Jean Roland Boudsocq naît le 2 juin 1705 à La Romagne[1]. Il est le quatrième enfant du couple formé par Henry Boutsocq[2] et Jeanne Dehaulme. Il est baptisé par le prieur curé du village, Louis Potin, qui officie dans la paroisse Saint-Jean[3] de La Romagne depuis mai 1704. Son parrain est Roland Dehaulme (duquel il reçoit le prénom), et sa marraine, Marguerite Dehaulme.
[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 9/32, consultable en ligne.
[2] D’après les registres des tailles de 1708, conservés aux archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, il serait hôtelain, c’est-à-dire aubergiste, cabaretier, hôtelier, hôte, celui chez qui on loge.
[3] L’Evangéliste.

L’absence d’acte de mariage[1] fait que la filiation des parents ne peut être attestée avec certitude. Sont-ils des descendants de la famille Boudsocq qui a donné son nom à une cense proche de La Romagne[2] ? Le sont-ils de ceux qui ont essaimé dans les villages voisins ? Aucun document ne permet de l’affirmer.
[1] Tous les registres BMS (baptêmes mariages sépultures) de l’année 1700 ont disparu.
[2] Située sur la route menant de Rocquigny (Ardennes) à Rubigny (Ardennes).
L’aînée des enfants est une fille, Jeanne, née certainement en décembre 1700. Elle meurt[1] âgée de 11 mois, le 1er octobre 1701, et est inhumée dans le cimetière paroissial.
[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 32/38, consultable en ligne.
François[1], le deuxième enfant, né probablement le 24 février[2] 1702 décède[3] alors qu’il est âgé de dix-sept jours, soit vers le 13 mars suivant[4].
[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 35/38, consultable en ligne.
[2] Les ratures rendent difficile la lecture du jour.
[3] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 35/38, consultable en ligne.
[4] Les deux actes cités supra se suivent sur le registre.
Deux autres enfants naissent ensuite, Nicolas le 23 juin 1707[1], et Antoine le 19 septembre 1712[2].
[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 16/32, consultable en ligne.
[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 31/32, consultable en ligne.
Jean Roland à dix ans lorsque ses parents décèdent à quelques jours d’intervalle : le père disparaît le 2 août 1715, la mère le 14 août suivant[1].
[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 2 = années 1713-1721], page non paginée, vue 12/34, consultable en ligne.
Nul ne sait ce que devient cette fratrie : les registres des actes BMS[1] de La Romagne ont disparu pour la période de 1722 à 1732, et ceux qui leur sont postérieurs restent muets à son sujet. Seul apparaît dans ces derniers un Jacques Boudsocq, qui se révèle être né à Rocquigny et marié en 1713 à La Romagne. La recherche dans les registres des tailles est, elle aussi, infructueuse pour cette période et au-delà. De même, on ne retrouve plus aucune trace de membres de la famille Deheaulme.
[1] Baptêmes, mariages, sépultures.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105357, Plan de Lille de Bourbon sur les mémoires des S[ieu]rs Boucher et Feuilly, 1710, carte manuscrite en couleur, échelle de 5 lieues [= 11 cm], 41,5 × 54,5 cm, note manuscrite historique sur la prise de possession de l’île entre 1642 et 1664, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 11/1 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-memoires-Boucher-Feuilly-carte-BnF-1710-GE-SH-18-PF-218-DIV-2-P-11-1-D-1024x773.jpeg)
Cependant, une preuve de son existence et de son changement de vie apparaît en 1729, lorsqu’il est répertorié[1] sur l’île Bourbon. Comment a-t-il eu connaissance de la colonisation de cette île, située dans l’Océan Indien à plus de douze mille lieues[2] de son village natal, pour commencer une vie totalement différente de celle qu’il a vécue dans le territoire continental?
Qu’a-t-il ressenti en entreprenant un aussi long voyage ? Sur ces différents points, comme sur la première année de son installation dans l’île, on ignore tout, si ce n’est que cette aventure débute par un très long voyage…
[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1235, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).
[2] Environ mille trois cent soixante « lieues de Paris », soit neuf mille deux cents kilomètres en distance à vol d’oiseau ((orthodromique) ; entre deux mille sept cents et trois mille cent « lieues de Paris », soit de dix mille cinq cents à douze mille kilomètres en distance réelle par trajet maritime.



![Musée national de la marine. Citadelle de Port-Louis : souvenir de visite. Rédigé par Anne Belaud-de Saulce. [Paris] : musée national de la marine, 2022. 63 p. : illustrations en couleur ; 22 cm. (Souvenirs de visite). Bibliographie p. 62. Glossaire. Impression : Saint-Thonan, Imprimerie Cloître. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Musee-national-de-la-marine.-Citadelle-de-Port-Louis-premiere-couverture-749x1024.jpg)
![Musée national de la marine. Citadelle de Port-Louis : souvenir de visite. Rédigé par Anne Belaud-de Saulce. [Paris] : musée national de la marine, 2022. 63 p. : illustrations en couleur ; 22 cm. (Souvenirs de visite). Bibliographie p. 62. Glossaire. Impression : Saint-Thonan, Imprimerie Cloître. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Musee-national-de-la-marine.-Citadelle-de-Port-Louis-quatrieme-couverture-744x1024.jpg)
Selon les règles de la navigation à voile de l’époque, et le lieu de destination, le voyage peut prendre des mois, voire un an pour les destinations les plus lointaines. Le départ se fait en général de Lorient[1], et plus précisément de Port-Louis[2], une citadelle[3] fortifiée, entre novembre et février pour la Chine, décembre et mars pour l’Inde, mars et avril pour l’île Bourbon[4].
Des escales sont prévues au Cap de Bonne-Espérance[5], que l’on atteint en général au bout de quatre à cinq mois, puis à Madagascar, aux îles Bourbon[6] ou de France[7].
[1] Commune située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.
[2] Commune située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.
[3] Musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Citadelle de Port-Louis : souvenir de visite. Rédigé par Anne Belaud-de Saulce. [Port-Louis] : musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan), 2022. 63 p. : illustrations en couleur ; 22 cm. (Souvenirs de visite). Bibliographie p. 62. Glossaire. Impression : Saint-Thonan, Imprimerie Cloître. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
[4] Haudrère, Philippe. « Les Voyages », dans Les Compagnies des Indes, nouvelle édition augmentée et mise à jour, direction Philippe Haudrère et Gérard Le Bouëdec ; avec la participation du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), Brigitte Nicolas et Louis Mézin. Rennes : Éditions Ouest-France, 2024, p. 67-82. 1 vol. (171 p.) : illustrations en couleurs ; 27 cm. Imprimé à Palaiseau : Imprimerie PPO Graphic. Bibliographie p. 166-168. (Exemplaire provenant de la collection personnelle de l’auteure.)
[5] Éperon rocheux situé actuellement dans la région du Cap-Occidental, en Afrique du Sud.
[6] La Réunion, actuellement département et région d’outre-mer français (DROM).
[7] L’île Maurice, actuellement territoire principal de la république du même nom.
Là-bas, au flanc d’un mont couronné par la brume,
Les Filaos – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.
Entre deux noirs ravins roulant leurs frais échos,
Sous l’ondulation de l’air chaud qui s’allume
Monte un bois toujours vert de sombres filaos.
A l’arrivée, il découvre un milieu naturel, dont on peut se faire une idée grâce aux descriptions et aux récits de navigateurs, et qui est à l’opposé de ce qu’il connaissait en quittant le royaume de France.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595762, L’Isle de Bourbon anciennement dicte Isle de Mascaregne, [17ᵉ siècle], carte imprimée, 18 × 20,5 cm, figurant des poissons et des navires à voiles, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8415), consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-Mascareignes-carte-BnF-1600-1699-GE-DD-2987-8415-1024x910.jpeg)
L’île Bourbon est une terre volcanique située au cœur de l’océan Indien[1]. Elle est dominée par deux sommets majeurs : le Piton des Neiges et le Piton de la Fournaise. D’une superficie d’environ deux mille cinq cents kilomètres carrés, elle est entièrement recouverte de forêts au moment de sa découverte.
Ces forêts varient selon l’altitude et abritent des essences spécifiques[2] telles que les tamarins[3], les calumets de Bourbon[4] et les fougères arborescentes[5]. Deux zones échappent toutefois à ce couvert forestier : elles se caractérisent par des paysages de savane ou de bruyère.
[1] Lavaux, Catherine. La Réunion : du battant des lames au sommet des montagnes. Paris : Éditions du Pacifique, 1991. 383 p. : illustrations ; 23 cm. Bibliographie p. 380. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)
[2] Indigènes ou autochtones, voire endémiques pour certaines d’entre elles.
[3] Le « Petit Tamarin des Hauts » correspond à Sophora denudata Bory, 1804, tandis que le « Tamarin des Hauts » désigne Acacia heterophylla (Lam.) Willd., 1806. Voir les notices descriptives consultables en ligne sur le site du parc national de La Réunion.
[4] Nastus borbonicus J. F. Gmel., 1791, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).
[5] Cyathea glauca Bory, 1804 (Fanjan femelle) et Cyathea borbonica Desv., 1811 (Fanjan mâle). Voir les notices descriptives consultables en ligne sur le site du parc national de La Réunion.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595761, I. do Mascarenhas, [16e siècle], carte imprimée, 11,5 × 16 cm, pagination : 8, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8414), consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Mascareignes-carte-BnF-1500-1599-GE-DD-2987-8414-1024x754.jpeg)
Cette île fait partie de l’archipel des Mascareignes[1], nom donné en l’honneur du navigateur portugais Pedro Mascarenhas[2]. Durant une trentaine d’années, sa côte n’est qu’un point de relâche[3] pour les navires, qui peuvent ainsi se ravitailler en eau.
[1] Il se compose des îles de La Réunion, Maurice et Rodrigues.
[2] Né vers 1484 à Mértola (Portugal) et décédé le 23 juin 1555 à Goa (Inde).
[3] Relâcher signifie dans le vocabulaire de la navigation « s’arrêter, faire escale en un lieu, souvent en fonction des nécessités de la navigation ou d’incidents imprévus. La tempête les obligea à relâcher. Le navire a relâché à Brest. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

Jacques Pronis[1], agent de la Compagnie française d’Orient (1642-1664), créée par Richelieu, fonde la colonie de Fort-Dauphin[2] à Madagascar, qu’il gouverne. Ses manières de faire provoquent la colère et la révolte de certains colons. En 1646, il exile sur l’île « Bourbon[3] » quelques mutins, qui y resteront jusqu’en 1649.
[1] Ou Jacques de Pronis (6 octobre 1619, La Rochelle – 23 mai 1655, Madagascar), administrateur colonial français, actif au XVIIe siècle, notamment dans la région de l’océan Indien.
[2] Ou Tôlanaro, commune située actuellement dans le district de Taolanaro, la région Anosy, la province de Toliara, à Madagascar.
[3] Elle n’est pas nommée ainsi à cette époque. L’île aujourd’hui connue sous le nom de La Réunion a porté diverses appellations au fil de son histoire : d’abord désignée sous la dénomination de Santa Apolonia, en référence au jour de la Sainte Apolline, sur les cartes portugaises, elle devint l’île Bourbon en 1649 sous la domination française, rebaptisée Île de La Réunion en 1793 lors de la Révolution, temporairement appelée Île Bonaparte entre 1806 et 1810, avant de retrouver le nom d’île Bourbon après 1815, pour finalement reprendre définitivement le nom de La Réunion après 1848.

