose et de Clémentine de Heaulme.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.112, a. Arundo saccharifera, Canne de sucre ; b. Coma Arundinis saccharierce, fleure à canne de sucre, dessin attribué à Georg Dionysius Ehret, gravure attribuée à Johann Jakob Haid, 1737, estampe en manière noire (mezzo-tinto) rehaussée de couleur sur papier, 39,2 × 24,6 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.112, a. Arundo saccharifera, Canne de sucre ; b. Coma Arundinis saccharierce, fleure à canne de sucre, dessin attribué à Georg Dionysius Ehret, gravure attribuée à Johann Jakob Haid, 1737, estampe en manière noire (mezzo-tinto) rehaussée de couleur sur papier, 39,2 × 24,6 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Ses descendants sont donc nombreux, bien que la mortalité infantile ait parfois été élevée. Certains demeurent attachés à leur île natale et s’investissent dans le développement agricole ou le négoce du sucre.

D’autres s’établissent hors de La Réunion, et jouent un rôle politique dans d’autres colonies, comme Henry de Heaulme (1899-1986) à Madagascar. D’autres encore s’orientent vers des carrières dans la finance, les assurances, ou les chemins de fer, en tant qu’agents de change, directeurs de banque ou responsables d’entreprises, avec des fortunes diverses.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105374, Plan de la rade de Saint-Denis sur l’Isle Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite, 25 × 37,5 cm, orientation sud-est, notes manuscrites au recto et au verso, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105374, Plan de la rade de Saint-Denis sur l’Isle Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite, 25 × 37,5 cm, orientation sud-est, notes manuscrites au recto et au verso, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.

Parmi les descendants de Jean Roland Boudsocq, trois figures se distinguent par leur contribution notable à la culture, aux arts et à l’histoire militaire :

  • Léon Dierx[1], né le 31 mars 1838 à Saint-Denis et mort le 11 juin 1912 à Paris, fils de Jacques Marais Dierx et d’Anne Marie Deheaulme, est un poète parnassien élu « prince des poètes » après la mort de Stéphane Mallarmé en 1898. Il côtoie des figures majeures telles que Paul Verlaine, Guy de Maupassant et Catulle Mendès, et joue un rôle important dans la vie littéraire française de la fin du XIXᵉ siècle. Bien que moins connu aujourd’hui que Charles Marie René Leconte de Lisle, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul, le Réunionnais a su influencer durablement la scène artistique de sa génération par son œuvre et son implication.
  • Henri de Vallombreuse (né le 27 juin 1856 à Saint-Denis – mort le 25 août 1919 à Paris) est un peintre et céramiste influencé par le japonisme et les Nabis. Après ses études à l’Académie Julian à Paris, il se forme à la céramique à Saint-Amand-en-Puisaye auprès d’Émile Gaubier. Sa production, reconnue pour ses émaux subtils et son esthétique naturaliste, connaît un succès national et international. Certaines de ses œuvres sont conservées au musée d’Orsay[2].
  • Jean de Heaulme de Boutsocq[3] (né le 9 janvier 1923 à Hanoï, Indochine française) est un officier français ayant servi comme responsable des renseignements dans la région du delta du fleuve Rouge, durant la guerre d’Indochine. Il participe à la bataille de Vĩnh Yên (du 13 au 17 janvier 1951). En 1956, il se marie avec Geneviève de Galard Terraube, née le 13 avril 1925 à Paris et décédée le 30 mai 2024 à Toulouse[4]. Affectée au Service de santé des armées et convoyeuse de l’air, elle est restée dans les mémoires comme « l’infirmière de Diên Biên Phu ».

[1] Matricule n° 42486 dans l’ordre de la Légion d’honneur, fait chevalier le 13 juillet 1890, officier le 23 juillet 1901, selon la base de données Léonore.

[2] Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie-Valéry Giscard d’Estaing (France).

[3] Elevé au grade d’officier le 23 septembre 1968, et promu à celui de commandeur le 31 décembre 2015, selon le Journal officiel électronique authentifié n° 0001 du 01/01/2016, texte 3 sur 55, vue 7/103, consultable en ligne.

[4] Commune située actuellement dans le département de la Haute-Garonne, en région Occitanie.


Au XVIIIe siècle, la carte du monde se redessine au rythme du commerce maritime. L'argent extrait des mines d'Amérique alimente les échanges avec l’Asie : il paie les soieries, les épices, le thé et les porcelaines chinoises. Cette circulation des métaux, des biens et des hommes fonde une première mondialisation, où l’Europe organise les flux, mais dépend des richesses venues d’ailleurs. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
Au XVIIIe siècle, la carte du monde se redessine au rythme du commerce maritime. L’argent extrait des mines d’Amérique alimente les échanges avec l’Asie : il paie les soieries, les épices, le thé et les porcelaines chinoises. Cette circulation des métaux, des biens et des hommes fonde une première mondialisation, où l’Europe organise les flux, mais dépend des richesses venues d’ailleurs. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

De La Romagne, modeste village des Ardennes, à l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion[1]), le destin de Jean Roland Boudsocq illustre le chemin d’une famille dont l’histoire s’inscrit dans les grands mouvements de son temps.


[1] L’auteure remercie Olivia Pelletier, conservatrice en chef du patrimoine et responsable des fonds patrimoniaux Inde et Indochine aux archives nationales d’outre-mer (ANOM), Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, ainsi que Mireille Robert, Bofwa Mukenge, Patrick Jacquemart, Michèle Jacquemart et Valérie Cadet pour les contacts, les indications et les échanges qu’ils lui ont aimablement transmis au sujet de La Réunion.


Je suis tel qu’un ponton sans vergues et sans mâts,
Aventureux débris des trombes tropicales,
Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
Sur une mer sans borne et sous de froids climats.

Le vieux solitaire – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Ses descendants les plus célèbres, de Léon Dierx à Jean de Heaulme de Boutsocq, ont marqué leur époque, témoignant d’un enracinement profond conjugué à une ouverture sur le monde. Ce parcours révèle comment une lignée locale peut s’inscrire durablement dans la mémoire collective, entre continuité et mutation.


Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis (Morbihan). Blason de la Compagnie française des Indes : écu d’argent au chef d’azur semé de fleurs de lys d’or ; dans la partie inférieure, un fleuve couché au naturel s’appuie sur une corne d’abondance d’or. L’ensemble est timbré d’une couronne royale tréflée et soutenu par deux figures de « sauvages ». Devise en latin : Florebo quocumque ferar (« Je fleurirai partout où je serai portée »).
Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis (Morbihan). Blason de la Compagnie française des Indes : écu d’argent au chef d’azur semé de fleurs de lys d’or ; dans la partie inférieure, un fleuve couché au naturel s’appuie sur une corne d’abondance d’or. L’ensemble est timbré d’une couronne royale tréflée et soutenu par deux figures de « sauvages ». Devise en latin : Florebo quocumque ferar (« Je fleurirai partout où je serai portée »).

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La Romagne et ses moulins


Lieu-dit du Moulin à Vent et forêt de Signy-l'Abbaye (Ardennes). Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Lieu-dit du Moulin à Vent et forêt de Signy-l’Abbaye (Ardennes). Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le premier moulin romanais pour lequel on a quelques indications date de 1246 environ. Il est un don de Roger II de Rozoy et de sa femme aux moines de Signy-l’Abbaye[1], alors qu’ils envisagent encore d’être inhumés dans l’abbaye cistercienne. Ceci ne se réalise pas, puisque tous deux choisissent finalement de reposer dans l’abbaye de Chaumont, à laquelle ils sont profondément attachés[2].


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Archives départementales des Ardennes, 2Mi 34 [série Mi = reproductions d’archives sous forme de microfilms, sous-série 2Mi = microformes de sécurité], microfilm reproduit d’après l’original des archives départementales des Ardennes, H 203 [série H = clergé régulier avant 1790, fonds H1-409 = abbayes, prieurés et convents d’hommes, articles H 203-237 = abbaye royale de Notre-Dame de Signy, cisterciens, filiale d’Igny, ligne de Clairvaux, commune de Signy-l’Abbaye, cote 203 = cartulaire (XIIIe siècle), 1134-1250], pages 427, 429, 433, passim.


Lieu-dit du Moulin à Vent, avec vue sur la forêt de Signy-l'Abbaye (Ardennes) et le Mont de Vergogne. Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Lieu-dit du Moulin à Vent, vue sur la forêt de Signy-l'Abbaye (Ardennes) et le Mont de Vergogne. Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Lieu-dit du Moulin à Vent, vue sur la forêt de Signy-l’Abbaye (Ardennes) et le Mont de Vergogne. Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En réalité, en dotant ainsi les moines de Signy de la moitié du moulin, Roger II reconnait ses torts envers cet établissement, puisqu’il l’a établi tout près du bois d’Angeniville, sur un fonds appartenant à cette communauté.

Il donne ensuite la seconde partie du moulin contre une redevance en grains, et fait obligation aux habitants de La Romagne d’aller moudre, soit à ce moulin, soit à celui de Draize[1], appelé par la suite « Pute Peine ». Tous deux dépendent de cette même abbaye.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit du Grand Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Grand Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

En 1270, Clémence, comtesse de Saulmes, ratifie les dons que Roger II et sa femme ont faits à l’église de Signy de « vivier[1] de molin et des appartenances qui sieent desous la Romaingne[2] », et donne une partie des terres qu’elle possède à La Romagne avec un second moulin.


[1] « Pièce d’eau courante ou dormante, dans laquelle on nourrit, on conserve du poisson », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-20343 < Vol. 1 >, Martin, Gérard-Adolphe, Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois, Paris : le Livre d’histoire, « Monographies des villes et villages de France », 2007, tome I, 642 p. p. 389.


Lieu-dit du Petit Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Petit Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le terroir de la Romagne ferait-il à cette époque état de trois lieux-dits portant le nom de Petit Moulin à Vent, de Grand Moulin à Vent, et de Côte du Moulin à Vent ? Ces trois lieux sont en tout cas inscrits dans la matrice cadastrale 1836-1914[1], mais ne sont plus occupés alors que par des terres cultivables.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.


Un autre bâtiment assez proche, le moulin du Bois Martin, est détruit très probablement au moment des guerres de Religion. Il n’est reconstruit que bien plus tard, vers 1728, car il est utile aux gens de Montmeillant[1] et de La Romagne. Sa présence est attestée[2] par son inscription sur une carte des Naudin[3], puis sur la 43e feuille publiée de la Carte générale de la France (dite « carte de Cassini »), levée entre 1755 et 1758, vérifiée en 1759, et éditée en 1759-1760[4].


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Tout comme celui du Merbion ou le petit moulin de la Cour Honorée, hameau de Saint-Jean-aux-bois (Ardennes).

[3] D’après une portion de carte référencée « Naudin Ch 20 ouest » fournie à l’auteure par l’Institut national de l’information géographique et forestière.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53095169, Baillergeau (topographe ; cartographe) ; Luc (cartographe) ; Durocher (cartographe) ; La Villette (cartographe) ; Chalmandrier, Nicolas (graveur) ; Le Roy le jeune (graveur en lettres) ; Cassini de Thury, César-François (cartographe ; éditeur scientifique), Carte générale de la France, n° 78, feuille 43e [Charleville-Mézières – Sedan], échelle au 1 : 86400 [ou 1 ligne pour 100 toises], 1 carte en couleurs ; 60 x 95 cm, [s. l.] : Thévenart ; Aubert, 1759-1760, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand, GE FF-18595 (78).


Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.
Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

Auparavant, un des seigneurs du village avait fait construire un moulin, dont l’existence est certaine en 1633. C’est le moulin Garrot[1], dont on peut retrouver quelques meuniers à partir des rôles des tailles pour le XVIIIe siècle.

Pour les suivants, ce sont les actes d’état civil ou notariés qui permettent de les identifier. Ce moulin tient certainement son nom de messire Jadin Garot, qui était lieutenant en la baronnie de Chaumont, et qui résidait à la Romagne. Ce qui est attesté en 1628 dans un bail de droit de pêche de l’étang de Denizy[2].


[1] Ou Garot. Avant une réforme de l’orthographe française en 1835, les graphies sont plus aléatoires, et le nom des lieux-dits varie souvent davantage d’un document à l’autre.

[2] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 12 [série T = papiers d’origine privée tombés dans le domaine public, articles T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés (1e partie), cote T 471 = papiers de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse.]


Synthèse du dépouillement des rôles des tailles, et du sondage d’actes d’état civil ou notariés des XVIIIe et XIXe siècles des archives départementales des Ardennes et des archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne).

En l’an II[1], il est nécessaire de recenser les moulins pour avoir une idée des ressources alimentaires et fournitures aux armées[2]. Les Ardennes comptent 685 moulins à roues perpendiculaires, 44 à roue horizontale et 94 à vent[3]. En 1810, le Rethélois compte 142 moulins, dont 57 à vent, 83 à eau et 2 à vapeur[4].


[1] Du calendrier républicain. Correspond aux années 1793 et 1794 du calendrier grégorien.

[2] Archives départementales des Ardennes, PERH12 22, Illaire, Martine, « Les enquêtes sur les moulins (an II-1810, 1851) », pp. 37-71, in Revue historique ardennaise, Tome XXV, année 1990, La révolution dans les Ardennes : huit études nouvelles, 228 pages, page 37.

[3] Ibid., page 49.

[4] Ibid., page 48.


La présence d’un moulin était un atout pour un village, et ce d’autant plus que les habitants faisaient leur pain à la maison[1]. C’est ainsi qu’un moulin est présent dans de nombreux villages environnants, comme à Draize, La Hardoye[2], Saint-Jean-aux-Bois[3], Rocquigny[4], Maranwez[5], Librecy[6].

Ce dernier, construit en 1604 par Hugues de Maupinois, et resté en fonction jusqu’en 1964, avait à l’origine deux roues en bois et deux paires de meules[7].


[1] Au XIXe siècle, les boulangeries font arriver la farine des minoteries.

[2] Actuellement, commune associée de Rocquigny, du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[5] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[6] Le hameau de Librecy est sur la commune de Signy-l’Abbaye.

[7] Voir la description du moulin de Librecy, consultable en ligne sur le site de la Fédération des moulins de France.


Lieu-dit du Petit Moulin à Vent (détail). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Petit Moulin à Vent (détail). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le moulin à vent a pu être la propriété de Jean-Baptiste Boudier, puisque c’est lui qui le loue moyennant 400 francs annuels pour une durée de 9 ans à partir de 1817[1] à François Boudsocq[2]. Un acte notarié est signé auprès d’un notaire nommé Fréal. Les archives de celui-ci ont disparu, comme beaucoup d’autres documents de ce secteur, cible de nombreuses guerres.


[1] Archives départementales des Ardennes, 3Q 1299 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII], registre des enregistrements du canton de Chaumont-Porcien, qui signale un acte notarié signé chez Fréal, notaire, le 2 mars 1817.

[2] Né le 27 octobre 1788 à Dizy-le-Gros (actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France), et marié le 24 décembre 1810 à La Romagne.


Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

Le moulin Garrot est situé sur la parcelle 449 du cadastre de 1835[1]. Les lieux-dits du Moulin Garrot, du Pré du Moulin Garrot et de la Cour du Moulin Garrot sont attestés sur la matrice cadastrale 1836-1914[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.


Bail du moulin Garrot signé le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]
Bail du moulin Garrot signé le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

Un bail concernant le moulin Garrot[1] est signé le 5 décembre 1840, en présence de deux témoins, Joseph Decary et Jacques Flamin (habitants de Wasigny[2]), en l’étude de maître Victor Cailteaux, notaire de cette bourgade.


[1] Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit de la Cour du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit de la Cour du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

François Modeste Lepinois, meunier et propriétaire de ce moulin, le loue à Joseph Noël, ancien meunier résidant à Grandchamps[1], pour neuf années consécutives à dater du 25 mars 1841. Une somme annuelle de 280 francs est à payer le jour d’entrée en jouissance du bien, et, les huit années suivantes, à chaque anniversaire.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit du Pré du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Pré du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Ce moulin est un moulin à eau « à une tournure[1] », et diffère en cela du moulin du Merbion (commune de Saint-Jean-aux-Bois[2]), monté « à l’anglaise[3] », qui est la propriété de Prudence Gérarde Merlin en 1811.


[1] La roue hydraulique entraîne une seule meule.

[2] Commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] La roue hydraulique entraîne plusieurs meules.


Lieu-dit du Pré Haut du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Pré Haut du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

C’est un bâtiment construit en bois, couvert en ardoise, « nature de cuisine[1] », avec une petite « ravallée[2] » au levant[3], également en bois, et couverte de paille. En outre, la location comprend trois arpents[4], qui se composent de terres et « versennes »[5], de sol à froment, de clos et de prés.


[1] Expression notariale qui signifie « avec une cuisine ».

[2] Variante orthographique de « ravalée », ici une sorte d’arrière-cuisine.

[3] « La partie de l’horizon où le soleil se lève ; l’orient, l’est », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Ancienne mesure agraire équivalant à cent perches. Selon les contrées, l’arpent valait de trente à cinquante et un ares. », d’après le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] Variante orthographique de versaine, « terre en jachère après deux récoltes », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


Ces terrains ne sont pas isolés : ils touchent au chemin et à divers propriétaires du village. L’alimentation en eau se fait par le ruisseau du Moulin Garrot, dont la naissance se compose de plusieurs petites sources se réunissant à proximité du lieu-dit La Favée.


Signatures du bail du moulin Garrot le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]
Signatures du bail du moulin Garrot le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

Les clauses du bail sont assez draconiennes. Il est interdit au locataire de sous-louer le bien, en tout ou partie, à un autre meunier, ce qui semble être malgré tout parfois pratiqué[1]. En aucun cas, il ne peut être indemnisé, ou obtenir une réduction du loyer, et ce, que ce soit en cas de chômage, de sécheresse, d’inondations, ou d’eau gelée. Mais il se doit de bien cultiver les terres, de les fumer, et de respecter les roies[2].


[1] Ainsi, le meunier Modeste Claise de La Hardoye loue en 1820 le moulin à Jean-Baptiste Lefèvre pour 1 250 francs. Un an après son entrée en location dans celui-ci, ce dernier le sous-loue à Brice Poncelet. Voir archives départementales des Ardennes, 3Q 1299 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII.]

[2] Pratique en lien avec l’assolement : « L’ensemble des terres était partagé en trois grands blocs appelés ‘soles’ dans le Bassin parisien, ‘roies’, ‘champs’ ou ‘saisons’ ailleurs. », selon L’Encyclopædia Universalis.


Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Les propriétaires, eux, s’engagent à faire construire, pour le mois de juin 1841, un bâtiment « nature de grange[1] », et couvert de chaume, là où il conviendra, dans les environs du moulin. Ce dernier a été démoli quelques années après sa construction.


[1] Avec une grange.


Moulin à vent de Théophile Boudsocq, qui se trouverait sur la parcelle 285 du cadastre de 1835 (archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne). Ce n° 285 est cité dans la matrice cadastrale 1836-1914 des archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie. Mais d'autres documents évoquent le n° 385. Voir Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]
Moulin à vent de Théophile Boudsocq, qui se trouverait sur la parcelle 285 du cadastre de 1835 (archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne).

Ce n° 285 est cité dans la matrice cadastrale 1836-1914 des archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Mais d’autres documents évoquent le n° 385. Voir Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

En 1841, Théophile Boudsocq fait construire un moulin à vent, soit sur la parcelle 285[1] (qui se trouve au lieu-dit du Poirier de la Croix[2]), soit sur la parcelle 385[3]. En 1866, il sera détruit[4].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

[2] Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

[3] Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

[4] Ibid.


Le métier de meunier se transmet dans un milieu familial. C’est le cas pour les descendants de Jean Baptiste Suan[1], originaire de Draize, meunier à La Neuville-lès-Wasigny[2], époux de Marie-Anne Merlin (née à La Romagne).

Son activité est reprise par son fils Nicolas Alexis, marié à Béatrice Liberté Legros, et lui-même meunier au moulin du Merbion. Sa femme loue ce dernier[3] avec ses dépendances, terres et prés à un certain Jullien[4], pour neuf ans et neuf mois, le 19 novembre 1845.


[1]  Né en 1747 à Draize et décédé en 1812 à La Neuville-lès-Wasigny.

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] Archives départementales des Ardennes, 3Q 1300 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques. Sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII.]

[4] Le prénom n’est pas noté dans l’enregistrement. Ce dernier indique que l’acte a été signé auprès du notaire Pottier.


Démolition du moulin à vent de Théophile Boudsocq en 1866. Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]
Démolition du moulin à vent de Théophile Boudsocq en 1866. Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les moulins traditionnels, qui assurent la fabrication de farine, disparaissent au profit de moulins à vapeur. Ceux-ci s’orientent vers d’autres productions industrielles, comme la fabrication de colorants. Le Moulin à couleurs d’Ecordal[1], fondé en 1866, est le dernier du genre dans les Ardennes.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit de la Cote du Petit Moulin. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit de la Cote du Petit Moulin. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Cette transformation, liée à la révolution industrielle, est majeure. Les moulins traditionnels dépendaient des conditions météorologiques et de la disponibilité de ressources naturelles, telles l’eau. Les moulins industriels produisent quant à eux de manière continue.

Les anciens engrenages en bois sont remplacés par des systèmes en métal, plus durables et puissants. Les meuniers traditionnels, autrefois artisans, voient leur rôle diminuer, face à des ouvriers chargés de superviser des machines dans des usines.


Moulin à vent de Théophile Boudsocq sur la parcelle 285 du cadastre. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Moulin à vent de Théophile Boudsocq sur la parcelle 285 du cadastre. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le passage d’une économie rurale et artisanale à une gestion industrielle et urbaine, entraîne des conséquences sur la société et l’environnement. La disparition des moulins à eau et à vent, dans les Ardennes en général, et à La Romagne en particulier, conduit à une transformation des métiers et des terres.

Catégories
Administration communale Art religieux Biens ecclésiastiques Clergé Cultures Finances ecclésiastiques Finances publiques Laïcisme Laïcité Patrimoine culturel Religieux Religion Révolution française (1789-1799)

L’église Saint-Jean à La Romagne pendant la Révolution


Talleyrand, évêque d'Autun, est peint coiffé d’une mitre et crosse à la main. Musée Carnavalet (Paris), numéro d'inventaire P1981, David, Louis (Paris 1748-Bruxelles 1825), Serment de Lafayette à la Fête de la Fédération, 1791, peinture à l'huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).
Talleyrand, évêque d’Autun, est peint coiffé d’une mitre et crosse à la main. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire P 1981, David, Louis (Paris 1748-Bruxelles 1825), Serment de Lafayette à la Fête de la Fédération, 1791, peinture à l’huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Le 4 août 1789, les privilèges féodaux sont abolis, et par conséquent les droits seigneuriaux et la dîme. Une subvention doit pourvoir aux dépenses du culte divin et à l’entretien des églises et des presbytères.

Dans les premiers temps de la Révolution, les églises sont épargnées. Ce sera de courte durée. La proposition de Talleyrand d’attribuer à la Nation les biens du clergé triomphe le 2 novembre 1789.

Un décret datant de ce jour les confisque. Le 9 novembre, un autre décret supprime les titres ecclésiastiques à l’exception de celui des curés. Le 13 novembre, l’Assemblée demande que les églises fassent connaître l’état de leur domaine à la Nation dans un délai de deux mois.


Surplis en fil, broderie ajourée à la main sur tulle, (XIXe siècle).
Surplis en fil, broderie ajourée à la main sur tulle, (XIXe siècle).

Les inventaires[1] sont dressés en janvier 1790. Les biens de la cure pour le culte sont mis en vente ou réquisitionnés, les livrant à la convoitise de quelques- uns :

  • onze chasubles d’étoffes diverses (damas[2],velours, panne[3]) et de couleurs différentes (rouge, verte, noire, blanche, violette[4]), ornées de motifs floraux. Il y a autant de manipules[5], d’étoles[6] et de voiles ;
  • trois jaquettes d’enfants de chœur rouges ou bleues ;
  • des surplis[7] d’enfants de chœur ;
  • quatre grands surplis de grosse mousseline ;
  • cinq surplis de toilette[8] ;
  • deux chapes[9] de calmande[10] dont une rose ;
  • une chape de damas rouge ;
  • une couverture d’autel en toile d’Orange[11] ;
  • trois petites couvertures de toile ;
  • trois devants d’autel et un petit rideau en toile d’Orange ;
  • neuf serviettes ;
  • trois nappes d’autel en batiste[12] et toile ;
  • quatre nappes de toile ;
  • soixante linges  tant corporaux[13] que lavabo[14] ;
  • un voile de mousseline rembrunie ;
  • un drap de mort et un bidet[15] ;
  • deux bonnets carrés noirs et un blanc ;
  • deux bannières avec leurs bâtons ;
  • un dais en toile d’Orange entourée de franges présumées en fil d’or[16] ;
  • un petit coffre en bois ;
  • une armoire en menuiserie de bois de chêne ;
  • un coffre fermant à deux battants en menuiserie de bois de chêne ;
  • une petite armoire pendante fermant à clé ;
  • un portemanteau ;
  • un porte-cierge, une boîte[17] et un pupitre ;
  • un serpent[18] en fer blanc et un fauteuil ;
  • un missel, deux antiphoniers[19], un graduel[20], deux processionnaux[21],  deux livres pour l’office des morts et un manuel ;
  • les boiseries du grand autel et des deux petits ;
  • un tabernacle[22] avec les marchepieds ;
  • trois livres de cire blanche et deux de jaune ;
  • la boiserie du chœur peinte en bleu et un banc attenant ;
  • six chandeliers et une croix en bois ;
  • la chaire à prêcher ;
  • le confessionnal ;
  • deux échelles ;
  • Un aigle en bois servant de pupitre ;
  • deux « scabelles[23] » et leurs marchepieds ;
  • trente bancs avec leurs marchepieds ;
  • un plat, deux burettes, un porte-missel, et une petite clochette ;
  • une cloche estimée à 1400 livres.

[1] Archives départementales des Ardennes, Q 541 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-766 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 540-542 = cures et chapelles], documents concernant Librecy-Wé (1790-an VI).

[2] Soie monochrome, avec une armure satin, dont le fond contraste par sa brillance avec le dessin formé par le tissage.

[3] Étoffe en laine, soie ou coton, travaillée comme du velours.

[4] Correspondant aux différents temps liturgiques.

[5] Bande d’étoffe portée sur l’avant-bras gauche par les ministres du culte à l’autel.

[6] Bande de tissu, longue et étroite, que le prêtre et l’évêque portent par devant, suspendue au cou et que le diacre porte en écharpe sur l’épaule gauche.

[7] Vêtement liturgique blanc porté par les ecclésiastiques, les chantres, et les enfants de chœur, par-dessus les habits ou la soutane.

[8] Petite toile.

[9] Long manteau de cérémonie agrafé par devant.

[10] Tissu en laine, en poil de chèvre, ou en soie et laine, lustré sur l’endroit, uni ou rayé.

[11] Terme générique pour désigner les toiles peintes.

[12] Toile fine et blanche de lin ou de chanvre.

[13] Linge consacré, généralement de lin blanc, représentant le suaire du Christ, destiné à recueillir les fragments de l’hostie.

[14] Prière que dit le prêtre en se lavant les doigts durant la messe. Par métonymie, linge avec lequel il s’essuie les doigts qu’il s’est lavés après l’offertoire.

[15] Petit cheval de selle ou de trait.

[16] Et peut-être en fil métal doré. Dans le doute, l’objet n’a pas été estimé.

[17] Dans les Ardennes, le mot s’écrivait boëtte et se prononçait \bwɛt\.

[18] Instrument à vent utilisé jusqu’au XIXe siècle dans la musique d’Eglise.

[19] Un antiphonaire (ou antiphonier) est un recueil où sont inscrits des antiennes et autres parties de l’office, avec leur notation en plain-chant.

[20] Le graduel est le livre de chant grégorien utilisé à la messe.

[21] Le processionnal est un recueil des prières chantées aux processions.

[22] Ouvrage en forme d’armoire fermant à clef, et où sont conservées les hosties consacrées.

[23] La forme académique est escabelle, siège bas, sans bras, avec ou sans dossier. Le mot a la même signification qu’escabeau. La variante scabelle, aujourd’hui disparue, est attestée à Reims en 1328.


