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De La Romagne à l’île Bourbon : le destin de Jean Roland Boudsocq (1705-1773)


Jean Roland Boudsocq naît le 2 juin 1705 à La Romagne[1]. Il est le quatrième enfant du couple formé par Henry Boutsocq[2] et Jeanne Dehaulme. Il est baptisé par le prieur curé du village, Louis Potin, qui officie dans la paroisse Saint-Jean[3] de La Romagne depuis mai 1704. Son parrain est Roland Dehaulme (duquel il reçoit le prénom), et sa marraine, Marguerite Dehaulme.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 9/32, consultable en ligne.

[2] D’après les registres des tailles de 1708, conservés aux archives départementales de la Marne,  site de Châlons-en-Champagne, il serait hôtelain, c’est-à-dire aubergiste, cabaretier, hôtelier, hôte, celui chez qui on loge.

[3] L’Evangéliste.


La Cense Boudsocq est actuellement un lieu-dit (petite métairie ou ferme isolée) situé dans la commune de Rubigny (Ardennes). Panneau d'entrée d'agglomération. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 3 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La Cense Boudsocq est actuellement un lieu-dit (petite métairie ou ferme isolée) situé dans la commune de Rubigny (Ardennes). Panneau d’entrée d’agglomération. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 3 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’absence d’acte de mariage[1] fait que la filiation des parents ne peut être attestée avec certitude. Sont-ils des descendants de la famille Boudsocq qui a donné son nom à une cense proche de La Romagne[2] ? Le sont-ils de ceux qui ont essaimé dans les villages voisins ? Aucun document ne permet de l’affirmer.


[1] Tous les registres BMS (baptêmes mariages sépultures) de l’année 1700 ont disparu.

[2] Située sur la route menant de Rocquigny (Ardennes) à Rubigny (Ardennes).


L’aînée des enfants est une fille, Jeanne, née certainement en décembre 1700. Elle meurt[1] âgée de 11 mois, le 1er octobre 1701, et est inhumée dans le cimetière paroissial.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 32/38, consultable en ligne.


François[1], le deuxième enfant, né probablement le 24 février[2] 1702 décède[3] alors qu’il est âgé de dix-sept jours, soit vers le 13 mars suivant[4].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 35/38, consultable en ligne.

[2] Les ratures rendent difficile la lecture du jour.

[3] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 1 = années 1693-1702], page non paginée, vue 35/38, consultable en ligne.

[4] Les deux actes cités supra se suivent sur le registre.


Deux autres enfants naissent ensuite, Nicolas le 23 juin 1707[1], et Antoine le 19 septembre 1712[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 16/32, consultable en ligne.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 23 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 23 = années 1703-1712], page non paginée, vue 31/32, consultable en ligne.


Jean Roland à dix ans lorsque ses parents décèdent à quelques jours d’intervalle : le père disparaît le 2 août 1715, la mère le 14 août suivant[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, sous-série E 2 = années 1713-1721], page non paginée, vue 12/34, consultable en ligne.


Nul ne sait ce que devient cette fratrie : les registres des actes BMS[1] de La Romagne ont disparu pour la période de 1722 à 1732, et ceux qui leur sont postérieurs restent muets à son sujet. Seul apparaît dans ces derniers un Jacques Boudsocq, qui se révèle être né à Rocquigny et marié en 1713 à La Romagne. La recherche dans les registres des tailles est, elle aussi, infructueuse pour cette période et au-delà. De même, on ne retrouve plus aucune trace de membres de la famille Deheaulme.


[1] Baptêmes, mariages, sépultures.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105357, Plan de Lille de Bourbon sur les mémoires des S[ieu]rs Boucher et Feuilly, 1710, carte manuscrite en couleur, échelle de 5 lieues [= 11 cm], 41,5 × 54,5 cm, note manuscrite historique sur la prise de possession de l’île entre 1642 et 1664, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 11/1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105357, Plan de Lille de Bourbon sur les mémoires des S[ieu]rs Boucher et Feuilly, 1710, carte manuscrite en couleur, échelle de 5 lieues [= 11 cm], 41,5 × 54,5 cm, note manuscrite historique sur la prise de possession de l’île entre 1642 et 1664, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 11/1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Cependant, une preuve de son existence et de son changement de vie apparaît en 1729, lorsqu’il est répertorié[1] sur l’île Bourbon. Comment a-t-il eu connaissance de la colonisation de cette île, située dans l’Océan Indien à plus de douze mille lieues[2] de son village natal, pour commencer une vie totalement différente de celle qu’il a vécue dans le territoire continental?

Qu’a-t-il ressenti en entreprenant un aussi long voyage ? Sur ces différents points, comme sur la première année de son installation dans l’île, on ignore tout, si ce n’est que cette aventure débute par un très long voyage…


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1235, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Environ mille trois cent soixante « lieues de Paris », soit neuf mille deux cents kilomètres en distance à vol d’oiseau ((orthodromique) ; entre deux mille sept cents et trois mille cent « lieues de Paris », soit de dix mille cinq cents à douze mille kilomètres en distance réelle par trajet maritime.


Institut national d'histoire de l'art, document numérique, NUM OA 349, Projet architectural de Lorient & Port-Louis attribué à La Rozière, 18ᵉ siècle, planche à la plume, encre noire et aquarelle, 48 × 102 cm, au verso : inscription au crayon indiquant la cote, image cartographique, reproduite d’après l’original de l’Institut national d'histoire de l'art, OA 349, numérisation effectuée en 2006, notice descriptive consultable en ligne.
Institut national d’histoire de l’art, document numérique, NUM OA 349, Projet architectural de Lorient & Port-Louis attribué à La Rozière, 18ᵉ siècle, planche à la plume, encre noire et aquarelle, 48 × 102 cm, au verso : inscription au crayon indiquant la cote, image cartographique, reproduite d’après l’original de l’Institut national d’histoire de l’art, OA 349, numérisation effectuée en 2006, notice descriptive consultable en ligne.

Depuis la citadelle de Port-Louis (Morbihan), le panorama s’ouvre sur la rade de Lorient, d’où partaient autrefois plusieurs navires de la Compagnie des Indes. Ce point stratégique permettait de surveiller les mouvements maritimes et de protéger le port d’attache. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Depuis la citadelle de Port-Louis (Morbihan), le panorama s’ouvre sur la rade de Lorient, d’où partaient autrefois plusieurs navires de la Compagnie des Indes. Ce point stratégique permettait de surveiller les mouvements maritimes et de protéger le port d’attache. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La citadelle de Port-Louis (Morbihan) est classée monument historique depuis 1948. Elle abrite aujourd’hui le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan) et le musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
La citadelle de Port-Louis (Morbihan) est classée monument historique depuis 1948. Elle abrite aujourd’hui le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan) et le musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.


Selon les règles de la navigation à voile de l’époque, et le lieu de destination, le voyage peut prendre des mois, voire un an pour les destinations les plus lointaines. Le départ se fait en général de Lorient[1], et plus précisément de Port-Louis[2], une citadelle[3] fortifiée, entre novembre et février pour la Chine, décembre et mars pour l’Inde, mars et avril pour l’île Bourbon[4].

Des escales sont prévues au Cap de Bonne-Espérance[5], que l’on atteint en général au bout de quatre à cinq mois, puis à Madagascar, aux îles Bourbon[6] ou de France[7].


[1] Commune située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.

[2] Commune située actuellement dans le département du Morbihan, en région Bretagne.

[3] Musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan). Citadelle de Port-Louis : souvenir de visite. Rédigé par Anne Belaud-de Saulce. [Port-Louis] : musée national de la marine (Port-Louis, Morbihan), 2022. 63 p. : illustrations en couleur ; 22 cm. (Souvenirs de visite). Bibliographie p. 62. Glossaire. Impression : Saint-Thonan, Imprimerie Cloître. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

[4] Haudrère, Philippe. « Les Voyages », dans Les Compagnies des Indes, nouvelle édition augmentée et mise à jour, direction Philippe Haudrère et Gérard Le Bouëdec ; avec la participation du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), Brigitte Nicolas et Louis Mézin. Rennes : Éditions Ouest-France, 2024, p. 67-82. 1 vol. (171 p.) : illustrations en couleurs ; 27 cm. Imprimé à Palaiseau : Imprimerie PPO Graphic. Bibliographie p. 166-168. (Exemplaire provenant de la collection personnelle de l’auteure.)

[5] Éperon rocheux situé actuellement dans la région du Cap-Occidental, en Afrique du Sud.

[6] La Réunion, actuellement département et région d’outre-mer français (DROM).

[7] L’île Maurice, actuellement territoire principal de la république du même nom.


Là-bas, au flanc d’un mont couronné par la brume,
Entre deux noirs ravins roulant leurs frais échos,
Sous l’ondulation de l’air chaud qui s’allume
Monte un bois toujours vert de sombres filaos.

Les Filaos – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

A l’arrivée, il découvre un milieu naturel, dont on peut se faire une idée grâce aux descriptions et aux récits de navigateurs, et qui est à l’opposé de ce qu’il connaissait en quittant le royaume de France.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595762, L’Isle de Bourbon anciennement dicte Isle de Mascaregne, [17ᵉ siècle], carte imprimée, 18 × 20,5 cm, figurant des poissons et des navires à voiles, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8415), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595762, L’Isle de Bourbon anciennement dicte Isle de Mascaregne, [17ᵉ siècle], carte imprimée, 18 × 20,5 cm, figurant des poissons et des navires à voiles, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8415), consultable en ligne sur Gallica.

L’île Bourbon est une terre volcanique située au cœur de l’océan Indien[1]. Elle est dominée par deux sommets majeurs : le Piton des Neiges et le Piton de la Fournaise. D’une superficie d’environ deux mille cinq cents kilomètres carrés, elle est entièrement recouverte de forêts au moment de sa découverte.

Ces forêts varient selon l’altitude et abritent des essences spécifiques[2] telles que les tamarins[3], les calumets de Bourbon[4] et les fougères arborescentes[5]. Deux zones échappent toutefois à ce couvert forestier : elles se caractérisent par des paysages de savane ou de bruyère.


[1] Lavaux, Catherine. La Réunion : du battant des lames au sommet des montagnes. Paris : Éditions du Pacifique, 1991. 383 p. : illustrations ; 23 cm. Bibliographie p. 380. Index. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)

[2] Indigènes ou autochtones, voire endémiques pour certaines d’entre elles.

[3] Le « Petit Tamarin des Hauts » correspond à Sophora denudata Bory, 1804, tandis que le « Tamarin des Hauts » désigne Acacia heterophylla (Lam.) Willd., 1806. Voir les notices descriptives consultables en ligne sur le site du parc national de La Réunion.

[4] Nastus borbonicus J. F. Gmel., 1791, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

[5] Cyathea glauca Bory, 1804 (Fanjan femelle) et Cyathea borbonica Desv., 1811 (Fanjan mâle). Voir les notices descriptives consultables en ligne sur le site du parc national de La Réunion.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595761, I. do Mascarenhas, [16e siècle], carte imprimée, 11,5 × 16 cm, pagination : 8, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8414), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595761, I. do Mascarenhas, [16e siècle], carte imprimée, 11,5 × 16 cm, pagination : 8, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8414), consultable en ligne sur Gallica.

Cette île fait partie de l’archipel des Mascareignes[1], nom donné en l’honneur du navigateur portugais Pedro Mascarenhas[2]. Durant une trentaine d’années, sa côte n’est qu’un point de relâche[3] pour les navires, qui peuvent ainsi se ravitailler en eau.


[1] Il se compose des îles de La Réunion, Maurice et Rodrigues.

[2] Né vers 1484 à Mértola (Portugal) et décédé le 23 juin 1555 à Goa (Inde).

[3] Relâcher signifie dans le vocabulaire de la navigation « s’arrêter, faire escale en un lieu, souvent en fonction des nécessités de la navigation ou d’incidents imprévus. La tempête les obligea à relâcher. Le navire a relâché à Brest. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Canons du Juste, vaisseau français échoué près de Saint-Nazaire après la bataille des Cardinaux (1759). Dépôt du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Canons du Juste, vaisseau français échoué près de Saint-Nazaire après la bataille des Cardinaux (1759). Dépôt du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Jacques Pronis[1], agent de la Compagnie française d’Orient (1642-1664), créée par Richelieu, fonde la colonie de Fort-Dauphin[2] à Madagascar, qu’il gouverne. Ses manières de faire provoquent la colère et la révolte de certains colons. En 1646, il exile sur l’île « Bourbon[3] » quelques mutins, qui y resteront jusqu’en 1649.


[1] Ou Jacques de Pronis (6 octobre 1619, La Rochelle – 23 mai 1655, Madagascar), administrateur colonial français, actif au XVIIe siècle, notamment dans la région de l’océan Indien.

[2] Ou Tôlanaro, commune située actuellement dans le district de Taolanaro, la région Anosy, la province de Toliara, à Madagascar.

[3] Elle n’est pas nommée ainsi à cette époque. L’île aujourd’hui connue sous le nom de La Réunion a porté diverses appellations au fil de son histoire : d’abord désignée sous la dénomination de Santa Apolonia, en référence au jour de la Sainte Apolline, sur les cartes portugaises, elle devint l’île Bourbon en 1649 sous la domination française, rebaptisée Île de La Réunion en 1793 lors de la Révolution, temporairement appelée Île Bonaparte entre 1806 et 1810, avant de retrouver le nom d’île Bourbon après 1815, pour finalement reprendre définitivement le nom de La Réunion après 1848.


Entrée du musée de la Compagnie des Indes. Ce lieu retrace l’histoire maritime et commerciale de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, à travers les grandes compagnies coloniales et les routes vers l’Asie, l’Afrique et les Amériques. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la Citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Entrée du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Ce lieu retrace l’histoire maritime et commerciale de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, à travers les grandes compagnies coloniales et les routes vers l’Asie, l’Afrique et les Amériques. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la Citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La colonisation ne devient effective qu’à partir de la disparition de la Compagnie française de l’Orient, et de la création par Colbert de la Compagnie des Indes orientales (1664-1719) : celle-ci répond à la volonté de Louis XIV de développer la puissance maritime de la France, et de contrecarrer le commerce des Anglais et des Hollandais.

Ces derniers, présents sur l’île Mauritius[1], l’abandonnent en 1715, si bien que les Français la récupèrent au nom du roi de France et s’y installent. Elle prend alors le nom d’île de France.


[1] Nom donné par les navigateurs portugais.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595768, Plan de l’isle de Bourbon, [17e siècle], carte manuscrite, 38,5 × 49 cm, présence d’une rose des vents, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8421), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595768, Plan de l’isle de Bourbon, [17e siècle], carte manuscrite, 38,5 × 49 cm, présence d’une rose des vents, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8421), consultable en ligne sur Gallica.

Lorsque la colonisation de l’île Bourbon est décidée, la Compagnie des Indes recrute pour en faire des colons, des artisans de différents corps de métier, mais aussi des soldats, dont elle exige qu’ils aient un métier civil.

Elle fait construire par des esclaves, qui viennent majoritairement de Madagascar, des habitations en bois, des magasins, des entrepôts, des bâtiments administratifs, etc. Étienne Régnault, ancien commis aux écritures de Colbert, est le premier gouverneur de l’île de Bourbon du 5 août 1665 au 8 mai 1671.


Cloche de brume du XIXᵉ siècle, instrument essentiel à la sécurité maritime. Elle symbolise la lutte contre les aléas et les fortunes de mer, rappelant les dangers constants auxquels sont exposés les marins. Dépôt du Service des phares et balises. Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Cloche de brume du XIXᵉ siècle, instrument essentiel à la sécurité maritime. Elle symbolise la lutte contre les aléas et les fortunes de mer, rappelant les dangers constants auxquels sont exposés les marins. Dépôt du Service des phares et balises. Echauguette à l’arrière-plan. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 à la citadelle de Port-Louis (Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Une partie de la forêt de l’île disparaît au début du XVIIIe siècle avec :

  • l’accélération de la colonisation ;
  • l’accroissement d’une population qui a besoin de terres pour les cultures vivrières ;
  • la construction d’une flotte pour transporter les marchandises, acheminer (gratuitement) les missionnaires évangélisateurs, et défendre les biens et les personnes[1].

[1] Cependant, en cas de « fortune de mer » (tempêtes, naufrages, abordages, avaries, etc.), la flotte royale lui prête assistance.


L’escadre de Chine (1745-1746) était une flottille française composée notamment du Prince de Conty, du Philibert et de l’Aimable, chargée d’assurer le commerce et de protéger les intérêts français en Asie pendant la guerre de Succession d’Autriche. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
L’escadre de Chine (1745-1746) était une flottille française composée notamment du Prince de Conty, du Philibert et de l’Aimable, chargée d’assurer le commerce et de protéger les intérêts français en Asie pendant la guerre de Succession d’Autriche. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

A partir du peuplement de cette île, les navires (dont certains appartiennent à des corsaires[1] ou des pirates[2]) se procurent aussi des denrées alimentaires diverses, pour que les escadres[3] soient en mesure de poursuivre leurs voyages jusqu’aux comptoirs de l’Inde, et que l’équipage puisse résister au scorbut[4].


[1] « Bâtiment qui, en temps de guerre, était armé en course par des particuliers en vertu d’une commission du gouvernement. » et, par métonymie, le « capitaine commandant un tel bâtiment. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Aventurier qui se livre au brigandage sur mer, membre d’un équipage qui attaque et pille des navires marchands. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. [Nota bene : le flibustier est un « aventurier appartenant aux bandes de pirates qui, au XVIIe et au XVIIIe siècle, écumaient les mers des Antilles. »]

[3] « Force navale, d’importance variable, composée de bâtiments de combat de divers types, placés sous les ordres d’un officier général. », terme utilisé dans le domaine de la marine militaire, selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Maladie due à une carence en vitamine C, qui se manifeste par des hémorragies, des troubles gastro-intestinaux, le déchaussement des dents et une cachexie progressive pouvant être mortelle. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Vers 1715, la Compagnie est rattachée à Fort-Dauphin. Elle reçoit un certain nombre de privilèges dont :

  • le droit de propriété des terres ;
  • le droit de justice ;
  • le droit d’établir des garnisons ;
  • le droit de battre monnaie ;
  • le droit de faire commerce d’esclaves ;
  • le droit d’armer des navires de commerce et de guerre.

Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire ML 389 C 195. Bouteille à thé quadrangulaire en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1720. Col cerclé de métal et bouchon en bois sculpté. Décor imari chinois combinant bleu de cobalt sous couverte et émaux polychromes sur couverte (rouge de fer, vert, noir, doré). Chaque face alterne entre scène galante à l’européenne — figures hollandaises en promenade — et composition florale nouée. Chrysanthèmes sur fond rouge sur l’épaulement. Production d’exportation sous le règne de Kangxi.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire ML 389 C 195. Bouteille à thé quadrangulaire en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1720. Col cerclé de métal et bouchon en bois sculpté. Décor imari chinois combinant bleu de cobalt sous couverte et émaux polychromes sur couverte (rouge de fer, vert, noir, doré). Chaque face alterne entre scène galante à l’européenne — figures hollandaises en promenade — et composition florale nouée. Chrysanthèmes sur fond rouge sur l’épaulement. Production d’exportation sous le règne de Kangxi.

Ces pouvoirs qui lui sont attribués s’étendent de l’Afrique (jusqu’à Madagascar) à la Chine. Ils sont abolis en 1764, lors de la rétrocession de l’île au roi de France. Mais auparavant, ils lui permettent d’administrer l’île, de développer ses ressources et de s’enrichir.

Dès 1769, le commerce privé s’empare du négoce de l’Océan Indien, et ce jusqu’en 1785. Une troisième organisation voit alors le jour : la Compagnie de Calonne (1785-1793) qui, à l’inverse des précédentes, n’a pas de pouvoir civil ou militaire dans ses comptoirs.


Un large ruban d’or illumine la cime
Des coteaux dont la brume a noyé le versant.
L’horizon se déchire, et le soleil descend
Sous les nuages roux qui flottent dans l’abîme
Comme un riche archipel sur une mer de sang.

Le Semeur – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Elle fournit aux colons des terres à mettre en valeur, sous forme de concessions. Celles-ci sont soumises à des impôts (cens[1], « lods[2] et ventes », etc.). Au départ, elles s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares. Mais au fil des arrivées successives au cours du XVIIIe siècle, leur superficie diminue progressivement, ne représentant plus que cinq à cinquante hectares selon les endroits.


[1] « Redevance de toute nature que certains détenteurs de biens devaient annuellement au seigneur du fief dont ils relevaient. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Seulement dans l’expression Lods et ventes, pour désigner la redevance due au seigneur lors de la vente d’une partie du territoire sur lequel s’étendaient ses droits. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque départementale de La Réunion, R14935.130. Louis Antoine Roussin (1819–1894), Album de la Réunion. Café. Coffea Arabica : famille des Rubiacées, 1860. Lithographie en couleurs sur papier ; dimensions de la feuille : 31 × 23 cm. Imprimée à La Réunion par A. Roussin (Imprimerie A. Roussin). Estampe extraite de l’Album de l'île de la Réunion : recueil de dessins représentant les sites les plus pittoresques..., tome 2, page 130, publié à Saint-Denis entre 1860 et 1867. Langue : français.
Bibliothèque départementale de La Réunion, R14935.130. Louis Antoine Roussin (1819–1894), Album de la Réunion. Café. Coffea Arabica : famille des Rubiacées, 1860. Lithographie en couleurs sur papier ; dimensions de la feuille : 31 × 23 cm. Imprimée à La Réunion par A. Roussin (Imprimerie A. Roussin). Estampe extraite de l’Album de l’île de La Réunion : recueil de dessins représentant les sites les plus pittoresques…, tome 2, page 130, publié à Saint-Denis entre 1860 et 1867. Langue : français.

Au début du XVIIIe siècle, la Compagnie développe la culture du café.  Elle s’occupe de la fourniture des plants, qu’elle achemine. Elle impose, par une ordonnance de 1724, la culture d’au moins deux cents pieds par habitation[1] se lançant dans cette production. A la récolte, le café est acheté aux producteurs cinq sous la livre.

Elle gère ensuite la commercialisation d’autant qu’elle dispose du monopole pour la France. Elle assure grâce à ce produit, le fret de retour de ses navires.


[1] L’habitation désigne à la fois la maison du propriétaire, les cases et les entrepôts faisant partie du domaine.


Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire 793.1.736. Bassin ovale en porcelaine « famille verte », Chine, vers 1715-1720. Porcelaine à glaçure polychrome et rehauts dorés, produite sous le règne de Kangxi. Le décor, caractéristique de la « famille verte », associe oiseaux, fleurs (pivoine, prunus, chrysanthème) et poissons en médaillon. Ornementation répartie sur les parois intérieures et extérieures. Objet d’exportation vers l’Europe, issu de la collection Robien, saisie à Rennes en 1794.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire 793.1.736. Bassin ovale en porcelaine « famille verte », Chine, vers 1715-1720. Porcelaine à glaçure polychrome et rehauts dorés, produite sous le règne de Kangxi. Le décor, caractéristique de la « famille verte », associe oiseaux, fleurs (pivoine, prunus, chrysanthème) et poissons en médaillon. Ornementation répartie sur les parois intérieures et extérieures. Objet d’exportation vers l’Europe, issu de la collection Robien, saisie à Rennes en 1794.

La compagnie prend pour nom celui de Compagnie perpétuelle des Indes (1719-1769)[1] jusqu’à sa rétrocession. Elle naît d’une fusion de diverses compagnies de commerces à privilèges comme l’étaient les Compagnies des Indes orientales, du Sénégal ou de Chine, ce qui entraîne des changements politiques et administratifs.


[1] La Compagnie perpétuelle des Indes, fondée en 1719 par John Law, résulte de la fusion de plusieurs compagnies, dont la Compagnie des Indes orientales (1664). L’adjectif « perpétuelle » est ajouté en 1723 pour souligner un monopole commercial censé durer indéfiniment, mais qui ne sera pas maintenu dans les faits.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105372, Veue de la Rade et du bourg de St. Denis à l’Isle de Mascarin, manuscrit daté du 17ᵉ ou 18ᵉ siècle [S.l.]. Format : 1 carte manuscrite, 25 x 36,5 cm. Notes manuscrites au verso indiquant « Vue de la rade de St Denis » ; légende des bâtiments représentés présente. Orientation au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105372, Veue de la Rade et du bourg de St. Denis à l’Isle de Mascarin, manuscrit daté du 17ᵉ ou 18ᵉ siècle [S.l.]. Format : 1 carte manuscrite, 25 x 36,5 cm. Notes manuscrites au verso indiquant « Vue de la rade de St Denis » ; légende des bâtiments représentés présente. Orientation au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Alors que les débuts de l’organisation de la colonisation ont été assez anarchiques, la Compagnie entretient à partir de 1722 une troupe de cent cinquante hommes pour veiller à la sérénité de l’île, et ce d’autant plus que des révoltes d’esclaves éclatent assez souvent, et que le marronnage[1] se développe sur toute l’île.


[1] « État d’un esclave marron. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. Voir infra la définition de marron.



Des règlements régulièrement promulgués durcissent les sanctions[1] (« fers à un pied », flétrissure sur une ou deux épaules, fouet, patrouille de recherches nocturnes). Des récompenses (en espèces ou sous la forme du don d’un esclave) sont accordées aux « chasseurs de marrons[2] ». Quand c’est un esclave qui réalise cette prise, il reçoit une pièce de toile.


[1] Ève, Prosper, « Le marronnage à Bourbon/La Réunion », 52 pages [article PDF], consultable en ligne sur le site du musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion). [Nota bene : Prosper Ève est professeur émérite d’histoire moderne à l’Université de La Réunion, chercheur au CRESOI (Centre de recherches sur les sociétés de l’océan Indien), et président de l’AHIOI (Association historique internationale de l’océan Indien). Le musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), est une ancienne société de plantation dédiée à l’histoire et aux mémoires de l’esclavage à La Réunion.]

[2] « S’est dit d’un esclave réfugié dans les bois pour y vivre en liberté. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105366, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis la rivière de Ste. Suzanne jusque à la Grande Ravine ; Plan de la baie et du mouillage de St. Denis dans le nord de l’Isle de Bourbon, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 36,5 × 47 cm, échelles : 2 lieues [= 14,5 cm] et 600 toises [= 8 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105366, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis la rivière de Ste. Suzanne jusque à la Grande Ravine ; Plan de la baie et du mouillage de St. Denis dans le nord de l’Isle de Bourbon, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 36,5 × 47 cm, échelles : 2 lieues [= 14,5 cm] et 600 toises [= 8 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Administrativement, entre 1735 et 1746, l’île Bourbon est dirigée par un commandant subordonné au gouverneur général résidant à l’île de France. Il est accompagné d’un Conseil supérieur, sorte de corps administratif et d’assemblée de marchands. Trois de ces conseillers font office de commandant de quartier : à Saint-Paul[1], Saint-Pierre[2] et Sainte-Suzanne[3].


[1] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).

[2] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).

[3] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).


Comme le nombre de soldats entretenus par la compagnie est insuffisant, chaque quartier, que ce soit Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Denis[1] a une milice composée de deux classes : les colons, et un groupe statutaire composé d’affranchis et de descendants d’affranchis. Elle est chargée de la police intérieure et de la défense de l’île.


[1] Commune située actuellement dans le département et région d’outre-mer de La Réunion (DROM).


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Lors de son arrivée, Jean Roland Boudsocq peut constater que la population originaire du territoire métropolitain est moins importante que celle des esclaves. Il est vrai que la culture des caféiers provoque une demande accrue de main-d’œuvre.


Son mariage avec une créole[1], Marie Anne Gruchet[2], peut s’expliquer par les relations qui ont pu exister entre lui et Jean Gruchet, son beau-père. Le premier est employé par la Compagnie dès 1730, et le deuxième est aussi au service de celle-ci.


[1] « Originellement, personne de famille européenne, née dans une des anciennes colonies des régions tropicales de l’Amérique et de l’océan Indien, et plus particulièrement aux Antilles. » Par extension, « toute personne née dans ces régions, quelle que soit son ascendance. Adjectivement. Un Noir créole, né dans ces colonies et non en Afrique. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Née le 2 novembre 1710 à Saint-Paul [Nota bene : la date de son décès demeure inconnue à ce jour, en l’état actuel des recherches.]


Les relations avec la Compagnie, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, sont d’ailleurs incontournables : pour se procurer la moindre chose, il faut y avoir recours, car elle détient dans ses entrepôts les objets et des denrées indispensables à la vie au quotidien.


Flots qui portiez la vie au seuil obscur des temps,
Qui la roulez toujours en embryons flottants
Dans le flux et reflux du primitif servage,
Eternels escadrons cabrés sur un rivage
Ou contre un roc, l’écume au poitrail, flots des mers,
Que vos bruits et leur rythme immortel me sont chers !

Flots des mers – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Jean Gruchet[1] est né vers 1666 à Lisieux[2]. Il est mort le 8 juillet 1744[3] à Saint-Paul[4]. Après un voyage de sept mois jusqu’à l’île de Bourbon sur le Saint-Jean-Baptiste[5], il débarque en décembre 1689 avec une vingtaine d’autres colons, principalement des artisans.


[1]  Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1179, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Commune située actuellement dans le département du Calvados, en région Normandie. 

[3] L’état civil est manquant pour l’année 1744. Cette date provient de la source mentionnée infra.

[4] Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant un inventaire et partage de la succession Jean Gruchet, époux de Jacquette Leverque en secondes noces. [Nota bene : Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, ont informé l’auteure que le contrat du premier mariage de Roland Boutsocq Deheaulme avec Marie Anne Gruchet (1732) demeure introuvable malgré leurs recherches. En revanche, elles ont pu localiser l’inventaire et le partage cotés 3E 41. Ces documents, trop volumineux pour être reproduits, nécessitaient une consultation sur place. L’auteure remercie chaleureusement Patrick Jacquemart d’en avoir transmis les images.]

[5]  Ce navire eut par la suite un destin tragique : d’une capacité de 150 tonneaux et armé à Port-Louis (Morbihan), il arriva à l’île Bourbon le 5 décembre 1689. Moins d’un mois plus tard, le 31 décembre 1689, il fut détruit par un cyclone dans la baie de Saint-Paul, où il fit naufrage.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105380, Port découvert par le Sr Habert de Vauboulon en l'Isle Bourbon vers la rivière du Marsouin..., 1690, plan manuscrit, 46,5 × 34 cm, note manuscrite au verso : « Avec sa lettre à Monsieur [Dehargny] du 1er octobre 1690 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 9 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105380, Port découvert par le Sr Habert de Vauboulon en l’Isle Bourbon vers la rivière du Marsouin…, 1690, plan manuscrit, 46,5 × 34 cm, note manuscrite au verso : « Avec sa lettre à Monsieur [Dehargny] du 1er octobre 1690 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 9 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Henry Habert de Vauboulon[1], qui deviendra gouverneur de l’île, se trouve sur le même navire de la Compagnie. Ces deux passagers restent assez proches l’un de l’autre, mais Jean Gruchet ne suivra pas le gouverneur dans ses turpitudes, et autres opérations hasardeuses.


[1] Bibliothèque François-Mitterrand, site François-Mitterrand, 8-O3S-479, Bénard, Jules ; Bernard Monge. L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais : dictionnaire du peuplement, 1663-1713. Saint-Denis : Azalées éditions. Imprimé à Saint-André (La Réunion) : Imprimerie Graphica, 1994, 215 pp., pages 201-202.



Recruté d’abord comme armurier par la Compagnie des Indes, il exerce plusieurs métiers une fois installé dans l’île, en fonction des besoins du moment, ce qui implique d’une manière générale, pour les colons, d’être habiles dans divers domaines : il est ainsi coutelier, taillandier, charpentier, menuisier, forgeron, etc.


Jean Gruchet séjourne à Saint-Paul à partir de son mariage le 28 juillet 1692 avec une jeune créole, Jeanne Bellon (née le 4 novembre 1676 à Saint-Paul, mort le 30 mai 1729 à Saint-Paul). De ce couple naissent onze enfants, dont neuf filles et deux garçons. Marie Anne Gruchet, cité supra, est la huitième.


Totalement illettré, Jean Gruchet est décrit comme un homme plutôt sobre, qui ne joue pas, et un travailleur acharné, selon Antoine Boucher[1]. Il réussir à bâtir une solide fortune, aidé en cela par la découverte de deux jarres d’argent et d’or en 1729, trésor qu’auraient laissé des pirates qui relâchaient dans l’île.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2015-309679, Boucher, Antoine ; Barassin, Jean ; Cercle généalogique de Bourbon. Mémoire pour servir à la connoissance particulière de chacun des habitans de l’isle Bourbon ; suivi des notes du père Barassin. Sainte-Clotilde : Surya éditions, imprimé en Inde, 2015, 452 p., illustrations, 24 cm, pages 141-143, 338, passim.


Monts superbes, dressez vos pics inaccessibles
Sur le cirque brumeux où plongent vos flancs verts !
Métaux, dans le regret des chaleurs impossibles,
Durcissez-vous au fond des volcans entr’ouverts !

L’orgueil – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Il obtient, en 1720, la concession de trois terrains à la « montagne Saint-Paul »[1], chacun d’entre eux jouxtant des propriétés appartenant aux sœurs de sa femme. Le premier se situe en hauteur, à côté d’une forêt de bois de fer[2], le deuxième est au milieu, et le troisième en bas, à proximité de pignons d’Inde[3]. Ils longent également d’un autre côté un massif de bois rouge[4] et, plus bas, de bois jaune[5]. Il fait défricher ces terres par ses esclaves, et s’en procure d’autres au Boucan des malades[6], où il fait de l’élevage.


[1] « 1720. Extraits de contrats de concession accordés à divers. 3 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 114, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 33/381, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2093 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 2088-2131 = D. Etats et extraits ; cotes 2088-2105 = 1.  – Canton de Saint-Paul.]

[2] Sideroxylon majus (Gaertner fils) Baehni, notice descriptive consultable en ligne sur le site du parc national de La Réunion.

[3] Jatropha curcas L., 1753, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

[4] Cassine orientalis (Jacq.) Kuntze, 1891, notice descriptive consultable en ligne sur le site du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

[5] Ochrosia borbonica J. F. Gmel,1791, notice descriptive consultable en ligne sur le site du site des Parcs nationaux de France.

[6] Ce lieu-dit dépend aujourd’hui de la commune de Saint-Paul, sur la côte ouest de La Réunion, entre Boucan Canot et Saint-Gilles-les-Bains.


Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Première page de l’acte. Rappel de l’apposition des scellés le 8 juillet 1744 et annonce de l’inventaire le 14 juillet. Fait à la requête de Roland Boudsocq Deheaulme, garde-magasin de la Compagnie des Indes, et d’Antoine Maunier, ancien capitaine de bourgeoisie. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Première page de l’acte. Rappel de l’apposition des scellés le 8 juillet 1744 et annonce de l’inventaire le 14 juillet. Fait à la requête de Roland Boudsocq Deheaulme, garde-magasin de la Compagnie des Indes, et d’Antoine Maunier, ancien capitaine de bourgeoisie. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

L’inventaire de sa succession[1], dressé à partir du 14 juillet 1744, détaille le mobilier contenu dans les différentes habitations. On y trouve des couchettes à bas piliers[2] garnies de matelas de laine, d’oreillers et de couverture de « chitte[3] », des tables en natte à petites feuilles[4], avec tiroir et pieds en bois tournés, des chaises ou des pliants en bois de pomme[5], de nombreux miroirs , souvent de petite taille, une pendule, des coffres, une armoire à deux battants et trois tablettes, un buffet à deux battants, etc.


[1] Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant un inventaire et partage de la succession Jean Gruchet, époux de Jacquette Leverque en secondes noces.

[2] Lits légèrement surélevés par de petits supports, destinés à isoler du sol, favoriser la ventilation et protéger de l’humidité ou des nuisibles.

[3] Probablement du chintz, « tissu d’ameublement en coton imprimé dont une des faces est d’un brillant un peu glacé. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] Petit natte ou Labourdonnaisia calophylloides Bojer, 1841, notice descriptive consultable en ligne sur le site du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

[5] Syzygium cordemoyi Bosser & Cadet, 1987, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).


Musée de la Compagnie des Indes, numéro d’inventaire 996.71. Vase balustre en porcelaine, « famille verte », Jingdezhen, Chine, vers 1710. À panse renflée et col resserré, cette pièce en porcelaine est recouverte d’une glaçure vitrifiée. Produite à Jingdezhen, centre majeur de la porcelaine impériale, elle témoigne du raffinement technique encouragé sous le règne de l’empereur Kangxi. À cette époque, les fours impériaux sont dirigés par Lang Tingji, grand promoteur de la qualité des porcelaines destinées à la cour et à l’exportation. Ces pièces séduisent alors l’élite européenne, notamment par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes, qui contribue activement à leur diffusion en Occident.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), numéro d’inventaire 996.71. Vase balustre en porcelaine, « famille verte », Jingdezhen, Chine, vers 1710. À panse renflée et col resserré, cette pièce en porcelaine est recouverte d’une glaçure vitrifiée. Produite à Jingdezhen, centre majeur de la porcelaine impériale, elle témoigne du raffinement technique encouragé sous le règne de l’empereur Kangxi. À cette époque, les fours impériaux sont dirigés par Lang Tingji, grand promoteur de la qualité des porcelaines destinées à la cour et à l’exportation. Ces pièces séduisent alors l’élite européenne, notamment par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes, qui contribue activement à leur diffusion en Occident.

Pour les repas et les réceptions, la vaisselle est importante, avec au moins cinq services de verres, de nombreux gobelets, flacons et carafes, des plats en étain, des services en porcelaine, des gargoulettes[1], des pots en faïence, vingt-deux nappes, soixante-quatorze serviettes en toile de coton, et des « couteaux flamands »[2].


[1] « Vase en terre poreuse où l’eau se rafraîchit par évaporation, et dont le bec étroit permet de diriger le jet d’eau au fond de la gorge. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Soulat, Jean. « Le couteau flamand : du marin hollandais à la traite coloniale », Les Cahiers LandArc, n° 48, août 2022, 17 pages [article PDF], consultable en ligne sur le site du LandArc. [Nota bene : LandArc est un laboratoire français spécialisé en archéologie, archéométrie et histoire des techniques. Il publie régulièrement ses Cahiers LandArc, une revue scientifique portant sur des fouilles, des découvertes et des patrimoines archéologiques, avec un accent particulier sur les contextes littoraux et maritimes.]


En outre, l’inventaire vestimentaire donne des précisions sur la provenance des étoffes : de la calmande[1], du nankin[2], du guingan[3], de la mousseline[4], du gros drap[5], du camelot[6], de l’armoisin[7], qui soulignent la prospérité du commerce établi avec l’Inde et la Chine par la Compagnie. La présence de fils de coton bleus, et de vingt livres de laine, suggère une économie domestique, destinée à un usage personnel.


[1] « Étoffe de laine lustrée d’un côté, comme le satin. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Toile de coton épaisse, qui est ordinairement d’un jaune chamois. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Sorte de toile de coton fine et lustrée. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Toile de coton très fine, légère et transparente. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] « Étoffe de laine pure ou mélangée, à la surface duveteuse, que diverses opérations ont resserrée et rendue plus résistante. Une pièce de drap fin, de gros drap. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[6] « Étoffe faite primitivement de poil de chameau, fort prisée au Moyen Âge, puis simplement de poil de chèvre ou de laine de mouton. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[7] « Taffetas faible et peu lustré. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Reconnaissance de l’exactitude du début de l’inventaire établi devant des témoins, dont Roland Deheaulme. Le paraphe de certains manque, bien qu’ils soient présents, car ils ne savaient ni écrire ni signer. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Reconnaissance de l’exactitude du début de l’inventaire établi devant des témoins, dont Roland Deheaulme. Le paraphe de certains manque, bien qu’ils soient présents, car ils ne savaient ni écrire ni signer. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Signature de l’acte établi à la fin de la journée du 14 juillet 1744. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Signature de l’acte établi à la fin de la journée du 14 juillet 1744. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

Des outils (dont quatre-vingt-dix-sept différents) : haches, serpes, varlopes[1], rabots, établi de menuisier, scies, scie de long, masse, pioches, bêches, étrille[2] avec gouge, lames de couteaux, et cent soixante-dix-huit livres de fer attestent des nombreuses activités exercées par Jean Gruchet à la suite de son installation dans l’île. Ses biens témoignent aussi de son enrichissement, qui assure une certaine aisance à ses héritiers[3].


[1] « Très long rabot, muni à l’arrière d’une poignée facilitant la poussée, qui sert à travailler, à aplanir une pièce, une surface. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Instrument métallique dentelé servant au pansage des chevaux, des mulets, etc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] Une telle analyse historique d’un inventaire de succession offre un éclairage concret sur la vie quotidienne à La Réunion au XVIIIe siècle. Sur ce point, voir aussi l’ouvrage d’Albert Jauze, Vivre à l’île Bourbon au XVIIIe siècle : usages, mœurs et coutumes d’une colonie française sur la route des Indes de 1715 à 1789, illustrations originales de Benjamin Combard, préface de Daniel Roche, Paris, Riveneuve éditions ; musée historique de Villèle, Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), 2017, 376-XIV p. : illustrations en couleur ; 27 cm.  (Collection patrimoniale Histoire ; Riveneuve océan Indien), quatrième partie « Rusticité, facettes multiples d’une société agreste », chapitre 3 : « L’exemple d’un habitant, François Lelièvre époux de Jeanne Lépinay », p. 335-344. (Exemplaire conservé dans la collection personnelle de l’auteure.)



Sa première femme est la fille de Jean Bellon[1] et d’Antoinette Renaud[2], des primo-arrivants, venus dès 1667 sur l’un des navires de la flotte de Mondevergue[3]. Elle veille à l’éducation de ses filles, dont plusieurs savent écrire. Marianne[4] reçoit, lorsque sa mère est veuve pour la seconde fois, la part d’héritage lui revenant de son père.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 138, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Elle sera la première marraine figurant dans les registres de l’île.

[3]  François Lopès [Lopis], marquis de Montdevergues, marin et administrateur colonial français. Cf. Bibliothèque François-Mitterrand, site François-Mitterrand, 8-O3S-479, Bénard, Jules ; Bernard Monge. L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais : dictionnaire du peuplement, 1663-1713. Saint-Denis : Azalées éditions. Imprimé à Saint-André (La Réunion) : Imprimerie Graphica, 1994, 215 pp., page 208.

[4] Variante orthographique de Marie Anne.


Le contrat de mariage, signé le 25 septembre 1732 auprès de maître Morel[1], aurait pu apporter des renseignements sur les futurs époux et leurs ascendants. Mais la communication de celui-ci s’est révélée impossible[2], le dossier étant « en déficit[3] ».