La colonisation ne devient effective qu’à partir de la disparition de la Compagnie française de l’Orient, et de la création par Colbert de la Compagnie des Indes orientales (1664-1719) : celle-ci répond à la volonté de Louis XIV de développer la puissance maritime de la France, et de contrecarrer le commerce des Anglais et des Hollandais.
Ces derniers, présents sur l’île Mauritius[1], l’abandonnent en 1715, si bien que les Français la récupèrent au nom du roi de France et s’y installent. Elle prend alors le nom d’île de France.
[1] Nom donné par les navigateurs portugais.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595768, Plan de l’isle de Bourbon, [17e siècle], carte manuscrite, 38,5 × 49 cm, présence d’une rose des vents, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8421), consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-carte-BnF-1600-1699-GE-DD-2987-8421-1024x794.jpeg)
Lorsque la colonisation de l’île Bourbon est décidée, la Compagnie des Indes recrute pour en faire des colons, des artisans de différents corps de métier, mais aussi des soldats, dont elle exige qu’ils aient un métier civil.
Elle fait construire par des esclaves, qui viennent majoritairement de Madagascar, des habitations en bois, des magasins, des entrepôts, des bâtiments administratifs, etc. Étienne Régnault, ancien commis aux écritures de Colbert, est le premier gouverneur de l’île de Bourbon du 5 août 1665 au 8 mai 1671.

Une partie de la forêt de l’île disparaît au début du XVIIIe siècle avec :
- l’accélération de la colonisation ;
- l’accroissement d’une population qui a besoin de terres pour les cultures vivrières ;
- la construction d’une flotte pour transporter les marchandises, acheminer (gratuitement) les missionnaires évangélisateurs, et défendre les biens et les personnes[1].
[1] Cependant, en cas de « fortune de mer » (tempêtes, naufrages, abordages, avaries, etc.), la flotte royale lui prête assistance.

A partir du peuplement de cette île, les navires (dont certains appartiennent à des corsaires[1] ou des pirates[2]) se procurent aussi des denrées alimentaires diverses, pour que les escadres[3] soient en mesure de poursuivre leurs voyages jusqu’aux comptoirs de l’Inde, et que l’équipage puisse résister au scorbut[4].
[1] « Bâtiment qui, en temps de guerre, était armé en course par des particuliers en vertu d’une commission du gouvernement. » et, par métonymie, le « capitaine commandant un tel bâtiment. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] « Aventurier qui se livre au brigandage sur mer, membre d’un équipage qui attaque et pille des navires marchands. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. [Nota bene : le flibustier est un « aventurier appartenant aux bandes de pirates qui, au XVIIe et au XVIIIe siècle, écumaient les mers des Antilles. »]
[3] « Force navale, d’importance variable, composée de bâtiments de combat de divers types, placés sous les ordres d’un officier général. », terme utilisé dans le domaine de la marine militaire, selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[4] « Maladie due à une carence en vitamine C, qui se manifeste par des hémorragies, des troubles gastro-intestinaux, le déchaussement des dents et une cachexie progressive pouvant être mortelle. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
Vers 1715, la Compagnie est rattachée à Fort-Dauphin. Elle reçoit un certain nombre de privilèges dont :
- le droit de propriété des terres ;
- le droit de justice ;
- le droit d’établir des garnisons ;
- le droit de battre monnaie ;
- le droit de faire commerce d’esclaves ;
- le droit d’armer des navires de commerce et de guerre.

Ces pouvoirs qui lui sont attribués s’étendent de l’Afrique (jusqu’à Madagascar) à la Chine. Ils sont abolis en 1764, lors de la rétrocession de l’île au roi de France. Mais auparavant, ils lui permettent d’administrer l’île, de développer ses ressources et de s’enrichir.
Dès 1769, le commerce privé s’empare du négoce de l’Océan Indien, et ce jusqu’en 1785. Une troisième organisation voit alors le jour : la Compagnie de Calonne (1785-1793) qui, à l’inverse des précédentes, n’a pas de pouvoir civil ou militaire dans ses comptoirs.
Un large ruban d’or illumine la cime
Le Semeur – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.
Des coteaux dont la brume a noyé le versant.
L’horizon se déchire, et le soleil descend
Sous les nuages roux qui flottent dans l’abîme
Comme un riche archipel sur une mer de sang.
Elle fournit aux colons des terres à mettre en valeur, sous forme de concessions. Celles-ci sont soumises à des impôts (cens[1], « lods[2] et ventes », etc.). Au départ, elles s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares. Mais au fil des arrivées successives au cours du XVIIIe siècle, leur superficie diminue progressivement, ne représentant plus que cinq à cinquante hectares selon les endroits.
[1] « Redevance de toute nature que certains détenteurs de biens devaient annuellement au seigneur du fief dont ils relevaient. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] « Seulement dans l’expression Lods et ventes, pour désigner la redevance due au seigneur lors de la vente d’une partie du territoire sur lequel s’étendaient ses droits. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

Au début du XVIIIe siècle, la Compagnie développe la culture du café. Elle s’occupe de la fourniture des plants, qu’elle achemine. Elle impose, par une ordonnance de 1724, la culture d’au moins deux cents pieds par habitation[1] se lançant dans cette production. A la récolte, le café est acheté aux producteurs cinq sous la livre.
Elle gère ensuite la commercialisation d’autant qu’elle dispose du monopole pour la France. Elle assure grâce à ce produit, le fret de retour de ses navires.
[1] L’habitation désigne à la fois la maison du propriétaire, les cases et les entrepôts faisant partie du domaine.