Messidor, dixième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14035, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Messidor, dixième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14035, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Les terrains qui appartiennent à l’église de La Romagne (non à la cure ou à la fabrique sont également mis à l’encan. Les surfaces concernent :

  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Vertillon ;
  • cent douze verges et demie (terre + pré +  jardin) au lieu-dit la Pierre ;
  • cinquante verges au lieu-dit le Presbytère ;
  • soixante verges au lieu-dit le Jardin de Monsieur le Curé ;
  • soixante-quinze verges au lieu-dit les Rouages ;
  • dix-huit verges au lieu-dit le Pré Mortagne ;
  • dix-huit verges au lieu-dit la Hué ;
  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Pluteau ;
  • trente-sept verges et demie au lieu-dit le Pregnaux.

Prairial, neuvième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14034, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Prairial, neuvième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14034, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

D’autres surfaces dépendent de la cure de la Romagne et sont exploitées à ce titre directement par le curé [1]. Gérard Mallet, domestique habitant le village, reçoit pour la somme de 2225 livres l’adjudication définitive de cent douze verges de terre, cent dix verges de jardinet et cent trente-six verges de prés.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 274 n° 406, ventes du 25 juin 1791 au 18 prairial an III [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Frimaire, troisième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14028, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Frimaire, troisième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14028, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Parallèlement à la vente du patrimoine ecclésiastique se déroule celle des biens des émigrés, comme c’est le cas pour François Courtin, dont les terres se trouvent en divers lieux de La Romagne[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 278 n° 332 à 338, ventes du 29 fructidor an II au 18 nivôse an III [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, a signé le concordat de Bologne le 18 août 1516 à Rome. Galleria palatina (Florence, Italie), numéro d'inventaire 00287216, Raphaël, Portrait du pape Léon X ou Le Pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medicis et Luigi de Rossi, peinture à l'huile sur bois, 1518-1520.
Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, a signé le concordat de Bologne le 18 août 1516 à Rome. Galleria palatina (Florence, Italie), numéro d’inventaire 00287216, Raphaël, Portrait du pape Léon X ou Le Pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medicis et Luigi de Rossi, peinture à l’huile sur bois, 1518-1520.

Dès le 12 juillet 1790, le concordat de Bologne signé avec François Ier  est  dénoncé, ce qui permet la nationalisation des biens de l’Eglise. L’Assemblée constituante supprime les titres, offices, dignités, canonicats[1], prébendes[2].


[1] Bénéfices de chanoines dans une église, une cathédrale ou une collégiale.

[2] Revenus ecclésiastiques.


Le futur Louis XVI à quinze ans. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d'inventaire MV 3889, Van Loo, Louis-Michel , Louis-Auguste, duc de Berry (1754-1793), huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.
Le futur Louis XVI à quinze ans. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3889, Van Loo, Louis-Michel , Louis-Auguste, duc de Berry (1754-1793), huile sur toile, notice descriptive consultable en ligne.

La Constitution civile du clergé, sanctionnée[1] et promulguée par le roi Louis XVI le 24 août 1790, réorganise l’Eglise et la sécularise[2]. Le 27 novembre 1790, chaque prêtre doit jurer d’être fidèle à la Nation, à la loi, au roi et de maintenir de tout son pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale constituante et acceptée par le souverain.


[1] Adoptée.

[2] L’État considère qu’il lui revient de prendre en charge l’organisation de la religion. Ce qui ne saurait être confondu avec le principe de séparation des Eglises et de l’Etat, qui implique qu’il ne s’en occupe plus.


Par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791 et Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI s'oppose à la Constitution civile du clergé. Musei vaticani, numéro d'inventaire Inv. 40455, Pompeo Batoni, (Lucques 1708 - Rome 1787) et atelier, Portrait de Pie VI, huile sur toile, 1775, notice descriptive consultable en ligne.
Par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791 et Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI s’oppose à la Constitution civile du clergé. Musei vaticani, numéro d’inventaire Inv. 40455, Pompeo Batoni, (Lucques 1708 – Rome 1787) et atelier, Portrait de Pie VI, huile sur toile, 1775, notice descriptive consultable en ligne.

De la passation ou non de ce serment découlent les termes de prêtres assermentés[1] ou insermentés[2]. Le pape Pie VI condamne formellement ce texte le 10 mars 1791 et somme les prêtres qui ont prêté serment à la Constitution de se rétracter sous peine de suspense[3].

Ce qui occasionne cette année-là une scission entre l’Eglise et l’Etat, et une division à l’intérieur même du clergé : cela peut être constaté pour le diocèse de Reims[4].


[1] Constitutionnels ou jureurs.

[2] Réfractaires ou non-jureurs.

[3] En droit canonique, la suspense (substantif féminin) est une mesure par laquelle l’autorité ecclésiastique suspend un prêtre de ses fonctions ou le prive de l’usage de son bénéfice.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-3639, Jadart, Henri, « Etat du clergé du diocèse de Reims, insermenté ou assermenté en 1791, d’après les notes de l’abbé Baronnet, curé de Cernay-en-Dormois (à suivre) », in Revue d’Ardenne & d’Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique [publiée par la Société d’études ardennaises « La Bruyère » puis, à partir de mars/avril 1895 par la Société d’études ardennaises], 1re année, n° 1 (novembre/décembre 1893) -22e année, n° unique (1915/1923), Sedan : imprimerie Laroche, 1893-1923, 19e année, n° 2, janvier-février 1912, pages 33-40, vue 3/48, article consultable en ligne sur Gallica [Nota bene : la collectivité éditrice du périodique, née en 1888 et morte dans les années 20, ne saurait être confondue avec la Société d’études ardennaises fondée le 26 janvier 1955 et devenue la Société d’histoire des Ardennes le 2 mars 2013].


Pluviôse, cinquième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14030, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Pluviôse, cinquième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14030, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte (Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Pour ce qui est de La Romagne, il est de notoriété publique que le curé Bourdon a prêté le serment et qu’il l’a confirmé le 28 janvier 1791, « quoique cela ne figure sur aucun registre »[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 142 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Ventôse, sixième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14031, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Ventôse, sixième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14031, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La séparation des Eglises et de l’Etat est marquée par le décret du 3 ventôse an III[1], qui affirme que la République ne salarie aucun culte et ne fournit aucun local, ni pour son exercice, ni pour le logement des ministres.

« Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté ; aucune proclamation ni convocation publique ne peuvent être faites pour y inviter les citoyens. »

Article VII.

[1] Soit le 21 février 1795.


Germinal, septième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14032, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Germinal, septième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14032, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La loi du 22 germinal an IV[1] précise qu’à ce titre le son des cloches est puni d’un emprisonnement par voie de police correctionnelle. Les cloches des églises du canton sont en général acheminées à Metz, où leur métal est fondu pour produire des bouches à feu[2].


[1] Soit le 11 avril 1796.

[2] Pièces d’artillerie.


Fructidor, douzième et dernier mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14037, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Fructidor, douzième et dernier mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14037, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Les églises sont dépouillées de leur richesse mobilière. On s’abstient donc pendant de longues années d’effectuer des travaux de réparation et d’entretien. Les objets en métal précieux rejoignent la Monnaie.

Le 25 fructidor an IV[1],  Langlet (maire), Boudié et Letellier, les trois signataires du document, répondent à un questionnaire qui permet d’apprendre que :

  • l’inventaire de l’argenterie de l’église a été fait par le « citoyen Macquart » ;
  • celui-ci demeure à Saint-Jean-aux-Bois ;
  • ce dernier est nommé commissaire ;
  • les objets ont été conduits au commissaire des monnaies du district de Rethel ;
  • qu’ainsi il n’y a plus rien en argent dans l’église.

[1] Soit le 11 septembre 1796.


Brumaire, deuxième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14027, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Brumaire, deuxième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14027, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Durant toute cette période, des courriers confidentiels sont expédiés à l’administration centrale, de manière à rendre compte de l’état d’esprit de la population. Des idées radicales y sont exprimées par rapport aux nouvelles fêtes instaurées.

C’est ainsi que l’auteur d’une missive datée de l’an VII note que, selon ses observations, la religion catholique tient encore à La Romagne une place trop importante par rapport aux nouvelles fêtes. Il se fonde sur les points suivants :

  • les anciens jours de repos (en particulier les dimanches) sont plus respectés que les nouveaux ;
  • cela se manifeste par une population « vêtue de ses plus beaux atours » ;
  • la présence aux cérémonies du culte est manifeste ;
  • les habitants de La Romagne ne souhaitent pas garder les décades ;
  • les prêtres assermentés ne se montrent obéissants que de l’extérieur.

Floréal, huitième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14033, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Floréal, huitième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14033, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Pour contrer cela, il suggère de n’ouvrir les églises que les jours des décadis[1], afin que les cérémonies religieuses et décadaires se passent au même moment. Le but est de rendre le peuple docile, et les assemblées civiles plus brillantes.

Ces propos montrent bien que l’objectif des fêtes prévues par la Nation, qui est de rapprocher les êtres et de combattre l’intolérance, est loin d’être atteint[2].


[1] Le décadi est le dixième et dernier jour de la décade républicaine, chômé et correspondant en quelque sorte au dimanche.

[2] Archives départementales des Ardennes, L 1213 n° 493 [série L = administration et tribunaux de la période révolutionnaire (1790-1800), articles L 1168-1230 = affaires militaires, ponts et chaussées].


Nivôse, quatrième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14029, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Nivôse, quatrième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14029, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

La période révolutionnaire marque une évolution des sociétés vers la laïcité, à travers la reconnaissance de la liberté de conscience[1], et la nationalisation des biens de l’Eglise. Bonaparte prépare un retour de la paix religieuse en accordant le 7 nivôse an VIII[2] la liberté de culte. Cette décision conforte la hiérarchie catholique dans son action de restauration de la foi.


[1] Reconnue dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

[2] Soit le 28 décembre 1799.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d'inventaire MV2573, Wicar Jean-Baptiste Joseph (1762-1834) (d'après), Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801, dessin à la pierre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 2573, Wicar Jean-Baptiste Joseph (1762-1834) (d’après), Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801, dessin à la pierre noire, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

Le Concordat signé le 15 juillet 1801 entre Bonaparte et le Pape Pie VII rétablit le culte et marque le retour du dimanche comme jour de repos légal.  Les églises peuvent être de nouveau ouvertes n’importe quel jour, et l’on revient au calendrier grégorien.

La religion catholique n’est plus religion d’Etat, mais celle de la majorité des Français. Les prêtres ont désormais pour fonction d’assurer la paix, la cohésion sociale, et le respect des lois. Ils sont rémunérés par l’Etat.


Archives nationales, document numérique, AE/II/1265, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l'Assemblée législative prescrivant aux directoires de départements de prononcer la déportation contre les ecclésiastiques insermentés, daté du 27 mai 1792 (an IV), texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, A//122 pièce 3.
Archives nationales, document numérique, AE/II/1265, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur ArchimDécret de l’Assemblée législative prescrivant aux directoires de départements de prononcer la déportation contre les ecclésiastiques insermentés, daté du 27 mai 1792 (an IV), texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de ParisA//122 pièce 3.

C’est aussi la fin de l’exil pour les prêtres réfractaires, émigrés ou réfugiés à l’étranger. Ils peuvent regagner leur pays, moyennant la signature des actes de soumission, et l’acceptation de la nouvelle organisation de l’Eglise.

Les nominations des curés des ans IX et X se font par entente entre le pouvoir civil et religieux. De plus, comme les ressources font défaut, on essaye de rapprocher le desservant de sa famille et de son pays natal[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 139 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Vendémiaire, premier mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14026, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Vendémiaire, premier mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14026, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Il faut une nouvelle fois se procurer à grands frais un mobilier nouveau, puisque l’ancien a disparu durant la Révolution. Il est d’autre part nécessaire de consolider et de conserver les bâtiments. Ce n’est que progressivement que les églises retrouvent la richesse artistique du passé.

Thermidor, onzième mois de l'année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14036, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 - Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 - 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.
Thermidor, onzième mois de l’année républicaine. Musée Carnavalet (Paris), numéro d’inventaire G.14036, Tresca, Salvatore (Palerme, vers 1750 – Paris, en 1815), graveur et éditeur ; Lafitte, Louis (15 novembre 1770 – 3 août 1828), auteur du modèle, Calendrier républicain, estampe (technique de la gravure), entre 1792 et 1806, notice descriptive consultable en ligne sur le site des collections de Paris Musées.

Musée d'Orsay (Paris), numéro d'inventaire RF 469, Dagnan-Bouveret Pascal Adolphe Jean (1852-1929), Le Pain bénit, 1885, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'Agence photographique de l'Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).
Musée d’Orsay (Paris), numéro d’inventaire RF 469, Dagnan-Bouveret Pascal Adolphe Jean (1852-1929), Le Pain bénit, 1885, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Agence photographique de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées (France).

A La Romagne, la fabrique de l’église n’a que de très maigres revenus (issus des pains bénits et les quêtes). Les réparations du bâtiment sont donc difficilement envisageables. En 1803[1], l’église est encore dans un complet état de dénuement…


[1] Des visites canoniques enquêtent sur l’état des paroisses de 1803 à 1886 dans le diocèse de Metz, dont dépend à l’époque l’église de La Romagne.

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La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) à La Romagne


Ordre de mobilisation générale de la Seconde Guerre mondiale, daté du samedi 2 septembre 1939.
Ordre de mobilisation générale de la Seconde Guerre mondiale, daté du samedi 2 septembre 1939.

Dès les premiers jours suivant la mobilisation et la déclaration de guerre le 3 septembre 1939, diverses troupes françaises se trouvent cantonnées, soit à La Romagne, soit dans les villages environnants, comme au hameau Les Duizettes[1].


[1] Commune de Rocquigny.


Campagne de mai et juin 1940 de la 3e brigade de spahis, avec l'aimable autorisation du colonel (er) Thierry Moné.
Campagne de mai et juin 1940 de la 3e brigade de spahis, carte en couleurs (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Thierry Moné, officier de l’arme blindée qui a commandé le 1e régiment de spahis de 1997 à 1999).

Les soldats sont chargés de surveiller l’arrivée de parachutistes et de bloquer l’accès des Hauts Sarts et de la Verrerie aux blindés. Fin octobre, les spahis de la 3e brigade[1]  (formée à partir des 2e RSA[2] et RSM[3]) rejoignent Novion-Porcien et stationnent pour une partie d’entre eux à La Romagne.


[1] Moné, Thierry (colonel en retraite), Les Spahis de La Horgne : la 3e brigade de Spahis dans les combats de mai et juin, Valence : la Gandoura & CRCL [Calot rouge et croix de Lorraine], amicale des spahis du 1er Marocains, 2010, 205 p., pages 9 et 16 [exemplaire personnel n° 290 sur 400].

[2] Régiment de spahis algériens.

[3] Régiment de spahis marocains.


Un Romanais qui a vécu cette époque s’en souvient :

« Leurs uniformes rutilants et leurs chevaux barbes[1] font grande impression sur les habitants. »
[1] Cheval de selle de race orientale.

Témoignage écrit de monsieur Pierre Malherbe †.

Une anecdote l’a marqué particulièrement lorsqu’il était un tout jeune homme :

« Un beau matin, tout contre la porte de la cave d’Henri Mauroy, nous avons vu des spahis qui s’affairaient auprès d’un cheval mort. Ils ont commencé par le dépouiller puis ont étendu la peau sur des perches avant de débiter des morceaux de viande. C’était vraiment un spectacle insolite pour nous. »

Témoignage écrit de monsieur Pierre Malherbe †.

Ces spahis quittent le village pour être d’abord cantonnés dans les forêts avoisinantes, avant d’être dirigés sur Monthermé, puis de prendre part le 15 mai 1940 aux combats de La Horgne.


Le village voit passer encore bien d’autres troupes, en particulier le 31e d’artillerie venant de Saint-Brieuc (Bretagne) [1]. Se succèdent encore le 9e génie, le 10e d’artillerie et enfin le 18e (qui s’y repose et peut soigner ses chevaux blessés)[2].


[1] Deux cents hommes stationnent à la ferme de la Bouloi avant de monter sur la Belgique.

[2] Témoignage oral de monsieur Louis Devie (Logny-lès-Chaumont).


Certaines de ces troupes construisent des baraquements en bordure de la gare de Draize – La Romagne, où l’un de ceux-ci sert de buvette et a pour enseigne « Au pou qui tète »[1], tandis qu’à proximité s’entasse de la ferraille de récupération. D’autres creusent une tranchée-abri sur la place.


[1] Témoignage écrit de monsieur Pierre Malherbe †.


Bien avant le début du conflit, en raison des nombreuses occupations subies par les Ardennes au cours des siècles précédents, la préfecture, forte d’exemples encore dans toutes les mémoires, prend des dispositions dès les années 1930 pour organiser le départ des populations du nord du département.

Des trajets sont tracés, pour que le déplacement éventuel puisse se passer dans les meilleures conditions possibles, en passant par le sud des Ardennes. Les villages de Draize et de La Romagne sont prévus pour accueillir provisoirement une partie de la population de Charleville, qui pourrait ensuite être acheminée vers des zones de repli.


En mai 1940, lors de l’offensive sur l’Aisne, le village, où se trouvent ce jour-là des évacués de la Meuse, est bombardé : une torpille aérienne (projectile de gros calibre) et des bombes causent certes de sérieux dégâts matériels, en particulier sur l’église. Elles concernent surtout des pertes humaines, civiles et militaires : Aimé Vuillemet (le garde champêtre qui annonce l’ordre d’évacuation) et Marthe Mauroy sont tués sur le coup. C’est aussi le cas d’un soldat français du nom de Laurent Stéphane Marie Marchand[1]. Deux autres périssent quant à eux aux abords de la Draize, où ils sont enterrés sur place avant de l’être dans le cimetière paroissial.


[1] Service historique de la Défense, site de Caen, AC 21 P 81257, [série AC = victimes des conflits contemporains, sous-série AC 21 P = MPDR (ministère des Prisonniers, déportés et réfugiés) puis MACVG (ministère des Anciens combattants et victimes de guerre), dossiers individuels].


Le sort s’acharne, ce jour-là, sur la famille d’Aimé Vuillemet : son fils Paul est atteint par un éclat de bombe. Pour l’accueil des blessés, deux infirmeries sont établies dans le village, dont l’une au bord du chemin qui mène à la Cour Avril, et l’autre dans la maison de Marceau Carbonneaux[1].


[1] Témoignage oral de monsieur René Lelong †.


Le 10 mai 1940, l’ordre d’évacuer les Ardennes est donné. Le lendemain, tous les habitants de La Romagne quittent le village le cœur gros, la mort dans l’âme de devoir abandonner leurs bêtes. Par exception, quelques-uns restent : monsieur et madame Ledouble, leur fils Jules et madame Pagnié, qui est assez âgée[1].

Alors que, de longue date, un plan d’enlèvement du bétail a été prévu par les autorités et pour chaque canton[2], il ne peut être appliqué en raison de la rapidité de l’avance des troupes allemandes. Les cultivateurs, bouleversés, doivent laisser leurs bêtes dans les prés.


[1] Témoignage écrit de monsieur Pierre Malherbe †.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1M 119 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 1M = administration générale (fonds du cabinet du préfet)].


Après avoir bien inutilement fermé leurs maisons, les habitants partent en exode, les uns en automobile, les autres dans des charrettes tirées par les chevaux qui n’ont pas été réquisitionnés par l’armée. Dès le 2 septembre 1939, les principaux cultivateurs voient partir la plupart de ces animaux de trait. En 1941, il n’en reste plus que vingt-sept sur la petite soixantaine que comptait La Romagne juste avant les réquisitions. Les derniers Romanais partent à vélo ou à pied.


Château de Châtenay à La Chataigneraie (Vendée), photographie en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Gréau, président du CHEL (Cercle d'histoire et d'études locales).
Château de Châtenay à La Chataigneraie (Vendée), photographie en couleurs, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Gréau, président du CHEL (Cercle d’histoire et d’études locales).

L’ordre d’évacuation totale des Ardennes jette sur les routes tous les Ardennais ou presque dans un désordre indescriptible : aucun des plans arrêtés ne peut être mis à exécution, en raison de l’urgence. LesRomanais se replient vers les départements des Deux-Sèvres et de la Vendée. C’est ainsi que la famille Cugnart se retrouve au château de Châtenay à La Chataigneraie (Vendée)[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1M 127 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 1M = administration générale (fonds du cabinet du préfet)].


André Druart (personnage le plus à gauche) à Borcq-sur-Airvault (Deux-Sèvres), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
André Druart (personnage le plus à gauche) à Borcq-sur-Airvault (Deux-Sèvres), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Eugène François Lesein rejoint Rosnay (Indre) en passant par Mareuil-sur-Lay-Dissais (Vendée). Numa Edmond Lesein atteint Saint-Sulpice-en-Pareds (Vendée), tandis que la famille Druart est à Borcq-sur-Airvault (Deux-Sèvres). Dans cette commune, après des moments difficiles à vivre, une rencontre se concrétisera par un mariage.


Quelques habitants de La Romagne (Ardennes) réfugiés dans une école privée à Gourdon (Lot) en juillet 1940, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †). Sous toutes réserves, les personnes identifiées de gauche à droite et de bas en haut seraient les suivantes : au premier rang, Rosa Malherbe née Bompart (n°2), Euphrasie Bompart née Marandel (n°3), Marcel Malherbe (n°4), Lucie Malherbe (n°5), René Malherbe (n°6), Maurice Malherbe (n°7) ; au deuxième rang : André Legros (n°2), Lucie Legros née Malherbe (n°4), Madeleine Legros (n°6), Alfred Marandel (n°7), Pierre Malherbe (n°9), Pierre Marandel (n°10), René Didier(n°11), Lucie Laroche (n°12), Madame Didier (n°13).
Quelques habitants de La Romagne (Ardennes) réfugiés dans une école privée à Gourdon (Lot) en juillet 1940, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †). Sous toutes réserves, les personnes identifiées de gauche à droite et de bas en haut seraient les suivantes : au premier rang, Rosa Malherbe née Bompart (n°2), Euphrasie Bompart née Marandel (n°3), Marcel Malherbe (n°4), Lucie Malherbe (n°5), René Malherbe (n°6), Maurice Malherbe (n°7) ; au deuxième rang : André Legros (n°2), Lucie Legros née Malherbe (n°4), Madeleine Legros (n°6), Alfred Marandel (n°7), Pierre Malherbe (n°9), Pierre Marandel (n°10), René Didier(n°11), Lucie Laroche (n°12), Madame Didier (n°13).

D’autres habitants trouvent refuge dans des lieux divers, non envisagés au départ. Certains font une étape à Coulanges-sur-Yonne (Bourgogne), avant d’atteindre Gourdon (Lot), où ils retrouvent les familles Malherbe, Legros, Didier, Marandel, etc. Les familles Devie et Bonhomme sont logées près d’Issoudun (Indre), au moulin de la Bonde.


Le préfet des Ardennes, qui se trouve à Sainte-Hermine (Vendée), constate dans un de ses courriers que les conditions dans lesquelles s’est produite l’évacuation n’ont pas toujours permis de diriger la population repliée dans les communes initialement assignées[1]. La Romagne en est l’illustration parfaite.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1M 123 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 1M = administration générale (fonds du cabinet du préfet)].


Portrait de Joseph Dominique Albertini en uniforme militaire, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Marie-Hélène Beltrami).

Quoique l’armistice soit signé le 17 juin 1940, de nombreux Romanais faits prisonniers ne rentrent qu’au bout de plusieurs années : c’est le cas par exemple d’Achille Cotte[1] ou de Dominique Albertini. Pour la plupart, ces soldats ne sont libérés qu’en 1945.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1145 W 10 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Le retour se fait très difficilement, et de manière échelonnée : dès le 1er juillet 1940, une zone interdite située au nord de l’Aisne est établie dans le département, et englobe le village. Pour rentrer, des laissez-passer sont nécessaires. Ils sont accordés selon le bon vouloir des autorités allemandes, qui multiplient les tracasseries administratives.


Les agriculteurs se demandent ce que sont devenues leurs cultures et leurs bêtes en leur absence. Seuls quelques-uns d’entre eux (comme André Didier ou Adolphe Macquin) peuvent rentrer à cette date.

L’absence de la majorité des exploitants permet aux Allemands de s’emparer aussitôt de terres : Alcide Cugnart, Alexis Boudaud et Alfred Devie (mais ce ne sont pas les seuls[1]) se voient confisquer respectivement vingt-quatre, trente-cinq et quarante-deux hectares. En outre, l’occupant leur prend leur matériel (faucheuse, moissonneuse, brabants, tombereaux, herses et râteaux), sous le prétexte fallacieux d’abandon.


[1] Archives départementales des Ardennes, 11R 89 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 11R = services temporaires de la période de guerre 1939-1945].


Le retour définitif du plus grand nombre s’étale sur presque toute l’année 1941, avec un pic en mai. Et ce n’est qu’en novembre que s’effectue le retour du dernier, Aristide Carbonneaux-Fétrot.

Date du retour à La Romagne (Ardennes)Nom du cultivateur
Juillet 1940Didier, André
Novembre 1940Macquin, Adolphe
1er mars 1941Lesein, Edmond
20 avril 1941Cotte, Achille (de retour d’un camp de prisonniers de guerre)
1er mai 1941Bocquet-Huet, Ernest
1er juillet 1941Marquigny, Joseph
3 juillet 1941Devie, Paul (de retour d’un camp de prisonniers de guerre)
1er août 1941Devie, Alfred
11 août 1941Boudaud, Jean-Baptiste
24 septembre 1941Chrétien, Gustave Henry
Non préciséeMarandel, Ernest
Non préciséeCugnart, Alcide
1er novembre 1941Legros, Auguste
9 novembre 1941Carbonneaux-Fétrot, Aristide
Quelques exemples du retour des cultivateurs à La Romagne (Ardennes) après l’exode de mai 1940.

Les Romanais dont le retour a lieu le plus tôt, c’est-à-dire en juillet 1940, retrouvent d’emblée La Romagne occupée par des troupes allemandes, dont une partie s’est installée dans l’école[1], et qui ne quitteront le village qu’en juin 1941.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1 W 5 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


En revanche, ceux qui reviennent après janvier 1941 ont la fâcheuse surprise de découvrir qu’ils ne peuvent réintégrer leur exploitation qu’à condition de travailler comme salariés agricoles de l’Ostland[1].

Cette situation entraîne des frictions et des plaintes auprès du procureur de La République, notamment lorsque certains des derniers rentrés découvrent chez leurs voisins du matériel ou du bétail qui leur appartenait autrefois, et qui aurait été « confié » par les Allemands.


[1] Ostdeutsche Landbewirtschaftung-gesellschaft ou Société agricole d’Allemagne orientale, créée par le ministre de l’Alimentation et de l’agriculture du Reich allemand.


Emprise de la WOL (Wirtschaftsoberleitung) à La Romagne, Archives départementales des Ardennes, 12 R 144, [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 12R = archives des services allemands pendant la guerre de 1939-1945].
Emprise de la WOL (Wirtschaftsoberleitung) à La Romagne, Archives départementales des Ardennes, 12 R 144, [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 12R = archives des services allemands pendant la guerre de 1939-1945].

L’Ostland applique dans les Ardennes un programme de confiscation de terres, comme cela a été fait peu de temps auparavant en Pologne. Cette société est représentée par la WOL[1], à la tête de laquelle se trouve le directeur départemental, établi à Charleville. Un Kreislandwirt[2] est nommé par arrondissement. Un Bezirkslandwirt[3] contrôle chaque canton. Un Betriebsleiter[4] réside dans la commune qu’il supervise, ou vit à proximité immédiate.


[1] Wirtschaftsoberleitung (service de mise en culture).

[2] Agriculteur d’arrondissement.

[3] Agriculteur de canton.

[4] Gérant, c’est-à-dire un chef de culture.


Ce dernier est un civil allemand qui applique une nouvelle politique agricole : l’occupant trouve que la culture ardennaise comporte trop de prés et de bois. Les paysans, désormais sous la férule germanique, doivent travailler en commun toutes les terres pour les emblaver[1] le plus possible, sans tenir compte des possessions de chacun[2]. En témoigne l’enlèvement des bornes marquant les limites des propriétés (Il faudra les remettre en place une fois la guerre terminée).


[1] Ensemencer en blé.