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-841690, Ricquebourg, Lucien-Jacques-Camille. Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon (La Réunion), 1665-1810. Rosny-sur-Seine : L.J.C. Ricquebourg, 1983. 3 vol., LXI-2881 p. ; 21 cm. Imprimé en Mayenne : Imprimerie de la Manutention. Bibliographie p. VI., notice de la page 1235, consultable sur place en bibliothèque de recherche, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 16-LM2-658 (1).

[2] Selon des échanges par courriel des 11 et 21 mars 2025 avec Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, ce document demeure introuvable (voir supra).

[3] En archivistique, cette expression désigne une absence ou une lacune dans un fonds ou une collection, par rapport à ce qui serait attendu ou nécessaire pour assurer une représentation complète, cohérente et fiable d’un ensemble documentaire.


L’acte d’état civil, établi le 30 septembre 1732[1], montre que deux mariages sont célébrés à la même date. Le premier concerne celui de Jean Malesse[2] et de Marie Monique Gruchet, sœur cadette de Marianne. Le second, entre cette dernière et Jean-Roland, comporte des erreurs, qui expliquent le glissement du nom de Boutsocq à celui de Dehaulme[3]. Le marié est en effet déclaré comme étant le fils d’Henry Dehaulme et de Jeanne Bourdois[4].

Non seulement, il y a une confusion entre la filiation paternelle (Henry Boudsocq) et la filiation maternelle (Jeanne Deheaulme). Mais, en plus, cette dernière est remplacée par Jeanne Bourdois (en fait, probablement sa grand-mère maternelle). Cette erreur s’explique sans doute par la similitude des prénoms.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1732, vue 5/8, consultable en ligne.

[2] Ou jean Mallet, selon une variante orthographique.

[3] Ou de Haulme, selon une variante orthographique.

[4] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1732, vue 5/8, consultable en ligne.


Du fait de cet imbroglio, les enfants, puis les descendants de Henry Boutsocq, vont désormais s’appeler « Deheaulme », en un ou deux mots, et avec des variantes orthographiques et anthroponymiques[1]. Alors que le double nom est le plus souvent présent dans les documents de la Compagnie, ce n’est pas le cas pour l’état civil.


[1] L’anthroponymie est la « partie de l’onomastique qui étudie les noms de personnes. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Cependant, en 1790, sur l’acte de mariage d’une de ses petites-filles[1], le nom de Boutsocq réapparaît sous une orthographe éloignée de la graphie d’origine (Boutsooc), et en 1816 sous la forme de Boutsoock Deheaulme. 


[1] Anne Marie Françoise, décédée le 6 août 1861 à Saint-Pierre.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, n° d’inventaire 75.3407.1-60, Armand Léon (1835-1922), Carnet de dessins et d'aquarelles de voyage en Océanie, Guyane et en Terre de Feu, 1861, aquarelle sur papier pleine page, 27,5 × 39 cm, représentant Saint-Denis, île de La Réunion, carnet relié contenant 59 aquarelles, dessins et tirages sur papier albuminé, donateur monsieur Joubert, image reproduite d’après l’original du musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), numéro d’inventaire PA000361, notice descriptive consultable en ligne.
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, n° d’inventaire 75.3407.1-60, Armand Léon (1835-1922), Carnet de dessins et d’aquarelles de voyage en Océanie, Guyane et en Terre de Feu, 1861, aquarelle sur papier pleine page, 27,5 × 39 cm, représentant Saint-Denis, île de La Réunion, carnet relié contenant 59 aquarelles, dessins et tirages sur papier albuminé, donateur monsieur Joubert, image reproduite d’après l’original du musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), numéro d’inventaire PA000361, notice descriptive consultable en ligne.

On peut désormais suivre l’itinéraire familial et professionnel de Jean Roland Boutsocq à partir de son entrée dans l’une des premières familles établies dans l’île. De 1733 à 1753, naissent douze enfants :

  • Marie Anne Charlotte, née le 5 juillet 1733 à Saint-Paul.
  • Antoine Roland, ne lé 26 août 1735 à Saint-Paul et baptisé le 27 août ;
  • Louis Norbert, né le 21 août 1737 à Saint-Paul ;
  • Henriette Olympiade, née en 1739, décédée à l’âge de quatre ans ;
  • une petite fille morte à la naissance le 17 janvier 1742, et non prénommée ;
  • Marie-Hortense, née le 4 janvier 1743, décédée le 11 des mêmes mois et année ;
  • des jumelles, Elisabeth et Anne, nées le 16 décembre 1743.
  • Gaspard François, né le 16 avril 1746 et décédé 5 jours plus tard ;
  • Bertrand Montand[1], né le 9 mai 1747 et décédé le 16 mai ;
  • Jean Valfroy, né le 13 octobre 1748 ;
  • Françoise Geneviève[2], née le 25 juin 1753 à Saint-Paul, décédée le 7 septembre 1780 à Semblançay[3].

[1] Lire Montan, déformation du prénom Montain en usage dans la Thiérache axonaise, une sous-région du massif thiernois s’étendant du nord-est de la Picardie aux contreforts ardennais.

[2] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 11/22, consultable en ligne.

[3] Commune située actuellement dans le département de l’Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire.


L’acte de naissance et de baptême d’Antoine Roland révèle plusieurs éléments significatifs. D’une part, la mention de son père sous le nom de « Roland Boudsoc de Heaulme » témoigne d’une réintégration explicite du nom patronymique.

D’autre part, les pratiques de sociabilité se manifestent à travers des échanges croisés de parrainage[1] entre deux familles, reproduisant un schéma typique du village natal du père. En revanche, pour Françoise Geneviève, le choix des parrain et marraine s’inscrit dans une logique strictement familiale, puisqu’il s’agit de son frère et de sa sœur aînée.


[1] Le 23 juillet 1735 naît François Roland Maunier, fils d’Antoine Maunier, capitaine de quartier. Il est baptisé le 25 juillet. Son parrain est Roland Boutsoc de Heaulme. Quant à Antoine Roland, le fils de Roland Boutsoc, né le 26 juillet de la même année, et baptisé le 27 juillet de la même année, il a pour parrain Antoine Maunier. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1735, vue 5/6, consultable en ligne.


Le Massiac est une flûte de la Compagnie française des Indes, lancé à Lorient le 30 décembre 1758 pour le commerce maritime. Il est vendu à la Marine royale en avril 1770, puis cédé à l’armement Foucault en octobre 1771. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Le Massiac est une flûte de la Compagnie française des Indes, lancé à Lorient le 30 décembre 1758 pour le commerce maritime. Il est vendu à la Marine royale en avril 1770, puis cédé à l’armement Foucault en octobre 1771. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

On ne sait quasiment rien de la vie des jumelles, si ce n’est qu’elles voyagent avec leur dernière sœur, toujours accompagnées de leur père, et souvent de leur mère et de deux domestiques, Alexis et Marie. Elles sont inscrites sur les rôles d’équipage à bord de différents navires de la Compagnie , comme le Bertin[1], la Paix[2],  le Saint-Louis[3]. Il arrive que Jean Roland soit avec son épouse, un seul domestique, et sans ses enfants, sur le Massiac[4], par exemple, qui est une flûte[5] de la Compagnie.


[1] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 40-II.1, rôle du Bertin (1765-1766), p. 25 : dans la table des noms, sous le n° 264, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland et sa famille sont désignés comme « passagers » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « restés à l’île Bourbon – monsieur, madame et trois enfants, passagers à prendre à l’île Bourbon. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[2] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 40-II.7, rôle de la Paix (1764-1766), p. 25 : dans la table des noms, sous le n° 312, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland et sa famille sont désignés comme « passagers » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon le 12 mars 1766 ; resté à terre à l’île Bourbon – à la table aux frais de la Compagnie, avec ses trois demoiselles et deux domestiques créoles (Alexis et Marie). », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[3] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 41-II.7, rôle du Saint-Louis (1766-1768), pages 40 et 41 : dans la table des noms, sous le n° 488, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Jean Roland est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – monsieur, aux frais de la Compagnie » ; sous le n° 492, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), la femme de Jean Roland est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – madame, mère, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 493, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Anne est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 494, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Elisabeth est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. » ; sous le n° 495, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), Françoise Geneviève est désignée comme « passagère » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au désarmement – fille du sieur Dehaulme, à ses frais, a payé à l’île Bourbon. », sous le n° 502, à l’entrée Marie [sans patronyme] (« individu – parents »), une femme est désignée comme « domestique passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarquée à l’île Bourbon ; débarquée au débarquement – négresse, domestique de monsieur Dehaulme, à ses frais à l’office. » ; sous le n° 503, à l’entrée Alexis [sans patronyme] (« individu – parents »), un homme est désigné comme « domestique passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – nègre, domestique de monsieur Dehaulme, à l’office à ses frais. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[4] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 41-II.5, rôle du Massiac (1766-1768), p. 26 : dans la table des noms, sous le n° 306, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), Jean Roland est désigné comme « conseiller passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; n’ont pas embarqué – à la table, aux frais de la Compagnie, avec son épouse. » ; sous le n° 307, à l’entrée « Anonyme » (« individu – parents »), un homme est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; n’a pas embarqué – domestique de monsieur et madame Deheaulme, à l’office. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[5] « Navire de charge utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles pour le transport des munitions et l’approvisionnement des navires en campagne. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Diorama en coupe longitudinale du Massiac, flûte de la Compagnie des Indes, montrant sa structure interne et son aménagement. Animé par des figurines, il illustre la vie à bord. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Diorama en coupe longitudinale du Massiac, flûte de la Compagnie des Indes, montrant sa structure interne et son aménagement. Animé par des figurines, il illustre la vie à bord. Photographie en couleurs, prise de vue effectuée le jeudi 17 avril 2025 au musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En revanche, faute de prénom, et en l’absence de précisions suffisantes, il n’est pas possible d’établir avec une totale certitude un lien entre Jean Roland et le Deheaulme « passager » mentionné à bord du Duc de Parme[1], ou le Dehaulme « commis passager » cité sur le Puisieulx[2]. Pas plus qu’il n’est possible d’identifier de quel « monsieur Deheaulme » le « soldat passager » Jean-Baptiste Sorin dit « sans allarme[3] » a reçu un ordre d’embarquement sur la Paix[4].


[1] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 36-23, rôle du Duc de Parme (1752-1754), p. 27 : dans la table des noms, sous le n° 302, à l’entrée Deheaulme (« individu – parents »), un homme est désigné comme « passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon le 2 juin 1753, débarqué à Pondichéry le 8 juillet 1753 – passager pour Pondichéry à la table. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[2] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 36-15, rôle du Puisieulx (1752-1754), p. 32 : dans la table des noms, sous le n° 373, à l’entrée Dehaulme (« individu – parents »), un homme est désigné comme « commis passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à Lorient ; débarqué à Pondichéry le 20 avril 1753 – passager à la table pour Pondichéry », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.

[3] Lire « sans alarme », sans doute un sobriquet militaire pouvant être valorisant (sang-froid, bravoure tranquille) ou ironique (lâcheté, lenteur).

[4] Service historique de la Défense (SHD), site de Lorient, bureau des classes de Port-Louis, sous-série 2P, rôle au désarmement – long cours, 2P 39-II.13, rôle de la Paix (1763-1764), p. 23 : dans la table des noms, sous le n° 274, à l’entrée Sorin dit « sans allarme » Jean-Baptiste (« individu – parents »), un homme est désigné comme « soldat passager » (fonction, solde). La rubrique des « remarques – mouvements » porte la mention suivante : « embarqué à l’île Bourbon ; débarqué au désarmement – soldat du régiment de Lorraine prisonnier des Anglais embarqué en Chine et débarqué à Maurice, venu à l’île Bourbon sur le Choiseul ; embarqué à l’île Bourbon sur ordre de monsieur Deheaulme. », liste consultable en ligne sur le site Mémoire des hommes, portail culturel du ministère des Armées.


En dehors de sa vie familiale, Roland Deheaulme occupe diverses fonctions au sein de la Compagnie, tant sur le plan commercial qu’administratif. Sa place de commis est confirmée dans deux documents :

  • l’acte de vente, le 14 octobre 1732[1], d’une maison située dans le quartier Saint-Paul, en bois équarri, de dix-neuf pieds de long sur quinze de large (environ cinq mètres soixante-quinze sur quatre mètres cinquante), dont il se rend acquéreur auprès de sa belle sœur Marie Monique Gruchet, pour la somme de 648 livres ;
  • l’acte de partage de la succession de Jeanne Bellon, décédée trois ans plus tôt.

[1] Copie transmise par Lise Di Pietro, adjointe à la directrice, et Mireille Robert, qui a suivi le dossier, aux archives départementales de La Réunion [cote 3E 6 — série E : état civil, officiers publics et ministériels ; sous-série 3E = notaires]. Ce document, établi par maître François Morel et Dussart de Lasalle, relate la cession d’un bien par Marie Monique Gruchet à Roland Boutsocq Deheaulme et à son épouse Marie Anne Gruchet.


Détail de la signature de Jean Roland Dehaulme. Cf. archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]
Détail de la signature de Jean Roland Dehaulme. Cf. archives départementales de La Réunion, 3E 41 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires], acte notarié concernant le partage des biens de Jean Gruchet. Inventaire des biens meubles et immeubles, qui commence par la description d’une couchette à bas piliers en bois de natte à petites feuilles garnie de deux matelas, d’une couverture, et de deux oreillers. [Nota bene : ce document volumineux a été photographié et transmis par monsieur Patrick Jacquemart depuis La Réunion.]

La signature de Jean Roland, apposée sur différents actes, montre une bonne maitrise de l’écriture, qui s’enrichit au cours de ses activités de quelques fioritures[1] à la manière des notaires.


[1] « Ornement, agrément accessoire d’un dessin, d’une décoration. Les fioritures d’un paraphe. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Avant 1734, il est « commis de premier ordre », avec des appointements annuels de 900 livres. Assez rapidement, il exerce des fonctions liées au commerce de la Compagnie (et d’autres) dans l’organisation administrative de l’île. L’année suivante, il effectue le bilan administratif et financier d’un « lascar[1] », et signe comme garde-magasin[2]. Son ascension commence.


[1] « Matelot naviguant notamment dans l’océan Indien. », selon le Trésor de la langue française informatisé.

[2] « 1735 – Saint-Paul, 27 août. Décompte d’un lascar. 1 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 258/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1717 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1716-1727 = 5. – Marine.]


Le 14 avril 1738, il est nommé conseiller juge adjoint, à la demande du procureur général du roi au Conseil supérieur, et prête serment. Il demande un certificat de bonne conduite[1].


[1] « 1738 – Saint-Paul, 2 décembre. Boutsoocq Deheaulme au Conseil supérieur pour lui demander un certificat de bonne conduite . 1 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 37, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 35/83 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 695 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 685-717 = II. – Personnel ; pièces C 689-717 = B. Demandes d’emploi, nominations, congés, réclamations.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105348, Isle Bourbon, par Étienne de Flacourt (1607–1660), 1653, carte manuscrite en couleur, 49 × 67,5 cm, échelle : 3 lieues [= 7 cm], avec dédicaces manuscrites à Louis XIV et Jean III du Portugal, titre au verso : « Isle Bourbon par le Sieur de Flacours 1653 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105348, Isle Bourbon, par Étienne de Flacourt (1607–1660), 1653, carte manuscrite en couleur, 49 × 67,5 cm, échelle : 3 lieues [= 7 cm], avec dédicaces manuscrites à Louis XIV et Jean III du Portugal, titre au verso : « Isle Bourbon par le Sieur de Flacours 1653 », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

En 1739, il signe des contrats de trois ans dans le quartier Saint-Paul, pour recruter dans l’exercice de leur métier d’anciens soldats de la Compagnie. Il emploie ainsi, en 1739, un meunier[1] et, en 1745, un boulanger[2] nommée Denis Dumelle.


[1] « 1739 – Saint-Paul, 17 octobre. Engagement de Guillaume Cousian à la Compagnie des Indes en qualité de meunier. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 92, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 62/86, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1134 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1121-1185 = travaux civils et militaires ; articles C 1125-1141 = II. – Personnel ; pièces 1125-1138 = A. Européens et Malabars libres.]

[2] « 1745 – Saint-Paul, 27 novembre. Engagement de Denis Dumielle à la Compagnie des Indes en qualité de boulanger. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 92, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 68/86, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1136 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1121-1185 = travaux civils et militaires ; articles C 1125-1141 = II. – Personnel ; pièces C 1125-1138 = A. Européens et Malabars libres.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105384, Plan et projet d’un petit port à la Rivière d’Abord en l’Isle de Bourbon, par le chevalier de Tromelin, [18e siècle], plan manuscrit en couleur, 55 × 66,5 cm, échelle : 100 toises [= 7 cm], avec légende et remarques en carton à gauche, orienté nord-est, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105384, Plan et projet d’un petit port à la Rivière d’Abord en l’Isle de Bourbon, par le chevalier de Tromelin, [18e siècle], plan manuscrit en couleur, 55 × 66,5 cm, échelle : 100 toises [= 7 cm], avec légende et remarques en carton à gauche, orienté nord-est, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 7 avril 1741 il est « garde-magasin pour la Compagnie des Indes, en cette île »[1]. En 1750, il est garde-magasin de l’entrepôt de la rivière d’Abord[2]. C’est une charge qui comporte de nombreuses responsabilités, et que l’on confie à une personne de confiance et instruite. Parallèlement, il est caissier particulier pour le quartier Saint-Paul, mais aussi garde-magasin des cafés s’y trouvant, ainsi que des marchandises venues de l’Inde et de la Chine.


[1] « 1741 – Déclarations de retour. 6 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 129/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 984 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 974-1011= D. Détachements contre des marrons ; cotes C 981-1009 = 2. – déclarations de retours des détachements.]

[2] Fleuve côtier de l’île.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105375, Quartier St. Denis à Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 30 × 50 cm, bâtiments légendés à droite, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 5 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105375, Quartier St. Denis à Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 30 × 50 cm, bâtiments légendés à droite, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 5 D, consultable en ligne sur Gallica.

De 1751 à 1757, qualifié de sous-marchand[1] (sorte d’intermédiaire), il perçoit un salaire annuel de 1 000 livres puis de 1 500 livres[2], auxquelles s’ajoutent des gratifications en vins et eaux de vie, dont le montant peut varier de 300 livres au double.


[1] « 1757 – Saint-Denis, 31 mars. Etat des appointements depuis le 1er janvier jusqu’au 31 mars. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 26/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1646 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1625-1673 = 1. Administration générale, cotes 1625-1654 = a. Soldes, indemnités, gratifications.]

[2]   « 1755 – Saint-Denis, 31 mars. Etat des appointements dus aux employés, officiers et autres depuis le 1er janvier jusqu’au 31 mars. 4 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 19/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1644 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1625-1673 = 1. Administration générale, cotes 1625-1654 = a. Soldes, indemnités, gratifications.]



Le 8 juillet 1753, il aurait débarqué à Pondichéry[1], après avoir fait le voyage sur le Duc de Parme, un navire de la Compagnie. Il aurait été passager à la table, et aux frais de la Compagnie. Ce voyage entretiendrait-il un lien avec ses fonctions de sous-marchand ? Comme caissier de la Compagnie, il signe les quittances pour les vivres et rafraichissements qui sont fournis à une escadre. Il règle souvent en esclaves[2].


[1] Pour les problèmes d’identification concernant l’identité du voyageur, cf. supra. Pondichéry est une commune située actuellement dans le district et le territoire du même nom, en Inde.

[2] « 1735 – Etat des esclaves accordés à divers habitants de Bourbon en payement des vivres et rafraîchissements fournis aux vaisseaux de l’escadre de d’Aché. 26 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 102/R2, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vue 265/357, consultable en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1720 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1580-1914 = finances ; articles C 1623-1744 = II. – Budget général dépenses ; pièces C 1625-1727 = B. Dépenses de divers services, états ; documents C 1716-1727 = 5. – Marine.]


Le diorama La Vie à bord, don effectué en 1989 par l’association des Amis du musée de la Compagnie des Indes, illustre la vie quotidienne sur un navire de la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle. Il évoque les conditions rudes de la navigation au long cours. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
Le diorama La Vie à bord, don effectué en 1989 par l’association des Amis du musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), illustre la vie quotidienne sur un navire de la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle. Il évoque les conditions rudes de la navigation au long cours. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

En 1758, dans des actes relatifs à l’administration des hôpitaux, il est mentionné comme substitut de monsieur le procureur général du roi. Il constate le décès de marins, le plus souvent victimes de la petite vérole[1].

On redoute que cette maladie ne se transforme en épidémie, en raison de la rapidité avec laquelle elle se propage[2]. En ce qui concerne la grande vérole[3], Jean Roland est condamné le 20 juin 1736[4]  pour avoir vendu à un certain Louis Martin, canonnier au service de la Compagnie des Indes, une esclave « traitée » mais non « guérie ».


[1] « Petite vérole, nom que l’on donnait à la variole. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « 1758 – Saint-Paul, décembre. Procès-verbaux de destruction des hardes et effets de Guillaume Tancret, Poitiers, Frompton, Noël Liwat, Gilles Inal, matelots du Duc d’Orléans, du Minotaure, du Fortuné, du Vengeur et de l’Eléphant, décédés à l’hôpital de la variole . 5 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 86, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 13/30 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 938 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 933-939 = VII. – Hôpitaux ; pièces C 936-939 = B. Maladies contagieuses (lèpre, variole).]

[3] « Ou, simplement, vérole, nom que l’on donnait à la syphilis. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « 1733-1737 – Registre des arrêts du Conseil supérieur. 38 x 25 cm. 231 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 121, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 381/455 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2519 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 2279-2807  = greffe ; articles C 2516-2568 = V. – Arrêts et jugements ; pièces C 2516-2561 = A. Arrêts du Conseil provincial et du Conseil supérieur ; cotes 2516-2532 = 1. Registres.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105250, Pont construit à l'isle de Bourbon quartiers St. Denis par Mr. Mahé de La Bourdonnais, chevalier de l’ordre militaire de St. Louis, officier des Vaisseaux du Roy, Gouverneur Général des Isles de France et de Bourbon, Présidant aux dits Conseils, commencé le Ier juillet et finy le mois de septembre suivant, 1738, plan manuscrit en couleur, 54,5 × 148,5 cm, cartouche de titre orné de deux tritons, légende détaillant les éléments du pont et les bâtiments alentours à droite et à gauche du cartouche, image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 4, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105250, Pont construit à l’isle de Bourbon quartiers St. Denis par Mr. Mahé de La Bourdonnais, chevalier de l’ordre militaire de St. Louis, officier des Vaisseaux du Roy, Gouverneur Général des Isles de France et de Bourbon, Présidant aux dits Conseils, commencé le Ier juillet et finy le mois de septembre suivant, 1738, plan manuscrit en couleur, 54,5 × 148,5 cm, cartouche de titre orné de deux tritons, légende détaillant les éléments du pont et les bâtiments alentours à droite et à gauche du cartouche, image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 4, consultable en ligne sur Gallica.

En 1763, le 26 octobre, il est nommé adjoint au Conseil supérieur[1], juge et receveur, sans que cela n’affecte les autres commissions dont il fait partie. Il prête serment, séparément, dans les mains du commandant président du conseil.


[1] « 1763 – Saint-Denis,  26 octobre. Demande du procureur général que les sieurs Dehaulme, Roudic, Dejean et Bellier soient adjoints au Conseil supérieur insuffisamment nombreux. 2 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 37, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 54/83 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 703 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 685-717 = II. – Personnel ; pièces C 689-717 = B. Demandes d’emploi, nominations, congés, réclamations.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105369, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis Ste. Suzanne jusqu’à St. Gilles, où sont renfermés les mouillages de St. Denis et de St. Paul, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 34 × 68 cm, échelle : 3 lieues marines de 3000 toises [= 22 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105369, Carte particulière de la côte de l’Isle de Bourbon depuis Ste. Suzanne jusqu’à St. Gilles, où sont renfermés les mouillages de St. Denis et de St. Paul, [17e ou 18e siècle], document cartographique manuscrit en couleur, 34 × 68 cm, échelle : 3 lieues marines de 3000 toises [= 22 cm], orienté au sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.

Jean Roland Deheaulme est impliqué dans la répression des esclaves en fuite. Non seulement, il milite pour un durcissement des sanctions, mais il est aussi, en tant que « commandant et juge de police en ce quartier Saint-Paul », un de ceux qui prononcent ces sanctions, en fonction de la durée du marronnage, et du nombre de récidives[1].


[1] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 129/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]


Ainsi, Laurent[1], un Cafre[2] de vingt-cinq ans et Fidel[3], un Malabar[4] de dix-huit ans, tous deux esclaves d’Augustin Auber, sont jugés à plusieurs reprises, à quelques semaines d’intervalle. Ces deux hommes, parmi d’autres, incarnent la ténacité des esclaves en quête de liberté, malgré la menace de châtiments sévères.

Laurent s’évade une première fois le 1er juillet 1750 et se rend à son maître quinze jours plus tard. Il fuit de nouveau le 18 septembre 1752, revient le 21 octobre, repart le 29 octobre et se rend le 28 novembre. Sa dernière fuite a lieu le 27 juin 1753, suivie d’un retour dès le lendemain.

Fidel part le 6 décembre 1751 et réintègre le domaine douze jours plus tard. Il récidive le 16 novembre 1752 et revient deux jours après. Le 17 novembre 1753, il prend à nouveau la fuite. Le 18 décembre, il est blessé par un coup de fusil tiré par son maître aux Colimaçons, capturé, puis enfermé au bloc du quartier Saint-Paul. En dépit des peines encourues, ces tentatives d’évasion expriment avec force l’aspiration des esclaves à échapper à la servitude.

Roland Dehaulme prononce de lourdes sentences à l’encontre de Laurent et de Fidel, reconnus coupables de multiples récidives. La peine initialement prévue consiste en la mutilation des oreilles et l’apposition d’un fer en forme de fleur de lys sur l’épaule droite, marquant ainsi l’infamie.

Toutefois, en l’absence d’un exécuteur des sentences criminelles, la procédure judiciaire s’adapte aux circonstances locales : l’esclave est publiquement flagellé à la sortie de la messe paroissiale, conformément aux usages en vigueur, le condamné étant d’ordinaire attaché au carcan[5], puis remis à son propriétaire.


[1] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 144/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]

[2] Ou Caffre « (Celui, celle) qui habite la Cafrerie (partie de l’Afrique australe) ou qui en est originaire. », selon le Trésor de la langue française informatisé. « Cafre » désigne à La Réunion de façon non péjorative une personne d’origine africaine. »

[3] « 1742-1755 – Extraits du registre de déclarations de marronnage au quartier Saint-Paul. 23 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 87, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 143/158 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 948 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 669-1068 = administration générale ; articles C 940-1068 = VIII. – Esclavage ; pièces C 943-954 = B. Déclarations de marronnage.]

[4] Le terme « Malabar » désigne à La Réunion les travailleurs indiens originaires de la côte de Malabar (sud-ouest de l’Inde, aujourd’hui états de Karnataka, Kerala, Tamil Nadu). Dans son sens populaire, « homme de grande taille, très fort et robuste. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] « Cercle fixé à un pilori, et auquel on attachait par le cou des criminels condamnés à l’exposition publique. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-5973090, Isle Dauphine, communément nommée par les Européens Madagascar et St Laurens et par les habitants du pays Madecase, par Guillaume Sanson (1633–1703), 1667, carte imprimée en couleur, 58 × 45 cm, échelle : 120 mille pas géométriques, 48 lieues communes de France [= 7,6 cm ; 1:2 900 000 environ], décor avec navire à voiles, titre en bas à droite dans un cartouche illustré de personnages, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE BB-565 (14, 65), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-5973090, Isle Dauphine, communément nommée par les Européens Madagascar et St Laurens et par les habitants du pays Madecase, par Guillaume Sanson (1633–1703), 1667, carte imprimée en couleur, 58 × 45 cm, échelle : 120 mille pas géométriques, 48 lieues communes de France [= 7,6 cm ; 1:2 900 000 environ], décor avec navire à voiles, titre en bas à droite dans un cartouche illustré de personnages, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE BB-565 (14, 65), consultable en ligne sur Gallica.

Jean Roland Deheaulme est pressenti en 1754 comme responsable pour diriger les opérations de traite à Sainte-Marie[1], qui a été cédé à la France par sa souveraine, et y être ainsi élevé au rang de « commandant de l’île ».

Son alliance matrimoniale avec une femme créole constitue cependant un obstacle social ou administratif, car un règlement postérieur à leur mariage interdit au mari d’être conseiller si sa femme est créole.


[1] Appelée aujourd’hui Nosy Boraha, l’île est actuellement située dans le district de Nosy Boraha, au sein de la région d’Analanjirofo, dans la province de Toamasina, à Madagascar.


La maquette du Massiac, navire de 900 tonneaux reproduit par Jean Delouche en 1976, illustre la vie difficile à bord. Lancée à Lorient en 1758 pour la Compagnie des Indes, cette flûte transportait hommes, vivres et marchandises précieuses comme le thé, les soieries ou la porcelaine. L’équipage dormait dans des hamacs, près de la cuisine, du charbon et du parc à moutons. L’hygiène était sommaire, et l’hôpital ne comptait que quatre lits. La Sainte-Barbe, où étaient stockés les armes et la poudre, rappelait le danger constant. Officiers et passagers de marque disposaient, eux, de cabines séparées et de salles mieux aménagées. Le confort à bord dépendait fortement du rang. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
La maquette du Massiac, navire de 900 tonneaux reproduit par Jean Delouche en 1976, illustre la vie difficile à bord. Lancée à Lorient en 1758 pour la Compagnie des Indes, cette flûte transportait hommes, vivres et marchandises précieuses comme le thé, les soieries ou la porcelaine. L’équipage dormait dans des hamacs, près de la cuisine, du charbon et du parc à moutons. L’hygiène était sommaire, et l’hôpital ne comptait que quatre lits. La Sainte-Barbe, où étaient stockés les armes et la poudre, rappelait le danger constant. Officiers et passagers de marque disposaient, eux, de cabines séparées et de salles mieux aménagées. Le confort à bord dépendait fortement du rang. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

Or, ce règlement n’aurait pas dû s’appliquer rétroactivement dans son cas. Bien que d’autres conseillers soient dans la même situation, aucune solution n’est cependant trouvée pour lui. Si ces unions sont fréquentes, elles peuvent néanmoins limiter l’accès aux postes les plus élevés, en raison des attentes de loyauté et de distance que l’administration impose à ses agents coloniaux.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Dès juillet 1730, il fait une demande auprès de la Compagnie des Indes, dont il est déjà un employé, pour obtenir la concession d’une terre à mettre en valeur, et pour y cultiver du moka[1].

Il reçoit ainsi un terrain de trente-cinq gaulettes[2] de large, sur plus de cinq cents de long, situé entre la ravine des Cafres[3] et la ravine de l’Anse[4], à quelque six cent cinquante gaulettes de la mer. Il dispose de trois ans pour le défricher et l’exploiter en y plantant des caféiers.


[1] « Variété de café, originaire d’Arabie ; boisson préparée avec la graine de ce café. Du moka d’Éthiopie. Boire un moka. Tasse, cuiller à moka. », terme apparu au « XVIIIe siècle. De Moka, nom du port du Yémen d’où le café d’Arabie était exporté vers l’Europe. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Cette mesure agraire, qui équivaut à quinze pieds, donne en réalité quatre mètres huit cent soixante-douze centimètres, un chiffre qu’on peut arrondir à cinq mètres pour simplifier.

[3] Cours d’eau intermittent formant actuellement la limite entre les communes du Tampon et de Saint-Pierre.

[4] La ravine de l’Anse sert actuellement de frontière naturelle entre les communes de Saint-Pierre et Petite-Île.


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Il en a la « propriété roturière », tandis que la Compagnie se réserve les droits de seigneurie directe, de banalité[1], chasse et pêche, ainsi que l’application de règlements concernant les cultures. Lui, doit payer au domaine de la Compagnie trois « coqs d’Inde[2] » et cinq poules[3] comme redevance, plus quatre onces de café par arpent de terre défrichable[4].


[1] « Servitude imposant aux vassaux d’un seigneur d’utiliser certains services (moulin, pressoir, etc.) moyennant le paiement d’un droit ou d’une redevance. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Mâle de certaines espèces d’oiseaux. Coq d’Inde, dindon, mâle de la dinde. Coq faisan, mâle de la poule faisane. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Femelle de certaines autres espèces d’oiseaux. Poule d’Inde, femelle du dindon, dinde. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 265/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039321x1, référence de l’image CICL07711, Branche du caffier, gravure au burin d’O. Michel, extraite de Dissertation sur le caffé de Claude Joseph Gentil, Paris, chez l’auteur, 1787, notice descriptive consultable en ligne.
Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039321×1, référence de l’image CICL07711, Branche du caffier, gravure au burin d’O. Michel, extraite de Dissertation sur le caffé de Claude Joseph Gentil, Paris, chez l’auteur, 1787, notice descriptive consultable en ligne.

Le 17 mars 1732, il reçoit, avec un autre colon, une nouvelle parcelle de terre, toujours située entre la ravine des Cafres et la ravine de l’Anse. Cette terre borde les terrains déjà exploités par d’autres colons. Sa largeur s’étend sur trois cents gaulettes jusqu’aux habitations, et à cinquante du littoral. Les redevances sont assez identiques[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 27/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105382, Plan de la rivière Dabord, [18ᵉ siècle], plan manuscrit, 42 × 27,5 cm, échelle : 20 toises [= 5 cm], notes manuscrites au verso : « Isle de Bourbon », « Embouchure de la rivière Dabord avec les sondes », image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105382, Plan de la rivière Dabord, [18ᵉ siècle], plan manuscrit, 42 × 27,5 cm, échelle : 20 toises [= 5 cm], notes manuscrites au verso : « Isle de Bourbon », « Embouchure de la rivière Dabord avec les sondes », image cartographique sans médiation reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 29 septembre de la même année, alors qu’il vient de se marier, il obtient un emplacement à la rivière d’Abord, pour s’y établir et y bâtir des cases et des magasins. La compagnie lui accorde un terrain de vingt-cinq gaulettes carrées, pour lequel il devra payer la redevance annuelle d’un denier[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 50/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039269, référence image CICL03189, Tige de la plante du caffé, gravure à l’eau-forte réalisée par J. H., extraite de l’ouvrage de Nicolas de Blégny, Le bon usage du thé, du caffé et du chocolat pour la preservation & pour la guerison des maladies (Lyon : Thomas Amaulry, 1687), image placée en page 86, taille originale 120 x 70 mm, notice descriptive consultable en ligne.
Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), document numérique, 039269, référence image CICL03189, Tige de la plante du caffé, gravure à l’eau-forte réalisée par J. H., extraite de l’ouvrage de Nicolas de Blégny, Le bon usage du thé, du caffé et du chocolat pour la preservation & pour la guerison des maladies (Lyon : Thomas Amaulry, 1687), image placée en page 86, taille originale 120 x 70 mm, notice descriptive consultable en ligne.

En 1735, il possède à Saint-Louis cent quarante-cinq arpents de terre. Après plusieurs années prospères, la culture du café et du blé rencontre diverses difficultés dues à des aléas climatiques, tels que des ouragans et des pluies diluviennes, ainsi qu’à des invasions d’insectes comme les pucerons. Cette même année, une attaque de sauterelles[1] provoque des dégâts importants.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-21669, « Les invasions de sauterelles à l’île Bourbon », Revue historique et littéraire de l’île Maurice. Archives coloniales, 5ᵉ année, n° 7, 19 juillet 1891, pages 73–76, vues 1/12 et suivantes, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-NT-4067


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.63, Histoire naturelle, Fig. 1 Le café ; Fig. 2 La canne à sucre ; Fig. 3 Le thé, Martinet (dessinateur, 18ᵉ siècle), Bénard Robert (graveur, 18ᵉ siècle), édité par Martinet, Paris, 1768, estampe sur papier, 39,6 × 25 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.63, Histoire naturelle, Fig. 1 Le café ; Fig. 2 La canne à sucre ; Fig. 3 Le thé, Martinet (dessinateur, 18ᵉ siècle), Bénard Robert (graveur, 18ᵉ siècle), édité par Martinet, Paris, 1768, estampe sur papier, 39,6 × 25 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Pour tenter de limiter leur multiplication, il est décidé que les propriétaires de terres et habitations doivent fournir des esclaves pour lutter contre ce fléau. Il importe au capitaine du quartier Saint-Paul de dresser la liste des propriétaires, pour les obliger à fournir la main d’œuvre nécessaire.

Or, certains s’abstiennent, dont un certain Deheaulme. Celui-ci ne peut être que Jean Roland, compte tenu de la date des évènements. Il est condamné à verser une amende de onze piastres[1], par jour et par ouvrier. L’année suivante, le même système est remis en place pour faire face à de nouveaux assauts de parasites.


[1] « Monnaie d’argent espagnole, en usage aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui devint l’unité monétaire de certains pays et resta longtemps une monnaie de référence du commerce international. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105249, Partie de l'Isle de Bourbon qui comprend les mouillages de St. Denis & de St. Paul avec un plan particulier de la rade de St. Denis et un autre de l'Isle Entière, ou la montagne est représentée telle quelle paroist de 9 à 10 lieues dans l'Est, elle est située par 21 degrés de latitude Sud et par 16 degrés 30 minutes de longitude, le premier méridien passant par l'isle de Tenerif, carte manuscrite en couleur attribuée à Antoine Boucher (1680–1725), [18e siècle], 33,5 × 89 cm. Trois plans : mouillages de Saint-Denis et Saint-Paul, plan particulier de la rade de Saint-Denis, et vue en perspective de l’île avec représentation du volcan. Échelle principale : 3 lieues [= 21 cm]. Image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2/2, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105249, Partie de l’Isle de Bourbon qui comprend les mouillages de St. Denis & de St. Paul avec un plan particulier de la rade de St. Denis et un autre de l’Isle Entière, ou la montagne est représentée telle quelle paroist de 9 à 10 lieues dans l’Est, elle est située par 21 degrés de latitude Sud et par 16 degrés 30 minutes de longitude, le premier méridien passant par l’isle de Tenerif, carte manuscrite en couleur attribuée à Antoine Boucher (1680–1725), [18e siècle], 33,5 × 89 cm. Trois plans : mouillages de Saint-Denis et Saint-Paul, plan particulier de la rade de Saint-Denis, et vue en perspective de l’île avec représentation du volcan. Échelle principale : 3 lieues [= 21 cm]. Image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 3 P 2/2, consultable en ligne sur Gallica.

Le 18 mars 1741, il fait valoir qu’il travaille depuis plus de huit ans pour la Compagnie, et en profite pour obtenir un nouvel emplacement pour s’y loger avec sa famille. La compagnie lui confirme la jouissance depuis le 29 mai 1740 d’une parcelle (vingt-trois sur vingt-quatre gaulettes), dont il devient propriétaire[1]. Désormais, il se trouve au quartier Saint-Paul, à proximité de sa belle-famille.


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 176/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105241, Isle de Bourbon, par Denis de Nyon (Chevalier de Saint-Louis), 1723, carte manuscrite en couleur, 55,5 × 81 cm, échelle : 5 lieues [= 10,5 cm], encartés : plans de la rade de Saint-Denis, de la rade de Saint-Paul, du fort et batterie basse de Saint-Denis, et du fort et batterie de Saint-Paul, mention manuscrite : « À l’Isle de France, le 15 septembre 1723, Le Chevalier Denyon », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 13, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105241, Isle de Bourbon, par Denis de Nyon (Chevalier de Saint-Louis), 1723, carte manuscrite en couleur, 55,5 × 81 cm, échelle : 5 lieues [= 10,5 cm], encartés : plans de la rade de Saint-Denis, de la rade de Saint-Paul, du fort et batterie basse de Saint-Denis, et du fort et batterie de Saint-Paul, mention manuscrite : « À l’Isle de France, le 15 septembre 1723, Le Chevalier Denyon », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 13, consultable en ligne sur Gallica.

Le 28 novembre 1744, il conteste le mesurage d’un terrain entrant dans la succession de son beau-père. Seules quatre gaulettes sont concernées, mais en obtenant gain de cause pour sa réclamation, il parvient à agrandir son terrain situé sur les sables du quartier de Saint-Paul, en contrepartie d’un paiement annuel symbolique d’un denier.[1].


[1] « 1731-1764 – Registre des concessions faites par les administrateurs de l’île de Bourbon depuis 1731 jusqu’au mois d’août 1764. 41 x 26 cm. 296 fol. » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 112, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 211/299 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 1923 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 1915-2278 = régime foncier ; articles C 1917-2137 = II. – Contrats de concession de terre ; pièces C 1921-1923 = B. Registres généraux, copies.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105242, Carte de l’Isle de Bourbon, par Jacques-Nicolas Bellin (1703–1772), cartographe, dressée au Dépôt des cartes et plans de la Marine sur ordre du duc de Choiseul, 1763, carte imprimée et manuscrite en couleur, 56,5 × 73 cm, échelle : quatre lieues communes de France de 2282 toises [= 10 cm], note manuscrite au verso : « Provenant du Cabinet du ci-devant Roi le 7 février 1793, l’an 2e de la République », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 18, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105242, Carte de l’Isle de Bourbon, par Jacques-Nicolas Bellin (1703–1772), cartographe, dressée au Dépôt des cartes et plans de la Marine sur ordre du duc de Choiseul, 1763, carte imprimée et manuscrite en couleur, 56,5 × 73 cm, échelle : quatre lieues communes de France de 2282 toises [= 10 cm], note manuscrite au verso : « Provenant du Cabinet du ci-devant Roi le 7 février 1793, l’an 2e de la République », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 18, consultable en ligne sur Gallica.

En 1751, il possède une habitation à la montagne Saint-Paul. En 1758, il détient également quatre-vingt-huit arpents de terre dans le quartier, exploités par ses trente-neuf esclaves.


Le Code noir[1], promulgué par Louis XIV en mars 1685, s’applique à l’île Bourbon en 1723, alors qu’il est en vigueur depuis plus longtemps aux Antilles. Il stipule dans son article deux que les esclaves doivent être instruits dans la religion catholique, et baptisés, sous peine d’amendes. La religion est dispensée par des missionnaires membres de la congrégation de la Mission, appelés aussi lazaristes. C’est ce que l’on constate pour les esclaves de Jean Roland.


[1] Intitulé officiellement Édit du Roi, servant de règlement pour le gouvernement et l’administration de la justice, police, discipline et le commerce des nègres dans la colonie française de Saint-Domingue ».


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493555, Ille Bourbon ou Mascarin, par Alexandre Maupin, vers 1700, carte nautique manuscrite au lavis, 56 × 41,5 cm, échelle de cinq lieues [= 0 m.129 ; 1 : 215 000 environ], orientée à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-15722, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493555, Ille Bourbon ou Mascarin, par Alexandre Maupin, vers 1700, carte nautique manuscrite au lavis, 56 × 41,5 cm, échelle de cinq lieues [= 0 m.129 ; 1 : 215 000 environ], orientée à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE D-15722, consultable en ligne sur Gallica.