La compagnie prend pour nom celui de Compagnie perpétuelle des Indes (1719-1769)[1] jusqu’à sa rétrocession. Elle naît d’une fusion de diverses compagnies de commerces à privilèges comme l’étaient les Compagnies des Indes orientales, du Sénégal ou de Chine, ce qui entraîne des changements politiques et administratifs.
[1] La Compagnie perpétuelle des Indes, fondée en 1719 par John Law, résulte de la fusion de plusieurs compagnies, dont la Compagnie des Indes orientales (1664). L’adjectif « perpétuelle » est ajouté en 1723 pour souligner un monopole commercial censé durer indéfiniment, mais qui ne sera pas maintenu dans les faits.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105372, Veue de la Rade et du bourg de St. Denis à l’Isle de Mascarin, manuscrit daté du 17ᵉ ou 18ᵉ siècle [S.l.]. Format : 1 carte manuscrite, 25 x 36,5 cm. Notes manuscrites au verso indiquant « Vue de la rade de St Denis » ; légende des bâtiments représentés présente. Orientation au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Vue-rade-bourg-Saint-Denis-BnF-GE-SH-18-PF-218-DIV-8-P-1-D-1024x702.jpeg)
Alors que les débuts de l’organisation de la colonisation ont été assez anarchiques, la Compagnie entretient à partir de 1722 une troupe de cent cinquante hommes pour veiller à la sérénité de l’île, et ce d’autant plus que des révoltes d’esclaves éclatent assez souvent, et que le marronnage[1] se développe sur toute l’île.
[1] « État d’un esclave marron. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. Voir infra la définition de marron.
Des règlements régulièrement promulgués durcissent les sanctions[1] (« fers à un pied », flétrissure sur une ou deux épaules, fouet, patrouille de recherches nocturnes). Des récompenses (en espèces ou sous la forme du don d’un esclave) sont accordées aux « chasseurs de marrons[2] ». Quand c’est un esclave qui réalise cette prise, il reçoit une pièce de toile.
[1] Ève, Prosper, « Le marronnage à Bourbon/La Réunion », 52 pages [article PDF], consultable en ligne sur le site du musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion). [Nota bene : Prosper Ève est professeur émérite d’histoire moderne à l’Université de La Réunion, chercheur au CRESOI (Centre de recherches sur les sociétés de l’océan Indien), et président de l’AHIOI (Association historique internationale de l’océan Indien). Le musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), est une ancienne société de plantation dédiée à l’histoire et aux mémoires de l’esclavage à La Réunion.]
[2] « S’est dit d’un esclave réfugié dans les bois pour y vivre en liberté. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105366, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis la rivière de Ste. Suzanne jusque à la Grande Ravine ; Plan de la baie et du mouillage de St. Denis dans le nord de l’Isle de Bourbon, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 36,5 × 47 cm, échelles : 2 lieues [= 14,5 cm] et 600 toises [= 8 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-riviere-Sainte-Suzanne-carte-BnF-16.-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-3-P-1-D-1024x800.jpeg)
Administrativement, entre 1735 et 1746, l’île Bourbon est dirigée par un commandant subordonné au gouverneur général résidant à l’île de France. Il est accompagné d’un Conseil supérieur, sorte de corps administratif et d’assemblée de marchands. Trois de ces conseillers font office de commandant de quartier : à Saint-Paul[1], Saint-Pierre[2] et Sainte-Suzanne[3].
[1] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).
[2] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).
[3] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).
Comme le nombre de soldats entretenus par la compagnie est insuffisant, chaque quartier, que ce soit Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Denis[1] a une milice composée de deux classes : les colons, et un groupe statutaire composé d’affranchis et de descendants d’affranchis. Elle est chargée de la police intérieure et de la défense de l’île.
[1] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).
![Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Culture-cafe-ile-Bourbon-n°-1-1800-MQB-75.14892.jpg)
Lors de son arrivée, Jean Roland Boudsocq peut constater que la population originaire du territoire métropolitain est moins importante que celle des esclaves. Il est vrai que la culture des caféiers provoque une demande accrue de main-d’œuvre.
Son mariage avec une créole[1], Marie Anne Gruchet[2], peut s’expliquer par les relations qui ont pu exister entre lui et Jean Gruchet, son beau-père. Le premier est employé par la Compagnie dès 1730, et le deuxième est aussi au service de celle-ci.
[1] « Originellement, personne de famille européenne, née dans une des anciennes colonies des régions tropicales de l’Amérique et de l’océan Indien, et plus particulièrement aux Antilles. » Par extension, « toute personne née dans ces régions, quelle que soit son ascendance. Adjectivement. Un Noir créole, né dans ces colonies et non en Afrique. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] Née le 2 novembre 1710 à Saint-Paul [Nota bene : la date de son décès demeure inconnue à ce jour, en l’état actuel des recherches.]
Les relations avec la Compagnie, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, sont d’ailleurs incontournables : pour se procurer la moindre chose, il faut y avoir recours, car elle détient dans ses entrepôts les objets et des denrées indispensables à la vie au quotidien.
Flots qui portiez la vie au seuil obscur des temps,
Flots des mers – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.
Qui la roulez toujours en embryons flottants
Dans le flux et reflux du primitif servage,
Eternels escadrons cabrés sur un rivage
Ou contre un roc, l’écume au poitrail, flots des mers,
Que vos bruits et leur rythme immortel me sont chers !
Jean Gruchet[1] est né vers 1666 à Lisieux[2]. Il est mort le 8 juillet 1744[3] à Saint-Paul[4]. Après un voyage de sept mois jusqu’à l’île de Bourbon sur le Saint-Jean-Baptiste[5], il débarque en décembre 1689 avec une vingtaine d’autres colons, principalement des artisans.
[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1179, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).
[2] Commune située actuellement dans le département du Calvados, en région Normandie.
[3] L’état civil est manquant pour l’année 1744. Cette date provient de la source mentionnée infra.
[4] Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant un inventaire et partage de la succession Jean Gruchet, époux de Jacquette Leverque en secondes noces. [Nota bene : Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, ont informé l’auteure que le contrat du premier mariage de Roland Boutsocq Deheaulme avec Marie Anne Gruchet (1732) demeure introuvable malgré leurs recherches. En revanche, elles ont pu localiser l’inventaire et le partage cotés 3E 41. Ces documents, trop volumineux pour être reproduits, nécessitaient une consultation sur place. L’auteure remercie chaleureusement Patrick Jacquemart d’en avoir transmis les images.]
[5] Ce navire eut par la suite un destin tragique : d’une capacité de 150 tonneaux et armé à Port-Louis (Morbihan), il arriva à l’île Bourbon le 5 décembre 1689. Moins d’un mois plus tard, le 31 décembre 1689, il fut détruit par un cyclone dans la baie de Saint-Paul, où il fit naufrage.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105380, Port découvert par le Sr Habert de Vauboulon en l'Isle Bourbon vers la rivière du Marsouin..., 1690, plan manuscrit, 46,5 × 34 cm, note manuscrite au verso : « Avec sa lettre à Monsieur [Dehargny] du 1er octobre 1690 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 9 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-port-Habert-de-Vauboulon-carte-BnF-1690-GE-SH-18-PF-218-DIV-9-P-1-D-1024x749.jpeg)
Henry Habert de Vauboulon[1], qui deviendra gouverneur de l’île, se trouve sur le même navire de la Compagnie. Ces deux passagers restent assez proches l’un de l’autre, mais Jean Gruchet ne suivra pas le gouverneur dans ses turpitudes, et autres opérations hasardeuses.
[1] Bibliothèque François-Mitterrand, site François-Mitterrand, 8-O3S-479, Bénard, Jules ; Bernard Monge. L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais : dictionnaire du peuplement, 1663-1713. Saint-Denis : Azalées éditions. Imprimé à Saint-André (La Réunion) : Imprimerie Graphica, 1994, 215 pp., pages 201-202.
Recruté d’abord comme armurier par la Compagnie des Indes, il exerce plusieurs métiers une fois installé dans l’île, en fonction des besoins du moment, ce qui implique d’une manière générale, pour les colons, d’être habiles dans divers domaines : il est ainsi coutelier, taillandier, charpentier, menuisier, forgeron, etc.
Jean Gruchet séjourne à Saint-Paul à partir de son mariage le 28 juillet 1692 avec une jeune créole, Jeanne Bellon (née le 4 novembre 1676 à Saint-Paul, mort le 30 mai 1729 à Saint-Paul). De ce couple naissent onze enfants, dont neuf filles et deux garçons. Marie Anne Gruchet, cité supra, est la huitième.
Totalement illettré, Jean Gruchet est décrit comme un homme plutôt sobre, qui ne joue pas, et un travailleur acharné, selon Antoine Boucher[1]. Il réussir à bâtir une solide fortune, aidé en cela par la découverte de deux jarres d’argent et d’or en 1729, trésor qu’auraient laissé des pirates qui relâchaient dans l’île.
[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2015-309679, Boucher, Antoine ; Barassin, Jean ; Cercle généalogique de Bourbon. Mémoire pour servir à la connoissance particulière de chacun des habitans de l’isle Bourbon ; suivi des notes du père Barassin. Sainte-Clotilde : Surya éditions, imprimé en Inde, 2015, 452 p., illustrations, 24 cm, pages 141-143, 338, passim.
Monts superbes, dressez vos pics inaccessibles
L’orgueil – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.
Sur le cirque brumeux où plongent vos flancs verts !
Métaux, dans le regret des chaleurs impossibles,
Durcissez-vous au fond des volcans entr’ouverts !
Il obtient, en 1720, la concession de trois terrains à la « montagne Saint-Paul »[1], chacun d’entre eux jouxtant des propriétés appartenant aux sœurs de sa femme. Le premier se situe en hauteur, à côté d’une forêt de bois de fer[2], le deuxième est au milieu, et le troisième en bas, à proximité de pignons d’Inde[3]. Ils longent également d’un autre côté un massif de bois rouge[4] et, plus bas, de bois jaune[5]. Il fait défricher ces terres par ses esclaves, et s’en procure d’autres au Boucan des malades[6], où il fait de l’élevage.
[1] « 1720. Extraits de contrats de concession accordés à divers. 3 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 114, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 33/381, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2093 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 2088-2131 = D. Etats et extraits ; cotes 2088-2105 = 1. – Canton de Saint-Paul.]
[2] Sideroxylon majus (Gaertner fils) Baehni, notice descriptive consultable en ligne sur le site du parc national de La Réunion.
[3] Jatropha curcas L., 1753, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).
[4] Cassine orientalis (Jacq.) Kuntze, 1891, notice descriptive consultable en ligne sur le site du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
[5] Ochrosia borbonica J. F. Gmel,1791, notice descriptive consultable en ligne sur le site du site des Parcs nationaux de France.
[6] Ce lieu-dit dépend aujourd’hui de la commune de Saint-Paul, sur la côte ouest de La Réunion, entre Boucan Canot et Saint-Gilles-les-Bains.
![Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Première page de l’acte. Rappel de l’apposition des scellés le 8 juillet 1744 et annonce de l’inventaire le 14 juillet. Fait à la requête de Roland Boudsocq Deheaulme, garde-magasin de la Compagnie des Indes, et d’Antoine Maunier, ancien capitaine de bourgeoisie. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Succession-Gruchet-debut-acte-notarie-IMG_4762-822x1024.jpg)
![Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Succession-Gruchet-inventaire-meubles-couchette-IMG_4763-708x1024.jpg)
L’inventaire de sa succession[1], dressé à partir du 14 juillet 1744, détaille le mobilier contenu dans les différentes habitations. On y trouve des couchettes à bas piliers[2] garnies de matelas de laine, d’oreillers et de couverture de « chitte[3] », des tables en natte à petites feuilles[4], avec tiroir et pieds en bois tournés, des chaises ou des pliants en bois de pomme[5], de nombreux miroirs , souvent de petite taille, une pendule, des coffres, une armoire à deux battants et trois tablettes, un buffet à deux battants, etc.
[1] Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant un inventaire et partage de la succession Jean Gruchet, époux de Jacquette Leverque en secondes noces.
[2] Lits légèrement surélevés par de petits supports, destinés à isoler du sol, favoriser la ventilation et protéger de l’humidité ou des nuisibles.
[3] Probablement du chintz, « tissu d’ameublement en coton imprimé dont une des faces est d’un brillant un peu glacé. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[4] Petit natte ou Labourdonnaisia calophylloides Bojer, 1841, notice descriptive consultable en ligne sur le site du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
[5] Syzygium cordemoyi Bosser & Cadet, 1987, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

Pour les repas et les réceptions, la vaisselle est importante, avec au moins cinq services de verres, de nombreux gobelets, flacons et carafes, des plats en étain, des services en porcelaine, des gargoulettes[1], des pots en faïence, vingt-deux nappes, soixante-quatorze serviettes en toile de coton, et des « couteaux flamands »[2].
[1] « Vase en terre poreuse où l’eau se rafraîchit par évaporation, et dont le bec étroit permet de diriger le jet d’eau au fond de la gorge. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] Soulat, Jean. « Le couteau flamand : du marin hollandais à la traite coloniale », Les Cahiers LandArc, n° 48, août 2022, 17 pages [article PDF], consultable en ligne sur le site du LandArc. [Nota bene : LandArc est un laboratoire français spécialisé en archéologie, archéométrie et histoire des techniques. Il publie régulièrement ses Cahiers LandArc, une revue scientifique portant sur des fouilles, des découvertes et des patrimoines archéologiques, avec un accent particulier sur les contextes littoraux et maritimes.]
En outre, l’inventaire vestimentaire donne des précisions sur la provenance des étoffes : de la calmande[1], du nankin[2], du guingan[3], de la mousseline[4], du gros drap[5], du camelot[6], de l’armoisin[7], qui soulignent la prospérité du commerce établi avec l’Inde et la Chine par la Compagnie. La présence de fils de coton bleus, et de vingt livres de laine, suggère une économie domestique, destinée à un usage personnel.
[1] « Étoffe de laine lustrée d’un côté, comme le satin. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] « Toile de coton épaisse, qui est ordinairement d’un jaune chamois. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[3] « Sorte de toile de coton fine et lustrée. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[4] « Toile de coton très fine, légère et transparente. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[5] « Étoffe de laine pure ou mélangée, à la surface duveteuse, que diverses opérations ont resserrée et rendue plus résistante. Une pièce de drap fin, de gros drap. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[6] « Étoffe faite primitivement de poil de chameau, fort prisée au Moyen Âge, puis simplement de poil de chèvre ou de laine de mouton. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[7] « Taffetas faible et peu lustré. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
![Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Reconnaissance de l’exactitude du début de l’inventaire établi devant des témoins, dont Roland Deheaulme. Le paraphe de certains manque, bien qu’ils soient présents, car ils ne savaient ni écrire ni signer. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Succession-Gruchet-inventaire-signatures-temoins-IMG_4771-772x1024.jpg)
![Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Signature de l’acte établi à la fin de la journée du 14 juillet 1744. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Succession-Gruchet-fin-acte-notarie-IMG_4784-763x1024.jpg)
Des outils (dont quatre-vingt-dix-sept différents) : haches, serpes, varlopes[1], rabots, établi de menuisier, scies, scie de long, masse, pioches, bêches, étrille[2] avec gouge, lames de couteaux, et cent soixante-dix-huit livres de fer attestent des nombreuses activités exercées par Jean Gruchet à la suite de son installation dans l’île. Ses biens témoignent aussi de son enrichissement, qui assure une certaine aisance à ses héritiers[3].
[1] « Très long rabot, muni à l’arrière d’une poignée facilitant la poussée, qui sert à travailler, à aplanir une pièce, une surface. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] « Instrument métallique dentelé servant au pansage des chevaux, des mulets, etc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[3] Une telle analyse historique d’un inventaire de succession offre un éclairage concret sur la vie quotidienne à La Réunion au XVIIIe siècle. Sur ce point, voir aussi l’ouvrage d’Albert Jauze, Vivre à l’île Bourbon au XVIIIe siècle : usages, mœurs et coutumes d’une colonie française sur la route des Indes de 1715 à 1789, illustrations originales de Benjamin Combard, préface de Daniel Roche, Paris, Riveneuve éditions ; musée historique de Villèle, Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), 2017, 376-XIV p. : illustrations en couleur ; 27 cm. (Collection patrimoniale Histoire ; Riveneuve océan Indien), quatrième partie « Rusticité, facettes multiples d’une société agreste », chapitre 3 : « L’exemple d’un habitant, François Lelièvre époux de Jeanne Lépinay », p. 335-344. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)