[2] Archives départementales des Ardennes, 1 W 35 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Cette prise de terres concerne quelque deux cent un hectares, rien que pour La Romagne (dont cinquante de cultures et cent cinquante et un de pâtures). Pour lui donner un aspect de légalité, les Allemands la notifient au préfet, qui doit à son tour en informer le propriétaire et le maire du village.


Ensuite, ce sont les bâtiments pour abriter les récoltes qui sont réquisitionnés (la grange de La Romagne n’est rendue à son usage premier que le samedi 31 mars 1945). Des maisons sont saisies pour servir de logement à des ouvriers travaillant pour le compte de la WOL de Draize (c’est le cas de bâtiments appartenant à Joseph Marquigny[1]).


[1] Archives départementales des Ardennes, 11R 409 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 11R = services temporaires de la période de guerre 1939-1945].


Au moment de l’invasion allemande, la Romagne compte trente-deux exploitations, dont vingt ont moins de vingt hectares. Parmi les douze restantes, seules deux ont une superficie comprise entre cinquante et cent ha[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 56 W 37 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


La reprise est difficile pour la campagne 1940/1941, car peu de sols peuvent être ensemencés (environ vingt-deux ha), et ce n’est qu’en 1942 que les terres sont à nouveau cultivées. Les exploitants se heurtent alors à de nouvelles obligations, puisqu’ils sont contraints de déclarer leurs récoltes et de les livrer à des organismes stockeurs. S’ils n’ont pas le matériel nécessaire, ils doivent faire appel obligatoirement à l’entrepreneur de battage désigné par l’occupant.


Aussitôt les habitants partis, des vols de bétail se produisent, des troupeaux d’armée sont formés. Le bétail errant devient propriété de la WOL, qui le confie à certains agriculteurs du village. Ce n’est qu’après bien des palabres, des démarches et des menaces que deux cultivateurs (Messieurs Cugnart et Lesein) parviennent à récupérer chacun… une bête[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1050 W 57 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Cette situation contraste fortement avec ce qui se passe du côté allemand, selon un Romanais qui a connu cette période :

« Une quarantaine de vaches confisquées par la WOL se trouvaient à la ferme de la Bouloi et étaient traites par des femmes d’origine polonaise. »

Témoignage oral de monsieur Louis Devie (Logny-lès-Chaumont), dont les parents étaient les propriétaires de cette ferme.

Lorsque la vie agricole reprend à La Romagne en 1941, il ne reste plus que cent un bovins. Les quelques attributions de bétail qui sont accordées sont fort modestes : à plusieurs reprises, une commission cantonale ne concède qu’une ou deux bêtes. Malgré toutes les difficultés endurées, il y en aura deux cent douze à la fin de l’année 1943.

À la suite de la disparition de la WOL, les attributions de bétail sont alors plus importantes. Il ne faut cependant pas croire que le cultivateur dispose comme il l’entend de sa production laitière. Il doit se conformer en cela (et comme pour le reste) aux décisions allemandes.


La Romagne doit fournir trente kilos de beurre par semaine, et la commune de Givron est contrainte d’en procurer cinq. Le responsable de la Kommandantur de la Romagne exige du maire de Montmeillant que tout le beurre fabriqué dans sa commune lui soit livré, sinon il sera arrêté une nouvelle fois.

La production ne peut aller qu’aux Allemands, qui achètent ce beurre 28 francs le kilo. Ces quantités de beurre représentent mille quatre cents à mille cinq cents litres[1] de lait. Pour se rendre compte de l’exigence, il faut savoir qu’une vache laitière en produit environ mille quatre cent soixante litres par an.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1 W 35 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Comme les troupeaux n’ont plus rien à voir avec ceux d’avant-guerre, les laiteries ne peuvent pas s’approvisionner normalement. Ces contraintes provoquent en particulier les doléances des établissements Hutin Frères[1], qui font le ramassage dans tout le secteur depuis longtemps, et qui sont désormais obligés de « faire un long trajet sans obtenir un seul litre de lait, en raison des contraintes de la Kommandantur ».


[1] Laiterie de La Neuville-lès-Wasigny (Ardennes).


D’autre part, les habitants font face à des difficultés de ravitaillement, tant alimentaire que vestimentaire. Les tickets de rationnement font leur apparition et parfois la chasse nocturne aux grenouilles menée par des jeunes gens du village améliore l’ordinaire des quelques habitants qui en bénéficient[1]. Les occupants manifestant un profond dégoût pour ces animaux, ils ne risquent pas de les confisquer à leur profit !


[1] Témoignage écrit de monsieur Pierre Malherbe †.


Adaptation au gazogène du camion de la cidrerie Malherbe à La Romagne (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).
Adaptation au gazogène du camion de la cidrerie Malherbe à La Romagne (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †).

Pour ce qui est des vêtements, le canton de Chaumont dispose pour l’ensemble des communes qui en font partie d’un certain nombre de points, qui doivent être répartis en fonction du nombre d’habitants de chaque village. Un cahier des attributions est tenu.

C’est ainsi que l’on sait qu’il faut douze points pour acquérir un blouson, et vingt-cinq pour un pantalon de travail. Quant au carburant, il est parcimonieusement attribué, obligeant chacun à modérer son utilisation des moyens de transport.


Rares sont les habitants (pour ne pas dire aucun), qui retrouvent leur maison intacte. La cidrerie, installée dans le village depuis les années vingt, est pillée : l’armée de l’occupant se serait livrée à diverses rapines, dont celui de vins et spiritueux[1].

Ce ne sont certainement pas les seuls responsables : entre le 11 mai (jour du départ des habitants) et la prise du village par les Allemands le 14 mai, des troupes françaises et des réfugiés belges ont traversé la commune et y ont aussi probablement participé.


[1] Archives départementales des Ardennes, 13R 1661 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 13R = dommages de guerre 1939-1945].


Périodiquement, le maire reçoit de la part des autorités allemandes des demandes de cantonnement. Il essaie d’y répondre le plus possible par la négative, arguant de l’état du village, avec ses maisons inhabitables et le pillage déjà subi[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1 W 35 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Les habitants entendent passer régulièrement des bombardiers allemands qui se dirigent vers l’Angleterre.

« Parfois, les avions ennemis perdent en cours de route des réservoirs, ce qui est attesté par ceux retrouvés aux Houis ou dans le bois d’Angeniville. D’autre part, les Allemands ont installé des radars à Doumely, mais aussi entre Marlemont et Signy-l’Abbaye, et un mirador sur la route des Fondys. »

Témoignage oral de monsieur René Lelong †.

Fernand Mennessier récupérant des débris d'avion du côté de Fraillicourt (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Michel Mauroy).
Fernand Mennessier récupérant des débris d’avion du côté de Fraillicourt (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Michel Mauroy).

Puis c’est le tour de bombardiers anglais, partant ou revenant de leur mission sur le territoire allemand. Comme ceux-ci, pourchassés par l’aviation ennemie, s’écrasent parfois dans des communes voisines (comme à Novion-Porcien, Fraillicourt ou Rocquigny), ce spectacle ajoute à l’horreur vécue par les populations.


La présence allemande est encore plus pesante lorsque la loi sur le STO[1] est promulguée. Elle concerne des jeunes gens de la commune ou y ayant des attaches, nés entre 1919 et 1923. Une vingtaine d’hommes sont concernés pour ces quatre années, dont Raymond Mauroy, Pierre Malherbe et Robert Laroche.


[1] Service du travail obligatoire.


Couverture de la brochure, non paginée, sans mention d'édition, Travailler en Allemagne, c'est gagner sa vie dans de bonnes conditions, Archives départementales des Ardennes, 1 W 151-3 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].
Couverture de la brochure, non paginée, sans mention d’édition, Travailler en Allemagne, c’est gagner sa vie dans de bonnes conditions, Archives départementales des Ardennes, 1 W 151-3 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

A partir de 1942, l’Allemagne a besoin de travailleurs, car nombre de ses ouvriers ont été mobilisés sur le front russe. Le recrutement d’ouvriers français volontaires est fondé sur la relève, instaurée dès le mois de juin. Un prisonnier est libéré contre trois ouvriers s’engageant à travailler en Allemagne.

Très rapidement, la donne change et c’est une libération accordée pour sept travailleurs qui s’engagent. Une importante propagande vantant les conditions de travail, de salaire, etc. accompagne la politique de collaboration du régime de Vichy.

Au-delà des avantages sociaux, l'Allemagne nazie vante aux travailleurs français les loisirs mis en place dans ses usines.
Au-delà des avantages sociaux, l’Allemagne nazie vante aux travailleurs français les loisirs mis en place dans ses usines.

En réalité, peu d’hommes se laissent ainsi séduire. C’est pourquoi l’Etat français fait parvenir des notes d’orientation hebdomadaire aux préfets pour rappeler que l’effort de propagande pour la relève ne doit pas se ralentir. L’argument est qu’en partant les ouvriers serviraient la cause de la France[1], ou que les prisonniers seraient d’autant plus nombreux à rentrer que le rythme de départ d’ouvriers serait plus important[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1 W 150, note d’orientation hebdomadaire n° 12 en date du 16 octobre 1942 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

[2] Archives départementales des Ardennes, 1 W 150, note d’orientation hebdomadaire n° 15 en date du 6 novembre 1942 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


La pression des autorités sous l’Occupation se fait sentir de plus en plus : en 1942, elle exige l’envoi de trois cent cinquante manœuvres non spécialisés. En 1943, il y a environ deux mille départs pour tout le département, qui compte deux cent vingt-six mille habitants[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 1 W 150 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Chaque travailleur se rendant en Allemagne doit être en possession d’un passeport valable. Cette demande est souscrite avec la plus grande sincérité et exactitude dès son arrivée.

Dans une lettre de la préfecture de police de Paris au préfet des Ardennes à Mézières en date du 2 février 1943, on apprend que Raymond Mauroy se trouve en Allemagne depuis le 30 novembre 1942 et qu’il a fait une demande de passeport le 17 janvier 1943 lors de son arrivée[1] à Solingen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Il sera de même pour Pierre Malherbe et Robert Laroche.


[1] Archives départementales des Ardennes, 112 W 11 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


En vertu d’un arrêté ministériel du 25 novembre 1942 et d’un arrêté préfectoral du 10 décembre 1942, chaque commune est obligée d’effectuer un recensement général des travailleurs disponibles : ce dernier concerne tous les hommes de dix-huit à cinquante ans. Ils sont ensuite répartis en différentes catégories (âge, situation familiale, etc.).

Il apparaît qu’un certain nombre de villages ardennais ne sont pas pressés de répondre à cette demande : c’est le cas de La Romagne, Givron, Rocquigny, Sery, Le Fréty, etc. Ils sont rappelés à l’ordre.


A partir de cette époque, ce recrutement a un caractère quasi obligatoire, et les réfractaires sont poursuivis beaucoup plus activement. Cette recherche, opérée par la gendarmerie, n’est pas sans créer des tensions entre la maréchaussée et la population. Elle entraîne aussi des scrupules chez les gendarmes, si bien que quelques-uns d’entre eux ne manifestent pas pour ce genre de mission une ardeur à toute épreuve.

Ils laissent parfois échapper une information sur la date et le but de leur tournée : les concernés peuvent ainsi trouver refuge dans l’environnement forestier du village. Pour se soustraire à ce recrutement, André Barré rejoint le maquis de Signy-l’Abbaye et le groupe de Draize, sous la direction de Fernand Miser.

Cet insigne des troupes de forteresse (secteur fortifié des Ardennes) est un symbole de résistance.
Cet insigne des troupes de forteresse (secteur fortifié des Ardennes) est un symbole de résistance.

Carte de travail et certificat de libération[ArbeitskarteBefreiungsschein], travail auxiliaire [Hilfsarbeit] dans l’usine de Volkswagen [Volkswagenwerk], ville de la Coccinelle [Stadt des KdF.-Wagens], arrondissement de Gifhorn [Krs. Gifhorn], collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe †.

Dans des rapports en provenance de la brigade de Chaumont-Porcien datant de mars et juin 1943, le brigadier évoque que le regard de la population change à leur égard, dans la mesure où la gendarmerie est intervenue non seulement lors de réquisitions pour l’Allemagne, mais aussi en raison du STO.

Dans son compte rendu de septembre, il insiste sur la répugnance éprouvée par les militaires par rapport aux ordres concernant le STO, soulignant qu’ils n’agissent que par contrainte et discipline, ce qui les met en porte-à faux vis-à-vis de la population.

Dans un autre document, il souligne que, de mars 1943 à mai 1944, quatre-vingt-huit recherches de réfractaires au STO sont restées infructueuses dans le canton. Par là, il laisse flotter l’idée que, sans rien dire, les gendarmes n’auraient pas apporté tout le zèle requis, afin d’être en accord avec leur conscience[1] .


[1] Service historique de la Défense, département de la Gendarmerie, site de Vincennes, 8E 226, registre de correspondance confidentielle au départ (R/4) du 16 septembre 1942 au 14 décembre 1946 [série E = compagnies puis groupements de gendarmerie départementale, sous-série 8E = compagnie de gendarmerie départementale des Ardennes (1917-1946), article 8E 226 = brigade territoriale de Chaumont-Porcien, 1942-1946].


Vadon, Jacques, Secteurs et maquis de la Résistance ardennaise, Archives départementales des Ardennes, 1 Fi 132 [série Fi = documents figurés, cartes, plans, gravures, cartes postales, photographies, dessins, sous-série 1Fi = documents de dimensions 24 * 30 cm et au-dessus].
Vadon, Jacques, Secteurs et maquis de la Résistance ardennaise, Archives départementales des Ardennes, 1 Fi 132 [série Fi = documents figurés, cartes, plans, gravures, cartes postales, photographies, dessins, sous-série 1Fi = documents de dimensions 24 * 30 cm et au-dessus].

Le maquis de Signy-l’Abbaye se livre à des actions ciblées vers les moyens de communications pour déstabiliser l’ennemi. En réaction, ce dernier fait surveiller les chemins de fer, en particulier ceux de la ligne Hirson – Charleville, mais en vain : les partisans continuent leurs opérations. De ce fait, des restrictions de la liberté de circuler pour les habitants du secteur sont appliquées. Le couvre-feu est ramené à 20 heures au lieu de 22 heures.


La Résistance fournit également son aide lors de parachutages (un terrain est créé à Chaumont-Porcien) ou assiste des clandestins qui souhaitent rejoindre les maquisards[1]. De juin à août 1944, son action s’intensifie, tandis que des destructions de matériel ont lieu contre des biens utilisés au profit des Allemands, comme à Saint-Jean-aux-Bois ou à Wasigny[2]. Les voies ferrées sont sabotées afin de retarder l’armée allemande dans son action.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, FOL-D1 MON-36, Giuliano, Gérard ; Lambert, Jacques, Les Ardennais dans la tourmente : l’Occupation et la Libération, Charleville-Mézières : Terres ardennaises, 1994, 453 p., page 159 [Contient un choix de documents et de témoignages.]

[2] Archives départementales des Ardennes, 1050 W 116 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Pont du chemin de fer de La Romagne, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Pont du chemin de fer de La Romagne, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dès le début de l’année, après avoir étudié le plan vert[1], André Point dit « commandant Fournier » [2] propose des déraillements sur certaines lignes, ce qui en rendrait l’exécution beaucoup plus facile.

Les coupures prévues sur la ligne de Liart – Amagne auraient lieu entre Montmeillant et Draize – La Romagne puis entre Novion-Porcien et Amagne[3]. Ces suggestions sont acceptées malgré l’arrestation d’un responsable de la SNCF et d’une équipe plan vert[4].

Elles permettent de répondre aux instructions données par la Résistance de se préparer à une insurrection nationale, en perturbant les transports et en lançant des actions contre les troupes de l’Occupation.


[1] Qui a pour but de neutraliser les voies ferrées.

[2] Chef de la Résistance ardennaise, membre de l’OCM (Organisation civile et militaire).

[3] Archives départementales des Ardennes, 1393 W 9 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

[4] Archives départementales des Ardennes, 1293 W 17 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Croquis de l'engin explosif trouvé près de la gare de Draize – La Romagne (Ardennes), Archives départementales des Ardennes, 1050 W 144 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].
Croquis de l’engin explosif trouvé près de la gare de Draize – La Romagne (Ardennes), Archives départementales des Ardennes, 1050 W 144 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

Le 10 juin vers 18 heures, une explosion se produit à deux kilomètres de la gare de Draize – La Romagne, à un endroit où la voie longe la forêt de Signy-l’Abbaye, alors que le train circule au ralenti. Le rail intérieur est déchiqueté et arraché sur une longueur de trois mètres environ, en même temps qu’une traverse. Aussitôt, une patrouille allemande de la Feldgendarmerie[1] fouille les alentours sans rien découvrir, sauf un débris dans le ballast qui semble provenir d’un petit engin explosif.


[1] Police militaire allemande.


Après une immobilisation de quelques heures, le convoi repart vers 21 heures[1]. Le lendemain, c’est une locomotive et cinq wagons qui sont détruits, nécessitant une vingtaine d’heures pour le déblai et les réparations. Le même jour, une autre locomotive et quatre wagons d’un train de matériel déraillent.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1050 W 114 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Pont du chemin de fer à Montmeillant, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Pont du chemin de fer à Montmeillant, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le 19 juin vers 23 heures, un train de troupes déraille, obstruant les voies pour une dizaine d’heures. Quelques jours plus tard, c’est un nouveau train de marchandises qui déraille près de Montmeillant. Après le départ des soldats ennemis, un avion allemand aurait mitraillé la gare de Draize – La Romagne[1].


[1] Témoignage oral de monsieur René Lelong †.


Dans la nuit du 21 au 22 juillet, le réseau télégraphique et téléphonique permettant les communications entre les gares de Wasigny et Draize – La Romagne est mis hors service : cinq poteaux ont été abattus[1].

Trois jours après, à la nuit tombée, une explosion en gare de Draize – La Romagne détruit la station d’alimentation en eau, la machine fixe est hors d’usage.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1050 W 114 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


Télégramme du 28 août 1944 par le chef de gare de Wasigny, Archives départementales des Ardennes, 1050 W 114 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].
Télégramme du 28 août 1944 par le chef de gare de Wasigny, Archives départementales des Ardennes, 1050 W 114 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

Le 28 août vers 20h30 (selon le rapport de la gendarmerie) trois explosions ont lieu à proximité, endommageant un appareil d’aiguillage, provoquant ainsi une interruption de trafic de 24 heures qui fait suite à une action permettant de couper la voie 1 en gare de Draize – La Romagne.

Télégramme du 29 août 1944 par le chef de gare de Wasigny, Archives départementales des Ardennes, 1050 W 114 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].
Télégramme du 29 août 1944 par le chef de gare de Wasigny, Archives départementales des Ardennes, 1050 W 114 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

André Barré (jeune homme portant des lunettes) et ses compagnons de la Résistance, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Angélique Barré).
André Barré (jeune homme portant des lunettes) et ses compagnons de la Résistance, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Angélique Barré).

Ces diverses actions sont menées par le réseau de résistance de Liart – Signy-l’Abbaye et la section de Draize, mouvements ralliés à différents moments par des jeunes gens de la Romagne[1] : André Barré (homologué FFC[2] et FFI[3])[4], Robert Carbonneaux (homologué FFI)[5], Raymond Ravignon et Raymond Didier en août 1944.


[1] Archives départementales des Ardennes, 1293 W 58 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

[2] Forces françaises combattantes.

[3] Forces françaises de l’intérieur.

[4] Service historique de la Défense, site de Vincennes, GR 16P 34597 [série GR = guerre et armée de Terre, sous-série GR P = Deuxième Guerre mondiale (1940-1946), inventaires GR 16 P = dossiers individuels de résistants].

[5] Service historique de la Défense, site de Vincennes, GR 16P 105945 [série GR = guerre et armée de Terre, sous-série GR P = Deuxième Guerre mondiale (1940-1946), inventaires GR 16 P = dossiers individuels de résistants].


Colonne de chars américains le 31 août 1944 sur le chemin de Renneville, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Gilbert Lebrun).
Colonne de chars américains le 31 août 1944 sur le chemin de Renneville, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Gilbert Lebrun).

Fin août, les Américains sont à Liart. Au cours des diverses opérations qui ont lieu lors de la libération du territoire, des soldats allemands sont pris et faits prisonniers à leur tour. C’est un retournement de situation, puisque des habitants du village ont eux-mêmes été capturés lors de la débâcle et libérés, selon leur statut, entre mars 1941 et mai 1945[1].


[1] Cette dernière date s’applique en général aux militaires de carrière.


Quelques–uns de ces prisonniers vivent à La Romagne, soit chez des cultivateurs, soit à la cidrerie où travaillent un ancien pilote de la Luftwaffe et Karl Kleiser (n° de prisonnier 452157).

Fiche de Karl Kleiser, prisonnier à La Romagne, Archives départementales des Ardennes, 44 W 13 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].
Fiche de Karl Kleiser, prisonnier à La Romagne, Archives départementales des Ardennes, 44 W 13 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].

Ce dernier, né le 12 novembre 1926 à Vohrenbach (Land du Bade-Wurtemberg), reçoit son certificat de libération le 5 août 1947 et devient un travailleur libre[1].

Il reste ensuite quelque temps à La Romagne, avant de regagner son pays. Il garde contact avec les personnes chez lesquelles il a été placé, préfigurant la réconciliation franco-allemande qui voit le jour dans les années soixante.


[1] Archives départementales des Ardennes, 44 W 13 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire (hors état civil, officiers publics et ministériels). Nota bene : les fonds contemporains reçoivent, au moment de leur versement, un numéro d’ordre suivi de la lettre W].


La Romagne n’en a pas fini avec la guerre et, même si celle-ci n’est plus sur son territoire, elle est présente avec le départ pour l’Indochine ou l’Algérie de quelques Romanais[1].


[1] Cette partie de l’histoire du village ne peut pas être abordée dans l’état actuel des recherches, en raison de la loi du 15 juillet 2008 sur la publication des archives.

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Les marguilliers et la fabrique de La Romagne avant la Révolution


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823889NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823889NUC2A.

Pour la vie paroissiale, le curé est en étroite relation avec le maire, les échevins, mais aussi avec la fabrique. Ce terme désigne à l’origine la construction d’une église. Le sens évolue vers le temporel d’une paroisse, c’est-à-dire ses biens et ses revenus, puis l’assemblée chargée de les gérer.

Cette dernière se compose de laïcs, appelés marguilliers ou fabriciens selon leur statut. Ils sont désignés ou élus pour un an par les paroissiens, au moment de Noël. Ils doivent normalement savoir lire et écrire. Ils sont souvent choisis parmi les laboureurs aisés.


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823883NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823883NUC2A.

A La Romagne, il peut y avoir deux marguilliers : le premier est en charge des affaires, tandis que le second (appelé marguillier des trépassés) s’initie aux affaires de la paroisse, avant de les gérer pleinement l’année suivante. Le choix d’un habitant pour remplir cette fonction est « une preuve que la personne est en estime de probité[1] ».

Les deux laïcs doivent assurer la responsabilité de la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à l’entretien, aux réparations de l’édifice et au mobilier de la paroisse : argenterie, luminaires, ornements.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin en date de MDCLXXXIII.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9747647, page non paginée, vue 1/16, consultable en ligne sur Gallica, Lettres patentes pour contraindre les marguilliers et paroissiens de rendre conte des dons et revenus de leur église, par devant MM. les évesques, archidiacres et officiaux, ou leurs commis et vicaires. Avec l'extraict des registres du Grand Conseil du Roy, Paris : A. Estiene, 1620, in-8°, 14 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-46939 (10).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9747647, page non paginée, vue 1/16, consultable en ligne sur Gallica, Lettres patentes pour contraindre les marguilliers et paroissiens de rendre conte des dons et revenus de leur église, par devant MM. les évesques, archidiacres et officiaux, ou leurs commis et vicaires. Avec l’extraict des registres du Grand Conseil du Roy, Paris : A. Estiene, 1620, in-8°, 14 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-46939 (10).

Le tout premier marguillier dont on trouve la trace au début du XVIIe siècle est Jean Robin, qui est « constre», c’est-à-dire chargé de rendre les comptes. En 1699, Judin Rifflet exerce à son tour cette charge durant quelques mois[1].

En 1740, c’est Jean Courtois le marguillier de l’église, tandis que le syndic est Louis Lebrun[2] . Ce dernier office est le plus souvent commun à la commune et à l’Eglise, car les gestions civile et religieuse sont étroitement liées.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268/7 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].

[2] Archives départementales des Ardennes, 7 J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 893.13.1, anonyme (école française de sculpture), Armes de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, calcaire polychrome et doré, XVIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. L'ecclésiastique a écrit des Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 893.13.1, anonyme (école française de sculpture), Armes de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, calcaire polychrome et doré, XVIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. L’ecclésiastique a écrit des Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.

En 1745, en dehors de celles du visiteur et du curé, on trouve parmi les signatures apposées lors de la visite de la paroisse les noms de P. Gagneux, Jean Canon, N. Rifflet, Jean Coutié et François Boudsocq. Puis, en 1783, dans les mêmes circonstances, celles de Pierre Richard Legros (ancien marguillier), François Boudsocq et Davaux. Ces noms sont certainement ceux des membres du bureau de la fabrique[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La location de terrains fournit d’autres recettes. Si le montant des baux n’est pas versé, la fabrique peut introduire un recours contre le mauvais payeur.

Un exemple en est fourni par Jean Hamelin, laboureur, condamné par une sentence du 1er août 1682, rendue en la cour sénéchalière de Reims, pour « n’avoir pas pu ou pas voulu payer 21 livres » représentant le montant de la location de prés à la fabrique de Montmeillant.


Les anciens bancs de l'église Saint-Jean ont été remplacés par des chaises, prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les anciens bancs de l’église Saint-Jean ont été remplacés par des chaises, prise de vue effectuée le dimanche 3 septembre 2017 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La fabrique tire également des revenus occasionnels de la vente de pommes, mais de plus importants de la vente des bancs de chœur[1] : en 1721, le Prieur Carré et André Sacré, marguillier en service, procèdent à l’adjudication des bancs libres pour un coût variant de « 7 livres pour le premier banc de la droite ou de la gauche à 20 sols[2] la place pour les autres bancs ».

Cette différence de prix permet de mieux comprendre la hiérarchie économique du village, sachant que les places les plus près de l’autel sont les plus chères. D’autre part, il est à remarquer que, quelle que soit la place de la famille dans le village, il n’est à aucun moment question des femmes.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 2 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, 1713-1721, actes de baptême, mariage, sépulture], publication de la vente de bancs de chœur, vue 33/34, consultable en ligne.

[2] Soit une livre.


Double Louis d’or au bandeau, 1745, Bayonne (avers ou droit).

Les revenus de la fabrique sont administrés par le marguillier. Celui-ci se charge de la recette et détermine la dépense ordinaire, après avoir demandé le consentement du curé et des principaux habitants qui composent le bureau.  Il doit présenter chaque année les comptes, après avoir veillé à faire rentrer les diverses sommes d’argent.

Or, malgré les ordonnances royales qui stipulent qu’on enjoint aux marguilliers, fabriciens de présenter les comptes des revenus et de la dépense chaque année, ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, en 1745, lors de la visite du vicaire général Zénard Viegen, les comptes de 1743 sont censés être les derniers effectués.

Double Louis d’or au bandeau, 1745, Bayonne (revers).

De même, lors de la succession de Louis Letellier établie par maître Watelier (notaire à Wasigny)[1], ce dernier doit la somme de 28 livres 6 sols et 9 deniers au titre de 1758 (année durant laquelle il a été marguillier).

Cette somme est comptée comme dettes passives dans l’acte notarié qui est dressé après son décès. Dans ce rapport, il est question de « revenus en souffrance ». Quelque trente ans plus tard, le problème est le même : en 1774, 600 livres et quelques sols sont dus à la fabrique, alors que « le revenu annuel de celle-ci est d’environ 200 livres[2] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, 3E35 499 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E35/1-613 = archives notariales de Wasigny].

[2] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Double louis d'or au buste habillé, 1783, Bordeaux (avers ou droit).
Double louis d’or au buste habillé, 1783, Bordeaux (avers ou droit).

Le curé note que « l’on ne fait pas les diligences nécessaires pour faire payer les personnes qui sont redevables à la fabrique », que certaines dettes « remontent à plus de 10 ans », que « certains sont aujourd’hui insolvables » et que les marguilliers en charge « ne veulent pas agir ».