Bien que ces derniers soient considérés comme des biens meubles, il est interdit de disperser les membres d’une même famille, c’est-à-dire le père, la mère et les enfants. Un arrêt du Conseil supérieur de l’île Bourbon fait aux maîtres et maîtresses « très expresses défenses de laisser vivre leurs esclaves en concubinage, ni de séparer, sous quel prétexte que ce puisse être, les noirs mariés d’avec leurs femmes ».

Il enjoint en outre aux maîtres et maîtresses « d’envoyer leurs esclaves non baptisés aux instructions ou de les instruire eux-mêmes, dans l’espace de quatre années à compter du jour qu’ils en seront propriétaires, pour les mettre en état de mériter la grâce du baptême[1] ».


[1] « 1737-1739. – Registre des arrêts du Conseil supérieur. 53 x 39 cm. 145 fol. ; 1739-1743.– idem, en déficit » Cf. archives départementales de la Réunion, microfilm en rouleau, 2MI 122, fonds de la Compagnie des Indes orientales numérisé, vues 222/294 et suivantes, consultables en ligne, texte reproduit d’après l’original des archives départementales de la Réunion, C 2520 [série C = classement et inventaire du fonds de la Compagnie des Indes, 1665-1767, sous-fonds C 2279-2807  = greffe ; articles C 2516-2568 = V. – Arrêts et jugements ; pièces C 2516-2561 = A. Arrêts du Conseil provincial et du Conseil supérieur ; cotes 2516-2532 = 1. Registres.]


Le dépouillement de l’état civil permet d’avoir un premier exemple que Jean Roland respecte ces préceptes religieux. Née la veille, Benonie est baptisée à Saint-Paul[1] le 15 janvier 1749. Elle est la fille de Dominique et de Rose, originaires de Madagascar, mariés, tous deux esclaves de monsieur de Heaulme.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1749, vue 3/34, consultable en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105355, Isle de Bourbon ou Mascareigne, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 50,5 × 32 cm, échelle : 4 lieues françoises [= 7,5 cm], note manuscrite sous le titre : « Nota que ou l’on voit des lieux marqués A, cela denote habitation », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 10/1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105355, Isle de Bourbon ou Mascareigne, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 50,5 × 32 cm, échelle : 4 lieues françoises [= 7,5 cm], note manuscrite sous le titre : « Nota que ou l’on voit des lieux marqués A, cela denote habitation », image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 10/1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Un deuxième cas est illustré par la naissance d’Olive le 8 septembre 1753[1], fille de Marie Joseph, esclave de monsieur de Heaulme, et dont le père est un esclave du commandant de Saint-Pierre. L’attribution du prénom Olive, sainte[2] honorée tout particulièrement dans le Porcien[3], ne peut être que le choix de Jean Roland de Heaulme, originaire des Ardennes. Enfin, le 22 octobre 1753, deux de ses esclaves se marient[4] : Narcice[5]  et Pélagie[6], dont le premier est un Cafre, et la seconde, une créole.

Lorsque des esclaves mariés appartiennent au même maître, l’enfant né de leur union lui appartient entièrement. En revanche, Olive, née de parents esclaves appartenant à deux maîtres différents, devient la propriété conjointe de ces deux planteurs.


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 16/22, consultable en ligne.

[2] Sainte Olive d’Hauteville (Ardennes) est une figure de la tradition chrétienne ardennaise du Xe siècle. Disciple de saint Berthauld, ermite installé à Chaumont-Porcien (Ardennes), elle incarne l’élan spirituel qui marqua la région à cette époque.

[3]  Région naturelle des Ardennes.

[4] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1753, vue 18/22, consultable en ligne.

[5] Dérivé de Narcisse, du grec ancien Νάρκισσος (Narkissos). Dans la mythologie grecque, Narcisse était un jeune homme d’une grande beauté qui s’éprit de son propre reflet. Son nom est lié au mot grec νάρκη (narkē), signifiant « engourdissement » ou « sommeil profond », en référence à la fleur de narcisse qui aurait poussé à l’endroit de sa mort.

[6] Vient du grec Πελαγία (Pelagía), dérivé de πέλαγος (pélagos) qui signifie « mer » ou « haute mer ». Le prénom signifie donc « celle de la mer » ou « marine ».


Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l'île Bourbon : vue des terrains où l'on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]
Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris), document numérique, numéro d’inventaire 75.14892, La culture du café à l’île Bourbon : vue des terrains où l’on fait sécher le grain, attribué à Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767–1818), vers 1800, crayon, aquarelle et encre sur papier, encadré, dimensions de la feuille : 42,8 × 61,9 cm, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : Jean-Joseph Patu de Rosemont (1766–1817) arrive à l’île Bourbon en 1788 après un naufrage. Planteur d’épices à Bras-Panon, il peint de nombreux paysages de l’île.]

Jean Roland possède ainsi au moins dix esclaves en « copropriété » avec d’autres personnes, parmi lesquelles figurent les sieurs Martin, Baillif, Paulet, le commandant de Saint-Paul, ou encore la Compagnie des Indes, qui organise elle-même la traite des esclaves[1] en son nom. Les planteurs ne sont pas les seuls dans la société bourbonnaise à avoir des esclaves. C’est le cas également des missionnaires.


[1] En allant les chercher, au départ à Madagascar, puis en Afrique et en Inde.



Roland de Heaulme décède le 3 octobre 1773, après quarante années de service au sein de la Compagnie des Indes, et s’être retiré en France continentale. Ses obsèques[1] sont célébrées près de Semblançay par le curé de l’église Saint-Etienne-du-Serrain[2]. L’acte dressé à cette occasion mentionne sa fonction d’ancien commandant du quartier de Saint-Paul, cinquième circonscription de l’île.


[1] Archives départementales d’Indre-et-Loire, document numérique 6NUM6/245/031, vue 4/7 [registres paroissiaux numérisés ; Semblançay ; baptêmes, mariages, sépultures, 1773], consultable en ligne.

[2] L’église Saint-Étienne-du-Serrain a été détruite en 1800, et intégrée à Semblançay en 1821.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105350, Carte de l’Isle Bourbon apartenant aux Mrs. de la Royalle Compagnie de France, [17e siècle], carte manuscrite en couleur, 43 × 56,5 cm, orientation : vue d’est ; indication du mouillage : 18 graffes d’eau, fond de sable noir, au N. 1/4 NE. de la maison de Saint-Denis, située par 76° de longitude et 21° de latitude sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 4 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105350, Carte de l’Isle Bourbon apartenant aux Mrs. de la Royalle Compagnie de France, [17e siècle], carte manuscrite en couleur, 43 × 56,5 cm, orientation : vue d’est ; indication du mouillage : 18 graffes d’eau, fond de sable noir, au N. 1/4 NE. de la maison de Saint-Denis, située par 76° de longitude et 21° de latitude sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 4 D, consultable en ligne sur Gallica.

Selon les données actuellement disponibles, seuls trois enfants du couple formé par Jean Roland et son épouse auraient laissé une descendance. Celle-ci s’est constituée principalement par le biais de mariages avantageux avec des membres de la petite noblesse ou de la vieille bourgeoisie de l’île Bourbon, notamment les familles Hoarau et Ricquebourg, ou encore avec des familles établies en France centrale. Dans les générations suivantes, les alliances deviennent plus fréquemment endogames.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105251, Plan du cartier de St. Paul en l'île de Bourbon, par Étienne de Champion (18ᵉ siècle), plan manuscrit en couleur, 51 × 73,5 cm, échelles : mille pas géométriques [= 16,5 cm] et 800 toises [= 15,5 cm], légende « Explication des renvoys » sous le titre, note manuscrite « Cote V n° 95 » avec signature, orientation sud-ouest, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 3, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105251, Plan du cartier de St. Paul en l’île de Bourbon, par Étienne de Champion (18ᵉ siècle), plan manuscrit en couleur, 51 × 73,5 cm, échelles : mille pas géométriques [= 16,5 cm] et 800 toises [= 15,5 cm], légende « Explication des renvoys » sous le titre, note manuscrite « Cote V n° 95 » avec signature, orientation sud-ouest, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 3, consultable en ligne sur Gallica.

Marie Anne Charlotte[1], l’aînée de la fratrie, naît le 5 juillet 1733 à Saint-Paul. Elle épouse vers le 31 mars 1752, à Paris[2], Denis Toussaint Julienne, sieur d’Auzicour, né le 27 septembre 1715. Ce dernier exerce les fonctions de receveur des Aides, receveur général des Fermes du roi à Caen, puis trésorier général de l’artillerie[3]. Le couple a sept enfants[4], parmi lesquels une fille, Jeanne Marguerite, et un fils, Jean Charles[5].


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1733, vue 13/19, consultable en ligne.

[2] Actuellement, chef-lieu de la région Île-de-France et siège de la Métropole du Grand Paris.

[3] Indications des activités données dans l’acte de mariage de Jean Charles Julienne avec Marie-Françoise Lagourgue le 18 juin 1781 à Saint-Denis. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Denis, année 1781, vues 8/9 et suivante, consultables en ligne.

[4] Archives nationales d’outre-mer, COL E 233, vues 1/9 et suivantes, consultables en ligne, dossier concernant « Julienne, de, fille de Dehaulme, ancien commandant du quartier Saint-Paul à l’île de Bourbon, ancien conseiller au Conseil supérieur de la colonie ».

[5] Marié le 18 juin 1781 à Saint-Denis avec Françoise Lagourgue. Cf. archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Denis, année 1781, vues 8/9 et suivante, consultables en ligne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105389, Plan de la baye de St Paul sittuée au nord-ouest quart de nord de Lisle de Bourbon, [S.l.], [17e ou 18e siècle], 1 plan manuscrit aquarellé, 20,5 × 31,5 cm, échelle : 2 lieues [= 14 cm], image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105389, Plan de la baye de St Paul sittuée au nord-ouest quart de nord de Lisle de Bourbon, [S.l.], [17e ou 18e siècle], 1 plan manuscrit aquarellé, 20,5 × 31,5 cm, échelle : 2 lieues [= 14 cm], image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 1 D, consultable en ligne sur Gallica.

Devenu infirme[1] depuis une quinzaine d’années, Denis Toussaint Julienne décède le 3 novembre 1800 à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe[2], commune où il résidait avec son épouse depuis au moins 1780[3].


[1] Indiqué dans une lettre du 23 février 1785, Cf. Archives nationales d’outre-mer, COL E 233 vue 2/9, consultable en ligne, dossier concernant « Julienne, de, fille de Dehaulme, ancien commandant du quartier Saint-Paul à l’île de Bourbon, ancien conseiller au Conseil supérieur de la colonie ».

[2] Commune située actuellement dans le département du Calvados, en région Normandie.

[3] Indications tirées de l’acte de mariage de leur fille Jeanne Marguerite. Cf. archives départementales du Calvados, document numérique, état civil (communes de S à V) ; Saint-Germain-la-Blanche-Herbe ; baptêmes, mariages, sépultures ; 1761-1792, 5MI 1, vue 96/82, consultable en ligne [série MI = microfilms ; sous-série 5MI = microfilms d’état civil réalisés par la Société généalogique d’Utah.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595770, Veüe du bourg de St Denis dans l'isle de Bourbon ; Veüe du bourg de St Paul dans l'isle de Bourbon, 2 estampes sans médiation, [S.l.] : [s.n.], [18e siècle]. Format 13,5 x 17 cm. Pagination : XVI Rec, pag. 9., image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8423), consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8595770, Veüe du bourg de St Denis dans l’isle de Bourbon ; Veüe du bourg de St Paul dans l’isle de Bourbon, 2 estampes sans médiation, [S.l.] : [s.n.], [18e siècle]. Format 13,5 x 17 cm. Pagination : XVI Rec, pag. 9., image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE DD-2987 (8423), consultable en ligne sur Gallica.

Louis Norbert de Heaulme naît le 21 août 1737[1]  à Saint-Paul et épouse Marguerite Mercier, selon le contrat de mariage daté du 11 juin 1779 par un acte notarié[2]. Il est mentionné comme commissaire des colonies de la Marine dans un document daté du 8 février 1783, jour de la « réformation[3] de l’acte de baptême[4] » de leur fils aîné, Louis Marie Joseph, initialement baptisé le 11 septembre 1771 à la paroisse Saint-Eustache à Paris. D’après ce même document, leur mariage a été célébré le 15 juin 1779 à l’église Saint-Roch[5].


[1] Archives nationales d’outre-mer, registres paroissiaux (antérieurs à 1792) et d’état civil, baptêmes, mariages, sépultures, La Réunion, Saint-Paul, année 1737, vue 4/5, consultable en ligne.

[2] Archives nationales, document numérique, MC/RE/LIX/5, vue 17/36, images des répertoires du notaire Simon Provost pour l’étude LIX, répertoire chronologique pour la période du 2 janvier 1778 au 12 août 1789, mention du contrat de mariage à la date du 11 juin 1779.

[3] Ou rectification, c’est-à-dire une procédure canonique dans l’Église catholique qui consiste à corriger un acte de baptême qui présente une erreur ou une irrégularité.

[4] Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]

[5] Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]


L’acte de réformation corrige le nom du père, passant de Louis Milliaucourt à Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse. Il acte l'emploi de ce nom composé, transmis aux descendants, et affirme ainsi une nouvelle identité familiale. Cf. Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l'hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]
L’acte de réformation corrige le nom du père, passant de Louis Milliaucourt à Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse. Il acte l’emploi de ce nom composé, transmis aux descendants, et affirme ainsi une nouvelle identité familiale. Cf. Archives nationales, site de Paris, Y//5102/A 1er -15 févr. 1783. Registres de tutelles. – 1er février 1783 – 1er février 1783 [sous-fonds Y//1-Y//10718 = châtelet de Paris. – Répertoire numérique, tome 1 : les chambres ; articles Y//495/A-Y//6612 = parc civil ; pièces Y//3879-Y//5219 = actes faits en l’hôtel du lieutenant civil ; Y//3879-Y//5198/B = minutes.]

Dans l’acte original, l’enfant est déclaré fils de Louis Milliaucourt, bourgeois de Paris, et de Marguerite Mercier. Cette mention est supprimée dans l’acte de réformation et remplacée par « fils de Louis Norbert Deheaulme de Vallombreuse, bourgeois de Paris, et de Marguerite Mercier, ses père et mère ». C’est à partir de ce document qu’apparaît le nom composé « de Heaulme de Vallombreuse », qui sera conservé par les générations suivantes. Le couple a également deux autres fils : François Norbert et Louis Casimir.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105390, Plan de la rade de Saint-Paul à l’Isle de Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], plan manuscrit en couleur, 16 × 20 cm, avec mention manuscrite « N° 26 » en haut à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105390, Plan de la rade de Saint-Paul à l’Isle de Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], plan manuscrit en couleur, 16 × 20 cm, avec mention manuscrite « N° 26 » en haut à gauche, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 13 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica.

Par la suite, il est commissaire de marine en chef à Libourne (Gironde) où il est domicilié avec son épouse. Le mariage de son troisième fils, daté du 8 avril 1818 à Saint-Paul, signale que son père est commissaire des classes de Marine et que ses parents appartiennent à la paroisse de Saint-Jacques-le-Majeur de Bergerac[1].


[1] Commune située actuellement dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105383, Plan d’un port à faire à la Rivière d’Abord, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 54 × 46,5 cm, échelle : 80 toises [= 13 cm], légende en carton à gauche, orientation sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica. [Nota bene : La rivière d’Abord prend naissance sur le territoire de la commune du Tampon (La Réunion) et termine son cours dans l’océan Indien, au niveau de la commune de Saint-Pierre (La Réunion.]
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105383, Plan d’un port à faire à la Rivière d’Abord, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite en couleur, 54 × 46,5 cm, échelle : 80 toises [= 13 cm], légende en carton à gauche, orientation sud, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 11 P 2 D, consultable en ligne sur Gallica. [Nota bene : La rivière d’Abord prend naissance sur le territoire de la commune du Tampon (La Réunion) et termine son cours dans l’océan Indien, au niveau de la commune de Saint-Pierre (La Réunion).]

Jean Valfroy[1] (né le 13 octobre 1748 à Saint-Paul, et décédé le 11 février 1819 à Saint-Pierre) épouse Anne Marie Potier le 21 août 1775 à Saint-Paul.


[1] Saint Walfroy (ou Vulflaïc, mort vers 595) est un ermite venu s’établir dans les Ardennes près de Margut. Stylite pendant plusieurs années, il évangélise la région en détruisant un sanctuaire païen dédié à la déesse Arduinna. Sur ordre de l’évêque de Trèves, il quitte sa colonne pour fonder une église dédiée à saint Martin, devenant un centre religieux important dans le diocèse de Reims (Marne). Sa fête est célébrée le 21 octobre. Ce prénom se perpétue pendant deux siècles dans la famille Dehaulme.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8617961, Lettres patentes concernant les billets de caisse, récépissés et autres effets de la Compagnie des Indes, circulant dans les Isles de France et de Bourbon, Versailles, 25 janvier 1767, texte imprimé, in-4°, 6 p., registrées en Parlement le 31 janvier 1767, image textuelle sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21174 (14) , consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8617961, Lettres patentes concernant les billets de caisse, récépissés et autres effets de la Compagnie des Indes, circulant dans les Isles de France et de Bourbon, Versailles, 25 janvier 1767, texte imprimé, in-4°, 6 p., registrées en Parlement le 31 janvier 1767, image textuelle sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21174 (14) , consultable en ligne sur Gallica.

Son dossier pour l’obtention de la Croix de Saint-Louis[1]  révèle qu’il s’embarque le 10 juillet 1757 comme officier sur les vaisseaux de guerre de la Compagnie des Indes, au sein des escadres commandées par Bouvel, Dauhel et Saint Georges.

Il sert comme enseigne à bord du Fortuné, embarquant le 3 octobre 1761 et débarquant le 1er mars 1762. En mai 1763, il rejoint le Volant, qui fait naufrage ; il est alors débarqué au Cap de Bonne-Espérance, avant d’embarquer sur le Condé en novembre 1763. Il poursuit son service tout au long de la guerre[2], jusqu’à la suppression de la Compagnie des Indes et la rétrocession de l’île au roi de France.


[1] Archives nationales d’outre-mer, COL E 114, vues 1/3 et suivantes, consultables en ligne, dossier d’attribution de l’ordre de la Croix de Saint-Louis à « Deheaulme, Jean Valfroy, capitaine de milices à l’île de Bourbon ».

[2]  La guerre de Sept Ans (1756–1763) est un conflit mondial opposant principalement la France et la Grande-Bretagne, avec leurs alliés respectifs, sur les terrains européens, américains, africains et asiatiques. Elle marque un tournant dans l’équilibre colonial au profit de la Grande-Bretagne.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105365, A correct map of the African islands of Bourbon, and Mauritius or the isle of France, Londres, J. Bew, 1781, carte imprimée, 29,5 × 39,5 cm, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 27 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105365, A correct map of the African islands of Bourbon, and Mauritius or the isle of France, Londres, J. Bew, 1781, carte imprimée, 29,5 × 39,5 cm, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 2 P 27 D, consultable en ligne sur Gallica.

Le 10 avril 1765, il entre dans le corps des gendarmes de la garde du Roi. Peu de temps après, il doit se rendre à l’île de France (aujourd’hui île Maurice) pour des affaires de famille. En 1772, il obtient du maréchal de Soubise[1] un congé illimité. Mais, au moment où il s’apprête à rejoindre son corps, celui-ci est réformé et supprimé.


[1] Le maréchal de Soubise (1715-1787), prince de Rohan, est un aristocrate et militaire français du XVIIIe siècle. Favori de Louis XV, il connut une carrière contrastée, marqué par la défaite de Rossbach (1757) durant la guerre de Sept Ans.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.147.4, Site des environs de la rivière d'Abord – Saint-Pierre, par Jean-Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint-Vincent (1778-1846, dessinateur), d’après Jean-Joseph Patu de Rosemont (1747-1814, peintre), gravé par Fortier et F. Buisson, imprimé par Adam, 1804, eau-forte et burin sur papier vélin, dimensions non précisées, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.147.4, Site des environs de la rivière d’Abord – Saint-Pierre, par Jean-Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint-Vincent (1778-1846, dessinateur), d’après Jean-Joseph Patu de Rosemont (1747-1814, peintre), gravé par Fortier et F. Buisson, imprimé par Adam, 1804, eau-forte et burin sur papier vélin, dimensions non précisées, notice descriptive consultable en ligne.

Il poursuit sa carrière dans les milices. Le 22 novembre 1778, il est nommé capitaine d’infanterie dans ces dernières. Le 9 avril 1787, il reçoit le commandement d’une compagnie d’artillerie, à la tête des Dragons des quartiers Saint-Pierre et Saint-Louis. Il exerce cette fonction jusqu’en 1790, date à laquelle les milices sont supprimées pour faire place à l’organisation de la garde nationale, dans laquelle il est élu. Il décède en 1819.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 2002.1.4, La Basse Terre (à Mr de Heaulme) : Quartier St Pierre, extrait de l’Album de La Réunion, dessin de  Hastrel de Rivedoux Étienne-Adolphe d’ (1836-1837), lithographié par Honoré Clerget, imprimé par Lemercier (Paris), édité par V. Delarue et Cie (Londres) et E. Gambart, Junin et Co (2e quart XIXe siècle), lithographie sur papier, 29,6 × 41,4 cm, estampe, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : la propriété est celle de Roland Valfroy Dehaulme (1782-1854).]
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 2002.1.4, La Basse Terre (à Mr de Heaulme) : Quartier St Pierre, extrait de l’Album de La Réunion, dessin de  Hastrel de Rivedoux Étienne-Adolphe d’ (1836-1837), lithographié par Honoré Clerget, imprimé par Lemercier (Paris), édité par V. Delarue et Cie (Londres) et E. Gambart, Junin et Co (2e quart XIXe siècle), lithographie sur papier, 29,6 × 41,4 cm, estampe, notice descriptive consultable en ligne. [Nota bene : la propriété est celle de Roland Valfroy Dehaulme (1782-1854).]

Il a eu sept enfants : Anne Marie Françoise (1776-1861), Marie Victoire (1778-1829), Jeanne Marie (1779-1811), Roland Valfroy (1782-1854), Elisabeth Adélaïde (1783-1857), Henry Norbert (1785-1840) et Gaspard Victor (1788-1857).


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.24.1, Sucrerie, vue d'une habitation, Coupe d'une étuve et canot avec ses Pilons, numéro d’inventaire 1992.24.1, création/exécution par un directeur artistique au 18e siècle, auteurs Bernard Robert (éditeur, 1785, Paris) et Panckoucke (éditeur), matière et technique : eau-forte sur papier vergé, 31,7 x 46,7 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1992.24.1, Sucrerie, vue d’une habitation, Coupe d’une étuve et canot avec ses Pilons, numéro d’inventaire 1992.24.1, création/exécution par un directeur artistique au 18e siècle, auteurs Bernard Robert (éditeur, 1785, Paris) et Panckoucke (éditeur), matière et technique : eau-forte sur papier vergé, 31,7 x 46,7 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Jean Valfroy, important propriétaire foncier, appartient à la bourgeoisie active de l’ile. Il développe l’exploitation de ses cultures de cannes à sucre en créant une première sucrerie dans la plaine du Gol, dont il se débarrasse rapidement en la revendant à un nommé Pinard.



Jean Valfroy, comme quelques autres grands propriétaires de l’île, dispose des moyens nécessaires pour prêter de l’argent à d’autres membres de la colonie. Il en tire profit, accroît sa fortune, et acquiert progressivement des biens immobiliers.

C’est ainsi qu’en 1784, François Marie Pascalis peut acheter le château du Gol, grâce à un prêt de Valfroy. Mais à sa mort en 1817, n’ayant pas remboursé sa dette, la propriété passe entre les mains de son créancier, puis à celles des héritiers de ce dernier : son fils Roland, et son gendre Laurent Philippe Robin.


Musée de la Compagnie des Indes, n° d’inventaire ML 379 C 183. Assiette ronde en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1735-1740. Décor polychrome sur couverte, enrichi de dorure. Le médaillon central, peint en grisaille, figure une scène portuaire de style européen inspirée de Meissen. Marli orné de réserves paysagées alternant avec un fond mosaïqué. Production d’exportation réalisée sous les Qing, au début du règne de Qianlong, dans les fours de Jingdezhen.
Musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), n° d’inventaire ML 379 C 183. Assiette ronde en porcelaine, Jingdezhen, Chine, vers 1735-1740. Décor polychrome sur couverte, enrichi de dorure. Le médaillon central, peint en grisaille, figure une scène portuaire de style européen inspirée de Meissen. Marli orné de réserves paysagées alternant avec un fond mosaïqué. Production d’exportation réalisée sous les Qing, au début du règne de Qianlong, dans les fours de Jingdezhen.

En l’espace d’un siècle, Jean Roland Boudsocq et ses successeurs bâtissent une fortune familiale. Celle-ci est parfois fragilisée par les aléas de la conjoncture économique, comme ce sera le cas pour Bois-Rouge, propriété d’Adrien Bellier Montrose et de Clémentine de Heaulme.


Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.112, a. Arundo saccharifera, Canne de sucre ; b. Coma Arundinis saccharierce, fleure à canne de sucre, dessin attribué à Georg Dionysius Ehret, gravure attribuée à Johann Jakob Haid, 1737, estampe en manière noire (mezzo-tinto) rehaussée de couleur sur papier, 39,2 × 24,6 cm, notice descriptive consultable en ligne.
Musée historique de Villèle (Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion), document numérique, numéro d’inventaire 1990.112, a. Arundo saccharifera, Canne de sucre ; b. Coma Arundinis saccharierce, fleure à canne de sucre, dessin attribué à Georg Dionysius Ehret, gravure attribuée à Johann Jakob Haid, 1737, estampe en manière noire (mezzo-tinto) rehaussée de couleur sur papier, 39,2 × 24,6 cm, notice descriptive consultable en ligne.

Ses descendants sont donc nombreux, bien que la mortalité infantile ait parfois été élevée. Certains demeurent attachés à leur île natale et s’investissent dans le développement agricole ou le négoce du sucre.

D’autres s’établissent hors de La Réunion, et jouent un rôle politique dans d’autres colonies, comme Henry de Heaulme (1899-1986) à Madagascar. D’autres encore s’orientent vers des carrières dans la finance, les assurances, ou les chemins de fer, en tant qu’agents de change, directeurs de banque ou responsables d’entreprises, avec des fortunes diverses.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105374, Plan de la rade de Saint-Denis sur l’Isle Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite, 25 × 37,5 cm, orientation sud-est, notes manuscrites au recto et au verso, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53105374, Plan de la rade de Saint-Denis sur l’Isle Bourbon, [17ᵉ ou 18ᵉ siècle], carte manuscrite, 25 × 37,5 cm, orientation sud-est, notes manuscrites au recto et au verso, image cartographique sans médiation, reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE SH 18 PF 218 DIV 8 P 3 D, consultable en ligne sur Gallica.

Parmi les descendants de Jean Roland Boudsocq, trois figures se distinguent par leur contribution notable à la culture, aux arts et à l’histoire militaire :

  • Léon Dierx[1], né le 31 mars 1838 à Saint-Denis et mort le 11 juin 1912 à Paris, fils de Jacques Marais Dierx et d’Anne Marie Deheaulme, est un poète parnassien élu « prince des poètes » après la mort de Stéphane Mallarmé en 1898. Il côtoie des figures majeures telles que Paul Verlaine, Guy de Maupassant et Catulle Mendès, et joue un rôle important dans la vie littéraire française de la fin du XIXᵉ siècle. Bien que moins connu aujourd’hui que Charles Marie René Leconte de Lisle, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul, le Réunionnais a su influencer durablement la scène artistique de sa génération par son œuvre et son implication.
  • Henri de Vallombreuse (né le 27 juin 1856 à Saint-Denis – mort le 25 août 1919 à Paris) est un peintre et céramiste influencé par le japonisme et les Nabis. Après ses études à l’Académie Julian à Paris, il se forme à la céramique à Saint-Amand-en-Puisaye auprès d’Émile Gaubier. Sa production, reconnue pour ses émaux subtils et son esthétique naturaliste, connaît un succès national et international. Certaines de ses œuvres sont conservées au musée d’Orsay[2].
  • Jean de Heaulme de Boutsocq[3] (né le 9 janvier 1923 à Hanoï, Indochine française) est un officier français ayant servi comme responsable des renseignements dans la région du delta du fleuve Rouge, durant la guerre d’Indochine. Il participe à la bataille de Vĩnh Yên (du 13 au 17 janvier 1951). En 1956, il se marie avec Geneviève de Galard Terraube, née le 13 avril 1925 à Paris et décédée le 30 mai 2024 à Toulouse[4]. Affectée au Service de santé des armées et convoyeuse de l’air, elle est restée dans les mémoires comme « l’infirmière de Diên Biên Phu ».

[1] Matricule n° 42486 dans l’ordre de la Légion d’honneur, fait chevalier le 13 juillet 1890, officier le 23 juillet 1901, selon la base de données Léonore.

[2] Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie-Valéry Giscard d’Estaing (France).

[3] Elevé au grade d’officier le 23 septembre 1968, et promu à celui de commandeur le 31 décembre 2015, selon le Journal officiel électronique authentifié n° 0001 du 01/01/2016, texte 3 sur 55, vue 7/103, consultable en ligne.

[4] Commune située actuellement dans le département de la Haute-Garonne, en région Occitanie.


Au XVIIIe siècle, la carte du monde se redessine au rythme du commerce maritime. L'argent extrait des mines d'Amérique alimente les échanges avec l’Asie : il paie les soieries, les épices, le thé et les porcelaines chinoises. Cette circulation des métaux, des biens et des hommes fonde une première mondialisation, où l’Europe organise les flux, mais dépend des richesses venues d’ailleurs. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]
Au XVIIIe siècle, la carte du monde se redessine au rythme du commerce maritime. L’argent extrait des mines d’Amérique alimente les échanges avec l’Asie : il paie les soieries, les épices, le thé et les porcelaines chinoises. Cette circulation des métaux, des biens et des hommes fonde une première mondialisation, où l’Europe organise les flux, mais dépend des richesses venues d’ailleurs. [Nota bene : cette carte postale, diffusée par le musée de la Compagnie des Indes (Port-Louis, Morbihan), labellisé « musée de France », est destinée principalement à un usage pédagogique et non commercial.]

De La Romagne, modeste village des Ardennes, à l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion[1]), le destin de Jean Roland Boudsocq illustre le chemin d’une famille dont l’histoire s’inscrit dans les grands mouvements de son temps.


[1] L’auteure remercie Olivia Pelletier, conservatrice en chef du patrimoine et responsable des fonds patrimoniaux Inde et Indochine aux archives nationales d’outre-mer (ANOM), Lise Di Pietro, adjointe à la directrice des archives départementales de La Réunion, ainsi que Mireille Robert, Bofwa Mukenge, Patrick Jacquemart, Michèle Jacquemart et Valérie Cadet pour les contacts, les indications et les échanges qu’ils lui ont aimablement transmis au sujet de La Réunion.


Je suis tel qu’un ponton sans vergues et sans mâts,
Aventureux débris des trombes tropicales,
Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
Sur une mer sans borne et sous de froids climats.

Le vieux solitaire – Léon Dierx, né à Saint-Denis (La Réunion) le 10 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912.

Ses descendants les plus célèbres, de Léon Dierx à Jean de Heaulme de Boutsocq, ont marqué leur époque, témoignant d’un enracinement profond conjugué à une ouverture sur le monde. Ce parcours révèle comment une lignée locale peut s’inscrire durablement dans la mémoire collective, entre continuité et mutation.


Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis (Morbihan). Blason de la Compagnie française des Indes : écu d’argent au chef d’azur semé de fleurs de lys d’or ; dans la partie inférieure, un fleuve couché au naturel s’appuie sur une corne d’abondance d’or. L’ensemble est timbré d’une couronne royale tréflée et soutenu par deux figures de « sauvages ». Devise en latin : Florebo quocumque ferar (« Je fleurirai partout où je serai portée »).
Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis (Morbihan). Blason de la Compagnie française des Indes : écu d’argent au chef d’azur semé de fleurs de lys d’or ; dans la partie inférieure, un fleuve couché au naturel s’appuie sur une corne d’abondance d’or. L’ensemble est timbré d’une couronne royale tréflée et soutenu par deux figures de « sauvages ». Devise en latin : Florebo quocumque ferar (« Je fleurirai partout où je serai portée »).

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Administration communale après la Révolution à La Romagne


La structure de la commune se met en place avec la loi du 22 décembre 1789. Elle établit une municipalité par ville (bourg, paroisse ou communauté de campagne), qui prend le relais des assemblées d’habitants.

A partir de cette date, le système électoral proposé est un suffrage à deux degrés. Il y a tout d’abord les électeurs primaires, qui votent pour les élections municipales, et qui choisissent des grands électeurs, seuls habilités à désigner les députés.


Selon les époques, on assiste à la mise en place d’un certain nombre de contraintes, ou d’assouplissements, pour être électeur ou éligible :

  • des conditions d’âge : vingt-cinq ans en 1791, vingt et un ans (sous le Consulat avec la constitution de l’an VIII, pendant le Premier Empire, ou lors des Cent-Jours), et même trente ans (sous la Restauration et la monarchie de Juillet), vingt et un ans à partir de la IIIe République, dix-huit ans depuis 1974 sous la Ve république ;
  • des conditions d’habitation : être dans le canton depuis six mois à un an, voire trois ans au moment du Second Empire ;
  • payer des contributions directes en 1789 (allant de la valeur de trois journées de travail en 1789, à 200 et 300 francs sous la Restauration ou la monarchie de Juillet). Ces conditions écartent du vote un certain nombre d’habitants du village.

Depuis la loi de 2010, il est nécessaire d’avoir dix-huit ans pour être éligible comme conseiller municipal.  En outre, il faut avoir une attache dans la commune, soit en y étant électeur, soit en étant inscrit au rôle des contributions directes. Dans certains cas, il existe des clauses d’inégibilité, liées aux fonctions exercées.

Ces lois sont à maintes reprises modifiées, et le suffrage universel masculin sans condition n’apparaît qu’à partir de la Seconde République, et ce pour une courte durée. Puis il est repris par la loi du 5 avril 1884, qui promulgue l’élection des conseils municipaux au suffrage universel, et l’élection du maire par les conseillers municipaux. Pendant le Second Empire, les nominations par le préfet prévalaient.


Fiche d'électrice de madame Adrienne Euphrasie Modeste née Marandel, boulangère, qui exerce pour la première fois son droit de vote à La Romagne (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, 1010W 125 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels).]
Fiche d’électrice de madame Adrienne Euphrasie Modeste née Marandel, boulangère, qui exerce pour la première fois son droit de vote à La Romagne (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, 1010W 125 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire postérieures au 10 juillet 1940 (hors état civil, officiers publics et ministériels).]

Quant au droit de vote des femmes, il faut attendre une ordonnance du 21 avril 1944 pour qu’il soit accordé. Et c’est le 29 avril 1945, lors des élections municipales, qu’il devient effectif.

De nos jours, le code électoral en vigueur distingue, pour les élections municipales, les communes de moins de trois mille cinq cents habitants, ce qui est le cas de La Romagne, et celles qui en ont davantage. Dans tous les cas, les conseillers municipaux sont élus pour six ans. Le conseil municipal détermine librement le nombre des adjoints.

Ainsi, à La Romagne, n’y en a-t-il qu’un seul jusqu’en 1993, et deux depuis. Ces derniers peuvent remplacer le maire dans ses prérogatives. L’élection du maire et de ses adjoints a lieu lors de la première réunion du nouveau conseil municipal élu. On constate que la première femme conseillère municipale a été élue en 1971 et que, depuis cette date, deux ou trois femmes y siègent, sans que l’on atteigne la parité.


La dénomination de maire est ancienne, et remonte au Moyen Âge. A partir de1792, la commune est administrée, tout d’abord par un officier public puis, à partir de l’année suivante, par trois membres, dont l’un est dénommé désormais agent municipal. De 1795 à 1799, les communes se regroupent en municipalités cantonales.

Chacune élit un agent municipal, qui devient membre de la municipalité cantonale. L’an IV[1], Pierre Langlet est nommé trésorier conservateur des biens communaux de La Romagne. En l’an V[2], Jean-Baptiste Devie est désigné agent municipal pour la Romagne. Tandis qu’en l’an VI[3], Pierre Gérard Merlin en devient adjoint.


[1] Du 23 septembre 1795 au 21 septembre 1796.

[2] Du 22 septembre 1796 au 21 septembre 1797.

[3] Du 22 septembre 1797 au 21 septembre 1798.


Ce n’est qu’à partir de 1800 que le terme de maire est employé à nouveau, pour désigner le premier magistrat d’une commune. A cette époque, et contrairement à la nôtre, cette fonction n’est pas rémunérée. Ce qui fait que ceux qui sont désignés par le préfet, sur une liste établie par les électeurs, doivent être assez aisés.


La vie administrative de la commune change avec le décret du 20 septembre 1792, puisqu’il impose désormais aux officiers publics de chaque municipalité de tenir en double exemplaire les registres d’état civil, qui jusque-là l’étaient par les curés (depuis l’ordonnance de Villers-Cotterêts).


Les premiers registres d’état civil[1] non religieux à La Romagne apparaissent en 1793. Parallèlement, les tables annuelles et décennales sont créées. Le point le plus important de ce décret est la prééminence du mariage civil sur le mariage religieux[2], et la reconnaissance du divorce. Le premier mariage dissous à La Romagne l’est par le maire de l’époque, Jean-Baptiste Devie.

Ce divorce[3] est prononcé le 5 vendémiaire an IX[4]. Il met fin à l’union célébrée le 27 novembre 1785 entre Thomas Tavernier et Marie-Catherine Dupont : la différence d’âge des époux est importante, la femme ayant quelque quinze ans de plus que son mari.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 8 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 8 = naissances 1793-an X, pages non paginées, vue 1/53 et suivantes, consultables en ligne. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 9 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 9 = mariages 1793-an X, pages non paginées, vue 1/42 et suivantes, consultables en ligne. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 10 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 10 = décès 1793-an X, pages non paginées, vue 1/35 et suivantes, consultables en ligne.

[2] L’enregistrement des décès et des mariages datait de l’ordonnance de Blois (1579), et de celle de Saint-Germain-en-Laye (1667).

[3] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 9 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série E = registres paroissiaux et d’état civil, sous-série E 9 = mariages 1793-an X, pages non paginées, vue 33/42 et suivantes, consultables en ligne.]

[4] 27 septembre 1800.


Alors que le choix des prénoms était, jusqu’à la Révolution, lié au martyrologe de l’Eglise, on assiste dans quelques familles de La Romagne (Hamel, Devie, Boudier, etc.) à l’octroi en deuxième ou troisième position des prénoms de Liberté, Egalité ou Victoire, sous l’influence des évènements révolutionnaires, et peut être par attachement aux valeurs nouvelles, entre l’an III[1] et l’an VI.

On retrouve ce même principe juste après la proclamation du Second Empire, avec l’exemple unique d’un enfant prénommé Louis-Napoléon.


[1] Du 22 septembre 1794 au 22 septembre 1795.


Rapidement, la loi du 11 germinal An XI[1] fixe l’immuabilité du prénom donné à la naissance, et choisi dans les différents calendriers, ou parmi les personnages de l’histoire ancienne. Néanmoins, on accorde à ceux qui avaient reçu un prénom révolutionnaire le pouvoir d’en changer.


[1] 1er avril 1803.


Depuis la loi du 28 pluviôse an VIII[1], chaque municipalité a un maire[2], un adjoint et un conseil municipal (le nombre de ses membres varie en fonction de l’importance de la population de la commune). En 2024, pour La Romagne, les conseillers municipaux sont au nombre de onze.

Les maires ont des fonctions administratives en lien avec la police et l’état civil. Quant au conseil municipal, il est concerné par les finances de la commune (contributions en centimes additionnels), les travaux nécessaires pour les biens communaux, en particulier l’entretien des chemins.


[1] 17 février 1800.

[2] Ce terme est employé dans les registres de la commune à partir de l’an IX (du 23 septembre 1800 au 22 septembre 1801).


Durant une courte période, la loi du 13 fructidor an VI[1] décrète que le mariage civil ne peut être célébré que par le président de l’administration municipale du chef-lieu de canton (Joseph Lacroix), juste après les cérémonies et discours officiels, et parfois avec un accompagnement de chants patriotiques. Le mariage d’Elisabeth Lepinois, originaire de La Romagne, se déroule ainsi à Rocquigny le 10 vendémiaire an VII[2].


[1] 30 août 1798.

[2] 1er octobre 1798. Voir Archives départementales des Ardennes, L 1337 [série L = administration générale, articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 : canton de Rocquigny. Délibérations. An IV-1819.]



Carte d'électeur de monsieur François Merlin, maire de La Romagne (Ardennes) de 1817 à 1837. Archives départementales des Ardennes, 7 J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].
Carte d’électeur de monsieur François Merlin, maire de La Romagne (Ardennes) de 1817 à 1837. Archives départementales des Ardennes, 7 J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection du docteur Octave Guelliot, érudit local, cote 7J 43 = ex-libris ardennais].

Sous le Consulat, des listes de notables éligibles sont établies. Elles représentent un vivier pour le choix des maires par les préfets. Cette situation change peu jusqu’à la fin de la Restauration, car le pouvoir souhaite exercer un contrôle sur la gestion des communes.

La loi de 1831 sous la monarchie de Juillet permet aux Français d’élire leurs conseillers municipaux, et de prévoir un renouvellement du conseil municipal tous les trois ans. Le maire, lui, est chargé, à partir de 1837, de la nomination des agents communaux et de la réunion du conseil municipal quatre fois par an.


Après le coup d’Etat du 2 décembre 1851, qui fait du premier président de la Deuxième République Louis-Napoléon Bonaparte un empereur, le maire et chacun des conseillers se doivent chaque année désormais, lors d’une séance, de prêter serment d’obéissance à la constitution et fidélité à l’homme d’Etat.

C’est le cas par exemple lors de la séance du 2 mai 1852[1], qui s’adresse au président de la République. Puis, le 27 février 1853, le maire et l’adjoint prêtent cette fois serment à l’empereur. Il est à noter que, pour les chefs-lieux de canton, ce dernier garde des prérogatives pour la nomination du maire et des adjoints.