Sa première femme est la fille de Jean Bellon[1] et d’Antoinette Renaud[2], des primo-arrivants, venus dès 1667 sur l’un des navires de la flotte de Mondevergue[3]. Elle veille à l’éducation de ses filles, dont plusieurs savent écrire. Marianne[4] reçoit, lorsque sa mère est veuve pour la seconde fois, la part d’héritage lui revenant de son père.
[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 138, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).
[2] Elle sera la première marraine figurant dans les registres de l’île.
[3] François Lopès [Lopis], marquis de Montdevergues, marin et administrateur colonial français. Cf. Bibliothèque François-Mitterrand, site François-Mitterrand, 8-O3S-479, Bénard, Jules ; Bernard Monge. L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais : dictionnaire du peuplement, 1663-1713. Saint-Denis : Azalées éditions. Imprimé à Saint-André (La Réunion) : Imprimerie Graphica, 1994, 215 pp., page 208.
[4] Variante orthographique de Marie Anne.
Le contrat de mariage, signé le 25 septembre 1732 auprès de maître Morel[1], aurait pu apporter des renseignements sur les futurs époux et leurs ascendants. Mais la communication de celui-ci s’est révélée impossible[2], le dossier étant « en déficit[3] ».
[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1235, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).
[2] Selon des échanges par courriel des 11 et 21 mars 2025 avec Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, ce document demeure introuvable (voir supra).
[3] En archivistique, cette expression désigne une absence ou une lacune dans un fonds ou une collection, par rapport à ce qui serait attendu ou nécessaire pour assurer une représentation complète, cohérente et fiable d’un ensemble documentaire.
L’acte d’état civil, établi le 30 septembre 1732[1], montre que deux mariages sont célébrés à la même date. Le premier concerne celui de Jean Malesse[2] et de Marie Monique Gruchet, sœur cadette de Marianne. Le second, entre cette dernière et Jean-Roland, comporte des erreurs, qui expliquent le glissement du nom de Boutsocq à celui de Dehaulme[3]. Le marié est en effet déclaré comme étant le fils d’Henry Dehaulme et de Jeanne Bourdois[4].
Non seulement, il y a une confusion entre la filiation paternelle (Henry Boudsocq) et la filiation maternelle (Jeanne Deheaulme). Mais, en plus, cette dernière est remplacée par Jeanne Bourdois (en fait, probablement sa grand-mère maternelle). Cette erreur s’explique sans doute par la similitude des prénoms.
[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1732, vue 5/8, consultable en ligne.
[2] Ou jean Mallet, selon une variante orthographique.
[3] Ou de Haulme, selon une variante orthographique.
[4] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1732, vue 5/8, consultable en ligne.
Du fait de cet imbroglio, les enfants, puis les descendants de Henry Boutsocq, vont désormais s’appeler « Deheaulme », en un ou deux mots, et avec des variantes orthographiques et anthroponymiques[1]. Alors que le double nom est le plus souvent présent dans les documents de la Compagnie, ce n’est pas le cas pour l’état civil.
[1] L’anthroponymie est la « partie de l’onomastique qui étudie les noms de personnes. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
Cependant, en 1790, sur l’acte de mariage d’une de ses petites-filles[1], le nom de Boutsocq réapparaît sous une orthographe éloignée de la graphie d’origine (Boutsooc), et en 1816 sous la forme de Boutsoock Deheaulme.
[1] Anne Marie Françoise, décédée le 6 août 1861 à Saint-Pierre.

On peut désormais suivre l’itinéraire familial et professionnel de Jean Roland Boutsocq à partir de son entrée dans l’une des premières familles établies dans l’île. De 1733 à 1753, naissent douze enfants :
- Marie Anne Charlotte, née le 5 juillet 1733 à Saint-Paul.
- Antoine Roland, ne lé 26 août 1735 à Saint-Paul et baptisé le 27 août ;
- Louis Norbert, né le 21 août 1737 à Saint-Paul ;
- Henriette Olympiade, née en 1739, décédée à l’âge de quatre ans ;
- une petite fille morte à la naissance le 17 janvier 1742, et non prénommée ;
- Marie-Hortense, née le 4 janvier 1743, décédée le 11 des mêmes mois et année ;
- des jumelles, Elisabeth et Anne, nées le 16 décembre 1743.
- Gaspard François, né le 16 avril 1746 et décédé 5 jours plus tard ;
- Bertrand Montand[1], né le 9 mai 1747 et décédé le 16 mai ;
- Jean Valfroy, né le 13 octobre 1748 ;
- Françoise Geneviève[2], née le 25 juin 1753 à Saint-Paul, décédée le 7 septembre 1780 à Semblançay[3].
[1] Lire Montan, déformation du prénom Montain en usage dans la Thiérache axonaise, une sous-région du massif thiernois s’étendant du nord-est de la Picardie aux contreforts ardennais.
[2] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 11/22, consultable en ligne.
[3] Commune située actuellement dans le département de l’Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire.
L’acte de naissance et de baptême d’Antoine Roland révèle plusieurs éléments significatifs. D’une part, la mention de son père sous le nom de « Roland Boudsoc de Heaulme » témoigne d’une réintégration explicite du nom patronymique.
D’autre part, les pratiques de sociabilité se manifestent à travers des échanges croisés de parrainage[1] entre deux familles, reproduisant un schéma typique du village natal du père. En revanche, pour Françoise Geneviève, le choix des parrain et marraine s’inscrit dans une logique strictement familiale, puisqu’il s’agit de son frère et de sa sœur aînée.
[1] Le 23 juillet 1735 naît François Roland Maunier, fils d’Antoine Maunier, capitaine de quartier. Il est baptisé le 25 juillet. Son parrain est Roland Boutsoc de Heaulme. Quant à Antoine Roland, le fils de Roland Boutsoc, né le 26 juillet de la même année, et baptisé le 27 juillet de la même année, il a pour parrain Antoine Maunier. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1735, vue 5/6, consultable en ligne.

On ne sait quasiment rien de la vie des jumelles, si ce n’est qu’elles voyagent avec leur dernière sœur, toujours accompagnées de leur père, et souvent de leur mère et de deux domestiques, Alexis et Marie. Elles sont inscrites sur les rôles d’équipage à bord de différents navires de la Compagnie , comme le Bertin[1], la Paix[2], le Saint-Louis[3]. Il arrive que Jean Roland soit avec son épouse, un seul domestique, et sans ses enfants, sur le Massiac[4], par exemple, qui est une flûte[5] de la Compagnie.
[1] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 40-II.1, rôle du Bertin (1765-1766), p. 25 : dans la table des noms, sous le n° 264, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland et sa famille sont désignés comme « passagers » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « restés à l’île Bourbon – monsieur, madame et trois enfants, passagers à prendre à l’île Bourbon. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.
[2] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 40-II.7, rôle de la Paix (1764-1766), p. 25 : dans la table des noms, sous le n° 312, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland et sa famille sont désignés comme « passagers » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon le 12 mars 1766 ; resté à terre à l’île Bourbon – à la table aux frais de la Compagnie, avec ses trois demoiselles et deux domestiques créoles (Alexis et Marie). », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.
[3] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 41-II.7, rôle du Saint-Louis (1766-1768), pages 40 et 41 : dans la table des noms, sous le n° 488, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Jean Roland est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – monsieur, aux frais de la Compagnie » ; sous le n° 492, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), la femme de Jean Roland est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – madame, mère, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 493, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Anne est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 494, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Elisabeth est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 495, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Françoise Geneviève est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. », sous le n° 502, à l’entrée Marie [sans patronyme] (« individu – parents »), une femme est désignée comme « domestique passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au débarquement – négresse, domestique de monsieur Dehaulme, à ses frais à l’office. » ; sous le n° 503, à l’entrée Alexis [sans patronyme] (« individu – parents »), un homme est désigné comme « domestique passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – nègre, domestique de monsieur Dehaulme, à l’office à ses frais. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.
[4] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 41-II.5, rôle du Massiac (1766-1768), p. 26 : dans la table des noms, sous le n° 306, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland est désigné comme « conseiller passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; n’ont pas embarqué – à la table, aux frais de la Compagnie, avec son épouse. » ; sous le n° 307, à l’entrée « Anonyme » (« individu – parents »), un homme est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; n’a pas embarqué – domestique de monsieur et madame Deheaulme, à l’office. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.
[5] « Navire de charge utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles pour le transport des munitions et l’approvisionnement des navires en campagne. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