A la suite de ces remarques, le curé écrit en conséquent au procureur fiscal de La Romagne. L’intervention se révèle efficace car, en 1783, il n’est plus question de dettes à l’égard de la fabrique et « les comptes sont rendus exactement ».


Louis d'or aux palmes, 1774, Paris (avers ou droit), représentant le buste du roi Louis XVI à gauche, en habit de cour, avec un jabot de dentelle, les cheveux noués sur la nuque par un ruban, et décoré de l'Ordre du Saint-Esprit.
Louis d’or aux palmes, 1774, Paris (avers ou droit).

Avec son revenu, la fabrique peut payer en 1774 les trente-sept messes hautes avec vigiles, les messes basses, le pain, le vin, le luminaire, la blanchisseuse, l’entretien de la sacristie, du maître autel, et de « tout ce qui est nécessaire ».

Louis d'or aux palmes, 1774, Paris (revers), représentant un écu de France couronné, entouré de deux palmes, avec une main de justice et un sceptre en sautoir.
Louis d’or aux palmes, 1774, Paris (revers).

Double louis d'or au buste habillé, 1783, Bordeaux (revers).
Double louis d’or au buste habillé, 1783, Bordeaux (revers).

Il n’y a pas de date précise pour former un bureau. Il se réunit en fonction des besoins. Or, en 1783, il n’y en a toujours pas d’établi « dans les formes, point de registres ni de papiers titres » mais un « registre des adjudications et reconnaissance des places ».


Ce coffre de fabrique (dit des marguilliers) date du XVe siècle. Il se situe dans la sacristie de l’église paroissiale Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Sa notice descriptive PM41000467 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.
Ce coffre de fabrique (dit des marguilliers) date du XVe siècle. Il se situe dans la sacristie de l’église paroissiale Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Sa notice descriptive PM41000467 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.

Quelle que soit l’époque, la personne choisie a parfois du mal, pour diverses raisons, à gérer l’administration de la fabrique. Les quelques documents écrits sont enfermés dans un coffre à trois clés. Celles-ci sont attribuées au curé, au marguillier et au principal paroissien. La consultation des papiers paraît assez difficile dans ces conditions.


Cinquante verges de ce pré appartenant à la fabrique sont vendues sous la Révolution à un habitant de Hauteville (Ardennes). La Huée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cinquante verges de ce pré appartenant à la fabrique sont vendues sous la Révolution à un habitant de Hauteville (Ardennes). La Huée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A la fin du XVIIIe siècle, la fabrique semble enfin correctement administrée financièrement, d’autant que la location des terres aux principaux habitants du village (Jean-Baptiste Mauroy, Pierre Langlet, Jean Arbonville, Pierre Simon, Nicolas Cercelet, Jean Lépinois, Hubert Laroche, etc.) assure un revenu régulier.

Trois quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un habitant de Rethel (Ardennes). Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Trois quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un habitant de Rethel (Ardennes). Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Archives nationales, document numérique, AE/II/1140, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l'Assemblée nationale en date du 2 novembre 1789 mettant les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, C30/246/2.
Archives nationales, document numérique, AE/II/1140, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur Archim, Décret de l’Assemblée nationale en date du 2 novembre 1789 mettant les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation, texte numérisé d’après l’original des Archives nationales, site de Paris, C30/246/2.

Avec la Révolution, elle plonge dans la tourmente, comme toutes les fabriques des autres paroisses. Le décret du 2 novembre 1789 met à la disposition de la Nation les biens ecclésiastiques, mais indique ne pas toucher à ceux des fabriques. Le décret de brumaire an III déclare en revanche propriété nationale tout actif de ces dernières, même ce qui est affecté à l’acquit[1] des fondations.


[1] Action d’acquitter.


Lieu-dit et surfaceLoyerLocataireMise à prixVente réaliséeAcquéreur
Le Jardin, pièce de pré10 livres 15 solsJean Tripier, tisserand300 livres610 livresToussaint Lallement
Le Pont Camelot, cinquante verges de pré13 livresJ.-B. Mauroy500 livres765 livresJ.-B. Suan (La Neuville-lès-Wasigny)
Le Pré Terlot, cinquante verges10 livres 5 solsJ.-B. Lepinois400 livres445 livresJ.-P. Letellier (le citoyen Tellier)
La Favée, deux quartels de pré10 livresPierre Mauroy200 livres450 livresJacques Remacle, homme de loi (Rethel)
Chemistresse, un quartel de pré2 livres 19 solsPierre Legros (propriétaire de la Cour Avril)100 livres100 livresPierre Legros
Le Bois Librecy, trois quartels de pré9 livres 10 solsFrançois Hezette, manouvrier200 livres300 livresJ. Remacle (Rethel)
La Fontaine aux Grues, soixante-dix verges de pré14 livresFrançois Mauroy400 livres665 livresJacques Gaudelet (Rethel)
Les Gros Saules, cinquante verges de pré20 livresThomas Thomas, laboureur800 livres810 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Grand Sart, trois quartels de pré9 livresFrançois Harbonville, manouvrier200 livres500 livresJ. Gaudelet (Rethel)
La Marchotterie, un quartel de pré3 livresClaude Champion (Rocquigny)100 livres140 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Chêne, un quartel de pré4 livresPierre Langlet, laboureur150 livres200 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Pré Hagnon, deux quartels8 livresJ.-B. Millet, manouvrier205 livres380 livresJ. Remacle (Rethel)
Le Pré Robin, un arpent24 livresJean-Charles Boudier, laboureur900 livres1500 livresJ. Gaudelet (Rethel)
Le Pré Haguenau, un quartel3 livres 16 solsPierre Langlet100 livres200 livresJ. Remacle (Rethel)
La Houette, trois quartels et un pugnet de pré12 livres 9 solsPierre Langlet300 livres800 livresJ.-B. Toupet (Montigny)
La Houette, trois pugnets de pré10 livresPierre Davaux200 livres600 livresJ.-B. Toupet (Montigny)
Le Rouage, un arpent de pré26 livres 15 solsThomas Devie1300 livres1800 livresJ. Remacle-Watelier (Rethel)
Le Marais, un quartel de pré7 livresPierre Hamel, manouvrier200 livres300 livresJ. Remacle-Watelier (Rethel)
Le Plutaux, neuf quartels de pré48 livresHubert LarocheNon préciséeNon préciséeNon précisé
Les Trois Terroirs, un quartel de pré1 livre 6 solsPierre Langlet40 livres135 livres J.-P. Letellier (le Mont de Vergogne)
La Huée, cinquante verges de pré18 livresMathieu Arbonville, cordonnier500 livres760 livresJean Le Roy (Hauteville)
Moranvaux, soixante-dix verges de pré10 livres 15 solsMathieu Arbonville300 livres550 livres J.-P. Letellier (le Mont de Vergogne)
Tébouzé, un quartel de pré5 livres 10 solsJean Lepinois, laboureur200 livresNon préciséeNon précisé
La Voilarme, un quartel de pré4 livresNicolas Cercelet100 livres145 livresHamel
La Voillarme, trois quartels de pré11 livresNicolas Cercelet400 livres600 livresJean Le Roy (Hauteville)
Le Pré Pigneau, cinquante verges9 livres 10 solsPierre Laroche400 livres510 livresFrançois Millet
Le Pré Pigneau, un quartel3 livres 5 solsJ.-B. Mauroy160 livres215 livresToussaint Lallement
La Rigolle, un quartel de pré7 livres 5 solsJ.-B. Millet200 livres330 livresHubert Laroche
La Favée, trois pugnets de pré7 livres 10 solsPierre Davaux200 livres300 livresJean Le Roy (Hauteville)
La vente des terres, prés et jardins des biens de la fabrique de La Romagne (Ardennes) trouve de nombreux acquéreurs à Rethel (Ardennes).

Le 17 fructidor an II, Montain Louis Macquart (juge de paix du canton de Rocquigny et commissaire nommé) inventorie les vêtements sacerdotaux et l’argenterie. L’inventaire estimatif des biens de la fabrique de La Romagne[1] ne concerne que les biens religieux, mais permet de mieux connaître la richesse de l’Eglise quant à la célébration du culte.

Il suit de quelques mois l’inventaire, puis la vente des terres, prés et jardins appartenant à la ci-devant fabrique[2] (19 avril 1793 et 15 août de la même année), dont les principaux acquéreurs ne sont pas les habitants du village ou des environs, mais de riches bourgeois de Rethel.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 503 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 483-511 = dossiers des fabriques (par ordre alphabétique des communes), 1790-1808].

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 276 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV]. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, Q 145 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].


Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Deux quartels de ce pré appartenant à la fabrique sont vendus sous la Révolution à un homme de loi de Rethel (Ardennes). La Favée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne (Ardennes) effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 24 mars 2022. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le dernier inventaire est dressé le 23 germinal an II[1] par Montain Louis Macquart, Hugues Crépeaux et Pierre Perrin (menuisier), le premier demeurant à Saint-Jean-aux-Bois et le second à Montmeillant. Une fois l’acte rédigé et la déclaration des présidents et officiers municipaux jurant qu’il ne reste plus aucun bien immeuble appartenant à la fabrique, il apparaît que la valeur totale de l’estimation des biens de l’église s’élève à 1760 livres 15 sols.

C’est à cette occasion que la distinction est faite concernant la propriété du bâtiment puisqu’il est affirmé que les habitants considèrent leur église comme appartenant à leur commune et non comme bien de fabrique[2].


[1] Soit le 12 avril 1794.

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 278 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 272-282 = vente de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823892NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, calice, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823892NUC2A.

Comme la vente ne peut se faire immédiatement, les meubles et effets sont laissés dans l’église et sacristie sous la surveillance de ladite municipalité. L’acte porte la signature des responsables de celle-ci, tels Langlet (président), Boudié (officier municipal), Pierre Douce, J. Pausé et Macquart. La vente mobilière des biens de la fabrique[1] a lieu le 24 vendémiaire an III[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 503 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 469-832 = administration du séquestre des biens nationaux, cotes Q 483-511 = dossiers des fabriques (par ordre alphabétique des communes), 1790-1808].

[2] Le 15 octobre 1794.


La Romagne (Ardennes, France) -- Église Saint-Jean, ciboire, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823885NUC2A.
La Romagne (Ardennes, France) — Église Saint-Jean, ciboire, propriété de la commune, notice descriptive consultable en ligne sur le portail Grand Est. Inventaire général du patrimoine culturel, numéro d’immatriculation IVR21_20130823885NUC2A.

Elle est menée par Montain Louis Macquart. Jean-Baptiste Deligny (notaire demeurant à Rocquigny) est aussi nommé audit effet pour la délibération susdite. Elle se fait en présence de Langlois[1] (maire), Boudier et Le Thellier[2] (officiers municipaux), après avoir été annoncée par affiches et par le son de la caisse (ou tambour).

Ces derniers procèdent à la dispersion des « boisseries, bancs, buffets et autres ustenciles restant du mobillier de la ci-devant fabrique du dit lieu de La Romagne ». Les biens sont répartis parmi les habitants de la paroisse ou des villages voisins.

Tout est acquis au comptant, ce qui est assez curieux : la loi n’exigeait qu’un premier paiement de 12%, et permettait de se libérer du reste en douze annuités.


[1] Langlet.

[2] Letellier (variante orthographique).


Ce banc des marguilliers date de 1755. Il se trouve dans l’église Saint-Ayoul à Provins (Seine-et-Marne). Sa notice descriptive PM77001403 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.
Ce banc des marguilliers date de 1755. Il se trouve dans l’église Saint-Ayoul à Provins (Seine-et-Marne). Sa notice descriptive PM77001403 est référencée par la base du patrimoine mobilier (Palissy), consultable en ligne sur la plateforme ouverte POP.

L’église est totalement vidée de son mobilier. Quelque vingt-huit bancs, dont certains ont un dossier, quand ce n’est pas le « banc du marguillier », trouvent très vite preneurs. Parmi les acquéreurs, on peut citer : Louis Noël, Pierre Mauroy, Toussaint Lallemand, Hubert Laroche, François Millet, François Arbonville, Jean Baptiste Miclet, François Hezette, Nicolas Cercelet, Pierre Lépinois, etc.


Confessionnal en bois peint du XIXe siècle de l'église Saint-Jean, prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Confessionnal en bois peint du XIXe siècle de l’église Saint-Jean, prise de vue effectuée le samedi 10 avril 2010 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce sont ensuite l’aigle et son pied (sur lequel on reposaient les évangiles pour la lecture durant la messe) qui sont adjugés à François Devie, ou le confessionnal qui devient la propriété de la veuve de Pierre Lallemand.

Les murs recouverts de lambris ou de boiseries sont mis à nu pour  leur vente. Les gradins et le maître-autel sont aussi dispersés parmi des acquéreurs, qui sont quasiment les mêmes.

Les armoires ou les coffres subissent le même sort, pour devenir la propriété de Jean-Baptiste Devaux, Gérard Miclet, François Mauroy.

Musée national du Moyen âge - Thermes et Hôtel de Cluny (Paris), numéro d’inventaire Cl. 19255, anonyme, Saint Jean l'Évangéliste, sculpture, 3e quart du 14e siècle, notice consultable en ligne.
Musée national du Moyen âge – Thermes et Hôtel de Cluny (Paris), numéro d’inventaire Cl. 19255, anonyme, Saint Jean l’Évangéliste, sculpture, 3e quart du 14e siècle, notice descriptive consultable en ligne.

Musée national de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, Yvelines), numéro d’inventaire PRP 004, Champaigne, Philippe de (1602-1674), Le Christ aux outrages, peinture à l’huile sur toile, vers 1655, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, Yvelines), numéro d’inventaire PRP 004, Champaigne, Philippe de (1602-1674), Le Christ aux outrages, peinture à l’huile sur toile, vers 1655, notice descriptive consultable en ligne.

Il ne reste rien des objets du culte. Même la pierre d’autel, placée au centre de celui-ci, et symbolisant le Christ (elle était gravée d’une croix), est vendue lors de la dispersion des biens. Elle est acquise par Pierre-Simon Legros. A la suite de ces événements, l’église est abandonnée et la fabrique disparaît[1].

Cette frénésie d’achats peut interroger. S’agit-il de mettre à l’abri de la convoitise ces biens, en ces temps troublés ? Ou souhaite-t-on prouver son attachement au nouveau régime, en démantelant ce qui a été, pendant des siècles, le cœur de la paroisse ?


[1] Cette institution est rétablie après la Révolution par l’article LXXVI du Concordat.

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Le cheval, un compagnon indispensable à La Romagne


Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-99049, Roche, Daniel, La culture équestre occidentale, XVI e -XIX e siècle : l'ombre du cheval. I, Le cheval moteur : essai sur l'utilité équestre, Paris : Fayard, 2008, 479 p.
Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-99049, Roche, Daniel, La culture équestre occidentale, XVI e -XIX e siècle : l’ombre du cheval. I, Le cheval moteur : essai sur l’utilité équestre, Paris : Fayard, 2008, 479 p.

Le rôle des chevaux est considérable dans la société rurale ancienne. Les inventaires après décès en signalent la présence à La Romagne, sans être explicites, que ce soit sur leur  race ou leur robe. On voit ainsi évoquer pour seul descriptif « poil rouge[1] », « poil jaune[2] », « poil gris ». C’est un peu succinct pour affirmer qu’il s’agit de chevaux ardennais. On peut penser que ces derniers sont des chevaux assez robustes, dont la race se serait modifiée quelque peu au XVIIe siècle. Ceci s’explique par la guerre de Trente Ans et la présence dans la région axonaise et ardennaise de la cavalerie espagnole, dont les montures étaient d’une autre origine.


[1] Un rouan vineux ?

[2] Un alezan ?


Brossage de Gonzague, hongre ardennais bai cerise, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Stéphanie Bosserelle, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Brossage de Gonzague, hongre ardennais bai cerise, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Stéphanie Bosserelle, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après la paix et le début du règne de Louis XIV, Colbert se saisit de ce problème d’abatardissement par un édit de juin 1665, car cet équidé est utilisé dans la cavalerie française. Or, cette dernière ne peut agir au mieux qu’en ayant des chevaux fiables. Turenne a, de 1672 à 1675, d’importants besoins pour mener ses campagnes en Allemagne, et ses demandes concernent des Ardennais. Ce cheval régional reprend toutes ses qualités aux siècles suivants, grâce aux soins attentifs qu’il reçoit, et à l’intérêt manifesté pour cette race.

Harnachement de Gonzague, hongre ardennais bai cerise, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Stéphanie Bosserelle, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Harnachement de Gonzague, hongre ardennais bai cerise, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Stéphanie Bosserelle, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Au XIXe siècle, dans les armées napoléoniennes, il est le cheval des dragons, des lanciers mais aussi des artilleurs qui apprécient ses qualités de tirage des pièces de canon.

Entraînement au pneu pour virer à gauche de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entraînement au pneu pour virer à gauche de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Harnachement complet (bride, collier, fessière, mors, sellette, sous-ventrière, surdos) de Droopy du Tivoli, cheval de trait ardennais, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire [identité non communicable en raison d’un accord de confidentialité], de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Harnachement complet (bride, collier, fessière, mors, sellette, sous-ventrière, surdos) de Droopy du Tivoli, cheval de trait ardennais rouan, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire [identité non communicable en raison d’un accord de confidentialité], de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour un paysan des XVe et XVIIe siècles, avoir un cheval est un signe d’aisance, car cela nécessite divers investissements (nourriture en avoine, harnachement, ferrage), des apprentissages (débourrage, mise aux brancards) et des soins pour éviter les maladies. Celles-ci sont nombreuses[1] comme la pneumonie, la pleurésie, les ophtalmies, les coliques, la gourme[2], la morve[3], le farcin[4]  ou la gale.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6516819, Dubroca, Daniel, Traité des chevaux ardennais, ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont, ce qu’ils peuvent et doivent être, Charleville : Jules Huart, imprimeur, 1846, 123 p., p. 82-111, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, S-26453, consultable en ligne sur Gallica.

[2] Maladie des voies respiratoires due à une bactérie, fréquente chez des sujets de moins de cinq ans.

[3] Maladie infectieuse qui peut se transmettre à l’homme.

[4] Manifestation sous forme de gonflements sur la peau de la morve.


Entraînement au pneu pour tracer un sillon de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entraînement au pneu pour tracer un sillon de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Un cheval permet à son propriétaire de faire les labours à la bonne époque, alors que celui qui n’en a pas doit louer « des journées » pour accomplir les tâches agricoles. Celles-ci parfois s’en trouvent retardées, et accomplies à des moments moins propices.

Entraînement au pneu pour apprendre à tourner de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entraînement au pneu pour apprendre à tourner de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Entraînement au pneu sur sol montueux de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entraînement au pneu sur sol montueux de Diva, jument ardennaise rouanne, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les chevaux ardennais sont appréciés pour cette tâche agricole car « les pieds ne s’enfoncent pas dans un sol ameublé[1] ou sablonneux, et c’est pourquoi ils sont très utiles au travail de la terre[2] ». D’autre part, l’Ardennais « ne crée pas d’ornière, sa démarche régularise les infiltrations d’eau et l’empreinte des sabots fixe le ruissellement et le freine[3]. »


[1] Lire « ameubli » (rendu meuble).

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9601451, Robien, Henry de, Le Cheval ardennais en Lorraine – au pays d’Ardennes, Paris : Lucien Laveur, éditeur, 1909, VIII-52 p., p. 44, texte numérisé d’après l’original du Château-Musée de Saumur, 2015-87468, consultable en ligne sur Gallica.

[3] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-99049, La culture équestre occidentale, XVIe-XIXe siècle : l’ombre du cheval. I, Le cheval moteur : essai sur l’utilité équestre, Paris : Fayard, 2008, 479 p., p. 124.


Transport de troncs d'arbres à La Romagne, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur René Lelong †).
Transport de troncs d’arbres à La Romagne, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur René Lelong †).

Ce cheval est aussi très utile pour rentrer les récoltes dans les granges, le débardage du bois, les déplacements en carriole ou en cabriolet pour les plus aisés. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, le curé signale qu’il ne peut atteindre certains hameaux éloignés de La Romagne d’un quart de lieue car il est « difficile d’aller sans un cheval à cause d’un petit ruisseau qu’il y a à passer à moins qu’on ne fasse un détour d’un quart de lieue »[1]. Pour cet ecclésiastique, un cheval est un moyen d’action indispensable pour se rendre auprès des malades ou des mourants vivant dans les hameaux éloignés de la paroisse, surtout en hiver.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 268 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 267-268, = doyenné de Rethel (1248-1790)].


Louis d'or, Metz, 1787, avers (ou droit) représentant la tête nue de Louis XVI à gauche, avec la légende circulaire  « LUD. XVI. D. G. FR. ET NAV. REX ».
Louis d’or, Metz, 1787, avers (ou droit) représentant la tête nue de Louis XVI à gauche, avec la légende circulaire « LUD. XVI. D. G. FR. ET NAV. REX ».

L’état des routes est mauvais : depuis le XVe siècle, la réparation des chemins est à la charge des communautés. Sully essaie d’améliorer le système en créant des « voyeurs », qui examinent les routes et chemins pour fixer avec les syndics communaux le nombre de jours nécessaires pour les réparations. Louis XIV institue la corvée royale, à laquelle les intendants ont recours. Elle est impopulaire, car elle pèse lourdement sur le monde rural.

Liée au nombre de chevaux possédés, elle doit être effectuée le plus souvent au moment où les travaux des champs sont les plus importants. Pour pallier ces désagréments, à partir de 1776, les paroisses peuvent opter pour une contribution et remplacer ainsi les douze jours de corvée. C’est le choix fait par le village, qui doit s’acquitter de la somme de 207 livres en 1787 et 1789.


Char à foin, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes).  Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Char à foin, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir de la Révolution, chaque cultivateur devient susceptible de fournir des chevaux « pour la République ». En brumaire An IV[1], le village dispose désormais de soixante-dix chevaux (à titre de comparaison, soixante sont répertoriés en 1773). Il est obligé d’envoyer une attelée de quatre chevaux pour porter du fourrage et des grains vers le Luxembourg, Rethel et Mézières, afin d’approvisionner les magasins militaires. Le canton doit fournir de son côté en tout huit voitures. Le mois suivant, ce sont seize voitures cantonales qui doivent être cédées, et trois nouveaux chevaux pour le village[2].


[1] Soit octobre 1795.

[2] Archives départementales des Ardennes, L 1336 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = Canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819].


Hôtesse de Damouzy, jument ardennaise bai brun en train de manger du foin,  prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Hôtesse de Damouzy, jument ardennaise bai brun en train de manger du foin, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Parfois, probablement las des réquisitions continuelles, les cultivateurs essaient de résister et de tromper les commissions. C’est ce que fait Thomas Devie, qui aurait dû montrer une jument lui appartenant, et qui n’a pas présenté le bon cheval à un examen pour faire établir un certificat. Comme les commissaires ont remarqué le subterfuge, il va devoir la conduire au plus vite sous peine de confiscation. L’absence d’un jugement ultérieur semble prouver qu’il s’est exécuté. Il figure parmi les laboureurs qui doivent toujours être prêts à produire leurs chevaux en cas de réquisition. Rien que pour l’an VII[1], Charles Thomas, Thomas Devie, Jean-Baptiste Baule[2] et Pierre-Simon Legros sont sollicités à plusieurs reprises : ils doivent tenir leurs chevaux à disposition pour le choix qui devra être fait d’une réquisition[3].


[1] 1798.

[2] Bolle.

[3] Archives départementales des Ardennes, L 1236-1337 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = Canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819].


Muséum-aquarium de Nancy, galerie de zoologie, numéro d'inventaire 2014.3.1, Bourguet, Michel (créateur), naturalisation de cheval de trait ardennais, cuir, métal, polyuréthane, bois, 2012, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l'association Musées Grand Est (Metz).
Muséum-aquarium de Nancy, galerie de zoologie, numéro d’inventaire 2014.3.1, Bourguet, Michel (créateur), naturalisation de cheval de trait ardennais, cuir, métal, polyuréthane, bois, 2012, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’association Musées Grand Est (Metz).

Ceux dont les chevaux sont sollicités sont indemnisés par l’ensemble des propriétaires d’équidés de la commune, sachant que ces derniers seront ensuite remboursés de leurs avances par l’Etat[1]. Mais l’argent ne rentre pas toujours très vite, la République étant souvent à court d’argent !


[1] Archives départementales des Ardennes, L 1337 [série L = administrations et tribunaux de l’époque révolutionnaire (1790-an VIII), articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 = Canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819].


Musée des beaux-arts et d'archéologie (Besançon), numéro d’inventaire B.990.1.1,
Swebach, Bernard Edouard (peintre, aquarelliste, graveur), La Retraite de Russie, huile sur toile, 1838, notice descriptive consultable en ligne sur Mémoire vive, le patrimoine numérisé de Besançon.
Musée des beaux-arts et d’archéologie (Besançon), numéro d’inventaire B.990.1.1,
Swebach, Bernard Edouard (peintre, aquarelliste, graveur), La Retraite de Russie, huile sur toile, 1838, notice descriptive consultable en ligne sur Mémoire vive, le patrimoine numérisé de Besançon.

Les états préparatoires et les réquisitions se poursuivent jusqu’à la fin de l’Empire, car les armées impériales sont grandes consommatrices de chevaux. En effet, Napoléon utilise des levées, en particulier d’Ardennais, pour le convoyage de ses pièces d’artillerie : un état dénombre, pour La Romagne, quatre-vingt-quatre chevaux susceptibles d’être réquisitionnés en 1813. Il est à noter que la plupart des chevaux qui sont sortis de la bataille de la Bérézina étaient ces robustes bêtes, ce que corrobore cette remarque de Paul Diffloth[1] : « Les chevaux semèrent de leurs cadavres la route de la retraite ; seuls, les chevaux ardennais, accoutumés au rude climat de leur pays, supportèrent vaillamment ces épreuves et ramenèrent en France l’artillerie impériale[2]. »


[1] Ingénieur agronome, professeur spécial d’agriculture.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-3410797, Diffloth, Paul, Races chevalines : zootechnie, Paris : J.-B. Baillière et fils, 1909, VIII-467 p.-20 pl., « Encyclopédie agricole », p.192-193, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-S-12845, consultable en ligne sur Gallica. Cité par Zeer, Joseph-Théophile, Le cheval ardennais dans l’Est, Paris : Berger-Levrault, 1925, XV-124 p.-VI pl., p.3, Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6527919, texte numérisé d’après l’original de l’Institut français du cheval et de l’équitation, 2013-100035, consultable en ligne sur Gallica.


Le nombre d’équidés susceptibles d’être réquisitionnés parmi l’ensemble de ceux qui sont possédés par les différents propriétaires romanais passe en 1817 à quatre-vingt-quatorze[1].

Nom du propriétaire des chevauxNombre de chevaux possédés en 1813Nombres de chevaux possédés en 1817
J.-B. Boudié44
J. Charles Boudié44
Boudsocq (meunier)11
J.-B. Canard33
J. Deligny35
J.-B. Devie810
Pierre Devie (militaire)33
François Devie22
Pierre Nicolas Devie45
Louis Devie34
J.-B. Dupont24
J. Charles Dupont67
Hubert Langlet34
Laroche (tailleur)03
Hubert Laroche22
Hubert Laroche (garçon)11
Pierre Laroche44
Simon Legros79
Jean Lepinois34
J.-B. Mauroy34
Gérard Merlin88
Marie-Jeanne Merlin56
J.-B. Thomas33
Bonnais (Bois Diot)02
Les propriétaires de chevaux de La Romagne du XIX e siècle peuvent voir leurs animaux réquisitionnés.

[1] Archives départementales des Ardennes, 7J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].


Roger-Viollet (Firme), référence 79448-14, Guerre 1914-1918. Homme peignant un cheval blanc en marron pour le camoufler, prise de vue du 1e  juin 1915, notice descriptive consultable en ligne sur le site de agence photographique (commanditaire).
Roger-Viollet (Firme), référence 79448-14, Guerre 1914-1918. Homme peignant un cheval blanc en marron pour le camoufler, prise de vue du 1e juin 1915, notice descriptive consultable en ligne sur le site de agence photographique (commanditaire).

Même si les guerres s’estompent sur le territoire français de 1815 à 1870, des états de chevaux à réquisitionner sont dressés dans le but de faire face à un éventuel conflit. Il en sera de même jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. L’arrondissement de Rethel compte encore en 1929 plus de dix mille chevaux, et une station de monte se trouve installée par l’administration des haras à Rocquigny.