Afin de disposer dans toute la France de municipalités dociles, la loi du 5 mai 1855 ordonne le renouvellement total des conseils municipaux, par des élections qui ont lieu en juillet. Ce nouveau conseil, où l’on retrouve comme membres la moitié de ceux élus précédemment (dont Séraphin Guillaume, Pierre Devie-Laroche, Jean Charles Boudié, Joseph Raulin), est installé en août de cette même année.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 1 = 24 juin 1849-6 août 1893.]


Les changements de régime entraînent toujours des bouleversements, si bien qu’après la guerre de 1870, et la débâcle qui s’ensuit, une nouvelle loi (du 14 avril 1871) impose un nouveau renouvellement des conseils municipaux, tout en rétablissant le principe de l’élection du maire par le conseil municipal.

Celui de La Romagne n’en est pas profondément transformé, puisque l’on y retrouve, comme auparavant, une bonne proportion de conseillers de la précédente municipalité : Pierre Gustave Devie-Collet, Séraphin Guillaume, Nicolas Laroche, Jean Charles Bonpart, et Philogone Legros.  Ils se retrouvent siéger avec Florentin Bocquet, Jean-Baptiste Devie (dit Devie-Devie), Noizet[1], et Hezette (maréchal-ferrant)[2].


[1] Le prénom est manquant.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 1 = 24 juin 1849-6 août 1893.] Les pages arrachées à ce registre des comptes rendus des conseils municipaux, entre le 12 septembre 1872 et le début de l’année 1875, soustraient des informations pour cette période.


Signatures des conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) après la séance du 23 septembre 1900. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 2 = 5 octobre 1893-13 mai 1922.]
Signatures des conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) après la séance du 23 septembre 1900. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 2 = 5 octobre 1893-13 mai 1922.]

Sous la Troisième République, le scrutin municipal se déroule tous les quatre ans puis, après la Seconde Guerre mondiale, tous les six ans, avec un scrutin à deux tours.

Par une ordonnance du 21 avril 1944 du Gouvernement provisoire de la République, et jusqu’au jour où des élections régulières sont organisées, les maires, adjoints et conseillers élus avant le 1er septembre 1939 sont maintenus ou rétablis dans leurs droits et fonctions, sauf en cas d’indignité pour délit de droit commun, ou d’attitude trop passive durant la guerre.

Contrairement à Chappes, Wasigny, La Romagne n’est pas dépourvue d’un maire. En effet, depuis octobre 1941, la municipalité élue avant la guerre est rentrée, à l’exception de Maurice Druart et de Léon Briard (qui a quitté la commune).


Les conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) sont élus en 1945 selon un scrutin plurinominal, à deux tours, à la majorité absolue. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) sont élus en 1945 selon un scrutin plurinominal, à deux tours, à la majorité absolue. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Des élections municipales sont organisées dans toute la France le 29 avril 1945[1]. Pour celles-ci, La Romagne compte cent trente-trois inscrits et quatre-vingt-dix-sept votants. Quatre-vingt-seize suffrages sont exprimés (un bulletin étant jugé nul). La liste comportait quarante et une candidatures, dont sept féminines.


[1] Archives départementales des Ardennes, 3M9 45 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 3M = élections et plébiscites, sous-sous série 3M9 = élections municipales, résultats pour le canton de Chaumont-Porcien en 1945, cote 3M9 45 = procès-verbaux des élections municipales ; procès-verbal de l’installation du conseil municipal.]


La majorité absolue étant fixée à quarante-neuf voix sur quatre-vingt-seize, les dix conseillers municipaux sont élus au premier tour. Alcide Cugnart devient maire avec neuf voix sur dix. Son adjoint Ernest Bauquet le suit de près, avec huit voix sur dix. Le succès de ces dix candidats creuse l’écart avec les trente et un autres, qui n’ont recueilli que d’une à dix-huit voix.

Les voix obtenues par les candidats non élus aux élections municipales de La Romagne (Ardennes) du 29 avril 1945 montrent une large dispersion de ces dernières. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les voix obtenues par les candidats non élus aux élections municipales de La Romagne (Ardennes) du 29 avril 1945 montrent une large dispersion de ces dernières. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le conseil municipal, ainsi constitué après un unique tour, est dominé par la présence de sept cultivateurs, un artisan, un employé de commerce et un commerçant.

Les conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) élus le 29 avril 1945 sont majoritairement dans le domaine de l'agriculture, ce qui témoigne d'une société encore fort rurale. Graphique de type « secteur ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Les conseillers municipaux de La Romagne (Ardennes) élus le 29 avril 1945 sont majoritairement dans le domaine de l’agriculture, ce qui témoigne d’une société encore fort rurale. Graphique de type « secteur ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La France ayant retrouvé ses institutions politiques, avec la disparition de l’Etat Français[1], et la naissance de la IVe République, de nouvelles élections municipales sont organisées le 19 octobre 1947[2]. Au premier tour, huit conseillers sont élus. L’un d’entre eux refuse cette fonction (Monsieur Jonnart), arguant qu’il est désigné, mais qu’il n’était pas candidat.

Lors du scrutin précédent de 1945, une des trois femmes candidates avait obtenu trois voix, et les autres une seule. Dans le premier tour du scrutin de 1947, Thérèse Mouton Marquigny (seule femme à se présenter) obtient trente et une voix. Le second tour[3] permet l’élection des trois derniers conseillers, sur les six qui s’étaient maintenus. La composition change peu par rapport à celle de 1945. Il y a toujours 70 % de cultivateurs, mais un ouvrier fait son entrée. Le reste est représenté par un commerçant et un artisan.


[1] Nom du gouvernement de la France durant l’occupation allemande, de 1940 à 1944, désigné comme régime de Vichy, gouvernement de Vichy, ou simplement Vichy.

[2] Archives départementales des Ardennes, 3M9 45 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 3M = élections et plébiscites ; sous-sous série 3M9 = élections municipales, résultats pour le canton de Chaumont-Porcien en 1945, cote 3M9 45 = procès-verbaux des élections municipales ; procès-verbal de l’installation du conseil municipal.]

[3] Archives départementales des Ardennes, 3M9 172 [série M = administration générale et économie depuis 1800, sous-série 3M = élections et plébiscites, sous-sous série 3M9 = élections municipales, résultats pour le canton de Chaumont-Porcien en 1945, cote 3M9 172 = tableau des conseillers municipaux en date du 27 octobre 1947.]


Les élections donnent parfois matière à querelle, et suscitent rumeurs ou diffamations, ce qui provoque des répliques parfois sibyllines de certains habitants, qui se sentent atteints dans leur honneur. Bien souvent, ce sont des électeurs de tendance cléricale ou républicaine qui s’affrontent.

Au cours des élections municipales de mars 1892, c’est ce que l’on peut voir de la part d’un correspondant anonyme, au soutien sans faille apporté au maire (certainement Paul Merlin) et à l’instituteur public, après son arrivée en novembre de l’année précédente. A cet article, un autre correspondant, tout aussi anonyme, répond par le biais d’une fable à la manière de La Fontaine, dépeignant le premier sous les traits d’un vil crapaud.

Il n’est pas possible de dire si ces attaques étaient monnaie courante, ou si elles correspondaient à des moments d’agitation politique particuliers, comme a pu en connaître la France.


Papillon anonyme, encre bleue sur papier, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Papillon anonyme, encre bleue sur papier, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

Toujours est-il que, dans les années 1960 et 1970, les élections municipales provoquent la distribution de billets anonymes, parfois illustrés et souvent énigmatiques, tels que celui-ci : « Prépare les caboulets, l’heure va sonner. Les jeunes vont rentrer ». Le dessin d’une marmite évoque la caboulée[1], ou nourriture bouillie destinée aux porcs, mais aussi une soupe grossière.

La table compte douze places, mais le conseil municipal ne compte que 11 membres. Pierre Fleury se souvient que ces billets étaient mis dans les boîtes aux lettres, glissés sous les portes, ou jetés dans la cour de l’école.


[1] Régionalisme pour soupe, selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


Discours de monsieur Michel Mauroy, candidat pour le second tour aux élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 1983, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.
Discours de monsieur Michel Mauroy, candidat pour le second tour aux élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 1983, collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Fleury.

En 1983, Michel Mauroy, candidat aux municipales, adresse aux électeurs du second tour une missive, dans laquelle il expose ce que doit être un bon conseiller municipal. Il y soutient que de jeunes conseillers sont un atout, et que la gestion d’une commune est loin d’un assemblage d’affaires personnelles. Cette lettre a probablement aidé ses électeurs à se décider, puisqu’il a été élu. Ce sera le seul mandat qu’il exercera.


Résultats du premier tour des élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Résultats du premier tour des élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Actuellement, pour la commune de La Romagne, qui compte plus de cent habitants, et moins de quatre cent quatre-vingt-dix-neuf, le nombre des conseillers à élire est de onze. En 2008, sur les cent quatorze inscrits, cent ont voté. Au premier tour, ils avaient à choisir parmi une liste de trente-deux personnes, dont cinq candidates et vingt-sept candidats. A l’issue du second tour (où il ne reste que dix candidats), le conseil municipal se compose de neuf hommes, et de deux femmes (Andrée Lequeux et Isabelle Marandel).


Résultats du second tour des élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Résultats du second tour des élections municipales de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « histogramme ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Après l’élection du maire, dont la fonction requiert de nombreuses aptitudes, le conseil municipal peut créer des commissions dans le cadre de délibérations, sur des sujets tels que la voirie, les travaux à entreprendre, le budget, etc.


En 1984, pour récompenser leur fidélité à leur engagement municipal, Roger Bocquet, André Druart et Henri Claise sont proposés pour être décorés de la médaille d’argent départementale et communale, car ils ont été conseillers municipaux durant vingt-quatre ans au moins. L’année suivante marque le tour de Victor Devie.

Puis, en 1987, est créée, par décret, une nouvelle décoration civile destinée à récompenser des services de longue durée accomplis au service de la région, du département ou de la commune : la médaille d’honneur régionale, départementale et communale. Elle est aussi bien attribuée aux conseillers qu’aux secrétaires de mairie. Elle se décline en trois échelons, correspondant aux années de service :

  • argent (vingt ans) ;
  • vermeil (trente ans) ;
  • or (trente-cinq ans).

En 1989, l’instituteur Pierre Fleury reçoit la médaille d’argent pour vingt-deux ans de secrétariat de mairie. En 1994, c’est le tour d’Yves Petipas (médaille d’argent) et de Victor Devie (médaille vermeil). Leur dévouement à la commune est à nouveau distingué en 2006 : Victor Devie est récipiendaire de la médaille d’or, tandis qu’Yves Petipas l’est de celle de vermeil, pour sa présence au conseil depuis 1971, et ses six années comme adjoint.


Pour pallier certains désordres apparus à la Révolution, en particulier l’abolition du droit exclusif de chasse, on instaure une police rurale, avec la création d’un agent chargé de la protection du domaine communal.

L’institution du garde-champêtre date de la loi du 20 messidor an III[1]. Il est proposé par le maire, mais est nommé par le préfet. C’est un homme digne de confiance, chargé d’annoncer les nouvelles officielles, et de veiller à la tranquillité du village.


[1] 8 juillet 1795.


Le premier dont on trouve une trace dans les archives est Mathieu Arbonville, en l’an II[1], puis Jean-Baptiste Grenet, originaire de Draize. Présenté par le citoyen Devie, ce dernier est agréé et jure, au cours de la séance du 24 pluviôse an IV[2], qui se tient à Rocquigny, de bien remplir les fonctions qui lui sont déférées[3].

Il est chargé de veiller à la stricte exécution des décisions prises par l’administration communale. Il est chargé, en plus, de verbaliser tous ceux qui enfreindraient l’observation des décadis.


[1] Du 6 octobre 1793 au 21 septembre 1794.

[2] 13 février 1796.

[3] Archives départementales des Ardennes, L 1337 [série L = administration générale, articles L 1276-1357 = hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales, cotes L 1336-1337 : canton de Rocquigny. Délibérations. An IV-1819.]


Vote d'une indemnité au garde-champêtre de La Romagne (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 2 = 5 octobre 1893-13 mai 1922.]
Vote d’une indemnité au garde-champêtre de La Romagne (Ardennes). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]D 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série D = conseil municipal : registre des délibérations, sous-série D 2 = 5 octobre 1893-13 mai 1922.]

Plus tard, on le découvre dans ce même rôle. Il dresse des procès-verbaux à tous ceux qui ne respectent pas les règlements communaux concernant :

  • la pâture (que ce soit pour la garde des troupeaux de moutons, d’oies et de dindons) ;
  • la protection contre l’incendie (d’aucuns ont été condamnés à payer une amende, pour s’être promenés avec une bougie dans des lieux remplis de paille) ;
  • la circulation (comme passer avec des charrois trop lourds pour certains chemins).

Le Second Empire cadre strictement son recrutement, puisqu’il doit être âgé d’au moins vingt-cinq ans, prêter serment, et s’engager à ne jamais s’attabler à l’auberge pour boire, sous peine de révocation. Son traitement fait partie des dépenses obligatoires de la commune.


L’évolution du village, à la suite des deux guerres mondiales et des changements sociétaux, amène La Romagne à créer divers postes, qui répondent à des besoins spécifiques temporaires ou durables. Ils traduisent aussi la situation de l’emploi pour une période donnée.


Durée des mandats des maires de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « entonnoir ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Durée des mandats des maires de La Romagne (Ardennes) en 2008. Graphique de type « entonnoir ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

De la IIe République à nos jours, quinze maires soutenus par leurs adjoints se sont succédé pour gérer, améliorer, développer, et faire vivre le village et ses habitants, en temps de paix ou de guerre, montrant ainsi leur dévouement et leur attachement au bien-être de leurs concitoyens.

Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 101, « La Romagne. — Obsèques » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-neuvième année, n° 15166, lundi 23 et mardi 24 décembre 1929, p. 3, deuxième et troisième colonnes [presse locale ancienne, vue 3/6, consultable en ligne].
Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 101, « La Romagne. — Obsèques » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicainquotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-neuvième année, n° 15166, lundi 23 et mardi 24 décembre 1929, p. 3, deuxième et troisième colonnes [presse locale ancienne, vue 3/6, consultable en ligne].

L’administration communale de La Romagne a vu une diversification socioprofessionnelle des élus municipaux, et une lente progression de la participation féminine. La police rurale, incarnée par les gardes-champêtres, a adapté ses missions pour répondre aux besoins de sécurité et d’ordre public, tout en se professionnalisant. La Romagne illustre ainsi un équilibre entre tradition et innovation dans sa gestion locale, en s’adaptant aux mutations de la société.

Catégories
Administration communale Agriculteurs Agriculture Artisanat Artisans Fêtes Guerre mondiale (1914-1918) Métiers Professions Travailleurs Victimes de guerre

La Romagne de la guerre à la paix : une analyse comparative des recensements de 1918 et de 1921


Selon l’INSEE[1], « Le recensement de la population a pour vocation principale de mesurer le nombre d’habitants sur un territoire et d’en connaître les caractéristiques socio-démographiques[2]. »


[1] Institut national de la statistique et des études économiques.

[2] Bibliothèque nationale de France, document numérique, LNUM-33964, Chevalier, Pascale ; Seguin, Sébastien, « Retour sur deux siècles de recensements de la population », in Faits et chiffres (INSEE Pays de la Loire), n° 424, octobre 2011, page non paginée, vue 1/1, consultable en ligne sur le site de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et sur Gallica.


De tels dénombrements remontent à l’Antiquité. L’un des plus connus est celui de l’empereur Auguste[1], lors duquel Joseph et Marie doivent être répertoriés à Bethléem.


[1] Contrairement aux affirmations de l’évangéliste dans Luc, II,1-5, le recensement de Quirinius en Judée et en Syrie ne serait pas la version régionale d’un dénombrement global. Si l’activité censoriale augustéenne est attestée, son homogénéité est contestée.


En ce qui concerne la France, le comptage des habitants est confié avant la Révolution aux curés, qui informent l’intendant de la province du nombre de feux et de communiants dans leur paroisse. Ils se fondent alors sur le calcul suivant : un feu comprend en moyenne quatre personnes, et un communiant représente généralement trois habitants.


Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.
Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.

Le premier recensement postrévolutionnaire date du 20 floréal an VIII[1]. Ensuite, ils sont très réguliers et, à partir de 1876, ils se déroulent en théorie tous les cinq ans. C’est en cela que le recensement de 1918 à La Romagne peut susciter des interrogations, le précédent ayant eu lieu en 1911. Il y aurait dû en effet en avoir un en 1916, ce qui n’est pas le cas. La période de guerre explique ce décalage[2].


[1] Soit le 10 mai 1800.

[2] Une annulation s’observe pour la Seconde Guerre mondiale, le recensement passant directement de 1936 à 1946.


Celui qui est prévu en mars 1906 intègre un nouvel élément, en dehors de ceux précédemment relevés (nom, prénom, âge, lieu de naissance, adresse, profession, personnes vivant à la même adresse). Ce sont les caractéristiques des habitations. Jusqu’en 1918, aucune liste nominative ne peut être consultée pour La Romagne. Ces documents semblent avoir disparu, à l’exception de quatre feuillets concernant le recensement de 1911, à l’état de conservation très lacunaire[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1911, pages non paginées, [vues 1/4 et suivantes, non consultables en ligne à la date du 11 novembre 2024, en cours de numérisation.]


L’existence d’un recensement à la date du 1er février 1918 est très curieuse, puisque la guerre n’est pas terminée[1]. Comme le village est encore sous le joug allemand, ce document est certainement unique, sans que l’on sache parfaitement pourquoi. Aux archives départementales des Ardennes, il n’en a été trouvé aucun autre, concernant les villages du canton de Chaumont-Porcien, répertorié à cette date.


[1] Outre le traité de Versailles, le 28 juin 1919, quinze autres traités ont été signés entre 1918 et 1923 pour mettre fin à la guerre entre les différentes parties.


Il contient des renseignements sur les familles romanaises, sur des réfugiés, sur les activités imposées à la population par les Allemands. Il pallie l’absence d’autres sources, telles que des comptes rendus des réunions d’habitants (si le conseil municipal est dans l’impossibilité de tenir séance).


Quant aux archives des villages occupés par l’administration allemande, elles ont disparu dans les bombardements de mai 1940, alors que l’on tentait de les mettre à l’abri.


Le dénombrement de 1918[1] fait état de deux cent soixante-dix-neuf habitants, dont dix-sept sont absents : ce sont essentiellement les mobilisés. Il en reste donc deux cent soixante-deux, auxquels une note en ajoute deux, sans précision d’aucune sorte.

Sur la liste établie de la page 2 à 10, il est fait état de deux cent quatre-vingt-sept personnes présentes dans le village. Elles sont numérotées de 1 à 279, l’ordre alphabétique est respecté, tandis que, du numéro 280 à 287, il s’agit soit d’un ajout, soit d’un rectificatif, dont le but est d’être au plus près de la réalité.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1918, pages non paginées, vues 1/15 et suivantes, consultables en ligne.


Un certain nombre de noms est biffé. Il s’agit de personnes faisant partie des colonnes civiles, étrangères à la population romanaise. Il est possible de distinguer les autochtones des réfugiés, ou des personnes déplacées au gré des besoins allemands.


Le 30 janvier 1918, vingt-deux personnes sont ainsi rayées des listes nominatives. Au 1er décembre1917, elles se trouvaient à Herbigny[1]. Elles doivent se rendre à Mesmont[2].  


[1] Actuellement, localité de Justine-Herbigny, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Trois enfants, âgés de cinq à sept ans, sont contraints de suivre leur mère vers cette nouvelle destination, alors qu’ils ne vivaient à La Romagne que depuis deux mois. Outre les difficultés liées à la guerre, leurs conditions de vie sont encore plus difficiles et déstabilisantes, à cause des changements imposés.

Et ce, d’autant plus que la famille est originaire du département du Pas-de-Calais[1], alors que le reste du groupe provient de plusieurs villes et villages des Ardennes (Revin, Rocroi, Haybes, Novion-Porcien, Anchamps[2]).


[1] Actuellement, région Hauts-de-France.

[2] Actuellement, communes du département des Ardennes, région Grand Est.


Une seconde vague de trente-cinq personnes arrive de manière échelonnée pour le battage[1]. Ce sont principalement des femmes (vingt-cinq), dont dix-huit sont sans profession, quatre appartiennent à la catégorie des ouvrières (une giletière, une écorceuse[2], deux couturières), deux travaillent dans le service (une ménagère[3] et une servante), et la dernière est employée de commerce.

Les hommes sont principalement des journaliers. Les Allemands choisissent les catégories les plus pauvres, et s’assurent ainsi d’une plus grande docilité. Les départs se font au plus tôt le 13 août, pour se terminer le 1er octobre.


[1] « Action de battre les céréales pour séparer la graine de l’épi. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Personne chargée d’écorcer. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Servante qui prend soin du ménage de quelqu’un (vieilli). », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Panneau de sortie d’agglomération de Merlet vers Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Panneau de sortie d’agglomération de Merlet vers Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En dehors de ces habitants temporaires, La Romagne compte plusieurs familles de réfugiés. Deux d’entre elles ont reçu l’ordre de quitter leurs villages respectifs, Merlet (hameau d’Aguilcourt[1]) et Courcy[2], en raison des opérations militaires sur le front de l’Aisne.

Leur arrivée date du même jour à La Romagne, le 26 novembre 1914. La troisième a vu son village, Liry[3] (à proximité de Vouziers[4]), occupé par les Allemands. Son arrivée est plus tardive, le 2 octobre 1915.


[1] Actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.

[2] Actuellement, commune du département de la Marne, région Grand Est.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Idem.


La première famille se compose du couple Victor et Louise Millart[1], de leurs douze enfants et des grands-parents maternels, Emile Gentilhomme et sa femme Eglantine Lemaire. Tous ont évacué avec un tombereau attelé à un cheval, et ont marché le plus souvent tout au long de leur parcours.

Ce dernier, qui dépasse les cinquante kilomètres, passe de Bertricourt[2] à Asfeld[3], puis à Condé-lès-Herpy, Chaumont-Porcien, Givron, les Fondys[4] et enfin La Romagne[5]. On ignore le nombre de jours parcourus sur la route.


[1] Najman, Nadine, Un seul ciel pour tout le monde : histoire d’une famille de 1914 à 1918, Vanves : Édition du bout de la rue, « Témoignages », 2024, 285 p. [Trois chapitres sont consacrés à l’évacuation vers La Romagne (Ardennes), pages 103-109 ; 170-173 et 233-239. Des éléments sont repris sous une forme synthétique dans ce passage, avec l’accord de l’auteure de l’ouvrage.]

[2] Actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Lieu-dit à Givron.

[5] Actuellement, communes du département des Ardennes, région Grand Est.


Portrait de Raymond Millart enfant, photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée à l’encre bleue au verso « Raymond Millart né le 28 mars 1912 vers 1916 à La Romagne Ardennes évacué de Merlet où se trouvait le front pendant la guerre 1914-1918 », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Nadine Najman).
Portrait de Raymond Millart enfant, photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée à l’encre bleue au verso « Raymond Millart né le 28 mars 1912 vers 1916 à La Romagne Ardennes évacué de Merlet où se trouvait le front pendant la guerre 1914-1918 », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Nadine Najman).

Les premiers temps, les Millart sont répartis entre plusieurs lieux de la commune. Mais la mère, qui souhaite voir sa famille réunie, demande un logement aux autorités allemandes. Elle obtient une maison au n° 18 de la rue Haute[1], avec pour voisin Alfred Mauroy, tandis que les grands-parents logent rue Basse (au n° 73), dans le voisinage d’Ernest Marandel.

Par deux fois, le séjour de cette famille à La Romagne est endeuillé : deux enfants naissent, un garçon en novembre 1915, et une petite fille en juillet 1917. Le premier décède le 14 mars 1916, et la seconde le 31 juillet 1917[2].


[1] Tous les numéros indiqués correspondent aux recensements de 1918 et de 1921.

[2] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne, consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune.



Sauf Louise, la mère, et les enfants les plus jeunes, qui en sont dispensés, le père, les fils aînés, et les adolescentes, sont réquisitionnés pour les colonnes civiles et le travail agricole. Deux des jeunes filles sont employées à la scierie de Montmeillant[1].

L’une d’elles, Emilienne, échappe par la suite à ce travail ingrat, en gardant Jean et René, les deux premiers enfants du couple Georges Malherbe et Lucie Bonpart.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.




Cette famille regagne Merlet au début de 1919. Mais, comme sa ferme est totalement détruite, elle doit vivre dans des baraquements spécialement construits pour accueillir les populations de retour.

Baraquement construit pendant la Première Guerre mondiale pour les civils, photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne) le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Baraquement construit pendant la Première Guerre mondiale pour les civils, photographie en couleurs, prise de vue effectuée à Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne) le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Tombe de la famille Millart Gentilhomme au cimetière d’Aguilcourt (Aisne), photographie en noir et blanc, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Tombe de la famille Millart Gentilhomme au cimetière d’Aguilcourt (Aisne), photographie en noir et blanc, prise de vue effectuée le dimanche 1er septembre 2024. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne (Ardennes), consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune. Acte de décès de Jules Maximilien Gentilhomme, né le 9 mars 1845 à Aguilcourt (Aisne) et mort le 16 avril 1919 à La Romagne (Ardennes).
Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne (Ardennes), consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune. Acte de décès de Jules Maximilien Gentilhomme, né le 9 mars 1845 à Aguilcourt (Aisne) et mort le 16 avril 1919 à La Romagne (Ardennes).

Elle subit cette situation dans l’attente de la reconstruction de son habitation, ce qui demandera quelques années. Les aïeuls sont restés à la Romagne, pour des raisons de santé. Jules Maximilien Gentilhomme y décède le 16 avril 1919[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 10 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, cote 2E 369 10 = années 1913-1945, registre 1913-1939 : naissances, mariages, décès.] Exemplaire de la mairie de La Romagne, consulté avec l’aimable autorisation de René Malherbe, maire de la commune.


Carte postale française ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Merlet-Aguilcourt (Aisne). Rue menant à Aguilcourt », éditée par Lessire-Millot, café-tabac, collection privée (avec l’aimable autorisation de monsieur Guy et madame Monique Millart).


Vue aérienne de Merlet, hameau d’Aguilcourt (Aisne), photographie en couleurs, collection privée (avec l’aimable autorisation de monsieur Guy et madame Monique Millart).


Portrait d’Anastasie Zénaïde Loutsch née Warnet, photographie ancienne en noir et blanc, tirage monochrome en sépia, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Magalie Petit, son arrière-arrière-petite-nièce).
Portrait d’Anastasie Zénaïde Loutsch née Warnet, photographie ancienne en noir et blanc, tirage monochrome en sépia, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Magalie Petit, son arrière-arrière-petite-nièce).

La deuxième famille se compose de Courcéens[1] : Dominique et Zénaïde Loutsch. Ils n’arrivent pas ensemble. Alors que la femme, Zénaïde, se retrouve à La Romagne le même jour que la famille Millart, son mari ne la rejoint que le 2 août 1915, en provenance de Tavaux[2].


[1] Gentilé des habitants de Courcy.

[2] Actuellement, Tavaux-et-Pontséricourt, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France.


Archives départementales de la Marne, 35 Fi 1 [Série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire (photographies, cartes postales, dessins, gravures ou estampes, cartes et plans, affiches) ; sous-série 35 Fi = guerre 1914-1918], cliché positif représentant un paysage de guerre en 1914-1918, auteur anonyme, légendé et daté sur le montage « V. 322. Vue prise en première ligne dans la région des cavaliers de Courcy (Marne), 15 janvier 1916. », tirage argentique d'époque en noir et blanc monté sur carton, 1916, notice descriptive consultable en ligne.
Archives départementales de la Marne, 35 Fi 1 [Série Fi = documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire (photographies, cartes postales, dessins, gravures ou estampes, cartes et plans, affiches) ; sous-série 35 Fi = guerre 1914-1918], cliché positif représentant un paysage de guerre en 1914-1918, auteur anonyme, légendé et daté sur le montage « V. 322. Vue prise en première ligne dans la région des cavaliers de Courcy (Marne), 15 janvier 1916. », tirage argentique d’époque en noir et blanc monté sur carton, 1916, notice descriptive consultable en ligne.

Eux aussi ont dû fuir la ligne de front, où Allemands et Français se disputent le secteur des Cavaliers de Courcy. Ce sont deux levées de terre, de part et d’autre du canal de l’Aisne à La Marne, où les belligérants ont creusé des tranchées. Dominique et Zénaïde vivent au n° 43 de la rue Haute.



La troisième famille réfugiée est une famille de cultivateurs de Liry, à une soixantaine de kilomètres. Elle est constituée du couple formé par Elisée et Thérèse Camuzet, auxquels s’ajoutent Esther Camuzet Cartelet, et deux fillettes, Marie, née en 1909, et Berthe, en 1913. Ils habitent tous ensemble au n° 55 de la rue Haute. Ils sont arrivés le 8 novembre 1915. Lorsqu’ils regagnent leur village, ils le découvrent presqu’entièrement détruit.


Reproduction moderne d’une photographie allemande ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en rouge), représentant un incendie à Liry (Ardennes) pendant la Première Guerre mondiale, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).

Reproduction moderne d’une photographie allemande ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en rouge), représentant un incendie à Liry (Ardennes) pendant la Première Guerre mondiale, collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).


Reproduction moderne d’une photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Liry [Ardennes] 1919. La cloche a été enlevée par les Allemands en 1916. », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).
Reproduction moderne d’une photographie ancienne en noir et blanc (tirage monochrome en sépia), légendée « Liry [Ardennes] 1919. La cloche a été enlevée par les Allemands en 1916. », collection privée (avec l’aimable autorisation de madame Odette Corneille).

La vie laborieuse des Romanais se poursuit, malgré toutes les difficultés engendrées par les bouleversements de la vie quotidienne, et l’arrivée de réfugiés. Les archives de 1918 font apparaître que cinquante-quatre personnes travaillent, dont sept femmes (quatre couturières, une servante, une cultivatrice et une institutrice), et quarante-sept hommes (le curé étant exclu de ce comptage, puisque son activité relève d’une vocation, et non d’un métier au sens strict).


Parmi ces derniers, trente-huit sont en lien avec l’agriculture (vingt cultivateurs et dix-huit journaliers), et les neuf autres exercent diverses professions (instituteur, négociant, appariteur), ou sont artisans (deux maréchaux-ferrants, deux vanniers, un couvreur, un cordonnier). La mobilisation a restreint cette dernière catégorie. Et l’absence d’un boulanger dans ce recensement est notable.


Se pose, d’autre part, le problème du repérage des maisons, à une époque où la poste n’a pas encore fixé leur numérotage[1] dans les villages, et ce, pour faciliter la distribution du courrier.

En s’appuyant sur les recensements de 1918 et de 1921, l’on constate qu’en 1918, la ferme Marandel (n° 64 de la rue Haute) devient le n° 1 de cette même voie en 1921, et que l’identification du bâti pourrait se faire éventuellement en zigzag en 1918 : on compte d’un côté les maisons contiguës puis, s‘il y a une place vide, on compte celle du trottoir opposé.


[1] « Action de numéroter. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Dans l’état actuel de la recherche, il semblerait très hypothétique de déterminer quelle logique a été suivie. Tout au plus pourrait-on supputer, sous toutes réserves, qu’elle aurait été inspirée par l’occupant allemand[1].


[1] Parallèlement à la Straßenweise Hufeisennummerierung (numérotation en fer à cheval rue par rue), fixée par un arrêté du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III le 28 septembre 1799, il existe bien d’autres systèmes, de diverses époques, encore utilisés, de façon partielle, cumulative, et parfois sous des formes hybrides, dans certaines villes d’Allemagne, tels qu’une ortschaftsweise Durchnummerierung (numérotation continue par localité), une viertelweise Durchnummerierung (numérotation continue par quartier), une blockweise Nummerierung (numérotation par blocs), une wechselseitige oder Zick-Zack Nummerierung (numérotation alternée ou en zigzag), un block decimal system ou Philadelphia system (système décimal par blocs, ou système de Philadelphie), un metrisches System (système métrique), et enfin un dekametrisches System (système décamétrique). Sans compter que, depuis la mise en place de la loi du Grand Berlin (Gross-Berlin-Gesetz) le 1er octobre 1920, il n’est pas question dans cette ville de numérotation des maisons (Hausnummerierung) mais des terrains (Grundstücksnummerierung).


Sans certitude sur le mode de numérotation, il est difficile d’identifier précisément où se trouvaient les domiciles des trois familles évoquées précédemment. Cependant, en 1921, un certain nombre de maisons vides apparaît, tant rue Haute que rue Basse.

Il se pourrait qu’elles correspondissent aux habitations occupées par les troupes allemandes, et les réfugiés, pendant le conflit. Il est d’autre part impossible de formuler cette hypothèse pour les hameaux et les écarts, les maisons ayant disparu de nos jours, à quelques exceptions près.


Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.
Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.

En 1921, tous les réfugiés, et les populations déplacées, ont quitté le village depuis un peu plus de dix-huit mois. La population s’est stabilisée, et compte désormais deux cent cinquante-neuf habitants[1], répartis dans quatre-vingt-quinze maisons sur l’ensemble du terroir de La Romagne.

Deux cent quatorze (82,6 %) habitent dans les soixante-douze maisons du village proprement dit, et quarante-cinq (17,37 %) vivent dans les vingt-trois maisons des hameaux et des écarts. La rue Langlet n’accueille plus que quatre foyers en 1921, contre cinq en 1918. La rue Canon, un seul au lieu de deux.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/F 1, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série F = population – économie – statistiques, sous-série F1 = population : mouvement, recensement (liste nominative, récapitulatif), 1911-1931], dénombrement de 1921, pages non paginées, vues 1/14 et suivantes, consultables en ligne.


En 1921, la pyramide des âges des habitants de La Romagne (Ardennes) montre des variations plus importantes chez les hommes que chez les femmes. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la pyramide des âges des habitants de La Romagne (Ardennes) montre des variations plus importantes chez les hommes que chez les femmes. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Alors que le taux de natalité est au plus bas durant la Première Guerre mondiale, il reprend au retour de la paix : dix naissances sont à noter depuis la fin des hostilités jusqu’au 25 mars 1921.


En 1921, la population active de La Romagne (Ardennes) est aux trois quarts composées d’agriculteurs et d’artisans. Graphique de type « histogramme groupé ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la population active de La Romagne (Ardennes) est aux trois quarts composées d’agriculteurs et d’artisans. Graphique de type « histogramme groupé ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La population active est de quatre-vingt-sept personnes, qui se répartissent en soixante-dix-huit hommes et six femmes adultes, plus trois apprentis mineurs. Ainsi, une proportion de 33,6 % des deux cent cinquante-neuf habitants est active, tandis que les 66,4 % dits sans profession comptabilisent les personnes âgées, les enfants, et les mères au foyer.


Plusieurs d’entre elles s’occupent en fait d’un élevage domestique, et notamment de la traite, sans qu’elles soient officiellement comptabilisées comme actives : elles ne reçoivent aucun salaire.

En 1921, les propriétaires exploitants, qui représentent la catégorie la plus riche des agriculteurs de La Romagne (Ardennes), sont majoritaires. Graphique de type « secteurs en 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, les propriétaires exploitants, qui représentent la catégorie la plus riche des agriculteurs de La Romagne (Ardennes), sont majoritaires. Graphique de type « secteurs en 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En 1921, le village retrouve tous ses artisans, qui peuvent ainsi répondre aux besoins des uns et des autres.

En 1921, les artisans de La Romagne (Ardennes) appartiennent à des corps de métiers centrés sur la vie agricole. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, les artisans de La Romagne (Ardennes) appartiennent à des corps de métiers centrés sur la vie agricole. Graphique de type « barres empilées ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La reprise administrative étatique montre un maillage jusque dans les plus petites communes. Les employés d’Etat, municipaux, et cantonaux, sont représentés par le percepteur, l’instituteur et l’institutrice, le garde-champêtre, et un employé de la voirie cantonale. Les chemins de fer étant encore constitués de compagnies privées[1], les deux employés concernés sont classés à part.


[1] Le 1er janvier 1938, les cinq grandes compagnies ferroviaires privées de France fusionnent pour créer la Société nationale des chemins de fer français (SNCF).


En 1921, la rue principale de La Romagne (Ardennes) concentre approximativement les deux tiers de la population du village. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, la rue principale de La Romagne (Ardennes) concentre approximativement les deux tiers de la population du village. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Par rapport au recensement de 1911, une diminution s’amorce : La Romagne a perdu vingt-deux habitants en dix ans, soit 7,8 % de sa population. Ce phénomène se remarque davantage dans les hameaux, où la décroissance la plus visible est celle des Houïs : ce hameau perd douze habitants sur les vingt-huit qu’il comptait avant le déclenchement du conflit.

En 1921, trois hameaux regroupent 82 % des habitants de La Romagne (Ardennes), contre 17,8 % pour les trois autres. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
En 1921, trois hameaux regroupent 82 % des habitants de La Romagne (Ardennes), contre 17,8 % pour les trois autres. Graphique de type « aires 3D ». Crédits iconographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

C’est à la fois une des conséquences de la Première Guerre mondiale, de la poursuite du phénomène d’exode rural amorcé au siècle précédent, du développement de l’enseignement, et de l’intérêt pour des métiers aux salaires fixes, sans aléas liés à la nature.


Le drapeau français prend une dimension particulière le 11 novembre, jour de commémoration de l'Armistice de 1918. En ce jour de mémoire, il symbolise non seulement les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité – mais aussi l'hommage rendu aux soldats tombés pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Arboré lors des cérémonies, le drapeau rappelle le sacrifice et le patriotisme de ceux qui ont combattu pour protéger ces idéaux, unissant ainsi la nation dans le souvenir et le respect.
Le drapeau français prend une dimension particulière le 11 novembre, jour de commémoration de l’Armistice de 1918. En ce jour de mémoire, il symbolise non seulement les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité – mais aussi l’hommage rendu aux soldats tombés pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Arboré lors des cérémonies, le drapeau rappelle le sacrifice et le patriotisme de ceux qui ont combattu pour protéger ces idéaux, unissant ainsi la nation dans le souvenir et le respect.

L’analyse comparative des recensements de 1918 et de 1921 à La Romagne met en évidence l’impact singulier de la Première Guerre mondiale sur les Ardennes françaises, une région lourdement et directement affectée par les combats.

Ce département a été en effet marqué par l’occupation allemande, les destructions massives de villages, les exils forcés et les déplacements de populations, autant d’événements qui ont profondément bouleversé la structure sociale et économique locale.

De fait, les hostilités ont laissé des séquelles durables sur la démographie de la région, et les premiers efforts de retour à la normalité se sont heurtés aux conséquences de la guerre.

La spécificité des Ardennes en fait donc un lieu emblématique pour comprendre l’après-guerre en France. Ici, la reconstruction s’est confrontée aux blessures matérielles et humaines laissées par le conflit. Ainsi, le 11 novembre, fête particulièrement commémorée, en plus d’honorer la mémoire des soldats, rappelle également les épreuves traversées par les civils ardennais.

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La Romagne et ses moulins


Lieu-dit du Moulin à Vent et forêt de Signy-l'Abbaye (Ardennes). Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Lieu-dit du Moulin à Vent et forêt de Signy-l’Abbaye (Ardennes). Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Le premier moulin romanais pour lequel on a quelques indications date de 1246 environ. Il est un don de Roger II de Rozoy et de sa femme aux moines de Signy-l’Abbaye[1], alors qu’ils envisagent encore d’être inhumés dans l’abbaye cistercienne. Ceci ne se réalise pas, puisque tous deux choisissent finalement de reposer dans l’abbaye de Chaumont, à laquelle ils sont profondément attachés[2].


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Archives départementales des Ardennes, 2Mi 34 [série Mi = reproductions d’archives sous forme de microfilms, sous-série 2Mi = microformes de sécurité], microfilm reproduit d’après l’original des archives départementales des Ardennes, H 203 [série H = clergé régulier avant 1790, fonds H1-409 = abbayes, prieurés et convents d’hommes, articles H 203-237 = abbaye royale de Notre-Dame de Signy, cisterciens, filiale d’Igny, ligne de Clairvaux, commune de Signy-l’Abbaye, cote 203 = cartulaire (XIIIe siècle), 1134-1250], pages 427, 429, 433, passim.


Lieu-dit du Moulin à Vent, avec vue sur la forêt de Signy-l'Abbaye (Ardennes) et le Mont de Vergogne. Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Lieu-dit du Moulin à Vent, vue sur la forêt de Signy-l'Abbaye (Ardennes) et le Mont de Vergogne. Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Lieu-dit du Moulin à Vent, vue sur la forêt de Signy-l’Abbaye (Ardennes) et le Mont de Vergogne. Prise de vue effectuée le jeudi 12 septembre 2024 à La Romagne (Ardennes). Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

En réalité, en dotant ainsi les moines de Signy de la moitié du moulin, Roger II reconnait ses torts envers cet établissement, puisqu’il l’a établi tout près du bois d’Angeniville, sur un fonds appartenant à cette communauté.

Il donne ensuite la seconde partie du moulin contre une redevance en grains, et fait obligation aux habitants de La Romagne d’aller moudre, soit à ce moulin, soit à celui de Draize[1], appelé par la suite « Pute Peine ». Tous deux dépendent de cette même abbaye.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit du Grand Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Grand Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

En 1270, Clémence, comtesse de Saulmes, ratifie les dons que Roger II et sa femme ont faits à l’église de Signy de « vivier[1] de molin et des appartenances qui sieent desous la Romaingne[2] », et donne une partie des terres qu’elle possède à La Romagne avec un second moulin.


[1] « Pièce d’eau courante ou dormante, dans laquelle on nourrit, on conserve du poisson », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2008-20343 < Vol. 1 >, Martin, Gérard-Adolphe, Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois, Paris : le Livre d’histoire, « Monographies des villes et villages de France », 2007, tome I, 642 p. p. 389.


Lieu-dit du Petit Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Petit Moulin à Vent. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le terroir de la Romagne ferait-il à cette époque état de trois lieux-dits portant le nom de Petit Moulin à Vent, de Grand Moulin à Vent, et de Côte du Moulin à Vent ? Ces trois lieux sont en tout cas inscrits dans la matrice cadastrale 1836-1914[1], mais ne sont plus occupés alors que par des terres cultivables.


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.


Un autre bâtiment assez proche, le moulin du Bois Martin, est détruit très probablement au moment des guerres de Religion. Il n’est reconstruit que bien plus tard, vers 1728, car il est utile aux gens de Montmeillant[1] et de La Romagne. Sa présence est attestée[2] par son inscription sur une carte des Naudin[3], puis sur la 43e feuille publiée de la Carte générale de la France (dite « carte de Cassini »), levée entre 1755 et 1758, vérifiée en 1759, et éditée en 1759-1760[4].


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[2] Tout comme celui du Merbion ou le petit moulin de la Cour Honorée, hameau de Saint-Jean-aux-bois (Ardennes).