En revanche, faute de prénom, et en l’absence de précisions suffisantes, il n’est pas possible d’établir avec une totale certitude un lien entre Jean Roland et le Deheaulme « passager » mentionné à bord du Duc de Parme[1], ou le Dehaulme « commis passager » cité sur le Puisieulx[2]. Pas plus qu’il n’est possible d’identifier de quel « monsieur Deheaulme » le « soldat passager » Jean-Baptiste Sorin dit « sans allarme[3] » a reçu un ordre d’embarquement sur la Paix[4].
[1] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 36-23, rôle du Duc de Parme (1752-1754), p. 27 : dans la table des noms, sous le n° 302, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), un homme est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon le 2 juin 1753, débarqué à Pondichéry le 8 juillet 1753 – passager pour Pondichéry à la table. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.
[2] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 36-15, rôle du Puisieulx (1752-1754), p. 32 : dans la table des noms, sous le n° 373, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), un homme est désigné comme « commis passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à Lorient ; débarqué à Pondichéry le 20 avril 1753 – passager à la table pour Pondichéry », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.
[3] Lire « sans alarme », sans doute un sobriquet militaire pouvant être valorisant (sang-froid, bravoure tranquille) ou ironique (lâcheté, lenteur).
[4] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 39-II.13, rôle de la Paix (1763-1764), p. 23 : dans la table des noms, sous le n° 274, à l’entrée Sorin dit « sans allarme » Jean-Baptiste (« individu – parents »), un homme est désigné comme « soldat passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – soldat du régiment de Lorraine prisonnier des Anglais embarqué en Chine et débarqué à Maurice, venu à l’île Bourbon sur le Choiseul ; embarqué à l’île Bourbon sur ordre de monsieur Deheaulme. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.
En dehors de sa vie familiale, Roland Deheaulme occupe diverses fonctions au sein de la Compagnie, tant sur le plan commercial qu’administratif. Sa place de commis est confirmée dans deux documents :
- l’acte de vente, le 14 octobre 1732[1], d’une maison située dans le quartier Saint-Paul, en bois équarri, de dix-neuf pieds de long sur quinze de large (environ cinq mètres soixante-quinze sur quatre mètres cinquante), dont il se rend acquéreur auprès de sa belle sœur Marie Monique Gruchet, pour la somme de 648 livres ;
- l’acte de partage de la succession de Jeanne Bellon, décédée trois ans plus tôt.
[1] Copie transmise par Lise Di Pietro, adjointe à la directrice, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, aux archives départementales de La Réunion [cote 3E 6 — série E : état civil, officiers publics et ministériels ; sous-série 3E = notaires]. Ce document, établi par maître François Morel et Dussart de Lasalle, relate la cession d’un bien par Marie Monique Gruchet à Roland Boutsocq Deheaulme et à son épouse Marie Anne Gruchet.
![Détail de la signature de Jean Roland Dehaulme. Cf. archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Succession-Gruchet-signature-Roland-Dehaulme-IMG_4784.jpg)
La signature de Jean Roland, apposée sur différents actes, montre une bonne maitrise de l’écriture, qui s’enrichit au cours de ses activités de quelques fioritures[1] à la manière des notaires.
[1] « Ornement, agrément accessoire d’un dessin, d’une décoration. Les fioritures d’un paraphe. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
Avant 1734, il est « commis de premier ordre », avec des appointements annuels de 900 livres. Assez rapidement, il exerce des fonctions liées au commerce de la Compagnie (et d’autres) dans l’organisation administrative de l’île. L’année suivante, il effectue le bilan administratif et financier d’un « lascar[1] », et signe comme garde-magasin[2]. Son ascension commence.
[1] « Matelot naviguant notamment dans l’océan Indien. », selon le Trésor de la langue française informatisé.
[2] « 1735 – Saint-Paul, 27 août. Décompte d’un lascar. 1 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 258/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1717 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1716-1727 = 5. – Marine.]
Le 14 avril 1738, il est nommé conseiller juge adjoint, à la demande du procureur général du roi au Conseil supérieur, et prête serment. Il demande un certificat de bonne conduite[1].
[1] « 1738 – Saint-Paul, 2 décembre. Boutsoocq Deheaulme au Conseil supérieur pour lui demander un certificat de bonne conduite . 1 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 37, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 35/83 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 695 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 685-717 = II. – Personnel ; pièces C 689-717 = B. Demandes d’emploi, nominations, congés, réclamations.]
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105348, Isle Bourbon, par Étienne de Flacourt (1607–1660), 1653, carte manuscrite en couleur, 49 × 67,5 cm, échelle : 3 lieues [= 7 cm], avec dédicaces manuscrites à Louis XIV et Jean III du Portugal, titre au verso : « Isle Bourbon par le Sieur de Flacours 1653 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-carte-BnF-Sieur-de-Flacours-1653-GE-SH-18-PF-218-DIV-2-P-1-D-1024x739.jpeg)
En 1739, il signe des contrats de trois ans dans le quartier Saint-Paul, pour recruter dans l’exercice de leur métier d’anciens soldats de la Compagnie. Il emploie ainsi, en 1739, un meunier[1] et, en 1745, un boulanger[2] nommée Denis Dumelle.
[1] « 1739 – Saint-Paul, 17 octobre. Engagement de Guillaume Cousian à la Compagnie des Indes en qualité de meunier. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 92, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 62/86, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1134 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1121-1185 = travaux civils et militaires ; articles C 1125-1141 = II. – Personnel ; pièces 1125-1138 = A. Européens et Malabars libres.]
[2] « 1745 – Saint-Paul, 27 novembre. Engagement de Denis Dumielle à la Compagnie des Indes en qualité de boulanger. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 92, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 68/86, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1136 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1121-1185 = travaux civils et militaires ; articles C 1125-1141 = II. – Personnel ; pièces C 1125-1138 = A. Européens et Malabars libres.]
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105384, Plan et projet d’un petit port à la Rivière d’Abord en l’Isle de Bourbon, par le chevalier de Tromelin, [18e siècle], plan manuscrit en couleur, 55 × 66,5 cm, échelle : 100 toises [= 7 cm], avec légende et remarques en carton à gauche, orienté nord-est, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Plan-et-projet-port-riviere-Dabord-carte-BnF-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-11-P-3-D-1024x841.jpeg)
Le 7 avril 1741 il est « garde-magasin pour la Compagnie des Indes, en cette île »[1]. En 1750, il est garde-magasin de l’entrepôt de la rivière d’Abord[2]. C’est une charge qui comporte de nombreuses responsabilités, et que l’on confie à une personne de confiance et instruite. Parallèlement, il est caissier particulier pour le quartier Saint-Paul, mais aussi garde-magasin des cafés s’y trouvant, ainsi que des marchandises venues de l’Inde et de la Chine.
[1] « 1741 – Déclarations de retour. 6 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 129/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 984 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 974-1011= D. Détachements contre des marrons ; cotes C 981-1009 = 2. – déclarations de retours des détachements.]
[2] Fleuve côtier de l’île.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105375, Quartier St. Denis à Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 30 × 50 cm, bâtiments légendés à droite, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 5 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Quartier-Saint-Denis-carte-BnF-16.-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-8-P-5-D-1024x617.jpeg)
De 1751 à 1757, qualifié de sous-marchand[1] (sorte d’intermédiaire), il perçoit un salaire annuel de 1 000 livres puis de 1 500 livres[2], auxquelles s’ajoutent des gratifications en vins et eaux de vie, dont le montant peut varier de 300 livres au double.
[1] « 1757 – Saint-Denis, 31 mars. Etat des appointements depuis le 1er janvier jusqu’au 31 mars. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 26/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1646 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1625-1673 = 1. Administration générale, cotes 1625-1654 = a. Soldes, indemnités, gratifications.]
[2] « 1755 – Saint-Denis, 31 mars. Etat des appointements dus aux employés, officiers et autres depuis le 1er janvier jusqu’au 31 mars. 4 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 19/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1644 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1625-1673 = 1. Administration générale, cotes 1625-1654 = a. Soldes, indemnités, gratifications.]


Le 8 juillet 1753, il aurait débarqué à Pondichéry[1], après avoir fait le voyage sur le Duc de Parme, un navire de la Compagnie. Il aurait été passager à la table, et aux frais de la Compagnie. Ce voyage entretiendrait-il un lien avec ses fonctions de sous-marchand ? Comme caissier de la Compagnie, il signe les quittances pour les vivres et rafraichissements qui sont fournis à une escadre. Il règle souvent en esclaves[2].
[1] Pour les problèmes d’identification concernant l’identité du voyageur, cf. supra. Pondichéry est une commune située actuellement dans le district et le territoire du même nom, en Inde.
[2] « 1735 – Etat des esclaves accordés à divers habitants de Bourbon en payement des vivres et rafraîchissements fournis aux vaisseaux de l’escadre de d’Aché. 26 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 265/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1720 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1716-1727 = 5. – Marine.]
![Le diorama La Vie à bord, don effectué en 1989 par l’association des Amis du musée de la Compagnie des Indes, illustre la vie quotidienne sur un navire de la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle. Il évoque les conditions rudes de la navigation au long cours. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Musee-Compagnie-Indes-CP-diorama-La-Vie-bord-recto-714x1024.jpg)
En 1758, dans des actes relatifs à l’administration des hôpitaux, il est mentionné comme substitut de monsieur le procureur général du roi. Il constate le décès de marins, le plus souvent victimes de la petite vérole[1].
On redoute que cette maladie ne se transforme en épidémie, en raison de la rapidité avec laquelle elle se propage[2]. En ce qui concerne la grande vérole[3], Jean Roland est condamné le 20 juin 1736[4] pour avoir vendu à un certain Louis Martin, canonnier au service de la Compagnie des Indes, une esclave « traitée » mais non « guérie ».
[1] « Petite vérole, nom que l’on donnait à la variole. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] « 1758 – Saint-Paul, décembre. Procès-verbaux de destruction des hardes et effets de Guillaume Tancret, Poitiers, Frompton, Noël Liwat, Gilles Inal, matelots du Duc d’Orléans, du Minotaure, du Fortuné, du Vengeur et de l’Eléphant, décédés à l’hôpital de la variole . 5 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 86, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 13/30 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 938 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 933-939 = VII. – Hôpitaux ; pièces C 936-939 = B. Maladies contagieuses (lèpre, variole).]
[3] « Ou, simplement, vérole, nom que l’on donnait à la syphilis. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[4] « 1733-1737 – Registre des arrêts du Conseil supérieur. 38 x 25 cm. 231 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 121, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 381/455 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2519 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 2279-2807 = greffe ; articles C 2516-2568 = V. – Arrêts et jugements ; pièces C 2516-2561 = A. Arrêts du Conseil provincial et du Conseil supérieur ; cotes 2516-2532 = 1. Registres.]

En 1763, le 26 octobre, il est nommé adjoint au Conseil supérieur[1], juge et receveur, sans que cela n’affecte les autres commissions dont il fait partie. Il prête serment, séparément, dans les mains du commandant président du conseil.
[1] « 1763 – Saint-Denis, 26 octobre. Demande du procureur général que les sieurs Dehaulme, Roudic, Dejean et Bellier soient adjoints au Conseil supérieur insuffisamment nombreux. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 37, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 54/83 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 703 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 685-717 = II. – Personnel ; pièces C 689-717 = B. Demandes d’emploi, nominations, congés, réclamations.]
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105369, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis Ste. Suzanne jusqu’à St. Gilles, où sont renfermés les mouillages de St. Denis et de St. Paul, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 34 × 68 cm, échelle : 3 lieues marines de 3000 toises [= 22 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-Sainte-Suzanne-Saint-Gilles-carte-BnF-16.-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-3-P-2-D-1024x508.jpeg)
Jean Roland Deheaulme est impliqué dans la répression des esclaves en fuite. Non seulement, il milite pour un durcissement des sanctions, mais il est aussi, en tant que « commandant et juge de police en ce quartier Saint-Paul », un de ceux qui prononcent ces sanctions, en fonction de la durée du marronnage, et du nombre de récidives[1].
[1] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 129/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]