Inventée par Émeric Lesix en 1859, la trépigneuse est un manège qui utilise la force motrice du cheval pour faire fonctionner des machines agricoles. Prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes).  Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Inventée par Émeric Lesix en 1859, la trépigneuse est un manège qui utilise la force motrice du cheval pour faire fonctionner des machines agricoles. Prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir des années 1950, le nombre des chevaux diminue à cause du développement de l’utilisation des tracteurs et des automobiles, mais aussi en raison d’une évolution des exploitations agricoles, qui se tournent non plus vers la culture mais vers l’élevage.

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Le travail de la terre à La Romagne, du laboureur au manouvrier


Débourrage de Diva, cheval de trait ardennais, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l'aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l'association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Débourrage de Diva, cheval de trait ardennais, prise de vue effectuée le jeudi 25 novembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire monsieur Joël Bailly, de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A côté des possesseurs les plus importants du village, que sont les religieux et les seigneurs de Chaumont, se trouvent des laboureurs qui sont propriétaires de tout ou partie des terres qu’ils cultivent. Pour cela, il leur faut disposer du matériel agricole nécessaire, et d’au moins deux chevaux à atteler pour pouvoir labourer.

Droopy du Tivoli, cheval de trait ardennais rouan, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l'aimable autorisation de son propriétaire [identité non communicable en raison d’un accord de confidentialité], de l'association Les Sabots du relais.  Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Droopy du Tivoli, cheval de trait ardennais rouan, prise de vue effectuée le mardi 21 septembre 2021 à Launois-sur-Vence (Ardennes), avec l’aimable autorisation de son propriétaire [identité non communicable en raison d’un accord de confidentialité], de l’association Les Sabots du relais. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Brabant (charrue), prise de vue effectuée le vendredi 23 juillet 2021 devant l'auberge de Gironval, à Thin-le-Moutier (Ardennes), avec l'aimable autorisation de madame Agnès Ayer. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Brabant (charrue), prise de vue effectuée le vendredi 23 juillet 2021 devant l’auberge de Gironval, à Thin-le-Moutier (Ardennes), avec l’aimable autorisation de madame Agnès Ayer. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour disposer d’une charrue, il faut au minimum exploiter de quarante à soixante arpents (soit environ quinze à vingt-cinq hectares). Il s’agit donc de laboureurs assez aisés et ils sont très peu nombreux dans le village[1].

AnnéeUne charrueUne demi-charrueAucune indication
1702113
1712391
1714143
1720410
172577
La possession d’une charrue témoigne d’un certain statut social.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales, articles C 2065-2659 = administrations et juridictions financières et fiscales, subdélégations de Champagne, 1585-1790].


 Cense Longueval, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cense Longueval, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A côté d’eux, de petits laboureurs à « demi ou quart de charrue », dont nous parle Terwel[1] partagent avec une (voire deux ou trois autres personnes) la propriété des instruments aratoires. C’est d’autant plus possible que, bien souvent, on exploite une ferme ou cense (encore appelée tenure) en famille.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfiche, MFICHE 8-LC20-57, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 », in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième année, mai-août 1902, p. 97-256. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Cense Longueval, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cense Longueval, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le terme de cense vient tout droit d’un état juridique compliqué et concerne un ensemble de terres à exploiter soumis au droit seigneurial.

AnnéeEn propreEn propre et censeEn cense seuleSans précision
1702257
17123352
17141232
1720914
17258231
La terre peut être en cense, en propre, ou les deux à la fois.

Le tenancier se doit donc d’acquitter « des droits seigneuriaux ». Le censitaire est un exploitant à « bail perpétuel », puisqu’on reconnaît des droits à sa famille jusqu’à l’extinction de celle-ci, au point que la cense[1] prend parfois le nom de la famille qui la cultive.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales, articles C 2065-2659 = administrations et juridictions financières et fiscales, subdélégations de Champagne, 1585-1790].


Demi-louis d'or à la mèche longue, Monnaie du Louvre, Paris, 1643, avers (ou droit) représentant la tête laurée de Louis XIII le Juste à droite,  avec baies dans la couronne.
Demi-louis d’or à la mèche longue, Monnaie du Louvre, Paris, 1643, avers (ou droit) représentant la tête laurée de Louis XIII le Juste à droite, avec baies dans la couronne.

Le fermage est un autre mode de gestion de la terre. Le propriétaire foncier concède la terre dans le cadre d’un bail à terme, renouvelable tous les trois ans à cause « des roies » (ou assolement triennal), moyennant un loyer fixe, le plus souvent en argent.

Ces baux ruraux sont passés devant un notaire royal et, depuis le XVIe siècle, ils dépassent rarement la durée de neuf ans. Auparavant, ils pouvaient aller jusqu’à vingt-cinq ans, ce qui laissait une plus grande stabilité pour la gestion des biens.

Or, les guerres de la première moitié du XVIIe siècle et la dépression agricole qui se produit au XVIIIe siècle font que les propriétaires changent plus souvent de locataires, et que beaucoup de baux sont résiliés au bout de trois ou six ans.

Demi-écu d'argent, Monnaie de Matignon, Paris, 1643, avers (ou droit) représentant le buste lauré, drapé et cuirassé de Louis XIII le Juste à droite, avec baies dans la couronne.
Demi-écu d’argent, Monnaie de Matignon, Paris, 1643, avers (ou droit) représentant le buste lauré, drapé et cuirassé de Louis XIII le Juste à droite, avec baies dans la couronne.

Le Merbion, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Merbion, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les obligations du preneur sont codifiées dans le bail. C’est ce qu’on peut voir avec celui qui est passé en 1771 par devant Maître Watelier (notaire royal à Wasigny) entre Marie Peltier, dite « madame du Merbion » [1] d’une part et Jean Lespinois et sa femme Marie-Nicole Cousin d’autre part.

Le document est ainsi établi « pour trois, six, neuf années aux choix respectifs des parties en avertissant trois mois avant l’expiration desdites trois ou six années pour commencer le 1er mars 1772 ».

Bonnefantenmuseum (Maastricht, Pays-Bas), numéro d’inventaire 1004918, Polack, Jan, Saint Martin et le mendiant, peinture (panneau, tempera, feuille d'or), vers 1500, notice descriptive consultable en ligne.
Bonnefantenmuseum (Maastricht, Pays-Bas), numéro d’inventaire 1004918, Polack, Jan, Saint Martin et le mendiant, peinture (panneau, tempera, feuille d’or), vers 1500, notice descriptive consultable en ligne.

Il consiste en une ferme située au Prieuré près le Moulin Garot. Cette dernière est composée « d’un corps de logis, bâtiments, grange, écurie, jardin, chènevière, terres, prés, plants d’arbres à charge d’entretenir les bâtiments des réparations locatives, de tenir les jardins en bon état ainsi que les haies vives, de piocher le pied des arbres à fruits, de cultiver, labourer et ensemencer les terres dans leurs roies, payer les droits seigneuriaux […] pour une redevance de 180 livres plus une journée avec un attelage de bons chevaux pouvant être employée aux choses que ladite bailleuse jugera à propos. Le tout pour chacune année à la Saint-Martin d’hiver [2] ».


[1] Car veuve de Pierre Jadart du Merbion (1692-1759, major au régiment de Bergeret) et mère de Pierre Jadart du Merbion (1737-1797, général de division de la Révolution française).

[2] Archives départementales des Ardennes, 3E35 504 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 35/1-613 = archives notariales de Wasigny].


Le Bochet et les Terres Jacques, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Bochet et les Terres Jacques, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Il arrive, et cela est vrai surtout à la fin du XVIIIe siècle, que des baux soient signés avec un locataire, mais que celui-ci, à son tour, sous-loue le bien.

C’est ce qui apparaît au moment de la vente des biens nationaux de l’émigré Courtin, où l’on constate que les signataires des baux (en particulier Michel Bolle et J. B. Mauroy) ne sont pas les véritables détenteurs, qui se révèlent être tantôt J. B. Fressancourt, Charles Thomas Devie ou Charles Thomas Miclet[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 134 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].


Le Bochet, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Bochet, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ces arrangements ont pour but premier d’accroître le bien foncier de l’une des parties, tout en procurant de l’argent liquide à l’autre. Cette dernière peut faire face à des besoins urgents pour régler des prélèvements tels : dîme, droits seigneuriaux, impôts royaux directs et indirects, etc.

Elle peut également réinvestir dans une autre terre, donnant ainsi aux paysans l’occasion de constituer des pièces de terre de superficies plus importantes, et de faciliter ainsi leur travail.

Terroir de La Romagne, avec vue sur La Ruelle, repérage topographique des lieux-dits effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Terroir de La Romagne, avec vue sur La Ruelle, repérage topographique des lieux-dits effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les Houis Bas, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les Houis Bas, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

C’est ce qu’a dû prévoir en mars 1747 Jean Coutier, marchand demeurant à La Romagne, lorsqu’il achète à Charlotte Parisot (veuve de Thomas Devie) un quartel de terre au Pré Mellier budant[1] du couchant et d’un autre bout à un de ses biens.  La vente peut se révéler obligatoire, lorsque le bien est si éloigné qu’il est impossible de l’exploiter. C’est ce qu’est obligé de faire en 1714 Daniel L’Escholier (ou Lescoyer) habitant aux Houis, lorsqu’il hérite les biens familiaux situés sur les terroirs de Dohis et d’Iviers (Aisne). Il s’en sépare et les vend à un habitant de cette paroisse[2].


[1] Pour le sens de « budant à » (« attenant à »), voir Tamine, Michel, « Le vocabulaire toponymique de la limite : éléments d’un inventaire ardennais (suite et fin) », In Nouvelle revue d’onomastique, Paris : Société française d’onomastique, 1983-, n°33-34, 1999, p. 31-92, Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-X-1826 [périodique, consultable en ligne sur Persée].

[2] Archives privées et personnelles [source non communicable en raison d’un accord de confidentialité].


Terroir de La Romagne, avec vue sur Givron, repérage topographique des lieux-dits effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Terroir de La Romagne, avec vue sur Givron, repérage topographique des lieux-dits effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Du fait des nombreux partages intervenant à chaque succession, il est rare que des pièces de terre aient une superficie de plusieurs arpents, si un remembrement par rachat de terre n’a pas lieu. En étudiant les legs faits à l’église de la Romagne, ou à la lecture des actes notariés, les surfaces dont il est question dans tous ces actes se résument plus souvent à quelques pugnets[1], verges[2] ou quartels[3]. Tout ceci est lié à la division, lorsque c’est possible, de la pièce de terre en autant de lots que d’héritiers par des « experts nommés » pour apprécier ladite succession.


[1] Mesure agraire équivalant à un demi-quartel.

[2] Unité en vigueur dans les Ardennes  variant de 22 à 55 m2 selon le lieu.

[3] Surface représentant  le quart d’un arpent ou vingt-cinq verges.


Côte au Saint Foin (comprendre sainfoin),  repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Côte au Saint Foin (comprendre sainfoin), repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Des lots de même valeur, sans être forcément de même superficie, mais constitués chacun de pièces différentes, ne semblent pas être la norme. Ainsi, en trois générations, c’est l’émiettement et l’éparpillement le plus complet. Il ne reste plus qu’à échanger les terres quand cela est possible.

Le Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le Mont de Vergogne, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Mont de Vergogne, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La vente n’est pas la seule solution existant pour se procurer des liquidités. Le laboureur peut avoir recours à « une vente temporaire » ou avance d’argent garantie sur un bien foncier. C’est ce que pratique en avril 1709 Marin Letellier, laboureur demeurant au Mont de Vergogne. Il rencontre, comme bien de ses semblables, des difficultés avec cette terrible année.

Pour la somme de 200 livres, il vend à Jean Caneau, marchand résidant à La Cour Honorée, paroisse de Saint-Jean-aux-Bois, « une ‘mazure’, chènevière, jardin à arbres fruitiers en dépendant, six arpents de terre labourable, deux quartels de pré en deux pièces, trois autres pugnets ». L’ensemble provient de Pierre Leclerc et sa femme Poncette Sonnet, à la suite d’un acte signé devant le notaire royal de Lalobbe en 1692.

S’il parvient à rembourser la somme dans le délai imparti et en un seul paiement, il rentre dans son bien après avoir acquitté une « valeur locative » de 10 livres et deux paires de poulets pour chacune des trois années. Sinon, l’ensemble du bien sera acquis au preneur[1].


[1] Archives privées et personnelles [source non communicable en raison d’un accord de confidentialité].


La mare aux grenouilles des Houis Hauts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La mare aux grenouilles des Houis Hauts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Cette façon d’emprunter pour se procurer des liquidités et faire face aux difficultés liées aux mauvaises récoltes se pratique aussi souvent que les paysans sont acculés. Les riches marchands ou les laboureurs y trouvent aussi grandement leur intérêt.

Ainsi, l’année 1776, marquée par de mauvaises récoltes, contraint Jean Cocu et sa femme Jeanne Gagneux à délaisser pour trois ans à Jean Philbert, laboureur de la paroisse de Rocquigny, une pièce de terre plantée de dix arbres fruitiers sise aux Houis, contre la somme de 150 livres. Or, le couple n’a aucune certitude de récupérer son bien si les années suivantes sont aussi médiocres ou s’il doit faire face à d’autres ennuis.

Ecu aux branches d'olivier, Lille, 1776, avers (ou droit) représentant le buste de Louis XVI à gauche, portant une veste brodée, avec l'ordre du Saint-Esprit, les cheveux noués sur la nuque par un ruban.
Ecu aux branches d’olivier, Lille, 1776, avers (ou droit) représentant le buste de Louis XVI à gauche, portant une veste brodée, avec l’ordre du Saint-Esprit, les cheveux noués sur la nuque par un ruban.

Musée du Louvre (Paris), numéro d'inventaire INV 606 [B 183] Santi, Raffaello, dit Raphaël, Saint Jean Baptiste dans le désert désignant la Croix de la Passion, bois transposé sur toile, 1e quart du XVIe siècle (vers 1516), notice descriptive consultable en ligne.
Musée du Louvre (Paris), numéro d’inventaire INV 606 [B 183] Santi, Raffaello, dit Raphaël, Saint Jean Baptiste dans le désert désignant la Croix de la Passion, bois transposé sur toile, 1e quart du XVIe siècle (vers 1516), notice descriptive consultable en ligne.

La vente d’une terre se fait en général au comptant. Il existe néanmoins d’autres arrangements qui permettent de pouvoir acquérir un lopin de terre, à une époque où le crédit tel que nous le connaissons n’existe pas.

Dans ce cas, le vendeur accepte dans l’acte de vente un paiement en plusieurs fois à date fixée d’avance, et sur un délai de quelques mois à quelques années (deux ans assez généralement). C’est ce que font Jean Lambert et sa femme Marie-Nicole Deschamps : ils acceptent que Jean Delahaye, laboureur qui a acquis en décembre 1745[1] un de leur biens situé « au Bois Diot » pour la somme de 72 livres le paie en quatre fois soit :

  • un quart à La Saint-Jean d’été[2] (juin) 1746 ;
  • un quart à la Saint-Martin d’hiver (décembre) 1746 ;
  • de même pour les deux derniers quarts aux dates identiques en 1747.

[1] Date de la rédaction de l’acte.

[2] Jean le Baptiste (de qui Jésus a reçu son baptême) est fêté le 24 juin. Il ne doit pas être confondu avec Jean l’Evangéliste (l’apôtre), célébré le 27 décembre (Saint-Jean d’hiver).


Prairies bordant le chemin de La Culée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Prairies bordant le chemin de La Culée, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Comme l’équilibre entre les besoins alimentaires et la capacité de production est précaire, la pénurie menace toujours. C’est pourquoi les paysans qui ne disposent pas d’assez de terres pour en vivre sont les premiers à souffrir des difficultés économiques.

Le Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Pour tenter de survivre, à défaut de mieux vivre, ils se mettent au service d’un laboureur comme manouvrier. Ou, comme le note le curé en 1774, conscient de l’état constant de pauvreté d’un grand nombre de ses paroissiens, ils « travaillent pendant l’hiver dans les bois tandis que l’été, ils essaient de trouver des places pour faucher dans les prés et pour couper les blés ».

D’autres exercent une seconde profession (comme celle de marchand) ou, s’ils le peuvent, louent des terres pour essayer de se mettre à l’abri du besoin.

Le pré Pigneau, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le pré Pigneau, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 22 novembre 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La Révolution change le mode d’exploitation agricole et remanie les arrangements qui peuvent exister entre propriétaires et exploitants de la terre.

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La Romagne et la seigneurie de Chaumont-Porcien


Cours d'eau de Thin-le-Moutier, prise de vue effectuée le vendredi 23 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cours d’eau de Thin-le-Moutier, prise de vue effectuée le vendredi 23 juillet 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La puissance de la féodalité, qui s’exerce sur un grand nombre de villages avec les comtes du Porcien (connus par leurs possessions terriennes), marque profondément ce territoire. Cela est d’autant plus vrai qu’ils savent aussi s’allier à l’Eglise de Reims par des dons territoriaux importants, que ce soit pour racheter les fautes de leur vie terrestre, ou s’assurer l’au-delà.

Le XIe siècle révèle la modification du comté du Porcien, avec le démembrement de la Seigneurie de Chaumont -Porcien et son intégration aux biens de la famille de Rozoy, qui n’appartient pas au comté de Champagne. Ceci est consécutif aux troubles qui ont éclaté à la suite du mariage de Godefroy de Namur et de Sybille de Porcien, fille de Roger VII.

Cette seigneurie, enfermée à l’intérieur du comté, se délimite en traçant une ligne qui part et revient à Renneville en étant bornée par les villages de Mainbresson, Saint-Jean-aux-Bois, Maranwez, Librecy, Thin-le-Moutier, Grandchamps, Mesmont, Wasigny, Bégny, Chappes, Logny, et Trion[1].


[1] Pour ce qui est de la division du terroir, voir Gostowski, Grégory, La Féodalité dans le comté de Porcien Xe – XIIIe siècle, mémoire de maîtrise, Université de Reims Champagne-Ardenne, 1998.


Le blason communal de Rozoy-sur-Serre est d’argent aux trois roses de gueules boutonnées d’or.
Le blason communal de Rozoy-sur-Serre est d’argent aux trois roses de gueules boutonnées d’or.

La famille de Rozoy développe une affection toute particulière pour cette seigneurie et son abbaye, au point de doter considérablement cette dernière en terres et en bois. Dès 1219, Roger II de Rozoy et sa femme Aélis la pourvoient d’une maison franche à La Romagne, sachant qu’un don identique est fait pour les villages de Rocquigny et de Rubigny. Ce don est confirmé une dizaine d’années plus tard par le fils de ce seigneur. Il y ajoute même, pour chacune de ces paroisses, le droit d’avoir un « bourgeois libre », qui est exempt de tailles et de tous les autres droits dus en ce temps-là aux seigneurs fonciers.

La seigneurie de Chaumont, incluse dans la baronnie de Rozoy jusqu’au XIVe siècle, ne reste pas dans son étendue telle que l’on vient de la décrire. Elle passe successivement par voie d’héritage dans les mains de différents seigneurs, et se trouve divisée. Il n’en reste pas moins que La Romagne dépend principalement pour son terroir à la fois du seigneur laïque de Chaumont, et de l’abbaye du même lieu.


Anciennes douves du château d'Apremont, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Anciennes douves du château d’Apremont, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Dans la première moitié du XIIIe siècle, Gobert VI, sire d’Apremont en Lorraine, épouse Julienne, fille de Roger de Rozoy. Il fait construire un château. Dom Lelong[1] donne au bâtiment qui se trouvait à l’entrée de la forêt d’Etremont le nom de « château d’Apremont ».

Or, le vrai, disparu depuis bien longtemps, et dont le souvenir seul subsiste dans la toponymie, était situé dans le bois dit d’Apremont au territoire de La Romagne. Ce lieu rappelle donc l’origine de Gobert VI.


[1] Bayerische StaatsBibliothek, 4 Gall.sp. 55 r, Le Long, Nicolas, Histoire ecclésiastique et civile du diocèse de Laon et de tout le pays contenu entre l’Oise et la Meuse, l’Aisne et la Sambre, Châlons : Seneuze, 1783, 683 p., p. 409, vue 422/658, consultable en ligne sur la bibliothèque numérique du Münchener DigitalisierungsZentrum [cité par Martin, Gérard-Adolphe, Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois, Paris : le Livre d’histoire, « Monographies des villes et villages de France », 2007, tome II, 765 p. p. 42, exemplaire consultable à la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-16845 < Vol. 2 >].


Fougères du bois du Fief, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Fougères du bois du Fief, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Une seigneurie comprend le fief (survivance du système féodal), le domaine et éventuellement la justice[1] (basse, moyenne et haute[2]). Souvent, par le jeu des successions, des partages, des mariages ou des ventes, de nombreuses terres sont dispersées et le seigneur peut n’être que « seigneur en partie ». En général, les villages ont plusieurs seigneurs laïques ou religieux qui, la plupart du temps, n’y résident en fait jamais.


[1] Le seigneur peut juger les affaires relatives aux droits qui lui sont dus : cens, rentes, exhibitions de contrats et héritages sur son domaine. Il s’occupe aussi des délits et amendes de faible valeur (dégâts des bêtes par exemple). Il a autorité sur les rixes, injures et vols. Les délits ne peuvent être punis de mort. Sa justice s’occupe des successions et de la protection juridique des intérêts des mineurs : apposition de scellés, inventaire des biens, nomination des tuteurs, etc.

[2] En haute justice, le seigneur (ou plus exactement le juge seigneurial) peut juger toutes les affaires et prononcer toutes les sentences, dont la peine capitale. Celle-ci ne pouvait toutefois être exécutée qu’après confirmation par des juges royaux avec appel obligatoire, porté devant les parlements.


Tremble attaqué par le gui dans le bois du Fief, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tremble attaqué par le gui dans le bois du Fief, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le domaine (ou réserve) est la partie de la seigneurie réellement possédée et exploitée.  Il comprend éventuellement la maison seigneuriale édifiée sur ce territoire, mais surtout les fermes, métairies, forêts, étangs, champs, prés, moulins.  Mis en location, ces éléments représentent eux aussi un capital et un revenu, tout comme les bois. La Romagne n’échappe pas à cette règle, puisqu’elle dépend de la seigneurie de Chaumont-Porcien qui s’étend à tous les environs.


Archives départementales des Ardennes, La Romagne A2 1835, bois d'Apremont et Houis Bas, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne A2 1835, bois d’Apremont et Houis Bas, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, consultable en ligne.

A partir de 1300, alors que les habitants du village doivent la garde au château de Chaumont, Jehan de Liestemberch, « escuyer », tient en 1389 la tierce partie de la ville de « La Romaigne », la justice haute, moyenne et basse, ainsi que les terrages. Ce n’est qu’à l’occasion de l’inventaire de 1737 que l’on apprend que les droits de guet et de garde ont été rayés comme appartenant au « roi seul[1]».


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons-en-Champagne, C 2544 [série C = administrations provinciales, articles C 2535-2551 = administrations et juridictions financières et fiscales, chambre du domaine des bureaux des finances, fonds concernant les actes de foi et hommage, aveux et dénombrements (1628-1758)].


Musée Condé (Chantilly, Oise), numéro d'inventaire PE 576, Perréal Jean, Portrait de Charles VIII [roi de France de 1483 à 1498], réplique d'après un original de l'Ecole française, huile sur bois, début 16e siècle, notice descriptive consultable en ligne.
Musée Condé (Chantilly, Oise), numéro d’inventaire PE 576, Perréal Jean, Portrait de Charles VIII [roi de France de 1483 à 1498], réplique d’après un original de l’Ecole française, huile sur bois, début 16e siècle, notice descriptive consultable en ligne.

Dans le recensement de la terre de Chaumont fait en 1493 par le roi Charles, La Romagne est mentionnée comme « appartenant en partie et en indivis à Charles, sire de ‘Chastillon’, chevalier et chambellan du roi, et à Messire Jehan, seigneur de Jeumont, ainsi qu’à Jehan, seigneur de Lescrement, ‘escuier’ ».

En 1499, Jean Destable, possesseur de la terre de Chaumont en entier, chevalier seigneur d’Ysengheim, baron de Chaumont-lez-Porcien, seigneur de Rubigny et Vaudemont[1] fait également un dénombrement dans lequel on apprend qu’il possède la ville de « La Romaigne » et la « justice d’icelle[2] ».


[1] La commune de Wadimont, avec Logny-lès-Chaumont, est actuellement rattachée à Chaumont-Porcien.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-20343 < Vol. 1 >, Martin, Gérard-Adolphe, Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois, Paris : le Livre d’histoire, « Monographies des villes et villages de France », 2007, tome I, 642 p., p. 584.


Jusqu’à la fin du Moyen-Age, le territoire est partagé entre divers seigneurs, puis vendu et racheté à plusieurs reprises.  Un état des terres datant de 1509, fourni au roi à « cause de ses château et châtellenie » par Jean Destable (seigneur d’Ysengheim) et Hannogne, baron de Chaumont-lez-Porcien et seigneur de Wadimont, nous apprend que la ville de « Romaigne » fait partie de ses domaines[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-16845 < Vol. 2 >, Martin, Gérard-Adolphe, Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois, Paris : le Livre d’histoire, « Monographies des villes et villages de France », 2007, tome II, 765 p., p. 5.


La connaissance des seigneurs-possesseurs des domaines plus ou moins importants du village reste lacunaire, en raison des nombreux incendies  de l’abbaye, en particulier ceux de 1589 et de 1591. D’autres ont eu lieu durant des guerres, dont celui de 1940, entrainant la destruction d’une grande partie des fonds [1]. La conséquence en est la disparition de tous les documents importants sur lesquels aurait pu s’appuyer une étude exhaustive.


[1] Archives départementales des Ardennes, série B = cours et juridictions avant 1790 ; série C = administrations provinciales avant 1790.


Jeton de la cour du Parlement de Metz (règne de Louis XIV).
Jeton de la cour du Parlement de Metz (règne de Louis XIV).

La Romagne appartient en partie à messieurs de Coolle et de Loonny (César et René D’Espinoy). Le premier est page de la reine, puis cornette et lieutenant de cavalerie en 1667. Le second est conseiller du Parlement de Metz, puis des requêtes[1] .


[1] Pour approfondir cet aspect de l’histoire ardennaise, se référer aux documents des Archives du Palais princier de Monaco publiés par Pellot, Paul, « Le ban et l’arrière-ban du duché de Rethel, à la fin du XVIIe siècle », in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome seizième année, mai-juin 1909, p.101-188. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Le blason de la famille d'Ambly est d'argent à trois lions de sable, lampassés de gueules, posés deux et un.
Le blason de la famille d’Ambly est d’argent à trois lions de sable, lampassés de gueules, posés deux et un.

Dans les années 1690, La Romagne a aussi pour seigneur principal Charles d’Ambly des Ayvelles (1668-1705), marquis de Chaumont et brigadier des armées du roi[1]. Lui succède comme seigneur du village messire Gaston Jean Baptiste de Terrat. Ce dernier rend en 1714 l’hommage de la terre de « Chaumont en Portien » et de « celle de La Romagne », les deux étant mouvantes[2] de Sainte Menehould. Jacques Lassire est le receveur de ces terres à partir de 1707, et veille à la bonne marche du domaine seigneurial[3].

En 1734, Marie-Anne Louise d’Ambly, baronne de Chaumont, veuve de Gaston Jehan Baptiste de Terrat, donne comme dépendance de la baronnie de Chaumont « La Romaigne » avec justice haute, moyenne et basse. Mais l’exercice de celle-ci ne garde plus qu’un caractère local, puisque le pouvoir judiciaire royal s’est substitué pour les affaires les plus importantes à l’exercice seigneurial.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, Français 14314, tome V Champagne, 299 feuillets, folio 293, fonds concernant les généralités et les mémoires des intendants [Français 14310-14329 = mémoires concernant les Généralités du royaume, dressés par les Intendants pour le duc de Bourgogne, 1697-1699, XVIIIe siècle, 22 volumes].

[2] Dépendantes.

[3] Archives nationales, site de Paris, P 1772 [série P = chambre des comptes et comptabilité, articles P 941 à 1935 = partie II (terriers), cotes P 1759 à 1810 = fonds concernant la Champagne, le domaine du roi (comptes et procédures), XVIe – XVIIIe siècles].