[3] D’après une portion de carte référencée « Naudin Ch 20 ouest » fournie à l’auteure par l’Institut national de l’information géographique et forestière.

[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53095169, Baillergeau (topographe ; cartographe) ; Luc (cartographe) ; Durocher (cartographe) ; La Villette (cartographe) ; Chalmandrier, Nicolas (graveur) ; Le Roy le jeune (graveur en lettres) ; Cassini de Thury, César-François (cartographe ; éditeur scientifique), Carte générale de la France, n° 78, feuille 43e [Charleville-Mézières – Sedan], échelle au 1 : 86400 [ou 1 ligne pour 100 toises], 1 carte en couleurs ; 60 x 95 cm, [s. l.] : Thévenart ; Aubert, 1759-1760, vue 1/1, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand, GE FF-18595 (78).


Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.
Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

Auparavant, un des seigneurs du village avait fait construire un moulin, dont l’existence est certaine en 1633. C’est le moulin Garrot[1], dont on peut retrouver quelques meuniers à partir des rôles des tailles pour le XVIIIe siècle.

Pour les suivants, ce sont les actes d’état civil ou notariés qui permettent de les identifier. Ce moulin tient certainement son nom de messire Jadin Garot, qui était lieutenant en la baronnie de Chaumont, et qui résidait à la Romagne. Ce qui est attesté en 1628 dans un bail de droit de pêche de l’étang de Denizy[2].


[1] Ou Garot. Avant une réforme de l’orthographe française en 1835, les graphies sont plus aléatoires, et le nom des lieux-dits varie souvent davantage d’un document à l’autre.

[2] Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 12 [série T = papiers d’origine privée tombés dans le domaine public, articles T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés (1e partie), cote T 471 = papiers de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse.]


Synthèse du dépouillement des rôles des tailles, et du sondage d’actes d’état civil ou notariés des XVIIIe et XIXe siècles des archives départementales des Ardennes et des archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne).

En l’an II[1], il est nécessaire de recenser les moulins pour avoir une idée des ressources alimentaires et fournitures aux armées[2]. Les Ardennes comptent 685 moulins à roues perpendiculaires, 44 à roue horizontale et 94 à vent[3]. En 1810, le Rethélois compte 142 moulins, dont 57 à vent, 83 à eau et 2 à vapeur[4].


[1] Du calendrier républicain. Correspond aux années 1793 et 1794 du calendrier grégorien.

[2] Archives départementales des Ardennes, PERH12 22, Illaire, Martine, « Les enquêtes sur les moulins (an II-1810, 1851) », pp. 37-71, in Revue historique ardennaise, Tome XXV, année 1990, La révolution dans les Ardennes : huit études nouvelles, 228 pages, page 37.

[3] Ibid., page 49.

[4] Ibid., page 48.


La présence d’un moulin était un atout pour un village, et ce d’autant plus que les habitants faisaient leur pain à la maison[1]. C’est ainsi qu’un moulin est présent dans de nombreux villages environnants, comme à Draize, La Hardoye[2], Saint-Jean-aux-Bois[3], Rocquigny[4], Maranwez[5], Librecy[6].

Ce dernier, construit en 1604 par Hugues de Maupinois, et resté en fonction jusqu’en 1964, avait à l’origine deux roues en bois et deux paires de meules[7].


[1] Au XIXe siècle, les boulangeries font arriver la farine des minoteries.

[2] Actuellement, commune associée de Rocquigny, du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[4] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[5] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[6] Le hameau de Librecy est sur la commune de Signy-l’Abbaye.

[7] Voir la description du moulin de Librecy, consultable en ligne sur le site de la Fédération des moulins de France.


Lieu-dit du Petit Moulin à Vent (détail). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Petit Moulin à Vent (détail). Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le moulin à vent a pu être la propriété de Jean-Baptiste Boudier, puisque c’est lui qui le loue moyennant 400 francs annuels pour une durée de 9 ans à partir de 1817[1] à François Boudsocq[2]. Un acte notarié est signé auprès d’un notaire nommé Fréal. Les archives de celui-ci ont disparu, comme beaucoup d’autres documents de ce secteur, cible de nombreuses guerres.


[1] Archives départementales des Ardennes, 3Q 1299 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII], registre des enregistrements du canton de Chaumont-Porcien, qui signale un acte notarié signé chez Fréal, notaire, le 2 mars 1817.

[2] Né le 27 octobre 1788 à Dizy-le-Gros (actuellement, commune du département de l’Aisne, région Hauts-de-France), et marié le 24 décembre 1810 à La Romagne.


Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

Le moulin Garrot est situé sur la parcelle 449 du cadastre de 1835[1]. Les lieux-dits du Moulin Garrot, du Pré du Moulin Garrot et de la Cour du Moulin Garrot sont attestés sur la matrice cadastrale 1836-1914[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

[2] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.


Bail du moulin Garrot signé le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]
Bail du moulin Garrot signé le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

Un bail concernant le moulin Garrot[1] est signé le 5 décembre 1840, en présence de deux témoins, Joseph Decary et Jacques Flamin (habitants de Wasigny[2]), en l’étude de maître Victor Cailteaux, notaire de cette bourgade.


[1] Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit de la Cour du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit de la Cour du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

François Modeste Lepinois, meunier et propriétaire de ce moulin, le loue à Joseph Noël, ancien meunier résidant à Grandchamps[1], pour neuf années consécutives à dater du 25 mars 1841. Une somme annuelle de 280 francs est à payer le jour d’entrée en jouissance du bien, et, les huit années suivantes, à chaque anniversaire.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit du Pré du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Pré du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Ce moulin est un moulin à eau « à une tournure[1] », et diffère en cela du moulin du Merbion (commune de Saint-Jean-aux-Bois[2]), monté « à l’anglaise[3] », qui est la propriété de Prudence Gérarde Merlin en 1811.


[1] La roue hydraulique entraîne une seule meule.

[2] Commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] La roue hydraulique entraîne plusieurs meules.


Lieu-dit du Pré Haut du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit du Pré Haut du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

C’est un bâtiment construit en bois, couvert en ardoise, « nature de cuisine[1] », avec une petite « ravallée[2] » au levant[3], également en bois, et couverte de paille. En outre, la location comprend trois arpents[4], qui se composent de terres et « versennes »[5], de sol à froment, de clos et de prés.


[1] Expression notariale qui signifie « avec une cuisine ».

[2] Variante orthographique de « ravalée », ici une sorte d’arrière-cuisine.

[3] « La partie de l’horizon où le soleil se lève ; l’orient, l’est », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Ancienne mesure agraire équivalant à cent perches. Selon les contrées, l’arpent valait de trente à cinquante et un ares. », d’après le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] Variante orthographique de versaine, « terre en jachère après deux récoltes », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


Ces terrains ne sont pas isolés : ils touchent au chemin et à divers propriétaires du village. L’alimentation en eau se fait par le ruisseau du Moulin Garrot, dont la naissance se compose de plusieurs petites sources se réunissant à proximité du lieu-dit La Favée.


Signatures du bail du moulin Garrot le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]
Signatures du bail du moulin Garrot le 5 décembre 1840. Archives départementales des Ardennes, 3E 35 122 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, articles 3E 1-276 = archives notariales de Charleville.]

Les clauses du bail sont assez draconiennes. Il est interdit au locataire de sous-louer le bien, en tout ou partie, à un autre meunier, ce qui semble être malgré tout parfois pratiqué[1]. En aucun cas, il ne peut être indemnisé, ou obtenir une réduction du loyer, et ce, que ce soit en cas de chômage, de sécheresse, d’inondations, ou d’eau gelée. Mais il se doit de bien cultiver les terres, de les fumer, et de respecter les roies[2].


[1] Ainsi, le meunier Modeste Claise de La Hardoye loue en 1820 le moulin à Jean-Baptiste Lefèvre pour 1 250 francs. Un an après son entrée en location dans celui-ci, ce dernier le sous-loue à Brice Poncelet. Voir archives départementales des Ardennes, 3Q 1299 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII.]

[2] Pratique en lien avec l’assolement : « L’ensemble des terres était partagé en trois grands blocs appelés ‘soles’ dans le Bassin parisien, ‘roies’, ‘champs’ ou ‘saisons’ ailleurs. », selon L’Encyclopædia Universalis.


Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Les terres du Moulin Garrot. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Les propriétaires, eux, s’engagent à faire construire, pour le mois de juin 1841, un bâtiment « nature de grange[1] », et couvert de chaume, là où il conviendra, dans les environs du moulin. Ce dernier a été démoli quelques années après sa construction.


[1] Avec une grange.


Moulin à vent de Théophile Boudsocq, qui se trouverait sur la parcelle 285 du cadastre de 1835 (archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l'échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne). Ce n° 285 est cité dans la matrice cadastrale 1836-1914 des archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie. Mais d'autres documents évoquent le n° 385. Voir Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]
Moulin à vent de Théophile Boudsocq, qui se trouverait sur la parcelle 285 du cadastre de 1835 (archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne).

Ce n° 285 est cité dans la matrice cadastrale 1836-1914 des archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Mais d’autres documents évoquent le n° 385. Voir Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

En 1841, Théophile Boudsocq fait construire un moulin à vent, soit sur la parcelle 285[1] (qui se trouve au lieu-dit du Poirier de la Croix[2]), soit sur la parcelle 385[3]. En 1866, il sera détruit[4].


[1] Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

[2] Archives départementales des Ardennes, La Romagne D1 1835, cadastre ancien, plan parcellaire avec une partie développée à l’échelle 1/1250, section et numéro de feuille D1 : la Cour Avril et le Bois Diot, 1835, consultable en ligne.

[3] Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

[4] Ibid.


Le métier de meunier se transmet dans un milieu familial. C’est le cas pour les descendants de Jean Baptiste Suan[1], originaire de Draize, meunier à La Neuville-lès-Wasigny[2], époux de Marie-Anne Merlin (née à La Romagne).

Son activité est reprise par son fils Nicolas Alexis, marié à Béatrice Liberté Legros, et lui-même meunier au moulin du Merbion. Sa femme loue ce dernier[3] avec ses dépendances, terres et prés à un certain Jullien[4], pour neuf ans et neuf mois, le 19 novembre 1845.


[1]  Né en 1747 à Draize et décédé en 1812 à La Neuville-lès-Wasigny.

[2] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.

[3] Archives départementales des Ardennes, 3Q 1300 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques. Sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII.]

[4] Le prénom n’est pas noté dans l’enregistrement. Ce dernier indique que l’acte a été signé auprès du notaire Pottier.


Démolition du moulin à vent de Théophile Boudsocq en 1866. Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]
Démolition du moulin à vent de Théophile Boudsocq en 1866. Archives départementales des Ardennes, 3P 369 [série P = finances, cadastre, postes depuis 1800, sous-série 3P = cadastre et remembrement.]

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les moulins traditionnels, qui assurent la fabrication de farine, disparaissent au profit de moulins à vapeur. Ceux-ci s’orientent vers d’autres productions industrielles, comme la fabrication de colorants. Le Moulin à couleurs d’Ecordal[1], fondé en 1866, est le dernier du genre dans les Ardennes.


[1] Actuellement, commune du département des Ardennes, région Grand Est.


Lieu-dit de la Cote du Petit Moulin. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Lieu-dit de la Cote du Petit Moulin. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section B dite de la Bouloie et aux Houïes hautes, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Cette transformation, liée à la révolution industrielle, est majeure. Les moulins traditionnels dépendaient des conditions météorologiques et de la disponibilité de ressources naturelles, telles l’eau. Les moulins industriels produisent quant à eux de manière continue.

Les anciens engrenages en bois sont remplacés par des systèmes en métal, plus durables et puissants. Les meuniers traditionnels, autrefois artisans, voient leur rôle diminuer, face à des ouvriers chargés de superviser des machines dans des usines.


Moulin à vent de Théophile Boudsocq sur la parcelle 285 du cadastre. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.
Moulin à vent de Théophile Boudsocq sur la parcelle 285 du cadastre. Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/G 2 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série EDEPOT/ROMAGNE[LA] = fonds concernant La Romagne ; série G = cadastre, articles G 1-3 = cadastre parcellaire unique et centralisé dit « cadastre napoléonien », cote G 2 = matrice cadastrale des propriétés foncières, 1836-1914], Administration des contributions directes, Cadastre : tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : section D dite de la Cour Avril et du Bois Diot, Paris : imprimerie de P. Dupont et G. Daguionie.

Le passage d’une économie rurale et artisanale à une gestion industrielle et urbaine, entraîne des conséquences sur la société et l’environnement. La disparition des moulins à eau et à vent, dans les Ardennes en général, et à La Romagne en particulier, conduit à une transformation des métiers et des terres.

Catégories
Administration communale Agriculteurs Finances publiques Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) Guerre franco-espagnole (1635-1659) Impôt Métiers Professions Travailleurs

Les impôts directs à La Romagne avant la Révolution


La circonscription administrative fiscale est l’élection.  Elle regroupe des dizaines, voire quelques centaines de villages. Celle de Reims, dont dépend La Romagne, est créée dès 1357. Elle subit des modifications, en se voyant enlever des paroisses ardennaises lors de la création de celles de Rethel (1450) et de Sainte-Menehould (1635).

Les impôts, à l’origine, ne sont pas permanents, mais accordés pour une période donnée. A partir du XIVe siècle, certains deviennent définitifs. Ils sont fixés en Conseil du roi, et répartis entre les paroisses de la province par l’intendant.

L’impôt direct reste assez stable jusqu’en 1621, avant d’augmenter considérablement à partir de 1626. Les besoins du roi pour les guerres et le développement de l’administration monarchique sont sans cesse grandissants. Ce qu’atteste le quintuplement des dépenses de guerre contre les Habsbourg entre 1599 et 1643.


Or, les revenus du domaine royal[1] sont insuffisants pour faire face, ne serait-ce qu’aux dépenses ordinaires, ce qui aboutit à un empilement de taxes pour les contribuables au cours des siècles.


[1] « Domaine de la Couronne, partie du territoire que le roi possédait en propre, ou sur laquelle il exerçait directement son autorité (on dit aussi domaine royal). », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Tous les moyens sont bons pour procurer de l’argent au Trésor royal[1]. Outre les divers impôts établis, comme la création en 1674 du droit de timbre sur les actes officiels, Louis XIV multiplie la vente des charges, et taxe les faux nobles. L’usurpation de noblesse est la cause d’une surcharge fiscale pour tous les roturiers.


[1] Lieu où sont versées les sommes qui proviennent des revenus royaux, et d’où sont tirées celles employées au service et aux dépenses de la royauté.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 2/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 2/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

Dans chaque province, à partir de 1696, est lancée la recherche des usurpateurs de titre de noblesse[1], qui bénéficient ainsi d’exemptions fiscales. Ceux qui se déclarent nobles doivent apporter les preuves de leur noblesse, afin d’échapper à cette taxe. Nombre d’entre eux sont inquiets, car tous n’ont pas les documents requis pour l’établir, et c’est une agitation de plus dans un pays troublé.


[1] Déclaration du roi pour la recherche des faux nobles du 4 septembre 1696, qui fait suite à la grande enquête sur la noblesse de 1666, et qui débouche sur la parution de l’Armorial général de France, dit « Armorial d’Hozier ». Pour les Ardennes, voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 1/558 et suivantes, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.


L’impôt de la taille, créé au XIVe siècle, ne devient pérenne qu’à partir du XVe siècle, à la suite de la permanence de l’armée sous Charles VII. Il n’est pas dû individuellement par les habitants, mais collectivement par une paroisse. C’est un impôt de répartition, pour lequel il existe deux catégories : la taille personnelle[1], pratiquée surtout dans le Sud de la France (par exemple le Languedoc), et la taille réelle[2], concernant plutôt les régions du Nord.


[1] Elle était « celle qui était levée sur chaque personne taillable. », et la taille réelle, « celle qui était levée sur les terres », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Elle est fondée sur l’appréciation de la richesse en terres du chef de famille.


C’est à cette dernière qu’est soumis le village de La Romagne. La taille est levée chaque année, en tenant compte de tous les types d’activités. Elle varie considérablement, en fonction de la nécessité pour le roi de rétablir les finances. Les aménagements obtenus par Terwel[1] sont de très courte durée.


[1] Auteur de notices cadastrales sur les villages de la frontière de Champagne en 1657.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. Voir aussi Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°.
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. Voir aussi Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°.

Dès 1660, dans presque toutes les paroisses, le montant des tailles augmente, et ce, jusqu’en 1664[1]. Les villages sont pressurés, alors que ces années-là sont les premières d’une paix longtemps attendue avec l’Espagne[2]. La somme demandée pour l’ensemble de l’élection de Reims en 1660 se monte à 208 595 livres de principal[3].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2182 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2182 = liasse, 11 cahiers in-4°. – 1662-1672. – Election de Reims : taille et accessoires. – Assiette et département des tailles et accessoires pour les années 1662, 1664 à 1669 et 1671 à 1672 par les intendants Daniel Voysin en 1662, Lambert d’Herbigny en 1665, Lefèvre de Caumartin de 1666 à 1671. – Etat des sommes restant dues en 1665 sur le taillon imposé en 1656.]

[2] La guerre francoespagnole a eu lieu du 19 mai 1635 au 7 novembre 1659.

[3] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°. – 1625-1660. – Election de Reims : taille et accessoires. – Assiette et département des tailles, crues, accessoires et taillon à lever sur les communautés de l’élection en 1625. – Registre et département des tailles, taillon, crues des garnisons et autres crues, droits d’officiers et autres à lever sur l’élection pendant l’année 1628. – Département de la taille en 1634, du taillon en 1649. – Etat des deniers dus par les paroisses de l’élection et dont il n’a pu être fait recouvrement en 1652 à cause des guerres et de l’abandon de la plupart de ces paroisses : la somme totale s’élève à 89 042 livres 11 sols 6 deniers. – Assiette et département des tailles de 1658, 1659 et 1660 par Daniel Voysin, « intendant de la justice, police et finances et armées de S. M. en la province de Champagne ». – Extrait de l’état du roi contenant les sommes à lever sur les paroisses de l’élection pour la subsistance des gens de guerre pendant les cent cinquante jours du quartier d’hiver de l’année 1660.]


Les guerres suspendent la perception des impôts, mais ne l'annulent pas. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°.
Les guerres suspendent la perception des impôts, mais ne l’annulent pas. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2181 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488 = élections, cote C 2181 = liasse, 12 cahiers in-4°.

Il est très difficile pour la population de faire face à ces impôts, après les ravages des guerres. Pour ceux qui ne peuvent pas les payer, il est interdit en 1663 de saisir les chevaux, les instruments, et outils agricoles, car cela renforcerait la pauvreté. Si les tailles sont réduites momentanément après les premières années du règne de Louis XIV, cela ne dure pas.

En janvier 1678, Thomas Hue de Miromesnil[1] (1634-1702) fait remarquer que l’élection de Reims est une des trois juridictions les plus chargées en impôts, que le nombre de pauvres s’accroît de jour en jour, au point que la taille se paie très difficilement, car la circonscription est loin d’être remise de la guerre[2].


[1] Intendant de Châlons, c’est-à-dire, selon le titre officiel, « commissaire départi en la province de Champagne ».

[2] Archives nationales, G7 224 [série G = administrations financières et spéciales, sous-série G7 = contrôle général des finances, fonds G7 71-531 = lettres originales adressées au contrôleur général des finances par les intendants des généralités. 1678-1747, articles G7 223-238. Champagne (Châlons-sur-Marne). 1677-1738.]


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 5957,
Duplessis Joseph Siffred (1725-1802), Jacques Necker (1732-1804), directeur général des Finances, huile sur toile, XVIIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV5957,
Duplessis Joseph Siffred (1725-1802), Jacques Necker (1732-1804), directeur général des Finances, huile sur toile, XVIIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

Il faut attendre Necker (1732-1804), et ses analyses des finances de la France, pour que l’augmentation de ce plus ancien impôt direct soit désormais dûment enregistrée par une loi. Jusqu’alors, elle pouvait être décidée à l’aide d’un simple arrêt du Conseil du roi, et présentait de fait un caractère plus arbitraire. La baisse de cette imposition n’arrive qu’à la suite des efforts faits par Colbert (1619-1683) pour réduire les tailles du royaume.

Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV7403,
Franque Jean-Pierre (1774-1860) ; Nanteuil Robert (1623-1678) [d'après], Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), représenté en 1676 (dans un encadrement décoratif), huile sur toile, 1839, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV7403,
Franque Jean-Pierre (1774-1860) ; Nanteuil Robert (1623-1678) [d’après], Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), représenté en 1676 (dans un encadrement décoratif), huile sur toile, 1839, notice descriptive consultable en ligne sur le site de l’agence photographique GrandPalaisRmnPhoto, édité par la Réunion des musées nationaux (France).

En réalité, il est plus juste de parler des tailles au pluriel que de la taille au singulier, puisque cet impôt se compose de plusieurs éléments : la taille proprement dite, le taillon[1] de la gendarmerie, la taille pour la solde des officiers des maréchaussées, et celle pour les étapes des gens de guerre.


[1] « Imposition de deniers, qui se levait anciennement de la même manière que la taille, et qui en était comme un supplément. Receveur général, receveur particulier du taillon. Le taillon était affecté au payement de la gendarmerie. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


L’année fiscale commence au premier octobre. Au mois de février, le Conseil du roi détermine la somme à imposer pour l’année suivante, et la répartit entre les généralités des pays d’élection. Fin juin, deux extraits établis par le contrôleur général sont adressés à l’intendant et aux officiers du bureau des finances.


Le premier répartit la somme due par sa province entre les différentes élections. Après contrôle, l’intendant, renseigné par ses subdélégués (en contact permanent avec la population) procède au département[1] des tailles entre les divers villages et villes.

Il peut ainsi tenir compte d’événements ponctuels comme les inondations, les sécheresses, les grêles, les circonstances personnelles (état de santé ou nombre et âge des enfants) et ajuster au mieux l’impôt.


[1] « XIIe siècle, au sens d’action de partager ; XVIIIe siècle, comme terme du vocabulaire administratif. Dérivé de départir, au sens de partager. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


C’est ainsi que, dans le cas d’incendies ou de dégâts dus à des orages, plusieurs habitants de La Romagne, de Rocquigny et de Saint-Jean-aux-Bois[1] obtiennent une remise ou une dispense de leur imposition, en raison de la perte de leur maison, grange, meubles, vêtements, chevaux, charrettes, charrues, foin, etc.

On peut citer le cas de très pauvres habitants, qui ont besoin de soulagement. Ou encore, une inondation en 1784 à Château-Porcien, qui a valu aux réfugiés d’être nourris et logés par d’autres habitants[2].


[1] Villages du département des Ardennes.

[2] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 953 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 953 = portefeuille. – 175 pièces, papier. – 1757-1788. – Remises, décharges et modérations. – Requêtes en décharge d’impositions, avec pièces à l’appui, adressées à l’intendant et classées par élections. – Election d’Epernay : Mancy (1777-1785). – Mareuil-le-Port (1774). – Mareuil-en-Brie (1785-1788). – Mareuil-sur-Ay (1785-1786). – Mareuil-sous-Châtillon (1773). – Monthelon (1785-1788). – Montmort (1772-1787). – Moslins (1785-1787). – Moussy (1772). – Passy-Grigny (1787-1788). – Pierry (1775-1776). – Plivot : requête des habitants disant « que depuis plusieurs années ils n’ont rien récolté en différents cantons de leur prairie désolés par la grande sécheresse et surtout par des insectes qui se couloient entre deux terres, coupant entièrement les racines des herbes, de sorte que la surface de leurs héritages étoit soulevée ; que les débordements des eaux en l’’hiver dernier ont absolument enlevé le gazon de leur prez, en ont creusé plusieurs jusqu’à en arracher les bornes et à recombler les troux des autres servant de limites » (1786). – Saint-Gemme (1785). – Soilly (1773-1788). – Tauxières (1786-1788). – Tours-sur-Marne (1785-1788). Trépail (1778-1787). – Troissy (1784-1787). – Vandières (1757). – Vouciennes : requête des habitants surchargés de taxes ; « ces malheureux n’ont pu, quoiqu’ils ayent fait tous leurs efforts, s’acquitter des tailles, vingtièmes et impositions : ils en redoivent encore des sommes considérables sur les années 1780, 1781, 1782, 1783 et 1784… les frais qu’on leur fait ne font qu’augmenter leurs charges » (1784). – Vaudancourt (1772-1786). – Vaudemange ; requête des habitants « disant que l’hiver de 1784, la grande abondance de neige, en fondant, a produit une grande abondance d’eau qui a causé un très grand dommage : les grains des terres hautes et moyennes ont été ravinés et déracinés ; les terres des lieux plats sont entraînées par les eaux ou recouvertes de mauvaise terre, et les terres qui étaient pour ensemencer ont été pareillement dégradées, ce qui a ôté toutes les espérances des cultivateurs » (1785). – Venteuil (1772-1786). – Verneuil (1771-1788). – Ville-en-Selve (1787-1788). – Ville-en-Tardennois : requête des habitants « disant qu’il a plu au roi de leur faire une remise d’une somme de quatre-vingt-six livres pour être répartie au marc la livre sur tous les contribuables à la taille, comme cela s’est pratiqué dans toutes les paroisses de votre généralité ; mais ils n’ont jamais été plus surpris que d’apprendre que cette somme a été répartie, il y a environ trois mois, sur 25 particuliers de la paroisse et de ladite ville, sans que le collecteur ni aucune autre personne leur ait fait part de cela, sinon il y a huit jours qu’à force de plaintes, le collecteur, semble-t-il par une grâce spéciale, a annoncé à la porte de l’église ce bienfait de S. M. Les suppliants auroient bien moins lieu de plainte si on avoit rejeté cette somme sur tous les pauvres, mais au contraire, il semble qu’on se soit étudié à la répartir sur ces 25 particuliers des plus riches de la paroisse » (1786-1787). – Vinay (1785-1786). – Vincelles : requête des habitants au roi demandant la remise des impôts pour l’année ou un temps suffisant pour les payer (1784).]


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Chaque paroisse est ensuite informée de son imposition par son receveur des tailles. Les collecteurs, solvables, sont élus le premier dimanche de septembre. Ils sont chargés de la répartition de l’impôt auprès de chaque foyer, puis de sa perception.

Ils changent chaque année, et peuvent être poursuivis pour prévarication[1], si une plainte est portée contre eux. Les sommes qu’ils touchent sont variables : ainsi, en 1602, ils reçoivent vingt deniers par livre perçue, alors qu’en 1620, ils n’en obtiennent que huit, et plus que six en 1626.


[1] « Manquement d’un homme d’État, d’un élu, d’un agent public aux devoirs de son mandat, de sa charge ; faute grave commise à des fins d’intérêt personnel dans l’exercice de ses fonctions. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


En-tête du rôle de La Romagne (Ardennes) en 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
En-tête du rôle de La Romagne (Ardennes) en 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

D’après le rôle de 1750[1], le système change : un édit permet désormais aux intendants de nommer des commissaires au lieu de collecteurs pour asseoir[2] la taille, et la récolter chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Ainsi, en 1762, le rôle[3] est tenu par Jean Sollette, commissaire nommé par l’intendant de Champagne.


[1] Il n’existe aucun rôle conservé entre 1742 et 1750, si bien qu’il n’est pas possible de dater plus précisément le passage des collecteurs aux commissaires à La Romagne.

[2] C’est-à-dire établir la base de l’imposition.

[3] « Ce qui sert de support à un écrit officiel ; cet écrit lui-même. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Les plus anciens rôles concernant La Romagne sont établis par ordre alphabétique des prénoms, ou par noms de famille. Jusqu’en 1752, ils ne concernent que les tailles.  A partir de cette date, apparaît le détail de la capitation, auquel s’ajoutent en 1771 les quartiers d’hiver.


Liste des contribuables de La Romagne (Ardennes) par ordre alphabétique des prénoms sur le rôle de 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Liste des contribuables de La Romagne (Ardennes) par ordre alphabétique des prénoms sur le rôle de 1762. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Ainsi, les collecteurs répartissent le « tant pour la taille », le « tant pour leurs six deniers », le montant de l’ustensile[1] (levé uniquement en temps de guerre) et celui des quartiers d’hiver.


[1] « Ensemble des fournitures dues à la troupe par les gens qui la logeaient et, par extension, impôt établi par addition à la taille pour tenir lieu desdits fournitures [et services]. », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


La perception provoque parfois des heurts importants avec les villageois, si ceux–ci estiment être défavorisés par rapport à d’autres. Ils discutent alors la quote-part attribuée, ou dénoncent de trop fortes pressions du collecteur pour recouvrer l’impôt.


Ce dernier est responsable de la rentrée de l’argent, et doit combler personnellement tout déficit. Parfois, devant la mauvaise volonté de certains à payer, il peut avoir recours à des garnisaires[1].

Ces hommes, recrutés par les receveurs et envoyés ensuite, soit chez le collecteur, soit chez le contribuable, exercent une pression pour le règlement des dettes. L’un ou l’autre doit le feu et le logement, et cette présence accélère assez souvent le paiement de l’impôt.


[1] « Celui qu’on établissait chez un contribuable en retard pour le contraindre à s’acquitter, chez un débiteur pour garder les meubles saisis, ou chez les parents d’un jeune homme qui ne s’était pas présenté pour la conscription. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Par sa place, le collecteur s’attire souvent des ennemis, et subit les pressions de gens influents, et ce, d’autant plus qu’il est démuni de toute autorité. Cependant, à la sortie de sa charge, et pendant les trois années qui suivent, il ne peut pas être imposé à un taux supérieur à celui de l’année précédant son entrée en poste, sauf si l’on peut prouver sa malhonnêteté.

Une plainte est ainsi déposée contre les collecteurs Jean Millet et Jean Courtois, car ils sont accusés d’avoir sous-estimé leur propre cotation, et probablement d’avoir favorisé, ou mal coté, deux contribuables, les veuves Langlet et Deschamps. Ils comparaissent le 15 mai 1737. L’année suivante, Jean Millet doit s’acquitter d’une somme supplémentaire de 12 livres. Elle est de 6 livres pour Jean Courtois, tandis que la veuve Langlet se voit réclamer 10 sols, et la veuve Deschamps 20 sols[1].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin. – 1774-1790. – Election d’Epernay : requêtes en décharge de taille adressées aux élus et classées par ordre alphabétique de communautés. – Ambonnay (1789) ; Anthenay (1785) ; Athis (1781-1787) ; Avenay (1786-1787), Avize (1789) ; Ay (1774-1788) ; J.-B. Georges, syndic de la communauté, demande à être exempt de la collecte : accordé (1775). – Baslieux (1789) ; Belval (1784-1785) ; Binson-Orquigny (1784-1789) ; Boursault (1782). – Champillon (1782-1785) ; Champvoicy (1784-1788) ; Châtillon-sur-Marne (1783-1789) ; Cherville (1789) ; Chouilly (1782-1788) ; Condé-sur-Marne (1787-1788) ; Courthiézy (1787) ; Cuis (1782-1785) ; Cumières et Mardeuil (1786). – Damery (1782-1788) ; Dizy (1782-1789) ; Dormans (1780-1790).]


En-tête du rôle de 1702 de La Romagne (Ardennes) avec le cachet de la généralité de Châlons. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
En-tête du rôle de 1702 de La Romagne (Ardennes) avec le cachet de la généralité de Châlons. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

L’analyse approfondie des rôles[1] des années 1702,1712, et 1752[2] permet de déceler un certain nombre de changements dans la population.


[1] Ibidem. [Nota bene : le cadre de classement des archives départementales de la Marne ne décrit pas de façon exhaustive toutes les pièces incluses sous la cote C 2169.]

[2] Le rôle de 1702 analysé ci-dessus a été choisi car il est le premier conservé pour La Romagne. Bien que d’autres registres ultérieurs aient été consultés aux archives départementales de la Marne, la méthodologie a consisté à privilégier un sondage des années 1702, 1712 (une décennie après) et 1752 (un demi-siècle après). Ce choix, qui pourrait paraître arbitraire, peut s’expliquer : 1712 est la première année documentée après le grand hiver de 1709. Et le système d’imposition change trop dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour qu’une comparaison puisse être établie après 1752. Il faut peut-être ajouter que l’état de conservation de certains documents a pu les rendre moins exploitables. Le corpus choisi a fait l’objet d’un dépouillement systématique (par nom, métier, et taille).


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1702 met en lumière la diversité des activités et des situations parmi les trois exemptés[1] (le seigneur de La Romagne, le marquis de Chaumont ; le curé de la paroisse Norbert Deheaulme ; Firmin Canel, écuyer dans les chevau-légers de la garde) et les soixante contribuables, dont quatorze laboureurs, huit tireurs de mines, neuf manouvriers, deux tisserands en toile et un peigneur de laine, deux scieurs de long, un meunier, un fruitier, un berger, un maître d’école, un hautelain[2], un mandelier[3], un couvreur en paille, un savetier[4].


[1] Les nobles, le curé du village et son vicaire (quand il y en a un), et ceux qui ont été au service du roi dans ses armées, sont dispensés du paiement de la taille.

[2] Variante orthographique d’hôtelain, c’est-à-dire aubergiste, cabaretier, hôtelier, hôte, celui chez qui on loge.

[3] « Celui qui fabrique et vend des mandes, des paniers, vannier », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.

[4] « Artisan qui raccommodait les souliers. », selon le Dictionnaire de l’Académie française. A distinguer du sabotier, qui est, lui, un « fabricant ou marchand de sabots. »


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1702. La dégradation du document entraîne une perte d'information. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1702. La dégradation du document entraîne une perte d’information. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Quatre métiers ne sont pas précisés. Une femme célibataire est répertoriée, Marguerite Cornu. Dix veuves sont décomptées. La plus forte cotisation (55 livres) est celle de Pierre Leblanc, laboureur en propre et en cense. La plus faible est celle d’un habitant dont le nom est resté illisible à cause d’un bas de page déchiré, mais qui cotise 8 sols. L’assiette de la taille est de 548 livres et 15 sols. Le document est établi le 27 décembre 1701 pour un paiement en 1702.


Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1712 ne montre plus que cinquante-trois contribuables et deux exemptés. Le premier est le curé Louis Potin, et le second, qualifié de « soi-disant exempt des impositions[1] », est le sieur Devie de La Horgne, lieutenant de cavalerie. L’assiette de la taille est de 429 livres 2 sols 6 deniers. Le document est établi le 6 janvier 1712 pour un paiement en 1712.


[1] L’orthographe a été modernisée.


Il n’y a plus de tireurs de mines, et il ne subsiste qu’un tisserand. L’extraction du fer et la filière de la laine semblent des secteurs en déshérence.


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1712. L'humidité favorise le développement de certains champignons. Le papier en a gardé des traces. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1712. L’humidité favorise le développement de certains champignons. Le papier en a gardé des traces. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Désormais, seuls restent onze laboureurs, certains ayant changé de statut pour celui de manouvriers. Désormais, ces derniers sont au nombre de quinze. Les deux scieurs de long continuent d’exercer.

Sont également notés un maréchal-ferrant, un meunier, un berger (identifié comme pauvre), un maître d’école, un garde[1], trois fruitiers, et un boucher. Jean Foulon et Pierre Cocu n’ont pas de mention de métier. Onze veuves sont dénombrées. Une célibataire est recensée, Madeleine Mallet.


[1] Sous réserves, cela pourrait correspondre à un garde des bois et forêts particulier.


Le veuvage des femmes marque une hausse entre 1702 et 1712. D’autre part, une nouvelle classe apparaît dans les rôles, celle des mendiants : le terme désigne, non celui qui vit de mendicité, mais un homme pauvre, qui n’a pas de réserves, qui est très vulnérable en raison de la maladie, du chômage ou de la cherté des grains.

Une livre = vingt sols.

Cela n’empêche pas de lui prélever quelques sous malgré son statut. Ainsi, Martin Mauroy, qualifié de mendiant, doit-il payer 30 sols, soit une livre et 10 sols, en 1712. Gilles Antoine, répertorié lui comme pauvre, s’acquitte pour sa part de 20 sols, soit une livre.

Un sol = douze deniers.

Cette situation des veuves, des pauvres et des mendiants à La Romagne est sans doute liée à l’influence du grand hiver de 1709, qui a accru la pauvreté, avec une sous-alimentation des Romanais, et une plus grande mortalité.

Rôle de la taille à La Romagne (Ardennes) en 1727. Certains insectes (termites, vrillettes, poissons d'argent, etc.) creusent les documents et en rendent la lecture difficile. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de la taille à La Romagne (Ardennes) en 1727. Certains insectes (termites, vrillettes, poissons d’argent, etc.) creusent les documents et en rendent la lecture difficile. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Le rôle de 1752 atteste que la population a de nouveau augmenté. Il y a désormais quatre exemptés : Monsieur de la Motte Houdancourt ; monsieur du Merbion, officier de milice ; monsieur d’Avançon, officier réformé ; le prieur.

Les exemptés de la taille à La Romagne (Ardennes) d'après le rôle de 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Les exemptés de la taille à La Romagne (Ardennes) d’après le rôle de 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

S’y ajoutent soixante-quinze contribuables, dont vingt laboureurs et vingt-trois manouvriers, trois forains[1] et cinq de droits de suite[2], un tailleur, un maréchal-ferrant, deux pâtres, un cabaretier, un maître d’école, un sabotier.


[1] « Propriétaire forain, qui ne réside pas dans le lieu où sont situés ses biens et où il paie l’impôt. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] Le droit de suite permet à un créancier de poursuivre un bien en quelque main qu’il se trouve.


Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]
Rôle de La Romagne (Ardennes) en 1752. Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 2169 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 2099-2488, élections, cote C 2169 = liasse. – 185 pièces, 1 parchemin.]

Quatre femmes sont célibataires. Les veuves sont au nombre de treize, dont une insolvable. Quant aux veufs, ils ne forment pas une catégorie à part, leur état étant signalé en même temps que leur activité. La Romagne en compte trois. L’assiette de la taille est de 599 livres 5 sols. Le document est établi le 22 décembre 1751 pour un paiement en 1752.


La politique royale a recours presque systématiquement à la belligérance pour consolider les positions de la France. De 1688 à 1697, la guerre de la Ligue d’Augsbourg[1] est la cause de ponctions fiscales de plus en plus fortes.

Celles-ci sont destinées, d’une part, aux cavaliers et fantassins préposés à la garde de la rivière Meuse et, d’autre part, aux appointements des officiers et des soldats, à leur habillement, à l’armement et au fourrage.


[1] Aussi désignée comme guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession palatine, guerre de la Grande Alliance, campagnes du Palatinat, elle est nommée guerre de Succession d’Angleterre ou guerre du roi Guillaume par les historiens britanniques.


La Romagne[1], comme Herbigny ou Wasigny est rattachée au 13e poste de Maubert-Fontaine, sur la ligne de défense depuis Charleville jusque Signy-le-Petit[2].


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 2007-53877, Desbrière, Michel, Chronique critique des lignes de défense de la Champagne septentrionale 1644-1748, Charleville-Mézières : Éditions Terres ardennaises, 2003, 314 p., p. 247.

[2] Tous ces villages se trouvent dans le département des Ardennes.


Au départ, la fourniture de l’ustensile comprend la place au feu et à la chandelle[1], avec fourniture du sel, du vinaigre et d’autres menues denrées, le prêt des objets de cuisine, le coucher, ainsi que l’avance de la subsistance et du fourrage pour les chevaux.


[1] C’est-à-dire le chauffage et l’éclairage.


Cet impôt se paie sur cinq mois à compter du 1er décembre. En 1655, cette obligation est convertie en une somme d’argent. Un siècle plus tard, l’intendant de Champagne Pelletier de Beaupré[1] donne des instructions concernant les dispenses de paiement d’ustensile.

Elles précisent que, si une exemption individuelle est accordée, la somme due par l’ensemble de la paroisse ne peut en aucun cas être diminuée. Si bien que la répartition s’applique à ceux qui ne sont pas dispensés :  leur participation est augmentée d’autant[2].


[1] Il est intendant de la généralité de Champagne de 1739 à 1750.

[2] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 791 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 791 = portefeuille. – 3 cahiers in-fol. – 1787. – Tarif pour la répartition de la taille de 1788 dans les villes, bourgs et communautés de l’élection de Chaumont-en-Bassigny, classées par ordre alphabétique depuis Germizey jusqu’à Voucourt (un premier cahier manque). Le tableau consacré à chaque localité contient les mêmes renseignements statistiques et autres énumérés dans l’article précédent : le nom du seigneur, ceux des commissaires de la taille des trois dernières années, le taux de la taille de l’année précédente au marc la livre de la propriété et de l’exploitation réunies ; celui des impositions accessoires et de la capitation ; la mesure du lieu pour les biens fonds ; la mesure, le poids et le prix des différentes espèces de grains ; le tableau du territoire de la communauté divisé en exploitation des privilégiés, des taillables et biens incultes ; la consistance des usages communaux ; l’extrait en ce qui concerne la communauté du dénombrement général de 1774 (habitants et bestiaux) ; le montant de la taille de chacune des dix dernières années ; le chiffre proposé par l’élection et celui qui est arrêté par l’intendant pour l’année 1788.]


Les quartiers d’hiver sont destinés au logement des troupes durant la trêve hivernale. Ils pèsent lourdement sur la population. En 1727, la généralité de Châlons se doit de fournir la somme de 476 779 livres.

Ce dû est réparti entre toutes les élections, dont celle de Rethel pour 58 467 livres, et celle de Reims pour la somme de 88 689 livres[1]. A charge pour ces deux circonscriptions d’exiger à leur tour ces sommes de chacune des paroisses sur lesquelles s’exerce leur tutelle.


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 1117 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 1117 = portefeuille. – 59 pièces, 8 parchemins. – 1703-1775. – Impositions militaires : ustensile, fourrage et quartier d’hiver. – Lettre du roi à l’intendant de Champagne d’Harouys fixant le chiffre de l’ustensile et réglant le mode de recouvrement pour 1704 (1703). – Fixation de l’ustensile à payer par les villes de la généralité de Champagne en 1708 : la somme s’élève à 110 000 livres. – Département du quartier d’hiver par élections et paroisses : élections de Bar-sur-Aube, Chaumont, Epernay, Joinville, Rethel, Sainte-Menehould, Sézanne et Vitry (1704) ; de Châlons (1711-1712) ; de Joinville et Troyes (1716-1717) ; d’Epernay, Sainte-Menehould et Sézanne (1718). – Arrêts du Conseil fixant l’imposition à lever en Champagne pour le quartier d’hiver et l’habillement de la milice : la somme s’élève en 1727 à 476 779 livres 18 sols 3 deniers ; en 1730 à 330 954 livres 13 sols 6 deniers ; en 1762 à 573 430 livres 19 sols 9 deniers. – Demandes d’exemption de l’ustensile classées par communautés. – Châlons : Beschefer et Charruel, officiers de feue madame ; lettre de d’Argenson à l’intendant Le Pelletier de Beaupré en leur faveur (1734). – Fismes : Billet, substitut du procureur du roi au bailliage (1742). – Langres : les échevins de la ville (1735). – Reims : les bailli et procureur fiscal de l’archevêque ; 2 lettres de l’archevêque Armand-Jules de Rohan à l’intendant pour lui recommander la requête et le remercier d’y avoir fait droit (1734) ; Bernard, professeur à la faculté de médecine (1734). – Liste envoyée à l’intendant de Champagne par les échevins de Reims avec prière de leur faire savoir si les personnes y dénommées doivent être sujettes à l’ustensile ; observations de l’intendant Le Pelletier de Beaupré en réponse (1734). – Ordonnance de l’intendant Le Pelletier assujettissant à l’ustensile les officiers des traites foraines de Reims (1744). – Sainte-Menehould : Delavaux, substitut du procureur du roi au bailliage et prévôté (1734).]