Ainsi, Laurent[1], un Cafre[2] de vingt-cinq ans et Fidel[3], un Malabar[4] de dix-huit ans, tous deux esclaves d’Augustin Auber, sont jugés à plusieurs reprises, à quelques semaines d’intervalle. Ces deux hommes, parmi d’autres, incarnent la ténacité des esclaves en quête de liberté, malgré la menace de châtiments sévères.
Laurent s’évade une première fois le 1er juillet 1750 et se rend à son maître quinze jours plus tard. Il fuit de nouveau le 18 septembre 1752, revient le 21 octobre, repart le 29 octobre et se rend le 28 novembre. Sa dernière fuite a lieu le 27 juin 1753, suivie d’un retour dès le lendemain.
Fidel part le 6 décembre 1751 et réintègre le domaine douze jours plus tard. Il récidive le 16 novembre 1752 et revient deux jours après. Le 17 novembre 1753, il prend à nouveau la fuite. Le 18 décembre, il est blessé par un coup de fusil tiré par son maître aux Colimaçons, capturé, puis enfermé au bloc du quartier Saint-Paul. En dépit des peines encourues, ces tentatives d’évasion expriment avec force l’aspiration des esclaves à échapper à la servitude.
Roland Dehaulme prononce de lourdes sentences à l’encontre de Laurent et de Fidel, reconnus coupables de multiples récidives. La peine initialement prévue consiste en la mutilation des oreilles et l’apposition d’un fer en forme de fleur de lys sur l’épaule droite, marquant ainsi l’infamie.
Toutefois, en l’absence d’un exécuteur des sentences criminelles, la procédure judiciaire s’adapte aux circonstances locales : l’esclave est publiquement flagellé à la sortie de la messe paroissiale, conformément aux usages en vigueur, le condamné étant d’ordinaire attaché au carcan[5], puis remis à son propriétaire.
[1] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 144/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]
[2] Ou Caffre « (Celui, celle) qui habite la Cafrerie (partie de l’Afrique australe) ou qui en est originaire. », selon le Trésor de la langue française informatisé. « Cafre » désigne à La Réunion de façon non péjorative une personne d’origine africaine. »
[3] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 143/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]
[4] Le terme « Malabar » désigne à La Réunion les travailleurs indiens originaires de la côte de Malabar (sud-ouest de l’Inde, aujourd’hui états de Karnataka, Kerala, Tamil Nadu). Dans son sens populaire, « homme de grande taille, très fort et robuste. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[5] « Cercle fixé à un pilori, et auquel on attachait par le cou des criminels condamnés à l’exposition publique. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-5973090, Isle Dauphine, communément nommée par les Européens Madagascar et St Laurens et par les habitants du pays Madecase, par Guillaume Sanson (1633–1703), 1667, carte imprimée en couleur, 58 × 45 cm, échelle : 120 mille pas géométriques, 48 lieues communes de France [= 7,6 cm ; 1:2 900 000 environ], décor avec navire à voiles, titre en bas à droite dans un cartouche illustré de personnages, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE BB-565 (14, 65), consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Dauphine-Madagascar-carte-BnF-1667-GE-BB-565-14-65-805x1024.jpeg)
Jean Roland Deheaulme est pressenti en 1754 comme responsable pour diriger les opérations de traite à Sainte-Marie[1], qui a été cédé à la France par sa souveraine, et y être ainsi élevé au rang de « commandant de l’île ».
Son alliance matrimoniale avec une femme créole constitue cependant un obstacle social ou administratif, car un règlement postérieur à leur mariage interdit au mari d’être conseiller si sa femme est créole.
[1] Appelée aujourd’hui Nosy Boraha, l’île est actuellement située dans le district de Nosy Boraha, au sein de la région d’Analanjirofo, dans la province de Toamasina, à Madagascar.
![La maquette du Massiac, navire de 900 tonneaux reproduit par Jean Delouche en 1976, illustre la vie difficile à bord. Lancée à Lorient en 1758 pour la Compagnie des Indes, cette flûte transportait hommes, vivres et marchandises précieuses comme le thé, les soieries ou la porcelaine. L’équipage dormait dans des hamacs, près de la cuisine, du charbon et du parc à moutons. L’hygiène était sommaire, et l’hôpital ne comptait que quatre lits. La Sainte-Barbe, où étaient stockés les armes et la poudre, rappelait le danger constant. Officiers et passagers de marque disposaient, eux, de cabines séparées et de salles mieux aménagées. Le confort à bord dépendait fortement du rang. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Musee-Compagnie-Indes-CP-maquette-Massiac-retour-Chine-recto-1024x547.jpg)
Or, ce règlement n’aurait pas dû s’appliquer rétroactivement dans son cas. Bien que d’autres conseillers soient dans la même situation, aucune solution n’est cependant trouvée pour lui. Si ces unions sont fréquentes, elles peuvent néanmoins limiter l’accès aux postes les plus élevés, en raison des attentes de loyauté et de distance que l’administration impose à ses agents coloniaux.
![Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Culture-cafe-ile-Bourbon-n°-2-1800-MQB-75.14892.jpg)
Dès juillet 1730, il fait une demande auprès de la Compagnie des Indes, dont il est déjà un employé, pour obtenir la concession d’une terre à mettre en valeur, et pour y cultiver du moka[1].
Il reçoit ainsi un terrain de trente-cinq gaulettes[2] de large, sur plus de cinq cents de long, situé entre la ravine des Cafres[3] et la ravine de l’Anse[4], à quelque six cent cinquante gaulettes de la mer. Il dispose de trois ans pour le défricher et l’exploiter en y plantant des caféiers.
[1] « Variété de café, originaire d’Arabie ; boisson préparée avec la graine de ce café. Du moka d’Éthiopie. Boire un moka. Tasse, cuiller à moka. », terme apparu au « XVIIIe siècle. De Moka, nom du port du Yémen d’où le café d’Arabie était exporté vers l’Europe. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] Cette mesure agraire, qui équivaut à quinze pieds, donne en réalité quatre mètres huit cent soixante-douze centimètres, un chiffre qu’on peut arrondir à cinq mètres pour simplifier.
[3] Cours d’eau intermittent formant actuellement la limite entre les communes du Tampon et de Saint-Pierre.
[4] La ravine de l’Anse sert actuellement de frontière naturelle entre les communes de Saint-Pierre et Petite-Île.
![Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Culture-cafe-ile-Bourbon-n°-3-1800-MQB-75.14892.jpg)
Il en a la « propriété roturière », tandis que la Compagnie se réserve les droits de seigneurie directe, de banalité[1], chasse et pêche, ainsi que l’application de règlements concernant les cultures. Lui, doit payer au domaine de la Compagnie trois « coqs d’Inde[2] » et cinq poules[3] comme redevance, plus quatre onces de café par arpent de terre défrichable[4].
[1] « Servitude imposant aux vassaux d’un seigneur d’utiliser certains services (moulin, pressoir, etc.) moyennant le paiement d’un droit ou d’une redevance. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[2] « Mâle de certaines espèces d’oiseaux. Coq d’Inde, dindon, mâle de la dinde. Coq faisan, mâle de la poule faisane. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[3] « Femelle de certaines autres espèces d’oiseaux. Poule d’Inde, femelle du dindon, dinde. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
[4] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 265/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]

Le 17 mars 1732, il reçoit, avec un autre colon, une nouvelle parcelle de terre, toujours située entre la ravine des Cafres et la ravine de l’Anse. Cette terre borde les terrains déjà exploités par d’autres colons. Sa largeur s’étend sur trois cents gaulettes jusqu’aux habitations, et à cinquante du littoral. Les redevances sont assez identiques[1].
[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 27/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105382, Plan de la rivière Dabord, [18ᵉ siècle], plan manuscrit, 42 × 27,5 cm, échelle : 20 toises [= 5 cm], notes manuscrites au verso : « Isle de Bourbon », « Embouchure de la rivière Dabord avec les sondes », image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Plan-riviere-Dabord-carte-BnF-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-11-P-1-D-670x1024.jpeg)
Le 29 septembre de la même année, alors qu’il vient de se marier, il obtient un emplacement à la rivière d’Abord, pour s’y établir et y bâtir des cases et des magasins. La compagnie lui accorde un terrain de vingt-cinq gaulettes carrées, pour lequel il devra payer la redevance annuelle d’un denier[1].
[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 50/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]

En 1735, il possède à Saint-Louis cent quarante-cinq arpents de terre. Après plusieurs années prospères, la culture du café et du blé rencontre diverses difficultés dues à des aléas climatiques, tels que des ouragans et des pluies diluviennes, ainsi qu’à des invasions d’insectes comme les pucerons. Cette même année, une attaque de sauterelles[1] provoque des dégâts importants.
[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-21669, « Les invasions de sauterelles à l’île Bourbon », Revue historique et littéraire de l’île Maurice. Archives coloniales, 5ᵉ année, n° 7, 19 juillet 1891, pages 73–76, vues 1/12 et suivantes, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-NT-4067

Pour tenter de limiter leur multiplication, il est décidé que les propriétaires de terres et habitations doivent fournir des esclaves pour lutter contre ce fléau. Il importe au capitaine du quartier Saint-Paul de dresser la liste des propriétaires, pour les obliger à fournir la main d’œuvre nécessaire.
Or, certains s’abstiennent, dont un certain Deheaulme. Celui-ci ne peut être que Jean Roland, compte tenu de la date des évènements. Il est condamné à verser une amende de onze piastres[1], par jour et par ouvrier. L’année suivante, le même système est remis en place pour faire face à de nouveaux assauts de parasites.
[1] « Monnaie d’argent espagnole, en usage aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui devint l’unité monétaire de certains pays et resta longtemps une monnaie de référence du commerce international. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105249, Partie de l'Isle de Bourbon qui comprend les mouillages de St. Denis & de St. Paul avec un plan particulier de la rade de St. Denis et un autre de l'Isle Entière, ou la montagne est représentée telle quelle paroist de 9 à 10 lieues dans l'Est, elle est située par 21 degrés de latitude Sud et par 16 degrés 30 minutes de longitude, le premier méridien passant par l'isle de Tenerif, carte manuscrite en couleur attribuée à Antoine Boucher (1680–1725), [18e siècle], 33,5 × 89 cm. Trois plans : mouillages de Saint-Denis et Saint-Paul, plan particulier de la rade de Saint-Denis, et vue en perspective de l’île avec représentation du volcan. Échelle principale : 3 lieues [= 21 cm]. Image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2/2, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-mouillages-Saint-Denis-Saint-Paul-carte-BnF-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-3-P-2-2-1024x375.jpeg)
Le 18 mars 1741, il fait valoir qu’il travaille depuis plus de huit ans pour la Compagnie, et en profite pour obtenir un nouvel emplacement pour s’y loger avec sa famille. La compagnie lui confirme la jouissance depuis le 29 mai 1740 d’une parcelle (vingt-trois sur vingt-quatre gaulettes), dont il devient propriétaire[1]. Désormais, il se trouve au quartier Saint-Paul, à proximité de sa belle-famille.
[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 176/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105241, Isle de Bourbon, par Denis de Nyon (Chevalier de Saint-Louis), 1723, carte manuscrite en couleur, 55,5 × 81 cm, échelle : 5 lieues [= 10,5 cm], encartés : plans de la rade de Saint-Denis, de la rade de Saint-Paul, du fort et batterie basse de Saint-Denis, et du fort et batterie de Saint-Paul, mention manuscrite : « À l’Isle de France, le 15 septembre 1723, Le Chevalier Denyon », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 13, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-Nyon-de-Denis-carte-BnF-1723-GE-SH-18-PF-218-DIV-2-P-13-1024x702.jpeg)
Le 28 novembre 1744, il conteste le mesurage d’un terrain entrant dans la succession de son beau-père. Seules quatre gaulettes sont concernées, mais en obtenant gain de cause pour sa réclamation, il parvient à agrandir son terrain situé sur les sables du quartier de Saint-Paul, en contrepartie d’un paiement annuel symbolique d’un denier.[1].
[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 211/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105242, Carte de l’Isle de Bourbon, par Jacques-Nicolas Bellin (1703–1772), cartographe, dressée au Dépôt des cartes et plans de la Marine sur ordre du duc de Choiseul, 1763, carte imprimée et manuscrite en couleur, 56,5 × 73 cm, échelle : quatre lieues communes de France de 2282 toises [= 10 cm], note manuscrite au verso : « Provenant du Cabinet du ci-devant Roi le 7 février 1793, l’an 2e de la République », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 18, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-Bellin-ingenieur-marine-carte-BnF-1763-GE-SH-18-PF-218-DIV-2-P-18-1024x797.jpeg)
En 1751, il possède une habitation à la montagne Saint-Paul. En 1758, il détient également quatre-vingt-huit arpents de terre dans le quartier, exploités par ses trente-neuf esclaves.
Le Code noir[1], promulgué par Louis XIV en mars 1685, s’applique à l’île Bourbon en 1723, alors qu’il est en vigueur depuis plus longtemps aux Antilles. Il stipule dans son article deux que les esclaves doivent être instruits dans la religion catholique, et baptisés, sous peine d’amendes. La religion est dispensée par des missionnaires membres de la congrégation de la Mission, appelés aussi lazaristes. C’est ce que l’on constate pour les esclaves de Jean Roland.
[1] Intitulé officiellement Édit du Roi, servant de règlement pour le gouvernement et l’administration de la justice, police, discipline et le commerce des nègres dans la colonie française de Saint-Domingue ».
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493555, Ille Bourbon ou Mascarin, par Alexandre Maupin, vers 1700, carte nautique manuscrite au lavis, 56 × 41,5 cm, échelle de cinq lieues [= 0 m.129 ; 1 : 215 000 environ], orientée à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-15722, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-ou-Mascareignes-carte-BnF-1700-GE-D-15722-1024x770.jpeg)
Bien que ces derniers soient considérés comme des biens meubles, il est interdit de disperser les membres d’une même famille, c’est-à-dire le père, la mère et les enfants. Un arrêt du Conseil supérieur de l’île Bourbon fait aux maîtres et maîtresses « très expresses défenses de laisser vivre leurs esclaves en concubinage, ni de séparer, sous quel prétexte que ce puisse être, les noirs mariés d’avec leurs femmes ».
Il enjoint en outre aux maîtres et maîtresses « d’envoyer leurs esclaves non baptisés aux instructions ou de les instruire eux-mêmes, dans l’espace de quatre années à compter du jour qu’ils en seront propriétaires, pour les mettre en état de mériter la grâce du baptême[1] ».
[1] « 1737-1739. – Registre des arrêts du Conseil supérieur. 53 x 39 cm. 145 fol. ; 1739-1743.– idem, en déficit » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 122, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 222/294 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2520 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 2279-2807 = greffe ; articles C 2516-2568 = V. – Arrêts et jugements ; pièces C 2516-2561 = A. Arrêts du Conseil provincial et du Conseil supérieur ; cotes 2516-2532 = 1. Registres.]
Le dépouillement de l’état civil permet d’avoir un premier exemple que Jean Roland respecte ces préceptes religieux. Née la veille, Benonie est baptisée à Saint-Paul[1] le 15 janvier 1749. Elle est la fille de Dominique et de Rose, originaires de Madagascar, mariés, tous deux esclaves de monsieur de Heaulme.
[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1749, vue 3/34, consultable en ligne.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105355, Isle de Bourbon ou Mascareigne, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 50,5 × 32 cm, échelle : 4 lieues françoises [= 7,5 cm], note manuscrite sous le titre : « Nota que ou l’on voit des lieux marqués A, cela denote habitation », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 10/1 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Ile-Bourbon-Mascareignes-carte-BnF-16.-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-2-P-10-1-D-670x1024.jpeg)
Un deuxième cas est illustré par la naissance d’Olive le 8 septembre 1753[1], fille de Marie Joseph, esclave de monsieur de Heaulme, et dont le père est un esclave du commandant de Saint-Pierre. L’attribution du prénom Olive, sainte[2] honorée tout particulièrement dans le Porcien[3], ne peut être que le choix de Jean Roland de Heaulme, originaire des Ardennes. Enfin, le 22 octobre 1753, deux de ses esclaves se marient[4] : Narcice[5] et Pélagie[6], dont le premier est un Cafre, et la seconde, une créole.
Lorsque des esclaves mariés appartiennent au même maître, l’enfant né de leur union lui appartient entièrement. En revanche, Olive, née de parents esclaves appartenant à deux maîtres différents, devient la propriété conjointe de ces deux planteurs.
[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 16/22, consultable en ligne.
[2] Sainte Olive d’Hauteville (Ardennes) est une figure de la tradition chrétienne ardennaise du Xe siècle. Disciple de saint Berthauld, ermite installé à Chaumont-Porcien (Ardennes), elle incarne l’élan spirituel qui marqua la région à cette époque.
[3] Région naturelle des Ardennes.
[4] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 18/22, consultable en ligne.
[5] Dérivé de Narcisse, du grec ancien Νάρκισσος (Narkissos). Dans la mythologie grecque, Narcisse était un jeune homme d’une grande beauté qui s’éprit de son propre reflet. Son nom est lié au mot grec νάρκη (narkē), signifiant « engourdissement » ou « sommeil profond », en référence à la fleur de narcisse qui aurait poussé à l’endroit de sa mort.
[6] Vient du grec Πελαγία (Pelagía), dérivé de πέλαγος (pélagos) qui signifie « mer » ou « haute mer ». Le prénom signifie donc « celle de la mer » ou « marine ».
![Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Culture-cafe-ile-Bourbon-n°-3-1800-MQB-75.14892-1.jpg)
Jean Roland possède ainsi au moins dix esclaves en « copropriété » avec d’autres personnes, parmi lesquelles figurent les sieurs Martin, Baillif, Paulet, le commandant de Saint-Paul, ou encore la Compagnie des Indes, qui organise elle-même la traite des esclaves[1] en son nom. Les planteurs ne sont pas les seuls dans la société bourbonnaise à avoir des esclaves. C’est le cas également des missionnaires.
[1] En allant les chercher, au départ à Madagascar, puis en Afrique et en Inde.