Cependant, comme dans tout territoire où la puissance de l’Eglise est marquée, des différends éclatent régulièrement entre l’abbaye et la seigneurie de Chaumont, ou des particuliers. Ainsi, il apparaît en 1739 que, les moines de la Piscine ayant quelque peu tardé à répondre à une demande concernant leurs droits seigneuriaux, « messire Salomon d’Ambly se voit attribuer, outre la seigneurie de Chaumont, celle de La Romagne, Son, Adon, Doumely, Givron, Fresnois, Boissy… »[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-16845 < Vol. 2 >, Martin, Gérard-Adolphe, Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois, Paris : le Livre d’histoire, « Monographies des villes et villages de France », 2007, tome II, 765 p., p. 403.


Cette même année, les religieux de l’abbaye, qui sont les seigneurs et propriétaires du bois et de la ferme de la Bouloi, portent plainte contre Pierre Boudié pour

« troubles concernant le chemin allant de leur ferme de la Bouloy au village de La Romagne ».

Comme c’est le cas de tous les lieux-dits, la Bouloi a une orthographe très variable selon les documents et les siècles où ils ont été produits.

Ceux-ci lui demandent de communiquer les titres, contrats et autres actes qui seraient en sa possession et qu’il ne semble pas disposé à leur faire connaître afin de faire valoir leurs droits[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, G 238 [série G = clergé régulier avant 1790, articles G 92 à 272 = églises paroissiales et leurs fabriques], cote concernant les églises de Rocquigny, La Romagne, Romance (Saint-Pierre), les constitutions de rentes, dons et legs, les déclarations de biens 1611-1788.


Legion of honor (San Francisco), numéro d'inventaire 1964.76, Roslin, Alexandre (atelier), Charles-Antoine de la Roche-Aymon, archevêque de Reims, huile sur toile, vers 1769, notice descriptive consultable en ligne.
Legion of honor (San Francisco), numéro d’inventaire 1964.76, Roslin, Alexandre (atelier), Charles-Antoine de la Roche-Aymon, archevêque de Reims, huile sur toile, vers 1769, notice descriptive consultable en ligne.

En 1774, à la suite de l’enquête faite à l’instigation de monseigneur Charles-Antoine de la Roche-Aymon (archevêque du diocèse de Reims), le curé de La Romagne, Joseph Bourdon, désigne comme « seigneur du village » madame de la Mothe-Audencourt[1], veuve de monsieur le marquis Charles Renault de Gamaches.


[1] Houdancourt.


Le blason de la famille La Mothe-Houdancourt est écartelé aux un et quatre d'azur, à une tour d'argent ; aux deux et trois d'argent, à un lévrier rampant de gueules, colleté d'azur, bordé et bouclé d'or, accompagné de trois tourteaux de gueules.
Le blason de la famille La Mothe-Houdancourt est écartelé aux un et quatre d’azur, à une tour d’argent ; aux deux et trois d’argent, à un lévrier rampant de gueules, colleté d’azur, bordé et bouclé d’or, accompagné de trois tourteaux de gueules.

Tout comme le précédent seigneur, elle ne réside pas dans sa seigneurie (ce qui n’empêche pas le curé de la recommander chaque dimanche aux prières de ses paroissiens). En fait, elle passe l’hiver à Paris et l’été en son château des « Faïettes », en fait le « domaine de Fayel », proche de Compiègne, érigé en duché-pairie par lettres patentes de janvier 1653. Ce dernier dédommage le maréchal de La Motte-Houdancourt de la perte de sa terre de Cardone, donnée par Louis XIII en 1642[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, Français 4186, tome XIX, folio 1, Erection par Louis XIV de la terre de Fayel en duché, en faveur de monsieur le maréchal de La Motte Oudancourt, à Paris, au mois de janvier 1653 [Français 4168-4195 = recueil de copies de pièces, formé principalement des dépêches écrites ou signées par Michel Le Tellier, secrétaire d’État, durant les dix-huit premières années du règne de Louis XIV].


AnnéeNom du seigneur de ChaumontDurée du bailNoms et professions des bailleursNature du bail
27 janvier 1623Dame veuve Danois, baronne de ChaumontNeuf ansClaude Pioche, procureur au siège présidial de Laon.Revenu de la terre de Chaumont, Son, La Romagne et Remaucourt
5 avril 1630Dame Renée Le Danois, baronne de ChaumontNeuf ansAdrien Michon, marchand bourgeois demeurant à ReimsRevenu de la terre et baronnie de Chaumont, La Romagne, Son, Remaucourt
13 avril 1644Charles Delahaye, baron de ChaumontTrois ansJacques Hebeau et Jacques Antoine (dit Rabasse) demeurant à Givron et LalobbeRevenu des terres de Son, La Romagne, des bois d’Apremont et de tous les droits seigneuriaux
1702Non préciséNon préciséePierre LeblancRevenu de la terre de La Romagne et des droits seigneuriaux
2 mai 1707Madame la marquise de Terrat, baronne de ChaumontNeuf ansPierre Leblanc demeurant à La RomagneRevenu de la terre de La Romagne et des droits seigneuriaux
3 octobre 1707Messire Gaston Jean Baptiste de Terrat, baron de ChaumontNeuf ansJean V., bourgeois de Paris y demeurantRevenu de la baronnie, de la terre et seigneurie de Chaumont, de la terre et seigneurie de La Romagne, Givron, Adon, etc.
27 juillet 1710Monsieur le marquis de Terrat, baron de ChaumontNeuf ansPierre Leblanc, demeurant à La RomagneRevenu de la terre de La Romagne et des droits seigneuriaux
9 septembre 1730Louise-Anne d’Ambly, baronne de ChaumontNeuf ansLe sieur Lassire, bailli de ladite baronnie.Receveur de la terre et seigneurie de Chaumont, et de tous les droits seigneuriaux, dont ceux de La Romagne
1750Monsieur le maréchal de la Motte-Houdancourt, baron de ChaumontNon préciséeAntoine Pasté, avocat en parlement et procureur fiscal du duché de MazarinRevenu de la terre de La Romagne
28 décembre 1750 Monsieur le maréchal de la Motte-Houdancourt, baron de ChaumontNon préciséeJean Baptiste Laignier et Catherine Mitteau (sa femme), lieutenant de maire de la ville de Château-Porcien.
Jean François Riquier, greffier en chef du grenier à sel de Château-Porcien et sa femme Marie-Anne Lottineau
Revenu de la baronnie de Chaumont, des terres de La Romagne avec droits seigneuriaux
1759Non préciséNon préciséePierre Denis et Jean Baptiste Brûlé, négociants à Rethel-MazarinRevenu de la terre de La Romagne
1768Non préciséNon préciséePierre Antoine BrûléRevenu de la terre de La Romagne et des droits seigneuriaux
Des exemples des droits des seigneurs de Chaumont et de leurs bailleurs ont pu être relevés dans les archives.

Il existe aussi d’autres seigneurs locaux, comme Nicolas Paul Marie de Boucher d’Avançon (1740-1796), seigneur de la Cour Avril. A la seigneurie sont attachés de nombreux droits à percevoir pour les seigneurs mais, tout comme le roi qui « afferme » ses revenus, les seigneurs locaux les plus importants pratiquent de même pour des durées assez diverses, mais le plus souvent pour neuf ans [1].


[1] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 12, pièces n° 21 et 22 [série T = papiers privés dans le domaine public, cotes T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés, cote T 471 = documents de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse].

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Emplacement de l'ancienne ferme de la Binotterie, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Emplacement de l’ancienne ferme de la Binotterie, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

De 1727 à 1731, Jean Foullon[1], Pierre Foulon et Jeanne Gagneux, habitants du village, sont les receveurs pour La Romagne. Les titulaires de ces charges délèguent parfois à d’autres la perception des droits. C’est le cas en 1630 d’Adrien Michon avec Jean Douce (laboureur demeurant à La Binotterie) pour la recette de la terre de La Romagne. On peut noter d’autre part un tel contrat entre Gérard Meunier et Antoine Decarreaux pour les cens et rentes dus à La Romagne.


[1] Foulon.


Les droits sont assez nombreux. Le cens tout d’abord est un dû très ancien qui se perçoit en espèces[1]. Comme il est souvent assez modique, il s’y ajoute parfois un « surcens », sorte de fermage. Un document de 1571 en fait état dans la vente faite par Guillaume Robin (laboureur à La Romagne) à Berthaut Chesneau, lui aussi laboureur[2]. Il mentionne en effet « quatre arpents et vingt-sept verges en trois pièces, chargés de cens et de surcens envers la baronnie de Chaumont[3] ».


[1] S’il se perçoit en nature, on parle plutôt de rente seigneuriale.

[2] Demeurant sous les Faux, dans la paroisse de Rocquigny.

[3] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 9, pièce n° 1 du 23 août 1571 [série T = papiers privés dans le domaine public, cotes T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés, cote T 471 = documents de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse].


La Malterie, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La Malterie, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Bien qu’il n’ait pas la pleine propriété de sa terre, le paysan bénéficie d’un certain nombre de droits, accordés de longue date, et qui lui permettent de :

  • la transmettre ;
  • la diviser pour ses héritiers ;
  • la louer ;
  • la vendre, à condition d’être quitte des autres droits et de payer les lods et ventes[1], qui représentent de 3 à 8% du prix.

S’il n’est pas à jour de ses redevances, le laboureur est rappelé à l’ordre par un commandement. François Merlin en reçoit un en 1760 pour avoir omis de régler à madame La Maréchale de La Motte Houdancourt (seigneur de Chaumont) :

  • une somme d’argent [dont on ignore le montant] ;
  • quarante-huit quartels et demi d’avoine ;
  • quinze chapons[2].

[1] Les lods et ventes sont une mesure de l’Ancien Régime qui s’apparente à l’actuel droit de mutation.

[2] Archives départementales des Ardennes, 7J 23 [série J = archives d’origine privée (entrées par voies extraordinaires : achats, dons, legs ou dépôts), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local (1854-1943).


Zone humide ou fraîchis de la source de la Fontaine aux grues, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Zone humide ou fraîchis de la source de la Fontaine aux Grues, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En outre, à chaque changement de seigneur, voire périodiquement, le paysan doit « avouer[1] et dénombrer » les terres qu’il tient de lui. De son côté, le bénéficiaire de la rente de cens peut aussi la céder. Ce mode d’exploitation disparaît avec la Révolution.


[1] En droit féodal, « avouer » signifie « reconnaître pour seigneur, pour protecteur ».


Blé d'hiver, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Blé d’hiver, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’addition des différents droits locaux et seigneuriaux , ajoutés aux impôts royaux, grève lourdement le revenu des habitants. Car il leur faut payer des sommes importantes :

  • le droit de terrage sur tous les fruits de la terre. Pour ce qui est des céréales, une gerbe sur treize doit être ramenée à la grange du seigneur ou elle est remplacée par douze deniers tournois. Dans ce cas, ce droit se perçoit au jour de la Saint-Michel, date à laquelle se déroule une des foires de Chaumont-Porcien ;
  • le droit d’afforage, qui correspond à un montant perçu par le seigneur sur les ventes de boissons au détail des cabaretiers ou des « hostelains[1] ». Henri Boudsocq, Jeanne Robinet, Jean Douce (tous trois aubergistes à La Romagne et à Rocquigny) doivent s’acquitter de cette taxe. Chaque année se tiennent à Rocquigny deux foires (l’une en mai et l’autre en juillet). Un marché hebdomadaire a lieu le jeudi. Pour ces manifestations, les marchands doivent acquitter au seigneur des taxes qui varient en fonction de la place qu’ils occupent (soit six sols sous la halle et quatre deniers en dehors de celle-ci)[2] ;
  • le droit de rouage s’exerce sur les voitures qui passent sur les chemins de la seigneurie. Il a pour but d’indemniser le seigneur du dommage causé par les roues ;
  • le droit de tirage, qui est dû pour chaque bête de trait.

[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-LI28-1193 (1), Cart, Michel, La Vie rurale au 18e siècle dans les Ardennes, Charleville-Mézières : Archives départementales, Service éducatif : CDDP [Centre départemental de documentation pédagogique], 1982 -, recueil de documents reproduits en fac-similé.

[2] Sur la période 1584-1677, les droits et domaines des prévôtés du duché de Mazarin, du comté de Rozoy, de la principauté de Porcien et du marquisat de Moncornet sont répertoriés dans les Archives du Palais princier de Monaco, T 51, anciennement L 9, registre in-quarto, 402 feuillets [la série T comprend notamment les archives du Rethélois et le trésor des chartes du duché de Rethel-Mazarin].


Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les Grands Sarts, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le mercredi 16 juin 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La vente des biens nationaux permet de connaître assez exactement ce que l’on appelle la terre et seigneurie de La Romagne. Elles se composent tout d’abord de tous les droits de justice, rouage, afforage, bourgeoisie, cens, rentes, terrage, lods et ventes. Ensuite, il y a vingt-six arpents de terre, prés, jardins et bois, auxquels s’ajoutent une pièce de bois taillis d’environ quatre cent quatre-vingts arpents et la ferme de la Binotterie.


Le bois Promsy, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 17 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le bois Promsy, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le lundi 17 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Une autre cession de domaines (prés, bois, terres labourables et friches) fait état de diverses possessions situées aux lieux-dits l’Enclos, le Long Ruisseau, le Fief, le Petit Woicheux, et même la Bouloi. Elle concerne l’émigré Béranger François Courtin, seigneur de Vaux-Champagne mais aussi de La Romagne, qui possède également une vingtaine d’arpents (environ dix hectares) dans ce village[1].

Les droits seigneuriaux, considérés comme des privilèges, voient leur abolition prononcée le 4 août 1789.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 134 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques depuis 1790, articles Q 90-468 = ventes de biens nationaux, cotes Q 127-147 = affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].

Catégories
Agriculteurs Agriculture Animaux Cultures Métiers Professions

Elevage et pâturage à La Romagne


Agneaux et brebis, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Agneaux et brebis des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’élevage se pratique sur des terres privées pour les laboureurs les plus aisés, ou sur les terres de la communauté pour la plus grande partie des habitants. Ces communaux comprennent aussi bien des prés que des bois comme zone de parcours pour le bétail.


Pâtures, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Pâtures ardennaises, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La communauté villageoise régit par divers règlements[1] les vaines pâtures, un très ancien droit coutumier qu’ont les habitants d’une même commune de faire paître les bestiaux et les troupeaux sur les héritages des uns et des autres, à condition qu’il n’y ait ni semences ni fruits. Ce droit permet au bétail de circuler sur les chaumes après la récolte, et de fertiliser la terre. Les moutons ne peuvent être menés aux vaines pâtures que « dans les pasquis et versaines trois jours seulement après la récolte ».


[1] Les citations en italique sont tirées de ces derniers, sauf mention contraire.


Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen), 2004.0.58.7, machine de Madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l’enseignement de l’art des accouchements, les jumeaux, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 907.19.234, Troyon, Constant, Rentrée de troupeau, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Le village veille aussi au respect des différentes règles concernant les troupeaux, de manière à ce que « personne ne laisse sortir les bêtes de l’étable pour les champs que les pastres n’aient sonné du cor », puisque le bétail ne peut être envoyé à la pâture « qu’après que la messe de paroisse aura été dite », sauf de Pâques jusqu’en septembre où le « bestail » peut partir au jour et revenir à huit heures à l’étable.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 907.19.337, Millet Jean-François, Berger gardant son troupeau, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 907.19.337, Millet, Jean-François, Berger gardant son troupeau [détail], notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Le berger est responsable dans tous les cas des dégâts que font ses bêtes, et doit en répondre. Simon Suant, berger communal de La Romagne en 1751, se trouve ainsi mis en cause dans un procès pendant[1] en la baronnie de Chaumont  par Brice Bolle, fermier de La Binotterie, car ses « bêtes à laine ont fait des dégâts dans un jardin à lui appartenant et aux haies de celui-ci ». Il est condamné à payer à ce laboureur 27 livres pour tous dépens, dommages et intérêts[2].


[1] Une affaire est dite pendante lorsqu’un tribunal a été saisi et que la cause n’a pas encore été jugée.

[2]  Archives départementales des Ardennes, 3E 3666 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, cotes 3E 3540-4093 = archives notariales de Château-Porcien].


Agneaux et brebis des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Agneaux et brebis des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les villageois dénoncent également les abus qui pourraient exister concernant les troupeaux à part. Ceux-ci sont expressément défendus, quelle que soit la qualité des personnes les possédant. Or, le jour où cette règle n’est pas respectée (on est en 1740), la communauté de La Romagne[1] assigne, par l’intermédiaire de François Godard, sergent en la justice de la baronnie et gruerie de Chaumont-Porcien, trois habitants : Nicolas Monnoye, Jeanne Charlier (veuve de Pierre Boudié) et Pierre Canon doivent comparaître devant le bailli afin de se voir interdire de faire « troupeau à part et condamner à 500 livres de dommages et intérêts envers ladite communauté et aux dépens pour la contravention par eux faite aux ordonnances[2] ».


[1] Représentée par Louis Lebrun, Thomas Devie, François Merlin, Pierre Gagnaire, Pierre Devie et Jean Courtois.

[2] Archives départementales des Ardennes, 7J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection Guelliot, érudit local].


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.103, Brascassat, Jacques-Raymond, Taureau, vaches et moutons au pâturage, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.103, Brascassat, Jacques-Raymond, Taureau, vaches et moutons au pâturage, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Ce droit de vaine pâture, loin de disparaître avec la Révolution, est au contraire réglementé par deux lois (du 6 octobre 1791 et du 25 octobre 1795). Elle se maintient tout au long du XIXe siècle, comme le rappelle le maire lors d’une délibération : « Depuis un temps immémorial, les bêtes à laine et le gros bétail, d’après un droit acquis résultant d’une coutume locale et suivant un usage constant et suivi ont toujours joui du droit de parcours et de vaines pâtures sur les prés naturels de La Romagne dépouillés de leur récolte jusqu’en 1849[1] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, délibération du conseil municipal en date du 7 août 1864.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.40, Brascassat, Jacques-Raymond, Moutons et brebis au pâturage, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.40, Brascassat, Jacques-Raymond, Moutons et brebis au pâturage, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Cette année-là, les terres des gorges du Ribouré sont attribuées aux particuliers pour la vaine pâture des moutons, alors que les terres du ruisseau Commelet, du Vertillon, de la Fontaine aux Grues et la Rouge Cotte reviennent au berger communal. L’année suivante, la vaine pâture change de lieu, et le troupeau communal se retrouve sur les terres du Saule Notre-Dame, le Pré Haut du Vertillon et une partie de la Hoëtte. En dehors de cette vaine pâture, la commune attribue des terres qui vont du chemin de Draize aux prés du Pont Canel pour les volailles.


Musée national des beaux-arts du Québec, numéro d'inventaire 1968.202, Walker, Horatio, Un attelage de bœufs, huile sur carton produite probablement en 1900, notice consultable en ligne.
Musée national des beaux-arts du Québec, numéro d’inventaire 1968.202, Walker, Horatio, Un attelage de bœufs, huile sur carton produite probablement en 1900, notice consultable en ligne.

C’est en 1889 que la vaine pâture sera officiellement abolie, tout en laissant au conseil municipal de la commune le pouvoir de la rétablir, à condition de déterminer l’époque où elle débute et prend fin, les lieux sur lesquels elle s’établit et la part de chaque espèce[1] .

Cette vaine pâture peut être suspendue en cas d’épizootie, de dégel ou de pluies torrentielles. C’est ainsi qu’elle subsiste encore quelques années dans le village. En effet, et en raison de la transformation de l’agriculture, des aménagements sont décidés par le conseil. Ce dernier propose que les « bas prés soient réservés au gros bétail et les hauts prés pour les bêtes à laine qui trouveront ainsi à se rafraîchir ».


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 21, Meyrac, Albert [et alii] ; « La Vaine Pâture », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, partie 1/3, n° 3262, mercredi 22 janvier 1890, p. 2-3 [presse locale ancienne, vues 2/4 et 3/4, consultables en ligne] ; partie 2/3, n° 3263, jeudi 23 janvier 1890, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne] ; partie 3/3, n° 3264, vendredi 24 janvier 1890, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.41, Brascassat, Jacques-Raymond, Trois moutons, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.41, Brascassat, Jacques-Raymond, Trois moutons, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Les vaines pâtures permettent à tous les habitants, propriétaires ou non, de faire paître des bêtes. Pour cela, les propriétaires qui veulent user de ce droit doivent abandonner des surfaces en fonction du nombre et de la qualité des bêtes qu’ils veulent y mettre, alors que tout chef de famille même non propriétaire a le droit à six bêtes à laine, une vache et son veau.


Quelle que soit la nature du troupeau, sa conduite et sa surveillance sont réglementées et confiées à un berger communal choisi par la communauté villageoise, puis par la suite recruté par la municipalité. Ces troupeaux génèrent également des activités autres, tels les peigneurs de laine (Nicolas Goulart en 1702 ou Nicolas Renaulx, qualifié de « lainier » en 1720).

Années des emploisNoms des bergers
1693Jean Langlet
1694Jacques Douet (ou Douette)
1702Pierre Langlet
1714Jean Sonnet et Nicolas Lefébure (ou Lefèvre)
1720Pierre Langlet et Michel Osselet
1725-1731Nicolas Hezette
1742Pierre Vuilmet (ou Vuillemet)
1752Jean Deschamps et Jean Gouverneur
1762-1774Antoine Hezette
Dès le XVIIe siècle, les troupeaux de La Romagne sont gérés de façon communautaire.

Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 998.4.1, Guéry, Armand, Bergerie champenoise, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 998.4.1, Guéry, Armand, Bergerie champenoise, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Lorsqu’ils sont au service d’un particulier aisé, les bergers peuvent conduire de petits troupeaux d’une centaine de bêtes. Dans ce cas, ils perçoivent environ 60 livres de gages pour eux seuls, ou 80 avec leurs chiens. Parallèlement, on ne connaît pas la rémunération du berger communal.  Il ne semble pas que des troupeaux particuliers aussi importants existent à La Romagne. Louis Letellier (vers 1750) en a un qui comporte vingt-cinq bêtes et dont il confie la garde, certainement comme d’autres laboureurs, à Nicolas Carbonneaux. En 1771, Jean Rifflet et Brice Bolle ont leur berger particulier. En 1792, Nicolas Fressancourt est le berger de la communauté de La Romagne. En l’an V[1], c’est Jean-Baptiste Fersancourt puis, en 1798, Noël Fersancourt[2].


[1] L’an V du calendrier républicain correspond aux années 1796 et 1797 du grégorien.

[2] Compte tenu de l’orthographe variable de l’époque, on peut penser que Fressancourt et Fersancourt correspondent à une seule et même famille.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.39, Brascassat, Jacques-Raymond, Mouton bêlant, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.39, Brascassat, Jacques-Raymond, Mouton bêlant, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

L’enquête réalisée à la demande de l’intendant de Champagne dans la subdélégation de Château-Porcien[1], à laquelle La Romagne est rattachée, permet d’en savoir un peu plus sur cet élevage et sur les maladies qui peuvent atteindre le cheptel. Cet animal, désigné communément mouton de Champagne, pèse en moyenne vingt-six livres, ce qui est nettement inférieur à un mouton gras qui, lui, peut peser jusqu’à trente-deux livres. Sa taille est d’un pied et sept pouces et demi. Il n’est cependant pas d’usage dans cette subdélégation d’élever les moutons pour les engraisser et les revendre dans les foires.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons-en-Champagne, C 432 [série C = administrations provinciales, articles C 431-432 = intendance de Champagne, fonds concernant les cultures, les bêtes à laine (1756-1789)].


Le coquelicot (Papaver rhoeas) appartient à la famille des Papavéracées et porte (entre autres) le nom vernaculaire de pavot des champs.
Le coquelicot (Papaver rhoeas) appartient à la famille des Papavéracées et porte (entre autres) le nom vernaculaire de pavot des champs.

Lorsque ces animaux paissent à l’extérieur, les lieux où poussent le pavot, le chéon[1], la trudaine[2] et les sénés sont bons pour eux. Mais aussi pour l’amendement de la terre, qu’ils fument directement. L’hiver, ils sont à l’intérieur, et on leur donne du fourrage d’avoine. Les étables sont généralement vidées deux fois durant la saison froide (en décembre puis en mars). Quand il est vendu, le fumier rapporte 5 ou 6 livres par voiture.


[1] Mauvaise herbe à fleurs jaunes.

[2] Espèce de trèfle à fleurs blanches.


Laine de mouton brute (toison non lavée, en suint).
Laine de mouton brute (toison non lavée, en suint).

Les moutons champenois ne présentent aucune marque distinctive, si ce n’est que certains spécimens ont le ventre chauve, alors que leurs congénères l’ont garni de laine. Cette dernière existe en deux qualités : la fine, que l’on prend sur les flancs et le dos, et la grosse que l’on prend aux cuisses. Cette dernière peut être vendue « en suint » aux environs de 17 sols la livre et, lavée, environ 23 sols pour la même quantité. Elle est acheminée vers Rethel ou Reims, où l’on fabrique des étoffes de qualité moyenne comme certains draps, des espagnolettes[1], des dauphines[2] ou des serges.


[1] Sorte de ratine (étoffe de laine).

[2] Nom d’un petit droguet (étoffe ornée d’un motif) de laine.


Laine de mouton lavée (débarrassée de son suint).
Laine de mouton lavée (débarrassée de son suint).

A La Romagne, le but de l’élevage n’est pas de produire de la viande, mais de la laine : au milieu du XIXe siècle, les deux cent soixante-dix kilos stockés dans le grenier de la ferme Merlin sont estimés à 1300 francs.


2007.0.664
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 2007.0.664, Brascassat, Jacques-Raymond, Brebis et son agneau, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Tout cela n’est possible que si les bêtes échappent à certaines maladies bien spécifiques[1] comme l’araignée[2], le claveau[3] ou le criquet[4]. Pour éviter ces maux, les préoccupations concernant l’hygiène (dont on s’occupe davantage depuis le XVIIIe siècle) s’attachent à éviter que des foyers d’infection ne se constituent dans les bergeries et ne se propagent à tout un village. Les moyens de désinfection sont encore très rudimentaires.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], feuillets 53 et suivants.

[2] Maladie qui se manifeste par un gonflement de la tête et des oreilles accompagné d’un dégoût de toute pâture.

[3] Maladie due à un poxvirus, qui se traduit par une fièvre élevée, un écoulement des yeux et du nez.

[4] Maladie qui atteint les moutons, et pousse les bêtes à se manger les pattes.


Pour le XIXe siècle, sans que ce tableau ne soit exhaustif, les différents bergers communaux et particuliers sont :

AnnéesNoms des bergers
1817Jean Louis Roncin
1819Antoine Charles Liverniaux (64 ans)
1826Jean-François Gaudinart
1833Jean-Baptiste Carbonneaux (berger communal cette année-là)
1834Jacques Auguste Mauroy et Pierre Nicolas Durand
1844Basile Bonhomme
1850François Chrétien
1853Nicolas Carbonneaux
Date non préciséeJean Baptiste Noël
1854Pierre Hubert Roncin (berger communal)
Date non préciséePierre-Louis Delaître (berger communal)
1857Sébastien Lebrun (berger communal)
1865Jean-François Ingebos (berger communal)
1866Louis Dupont
1867Louis Sonnet
1869Jean-Baptiste Georges
1871Denis Ingebos
Avant 1875Jean-Baptiste Fay
1880Augustin Lacour
1888Pierre Emile Noël
Les bergers communaux sont chargés de la dépaissance (action de paître ou de faire paître les bestiaux).

Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.612, Brascassat, Jacques-Raymond, Agneau et études de tête et de patte, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.612, Brascassat, Jacques-Raymond, Agneau et études de tête et de patte, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Il est à noter que l’on trouve un troupeau assez important à la ferme Merlin, avec deux cent soixante-dix têtes réparties en béliers, agneaux, brebis, moutons et antenais[1] dont des bergers prennent soin jour et nuit : l’inventaire après décès signale que dans les bergeries se trouvent des lits avec draps, couvertures, etc.