La capitation est un autre impôt personnel, établi sur la fortune de chacun. A l’origine, c’est un impôt temporaire (qui se prélève par tête, comme son nom l’indique), destiné à soutenir l’effort de guerre.

Créée par la déclaration du 18 janvier 1695, elle taxe chaque feu sans exception (à moins d’indigence déclarée), d’après son état financier, et selon un tarif qui comporte vingt-deux classes.


Supprimée peu de temps après, elle est rétablie en 1701 de façon systématique. Très rapidement, un système d’abonnement ou de rachat enlève à cet impôt son caractère d’égalité. Le clergé le rachète d’abord par un « don gratuit ».

Puis il s’en affranchit complètement en 1710, en payant six fois la valeur de ce « don ». On nomme des membres de la noblesse, comme le marquis d’Ambly en 1716, pour assurer la répartition de la capitation dans les bailliages de Rethel et de Reims[1].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Châlons-en-Champagne, C 969 [série C = administrations provinciales. – Intendances, subdélégations, élections et autres divisions administratives ou financières, bureaux des finances, états provinciaux, principautés, régences, etc., articles C 749-1157 = finances, impositions, aides et gabelles, eaux et forêts, monnaies, postes et messageries, traites foraines, cote C 969 = portefeuille. – 151 pièces, papier. –  1718-1787. – Capitation de la noblesse : commissaires chargés de travailler à la répartition. – Circulaires annuelles de l’intendant aux commissaires de la noblesse (1769-1787). – Envoi à l’intendant des lettres de cachet portant nomination des commissaires dont les noms suivent : Louvergny et Sugny (1720) ; comte de Dampierre (1724) ; marquis de Sommeyèvre (1724) ; Dey de Séraucourt (1724) ; Saint-Eulien et Pavant (1726) ; Saint-Eulien (1729) ; Féret (1733) ; Mondéjeux (1736) ; comte de Wignacourt (1740) ; Féret (1742) ; Mesgrigny (1743) ; comte de Gizaucourt (1744) ; comte de Nettancourt (1744) ; Godet de Vadenay (1745) ; marquis de Pleurre (1749) ; marquis de Villennes (1750) ; Féret (1753) ; Godet de Crouy (1753-1766) ; Capy d’Hoiry, Hocart et Renneville (1767) ; marquis d’Ambly (1770-1777) ; Hocart fils (1774) ; Gizaucourt fils (1774-1787) ; comte de Pleurre (1776-1787) ; Béguin de Savigny et Rémont de Saint-Loup (1777-1784) ; marquis de Bienville (1782) ; Cappy fils (1784).]


La capitation et les quartiers d’hiver sont établis « au marc la livre[1] » soit, pour la première, 12 sols 10 deniers, et pour les seconds, 12 sols 3 deniers.


[1] « Au marc le franc, se dit, par référence à une ancienne unité de poids, de la manière de répartir ce qui doit être reçu ou payé par chacun, en proportion de sa créance ou de son intérêt dans une affaire. Les créanciers ont été payés au marc le franc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


A partir de 1710, et pour des périodes plus ou moins longues, sont établis de nouveaux impôts (dixième, vingtième, cinquantième), qui taxent, selon les époques, les revenus.

Cette imposition ne repose pas sur l’ensemble de la population : les nobles en sont dispensés, au nom de l’impôt du sang ; le clergé l’est aussi, pour son rôle spirituel. Seuls les roturiers, artisans, manouvriers, laboureurs y sont soumis, ce qui affaiblit considérablement la province.

Le nombre des exempts et des privilégiés est très grand, et la situation instable de l’époque nuit au commerce et aux cultures, comme le constate l’intendant Larcher[1] dans son Mémoire sur la Champagne[2].


[1] Intendant de la province de Champagne de 1692 à 1699.

[2] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0956 [= Ancien 9351 selon une cotation antérieure], numéro de notice 956, Mémoires sur diverses généralités [XVIIIe siècle, manuscrit en français sur papier, 230, 213, et 200 pages, 350 sur 240 mm, reliure en parchemin vert], tome I, Larcher, Michel, Mémoire sur la généralité de Champagne, dressé par M[ichel Larcher], 1695, 230 p.


Cette grande misère est encore soulignée en 1712 par le sieur Galloys, receveur général des finances. Ce dernier demande de soulager la population d’une partie de l’ustensile car, dans la misère où sont les peuples, il ne peut en faire le recouvrement[1].


[1] Archives nationales, G7 236 [série G = administrations financières et spéciales, sous-série G7 = contrôle général des finances, fonds G7 71-531 = lettres originales adressées au contrôleur général des finances par les intendants des généralités. 1678-1747, articles G7 223-238. Champagne (Châlons-sur-Marne). 1677-1738.]


En 1765, des instructions pour la confection des rôles des tailles et de la capitation dans la généralité de Châlons permettent de comprendre comment est établi le montant de ces impôts, d’autant que, depuis cinq ans, le système d’imposition est passé à la taille tarifiée.

Est pris en compte ce qui relève de l’industrie, ou du travail manuel, que ce soit pour les manouvriers ou les artisans. S’y ajoute ce qui est du domaine de la propriété, ou de la location de biens, selon la déclaration royale du 13 août 1765.


L’imposition de l’industrie est réglée sur la base de deux cents jours par an, dont le prix est fixé suivant les différentes vacations ou métiers. Elle concerne les laboureurs n’ayant pas l’emploi d’une charrue toute l’année, les manouvriers et les artisans.

Certaines catégories en sont exemptées, comme les veufs et veuves de plus de soixante ans. Sont également concernées par cette mesure les personnes vivant « bourgeoisement », c’est-à-dire n’effectuant aucun travail mécanique, ainsi que les domestiques célibataires. Des réductions sont consenties aux veufs et veuves de moins de soixante ans.


Les avocats, notaires, procureurs, sergents, praticiens et chirurgiens la payent. Les commerçants (blatiers[1], coquassiers[2], revendeurs, cabaretiers, etc.) sont taxés comme le sont les biens-fonds.


[1] « Revendeur de blé, de grains. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[2] « Marchand de beurre, œufs, volailles », selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales.


Les autres immeubles[1] sont constitués de terres de labour, pour lesquelles on paie la taxe d’exploitation, plus la moitié de celle de propriété. Mais pour d’autres, comme les prés, les vignes, les chènevières, la taxe entière de la propriété est payée. Quant aux maisons, moulins et étangs, ces biens voient la taxe diminuée d’un quart, à cause des réparations et de l’entretien nécessaires.


[1] « Se dit d’un bien qui, par nature, ne peut être transporté d’un lieu à un autre. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


La lourdeur de la fiscalité, et les privilèges dont certains bénéficient, expliquent les revendications qui apparaissent dans les cahiers de doléances de 1789.

Catégories
Administration communale Enseignants Enseignement Laïcisme Laïcité Maires Mairies Métiers Professions

L’enseignement donné aux élèves à La Romagne


Outre l’accent mis sur l’enseignement de l’écriture et de la lecture, la loi Guizot du 28 juin 1833 organise l’enseignement primaire en trois divisions correspondant à l’âge des enfants.


La première regroupe les six/huit ans, qui se doivent d’apprendre l’instruction morale et religieuse à travers le catéchisme et l’histoire sainte, deux matières incluses dans le programme. En outre, l’élève fait l’apprentissage de l’écriture, de la lecture à haute voix et des premières notions de calcul.


Dans la deuxième division, les huit/onze ans voient s’ajouter au programme de base l’étude de la langue française (et notamment de sa grammaire), des rudiments d’histoire et de géographie, avec éventuellement un peu de chant et de dessin.


Quant aux plus grands, ils approfondissent les notions reçues précédemment. Un point concerne l’enseignement particulier donné aux filles : elles doivent être exercées aux travaux de leur sexe, et en particulier à la couture.


Pour toutes ces divisions, le maître doit recommander la propreté du corps ou des vêtements, et punir ceux qu’il trouve en défaut sur ces points.


L’enseignement primaire n’est pas le seul à susciter de l’intérêt pour améliorer le sort de la population : dès la monarchie de Juillet (qui succède en 1830 à la Restauration, après la révolution de Juillet), des tentatives voient le jour pour développer d’autres formes d’instruction (comme l’enseignement agricole, qui vise une meilleure formation des cultivateurs).


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-1197055, Dupuy, Charles (sous la direction de) ; Matruchot, Louis (auteur), Livret de botanique agricole [opuscule de l’élève] : questions – réponses – sujets de rédaction (L'Année du certificat d'études), Paris : Armand Colin, 1894, 1 vol. (38 p.), page non paginée, vue 3/44, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-R-10909 (12,2).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-1197055, Dupuy, Charles (sous la direction de) ; Matruchot, Louis (auteur), Livret de botanique agricole [opuscule de l’élève] : questions réponsessujets de rédaction (L’Année du certificat d’études), Paris : Armand Colin, 1894, 1 vol. (38 p.), page non paginée, vue 3/44, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-R-10909 (12,2).

Le ministre de l’Agriculture de l’époque a le projet d’établir des fermes-écoles dans chaque arrondissement : y seraient admis des apprentis âgés de seize à dix-huit ans, fils de cultivateurs et d’ouvriers agricoles, afin de parfaire leurs connaissances. Au-dessus de celles-ci, des écoles « régionnelles[1] » [sic] permettent de former des agronomes perfectionnés.


[1] Comprendre régionales.


Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – quai de la Madeleine et école normale d’institutrices, cliché Limbour (photographe) & J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – quai de la Madeleine et école normale d’institutrices, cliché Limbour (photographe) & J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.

Dans le but que certains élèves puissent acquérir une formation plus approfondie, les chefs-lieux de canton créent une école primaire supérieure, dans laquelle l’enseignant est titulaire d’un brevet supérieur acquis au cours de sa formation dans une école normale ou privée.


L’enquête de 1848 sur le travail agricole et industriel révèle que les quatre cinquièmes des travailleurs savent lire et écrire, qu’un dixième sait lire mais ne sait pas écrire, et que le dernier dixième ne sait ni lire ni écrire[1].


[1] Archives nationales, C 945 [série C = fonds publics postérieurs à 1789, archives des assemblées nationales (1787-1958), cotes C 943-969 = enquête sur le travail agricole et industriel, prescrite par le décret du 25 mai 1848, exécutée par cantons et portant sur l’état de l’agriculture et de l’industrie dans chaque canton, la condition des ouvriers et des salaires, le chômage, les associations, l’état moral et religieux de la population ouvrière, l’émigration des travailleurs vers les villes 1848-1849].


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52514234, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France : villes, échelle au 1 : 1 100 000. Paris : Armand Colin, 1885, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (5/5 BIS-1885). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 5].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52514234, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France : villes, échelle au 1 : 1 100 000. Paris : Armand Colin, 1885, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (5/5 BIS-1885). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 5].

Le département n’est pas indifférent au sort des plus petits, puisque le conseil général des Ardennes, dès 1850, émet le vœu que des salles d’asile pour l’enfance soient établies dans les communes rurales. Il n’est pas possible de déterminer exactement pour La Romagne si ces directives ont été suivies, dans la mesure où les registres des délibérations du conseil municipal de cette époque ont disparu.


La loi Falloux du 15 mars 1850 reconnaît deux types d’écoles : les unes, publiques, relèvent selon leur lieu de l’Etat, du département ou des communes. Les écoles libres dépendant de particuliers ou d’associations.


Ainsi existe-t-il à Wasigny (Ardennes) une école primaire supérieure et privée, avec possibilité d’accueillir des pensionnaires. Quelques années plus tard, la congrégation de l’Enfant Jésus de Reims (Marne) ouvre une école de filles à Lalobbe (Ardennes)[1].


[1] Archives départementales de La Marne, site de Châlons-en-Champagne, 57 V1 [série V = cultes].


C’est aussi à ce moment-là qu’est imposé le français comme seule langue en usage à l’école. Cette décision est confirmée par le règlement modèle pour les écoles publiques du 17 août 1851 adopté par le ministre de l’Instruction publique Marie Jean Pierre Pie Frédéric Dombidau, baron de Crouseilhes[1], de manière que les élèves soient « formés à l’usage habituel de cette langue », selon son article 29.


[1] Pair de France.



Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10525063, Moreau-Nélaton, Étienne (collectionneur), [recueil de célébrités du XIXe siècle], [entre 1860 et 1880 environ], album de 50 photographies positives sur papier albuminé, format carte de visite, image 33 [portrait de Jules Ferry par Bacard fils photographe], page non paginée, vue 33/116, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-NA-109 (2).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-10525063, Moreau-Nélaton, Étienne (collectionneur), [recueil de célébrités du XIXe siècle], [entre 1860 et 1880 environ], album de 50 photographies positives sur papier albuminé, format carte de visite, image 33 [portrait de Jules Ferry par Bacard fils photographe], page non paginée, vue 33/116, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-NA-109 (2).

Les lois dites Jules Ferry des 16 octobre 1881 et 28 mars 1882 instituent l’obligation et la gratuité de l’enseignement. Elles affirment la sortie du programme obligatoire d’enseignement de tout dogme, de manière que tous aient accès à la lecture et à l’écriture.


L’enseignement civique et moral est en revanche introduit. L’instituteur est chargé de former l’esprit des enfants en développant le bon sens, l’observation, la réflexion et le raisonnement.

En outre, et surtout dans les communes rurales, il doit fortifier ses élèves dans le goût des travaux qui occupent les gens du village, tout en leur faisant comprendre les bienfaits de l’instruction, les inconvénients de la routine et la nécessité du progrès.


On sait peu de choses sur l’enseignement donné par Joseph Hézelle, maître d’école à La Romagne de 1807 à 1816, si ce n’est que, comme il était chantre, il enseigne le chant à ses élèves, mais aussi le « nouveau catéchisme ». Les livres qu’il utilise montrent la prééminence de la religion dans l’enseignement :

  • L’Instruction de la jeunesse ;
  • La Pensée chrétienne et quelques autres livres de piété ;
  • La Grammaire française.

L’un de ses successeurs en 1823, Pierre Emile Fréal, utilise une méthode d’enseignement ancienne : c’est la première allusion vague et très succincte que l’on trouve sur la méthode pédagogique.


Localement, les maîtres sont surveillés par les maires et les curés, signe d’une mentalité très conservatrice qui met l’accent sur l’importance de la moralité. Elle transparaît dans le commentaire identique émis sur ces deux instituteurs : « Il se comporte bien et instruit bien » : la prééminence du comportement sur la qualité de l’enseignement dispensé est notable.


Jusqu’aux lois de 1882, l’instituteur est constamment surveillé sur sa tenue vestimentaire : il ne peut pas se montrer bras nus, sans cravate ou avec un bonnet de coton. Il l’est également dans sa tenue morale, d’autant qu’il doit accompagner les enfants aux offices des dimanches et fêtes, ou à l’époque de la première communion.


Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3899, Van Loo, Louis-Michel, Le comte de Provence, futur Louis XVIII, huile sur toile, 1770, notice descriptive consultable en ligne.
Musée national du Château de Versailles et de Trianon, numéro d’inventaire MV 3899, Van Loo, Louis-Michel, Le comte de Provence, futur Louis XVIII, huile sur toile, 1770, notice descriptive consultable en ligne.

A partir de 1816, le roi crée dans chaque canton un comité chargé de surveiller l’enseignement primaire. On retrouve constamment ensuite et malgré les changements de régime cette surveillance religieuse, puisque l’évêque (ou un de ses délégués) fait partie du conseil départemental de l’Instruction publique au même titre que le préfet et deux membres du conseil général.


On est encore loin des inspecteurs primaires mis en place pour veiller à l’application des lois de 1882, mais aussi pour soutenir et conseiller les instituteurs nommés par la République. Ces derniers, titulaires de chaque canton, participent à l’élaboration de la liste des livres en usage dans le département, en assistant chaque année à une réunion, à l’issue de laquelle ils communiquent à l’inspecteur primaire les additions et les suppressions qu’ils jugent utiles.


Ces propositions remontent ensuite vers le recteur, puis au ministre qui statue en dernier ressort : le département des Ardennes dépend d’abord de l’académie de Douai (Hauts-de-France), puis de celle de Lille (Hauts-de-France) à partir de décembre 1888, avant d’être rattaché à l’académie de Reims (Marne) au milieu du XXe siècle.


La Révolution ne modifie pas la manière de recruter les maîtres d’école, qui se trouvent soumis non seulement à la municipalité mais aussi au curé. L’imbrication du civil et du religieux se marque chez l’instituteur par son double rôle dans les communes rurales où, bien souvent, il est également chantre.


La pratique ancienne et pré-révolutionnaire se poursuit, pour lui, à travers l’entretien de l’église, la sonnerie de l’angélus, des baptêmes, mariages et enterrements, ou le portage de l’eau bénite au domicile des malades. Au milieu du XIXe siècle, l’instituteur ne peut plus être contraint à être clerc laïque, sauf si une convention entre la commune et lui est signée lors de son installation.


Il faut attendre la Troisième République et les lois sur l’obligation scolaire pour que les instituteurs soient nommés par le Gouvernement et ne dépendent plus que de lui, même si le microcosme rural se passionne toujours pour les faits et gestes des maîtres et maîtresses de leur village.


Cette nomination par l’Etat modifie profondément le mode de rétribution. Le salaire devient fixe. L’instituteur n’est plus assujetti aux parents, qui avaient pour un certain nombre beaucoup de mal à le payer. Le maire de La Romagne dresse ce constat en 1833 :

« Sur près de cent enfants capables de fréquenter les écoles, la moitié sont dans l’impossibilité de payer les rétributions, puisque la plupart appartient à des parents pauvres qui se privent d’une partie de leur nécessaire pour les envoyer à l’école deux ou trois mois chaque année, et la modicité des revenus du maître ne lui permet pas d’enseigner gratis. »

Avis émis par le maire de La Romagne (Ardennes) en 1833 sur les moyens limités qu’ont les parents pour envoyer leurs enfants à l’école, et sur l’impossibilté matérielle pour l’instituteur d’offrir ses cours.

La succession en 1857 de Marie Frougniet, femme de Victor Graux (instituteur et chantre), nous apprend qu’il y a des arrérages de traitement, et que pour sa fonction de chantre, il perçoit la somme de 30 francs.


Lors de la création de l’école de filles, la municipalité prend en charge le traitement de l’institutrice, et accorde la gratuité aux seuls enfants dont les parents ne peuvent pas payer la rétribution scolaire. Cet effort budgétaire est si important que, parallèlement, le conseil municipal, malgré la demande expresse du préfet et l’intérêt que présente la création d’une caisse des écoles pour les élèves, décide d’ajourner ce projet.


Elle ne verra le jour que quelques années plus tard : elle devient obligatoire aux termes de la loi du 28 mars 1882 article 17. Elle n’est réorganisée qu’en 1926, après avoir connu un moment de sommeil. Pour cela, des crédits sont mis au budget communal dès 1925 (40 francs), puis en 1926 (20 francs), pour former une dotation.


D’autre part, et pour ne citer qu’un exemple parmi d’autres, la coopérative scolaire reçoit quelques subsides à l’occasion des quêtes effectuées lors d’un mariage, comme c’est le cas lors de l’union de Fernand Taillet et d’Ida Carbonneaux[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 129, « La Romagne. – Au mariage » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, cinquante-septième année, n° 3466, lundi 16 janvier 1939, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/6, consultable en ligne].


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52514112, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), Planisphère : colonies françaises, Paris : Armand Colin, XIXe siècle, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (22/22 BIS-18..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 22].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52514112, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), Planisphère : colonies françaises, Paris : Armand Colin, XIXe siècle, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (22/22 BIS-18..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 22].

Très souvent, après 1882, l’instituteur est secrétaire de mairie. Afin de pouvoir effectuer cette tâche, il doit recevoir l’autorisation du conseil départemental de l’enseignement primaire. Cette fonction, si elle permet d’améliorer la rémunération du maître d’école, l’attache davantage à la commune dans laquelle il exerce.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52514112, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), Planisphère : colonies françaises, Paris : Armand Colin, XIXe siècle, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (22/22 BIS-18..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 22 bis].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52514112, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), Planisphère : colonies françaises, Paris : Armand Colin, XIXe siècle, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (22/22 BIS-18..). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 22 bis].

Les instituteurs sont répartis en plusieurs classes, si bien qu’en 1905, le traitement annuel varie de 1100 francs pour un stagiaire à 2200 francs pour un enseignant de la première classe, sachant que, pour la même catégorie, une institutrice perçoit 200 francs de moins.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53236375, Atelier Nadar (photographe), 20470. M. Guizot. Ministre de Louis Philippe, photographie positive sur papier albuminé d'après négatif sur verre, tirage de démonstration, 1 vue consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, NA-238 (50)-FT 4.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-53236375, Atelier Nadar (photographe), 20470. M. Guizot. Ministre de Louis Philippe, photographie positive sur papier albuminé d’après négatif sur verre, tirage de démonstration, 1 vue consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, NA-238 (50)-FT 4.

Jusqu’à la loi Guizot, il n’y a pas de véritable formation pour les maîtres d’école même si, à partir de 1816, la possession d’un brevet de capacité obtenu après un examen devient obligatoire pour pouvoir exercer dans des écoles primaires. Tout d’abord, ce sont les écoles normales pour les maîtres qui sont créées puis, en 1838, celles pour les maîtresses. Cette formation en écoles normales se poursuit, quel que soit le régime.

Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – l’école normale de jeunes filles et l’école maternelle, annexe rue Jean-Baptiste-Clément, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – l’école normale de jeunes filles et l’école maternelle, annexe rue Jean-Baptiste-Clément, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.

Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – école normale d’institutrices – construite en 1884 par M. Jules Racine, architecte départemental, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – école normale d’institutrices – construite en 1884 par M. Jules Racine, architecte départemental, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.

Sous le Second Empire, les candidats à l’école normale font l’objet, avant leur entrée dans cet établissement, d’une enquête assez poussée : elle concerne non seulement leur nationalité (il n’est pas exigible d’être français), leur conduite, mais aussi leur constitution physique et leur aptitude à remplir la fonction de chantre, ce qui démontre une fois de plus les liens étroits entre enseignement et Eglise.


Si tous les critères sont réunis, il ne reste plus au candidat qu’à satisfaire au passage devant une commission, qui établit un classement par ordre de mérite en fonction des places vacantes. En dernier lieu, l’admission est prononcée par le préfet, sur la proposition de l’inspecteur d’académie.


Ce dernier tient compte des vœux du conseil municipal alors que, dans les temps précédents, l’instituteur communal était nommé directement par le conseil municipal, après consultation de la liste dressée par le conseil académique du département. C’est ce conseil qui décide du nombre d’instituteurs que doit avoir une commune et qui, pour ce faire, autorise la nomination d’un instituteur adjoint dès l’âge de dix-huit ans, parfois même avant qu’il n’ait passé son examen de compétence.


Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], 18. Charleville – école normale [Nota bene : la mention « des filles » a été ajoutée à l’encre en écriture manuscrite], Maurice Guillaume (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], 18. Charleville – école normale [Nota bene : la mention « des filles » a été ajoutée à l’encre en écriture manuscrite], Maurice Guillaume (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.

Quelques jeunes gens et jeunes filles originaires du village sont nommés après leurs études à l’école normale du département, et sont affectés parfois dans les environs. On retrouve parmi ceux-ci :

  • René-Louis Sonnet, né le 7 octobre 1838 à La Romagne, fils de Jean-Charles Sonnet et de Honorine Boudsocq ;
  • Marie-Dieudonnée Davenne, née le 28 mars 1852 à la Romagne, fille de Jean-Baptiste Davenne et d’Aurore Louette. Elle exerce successivement au Fréty (Ardennes) puis à Fépin (Ardennes).
  • Jean-Pierre Ovide Stevenot, né le 1er septembre 1857 à La Romagne, fils de Louis Stevénot et de Marie Madelaine Pélagie Desté ;
  • Léontine Auzanne-Alloy, née le 3 octobre 1861 à La Romagne, fille de Charles Nicolas Auzanne et d’Amélie Mauroy. Elle enseigne tout d’abord à Thiéry-Pré (Ardennes), à Seraincourt (Ardennes) puis à Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes).
  • Jean-Baptiste Cambray, né le 19 juin 1867 à La Romagne, fils de Louis Virgile Cambray et de Mathilde Paillon ;
  • Elie-Clovis Dupont, né le 23 décembre 1879 à La Romagne, fils de François Jules Dupont et de Marie Constance Vuilmet.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – école normale d’institutrices – construite en 1884 par M. Jules Racine, architecte départemental, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.
Archives départementales des Ardennes, 8FI 14 [série FI = documents figurés, quelle que soit leur date, sous-série 8FI = cartes postales], Charleville – école normale d’institutrices – construite en 1884 par M. Jules Racine, architecte départemental, J. Winling (éditeur), carte postale ancienne en noir et blanc, virage sépia, consultable en ligne.

Dans les communes rurales, chaque enseignant exerce le plus souvent en classe unique, et fait parfois appel aux plus grands pour aider les plus jeunes.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52505592, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France : départements, échelle au 1 : 1 000 000, Paris : Armand Colin, 1885, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (4/4 BIS-1885). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 4].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52505592, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France : départements, échelle au 1 : 1 000 000, Paris : Armand Colin, 1885, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (4/4 BIS-1885). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 4].

Pour enseigner, les instituteurs et institutrices du village disposent d’une salle de classe d’une surface d’environ quarante mètres carrés et d’une hauteur de deux mètres (tout au moins pour l’école de garçons), avant la mise à disposition d’une salle plus spacieuse et lumineuse dans la nouvelle école.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52505592, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France : départements, échelle au 1 : 1 000 000, Paris : Armand Colin, 1885, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (4/4 BIS-1885). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 4 bis].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-52505592, Vidal de La Blache, Paul (cartographe), France : départements, échelle au 1 : 1 000 000, Paris : Armand Colin, 1885, 1 feuille en couleurs, 117 x 98 cm, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE AA-25 (4/4 BIS-1885). [Note : atlas de 22 cartes murales, parlantes au recto, muettes au verso. Document cartographique n° 4 bis].

Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-55008728, Selves, Henri (auteur, éditeur, imprimeur, fabricant), Globe terrestre, dressé pour l'usage des collèges, lithographies et limites coloriées, 15 cm de diamètre, 27 cm de hauteur, objet sur pied en bois tourné, page non paginée, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE A-1477 (RES), communication soumise à condition.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-55008728, Selves, Henri (auteur, éditeur, imprimeur, fabricant), Globe terrestre, dressé pour l’usage des collèges, lithographies et limites coloriées, 15 cm de diamètre, 27 cm de hauteur, objet sur pied en bois tourné, page non paginée, vue 2/2, consultable en ligne sur Gallica, image reproduite d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, GE A-1477 (RES), communication soumise à condition.

Le matériel pédagogique de base est constitué de deux ou trois tableaux noirs, de cartes de géographie des départements, de la France, d’un globe terrestre, d’un nécessaire métrique, d’une collection de solides géométriques.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6531093, Foncin, Pierre (auteur), La Première Année de géographie, cartes, textes, devoirs, Paris : Armand Colin, 1875, in-4° , 40 p., figures et cartes en couleurs, page non paginée, vue 1/52, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-G-292.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6531093, Foncin, Pierre (auteur), La Première Année de géographie, cartes, textes, devoirs, Paris : Armand Colin, 1875, in-4° , 40 p., figures et cartes en couleurs, page non paginée, vue 1/52, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-G-292.

En outre, depuis 1865, l’école dispose d’une bibliothèque, qui compte alors environ cent cinquante ouvrages. Mais les prêts ne sont pas nombreux (on en dénombre seulement quatorze pour l’année 1920), ce qui peut s’expliquer par le travail effectué après l’école, qui laisse peu de temps libre.


Centre national du cinéma et de l'image animée (France), numéro d’inventaire CNC-AP-96-69, Radiguet, Honoré ; Massiot, Gaston (fabricants, distributeurs), projecteur de film 35 mm et plaques de verre, poste scolaire mixte Le Stator type 1920, notice descriptive consultable en ligne sur le site de la Cinémathèque française.
Centre national du cinéma et de l’image animée (France), numéro d’inventaire CNC-AP-96-69, Radiguet, Honoré ; Massiot, Gaston (fabricants, distributeurs), projecteur de film 35 mm et plaques de verre, poste scolaire mixte Le Stator type 1920, notice descriptive consultable en ligne sur le site de la Cinémathèque française.

Au fil des années, ces supports sont complétés. Mais, après l’invasion de 1940, le matériel pédagogique, l’appareil cinématographique, les meubles de la bibliothèque et tous ses livres, ainsi que le poêle, disparaissent. Tout est dans un premier temps réparé, et les objets remplacés, à l’exception de l’appareil cinématographique[1]. Ce qui enlève un moyen de réunir les habitants autour d’un film, à un moment où rares sont ceux qui peuvent se rendre en ville pour aller au cinéma.


[1] Archives départementales des Ardennes, 13R 1661 [série R = affaires militaires et organismes de temps de guerre depuis 1800, sous-série 13R = dommages de guerre 1939-1945].


Madame Marie-Madeleine Albertini, maîtresse de couture, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Marie-Hélène Beltrami née Albertini).
Madame Marie-Madeleine Albertini, maîtresse de couture, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Marie-Hélène Beltrami née Albertini).

En 1950, le conseil municipal propose comme maîtresse de couture madame Marie-Madeleine Albertini pour remplacer mademoiselle Jonnart dans cette tâche. En 1963, c’est madame Geneviève Fleury, la femme de l’instituteur Pierre Fleury, qui s’en occupe. Cet enseignement ne tarde pas à disparaître des programmes, remplacé par d’autres activités.


Si, au XVIIIe et au XIXe siècles, les changements de maîtres sont fréquents dans la commune, celle-ci connaît progressivement une plus grande stabilité : plusieurs enseignants du XXe siècle restent ainsi plus d’une décennie.


La première trace que l’on ait d’un logement fourni par la commune (qui n’en est probablement pas propriétaire) à son instituteur date de 1823, alors que celui-ci perçoit une rétribution de 40 francs[1].


[1] Archives départementales de la Marne, site de Reims, 7J 53 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963), articles 7J 53-56 = enseignement, cote 7J 53 = enseignement libre. – Brochures (1834-1895). – Généralités sur l’enseignement libre (1840-1850). – Généralités sur les constructions et l’entretien d’écoles libres (1850-1870). – Compte rendu pour les cérémonies du deuxième centenaire de la fondation des écoles chrétiennes des frères (1880). – Budgets et états d’écoles primaires catholiques du diocèse de Reims (1823). – Plaintes contre les maîtres d’école ; contentieux (1823-1832)].


Plan sommaire du nouveau bâtiment scolaire, daté du 25 juin 1949, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.
Plan sommaire du nouveau bâtiment scolaire, daté du 25 juin 1949, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.

En 1849, chaque commune se doit de fournir des locaux décents pour la tenue de la classe et pour l’habitation. A partir de la construction de la première école, puis de la création de l’école de filles, les enseignants sont respectivement logés dans le bâtiment scolaire.


Un rapport daté de 1920/1921 permet de connaître ce qu’est un « logement de fonction » dans une petite commune, quoique la situation varie d’une région à l’autre. A La Romagne, les deux logements sont composés de cinq pièces d’habitation dont quatre « à feu[1] », avec une cave, un puits pour l’eau, une petite remise et un jardin d’environ trois ares. La commune ne fournit ni l’éclairage ni le chauffage du logement.


[1] C’est-à-dire avec une cheminée.


Plan sommaire du rez-de-chaussée et du premier étage de l’ancien bâtiment scolaire, 1921, échelle au 1 : 100, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.
Plan sommaire du rez-de-chaussée et du premier étage de l’ancien bâtiment scolaire, 1921, échelle au 1 : 100, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.

Selon le plan établi, on peut remarquer que le logement de l’instituteur se trouve disposé sur deux niveaux. La cuisine et la salle à manger voisinent avec la classe, alors que les chambres se trouvent au premier étage à côté de la mairie, ce qui n’est ni pratique ni intime.


Plan de masse, esquisse pour la construction d’une mairie-école, échelle au 0,002 pm, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.
Plan de masse, esquisse pour la construction d’une mairie-école, échelle au 0,002 pm, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.

Lors de la reconstruction, un effort tout particulier est fait en ce qui concerne son confort, et le logement est d’un seul tenant. En février 1959, compte tenu de la famille nombreuse de l’institutrice, le conseil municipal décide d’aménager une chambre supplémentaire dans le grenier de l’école. Après la fermeture de l’école, ce logement est loué durant quelque temps.

Plan de l’étage de la nouvelle école, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), calque, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.
Plan de l’étage de la nouvelle école, consultation des documents sur place à la mairie de La Romagne (Ardennes), calque, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe.

La journée de classe se déroule jusqu’en 1882 en général de 8 h à 12 h et de 13 h à 17 h. Par la suite, les horaires comportent deux récréations ponctuées par la sonnerie de la cloche installée en 1886. La durée des vacances d’été varie entre le XIXe siècle et le suivant.

  • En 1800, elles durent du 5 août au 20 septembre.
  • En 1894, il y a six semaines de vacances en été.
  • En 1922, deux semaines sont ajoutées pour les vacances d’été.
  • En 1939, elles sont fixées du 15 juillet au 30 septembre.
  • En 1961, elles ont lieu du 28 juin au 16 septembre.

En dehors de celles-ci, le jeudi est le jour hebdomadaire sans classe jusqu’en 1972, moment où il est remplacé par le mercredi. Les élèves ont quelques jours de congés comme le Jour de l’an, les Jeudi, Vendredi et Samedi saints, les lundis de Pâques et de Pentecôte, ainsi que le jour de la fête du roi ou de l’empereur.


C’est en 1894 que les élèves bénéficient d’une semaine à Pâques, et en 1938 d’une semaine à la Noël, avant qu’un remaniement et la création de deux (puis trois) zones scolaires n’interviennent pour favoriser les développements touristiques.


Le repère religieux, bien qu’assez vivace chez de nombreuses personnes, s’efface dans la dénomination officielle, pour faire place aux vacances d’automne, de fin d’année, d’hiver, de printemps et d’été.


Jusqu’à l’application des lois de la Troisième République, le maître d’école, qui doit toujours donner des cours d’instruction religieuse, est aussi tenu de commencer et de terminer la journée de classe par une prière.


L’instruction civique et morale prend la place de l’instruction religieuse mais le jeudi, journée où les élèves vaquent, permet aux parents qui le souhaitent de faire donner celle-ci à leurs enfants. La laïcité à l’école offre ainsi aux élèves la liberté de croire ou de ne pas croire, tout en les préservant de tout prosélytisme idéologique, économique et religieux.

Catégories
Administration communale Enseignants Enseignement Laïcisme Laïcité Métiers Professions

La Romagne, ses instituteurs et ses institutrices


Les instituteurs de l’école de garçons à La Romagne

Première République (21 septembre 1792 – 18 mai 1804)
1793 : Paré, Jean Christophe est signalé comme instituteur dans un acte de naissance en date du 19 pluviôse an III du calendrier républicain[1], alors que dans deux actes postérieurs il est dit manouvrier[2].

[1] Soit le 7 février 1795.
[2] « Paysan qui ne dispose que d’outils manuels, par opposition au laboureur, qui possède un attelage » ou « ouvrier qui travaille de ses mains et à la journée », selon le Dictionnaire de l’Académie Française. Ne pas confondre avec manœuvrier (« marin qui commande ou exécute la manœuvre, à bord d’un navire » ; « chef qui dirige la manœuvre des troupes de terre » ; « personne qui excelle à manœuvrer, dans son intérêt ou dans celui de son parti »).
An IV (du 23 septembre 1795 au 21 septembre 1796) : Hulin, Augustin, né le 26 février 1756 et décédé le 7 février 1833 à Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes). Il est déjà le maître d’école de Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes) quand l’enseignement des enfants de La Romagne est rattaché administrativement à ce village.
An XII (du 24 septembre 1803 au 22 septembre 1804) : Davaux, Pierre.
La rédaction de livres élémentaires a été décrétée par la Convention en l’an II de la Première République.

Premier Empire (18 mai 1804 – 4 avril 1814 ; 20 mars – 7 juillet 1815)
Avant 1808 (et jusqu’en 1816) au moins : Hezette, Joseph.
Le 15 août 1808, le décret napoléonien sur l’éducation édicte que les écoles doivent suivre les « principes de l’Église catholique ».

Seconde Restauration (7 juillet 1815 – 2 août 1830)
1819-1821 : Fréal, Pierre Remi, né le 4 septembre 1769 à Seraincourt (Ardennes), marié à Hauteville (Ardennes) le 18 juin 1971 avec Marie Anne La Croix. Il décède le 20 février 1853 à Doumely-Bégny (Ardennes).
1821-1823 : Fréal, Pierre Etienne, né à Hauteville (Ardennes), fils du précédent. Il se marie à La Romagne le 13 août 1821 avec Marie Françoise Boudié puis, en secondes noces (le 25 juin 1851), avec Anne Marguerite Hubert à Doumely-Bégny (Ardennes).
1823-1830 : Lefèvre, Jean-Baptiste, né le 26 juillet 1806 au Fréty (Ardennes). Il a tout juste dix-sept ans lorsqu’il enseigne à la Romagne. Il exerce dans les Ardennes à Hargnies, Charleville, Attigny, Launois-sur-Vence et Raucourt, où il décède le 12 septembre 1866.
Selon l’ordonnance du 29 février 1816, les communes doivent s’assurer que les enfants qui y habitent reçoivent une instruction primaire. Elles peuvent se regrouper au niveau du canton.

Monarchie de Juillet (9 août 1830 – 24 février 1848) & Deuxième République (24 février 1848 – 2 décembre 1852)
1833 : Aubry, Victor Louis, né à Rocquigny (Ardennes) le 21 brumaire an V[1]. Il se marie à La Romagne le 8 janvier 1824 avec Marie-Célestine Mauroy.

[1] Soit le 11 novembre 1796.
1834 : Buridan, Jean-Baptiste, né le 20 octobre 1812. Il se marie en 1833 le 17 septembre avec Catherine Eugénie Delarbre.
De 1834 à 1846, en l’absence de liste ou d’indications, il est difficile de connaître les instituteurs. Ceux-ci, qui sont souvent appelés comme témoins des naissances, figurent généralement sur les registres d’état-civil. Mais à cette époque, ce rôle a été tenu par Joseph Hezette (arpenteur), Pierre Davaux (maréchal-ferrant), Nicolas Richard (profession non précisée), Jean Baptiste Devie (propriétaire).
1846 : Graux, Victor Louis, né vers 1823 à Rouvroy-sur-Audry (Ardennes) et décédé à Aiglemont (Ardennes) le 9 novembre 1896. Il se marie à La Romagne le 21 mai 1848. Il enseigne toujours dans la commune en 1857. Il rejoint en 1869 Aiglemont (Ardennes) puis en 1873 Villers-Semeuse (Ardennes).
La loi Guizot du 28 juin 1833 fixe l’obligation pour chaque département d’avoir une école normale de garçons, et donc d’assurer la formation adéquate des instituteurs. Sous la Deuxième République, Hippolyte Carnot, soucieux des élèves et de leurs parents, prépare une loi sur la gratuité scolaire et l’obligation de l’instruction. Il veut d’autre part améliorer le sort des instituteurs, tout en se préoccupant de l’éducation des adultes.

Second Empire (2 décembre 1852 – 4 septembre 1870)
1860 : Canon, Jacques Richard, né le 21 mai 1813 à Mainbresson (Ardennes), marié à Marie Olive Pierrot. Il a enseigné avant cette date aux Hautes-Rivières (Ardennes) puis exerce à Hannogne-Saint-Rémy (Ardennes) en 1868.
1862 : Waharte, Louis Hippolyte, né le 15 novembre 1836 à Guignicourt-sur-Vence (Ardennes) et décédé à Rocquigny (Ardennes) le 3 septembre 1869. Il intègre l’école normale en 1858, enseigne à La Romagne puis à Rocquigny (Ardennes).
1864-1867 : Fossier, Jean–Louis Achille, né à Haraucourt (Ardennes)[1] le 27 juillet 1840. Les première et deuxième publications de son mariage avec Lucie Zoé Aubry sont établies à La Romagne les dimanches 21 et 28 août 1864[2]. La cérémonie est célébrée à Maubert-Fontaine (Ardennes) le 6 septembre 1864[3]. Il enseigne à La-Neuville-aux-Tourneurs (Ardennes) avant 1864. Il perçoit sa pension en 1896[4] après plus de trente-cinq ans d’enseignement.

[1] Canton de Raucourt (Ardennes).
[2] Archives départementales des Ardennes, 2E 369 5 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 369 1-10 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, baptêmes, mariages, sépultures, cote 2E 369 5 = années 1863-1872], publications de mariage de Jean–Louis Achille Fossier des dimanches 21 et 28 août 1864, vue 17/177.
[3] Archives départementales des Ardennes, 2E 282 7 [sous-série 2E = archives communales déposées, articles 2E 282 1-20 = registres paroissiaux et d’état civil de Maubert-Fontaine (Ardennes), baptêmes, mariages, sépultures, cote 2E 282 7 = années 1863-1872], acte de mariage de Jean–Louis Achille Fossier, vue 70/403 et suivantes.
[4] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMP-5314, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 13e année, n° 1 (1er janv. 1881) – 76e année, n° 204 (24/25 août 1944) ; 76e année, n° 74 (8 sept. 1944) – n° 303 (31 décembre 2015), vingt-huitième année, n° 237 du mardi 1e septembre 1896, décret du vendredi 14 août 1896, page 4927, vue 9/18, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, département du Centre technique du livre, 2009-100524.
1867-1876 : Flécheux, Jacques Nicolas, né le 16 novembre 1843 à Inaumont (Ardennes). Il intègre l’école normale en 1861.
La loi Duruy du 10 avril 1867 sur l’enseignement primaire annonce les lois Ferry de 1881 et 1882.