Roland de Heaulme décède le 3 octobre 1773, après quarante années de service au sein de la Compagnie des Indes, et s’être retiré en France continentale. Ses obsèques[1] sont célébrées près de Semblançay par le curé de l’église Saint-Etienne-du-Serrain[2]. L’acte dressé à cette occasion mentionne sa fonction d’ancien commandant du quartier de Saint-Paul, cinquième circonscription de l’île.
[1] Archives départementales d’Indre-et-Loire, document numérique 6NUM6/245/031, vue 4/7 [registres paroissiaux numérisés ; Semblançay ; baptêmes, mariages, sépultures, 1773], consultable en ligne.
[2] L’église Saint-Étienne-du-Serrain a été détruite en 1800, et intégrée à Semblançay en 1821.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105350, Carte de l’Isle Bourbon apartenant aux Mrs. de la Royalle Compagnie de France, [17e siècle], carte manuscrite en couleur, 43 × 56,5 cm, orientation : vue d’est ; indication du mouillage : 18 graffes d’eau, fond de sable noir, au N. 1/4 NE. de la maison de Saint-Denis, située par 76° de longitude et 21° de latitude sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 4 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/La-Reunion-carte-BnF-16.-GE-SH-18-PF-218-DIV-2-P-4-D-1024x775.jpeg)
Selon les données actuellement disponibles, seuls trois enfants du couple formé par Jean Roland et son épouse auraient laissé une descendance. Celle-ci s’est constituée principalement par le biais de mariages avantageux avec des membres de la petite noblesse ou de la vieille bourgeoisie de l’île Bourbon, notamment les familles Hoarau et Ricquebourg, ou encore avec des familles établies en France centrale. Dans les générations suivantes, les alliances deviennent plus fréquemment endogames.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105251, Plan du cartier de St. Paul en l'île de Bourbon, par Étienne de Champion (18ᵉ siècle), plan manuscrit en couleur, 51 × 73,5 cm, échelles : mille pas géométriques [= 16,5 cm] et 800 toises [= 15,5 cm], légende « Explication des renvoys » sous le titre, note manuscrite « Cote V n° 95 » avec signature, orientation sud-ouest, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 3, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Quartier-Saint-Paul-ile-Bourbon-carte-BnF-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-13-P-3-1024x685.jpeg)
Marie Anne Charlotte[1], l’aînée de la fratrie, naît le 5 juillet 1733 à Saint-Paul. Elle épouse vers le 31 mars 1752, à Paris[2], Denis Toussaint Julienne, sieur d’Auzicour, né le 27 septembre 1715. Ce dernier exerce les fonctions de receveur des Aides, receveur général des Fermes du roi à Caen, puis trésorier général de l’artillerie[3]. Le couple a sept enfants[4], parmi lesquels une fille, Jeanne Marguerite, et un fils, Jean Charles[5].
[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1733, vue 13/19, consultable en ligne.
[2] Actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la Métropole du Grand Paris.
[3] Indications des activités données dans l’acte de mariage de Jean Charles Julienne avec Marie-Françoise Lagourgue le 18 juin 1781 à Saint-Denis. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Denis, année 1781, vues 8/9 et suivante, consultables en ligne.
[4] Archives nationales d’outre-mer, COL E 233, vues 1/9 et suivantes, consultables en ligne, dossier concernant « Julienne, de, fille de Dehaulme, ancien commandant du quartier Saint-Paul à l’île de Bourbon, ancien conseiller au Conseil supérieur de la colonie ».
[5] Marié le 18 juin 1781 à Saint-Denis avec Françoise Lagourgue. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Denis, année 1781, vues 8/9 et suivante, consultables en ligne.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105389, Plan de la baye de St Paul sittuée au nord-ouest quart de nord de Lisle de Bourbon, [S.l.], [17e ou 18e siècle], 1 plan manuscrit aquarellé, 20,5 × 31,5 cm, échelle : 2 lieues [= 14 cm], image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Baie-Saint-Paul-carte-BnF-16.-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-13-P-1-D-1024x645.jpeg)
Devenu infirme[1] depuis une quinzaine d’années, Denis Toussaint Julienne décède le 3 novembre 1800 à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe[2], commune où il résidait avec son épouse depuis au moins 1780[3].
[1] Indiqué dans une lettre du 23 février 1785, Cf. Archives nationales d’outre-mer, COL E 233 vue 2/9, consultable en ligne, dossier concernant « Julienne, de, fille de Dehaulme, ancien commandant du quartier Saint-Paul à l’île de Bourbon, ancien conseiller au Conseil supérieur de la colonie ».
[2] Commune située actuellement dans le département du Calvados, en région Normandie.
[3] Indications tirées de l’acte de mariage de leur fille Jeanne Marguerite. Cf. archives départementales du Calvados, document numérique, état civil (communes de S à V) ; Saint-Germain-la-Blanche-Herbe ; baptêmes, mariages, sépultures ; 1761-1792, 5MI 1, vue 96/82, consultable en ligne [série MI = microfilms ; sous-série 5MI = microfilms d’état civil réalisés par la Société généalogique d’Utah.]
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595770, Veüe du bourg de St Denis dans l'isle de Bourbon ; Veüe du bourg de St Paul dans l'isle de Bourbon, 2 estampes sans médiation, [S.l.] : [s.n.], [18e siècle]. Format 13,5 x 17 cm. Pagination : XVI Rec, pag. 9., image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8423), consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Vue-bourg-Saint-Denis-carte-BnF-1700-1799-GE-DD-2987-8423-1024x770.jpeg)
Louis Norbert de Heaulme naît le 21 août 1737[1] à Saint-Paul et épouse Marguerite Mercier, selon le contrat de mariage daté du 11 juin 1779 par un acte notarié[2]. Il est mentionné comme commissaire des colonies de la Marine dans un document daté du 8 février 1783, jour de la « réformation[3] de l’acte de baptême[4] » de leur fils aîné, Louis Marie Joseph, initialement baptisé le 11 septembre 1771 à la paroisse Saint-Eustache à Paris. D’après ce même document, leur mariage a été célébré le 15 juin 1779 à l’église Saint-Roch[5].
[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1737, vue 4/5, consultable en ligne.
[2] Archives nationales, document numérique, MC/RE/LIX/5, vue 17/36, images des répertoires du notaire Simon Provost pour l’étude LIX, répertoire chronologique pour la période du 2 janvier 1778 au 12 août 1789, mention du contrat de mariage à la date du 11 juin 1779.
[3] Ou rectification, c’est-à-dire une procédure canonique dans l’Église catholique qui consiste à corriger un acte de baptême qui présente une erreur ou une irrégularité.
[4] Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]
[5] Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]
![L’acte de réformation corrige le nom du père, passant de Louis Milliaucourt à Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse. Il acte l'emploi de ce nom composé, transmis aux descendants, et affirme ainsi une nouvelle identité familiale. Cf. Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l'hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Reformation-bapteme-8-fevrier-1783-Joseph-Dehaulme-baptise-11-septembre-1771.png)
Dans l’acte original, l’enfant est déclaré fils de Louis Milliaucourt, bourgeois de Paris, et de Marguerite Mercier. Cette mention est supprimée dans l’acte de réformation et remplacée par « fils de Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse, bourgeois de Paris, et de Marguerite Mercier, ses père et mère ». C’est à partir de ce document qu’apparaît le nom composé « de Heaulme de Vallombreuse », qui sera conservé par les générations suivantes. Le couple a également deux autres fils : François Norbert et Louis Casimir.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105390, Plan de la rade de Saint-Paul à l’Isle de Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], plan manuscrit en couleur, 16 × 20 cm, avec mention manuscrite « N° 26 » en haut à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Plan-rade-Saint-Paul-ile-Bourbon-carte-BnF-16.-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-13-P-2-D-1024x829.jpeg)
Par la suite, il est commissaire de marine en chef à Libourne (Gironde) où il est domicilié avec son épouse. Le mariage de son troisième fils, daté du 8 avril 1818 à Saint-Paul, signale que son père est commissaire des classes de Marine et que ses parents appartiennent à la paroisse de Saint-Jacques-le-Majeur de Bergerac[1].
[1] Commune située actuellement dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105383, Plan d’un port à faire à la Rivière d’Abord, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 54 × 46,5 cm, échelle : 80 toises [= 13 cm], légende en carton à gauche, orientation sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica. [Nota bene : La rivière d’Abord prend naissance sur le territoire de la commune du Tampon (La Réunion) et termine son cours dans l’océan Indien, au niveau de la commune de Saint-Pierre (La Réunion.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Plan-port-riviere-Dabord-carte-BnF-16.-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-11-P-2-D-859x1024.jpeg)
Jean Valfroy[1] (né le 13 octobre 1748 à Saint-Paul, et décédé le 11 février 1819 à Saint-Pierre) épouse Anne Marie Potier le 21 août 1775 à Saint-Paul.
[1] Saint Walfroy (ou Vulflaïc, mort vers 595) est un ermite venu s’établir dans les Ardennes près de Margut. Stylite pendant plusieurs années, il évangélise la région en détruisant un sanctuaire païen dédié à la déesse Arduinna. Sur ordre de l’évêque de Trèves, il quitte sa colonne pour fonder une église dédiée à saint Martin, devenant un centre religieux important dans le diocèse de Reims (Marne). Sa fête est célébrée le 21 octobre. Ce prénom se perpétue pendant deux siècles dans la famille Dehaulme.