[1] Agneaux ou agnelles âgés de douze à quinze mois.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 2007.0.621, Brascassat, Jacques-Raymond, Chevreaux au bord d'une rivière, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 2007.0.621, Brascassat, Jacques-Raymond, Chevreaux au bord d’une rivière, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Avec la fin de la seconde guerre mondiale et les transformations de l’industrie lainière de Reims qui vont suivre, l’élevage ovin disparaît à La Romagne. Seul un tiers était alors destiné à la boucherie. Le tout petit élevage caprin (pas plus de cinq à sept chèvres) semble avoir été très sporadique. Il s’éteint lui aussi.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 922.15.8, Troyon, Constant, Vache paissant près dune rivière bordée de saules, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 922.15.8, Troyon, Constant, Vache paissant près dune rivière bordée de saules, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

La présence de bovins se trouve attestée dans de nombreuses familles villageoises, qui en possèdent en général un à cinq. On ne peut donner leur race, les descriptions qui en sont faites se contentant de donner la couleur du poil : ainsi en est-il pour trois des quatre vaches âgées de quatre à quatorze ans possédées par Louis Letellier, dont deux sont « à poil noir » et une « à poil rouge ». Souvent, une ou plusieurs vaches sont données et inscrites parmi les donations faites lors de la signature d’un contrat de mariage.


Palazzo Pitti (Florence), Galleria Palatina, numéro d'inventaire 42 (1912), Le Pérugin, Marie-Madeleine [Maria Maddalena en italien], huile sur bois de la Renaissance italienne (1500 environ). Fêtée le 22 juillet, Marie-Madeleine est (entre autres) la patronne des gantiers et des tanneurs.
Palazzo Pitti (Florence), Galleria Palatina, numéro d’inventaire 42 (1912), Le Pérugin, Marie-Madeleine [Maria Maddalena en italien], huile sur bois de la Renaissance italienne (1500 environ). Fêtée le 22 juillet, Marie-Madeleine est (entre autres) la patronne des gantiers et des tanneurs.

Une réglementation précise que les vaches doivent être tenues à l’étable depuis Pâques jusqu’à la « Sainte-Magdelaine » (22 juillet) et ne point passer par les terres grasses après une grosse pluie. Elles ne doivent pas approcher les terres ensemencées plus près que trois verges. Dans tous les cas, le vacher est tenu pour responsable des dégâts.


Les virologues et bactériologistes Friedrich Löffler et Paul Frosch ont découvert en 1898 que la fièvre aphteuse est une maladie virale.
Les virologues et bactériologistes Friedrich Löffler et Paul Frosch découvrent en 1898 que la fièvre aphteuse est une maladie virale.

Le bouvier craint toujours que ses bovins ne tombent malades de langueur ou du laron[1], sans compter que, lorsque ces maladies sont jugulées, il faut traiter la fièvre aphteuse.


[1] Maladie du charbon sans siège déterminé.


Vache des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vache des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce n’est qu’avec le développement de l’élevage laitier ou boucher que des troupeaux plus importants se forment : en 1773, il n’y a que quatre-vingt-neuf bêtes à cornes pour une population d’environ deux cent cinquante habitants. Un siècle et demi plus tard, la population ayant été divisée par deux, il y en a trois cent vingt, dont deux cents vaches laitières et cent vingt veaux et bœufs produits pour la viande.


Bidon de métal utilisé pour la collecte du lait.
Bidon de métal utilisé pour la collecte du lait.

En 1940, juste avant l’exode, le plus gros troupeau compte trente-six bêtes et se compose de quatorze vaches laitières, quinze bêtes d’un à deux ans, six génisses de plus de deux ans et un taureau.

Compte tenu des déclarations de sinistre faites par les éleveurs après le départ des troupes allemandes, il faut noter leur courage et leur travail pour reconstituer un cheptel qui comptera plus de quatre cents têtes en 1954. Les plus petites laiteries locales ont alors tendance à disparaître. Elles sont remplacées pour le ramassage et le traitement du lait par la laiterie Moreau de Rouvroy-sur-Andy, qui reste minoritaire : la majorité de la collecte est effectuée pour son usine de Résigny par la Sopad (groupe Nestlé). Tous l’appellent plus familièrement alors « la Maggi ».


Museo del Prado (Madrid), numéro d'inventaire P002049, Bosch, Jérôme, la Tentation de saint Antoine, [le Petit saint Antoine], huile sur panneau datée d'après 1490 [mouvement primitif flamand]. Saint Antoine est le protecteur des animaux d’élevage en général et du porc en particulier.
Museo del Prado (Madrid), numéro d’inventaire P002049, Bosch, Jérôme, Tentation de saint Antoine, (Petit saint Antoine), huile sur panneau datée d’après 1490 (mouvement primitif flamand), notice consultable en ligne sur le site officiel du musée. Saint Antoine est le protecteur des animaux d’élevage en général et du porc en particulier.

Le porc et les volailles font partie d’un « élevage familial » : le premier, souvent conservé par salaison, apporte de la viande tout au long de l’année. Pour mieux nourrir les cochons, on les mène à la glandée dans les bois de chênes. Celle-ci fait l’objet d’un bail et d’une mise aux enchères, comme les coupes de bois. L’adjudicataire doit fournir une bonne caution, et s’engager à respecter un certain nombre de règles pour le marquage et la garde des porcs. L’original de la marque est déposé au greffe pour éviter les fraudes.

La glandée est permise durant trois mois, du 1er octobre au 1er janvier[1], alors que dans les forêts royales elle est autorisée jusqu’au 1er février. Tout l’art de cet élevage est d’éviter que les cochons ne soient atteints de la gourme[2] ou du « feu de saint Antoine[3] ».


[1] Archives du Palais princier de Monaco, T 668, ancien 83 [série T = archives du Rethélois et trésor des chartes du duché de Rethel-Mazarin, cotes T 655-672 = partie XIV (baronnie et comté de Rozoy), ensemble de documents concernant Rocquigny (1621-1790)].

[2] Maladie des voies respiratoires très contagieuse.

[3] L’ergotisme affecte l’humain ou les animaux herbivores.


Tuage du cochon dans la cour de monsieur Maurice Druart en 1940  (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).
Tuage du cochon dans la cour de monsieur Maurice Druart en 1940 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).

Par la suite, l’élevage porcin se fait exclusivement à la maison : l’abattage donne lieu à un échange convivial avec le voisinage, car peu de bêtes sont destinées à la boucherie (15% en 1938). On distribue la « charbonnée », composée en partie du boudin (produit fragile qui se conserve peu) et de quelques côtelettes. Cette tradition ne peut avoir lieu lors des deux guerres mondiales, car la possession de deux porcs ou plus entraîne une réquisition. Il n’est possible d’en garder qu’un seul, ce qui n’assure pas toujours la consommation annuelle de la famille.


Le dindon rouge des Ardennes est une race rustique de gallinacé.
Le dindon rouge des Ardennes est une race rustique de gallinacé.

Quant à la basse-cour, elle est assez importante chez les laboureurs. Celle de Louis Letellier comprend plus d’une centaine de gallinacés et « poulets d’Inde[1] », mais le plus souvent c’est une petite basse-cour familiale qui assure la production d’œufs et le nécessaire pour améliorer l’ordinaire.


[1] Nom que l’on donnait autrefois aux dindes.


Les pots émaillés en grès sont utilisés dans les campagnes pour prolonger la conservation des œufs.
Les pots émaillés en grès sont utilisés dans les campagnes pour prolonger la conservation des œufs.

Les ménagères savent conserver le surplus de la production d’été pour faire face à la période hivernale en plongeant ces œufs dans un grand pot de grès contenant du silicate. Elles utilisent à partir des années cinquante un produit se présentant sous la forme d’une savonnette ronde : le combiné Barral (à base de chaux).

Musée de la Vie rurale (Steenwerck), numéro d'inventaire 2018.0.00112, carton de conservateurs pour œufs, combiné Barral, notice consultable en ligne sur le portail de l'association Proscitec (patrimoine et mémoires des métiers).
Musée de la Vie rurale (Steenwerck), numéro d’inventaire 2018.0.00112, carton de conservateurs pour œufs, combiné Barral, notice consultable en ligne sur l’inventaire des musées de l’association Proscitec (patrimoine et mémoires des métiers).

Le coloris des poules rousses (nom générique) varie du plus clair au plus foncé.
Le coloris des poules rousses (nom générique) varie du plus clair au plus foncé.

Cet élevage présent dans presque toutes les familles est parfois « sacrifié », par exemple pour clore les récoltes, pour les repas dominicaux, ceux de la fête patronale (où se retrouvent parents, enfants, petits-enfants), ou pour offrir un repas à toute la famille, venue parfois de loin pour les obsèques de l’un de ses membres.

La volaille est le domaine réservé de la femme : lorsque celle-ci vend au coquassier ambulant des œufs ou quelques poulets, l’argent qu’elle en tire constitue souvent sa cagnotte.

Poule cailloutée (coloris noir panaché de blanc).
Poule cailloutée (coloris noir panaché de blanc).

L'animal aux longues oreilles entre dans plusieurs recettes traditionnelles du terroir ardennais (tourtes, pâtés de croûte, civets).

Pâté de lapin ardennais
L’animal aux longues oreilles entre dans plusieurs recettes traditionnelles du terroir ardennais (tourtes, pâtés de croûte, civets, gibelottes).

Mais il faut croire que ces petites basses-cours sont l’expression d’une trop grande liberté pour les Romanais, car, lors de la seconde guerre mondiale, les Allemands obligent les habitants à en dresser l’inventaire : c’est ainsi que l’un des villageois déclare qu’il a cinq poules pondeuses, un coq et trois lapins[1]. Une richesse probablement intolérable pour ces occupants !


[1] Archives départementales des Ardennes, 10O, [série O = administration et comptabilité communales, sous-série 10O = dossiers d’administration communale].

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Cours d’eau et cultures humides à La Romagne


Ruisseau du Moulin Garot (vue générale), repérage des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Moulin Garot (vue générale), repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La Romagne a un réseau hydraulique constitué de nombreuses sources et de plusieurs cours d’eau, dont on peut citer quelques exemples :

  • Le ruisseau du Moulin Garot tire son nom du lieu-dit. Il est parfois dénommé ruisseau de Givron ;
  • Le Long Ruisseau ou ruisseau de Mainby prend sa source à la Fontaine aux Pous et se jette dans le ruisseau des Woicheux.
  • Ce dernier jaillit au Bois Diot et se déverse dans la Draize, qui naît près de la Cour Avril et passe à proximité du village.
Ruisseau du Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Source Ravignon, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Source Ravignon, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Quoique le terroir soit largement irrigué, chacun veille à ce que l’eau ne soit pas détournée, sans quoi le contrevenant s’expose à quelques ennuis. C’est le cas pour Jean Baptiste Bienfait : ce dernier a capté, au détriment des religieux de la Piscine, le ruisseau qui coule sur leur terre, afin de le faire passer sur les siennes et assurer ainsi une bonne alimentation de ses terres empouillées[1]. La réaction est rapide, d’autant que cette dérivation modifie l’écoulement des eaux, provoquant temporairement l’inondation du chemin bordant ces pièces. L’homme est sommé de « remettre les choses en l’état » et, pour échapper à un procès, il accepte en plus « d’entretenir ledit chemin pratiquable[2] dans la nature de chemin et de garantir ledit pré de messieurs les religieux des dommages qui pourraient y survenir[3] ».


[1] Empouiller : ensemencer ou garnir une terre.

[2] Sic, c’est-à-dire praticable.

[3] Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes), acte passé le 26 mai 1774 par devant maître Fréal, notaire royal en Vitry et Vermandois, résidant et demeurant en Chaumont-en-Porcien, folio 673, vue 361/521 [Nota bene : bien que le codex soit censé s’interrompre selon son incipit en 1771, des mentions ont été portées postérieurement à cette date].


Panier traditionnel en osier brut.
Panier traditionnel en osier brut.

L’abondance de l’eau est fort utile, tant pour les hourliers (ou oseraies) que pour la culture du chanvre, dont l’apogée se situe à la fin du XVIIIe siècle. La plupart des ménages habitant le village possèdent une chènevière (ou chanvrière), tout comme le curé de La Romagne qui a, outre une somme fixe sur son église, deux arpents de prés et deux chènevières louées dont il tire un revenu de 60 livres[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 267/1 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)], Supplément à ce qui manque aux éclaircissements donnés sur les cures du doyenné de Rethel.


Cordage en chanvre.
Cordage en chanvre.

Ce sont, le plus souvent, de petites pièces de dix à douze verges, ce qui montre le morcellement des terres. Cette culture demande des soins particuliers. La plante se sème au mois de mai, et se récolte en août pour le chanvre mâle. Ce dernier, dépourvu de graines, fournit une filasse de qualité supérieure destinée à la confection de chemises. Le chanvre femelle en donne une de qualité inférieure, que l’on utilise pour les cordages ou les couches des nourrissons.  C’est après la récolte que la présence d’eau est indispensable, afin de faire tremper les tiges pour pouvoir séparer la fibre de la paille.


Ruisseau du Rouage, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Rouage, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Au début du XVIIe siècle, les paysans sont soumis à un règlement de police rappelé en 1663[1], qui stipule que « les chanvres ne doivent point être mis rouis dans la rivière parce que la pêche en est ruinée et la boisson malsaine, mais dans un fossé ou marais du lieu » et qu’il faut veiller à « ne les seicher[2] jamais au four et cheminée, crainte d’accident de feu, mais dans les rues au soleil et au vent » (article XXXII). Ils creusent donc des fosses à proximité des cours d’eau. Ces endroits dans lesquels le chanvre trempe prennent le nom de roises[3]. La toponymie des villages environnants l’atteste puisque l’on trouve :

  • à La Romagne, la Côte des Roises ou le Pré des Roises ;
  • à Montmeillant, le Fossé Rouge ;
  • à Rocquigny, les prés de la Chènevière[4].

[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.

[2] Sic, c’est-à-dire sécher.

[3] Sorte de trou rempli d’eau servant pour le rouissage du chanvre.

[4] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-LC20-173, Taine, Michel, « Balade cadastrale :  la culture du chanvre » in Terres Ardennaises : revue d’histoire et de géographie locales, Charleville-Mézières : Fédération des œuvres laïques, 1982-, n° 78, mars 2002, p. 25-35.


Après le rouissage[1], de nombreuses opérations sont nécessaires : séchage, broyage, teillage[2], peignage. Le filage, occupation des femmes durant l’hiver, est confirmé par la présence d’un ou plusieurs rouets dans chaque maison, selon les inventaires après décès. Le tissage est l’œuvre de tisserands. On en dénombre quelques-uns au cours du XVIIIe siècle grâce aux impositions. La toile produite, robuste et rêche, constitue la base du linge de maison ou de corps.

AnnéesTisserands
1712Jean Gorget l’aîné
1714Jean Georget l’aîné et Jacques Boudesocq
1721Jacques Boudesocq
1737/1742Jacques Boudesocq et Jean Lahay
1770/1774Jean Trippier et Jean Baptiste Deligny
Quelques tisserands de La Romagne au XVIIIe siècle.

[1] Immersion totale des tiges de chanvre dans l’eau.

[2] Opération qui consiste à enlever la partie ligneuse du chanvre.


Valise en osier typique des années 1920 utilisée pour les voyages.
Valise en osier typique des années 1920 utilisée pour les voyages.

La présence de nombreux rus a aussi pour conséquence que les terroirs romanais et de Rocquigny sont couverts d’osiers et permettent la fabrication de paniers. Une oseraie bien entretenue peut durer de cinquante à quatre-vingts ans, en fonction des soins du terreautage[1].  Un mandelier[2] présent dans un registre des tailles du village en 1702 atteste la pratique de ce métier. Cette culture perdure jusqu’au XXe siècle, tant que les maisons de champagne, principal débouché pour cette culture, utilisent cette matière pour leurs emballages.


[1] Rechargement en terre du pied d’osier.

[2] Vannier.


Creusement de puits à La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).
Creusement de puits à La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).

Outre ces nombreux petits ruisseaux, de multiples sources sont disséminées sur tout le terroir. Avant l’arrivée de l’eau courante, chacun se la procure grâce à un puits pour alimenter son foyer, si bien qu’au XIXe siècle, on en compte dans chaque hameau, et une cinquantaine dans le village. L’un des derniers creusés est celui du presbytère. A défaut de soleil, La Romagne a eu l’ingéniosité de transformer son climat humide en une richesse locale.

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Agriculteurs Agriculture Cultures Seigneuries Seigneurs

Les principales fermes de La Romagne jusqu’à la Révolution


Panorama actuel depuis le mont Saint-Berthaud (Chaumont-Porcien).
Panorama actuel depuis le mont Saint-Berthaud (Chaumont-Porcien).

En dehors des religieux, le grand propriétaire de terres de la Romagne est le Seigneur de Chaumont, qui possède en particulier la ferme de la Binotterie, mais aussi d’autres biens moins importants en superficie : les baux signés en 1668 avec Jadin Rifflé, laboureur qui demeure à La Romagne, portent sur un jardin et une masure[1] situés sur le terroir.


[1] En latin tardif du VIIIe siècle, le terme mansura désigne une tenure domaniale, une manse. A partir de 950, il peut signifier une demeure, une maison.


Archives départementales des Ardennes, La Romagne D2 1835, la Cour Avril et le Bois Diot, cadastre ancien, plan parcellaire, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne D2 1835, la Cour Avril et le Bois Diot, cadastre ancien, plan parcellaire, consultable en ligne.

Le bail consenti le 15 décembre 1718 par Lassire, procureur fiscal de la baronnie de Chaumont[1], loue à Pierre Lepinois un jardin situé à La Romagne, sans oublier le bail à terrage fait au profit de Pierre Goulard demeurant au Petit Bois Dyot de deux pièces de terre sises au terroir du village. Dans ces exemples, le propriétaire est François d’Ambly, baron de Chaumont. Terwel[2] avance en 1657 que, sur les quatre cent quatre-vingts arpents de forêt qui couvrent le terroir, cent soixante-quatre appartiennent au seigneur (soit 34%).


[1] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 9, pièce n° 4 [série T = papiers privés dans le domaine public, cotes T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés, cote T 471 = documents de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse].

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfiche, MFICHE 8-LC20-57, Graffin, Roger ; Jadart, Henri ; Laurent, Paul, « Les notices cadastrales de Terwel sur les villages de la frontière de Champagne en 1657 », in Revue historique ardennaise, Paris : A. Picard et fils, 1894-1914, tome neuvième, mai-août 1902, p. 97-256. [Nota bene : ce périodique bimestriel édité entre 1894 et 1914 est un titre mort. Il ne saurait être confondu avec la Revue historique ardennaise publiée depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais].


Avers (ou droit) d'un écu en argent de six livres françaises datant de 1793.
Avers (ou droit) d’un écu en argent de six livres françaises datant de 1793.

On peut se faire une idée de la taille de la ferme de la Binotterie à travers sa vente en 1793, puisqu’elle est décrite comme comprenant quelque cent seize arpents de terre et huit de prés. Elle est réunie à celle de Place Aly (Alit) de Givron, qui inclut une maison, un bâtiment des fermiers, deux cent six arpents de terre, onze arpents de prés et pâture, le tout d’un seul morceau. Dans la cour de la ferme jaillit une belle source d’eau vive[1]. Le tout forme un ensemble dont le loyer annuel est de 1 500 livres, sans parler de sa valeur qui est de 30 000 livres[2].


[1] Bibliothèque Carnegie, CRV1189M Rés, vue 3/4, « A vendre », in Havé, Adrien (directeur de publication), Journal de Champagne, n° 1 du 1er janvier 1781-n° 34 du 20 août 1792. Reims : Imprimerie Pierard, 1781-1792, n° 23, lundi 8 mars 1790, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 136 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].


La ferme de la Binotterie a connu plusieurs bailleurs ou locataires, dont on peut citer les principaux :

AnnéeDurée du bailBailleurs ou locataires
22 janvier 1618Neuf ansJean Doule (Douce le jeune)
21 décembre 1630Prolongement du bailJean Doule (Douce le jeune)
1634Six ansPhilippe Boudeau
1642-1649Sept ans Prolongement du bail en 1649 pour sept ansJean et Hubert Lépinois. Seul ce dernier réside à la Romagne. Jean, lui, demeure à Fespin.
1701Trois ansJean Lebrun (demeurant à Doumely) et Marie Chulme (sa femme)
12 mai 1714Un anBail de terre en versaines (jachères) et prés (dépendant de la ferme de la Binotterie) à Jean Mouchet demeurant à Mauroy paroisse de Chaumont.
23 mai 1715Un anLocation de terres en versaines dépendant de la ferme de la Binotterie à Claude Canard, laboureur demeurant à la place Alit (= Aly).
1723Six ou neuf ansBerthauld Pasgnière et Barbe Georget (sa femme)
1741Trois, six, neuf ansBesnoit Pasgnière
1755Neuf ans (le bail sera renouvelé puis résilié en 1782).Berthauld Bolle et Alexisse Cousin (sa femme)
1783Conclusion du contrat non déterminéePromesse et soumission de « passer bail » signé au début des versaines 1783 entre maître Vittot (avocat en Parlement, fondé de procuration de madame la vicomtesse de Boisgelin, baronne de Chaumont) et Jean Chéry, laboureur demeurant à la place Aly, paroisse de Givron.
1787Estimation en vue d’une vente ou d’un partage des terres ?Arpentage, mesurage et levée d’un plan topographique des terres, jardin, chènevières, bois, broussailles composant la Binotterie et appartenant à monsieur le vicomte de Boisgelin, baron de Chaumont [1].

[1] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 12 [série T = papiers privés dans le domaine public, cotes T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés, cote T 471 = documents de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse].
Souvent, les seigneurs ne percevaient pas directement le montant des baux mais les affermaient.

Des deux châteaux édifiés à Séry (Ardennes) avant la Révolution, seul subsiste celui « du haut », situé près de l'église. Il a appartenu à différentes familles (dont les Danois).
Des deux châteaux édifiés à Séry (Ardennes) avant la Révolution, seul subsiste celui « du haut », situé près de l’église. Il a appartenu à différentes familles (dont les Danois).

La ferme de la Cour Avril, à la différence de celle de la Binotterie, est tout d’abord la possession du sieur de Bouzonville. Cela est attesté dans l’acte de mariage de 1624 entre Christophe de Bouzonville, fils d’Adrien de Bouzonville, sieur de Sery, capitaine de cent hommes à pied, et sa femme Françoise Danois.

Ensuite, ce sont ses enfants Hugues (qui avait un arrière-fief[1] à la Romagne) et sa femme Marie de Mailly[2], ainsi que Renée et son mari, messire Gilles Duguet[3], qui y résident.


[1] Fief relevant au second degré d’un autre fief, dans la dépendance duquel se trouve celui dont il relève directement.

[2] Archives départementales des Ardennes, E 825 [série E = seigneuries, familles, état civil, notaires, cotes E 801-1745 = minutes notariales, cotes E 825-826 = étude Natalis Baillaux à Boulzicourt, 1741-1780].

[3] Archives départementales des Ardennes, E 1445 [série E = seigneuries, familles, état civil, notaires, cotes E 801-1745 = minutes notariales, cotes E 1422-1453 = étude Hachette à Novion-Porcien, 1661-1691].


Selon l'hagiographie, saint Berthauld aurait vécu dans un ermitage limitrophe de Chaumont-Porcien.
Selon l’hagiographie, saint Berthauld aurait vécu dans un ermitage limitrophe de Chaumont-Porcien.

Des différends éclatent régulièrement entre le sieur de Bouzonville et les religieux de l’abbaye de Chaumont. En 1630, selon le mémoire de cette abbaye[1], ces derniers l’accusent d’empiéter sur leurs terres en récupérant des terres provenant de leurs biens qui jouxtent ceux de la Cour Avril. Ils ont de telles difficultés pour faire valoir leur droit qu’ils ne peuvent espérer que la « mort de cet homme », ce qui finit naturellement par se produire. De plus, ils l’accusent de « ne rien respecter et de couper des arbres pour alimenter son four à briques qu’il emploie pour ses bâtiments ». On peut ainsi dater approximativement la construction du pavillon en brique et ardoise. Terwel ajoute dans son mémoire qu’en 1657, les bois de la Cour Avril sont de quinze arpents.


[1] Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).


Plaque de cheminée en fonte de la maison carrée de la Cour Avril (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Jean et madame Marie-Paule Vergneaux).
Plaque de cheminée en fonte de la maison carrée de la Cour Avril (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Jean et madame Marie-Paule Vergneaux).

La propriété passe ensuite à la fille des propriétaires, Louise, qui épouse en 1687 Firmin Canelle[1], écuyer et seigneur de Gand. Est-ce à la suite de sa tentative avortée de s’impliquer dans l’industrie du fer qu’il la vend et qu’elle devient alors la propriété de Jean Baptiste Devie, sieur de la Horgne ? Celui-ci-ci la cède à son tour pour la somme de 2000 livres[2] à messire Paul Boucher (seigneur d’Avançon) et à son épouse. Cette dernière n’est autre que Marie-Thérèse Devie de La Horgne, fille dudit Jean Baptiste.

Quelques enfants de ce couple y naissent, dont Nicolas Paul Marie, qui sera seigneur de cette Cour Avril. A partir de 1756, on sait, sans en connaître de façon certaine le propriétaire, que les fermiers en sont François Leclerc et sa femme Marie-Jeanne Fréal. En 1766, y résident François-Auguste Baudrillart et sa femme[3].


[1] Parfois orthographié Canel.

[2]Archives départementales des Ardennes, inventaires sommaires, page 101 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].

[3] Archives départementales des Ardennes, C 985 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].


Maison carrée de la Cour Avril aujourd'hui disparue, photographie ancienne (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Jean et madame Marie-Paule Vergneaux.
Maison carrée de la Cour Avril aujourd’hui disparue, photographie ancienne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Jean Vergneaux et de madame Marie-Paule Vergneaux).

Elle passe ensuite, lors d’une vente[1] le 26 novembre 1767, des mains de messire Pierre-Antoine Thomas d’Avançon et consorts à celles du sieur Paul Legros, marchand à Wasigny. Cette transaction s’effectue contre 7150 livres et 5 livres de rente au profit de la fabrique de La Romagne.

Ce dernier cherche à la vendre dès juin 1782, sans que l’on sache si cette vente se fera finalement. Cette propriété est décrite de la manière suivante : « Ferme qui peut produire 8 à 900 livres de revenu et qui consiste en une maison bâtie en brique et pavillon couvert en ardoise, grange, écurie, remise, colombier, puits, belle cour et jardin potager entouré de beaux fossés[2] propres à mettre du poisson, cent vingt arpents de terre, trente arpents de bois garnis de futaies, quinze arpents de prés[3]. »


[1] Archives départementales des Ardennes, C 987 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].

[2] Ces fossés apparaissent encore très nettement sur le cadastre de 1936.

[3] Bibliothèque Carnegie, CRV1189M Rés, « A vendre », in Havé, Adrien (directeur de publication), Journal de Champagne, n° 1 du 1er janvier 1781-n° 34 du 20 août 1792. Reims : Imprimerie Pierard, 1781-1792, n° 23, lundi 10 juin 1782, p. 1 [presse locale ancienne, vue 1/4, consultable en ligne].


Du chanvre, on tire la filasse qui sert à fabriquer du tissu.
Les paysans tirent du chanvre la filasse qui sert à fabriquer du tissu.

La ferme de la Prieuré se situait près du moulin Garot et, jusqu’en 1720, on est certain qu’elle appartenait à la famille Bechet, dans la mesure où elle faisait partie du partage des biens de la succession de Charles Bechet et de sa femme Marie Foulon. Elle tombe dans le lot de leur fille Prudence, sœur de Robert Bechet d’Arzilly et de Nicolas Bechet de Longueval.

Elle se compose d’un corps de logis, de bâtiments de grange et écurie, d’un jardin, de terres, prés et plants d’arbres ainsi que d’une chènevière[1]. Elle est, dans le dernier quart du XVIIIe siècle, la propriété de Marie Peltier (veuve de Pierre Jadart du Merbion) qui la loue à Jean Lépinois et à sa femme Nicole Cousin[2].


[1] Champ sur lequel on cultive le chanvre.

[2] Acte du 30 septembre 1771 maître Watelier notaire à Wasigny [Archives départementales des Ardennes, série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, cotes 3E 35/1-613 = archives notariales de Wasigny].