Troisième République (4 septembre 1870 – 10 juillet 1940)
1878 : Gosset Joseph Emile, né à La Hardoye (Ardennes) le 6 mars 1839. Il exerce à Grandchamp (Ardennes), puis à Wagnon (Ardennes), avant d’être affecté à La Romagne.
1883 : Picart, Remi Omer Arsène, né le 24 mars 1851 à Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes).
1886 : Patat, Adolphe Adonis. Auparavant, il avait enseigné dans l’Aisne. Après La Romagne, il est en poste à Auge (Ardennes), Sorcy (Ardennes)[1] et termine sa carrière à Any[2] (Aisne).

[1] Sorcy-Bauthémont (Ardennes) aujourd’hui.
[2] Actuellement, Any-Martin-Rieux (Ardennes).
1891 : Guérard, Hippolyte, né le 18 mars 1841 aux censes Corbineaux près de Rocroi (Ardennes), rejoint cette année-là son poste à La Romagne.
1898 : Hulot, Louis Eugène Emile. Il était auparavant titulaire à Euilly-et-Lombut (Ardennes). Il est encore en poste en 1902.
1906 : Goury, Arthur. Il a enseigné autour de 1892 dans les ArdennesMonthermé, à Faissault, à Servion et au Fréty).
1909-1924 : Bion, Edmond, né à Signy-l’Abbaye (Ardennes). Il décède le 19 février 1945 à Saint-Georges-de-Rex (Deux-Sèvres). Il enseigne à Fleigneux (Ardennes) en 1897.
Pour la presse républicaine de cette époque, l’instituteur s’apparente à un missionnaire laïque, en particulier dans les campagnes. Il devient ainsi un « hussard noir de la République ».

Les institutrices de l’école de filles à La Romagne

Second Empire (2 décembre 1852 – 4 septembre 1870)
1866-1874 : Lemoine, Eucharistie (née Auzanne). Elle exerce ensuite à Tourteron (Ardennes).
Sous la IIe République, la loi Falloux établit en mars 1850 que toute commune de plus de 800 habitants doit avoir une école primaire pour filles (contre un seuil de 500 villageois pour une école de garçons).

Troisième République (4 septembre 1870 – 10 juillet 1940)
1881 : Auzanne, Léontine, née le 3 octobre 1861 à La Romagne. Elle s’y marie avec Louis Alloy. Elle est titulaire d’un brevet élémentaire[1], obtenu à la session de juillet 1873. Avant son installation à La Romagne, elle a enseigné successivement dans les Ardennes à Thiéry-Pré[2], Seraincourt et Saint-Jean-aux-Bois.

[1] Archives départementales des Ardennes, 1T 192 [série T = enseignement, affaires culturelles, sports depuis 1800, sous-série 1T = enseignement, fonds versés par la préfecture, l’inspection académique, les établissements d’enseignement], délivrance de brevet de capacité pour l’enseignement primaire.
[2] Hameau du Fréty (Ardennes).
1883 : Mademoiselle Godart.
1885-1891 : Colas, Maria. Elle enseigne ensuite à Gué-d’Hossus (Ardennes).
1891 : Madame Gilquin (nommée par le préfet en date du 10 novembre). Elle exerçait auparavant à Thiéry-Pré (Ardennes).
Avant 1898 : Madame Detante, née Draptin, titulaire nommée ensuite à Senuc (Ardennes).
1898 : Boucher, Marie-Alix, née le 3 décembre 1869 à Charleville (Ardennes). Elle exerçait auparavant à Tagnon (Ardennes). Elle se marie à La Romagne en 1904 avec Pierre Genesseaux, lui aussi instituteur.
Vers 1905 : mademoiselle Christophe. Elle est nommée ensuite à Warcq (Ardennes).
1905-1924 : mademoiselle Sinet, Maria Eugénie, née le 6 août 1870, à Montmeillant (Ardennes). Avant d’occuper le poste de La Romagne, elle a enseigné dans les Ardennes à Saint-Germainmont, Gespunsart, Vivier-au-Court et Saint-Pierremont. Elle est nommée à Novion-Porcien (Ardennes)[1] à partir de 1922.

[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 78, « Mouvement dans le personnel enseignant des Ardennes » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-et-unième année, n° 12956, vendredi 18 août 1922, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].
Selon la loi Duruy de 1867, toutes les communes de plus de 500 habitants doivent avoir une école primaire de filles. Quoique La Romagne (Ardennes) n’ait jamais atteint ce seuil, elle a pu tout de même offrir une éducation pour les femmes grâce à la philanthropie d’une romanaise.

Les instituteurs et institutrices de l’école mixte à La Romagne

Troisième République (4 septembre 1870 – 10 juillet 1940)
1924-1953 : Jonart, Constant Jules René, né le 31 mai 1898 à Mouzon (Ardennes). Il enseignait auparavant à Rimogne (Ardennes)[1].

[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 86, « Personnel enseignant des Ardennes » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-quatrième année, n° 13568, samedi 30 août 1924, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].
Monsieur Constant Jules René Jonart a enseigné à l’école mixte de La Romagne (Ardennes) de sa création à la fermeture de l’ancien bâtiment scolaire, remplacé en 1954 par la nouvelle mairie-école.

« Ma mère a enseigné jusqu’en 1961. Elle a dû cesser son activité pour raisons de santé. Lui a succédé monsieur Debac en 1962 (à ce que je crois, mais la date serait à vérifier) après un intérim assuré par ma sœur aînée Françoise. Puis est arrivé monsieur Fleury en 1963 (même remarque que pour son prédécesseur). »

Témoignage oculaire d’Eric Malherbe, fils de Marie Malherbe née Grulet (institutrice).
Photo de classe de la mairie-école de La Romagne (Ardennes) avec Marie Malherbe née Grulet (institutrice), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de Georges Malherbe).
Photo de classe de la mairie-école de La Romagne (Ardennes) avec Marie Malherbe née Grulet (institutrice), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de Georges Malherbe).
Quatrième République (27 octobre 1946 – 4 octobre 1958)
1953-196. : Malherbe, Marie, née Grulet le 7 mars 1917 à Mainbressy (Ardennes) et décédée le 2 mai 1995 à Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Madame Marie Malherbe née Grulet, qui a enseigné à l’école mixte de La Romagne (Ardennes), a été la dernière institutrice du village. Lui ont succédé deux instituteurs.
Enfants dans la cour de la mairie-école (inaugurée en 1954) de La Romagne (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Yves Albertini †).
Enfants dans la cour de la mairie-école (inaugurée en 1954) de La Romagne (Ardennes), photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Yves Albertini †).

Photo de classe de la mairie-école de La Romagne (Ardennes) avec monsieur Pierre Fleury, instituteur,  photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Eric Malherbe).
Photo de classe de la mairie-école de La Romagne (Ardennes) avec monsieur Pierre Fleury, instituteur, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Eric Malherbe).
Cinquième République (Depuis le 4 octobre 1958)
196.-196. : monsieur Debac.
196.-1991 : Fleury, Pierre. Il n’enseigne plus en classe unique, en raison du regroupement scolaire.
1991 : fermeture définitive de l’école.
Il n’y a plus d’école à La Romagne (Ardennes) depuis les années 1990. Selon des données du ministère de l’Education nationale, le nombre d’établissements scolaires publics de niveau maternelle ou élémentaire immatriculés en France en 1982 est passé de 61 373 à 44 312 à la rentrée 2021, soit une baisse de 17 061 écoles en quarante ans.
Photo de classe de la mairie-école de La Romagne (Ardennes) avec monsieur Pierre Fleury, instituteur,  photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Eric Malherbe).
Photo de classe de la mairie-école de La Romagne (Ardennes) avec monsieur Pierre Fleury, instituteur, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Eric Malherbe).
Catégories
Enseignants Enseignement Laïcisme Laïcité Métiers Professions

Les certificats d’études et leurs lauréats à La Romagne


Les instituteurs ont à cœur la réussite de leurs élèves au certificat d’études (en général vers l’âge de douze ans). Examen créé en 1866, mais dont certaines modalités sont précisées en 1880, il couronne la fin de la scolarité obligatoire et sanctionne un premier niveau d’études lors d’épreuves se déroulant au chef-lieu du canton.


Elles ont lieu, pour les élèves de La Romagne, à Chaumont-Porcien (Ardennes) sur deux jours, par exemple le 12 juin 1891 pour les filles et le lendemain pour les garçons[1], avant qu’elles ne se déroulent pour tous le même jour quelques années après. Les candidats sont soumis à un examen, dont l’intégralité pour la date citée donne un exemple du niveau attendu dans la dernière décennie du XIXe siècle.


[1] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, JO-87222, L’Organe du Rethélois : revue hebdomadaire de l’arrondissement de Rethel, 1e année, n° 1 (31 déc. 1882)-4e année, n° 220 (21 févr. 1886) ; 5e année [sic], n° 327 (8 avr. 1888)-27e année, n° 1500 (27 mars 1910) + suppléments [incomplets], Rethel : [s. n.], 1882-1910, imprimé à Sedan, n° 463.


Tout d’abord, la dictée est une épreuve éliminatoire si elle comporte cinq fautes :

Maître de mes loisirs et libre de mes penchants,
Oh ! Combien il me plaît de m’éveiller aux champs !
Comme pour le plaisir, les yeux s’ouvrent sans peine !
Quelle aimable fraîcheur frémit dans chaque veine !
Que notre âme est légère et qu’on se sent joyeux !
D’assister au réveil de la terre et des cieux
De voir l’homme et le jour commencer leur ouvrage
La lumière monter de nuage en nuage
Les informes objets reprendre leurs couleurs,
Et les prés reverdir, et renaître les fleurs ;
Et se rougir au loin les bois, les bois aux mille têtes !
L’étoile du matin est l’astre des poètes ;
Humide de rosée, elle verse des airs
Son éclat aux gazons, sa fraîcheur à nos vers.

Le réveil des champs (P. Lebrun), texte de la dictée du certificat d’études primaires de juin 1891, passé par les élèves de la Romagne (Ardennes) à Chaumont-Porcien (Ardennes).

Puis suivent des questions de toute nature :

1) Expliquez, en les découpant,
le sens des mots « reverdir » et « renaître ».

2) Quel est le plus grand plaisir pour l’auteur du morceau ? Dans quel vers est exprimé ce plaisir ?

3) Qu’appelle-t-on « informes objets » ?
De quels objets parle ainsi l’auteur ?
Les chercher dans le texte.

4) Conjuguez les verbes « reverdir » et « renaître » à la 3e personne du singulier et du pluriel au présent de l’indicatif, du passé défini[1], du futur et du présent du subjonctif.

5) Analysez logiquement
les deux derniers vers « Humide… à nos vers ».

[1] Passé simple.

Questions sur le texte de la dictée du certificat d’études primaires de juin 1891, passé par les élèves de la Romagne (Ardennes) à Chaumont-Porcien (Ardennes).

Une rédaction est ensuite proposée :

« Un bloc de houille sur le point d’être mis dans le poêle raconte son histoire, son origine, son extraction, la vie pénible du mineur, comment il est arrivé à destination. »

Réflexion morale.

Texte de la rédaction du certificat d’études primaires de juin 1891, passé par les élèves de la Romagne (Ardennes) à Chaumont-Porcien (Ardennes).

Enfin, des problèmes mathématiques sont soumis à la sagacité des élèves :

1) Paul et Julie veulent se partager 67 noisettes,
ils écrivent le nombre au tableau noir.

Julie tire un trait vertical entre le 6 et le 7 et dit à Paul : « Choisis ».
Paul choisit la partie de droite (car il a divers défauts).

Quel est, selon vous, le mieux partagé des deux enfants ?
De combien ? Pourquoi ?
 
2) Sur un champ triangulaire de 100 mètres de base et 90 mètres de hauteur, on a répandu du superphosphate de chaux et du nitrate de soude.
 
Le superphosphate[1] vaut 8,70 francs le quintal et s’emploie à raison de 400 kilos à l’hectare ; le nitrate[2] vaut 11,5 francs les 50 kilos et a été employé à raison de 200 kilos à l’hectare.
 
Quel est le montant de la dépense ?

[1] Engrais minéral phosphaté.
[2] Composant chimique naturel (un atome d’azote et trois d’oxygène) utilisé notamment comme engrais.

Problèmes mathématiques du certificat d’études primaires de juin 1891, passé par les élèves de la Romagne (Ardennes) à Chaumont-Porcien (Ardennes).

Les résultats sont donnés quelques jours après, et c’est ainsi que se sont distingués

  • en 1896 : Aurèle Boudsocq, Victor Legros, Elise Laroche, Irma Laroche Blanche Georges (Clovis Dupont obtient le certificat d’études primaires supérieures puis le brevet supérieur).
  • en 1897 : Armand Canneau, Victor Lallement, Lucien Vuilmet et Georgette Pasté.
  • en 1898 : Lucien Panier (seul reçu. Nota bene : on ne connaît pas pour cette année-là le nombre de candidats initiaux).

Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-1421378, Lavisse, Ernest (auteur) ; Conard, Pierre (avec la collaboration de), Histoire de France : cours moyen deuxième année et certificat d'études – classe de 7e des lycées et collèges (garçons et jeunes filles), Paris : Armand Colin, 1935, 3e édition, 1 vol. (348 p.), page non paginée, vue 9/370, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-L39-1133 (A).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-1421378, Lavisse, Ernest (auteur) ; Conard, Pierre (avec la collaboration de), Histoire de France : cours moyen deuxième année et certificat d’études – classe de 7e des lycées et collèges (garçons et jeunes filles), Paris : Armand Colin, 1935, 3e édition, 1 vol. (348 p.), page non paginée, vue 9/370, consultable en ligne sur Gallica, texte reproduit d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-L39-1133 (A).

Ce certificat comporte après la Première Guerre mondiale trois sortes d’épreuves (écrit, oral et gymnastique). L’écrit compte une rédaction, une dictée, de l’arithmétique des sciences ou de l’histoire, puis de l’écriture du dessin ou de la couture pour les filles.


A l’oral, les candidats ont une épreuve de lecture, de récitation et de calcul mental. Le candidat peut être ajourné à l’écrit si l’orthographe est déplorable, ou après l’oral si celui-ci est insuffisant.


L’instituteur, dont la réputation dépend en partie de la réussite des candidats à ce fameux examen, évite d’en présenter certains, lorsqu’il doute sérieusement de leur succès. Il reste alors possible que ces derniers passent les épreuves en candidats libres. Les résultats obtenus ne confirment pas toujours le jugement du maître.


Photo de classe de l'école mixte de La Romagne (Ardennes) en 1931 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Malherbe).
Photo de classe de l’école mixte de La Romagne (Ardennes) en 1931 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Malherbe).

Entre juillet 1920 et juillet 1939, plusieurs élèves de la Romagne ont obtenu ce diplôme, pour certains avec mention « bien » ou « très bien ». A noter, les mentions « assez bien » n’ont pas été maintenues tout au long de la période étudiée[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, série T, suppléments 46 à 59 [série T = enseignement, affaires culturelles, sports depuis 1800].


Année du certificat d’études primairesFillesGarçons
1920Aucune candidateDeux candidats (non nommés)
1921[1]

[1] Archives départementales des Ardennes, série T, supplément 46 [série T = enseignement, affaires culturelles, sports depuis 1800].
Aucune candidateAlbertini, Dominique
1922[1]

[1] Archives départementales des Ardennes, série T, supplément 47 [série T = enseignement, affaires culturelles, sports depuis 1800].
Marquigny, Anne-MarieBonhomme, Pierre
1923[1]

[1] Archives départementales des Ardennes, série T, supplément 48 [série T = enseignement, affaires culturelles, sports depuis 1800].
Aucune candidateMacquin, René
1924Collard, HélèneMacquin, Rémi (certificat d’études du second degré)
1925Aucune candidateAucun candidat
1926Bart, Marie MathildeMalherbe, Eugène Jean
Malherbe, René Paul
1927[1]

[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 97, « La Romagne. – Examen au C. E. P. E. [certificat d’études primaires élémentaires] » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-septième année, n° 14395, vendredi 8 juillet 1927, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].
Bart Lucie (mention « bien »)
Courtois, Marthe (1re du canton, avec mention « très bien »)
Mauroy, Augustine (mention « très bien »)
Marandel Pierre (mention « très bien)
Trochain André (1er du canton, avec mention « très bien »)
1928[1]

[1] Archives départementales des Ardennes, série T, supplément 51 [série T = enseignement, affaires culturelles, sports depuis 1800]. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 99, « Examens du certificat d’études primaires. – Centre de Chaumont-Porcien » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, quarante-huitième année, n° 14705, lundi 2 juillet et mardi 3 juillet 1928, p. 4 [presse locale ancienne, vue 4/6, consultable en ligne].
Mauroy, LéoneAucun candidat
1929Aucune candidateAucun candidat
Résultats des élèves de La Romagne (Ardennes) au certificat d’études primaires élémentaires dans les années 20.

Année du certificat d’études primairesFillesGarçons
1930[1]

[1] Archives départementales des Ardennes, série T, supplément 51 [série T = enseignement, affaires culturelles, sports depuis 1800]. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 102, « Chaumont-Porcien. – Certificat d’études primaires. – 18 élèves présentés et reçus » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, cinquante-et-unième année, n° 15324, samedi 28 juin 1930, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].
Vuilmet Marcelle (mention « bien »)Malherbe Marcel (mention « très bien »)
Macquin Robert (mention « bien »)
1931[1]

[1] Archives départementales des Ardennes, série T, supplément 52 [série T = enseignement, affaires culturelles, sports depuis 1800]. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 105, « Certificat d’études primaires élémentaires. – Centre de Chaumont-Porcien » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, cinquante-deuxième année, n° 15637, mercredi 1er juillet 1931, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].
Collard, CécileAucun candidat
1932Aucune candidateBonhomme, Marcel (mention « bien »)
Carbonneaux, Albert (mention « bien »)
Durand, Georges
Quentin, Fernand
1933Aucune candidateBonhomme, Marcel (certificat d’études du second degré)
Boudsocq [pas de prénom]
Carbonneaux, Robert
Devie [pas de prénom]
Didier, René
Mauroy, Raymond
1934Druart, Raymonde
Legros, Madeleine
Devie, Victor
Legros, Henri
1935Druart, Raymonde (certificat de 2e degré)
Champenois, Fernande
Devie, Marie Louise
Aucun candidat
1936Guillaume, Michelle (mention « bien »)
Jonet, Thérèse (mention « bien »)
Bocquet, Roger
Laroche Jules
1937Modeste Solange (mention « très bien »)Aucun candidat
1938Zadorozny, OlgaBarré, André
Druart, André (candidat libre)
Didier, Raymond
Nice, André
Ravignon, Raymond
Vuilmet [pas de prénom]
1939Aucune candidateDevie, René
Guillaume, Lucien
Résultats des élèves de La Romagne (Ardennes) au certificat d’études primaires élémentaires dans les années 30.

Après l’obtention du certificat d’études du premier degré, il est possible de préparer celui du second degré, soit à l’école du village, soit dans un établissement extérieur (en internat). Cet examen se passe au niveau de l’arrondissement et, en cas de réussite, les élèves ont la possibilité de rejoindre les classes du second degré.


Les communes accordent également de l’importance à l’enseignement en organisant des distributions de prix sous la présidence d’édiles. Une telle cérémonie a lieu le 7 août 1892 pour le canton de Chaumont-Porcien (Ardennes). 


Dans certains villages, la philanthropie des donateurs permet de récompenser généreusement les meilleurs écoliers en leur offrant de nombreux livres.


Les manifestations se déroulent parfois en présence d’un député, et en tout cas de celle des collègues des environs. La participation de l’instituteur de La Romagne est toujours remarquée.


Le village de La Romagne n’a jamais pu le faire, mais on voit de telles cérémonies à Rocquigny (Ardennes) ou à Chaumont-Porcien (Ardennes).


C’est l’occasion pour ceux qui prennent la parole d’affirmer la valeur de la toute jeune école laïque, et des valeurs qu’elle défend : l’altruisme, la solidarité, la ponctualité, l’assiduité et l’importance de l’instruction[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 22, « Rocquigny. – Distribution solennelle des prix » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, onzième année, n° 3466, lundi 18 août 1890, p. 1 [presse locale ancienne, vue 1/4, consultable en ligne]. Voir aussi Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 58, « Rocquigny. – Distribution de prix » [chronique locale et régionale], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, vingt-neuvième année, n° 9802, mercredi 5 août 1908, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Photo de classe de l'école de garçons de La Romagne (Ardennes) à la fin du XIXe siècle (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Malherbe).
Photo de classe de l’école de garçons de La Romagne (Ardennes) à la fin du XIXe siècle (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Malherbe).

La séance traditionnelle de la photo de classe est un autre grand moment pour les familles. Elle immortalise un moment important de la vie, avec d’autant plus de solennité qu’à cette époque, la photographie est bien plus rare qu’aujourd’hui.


Dans un article du Petit Ardennais[1] consacré à l’illettrisme[2] masculin, il est noté que sur les quarante-six soldats maintenus de la classe 1907, seuls deux ne savent ni lire ni écrire : quoique très partiel, ce résultat fait ressortir un pourcentage de 4,34%, ce qui est un taux relativement bas, et qui est dû au développement de l’enseignement obligatoire. Trois n’ont pas eu leur niveau d’instruction vérifié. Qu’en est-il pour La Romagne ?


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 59, « Les illettrés dans les Ardennes » [informations], in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. Charleville : [s. n.], 1880-1944, trentième année, n° 10006, dimanche 28 février 1909, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/6, consultable en ligne].

[2] « Incapacité à lire un texte simple en le comprenant » selon le dictionnaire de l’Académie française.


LireLire et écrireLire, écrire, compterNiveau inconnu
19183
Degré d’instruction des trente et une recrues de La Romagne (Ardennes) entre 1869 et 1895, établi d’après le recensement des jeunes gens de la commune.

Lire, écrire, compterCertificat d’études primairesBrevet élémentaireEtudes secondaires et supérieuresNiveau inconnu
616124
Degré d’instruction des vingt-neuf recrues de La Romagne (Ardennes) entre 1940 et 1952, établi d’après le recensement des jeunes gens de la commune.

Certificat d’études primaires délivré par le département des Ardennes, document vierge consultable en ligne sur le site des archives départementales des Ardennes.
Certificat d’études primaires délivré par le département des Ardennes, document vierge consultable en ligne sur le site des archives départementales des Ardennes.

Après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement de développement de l’instruction qui s’est amorcé dans l’entre-deux-guerres se poursuit avec la création de collèges ruraux, notamment à Signy-l’Abbaye (Ardennes), ainsi que le ramassage scolaire.


Photo de classe de la mairie-école de La Romagne (Ardennes) avec monsieur Pierre Fleury, instituteur, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Eric Malherbe).
Photo de classe de la mairie-école de La Romagne (Ardennes) avec monsieur Pierre Fleury, instituteur, photographie ancienne en noir et blanc (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Eric Malherbe).

Dans ce but, La Romagne fait l’acquisition d’un car. Ce service public dépend aujourd’hui du département des Ardennes. Et il n’y a plus aucune école, privée ou publique, à La Romagne.

Catégories
Criminalité Finances publiques Impôt Justice Métiers Professions Travailleurs

La gabelle à La Romagne et le grenier à sel de Château-Porcien


Lion d'or (avers ou droit) de Philippe VI (1328-1350) : le roi, couronné, est assis dans une stalle gothique, avec baldaquin. Il tient un sceptre long de sa main droite, un court de sa main gauche. Ses pieds sont posés sur un lion à gauche .
Lion d’or (avers ou droit) de Philippe VI (1328-1350) : le roi, couronné, est assis dans une stalle gothique, avec baldaquin. Il tient un sceptre long de sa main droite, un court de sa main gauche. Ses pieds sont posés sur un lion à gauche .

Le nom de gabelle, dans son premier sens, est donné à toute espèce d’impôt indirect, avant qu’il ne désigne la taxation spécifique sur le sel. C’est probablement l’imposition la plus détestée par le peuple, mais qui est la source d’importants revenus pour le royaume.

Le monopole du sel est établi en 1342 par Philippe VI. L’Etat seul peut vendre cette marchandise, au prix qui lui convient, et imposer la quantité à acheter. Comme dans bien d’autres cas, les nobles en sont dispensés, d’où l’importance de pouvoir faire preuve de sa noblesse pour ces derniers, et de débusquer les fraudeurs pour la royauté.

Lion d'or (revers) de Philippe VI (1328-1350) montrant une croix quadrilobée, feuillue et fleurdelisée, dans un quadrilobe tréflé cantonné de quatre couronnelles.
Lion d’or (revers) de Philippe VI (1328-1350) montrant une croix quadrilobée, feuillue et fleurdelisée, dans un quadrilobe tréflé cantonné de quatre couronnelles.

Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9626016, page 1, vue 5/16, consultable en ligne sur Gallica, Ordonnances, reglemens et arrests justificatifs du droict de franc-salé deub aux officiers des gabelles, 8 pages, in-4°, 1624, texte numérisé d'après l'original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-23459.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9626016, page 1, vue 5/16, consultable en ligne sur Gallica, Ordonnances, reglemens et arrests justificatifs du droict de franc-salé deub aux officiers des gabelles, 8 pages, in-4°, 1624, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-23459.

Le cas de la Champagne est assez particulier pour être signalé.  Les élections[1] de Reims et de Sainte-Menehould sont des pays de grande gabelle[2]. Le Hainaut et la principauté de Sedan constituent des « zones franches », et en sont exemptés. Quant au Rethélois, il a un régime spécial : il est pays de « franc salé ». Il bénéficie donc du droit de prendre à la gabelle une certaine quantité de sel, sans payer la taxe afférente.



[1] Division administrative d’une intendance.

[2] Le prix du sel y est élevé. Un minimum d’achat annuel est imposé. Dans les pays de petite gabelle, le sel est meilleur marché, et sa consommation plus libre.


Rijksmuseum (Amsterdam), numéro d'inventaire RP-P-1909-5787, Guillaume Vallet (1632–1704), Portrait de Louis IV de Gonzague-Nevers, gravure, papier, 304 mm × 208 mm, notice descriptive consultable en ligne.
Rijksmuseum (Amsterdam), numéro d’inventaire RP-P-1909-5787, Guillaume Vallet (1632–1704), Portrait de Louis IV de Gonzague-Nevers, gravure, papier, 304 mm × 208 mm, notice descriptive consultable en ligne.

Jusqu’à la mort du duc Louis IV de Gonzague-Nevers, la région bénéficie de ce privilège, que lui enlève le roi Henri IV. Devant les protestations de la population, il est rétabli en 1612.  En 1680, une ordonnance maintient les anciennes franchises du duché, à condition que les habitants se procurent le sel dans les magasins indiqués, soit Rethel, Donchery, Mézières (uniquement approvisionnés en sel blanc).


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8445425, consultable en ligne sur Gallica, carte des gabelles, une feuille, 27 x 36 cm, datée du règne de Louis XVI, image numérisée d'après l'original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Cartes et plans, GED-6510.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8445425, consultable en ligne sur Gallica, carte des gabelles, une feuille, 27 x 36 cm, datée du règne de Louis XVI, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Cartes et plans, GED-6510.

Les quantités à acheter dépendent du lieu où l’on habite. Mais elles varient parfois aussi en fonction d’événements plus ponctuels comme l’incendie, la grêle, l’augmentation du nombre de feux[1] dans un village, etc.

Les gabelles et les traites foraines (impôt perçu sur la circulation des marchandises) sont régies par trois directeurs, dont dépendent les bureaux de Châlons, Troyes, Sedan. Ces derniers contrôlent plusieurs élections. Celui de Châlons surveille celles de Châlons, Reims, Vitry, Epernay, Sainte-Menehould, Joinville et Sézanne.


[1] « Ensemble des personnes réunies dans un même foyer. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 13/580, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d'après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 23920, 1725, 897 pages [cotes Français 23917-23925 = états de dénombrement des ressorts des gabelles (1725-1726), division IV = directions d'Amiens, Saint-Quentin, Soissons, Châlons et Langres].
Bibliothèque nationale de France, document numérique, page non paginée, vue 13/580, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 23920, 1725, 897 pages [cotes Français 23917-23925 = états de dénombrement des ressorts des gabelles (1725-1726), division IV = directions d’Amiens, Saint-Quentin, Soissons, Châlons et Langres.]

Cette même direction de Châlons comporte neuf greniers à sel, trente-huit bureaux de traites foraines, deux bureaux et neuf entrepôts pour le tabac[1]. Les premiers se doivent de fournir la quantité de cinq cent-cinquante-six muids[2], un setier[3] et un minot[4] et demi de sel, dont le produit, par année, représente la somme de 1 230 000 livres. Ils n’ont pas tous le même statut : certains sont de « vente volontaire » : les achats peuvent s’y faire à n’importe quel moment de l’année. Les autres sont dits « d’impôt ».

Tableau comparatif des paiements de la gabelle à La Romagne, Montmeillant, Aubenton. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d'après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 23920, 1725, 897 pages [cotes Français 23917-23925 = états de dénombrement des ressorts des gabelles (1725-1726), division IV = directions d'Amiens, Saint-Quentin, Soissons, Châlons et Langres].
Tableau comparatif des paiements de la gabelle dans trois communes limitrophes : La Romagne, Montmeillant, Aubenton.

C’est à cette dernière catégorie qu’appartient celui de Château-Porcien (dont dépendent La Romagne et Montmeillant), tandis que celui d’Aubenton couvre par exemple les villages de Rocquigny et de Saint-Jean-aux-bois[5].


[1] Bibliothèque du Sénat, 3FPM0956 [Ancien 9351 selon une cotation antérieure], notice descriptive consultable en ligne sur le Catalogue collectif de France (CCFr), numéro 956, Mémoires sur diverses généralités [XVIIIe siècle, manuscrit en français sur papier, 230, 213, et 200 pages, 350 sur 240 mm, reliure en parchemin vert], tome I, Larcher, Michel, Mémoire sur la généralité de Champagne, dressé par M[ichel Larcher], 1695, 230 p.

[2] « Mesure dont on se servait autrefois pour les liquides, pour les grains et pour plusieurs autres matières, comme le sel, le charbon, le plâtre, la chaux, etc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[3] « Ancienne mesure de capacité, de valeur variable suivant les époques et les régions, utilisée pour les liquides, les grains et d’autres matières comme le sel, le charbon ou la chaux. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[4] « Mesure de capacité utilisée autrefois, surtout pour les grains, et équivalant à la moitié d’une mine. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.

[5] Bibliothèque nationale de France, document numérique, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 23920, 1725, 897 pages [cotes Français 23917-23925 = états de dénombrement des ressorts des gabelles (1725-1726), division IV = directions d’Amiens, Saint-Quentin, Soissons, Châlons et Langres.]


La ville de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 235, vue 238/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
La ville de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 235, vue 238/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

Le grenier à sel de Château-Porcien remonterait à 1397, et son découpage aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il couvre une surface de mille cent km2 et comprend quatre-vingt-seize paroisses. Il est imposé dans son ensemble en 1724 à quarante-six muids et deux setiers. Il confine au midi par une pointe avec celui de Reims, au sud-ouest avec celui de Cormicy. Tous deux sont « de vente volontaire ». Au nord-ouest, il jouxte ceux de Marle et d’Aubenton, qui sont « d’impôt ». Il est alimenté en sel gris, transporté depuis la mer par la Seine, l’Oise ou l’Aisne.

Le corps des officiers du grenier à sel de Cormicy et Jean le Brun, conseiller du roi, premier grènetier au grenier à sel de Cormicy. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, p. 164, vue 167/558, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Le corps des officiers du grenier à sel de Cormicy et Jean le Brun, conseiller du roi, premier grènetier au grenier à sel de Cormicy. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 164, vue 167/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

Jean Buneau, grènetier au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, p. 451, vue 454/558, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Jean Buneau, grènetier au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 451, vue 454/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

Divers emplois dans les greniers à sel sont des offices que l’on achète : ces charges concernent les receveurs, les grènetiers[1], , les contrôleurs, les procureurs du roi et les greffiers. Certains de ces offices peuvent atteindre la somme de 4 000 livres, mais le montant dû est fonction de la place occupée dans la hiérarchie.


[1] « Sous l’Ancien Régime, officier au grenier à sel, qui jugeait des différends regardant la gabelle. », selon le Dictionnaire de l’Académie française.


Philippe Bouron, contrôleur au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, p. 450, vue 453/558, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Philippe Bouron, contrôleur au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 450, vue 453/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

En 1666, Antoine Delamer, avocat en Parlement, se voit octroyer par lettres patentes l’office de contrôleur alternatif au grenier à sel de Château-Porcien[1]. Il est précédé dans cette charge par Quentin Carlier. De même, Pierre Blondelot succède, sur recommandation du sieur d’Espinoy de Loonny[2], à Jacques Robin comme procureur au grenier à sel de Château-Porcien[3].


[1] Archives nationales, site de Paris, Z1A 564 n° 553 [série Z = juridictions spéciales et ordinaires, sous-série Z1 = fonds des juridictions spéciales, groupe Z1A = cour des aides de Paris, articles Z1A 524 à 1292 = minutes, cotes Z1A 524 à 633 = lettres patentes et provisions d’offices (collection reconstituée après l’incendie de 1776 pour la période 1189-1775), 1189-1789.]

[2] Conseiller à la cour du parlement de Metz.

[3] Archives nationales, site de Paris, Z1A 571 n° 876 [série Z = juridictions spéciales et ordinaires, sous-série Z1 = fonds des juridictions spéciales, groupe Z1A = cour des aides de Paris, articles Z1A 524 à 1292 = minutes, cotes Z1A 524 à 633 = lettres patentes et provisions d’offices (collection reconstituée après l’incendie de 1776 pour la période 1189-1775), 1189-1789.]


Pierre Martin Andru, procureur du roi au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 296, vue 299/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Pierre Martin Andru, procureur du roi au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 296, vue 299/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

Il est important d’appartenir à un réseau relationnel pour l’obtention d’un office. Ce n’est pas le seul critère, puisque les liens familiaux jouent aussi un rôle.

Ceci apparaît bien dans la lettre de provision nommant Nicolas Sohier à l’office de conseiller-procureur à la place d’Etienne Delpierre, qui se serait démis à son profit. L’acte précise que le second est le beau-frère du premier[1].

La nomination de Pierre Antoine Devie, avocat en Parlement, montre un autre exemple de transmission entre proches : étant son seul fils et héritier, il succède à son père à l’office de conseiller du roi grènetier que celui-ci détenait[2].


[1] Archives nationales, site de Paris, Z1A 603 en date du 30 avril 1752 et du 30 septembre 1752 [série Z = juridictions spéciales et ordinaires, sous-série Z1 = fonds des juridictions spéciales, groupe Z1A = cour des aides de Paris, articles Z1A 524 à 1292 = minutes, cotes Z1A 524 à 633 = lettres patentes et provisions d’offices (collection reconstituée après l’incendie de 1776 pour la période 1189-1775), 1189-1789.]

[2] Même cote.


Claude Tenelle de Saint-Remi, commissaire examinateur enquêteur au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 452, vue 455/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Claude Tenelle de Saint-Remi, commissaire examinateur enquêteur au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 452, vue 455/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

De même, le 1er janvier 1750, Jean Petit, titulaire de l’office de sergent royal au grenier à sel de Château-Porcien, le vend à Charles Mangin pour la somme de 80 livres. Six ans plus tard, la veuve de ce dernier revend cet office à Guy Gruslet, marchand, pour la somme de 400 livres[1]. Ce qui démontre que, malgré l’inflation, un office prend une certaine valeur.


[1] Archives départementales des Ardennes, C 962 et C 968, inventaires sommaires [série C = administrations provinciales avant 1790, articles C 546-2428 = suppléments à la série C, cotes C 936-1050 = administration des domaines, généralité de Châlons, bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles et insinuations laïques, centième dernier, 1710-1791.]


Le corps des officiers du grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 162, vue 165/558, consultable en ligne sur Gallica Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Le corps des officiers du grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 162, vue 165/558, consultable en ligne sur Gallica Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

A Château-Porcien, le bâtiment qui porte le même nom que la division administrative se compose de trois chambres, dont deux peuvent contenir jusqu’à quatre-vingt-dix muids, et la troisième mille deux cents sacs. La distribution du sel d’impôt se fait tous les huit premiers jours de chaque quartier[1].


[1] Trimestre.


La ville d'Aubenton. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 506, vue 513/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. XXXII Soissons, 1701-1800, manuscrit en français, 556 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32259.
La ville d’Aubenton. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 506, vue 513/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. XXXII Soissons, 1701-1800, manuscrit en français, 556 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32259.

Le grenier d’Aubenton est borné par les terres du Luxembourg, de Liège, de la principauté de Chimay, par le Hainaut français et le grenier de Vervins[1]. Il est donc très proche de la frontière.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, consultable en ligne sur Gallica, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 23920, 1725, 897 pages [cotes Français 23917-23925 = états de dénombrement des ressorts des gabelles (1725-1726), division IV = directions d’Amiens, Saint-Quentin, Soissons, Châlons et Langres.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8604806, page non paginée, vue 1/4, consultable en ligne sur Gallica, Déclaration qui ordonne une augmentation sur chaque minot de sel qui se distribue aux officiers qui jouissent du droit de francsalé, 1745, In-4°, 3 pages, image numérisée d'après l'original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21138 (90).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8604806, page non paginée, vue 1/4, consultable en ligne sur Gallica, Déclaration qui ordonne une augmentation sur chaque minot de sel qui se distribue aux officiers qui jouissent du droit de francsalé, 1745, In-4°, 3 pages, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21138 (90).

Les ménages sont contraints d’acheter un minot de sel de cent livres pour dix ou onze personnes. Les enfants de moins de huit ans sont exclus du décompte dans les greniers à sel d’impôt. Au contraire, dans les greniers à sel de vente volontaire, un minot est imposé pour quatorze personnes. Montmeillant l’est à dix minots, Rocquigny à quarante-six minots.

La perception et la vente sont assurées au sein de chaque paroisse par des collecteurs choisis à tour de rôle parmi les chefs de famille contribuables. Ils dressent des rôles[1], qui servent d’éléments de comparaison pour contrôler les données[2], de la même manière que pour les tailles. Ces collecteurs doivent acheter le sel de leur communauté en quatre fois, et réaliser au mieux la répartition, en tenant compte des facultés et du nombre de personnes de chaque famille.


[1] Attesté au XIIIe siècle, le terme rolle (rôle en orthographe modernisée) désigne une liste, une énumération détaillée.

[2] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC20-132, Hussenet, Jacques, « Démographie ardennaise : l’exemple du grenier à sel de Château-Porcien », in Revue historique ardennaise, Charleville-Mézières : Fédération des sociétés savantes des Ardennes, 1969-, tome XXIX, année 1994, pages 181-193 [Nota bene : ce périodique est publié depuis 1969 à Charleville-Mézières par la Fédération des sociétés savantes des Ardennes, la Société d’études ardennaises (devenue la Société d’histoire des Ardennes) et la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais. Il ne saurait être confondu avec le bimestriel du même nom, édité entre 1894 et 1914, et qui est un titre mort.]


Louis Oudart, grènetier au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 451, vue 454/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.
Louis Oudart, grènetier au grenier à sel de Château-Porcien. Voir Bibliothèque nationale de France, document numérique, p. 451, vue 454/558, consultable en ligne sur Gallica, Hozier, Charles-René, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l’édit de 1696. X Champagne, 1701-1800, manuscrit en français, 555 pages, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 32237.

La distribution se fait dans la deuxième huitaine du quartier, et le sel doit être payé, pour moitié six semaines après, et pour l’autre moitié au quartier suivant. En cas d’insolvabilité des contribuables, le collecteur peut faire enlever les meubles par saisie-exécution. Si lui-même est insolvable, le receveur[1] le poursuit par commandement.


[1] Bibliothèque Mazarine, fonds général, Ms. 2838 [ancienne cote Ms. 1563], XVIIIe siècle, papier, 353 × 240 mm, Procès-verbal des tournées faites dans les directions de Châlons-sur-Marne, Charleville et Langres, par M. de Villemur, fermier général, pendant les 5e et 6e années du bail de M. Jacques Forceville, 1743 et 1744, notice descriptive consultable sur Calames, le catalogue en ligne des archives et des manuscrits de l’enseignement supérieur.


Musée national des douanes (Bordeaux), identifiant MND_985.36.1, anonyme (école française de peinture), Intérieur d'un grenier à sel, XVIIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur la plateforme numérique Europeana.
Musée national des douanes (Bordeaux), identifiant MND_985.36.1, anonyme (école française de peinture), Intérieur d’un grenier à sel, XVIIIe siècle, notice descriptive consultable en ligne sur la plateforme numérique Europeana.

Au siège du grenier à sel, un registre sexté[1], divisé par paroisse et comportant le nom des paroissiens exemptés ou non, permet de contrôler et de connaître ceux qui n’auraient pas levé la quantité de sel prescrite.

A partir de 1710, une publication est faite dans chaque paroisse, tous les six mois, afin d’avertir les paroissiens de la quantité de sel qu’ils doivent acheter. Ils sont alors contraints de s’en acquitter dans les quinze jours, sous peine d’amende.


[1] Utilisé pour une durée de six ans.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493188, consultable en ligne sur Gallica, carte des gabelles, image numérisée d'après l'original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Cartes et plans, GE D-15315.
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8493188, consultable en ligne sur Gallica, carte des gabelles, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Cartes et plans, GE D-15315.

Comme la même loi ne règne pas sur toute la province, de nombreux trafics s’ensuivent, d’autant plus que les greniers de Château-Porcien et d’Aubenton sont assez proches de celui de Rethel. Pour essayer d’enrayer ceux-ci, chaque grenier à sel dispose d’une brigade ambulante, comprenant au moins une dizaine d’hommes (brigadier, sous-brigadier et gardes), qui tentent d’empêcher le faux-saunage[1].

Ce dernier est très difficile à éradiquer, quoique considéré comme un crime. A partir de 1706, on assiste même à une recrudescence de la contrebande. La troupe est appelée en renfort pour réduire les foyers de faux-saunage durant tout l’été et l’automne.


[1] Contrebande du sel.


Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9791236, page non paginée, vue 1/24, consultable en ligne sur Gallica, Ordonnance du roy, pour renouveller les défenses à tous gens de guerre, sur le commerce du faux sel, du faux tabac & des marchandises de contrebande, Paris : Imprimerie royale, 1743, 23 pages, in-4°, texte numérisé d'après l'original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21805 (50).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-9791236, page non paginée, vue 1/24, consultable en ligne sur Gallica, Ordonnance du roy, pour renouveller les défenses à tous gens de guerre, sur le commerce du faux sel, du faux tabac & des marchandises de contrebande, Paris : Imprimerie royale, 1743, 23 pages, in-4°, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21805 (50).