Son dossier pour l’obtention de la Croix de Saint-Louis[1] révèle qu’il s’embarque le 10 juillet 1757 comme officier sur les vaisseaux de guerre de la Compagnie des Indes, au sein des escadres commandées par Bouvel, Dauhel et Saint Georges.
Il sert comme enseigne à bord du Fortuné, embarquant le 3 octobre 1761 et débarquant le 1er mars 1762. En mai 1763, il rejoint le Volant, qui fait naufrage ; il est alors débarqué au Cap de Bonne-Espérance, avant d’embarquer sur le Condé en novembre 1763. Il poursuit son service tout au long de la guerre[2], jusqu’à la suppression de la Compagnie des Indes et la rétrocession de l’île au roi de France.
[1] Archives nationales d’outre-mer, COL E 114, vues 1/3 et suivantes, consultables en ligne, dossier d’attribution de l’ordre de la Croix de Saint-Louis à « Deheaulme, Jean Valfroy, capitaine de milices à l’île de Bourbon ».
[2] La guerre de Sept Ans (1756–1763) est un conflit mondial opposant principalement la France et la Grande-Bretagne, avec leurs alliés respectifs, sur les terrains européens, américains, africains et asiatiques. Elle marque un tournant dans l’équilibre colonial au profit de la Grande-Bretagne.

Le 10 avril 1765, il entre dans le corps des gendarmes de la garde du Roi. Peu de temps après, il doit se rendre à l’île de France (aujourd’hui île Maurice) pour des affaires de famille. En 1772, il obtient du maréchal de Soubise[1] un congé illimité. Mais, au moment où il s’apprête à rejoindre son corps, celui-ci est réformé et supprimé.
[1] Le maréchal de Soubise (1715-1787), prince de Rohan, est un aristocrate et militaire français du XVIIIe siècle. Favori de Louis XV, il connut une carrière contrastée, marqué par la défaite de Rossbach (1757) durant la guerre de Sept Ans.

Il poursuit sa carrière dans les milices. Le 22 novembre 1778, il est nommé capitaine d’infanterie dans ces dernières. Le 9 avril 1787, il reçoit le commandement d’une compagnie d’artillerie, à la tête des Dragons des quartiers Saint-Pierre et Saint-Louis. Il exerce cette fonction jusqu’en 1790, date à laquelle les milices sont supprimées pour faire place à l’organisation de la garde nationale, dans laquelle il est élu. Il décède en 1819.
![Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 2002.1.4, La Basse Terre (à Mr de Heaulme) : Quartier St Pierre, extrait de l’Album de La Réunion, dessin de Hastrel de Rivedoux Étienne-Adolphe d’ (1836-1837), lithographié par Honoré Clerget, imprimé par Lemercier (Paris), édité par V. Delarue et Cie (Londres) et E. Gambart, Junin et Co (2e quart XIXe siècle), lithographie sur papier, 29,6 × 41,4 cm, estampe, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : la propriété est celle de Roland Valfroy Dehaulme (1782-1854).]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Basse-Terre-Dehaulme-1847-musee-de-Villele-2002.1.4.png)
Il a eu sept enfants : Anne Marie Françoise (1776-1861), Marie Victoire (1778-1829), Jeanne Marie (1779-1811), Roland Valfroy (1782-1854), Elisabeth Adélaïde (1783-1857), Henry Norbert (1785-1840) et Gaspard Victor (1788-1857).

Jean Valfroy, important propriétaire foncier, appartient à la bourgeoisie active de l’ile. Il développe l’exploitation de ses cultures de cannes à sucre en créant une première sucrerie dans la plaine du Gol, dont il se débarrasse rapidement en la revendant à un nommé Pinard.


Jean Valfroy, comme quelques autres grands propriétaires de l’île, dispose des moyens nécessaires pour prêter de l’argent à d’autres membres de la colonie. Il en tire profit, accroît sa fortune, et acquiert progressivement des biens immobiliers.
C’est ainsi qu’en 1784, François Marie Pascalis peut acheter le château du Gol, grâce à un prêt de Valfroy. Mais à sa mort en 1817, n’ayant pas remboursé sa dette, la propriété passe entre les mains de son créancier, puis à celles des héritiers de ce dernier : son fils Roland, et son gendre Laurent Philippe Robin.

En l’espace d’un siècle, Jean Roland Boudsocq et ses successeurs bâtissent une fortune familiale. Celle-ci est parfois fragilisée par les aléas de la conjoncture économique, comme ce sera le cas pour Bois-Rouge, propriété d’Adrien Bellier Montrose et de Clémentine de Heaulme.

Ses descendants sont donc nombreux, bien que la mortalité infantile ait parfois été élevée. Certains demeurent attachés à leur île natale et s’investissent dans le développement agricole ou le négoce du sucre.
D’autres s’établissent hors de La Réunion, et jouent un rôle politique dans d’autres colonies, comme Henry de Heaulme (1899-1986) à Madagascar. D’autres encore s’orientent vers des carrières dans la finance, les assurances, ou les chemins de fer, en tant qu’agents de change, directeurs de banque ou responsables d’entreprises, avec des fortunes diverses.
![Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105374, Plan de la rade de Saint-Denis sur l’Isle Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite, 25 × 37,5 cm, orientation sud-est, notes manuscrites au recto et au verso, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Plan-rade-Saint-Denis-carte-BnF-16.-17.-GE-SH-18-PF-218-DIV-8-P-3-D-1024x663.jpeg)
Parmi les descendants de Jean Roland Boudsocq, trois figures se distinguent par leur contribution notable à la culture, aux arts et à l’histoire militaire :
- Léon Dierx[1], né le 31 mars 1838 à Saint-Denis et mort le 11 juin 1912 à Paris, fils de Jacques Marais Dierx et d’Anne Marie Deheaulme, est un poète parnassien élu « prince des poètes » après la mort de Stéphane Mallarmé en 1898. Il côtoie des figures majeures telles que Paul Verlaine, Guy de Maupassant et Catulle Mendès, et joue un rôle important dans la vie littéraire française de la fin du XIXᵉ siècle. Bien que moins connu aujourd’hui que Charles Marie René Leconte de Lisle, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul, le Réunionnais a su influencer durablement la scène artistique de sa génération par son œuvre et son implication.
- Henri de Vallombreuse (né le 27 juin 1856 à Saint-Denis – mort le 25 août 1919 à Paris) est un peintre et céramiste influencé par le japonisme et les Nabis. Après ses études à l’Académie Julian à Paris, il se forme à la céramique à Saint-Amand-en-Puisaye auprès d’Émile Gaubier. Sa production, reconnue pour ses émaux subtils et son esthétique naturaliste, connaît un succès national et international. Certaines de ses œuvres sont conservées au musée d’Orsay[2].
- Jean de Heaulme de Boutsocq[3] (né le 9 janvier 1923 à Hanoï, Indochine française) est un officier français ayant servi comme responsable des renseignements dans la région du delta du fleuve Rouge, durant la guerre d’Indochine. Il participe à la bataille de Vĩnh Yên (du 13 au 17 janvier 1951). En 1956, il se marie avec Geneviève de Galard Terraube, née le 13 avril 1925 à Paris et décédée le 30 mai 2024 à Toulouse[4]. Affectée au Service de santé des armées et convoyeuse de l’air, elle est restée dans les mémoires comme « l’infirmière de Diên Biên Phu ».
[1] Matricule n° 42486 dans l’ordre de la Légion d’honneur, fait chevalier le 13 juillet 1890, officier le 23 juillet 1901, selon la base de données Léonore.
[2] Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie-Valéry Giscard d’Estaing (France).
[3] Elevé au grade d’officier le 23 septembre 1968, et promu à celui de commandeur le 31 décembre 2015, selon le Journal officiel électronique authentifié n° 0001 du 01/01/2016, texte 3 sur 55, vue 7/103, consultable en ligne.
[4] Commune située actuellement dans le département de la Haute-Garonne, en région Occitanie.
![Au XVIIIe siècle, la carte du monde se redessine au rythme du commerce maritime. L'argent extrait des mines d'Amérique alimente les échanges avec l’Asie : il paie les soieries, les épices, le thé et les porcelaines chinoises. Cette circulation des métaux, des biens et des hommes fonde une première mondialisation, où l’Europe organise les flux, mais dépend des richesses venues d’ailleurs. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]](https://laromagne.info/wp-content/uploads/2025/06/Musee-Compagnie-Indes-CP-carte-globe-terrestre-mondialisation-commerce-recto-2-1024x489.jpg)
De La Romagne, modeste village des Ardennes, à l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion[1]), le destin de Jean Roland Boudsocq illustre le chemin d’une famille dont l’histoire s’inscrit dans les grands mouvements de son temps.
[1] L’auteure remercie Olivia Pelletier, conservatrice en chef du patrimoine et responsable des fonds patrimoniaux Inde et Indochine aux archives nationales d’outre-mer (ANOM), Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, ainsi que Mireille Robert, Bofwa Mukenge, Patrick Jacquemart, Michèle Jacquemart et Valérie Cadet pour les contacts, les indications et les échanges qu’ils lui ont aimablement transmis au sujet de La Réunion.
Je suis tel qu’un ponton sans vergues et sans mâts,
Le vieux solitaire – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.
Aventureux débris des trombes tropicales,
Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
Sur une mer sans borne et sous de froids climats.
Ses descendants les plus célèbres, de Léon Dierx à Jean de Heaulme de Boutsocq, ont marqué leur époque, témoignant d’un enracinement profond conjugué à une ouverture sur le monde. Ce parcours révèle comment une lignée locale peut s’inscrire durablement dans la mémoire collective, entre continuité et mutation.