La ferme Merlin se trouve à l'angle de la rue Haute et de la grand-rue, carte postale ancienne de La Romagne.
La ferme Merlin se trouve à l’angle de la rue Haute et de la grand-rue, carte postale ancienne de La Romagne.

Nicolas Bechet, dit Bechet de Longueval, tire son nom de la cense de Longueval. Durant de longues années, on ne sait rien de cette propriété, jusqu’à ce qu’elle soit mentionnée comme faisant partie des biens de la famille Merlin au XIXe siècle.

Les deux dernières censes dont on trouve trace sont celles du Pont Canelle et de Blanchebarbe : on connaît l’existence de la première par un échange de terres qui se fait entre Gérard Merlin, sa femme Jeanne Leblanc, et Jean Posé manouvrier de Saint-Jean-aux-Bois[1]. La seconde porte sur celle de Blanchebarbe qui, elle aussi, est évoquée dans un acte notarié entre Nicolas Langlet et Gérard Merlin. Les censes disparaissent avec la Révolution, qui modifie en conséquence la répartition des biens du village.


[1] Archives privées et personnelles [source non communicable en raison d’un accord de confidentialité].

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Les religieux de Chaumont-Porcien, possesseurs terriens de La Romagne jusqu’à la Révolution


Le blason écclésiastique de l'ordre des chanoines réguliers de Prémontré est d'azur, semé de fleurs de lys d'or, à deux crosses du même passées en sautoir brochant sur le tout.
Le blason écclésiastique de l’ordre des chanoines réguliers de Prémontré est d’azur, semé de fleurs de lys d’or, à deux crosses du même passées en sautoir brochant sur le tout.

En dehors des laïcs, les autres grands propriétaires de terres de la Romagne sont les religieux de l’abbaye de Chaumont-La-Piscine, qui exploitent trois censes : celles de la Marlière, de La Paternotte et la cense de la Bouloi.


Avers (ou droit) d'un denier tournois, Paris 1616, portrait de Louis XIII le Juste.
Avers (ou droit) d’un denier tournois, Paris 1616, portrait de Louis XIII le Juste.

La cense de La Marlière, parfois nommée aussi ferme de la Malterie, est le point de départ de la réalisation d’un patrimoine foncier dans le village. Elle a été acquise dès 1243, comme en attestent des recueils de titres de propriétés achetées dans ce secteur. Les religieux l’ont obtenue moyennant le « denier à Dieu » de 12 deniers tournois, 10 sous tournois pour vins et 320 livres tournois de principal auprès de Jean Tribout, Marin Guillaume et Alizon Garnin. Cette propriété se situait en face du chemin menant à la cense Longueval et se composait d’une maison, d’une grange, d’une étable, d’un jardin et pourpris[1], de terres et prés pour une superficie d’environ 30 setiers[2].


[1] Enceinte ou clôture qui entoure un espace.

[2] Ancienne mesure de capacité, variable suivant les époques et les régions.


Bibliothèque nationale de France, image numérisée, IFN-8400504, Tortorel, Jacques (graveur) ; Perrissin, Jean Jacques (graveur), le Massacre fait à Vassy le premier jour de mars 1562, [s.l.] : [s.n.], [s.d.], gravure sur bois de la suite de Perrissin et Tortorel, estampe consultable en ligne sur Gallica. Cet événement, qui a eu lieu à Wassy [orthographe moderne] est le déclencheur de la première des huit guerres de Religion.
Bibliothèque nationale de France, image numérisée, IFN-8400504, Tortorel, Jacques (graveur) ; Perrissin, Jean Jacques (graveur), le Massacre fait à Vassy le premier jour de mars 1562, [s.l.] : [s.n.], [s.d.], gravure sur bois de la suite de Perrissin et Tortorel, estampe consultable en ligne sur Gallica. Cet événement, qui a eu lieu à Wassy [orthographe moderne] est le déclencheur de la première des huit guerres de Religion.

Pendant trois siècles, on ne sait rien des laboureurs qui l’ont exploitée. Ce n’est qu’en 1543 qu’apparaît le nom de Jean Mallet comme censier. Il loue ce bien pour la somme de 20 livres à laquelle s’ajoutent les suppléments habituels (deux livres de cire, deux sols, six deniers des Innocents, deux chapons).

Quarante ans plus tard, Guillaume Robin en prend la succession. Hélas, les temps sont si difficiles avec les guerres de Religion que cette cense, comme toutes les autres que possédait l’abbaye sur le terroir, est victime de divers ravages qui font tomber sa valeur locative à 12 livres en 1624.

Dans l’inventaire qui est établi à ce moment-là, il est question de trente arpents de terre et de trois fauchées de pré[1]. On peut penser que cette augmentation de la superficie est due, d’une part à des acquisitions, et d’autre part à la place laissée par la destruction de la maison et de tout son contour. Ces terrains sont très certainement récupérés pour être cultivés. Il faut attendre 1630 pour en connaître le nouveau censier : Jean Douce.


[1] Surface pouvant être fauchée en une journée.


Saint Norbert recevant les règles augustiniennes de saint Augustin. Au XIIe siècle, une communauté norbertienne de l'abbaye de Cuissy s'est installée à Gerigny avec une donation sur les terres de Givron et de Draize.
Saint Norbert recevant les règles augustiniennes de saint Augustin. Au XIIe siècle, une communauté norbertienne de l’abbaye de Cuissy s’est implantée à Gérigny.

Après leurs démêlés avec le sieur de Bouzonville, les religieux finissent par retrouver la ferme dans un état encore plus lamentable qu’au début du siècle, puisqu’ils ne la louent à Jean Lespinois que pour 9 livres en 1668. Le travail de cet homme pendant plus d’une vingtaine d’années est fructueux, puisque cette propriété retrouve une certaine valeur lorsqu’elle est baillée pour 25 livres à André Douce (habitant de Gérigny, dans la paroisse de Rocquigny).


Les chênes sont cultivés pour leur bois dur, leur écorce (riche en tanins), leurs glands (qui nourrissent les porcs lors des glandées).
Les chênes sont cultivés pour leur bois dur, leur écorce (riche en tanins), leurs glands (qui nourrissent les porcs lors des glandées).

En plus de cette cense, les religieux lui laissent un arpent de broussailles et se réservent une chênaie. Bien soignés, les chênes au nombre de dix-sept atteignent quatre-vingts ans plus tard une belle taille. L’état de cette ferme ne cesse de progresser, puisque le loyer sous la gestion de Jean Chery et Jean Baptiste Canard passe de 50 à 90 livres entre 1767 à 1776. Par la suite, et jusqu’à la vente des biens nationaux, cette cense est incorporée dans les baux de location de la ferme de la place Alit de Givron[1].


[1] Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, p. 678 à 682 [passim], Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).


Archives départementales des Ardennes, La Romagne C2 1835, le village et le Mont de Vergogne, cadastre ancien, plan parcellaire, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne C2 1835, le village et le Mont de Vergogne, cadastre ancien, plan parcellaire consultable en ligne.

Lors de la vente des biens de l’abbaye à la Révolution, cette ferme est adjugée à Jean-Charles Dupont, laboureur au Mont de Vergogne, pour la somme de 3825 livres, alors qu’elle avait été mise à prix à 2035 livres[1]. On peut penser qu’il n’en est pas le véritable acquéreur[2] mais un homme de paille.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 145 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].

[2] Archives départementales des Ardennes, Q 272 n° 153 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 272-282 = ventes de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].


Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, p. 678 à 682 [passim], Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).
Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).

L’abbaye possède aussi au lieu-dit Le Mont Ballard royant[1] au chemin de Saint-Jean-aux-Bois et au terroir de Montmeillant La Cense de La Paternotte dont le nom, selon les uns, serait une déformation de Pater noster alors que plus prosaïquement le rédacteur du mémoire[2] des biens de la manse[3] conventuelle signale qu’il s’agit tout simplement du nom d’un des premiers preneurs.


[1] Pour le sens de « royant à » ou « budant à » (« attenant à »), voir Tamine, Michel, « Le vocabulaire toponymique de la limite : éléments d’un inventaire ardennais (suite et fin) », In Nouvelle revue d’onomastique, Paris : Société française d’onomastique, 1983-, n°33-34, 1999, p. 31-92, Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-X-1826 [périodique, consultable en ligne sur Persée].

[2] Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes).

[3] Exploitation agricole comprenant une habitation rurale avec ses jardins, champs, vergers.


Bibliothèque nationale de France, image numérisée, IFN-7741202, Tavernier de Jonquières (dessinateur) ; Destailleur, Hippolyte (collectionneur), Abbaye de Prémontré, [s.l.] : [s.n.], [178.], dessin à la plume, encre brune et aquarelle, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, image numérisée, IFN-7741202, Tavernier de Jonquières (dessinateur) ; Destailleur, Hippolyte (collectionneur), Abbaye de Prémontré, [s.l.] : [s.n.], [178.], dessin à la plume, encre brune et aquarelle, consultable en ligne sur Gallica.

La constitution de cette ferme date de 1531 environ. Elle repose sur la réunion de terres achetées ou échangées avec messire Jacques de Suzanne (seigneur de Chaumont) et sa femme, et des achats de l’abbaye auprès d’habitants de la Romagne : sept setiers (sis au Bois Couvert et au Beau Champ) viennent de Jean Constant ; trois autres de Pierre Noé ; enfin, une pièce et tenure au Mont Ballard ont pour origine les terres de Geoffroy de Mariaulcourt, laboureur de la paroisse. Les acquisitions se poursuivent ensuite auprès d’autres agriculteurs du village (Jean Bondo dit Leblanc père et fils, Pierre Legros et Pierre Malart), montrant le patient travail des religieux pour agrandir le foncier autour de leur ferme.


Le froment est également appelé blé tendre (Triticum aestivum).
Le froment est également appelé blé tendre (Triticum aestivum).

Dès 1544, après Jean Fondrillon, elle est laissée le temps et espace de vingt-sept ans et vingt-sept dépouilles à Lambert Fondrillon, sa femme Jeanne, leurs enfants, à condition de payer la redevance (trois muids de grains, moitié froment moitié avoine, et les annexes conformes aux us et vigueurs).

Ce contrat ne se borne pas à fixer le montant de la location, mais il répertorie également les devoirs du censier à l’égard de l’abbaye. Ce dernier ne peut ni couper ni aliéner aucune chose de ladite cense sans le consentement des religieux ; de plus, il se doit de planter et enter raisonnablement sur les jardins et les terres, et uniquement dans les lieux les plus convenables. Le censier et sa famille disposent outre les terres d’une superficie voisine de trente-deux arpents, d’une maison d’une grange, d’une écurie et d’un jardin (ce qui semble être la norme).

L'avoine cultivée (Avena sativa) est utilisée comme céréale ou comme plante fourragère.
L’avoine cultivée (Avena sativa) est utilisée comme céréale ou comme plante fourragère.

Le censier suivant que l’on identifie en 1619 est Pierre Legros mais, dans son contrat, il n’est plus question de la maison, ce qui laisse supposer qu’elle a été détruite lors des guerres. La cense passe ensuite en 1643, pour la somme de 60 livres, à Robert Frougneux, puis à Toussaint Decarreaux, avant d’être tenue en 1709 par Philippe Jadart (laboureur de Montmeillant). Lui succède sa veuve, avant que la cense n’échoie à Jean Soret de La Romagne.

Comme celui-ci loue également la ferme de la Bouloi, il rétrocède son bail à Henry Mallet. C’est à l’occasion de la déclaration des terres que fait ce dernier que l’on s’aperçoit que la superficie de cette ferme a diminué d’au moins six arpents.


L'ordre des chanoines réguliers de Prémontré porte un habit et un scapulaire blancs.
L’ordre des chanoines réguliers de Prémontré porte un habit et un scapulaire blancs.

Cette diminution est attribuée à la négligence de certains censiers et aux voisins qui, petit à petit, grignotent sur les terres de La Paternotte lorsqu’ils cultivent les leurs. Une fois de plus, les religieux parviennent à en récupérer une bonne partie, si ce n’est la totalité.

Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, plus précisément en 1777, les religieux qui ont beaucoup de mal parfois à louer leurs terres décident de planter des bois à La Paternotte, soit trente-deux arpents.

Lors de la vente des biens nationaux, la ferme de la Paternotte est intégrée à celle de la Bouloi et il ne subsiste de ce lieu de manière indépendante que vingt-huit arpents de bois et cinq quartels de pré[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 528 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 523-543 = administration du séquestre des biens nationaux, fonds concernant les églises collégiales, les abbayes, les prieurés, les cures, les presbytères et les chapelles, 1790-1840].


Les bouleaux, qui poussent sur les terres pauvres, auraient donné leur nom à la Boulois [orthographe moderne].
Les bouleaux, qui poussent sur les terres pauvres et souvent siliceux, auraient donné leur nom à la Boulois [orthographe de 1835].

La ferme la plus importante possédée par l’abbaye de Chaumont est la ferme de la Bouloi ou de la Boullenoi (dont le nom pourrait provenir du latin betulla[1]). C’est en 1541 que Gobert Coulin, abbé de Chaumont, achète à Nicolas Vasselier (laboureur de La Romagne) cette ferme royée[2] au ban de Montmeillant et budant[3] au Petit Vivier pour la somme de 400 livres tournois. Elle se compose à l’époque d’une maison, d’une grange, d’une écurie, de six muids et demi de terres arables et, en friche, de cinq fauchées de pré. A cela s’ajoutent des terres qui sont rachetées à l’église de La Romagne.


[1] Les bouleaux font partie de la famille des bétulacées et du genre Betula [variante orthographique courante de betulla en botanique]. Ils sont très présents dans la forêt ardennaise.

[2] C’est-à-dire « attenant au ban de Montmeillant ».

[3] Equivalent de « contiguë au Petit Vivier ».


Archives départementales des Ardennes, 1J 1224, Cartulaire de l'abbaye Saint-Berthauld de Chaumont contenant des actes de 1087 à 1543, pièce de 1543 remise par monsieur Jacques Lucas avec le soutien de l’ASPP (Association de Sauvegarde du Patrimoine du Portien) le 4 novembre 2009, signalé en ligne.
Archives départementales des Ardennes, 1J 1224, Cartulaire de l’abbaye Saint-Berthauld de Chaumont contenant des actes de 1087 à 1543, pièce de 1543 remise par monsieur Jacques Lucas avec le soutien de l’ASPP (Association de Sauvegarde du Patrimoine du Portien) le 4 novembre 2009, signalé en ligne.

Selon leur origine, certaines de ces terres sont chargées de droits divers, tantôt de cens, tantôt de cens et terrage, tantôt uniquement du terrage. Quoi qu’il en soit, elles sont toutes, selon le vieux cartulaire de l’abbaye, franches de dîmes. Cette exemption pose néanmoins quelques problèmes avec le curé de la paroisse.

Ce même abbé, un peu plus tard, fait de nouvelles acquisitions, tant auprès du premier vendeur que de Jean Jaudart, habitant de la paroisse. A l’issue de tous ces achats, la ferme contient sept muids et deux quartels soit quatre-vingt-quatre arpents et demi de terres et prés, mais continue d’être exploitée par Nicolas Vasselier. L’abbaye la lui loue à rente viagère pour le montant annuel de cinq muids de grains (moitié froment moitié avoine) et les suppléments.


Le blason communal de Sainte-Menehould est d'azur à une porte de ville donjonnée d'argent maçonnée ajourée et ouverte de sable, les deux tours d’angle essorées en dôme d’or, la porte chargée d'un lion d’or, armé et lampassé de gueules, issant du seuil et tenant dans sa patte dextre une épée en barre aussi d’argent, les trois tours sommées chacune d’une aigle essorante du même.
Le blason communal de Sainte-Menehould est d’azur à une porte de ville donjonnée d’argent maçonnée ajourée et ouverte de sable, les deux tours d’angle essorées en dôme d’or, la porte chargée d’un lion d’or, armé et lampassé de gueules, issant du seuil et tenant dans sa patte dextre une épée en barre aussi d’argent, les trois tours sommées chacune d’une aigle essorante du même.

D’après les documents étudiés, Nicolas Vasselier jouit de la ferme de la Bouloi jusque vers 1559 ou 1560, date à laquelle elle est attribuée à Aimand Grauet et Jean Rifflet. Comme ces deux-là se dispensent de payer le prix annuel durant la durée de leur bail, une première sentence est rendue au bailliage de Sainte-Menehould, puis une seconde par le Parlement de Paris condamnant les fermiers à tous les dépens, dommages et intérêts.


Les traités de Westphalie, signés le 24 octobre 1648, mettent fin à la guerre de Trente Ans.
Les traités de Westphalie, signés le 24 octobre 1648, mettent fin à la guerre de Trente Ans.

Avec les évènements qui émaillent le XVIIe siècle (guerre de Trente Ans, la Fronde, etc.), la ferme ne trouve pas preneur et est à bailler à louage, car seuls les prés de cette cense avec les fruits du jardin rendent quelque chose. Comme celles des autres fermes, la maison n’existe plus, ce qui fait que les religieux ne trouvent pas à La Romagne de censiers. Ils doivent alors se tourner vers des habitants de Montmeillant comme Gilles Frangeux, dont le bail est reconduit de 1619 à 1641.


Le blason ecclésiastique de l'archevêché de Reims est d'azur, semé de fleurs de lys d'or, à la croix de gueules brochante sur le tout.
La paroisse de Montmeillant dépend de l’archevêché de Reims, dont le blason ecclésiastique est d’azur, semé de fleurs de lys d’or, à la croix de gueules brochante sur le tout.

En 1652, c’est à nouveau un laboureur de La Romagne, Nicolas Boudsocq, puis ses enfants qui la reprennent et tentent de la remettre en valeur jusqu’après 1701. A cette date, le père Davaux, curé de Montmeillant[1], demande de faire valoir cette ferme, mais il n’obtient pas gain de cause.

Est-ce pour cette raison que ce dernier, après beaucoup de tergiversations, doit se rendre aux injonctions de son archevêque et faire un retour à l’abbaye dont il était issu afin d’y méditer ?


[1] Selon monseigneur Le Tellier, il avait un faible pour la terre et sa culture plutôt que pour sa mission ecclésiastique auprès de ses paroissiens.


Avers (ou droit) d'une pièce d'or de 24 livres françaises, 1793.
Avers (ou droit) d’une pièce d’or de 24 livres françaises, 1793.

La réunion des deux fermes de La Paternotte et de la Bouloi à partir de 1718 permet la rétrocession d’une partie. Succédant à la veuve de Philippe Jadart, Jean Soret et sa femme, puis ses enfants, s’en occupent jusqu’en 1766. Elle est alors cédée à Thomas Devie pour la somme de 150 livres. Les religieux, en même temps qu’à la Paternotte, plantent treize arpents de bois.


D'abord titres d'emprunt, les assignats deviennent une monnaie de circulation et d’échange en 1791.
D’abord titres d’emprunt, les assignats deviennent une monnaie de circulation et d’échange en 1791.

Pour veiller sur ces nouveaux plants, ils choisissent comme garde un habitant du village, qui reçoit un salaire annuel de 30 livres. Lorsque la Révolution éclate, ces bois et les taillis font partie des ventes de biens nationaux et sont acquis indépendamment des fermes[1].

A sa mise en vente en 1791, la propriété est louée par un bail de neuf ans à Jean-Pierre Letellier, laboureur au Mont de Vergogne, pour la somme de 250 livres et huit livres de beurre. Il conserve l’exploitation de cette ferme jusqu’à l’expiration de son bail, puisque celui-ci avait été signé avant le 2 novembre 1789, ce qui interdit aux nouveaux acquéreurs d’évincer le locataire, même en l’indemnisant, en raison du décret du 14 mars 1790[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 528 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 523-543 = administration du séquestre des biens nationaux, fonds concernant les églises collégiales, les abbayes, les prieurés, les cures, les presbytères et les chapelles, 1790-1840].

[2] Article V du titre I.


Pièce d'or de 24 livres françaises, 1793 (revers).
Pièce d’or de 24 livres françaises, 1793 (revers).

Lors de la vente, cette ferme est adjugée pour la somme de 5475 livres à Nicolas Gabriel Billaudel, châtelain bourgeois demeurant à Rethel[1]. Ce n’est pas la seule acquisition de cet homme dans le village, puisqu’il s’y constitue un joli petit patrimoine, tant en terres qu’en bois.

Passé en quelques siècles des religieux de Chaumont à un privé, c’est tout le paysage foncier de La Romagne qui est redessiné.


[1] Archives départementales des Ardennes, Q 273 n° 372 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 272-282 = ventes de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].

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Agriculteurs Agriculture Cultures

Les lieux-dits de La Romagne, éléments de toponymie


La densité des noms de parcelles et de lieux-dits autour de La Romagne est beaucoup plus forte entre le Moyen-Age et la fin de l’Ancien Régime que de nos jours. En témoignent les actes notariés qui font allusion à des dénominations que l’on ne peut plus localiser : les Rouages, par exemple, tenaient au chemin qui conduit à Montmeillant et à celui de Saint-Jean-aux-Bois (d’après la vente en 1719 d’une pièce de pré entre Gérard Merlin et Robert Bechet).


Les lieux-dits de La Romagne peuvent tirer leurs noms d'arbres, comme le Grand Poirier ou le Gros Faux (hêtre).
Les lieux-dits de La Romagne peuvent tirer leurs noms d’arbres, comme le Grand Poirier ou le Gros Faux.

Par la suite, les plans cadastraux ont découpé le terroir avec une certaine rigueur. L’absence de terriers[1] ne permet pas de pousser plus loin l’étude comparative. Néanmoins, les relevés qui ont pu être faits dans le passé montrent une grande richesse et mettent en valeur :

  • des noms de propriétaires ;
  • l’aspect des lieux (mont, fosse ou vallon, partie basse ou fond) ;
  • la nature du sol (cailloux, pierre) ;
  • l’humidité de l’endroit ;
  • les plantes (arbres fruitiers et autres, plantes utiles) ;
  • les jardins (courtils) ;
  • les voies ou moyen de communication (chemin, voie ou son diminutif « voyette », pont) ;
  • les carrières ;
  • l’industrie ou le commerce (mines, moulins, briqueterie) ;
  • la religion (la croix, qui peut tout aussi bien désigner un calvaire qu’un carrefour).

[1] Dans les registres nommés terriers, on indiquait les limites des fiefs et des censives, les redevances dues, les services à rendre, les usages locaux. Les terriers de La Romagne ont disparu.


Archives départementales des Ardennes, La Romagne A1 1835, Le bois d'Apremont et les Houis Bas, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne A1 1835, le bois d’Apremont et les Houis Bas, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, consultable en ligne.

Bois, arbres divers et végétation

  • Bois d’Apremont, Bois Promsy, Bois Foissier, Bois de la Cense Longueval, Bois de la Paternotte,  Bois de la Tachette, Bois du Grand Sart, Bois des Ribourés, Bois de la Queue de l’Etang, Bois de la Plaine ;
  • Le Bochet, le Bochet Croët, le Buisson Peautelet, la Haye Colin ;
  • Les Plants, le Plant Foucault, le Gros Faux, le Grand Poirier, les Bruyères.
Fau (faux) vient du latin Fagus sylvatica, le nom scientifique du hêtre commun (planche tirée de la flore médicale de Pierre François Chaumeton, 1817).
Fau (faux) vient du latin Fagus sylvatica, le nom scientifique du hêtre commun (planche tirée de la flore médicale de Pierre François Chaumeton, 1817).

Le pou ou pouil est l'ancien nom du coq (Gallus gallus domesticus). L'ardennaise dorée est une race de poule belge et française.
Le pou ou pouil est l’ancien nom du coq (Gallus gallus domesticus). L’ardennaise dorée est une race de poule belge et française.

Présence d’eau

  • La Fontaine Roger, la Fontaine aux Pous, la Fontaine aux Grues, le Long Ruisseau.
Muséum d'histoire naturelle de Toulouse, MHNT.ZOO.2010.11.65.5, œuf de grue cendrée (Grus grus), collection oologique de Jacques Perrin de Brichambaut (photographie de Roger Culos).
Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, MHNT.ZOO.2010.11.65.5, œuf de grue cendrée (Grus grus), collection oologique de Jacques Perrin de Brichambaut (travail personnel du photographe Roger Culos, 2019).

Nature du sol

  • La Petite Marnière, la Pierre, les Groettes, Les Minières, les Cailloux.

Le chêne pédonculé (Quercus robur) est, avec le hêtre commun, une essence feuillue courante en Champagne-Ardenne.
Le chêne pédonculé (Quercus robur) est une essence courante des Ardennes.

Terre

  • Les Terres de Belair, les Terres Jacques, la Grosse Terre, la Terre Martin, les Terres du Grand Chemin, les Terres de la Cense Longueval, les Terres de la Tachette, les Terres de la Pierre, la Rouge Terre, La Terre Grand-mère, les Longues Terres de la Huée, les Terres du Pré Mellier, les Terres des Hayes, les Terres des Veaux, les Terres Madame, les Terres de la Grosse Soule, la Terre aux Chênes, la Terre du Berger, la Ronde Terre
Le chêne rouvre ou sessile (Quercus petraea) est aujourd'hui utilisé par la Tonnellerie de Champagne-Ardenne.
Le chêne rouvre ou sessile (Quercus petraea) est aujourd’hui utilisé par la Tonnellerie de Champagne-Ardenne.

Planche Deyrolle d'enseignement agricole sur les plantes fourragères des prairies naturelles.
Planche Deyrolle d’enseignement agricole sur les plantes fourragères des prairies naturelles.

Pré

  • Le Pré Agnant, le Pré Agnant sous la Voye Libert, le Pré Potier, le Pré des Roises, le Pré Montagne, le Pré de la Biche, le Pré des Guitons, le Pré de la Houette, le Pré des Moisnes, le Pré Haut du Moulin Garot, le Pré du Chat Noyé, le Pré Merlin, la Huée du Pré Mellier, le Pré de la Passe, les Prés du Grand Sart, le Pré Hudrot, le Pré de la Voyette de Chaumont, le Pré de l’Etang.

Le courtil est un jardin paysan, généralement clos.
Le courtil est un jardin paysan, généralement clos.

Courtil (petit jardin)

  • Le Courtil Monnois, le Courtil Noirette, le Courtil Macheterre, le Courtil Jadin, le Courtil Habert, le Courtil Jean Rousseau, le Courtil Doré, le Courty Rogier.
Le courtillage est un petit jardin potager et, par métonymie, la production de ce dernier.
Le courtillage est un petit jardin potager et, par métonymie, la production de ce dernier.

Archives départementales des Ardennes, La Romagne C1 1835, le village et le Mont de Vergogne, cadastre ancien, plan parcellaire, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne C1 1835, le village et le Mont de Vergogne, cadastre ancien, plan parcellaire consultable en ligne.

Elévation

  • Le Mont Ballot, le Mont de Vergogne, etc. ;
  • La Côte Monnois, la Côte du Petit Moulin, la Côte de Montmeillant, la Côte de la Rouge Cotte, la Côte du Chat Noyé, la Côte Herbin, la Côte Hamel, la Côte au Saint Foin, la Côte des Cayotiers.
Le sainfoin (Onobrychis viciifolia) est une plante des prairies pauvres autrefois cultivée comme fourrage.
Le sainfoin (Onobrychis viciifolia) est une plante des prairies pauvres autrefois cultivée comme fourrage.

La fauchée était la quantité d'herbe qu'un agriculteur pouvait couper en un jour.
La fauchée était la quantité d’herbe qu’un agriculteur pouvait couper en un jour.

Mesures

  • Les Quatre Arpents, les Dix Quartels, la Fauchée Robin.

Contrairement à ceux de La Romagne, disparus, le moulin de Librecy, hameau de la commune de Signy-l'Abbaye a pu être restauré (sa partie meunerie date de 1604). La FFAM (Fédération française des associations de sauvegarde des moulins) et la FDMF (Fédération des moulins de France) tentent de préserver ce patrimoine.
Contrairement à ceux de La Romagne, disparus, le moulin de Librecy, hameau de la commune de Signy-l’Abbaye a pu être restauré (sa partie meunerie date de 1604). La FFAM (Fédération française des associations de sauvegarde des moulins) et la FDMF (Fédération des moulins de France) préservent ce patrimoine.

Lieux anciens

  • Le Fossé du Château, le Grand Fief et le Petit Fief, la Cense Longueval, le Moulin à Vent, le Petit Moulin à Vent, la Croix Renaud, le Pont Cannel, la Briqueterie, la Queue de l’Etang.