Les sanctions prévues ne sont pas dissuasives, malgré leur sévérité qui prend diverses formes telles :

  • les amendes, qui atteignent la somme considérable de trois cents livres, voire beaucoup plus ;
  • la flétrissure et la condamnation aux galères ;
  • le bannissement hors du royaume ;
  • une condamnation à mort en cas de récidive[1].

[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Cinq cents de Colbert 251, Recueil des editz et déclarations faictes par le Roy depuis le mois de novembre 1661 jusques au dernier avril 1667, ensemble d’aucuns éditz et déclarations qui n’ont esté registrées que depuis ladite année 1661, XVIIe siècle, papier, 672 feuillets, in-folio, reliure de veau raciné, aux armes et au chiffre de Colbert, avec les colliers des Ordres, manuscrit en français, division Contre les faux-saulniers, 1664, folio 123.


Musée national de la marine (Paris), numéro d'inventaire 3 MG 2, galère ordinaire armée en réale, maquette de bateau, coque ancienne du XVIIIe siècle transformée à l'atelier du musée naval du Louvre entre 1830 et 1837, modèle au 1/16,5, notice consultable en ligne sur le portail des collections.
Musée national de la marine (Paris), numéro d’inventaire 3 MG 2, galère ordinaire armée en réale, maquette de bateau, coque ancienne du XVIIIe siècle transformée à l’atelier du musée naval du Louvre entre 1830 et 1837, modèle au 1/16,5, notice descriptive consultable en ligne sur le portail des collections.

Deux habitants de Saint-Jean-aux-Bois, Bonnefoy et Picart, connaissent la rigueur de cette répression. Ils sont condamnés le 10 juillet 1766 en la chambre criminelle du palais présidial de Reims à « servir sur les galères du roi après avoir été flétri sur l’épaule dextre d’un fer chaud à l’empreinte des lettres GAL et à 1 000 livres d’amende envers l’adjudicataire général des fermes du roi ».

Cette condamnation est donnée pour la saisie de quatre-vingt-quatre livres huit onces de faux-tabac et cent quatre-vingt-cinq livres de faux-sel saisies le 18 juin 1766. Les deux protagonistes cités font partie d’une bande de cinq individus. Le procès ne dit rien à propos des trois derniers[1].


[1] Archives départementales des Ardennes, 9J 262 [série J = archives d’origine privée (entrées par voies extraordinaires : achats, dons, legs ou dépôts), sous-série 9J = collection de Jules Lefranc, historien local et collectionneur (1869-1953), articles 9J 245-268 = documents divers concernant les communes d’Annelles (découvertes archéologiques), Attigny, Bazeilles (guerre de 1870), Charleville, Château-Regnault, l’abbaye d’Elan, Givet, Grandpré, Les Mazures, Mohon, Le Mont-Dieu, Neuvizy, Poix-Terron, Rethel, Sainte-Vaubourg, Saint-Jean-aux-Bois, Sedan, (protestantisme), la Taillette, Tourteron, Vaux-en-Champagne, Voncq et Vouziers.]


Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8601842, page 3, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, Édit portant peine de mort contre les voituriers qui auront volé du sel registré en la Cour des Aydes, Paris : E. Michallet, 1696, in-4°, 4 pages, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21050 (34).
Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8601842, page 3, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, Édit portant peine de mort contre les voituriers qui auront volé du sel registré en la Cour des Aydes, Paris : E. Michallet, 1696, in-4°, 4 pages, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21050 (34).

Les voituriers qui transportent ce sel sont aussi très surveillés. Lorsqu’ils sont convaincus de soustraction (après avoir décousu, déficelé ou déplombé les sacs), ils sont condamnés à être pendus et étranglés comme des voleurs domestiques. Quant à leurs biens, ils sont confisqués au profit du roi[1].


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, IFN-8601842, page 3, vue 1/2, consultable en ligne sur Gallica, Édit portant peine de mort contre les voituriers qui auront volé du sel registré en la Cour des Aydes, Paris : E. Michallet, 1696, in-4°, 4 pages, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21050 (34).


Bibliothèque nationale de France, document numérique IFN-8610019, page 1, vue 1/4, consultable en ligne sur Gallica, Arrêt du conseil d'Etat qui ordonne qu'à commencer au 1er janvier 1711, il sera fait diminution de trois livres par minot sur le sel d'impôt, s. l. n. d., in-4°, 4 pages, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21064 (128).
Bibliothèque nationale de France, document numérique IFN-8610019, page 1, vue 1/4, consultable en ligne sur Gallica, Arrêt du conseil d’Etat qui ordonne qu’à commencer au 1er janvier 1711, il sera fait diminution de trois livres par minot sur le sel d’impôt, s. l. n. d., in-4°, 4 pages, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21064 (128).

Parallèlement à ces mesures impopulaires, une diminution de l’imposition des greniers à sel d’impôt est décidée par le roi[1] à partir du 1er janvier 1711, la situation économique de l’époque étant assez difficile. La période est marquée par une forte mortalité, de faibles récoltes, et le terrible hiver de 1709.

En 1712, une lettre adressée à l’intendant de Champagne montre que la réduction d’un sixième, ordonnée l’année précédente, n’a pas eu l’effet escompté. Elle n’a pas été « un soulagement proportionné à l’accablement des peuples » et, afin d’obtenir une nouvelle baisse, l’auteur de la lettre met en avant les efforts que font ces derniers depuis longtemps pour « aider le roi ». Le grenier à sel de Château-Porcien, qui est imposé à deux mille deux cent seize minots, ne l’est plus qu’à mille cinq cents[2].


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique IFN-8610019, page 1, vue 1/4, consultable en ligne sur Gallica, Arrêt du conseil d’Etat qui ordonne qu’à commencer au 1er janvier 1711, il sera fait diminution de trois livres par minot sur le sel d’impôt, s. l. n. d., in-quarto, 4 pages, image numérisée d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, F-21064 (128).

[2] Archives nationales, site de Paris, G7 236 [série G = administrations financières et spéciales, sous-série G7 = contrôle général des finances, articles G7 71 à 531 = lettres originales adressées au contrôleur général des finances par les intendants des généralités, 1678-1747, cotes G7 223 à 238 = fonds intéressant la Champagne (Châlons-sur-Marne), 1677-1738], Extrait des dénombrements fournis par les sieurs subdélégués de la Généralité de Châlons.


Musée de la Révolution française (Vizille, Isère), établissement affectataire de l'œuvre, numéro d’inventaire 1987-107, David, Jacques Louis, Pierre-Louis Prieur, dit Prieur de la Marne ( 1756-1827), député de Châlons-sur-Marne aux Etats généraux, peinture, huile sur toile, vers 1791, 380 mm × 315 mm, notice descriptive consultable en ligne sur le portail des collections du département de l'Isère, institution propriétaire.
Musée de la Révolution française (Vizille, Isère), établissement affectataire de l’œuvre, numéro d’inventaire 1987-107, David, Jacques Louis, Pierre-Louis Prieur, dit Prieur de la Marne ( 1756-1827), député de Châlons-sur-Marne aux Etats généraux, peinture, huile sur toile, vers 1791, 380 mm × 315 mm, notice descriptive consultable en ligne sur le portail des collections du département de l’Isère, institution propriétaire.

La suppression de la gabelle est l’une des demandes les plus fréquentes dans les cahiers de doléances. Elle disparaît une première fois, à la suite d’un vote de l’Assemblée nationale constituante en 1790, sous l’impulsion du député Prieur de la Marne. Mais un impôt sur le sel est rétabli en 1806, avec une collecte unifiée, puis sporadique durant tout le XIXe siècle. Il est définitivement supprimé en 1945.

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Elevage et pâturage à La Romagne


Agneaux et brebis, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Agneaux et brebis des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

L’élevage se pratique sur des terres privées pour les laboureurs les plus aisés, ou sur les terres de la communauté pour la plus grande partie des habitants. Ces communaux comprennent aussi bien des prés que des bois comme zone de parcours pour le bétail.


Pâtures, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Pâtures ardennaises, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La communauté villageoise régit par divers règlements[1] les vaines pâtures, un très ancien droit coutumier qu’ont les habitants d’une même commune de faire paître les bestiaux et les troupeaux sur les héritages des uns et des autres, à condition qu’il n’y ait ni semences ni fruits. Ce droit permet au bétail de circuler sur les chaumes après la récolte, et de fertiliser la terre. Les moutons ne peuvent être menés aux vaines pâtures que « dans les pasquis et versaines trois jours seulement après la récolte ».


[1] Les citations en italique sont tirées de ces derniers, sauf mention contraire.


Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen), 2004.0.58.7, machine de Madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l’enseignement de l’art des accouchements, les jumeaux, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 907.19.234, Troyon, Constant, Rentrée de troupeau, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Le village veille aussi au respect des différentes règles concernant les troupeaux, de manière à ce que « personne ne laisse sortir les bêtes de l’étable pour les champs que les pastres n’aient sonné du cor », puisque le bétail ne peut être envoyé à la pâture « qu’après que la messe de paroisse aura été dite », sauf de Pâques jusqu’en septembre où le « bestail » peut partir au jour et revenir à huit heures à l’étable.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 907.19.337, Millet Jean-François, Berger gardant son troupeau, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 907.19.337, Millet, Jean-François, Berger gardant son troupeau [détail], notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Le berger est responsable dans tous les cas des dégâts que font ses bêtes, et doit en répondre. Simon Suant, berger communal de La Romagne en 1751, se trouve ainsi mis en cause dans un procès pendant[1] en la baronnie de Chaumont  par Brice Bolle, fermier de La Binotterie, car ses « bêtes à laine ont fait des dégâts dans un jardin à lui appartenant et aux haies de celui-ci ». Il est condamné à payer à ce laboureur 27 livres pour tous dépens, dommages et intérêts[2].


[1] Une affaire est dite pendante lorsqu’un tribunal a été saisi et que la cause n’a pas encore été jugée.

[2]  Archives départementales des Ardennes, 3E 3666 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, cotes 3E 3540-4093 = archives notariales de Château-Porcien].


Agneaux et brebis des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Agneaux et brebis des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Les villageois dénoncent également les abus qui pourraient exister concernant les troupeaux à part. Ceux-ci sont expressément défendus, quelle que soit la qualité des personnes les possédant. Or, le jour où cette règle n’est pas respectée (on est en 1740), la communauté de La Romagne[1] assigne, par l’intermédiaire de François Godard, sergent en la justice de la baronnie et gruerie de Chaumont-Porcien, trois habitants : Nicolas Monnoye, Jeanne Charlier (veuve de Pierre Boudié) et Pierre Canon doivent comparaître devant le bailli afin de se voir interdire de faire « troupeau à part et condamner à 500 livres de dommages et intérêts envers ladite communauté et aux dépens pour la contravention par eux faite aux ordonnances[2] ».


[1] Représentée par Louis Lebrun, Thomas Devie, François Merlin, Pierre Gagnaire, Pierre Devie et Jean Courtois.

[2] Archives départementales des Ardennes, 7J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection Guelliot, érudit local].


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.103, Brascassat, Jacques-Raymond, Taureau, vaches et moutons au pâturage, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.103, Brascassat, Jacques-Raymond, Taureau, vaches et moutons au pâturage, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Ce droit de vaine pâture, loin de disparaître avec la Révolution, est au contraire réglementé par deux lois (du 6 octobre 1791 et du 25 octobre 1795). Elle se maintient tout au long du XIXe siècle, comme le rappelle le maire lors d’une délibération : « Depuis un temps immémorial, les bêtes à laine et le gros bétail, d’après un droit acquis résultant d’une coutume locale et suivant un usage constant et suivi ont toujours joui du droit de parcours et de vaines pâtures sur les prés naturels de La Romagne dépouillés de leur récolte jusqu’en 1849[1] ».


[1] Archives départementales des Ardennes, délibération du conseil municipal en date du 7 août 1864.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.40, Brascassat, Jacques-Raymond, Moutons et brebis au pâturage, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.40, Brascassat, Jacques-Raymond, Moutons et brebis au pâturage, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Cette année-là, les terres des gorges du Ribouré sont attribuées aux particuliers pour la vaine pâture des moutons, alors que les terres du ruisseau Commelet, du Vertillon, de la Fontaine aux Grues et la Rouge Cotte reviennent au berger communal. L’année suivante, la vaine pâture change de lieu, et le troupeau communal se retrouve sur les terres du Saule Notre-Dame, le Pré Haut du Vertillon et une partie de la Hoëtte. En dehors de cette vaine pâture, la commune attribue des terres qui vont du chemin de Draize aux prés du Pont Canel pour les volailles.


Musée national des beaux-arts du Québec, numéro d'inventaire 1968.202, Walker, Horatio, Un attelage de bœufs, huile sur carton produite probablement en 1900, notice consultable en ligne.
Musée national des beaux-arts du Québec, numéro d’inventaire 1968.202, Walker, Horatio, Un attelage de bœufs, huile sur carton produite probablement en 1900, notice consultable en ligne.

C’est en 1889 que la vaine pâture sera officiellement abolie, tout en laissant au conseil municipal de la commune le pouvoir de la rétablir, à condition de déterminer l’époque où elle débute et prend fin, les lieux sur lesquels elle s’établit et la part de chaque espèce[1] .

Cette vaine pâture peut être suspendue en cas d’épizootie, de dégel ou de pluies torrentielles. C’est ainsi qu’elle subsiste encore quelques années dans le village. En effet, et en raison de la transformation de l’agriculture, des aménagements sont décidés par le conseil. Ce dernier propose que les « bas prés soient réservés au gros bétail et les hauts prés pour les bêtes à laine qui trouveront ainsi à se rafraîchir ».


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 21, Meyrac, Albert [et alii] ; « La Vaine Pâture », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, partie 1/3, n° 3262, mercredi 22 janvier 1890, p. 2-3 [presse locale ancienne, vues 2/4 et 3/4, consultables en ligne] ; partie 2/3, n° 3263, jeudi 23 janvier 1890, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne] ; partie 3/3, n° 3264, vendredi 24 janvier 1890, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.41, Brascassat, Jacques-Raymond, Trois moutons, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.41, Brascassat, Jacques-Raymond, Trois moutons, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Les vaines pâtures permettent à tous les habitants, propriétaires ou non, de faire paître des bêtes. Pour cela, les propriétaires qui veulent user de ce droit doivent abandonner des surfaces en fonction du nombre et de la qualité des bêtes qu’ils veulent y mettre, alors que tout chef de famille même non propriétaire a le droit à six bêtes à laine, une vache et son veau.


Quelle que soit la nature du troupeau, sa conduite et sa surveillance sont réglementées et confiées à un berger communal choisi par la communauté villageoise, puis par la suite recruté par la municipalité. Ces troupeaux génèrent également des activités autres, tels les peigneurs de laine (Nicolas Goulart en 1702 ou Nicolas Renaulx, qualifié de « lainier » en 1720).

Années des emploisNoms des bergers
1693Jean Langlet
1694Jacques Douet (ou Douette)
1702Pierre Langlet
1714Jean Sonnet et Nicolas Lefébure (ou Lefèvre)
1720Pierre Langlet et Michel Osselet
1725-1731Nicolas Hezette
1742Pierre Vuilmet (ou Vuillemet)
1752Jean Deschamps et Jean Gouverneur
1762-1774Antoine Hezette
Dès le XVIIe siècle, les troupeaux de La Romagne sont gérés de façon communautaire.

Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 998.4.1, Guéry, Armand, Bergerie champenoise, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 998.4.1, Guéry, Armand, Bergerie champenoise, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Lorsqu’ils sont au service d’un particulier aisé, les bergers peuvent conduire de petits troupeaux d’une centaine de bêtes. Dans ce cas, ils perçoivent environ 60 livres de gages pour eux seuls, ou 80 avec leurs chiens. Parallèlement, on ne connaît pas la rémunération du berger communal.  Il ne semble pas que des troupeaux particuliers aussi importants existent à La Romagne. Louis Letellier (vers 1750) en a un qui comporte vingt-cinq bêtes et dont il confie la garde, certainement comme d’autres laboureurs, à Nicolas Carbonneaux. En 1771, Jean Rifflet et Brice Bolle ont leur berger particulier. En 1792, Nicolas Fressancourt est le berger de la communauté de La Romagne. En l’an V[1], c’est Jean-Baptiste Fersancourt puis, en 1798, Noël Fersancourt[2].


[1] L’an V du calendrier républicain correspond aux années 1796 et 1797 du grégorien.

[2] Compte tenu de l’orthographe variable de l’époque, on peut penser que Fressancourt et Fersancourt correspondent à une seule et même famille.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.39, Brascassat, Jacques-Raymond, Mouton bêlant, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.39, Brascassat, Jacques-Raymond, Mouton bêlant, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

L’enquête réalisée à la demande de l’intendant de Champagne dans la subdélégation de Château-Porcien[1], à laquelle La Romagne est rattachée, permet d’en savoir un peu plus sur cet élevage et sur les maladies qui peuvent atteindre le cheptel. Cet animal, désigné communément mouton de Champagne, pèse en moyenne vingt-six livres, ce qui est nettement inférieur à un mouton gras qui, lui, peut peser jusqu’à trente-deux livres. Sa taille est d’un pied et sept pouces et demi. Il n’est cependant pas d’usage dans cette subdélégation d’élever les moutons pour les engraisser et les revendre dans les foires.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons-en-Champagne, C 432 [série C = administrations provinciales, articles C 431-432 = intendance de Champagne, fonds concernant les cultures, les bêtes à laine (1756-1789)].


Le coquelicot (Papaver rhoeas) appartient à la famille des Papavéracées et porte (entre autres) le nom vernaculaire de pavot des champs.
Le coquelicot (Papaver rhoeas) appartient à la famille des Papavéracées et porte (entre autres) le nom vernaculaire de pavot des champs.

Lorsque ces animaux paissent à l’extérieur, les lieux où poussent le pavot, le chéon[1], la trudaine[2] et les sénés sont bons pour eux. Mais aussi pour l’amendement de la terre, qu’ils fument directement. L’hiver, ils sont à l’intérieur, et on leur donne du fourrage d’avoine. Les étables sont généralement vidées deux fois durant la saison froide (en décembre puis en mars). Quand il est vendu, le fumier rapporte 5 ou 6 livres par voiture.


[1] Mauvaise herbe à fleurs jaunes.

[2] Espèce de trèfle à fleurs blanches.


Laine de mouton brute (toison non lavée, en suint).
Laine de mouton brute (toison non lavée, en suint).

Les moutons champenois ne présentent aucune marque distinctive, si ce n’est que certains spécimens ont le ventre chauve, alors que leurs congénères l’ont garni de laine. Cette dernière existe en deux qualités : la fine, que l’on prend sur les flancs et le dos, et la grosse que l’on prend aux cuisses. Cette dernière peut être vendue « en suint » aux environs de 17 sols la livre et, lavée, environ 23 sols pour la même quantité. Elle est acheminée vers Rethel ou Reims, où l’on fabrique des étoffes de qualité moyenne comme certains draps, des espagnolettes[1], des dauphines[2] ou des serges.


[1] Sorte de ratine (étoffe de laine).

[2] Nom d’un petit droguet (étoffe ornée d’un motif) de laine.


Laine de mouton lavée (débarrassée de son suint).
Laine de mouton lavée (débarrassée de son suint).

A La Romagne, le but de l’élevage n’est pas de produire de la viande, mais de la laine : au milieu du XIXe siècle, les deux cent soixante-dix kilos stockés dans le grenier de la ferme Merlin sont estimés à 1300 francs.


2007.0.664
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 2007.0.664, Brascassat, Jacques-Raymond, Brebis et son agneau, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Tout cela n’est possible que si les bêtes échappent à certaines maladies bien spécifiques[1] comme l’araignée[2], le claveau[3] ou le criquet[4]. Pour éviter ces maux, les préoccupations concernant l’hygiène (dont on s’occupe davantage depuis le XVIIIe siècle) s’attachent à éviter que des foyers d’infection ne se constituent dans les bergeries et ne se propagent à tout un village. Les moyens de désinfection sont encore très rudimentaires.


[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], feuillets 53 et suivants.

[2] Maladie qui se manifeste par un gonflement de la tête et des oreilles accompagné d’un dégoût de toute pâture.

[3] Maladie due à un poxvirus, qui se traduit par une fièvre élevée, un écoulement des yeux et du nez.

[4] Maladie qui atteint les moutons, et pousse les bêtes à se manger les pattes.


Pour le XIXe siècle, sans que ce tableau ne soit exhaustif, les différents bergers communaux et particuliers sont :

AnnéesNoms des bergers
1817Jean Louis Roncin
1819Antoine Charles Liverniaux (64 ans)
1826Jean-François Gaudinart
1833Jean-Baptiste Carbonneaux (berger communal cette année-là)
1834Jacques Auguste Mauroy et Pierre Nicolas Durand
1844Basile Bonhomme
1850François Chrétien
1853Nicolas Carbonneaux
Date non préciséeJean Baptiste Noël
1854Pierre Hubert Roncin (berger communal)
Date non préciséePierre-Louis Delaître (berger communal)
1857Sébastien Lebrun (berger communal)
1865Jean-François Ingebos (berger communal)
1866Louis Dupont
1867Louis Sonnet
1869Jean-Baptiste Georges
1871Denis Ingebos
Avant 1875Jean-Baptiste Fay
1880Augustin Lacour
1888Pierre Emile Noël
Les bergers communaux sont chargés de la dépaissance (action de paître ou de faire paître les bestiaux).

Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 936.15.612, Brascassat, Jacques-Raymond, Agneau et études de tête et de patte, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 936.15.612, Brascassat, Jacques-Raymond, Agneau et études de tête et de patte, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Il est à noter que l’on trouve un troupeau assez important à la ferme Merlin, avec deux cent soixante-dix têtes réparties en béliers, agneaux, brebis, moutons et antenais[1] dont des bergers prennent soin jour et nuit : l’inventaire après décès signale que dans les bergeries se trouvent des lits avec draps, couvertures, etc.


[1] Agneaux ou agnelles âgés de douze à quinze mois.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 2007.0.621, Brascassat, Jacques-Raymond, Chevreaux au bord d'une rivière, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 2007.0.621, Brascassat, Jacques-Raymond, Chevreaux au bord d’une rivière, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

Avec la fin de la seconde guerre mondiale et les transformations de l’industrie lainière de Reims qui vont suivre, l’élevage ovin disparaît à La Romagne. Seul un tiers était alors destiné à la boucherie. Le tout petit élevage caprin (pas plus de cinq à sept chèvres) semble avoir été très sporadique. Il s’éteint lui aussi.


Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d'inventaire 922.15.8, Troyon, Constant, Vache paissant près dune rivière bordée de saules, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.
Musée des Beaux-Arts (Reims), numéro d’inventaire 922.15.8, Troyon, Constant, Vache paissant près dune rivière bordée de saules, notice consultable en ligne sur le portail officiel des musées de Reims. Crédits photographiques : © Christian Devleeschauwer.

La présence de bovins se trouve attestée dans de nombreuses familles villageoises, qui en possèdent en général un à cinq. On ne peut donner leur race, les descriptions qui en sont faites se contentant de donner la couleur du poil : ainsi en est-il pour trois des quatre vaches âgées de quatre à quatorze ans possédées par Louis Letellier, dont deux sont « à poil noir » et une « à poil rouge ». Souvent, une ou plusieurs vaches sont données et inscrites parmi les donations faites lors de la signature d’un contrat de mariage.


Palazzo Pitti (Florence), Galleria Palatina, numéro d'inventaire 42 (1912), Le Pérugin, Marie-Madeleine [Maria Maddalena en italien], huile sur bois de la Renaissance italienne (1500 environ). Fêtée le 22 juillet, Marie-Madeleine est (entre autres) la patronne des gantiers et des tanneurs.
Palazzo Pitti (Florence), Galleria Palatina, numéro d’inventaire 42 (1912), Le Pérugin, Marie-Madeleine [Maria Maddalena en italien], huile sur bois de la Renaissance italienne (1500 environ). Fêtée le 22 juillet, Marie-Madeleine est (entre autres) la patronne des gantiers et des tanneurs.

Une réglementation précise que les vaches doivent être tenues à l’étable depuis Pâques jusqu’à la « Sainte-Magdelaine » (22 juillet) et ne point passer par les terres grasses après une grosse pluie. Elles ne doivent pas approcher les terres ensemencées plus près que trois verges. Dans tous les cas, le vacher est tenu pour responsable des dégâts.


Les virologues et bactériologistes Friedrich Löffler et Paul Frosch ont découvert en 1898 que la fièvre aphteuse est une maladie virale.
Les virologues et bactériologistes Friedrich Löffler et Paul Frosch découvrent en 1898 que la fièvre aphteuse est une maladie virale.

Le bouvier craint toujours que ses bovins ne tombent malades de langueur ou du laron[1], sans compter que, lorsque ces maladies sont jugulées, il faut traiter la fièvre aphteuse.


[1] Maladie du charbon sans siège déterminé.


Vache des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Vache des Ardennes, repérage topographique des environs de La Romagne effectué le samedi 10 avril 2010. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Ce n’est qu’avec le développement de l’élevage laitier ou boucher que des troupeaux plus importants se forment : en 1773, il n’y a que quatre-vingt-neuf bêtes à cornes pour une population d’environ deux cent cinquante habitants. Un siècle et demi plus tard, la population ayant été divisée par deux, il y en a trois cent vingt, dont deux cents vaches laitières et cent vingt veaux et bœufs produits pour la viande.


Bidon de métal utilisé pour la collecte du lait.
Bidon de métal utilisé pour la collecte du lait.

En 1940, juste avant l’exode, le plus gros troupeau compte trente-six bêtes et se compose de quatorze vaches laitières, quinze bêtes d’un à deux ans, six génisses de plus de deux ans et un taureau.

Compte tenu des déclarations de sinistre faites par les éleveurs après le départ des troupes allemandes, il faut noter leur courage et leur travail pour reconstituer un cheptel qui comptera plus de quatre cents têtes en 1954. Les plus petites laiteries locales ont alors tendance à disparaître. Elles sont remplacées pour le ramassage et le traitement du lait par la laiterie Moreau de Rouvroy-sur-Andy, qui reste minoritaire : la majorité de la collecte est effectuée pour son usine de Résigny par la Sopad (groupe Nestlé). Tous l’appellent plus familièrement alors « la Maggi ».


Museo del Prado (Madrid), numéro d'inventaire P002049, Bosch, Jérôme, la Tentation de saint Antoine, [le Petit saint Antoine], huile sur panneau datée d'après 1490 [mouvement primitif flamand]. Saint Antoine est le protecteur des animaux d’élevage en général et du porc en particulier.
Museo del Prado (Madrid), numéro d’inventaire P002049, Bosch, Jérôme, Tentation de saint Antoine, (Petit saint Antoine), huile sur panneau datée d’après 1490 (mouvement primitif flamand), notice consultable en ligne sur le site officiel du musée. Saint Antoine est le protecteur des animaux d’élevage en général et du porc en particulier.

Le porc et les volailles font partie d’un « élevage familial » : le premier, souvent conservé par salaison, apporte de la viande tout au long de l’année. Pour mieux nourrir les cochons, on les mène à la glandée dans les bois de chênes. Celle-ci fait l’objet d’un bail et d’une mise aux enchères, comme les coupes de bois. L’adjudicataire doit fournir une bonne caution, et s’engager à respecter un certain nombre de règles pour le marquage et la garde des porcs. L’original de la marque est déposé au greffe pour éviter les fraudes.

La glandée est permise durant trois mois, du 1er octobre au 1er janvier[1], alors que dans les forêts royales elle est autorisée jusqu’au 1er février. Tout l’art de cet élevage est d’éviter que les cochons ne soient atteints de la gourme[2] ou du « feu de saint Antoine[3] ».


[1] Archives du Palais princier de Monaco, T 668, ancien 83 [série T = archives du Rethélois et trésor des chartes du duché de Rethel-Mazarin, cotes T 655-672 = partie XIV (baronnie et comté de Rozoy), ensemble de documents concernant Rocquigny (1621-1790)].

[2] Maladie des voies respiratoires très contagieuse.

[3] L’ergotisme affecte l’humain ou les animaux herbivores.


Tuage du cochon dans la cour de monsieur Maurice Druart en 1940  (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).
Tuage du cochon dans la cour de monsieur Maurice Druart en 1940 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).

Par la suite, l’élevage porcin se fait exclusivement à la maison : l’abattage donne lieu à un échange convivial avec le voisinage, car peu de bêtes sont destinées à la boucherie (15% en 1938). On distribue la « charbonnée », composée en partie du boudin (produit fragile qui se conserve peu) et de quelques côtelettes. Cette tradition ne peut avoir lieu lors des deux guerres mondiales, car la possession de deux porcs ou plus entraîne une réquisition. Il n’est possible d’en garder qu’un seul, ce qui n’assure pas toujours la consommation annuelle de la famille.


Le dindon rouge des Ardennes est une race rustique de gallinacé.
Le dindon rouge des Ardennes est une race rustique de gallinacé.

Quant à la basse-cour, elle est assez importante chez les laboureurs. Celle de Louis Letellier comprend plus d’une centaine de gallinacés et « poulets d’Inde[1] », mais le plus souvent c’est une petite basse-cour familiale qui assure la production d’œufs et le nécessaire pour améliorer l’ordinaire.


[1] Nom que l’on donnait autrefois aux dindes.


Les pots émaillés en grès sont utilisés dans les campagnes pour prolonger la conservation des œufs.
Les pots émaillés en grès sont utilisés dans les campagnes pour prolonger la conservation des œufs.

Les ménagères savent conserver le surplus de la production d’été pour faire face à la période hivernale en plongeant ces œufs dans un grand pot de grès contenant du silicate. Elles utilisent à partir des années cinquante un produit se présentant sous la forme d’une savonnette ronde : le combiné Barral (à base de chaux).

Musée de la Vie rurale (Steenwerck), numéro d'inventaire 2018.0.00112, carton de conservateurs pour œufs, combiné Barral, notice consultable en ligne sur le portail de l'association Proscitec (patrimoine et mémoires des métiers).
Musée de la Vie rurale (Steenwerck), numéro d’inventaire 2018.0.00112, carton de conservateurs pour œufs, combiné Barral, notice consultable en ligne sur l’inventaire des musées de l’association Proscitec (patrimoine et mémoires des métiers).

Le coloris des poules rousses (nom générique) varie du plus clair au plus foncé.
Le coloris des poules rousses (nom générique) varie du plus clair au plus foncé.

Cet élevage présent dans presque toutes les familles est parfois « sacrifié », par exemple pour clore les récoltes, pour les repas dominicaux, ceux de la fête patronale (où se retrouvent parents, enfants, petits-enfants), ou pour offrir un repas à toute la famille, venue parfois de loin pour les obsèques de l’un de ses membres.

La volaille est le domaine réservé de la femme : lorsque celle-ci vend au coquassier ambulant des œufs ou quelques poulets, l’argent qu’elle en tire constitue souvent sa cagnotte.

Poule cailloutée (coloris noir panaché de blanc).
Poule cailloutée (coloris noir panaché de blanc).

L'animal aux longues oreilles entre dans plusieurs recettes traditionnelles du terroir ardennais (tourtes, pâtés de croûte, civets).

Pâté de lapin ardennais
L’animal aux longues oreilles entre dans plusieurs recettes traditionnelles du terroir ardennais (tourtes, pâtés de croûte, civets, gibelottes).

Mais il faut croire que ces petites basses-cours sont l’expression d’une trop grande liberté pour les Romanais, car, lors de la seconde guerre mondiale, les Allemands obligent les habitants à en dresser l’inventaire : c’est ainsi que l’un des villageois déclare qu’il a cinq poules pondeuses, un coq et trois lapins[1]. Une richesse probablement intolérable pour ces occupants !


[1] Archives départementales des Ardennes, 10O, [série O = administration et comptabilité communales, sous-série 10O = dossiers d’administration communale].

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Cours d’eau et cultures humides à La Romagne


Ruisseau du Moulin Garot (vue générale), repérage des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Moulin Garot (vue générale), repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

La Romagne a un réseau hydraulique constitué de nombreuses sources et de plusieurs cours d’eau, dont on peut citer quelques exemples :

  • Le ruisseau du Moulin Garot tire son nom du lieu-dit. Il est parfois dénommé ruisseau de Givron ;
  • Le Long Ruisseau ou ruisseau de Mainby prend sa source à la Fontaine aux Pous et se jette dans le ruisseau des Woicheux.
  • Ce dernier jaillit au Bois Diot et se déverse dans la Draize, qui naît près de la Cour Avril et passe à proximité du village.
Ruisseau du Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Woicheux, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Source Ravignon, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Source Ravignon, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Quoique le terroir soit largement irrigué, chacun veille à ce que l’eau ne soit pas détournée, sans quoi le contrevenant s’expose à quelques ennuis. C’est le cas pour Jean Baptiste Bienfait : ce dernier a capté, au détriment des religieux de la Piscine, le ruisseau qui coule sur leur terre, afin de le faire passer sur les siennes et assurer ainsi une bonne alimentation de ses terres empouillées[1]. La réaction est rapide, d’autant que cette dérivation modifie l’écoulement des eaux, provoquant temporairement l’inondation du chemin bordant ces pièces. L’homme est sommé de « remettre les choses en l’état » et, pour échapper à un procès, il accepte en plus « d’entretenir ledit chemin pratiquable[2] dans la nature de chemin et de garantir ledit pré de messieurs les religieux des dommages qui pourraient y survenir[3] ».


[1] Empouiller : ensemencer ou garnir une terre.

[2] Sic, c’est-à-dire praticable.

[3] Bibliothèque Carnegie, ms. 2450, Mémoire détaillé de tous les biens de la manse conventuelle de l’abbaye de Chaumont-la-Piscine achevé en 1771, manuscrit consultable en ligne sur la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) élaborée par l’IRHT-CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes), acte passé le 26 mai 1774 par devant maître Fréal, notaire royal en Vitry et Vermandois, résidant et demeurant en Chaumont-en-Porcien, folio 673, vue 361/521 [Nota bene : bien que le codex soit censé s’interrompre selon son incipit en 1771, des mentions ont été portées postérieurement à cette date].


Panier traditionnel en osier brut.
Panier traditionnel en osier brut.

L’abondance de l’eau est fort utile, tant pour les hourliers (ou oseraies) que pour la culture du chanvre, dont l’apogée se situe à la fin du XVIIIe siècle. La plupart des ménages habitant le village possèdent une chènevière (ou chanvrière), tout comme le curé de La Romagne qui a, outre une somme fixe sur son église, deux arpents de prés et deux chènevières louées dont il tire un revenu de 60 livres[1].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 267/1 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, articles 2G 267-268 = doyenné de Rethel (1248-1790)], Supplément à ce qui manque aux éclaircissements donnés sur les cures du doyenné de Rethel.


Cordage en chanvre.
Cordage en chanvre.

Ce sont, le plus souvent, de petites pièces de dix à douze verges, ce qui montre le morcellement des terres. Cette culture demande des soins particuliers. La plante se sème au mois de mai, et se récolte en août pour le chanvre mâle. Ce dernier, dépourvu de graines, fournit une filasse de qualité supérieure destinée à la confection de chemises. Le chanvre femelle en donne une de qualité inférieure, que l’on utilise pour les cordages ou les couches des nourrissons.  C’est après la récolte que la présence d’eau est indispensable, afin de faire tremper les tiges pour pouvoir séparer la fibre de la paille.


Ruisseau du Rouage, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.
Ruisseau du Rouage, repérage topographique des lieux-dits de La Romagne effectué avec monsieur Christian Beltrami le jeudi 13 mai 2021. Crédits photographiques : © 2020 laromagne.info par Marie-Noëlle ESTIEZ BONHOMME.

Au début du XVIIe siècle, les paysans sont soumis à un règlement de police rappelé en 1663[1], qui stipule que « les chanvres ne doivent point être mis rouis dans la rivière parce que la pêche en est ruinée et la boisson malsaine, mais dans un fossé ou marais du lieu » et qu’il faut veiller à « ne les seicher[2] jamais au four et cheminée, crainte d’accident de feu, mais dans les rues au soleil et au vent » (article XXXII). Ils creusent donc des fosses à proximité des cours d’eau. Ces endroits dans lesquels le chanvre trempe prennent le nom de roises[3]. La toponymie des villages environnants l’atteste puisque l’on trouve :

  • à La Romagne, la Côte des Roises ou le Pré des Roises ;
  • à Montmeillant, le Fossé Rouge ;
  • à Rocquigny, les prés de la Chènevière[4].

[1] Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.

[2] Sic, c’est-à-dire sécher.

[3] Sorte de trou rempli d’eau servant pour le rouissage du chanvre.

[4] Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-LC20-173, Taine, Michel, « Balade cadastrale :  la culture du chanvre » in Terres Ardennaises : revue d’histoire et de géographie locales, Charleville-Mézières : Fédération des œuvres laïques, 1982-, n° 78, mars 2002, p. 25-35.


Après le rouissage[1], de nombreuses opérations sont nécessaires : séchage, broyage, teillage[2], peignage. Le filage, occupation des femmes durant l’hiver, est confirmé par la présence d’un ou plusieurs rouets dans chaque maison, selon les inventaires après décès. Le tissage est l’œuvre de tisserands. On en dénombre quelques-uns au cours du XVIIIe siècle grâce aux impositions. La toile produite, robuste et rêche, constitue la base du linge de maison ou de corps.

AnnéesTisserands
1712Jean Gorget l’aîné
1714Jean Georget l’aîné et Jacques Boudesocq
1721Jacques Boudesocq
1737/1742Jacques Boudesocq et Jean Lahay
1770/1774Jean Trippier et Jean Baptiste Deligny
Quelques tisserands de La Romagne au XVIIIe siècle.

[1] Immersion totale des tiges de chanvre dans l’eau.

[2] Opération qui consiste à enlever la partie ligneuse du chanvre.


Valise en osier typique des années 1920 utilisée pour les voyages.
Valise en osier typique des années 1920 utilisée pour les voyages.

La présence de nombreux rus a aussi pour conséquence que les terroirs romanais et de Rocquigny sont couverts d’osiers et permettent la fabrication de paniers. Une oseraie bien entretenue peut durer de cinquante à quatre-vingts ans, en fonction des soins du terreautage[1].  Un mandelier[2] présent dans un registre des tailles du village en 1702 atteste la pratique de ce métier. Cette culture perdure jusqu’au XXe siècle, tant que les maisons de champagne, principal débouché pour cette culture, utilisent cette matière pour leurs emballages.


[1] Rechargement en terre du pied d’osier.

[2] Vannier.


Creusement de puits à La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).
Creusement de puits à La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Malherbe).

Outre ces nombreux petits ruisseaux, de multiples sources sont disséminées sur tout le terroir. Avant l’arrivée de l’eau courante, chacun se la procure grâce à un puits pour alimenter son foyer, si bien qu’au XIXe siècle, on en compte dans chaque hameau, et une cinquantaine dans le village. L’un des derniers creusés est celui du presbytère. A défaut de soleil, La Romagne a eu l’ingéniosité de transformer son climat humide en une richesse locale.

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Les sages-femmes de La Romagne, personnages incontournables


Bibliothèque nationale de France, NUMM-9766051, Le Boursier Du Coudray, madame, Abrégé de l'art des accouchemens, dans lequel on donne les préceptes nécessaires pour le mettre heureusement en pratique [...] par madame Le Boursier Du Coudray, ancienne maîtresse sage-femme de Paris, Paris : chez la Veuve Delaguette, 1759, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-TE121-43, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, NUMM-9766051, Le Boursier Du Coudray, madame, Abrégé de l’art des accouchemens, dans lequel on donne les préceptes nécessaires pour le mettre heureusement en pratique […], Paris : chez la Veuve Delaguette, 1759, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-TE121-43, consultable en ligne sur Gallica.

En dehors du curé, des marguilliers et du maître d’école, la vie de la paroisse est liée aux sages-femmes ou « belles-mères », car les naissances sont nombreuses. En ce qui concerne celles qui ont été présentes à La Romagne, nous ne savons que peu de choses et ignorons même le plus souvent leur identité, sauf pour quelques-unes d’entre elles. Celle qui exerce en 1663 se nomme Hélène Legros[1], tandis que celle qui aide aux accouchements en 1756 est Marie-Catherine Bellomé ou Bellommé, ainsi que le signale le curé dans un acte de naissance[2].


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2 G 252 page 212 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].

[2] Archives départementales des Ardennes, 5 Mi 7 R 40 [série Mi = reproductions d’archives sous forme de microfilms, sous-série 5 Mi = microformes d’état civil réalisés par Family History Library, la société généalogique de Salt Lake City].


Bosse, Abraham, l'Accouchement, troisième planche d'une suite de six intitulée le Mariage à la ville. scène de genre, eau-forte et burin, 1633, consultable en ligne sur le portail des expositions virtuelles de la Bibliothèque nationale de France.
Bosse, Abraham (graveur), l’Accouchement, troisième planche d’une suite de six intitulée le Mariage à la ville. scène de genre, eau-forte et burin, 1633, consultable en ligne sur le portail des expositions virtuelles de la Bibliothèque nationale de France.

En 1772, c’est Marie Langlet qui assiste les mères pour les enfantements. En revanche, à Montmeillant au même moment, il n’y en a pas et le curé reçoit l’ordre d’en faire élire une au plus vite[1]. Tout comme pour le maître d’école, la présence de la sage-femme n’est attestée dans les diverses visites pastorales qu’à partir de 1745. Cette année-là, elle est présente « physiquement » lors de l’inspection du vicaire et « instruite sur les devoirs de son ministère », selon le procès-verbal.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2 G 252 page 213 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].


Musée Flaubert et d'histoire de la médecine (Rouen), numéro d'inventaire 2004.0.58.7, machine de Madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l'enseignement de l'art des accouchements, les jumeaux, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.
Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen), numéro d’inventaire 2004.0.58.7, machine de Madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l’enseignement de l’art des accouchements, les jumeaux, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.

Le baptême administré par la sage-femme ne doit l’être que dans un cas bien précis, « la crainte qu’on n’aurait pas le temps de porter l’enfant à l’église » ; la lecture des registres ne fait apparaître que quelques cas de « baptême à la maison », et concerne les enfants nés d’un même couple. La sage-femme administre le baptême les 5 février 1753, 21 mars 1754 et 8 mai 1756 aux trois enfants du couple formé par Raulin Boudsocq et Marie Monnoy, puis en 1760 aux « enfants gémellaires » de Jean-Baptiste Tellier et Marguerite Pagnier. L’urgence de cet acte est avérée, puisque ces jumeaux décèdent le premier jour.

De même, celle qui exerce en 1774 est « bien instruite pour administrer en cas de nécessité le baptême mais elle n’a pas prêté serment ». Celle de 1783 n’est pas « jurée » mais « on ne se plaint pas » de celle qui « fait les fonctions ».


Ce portrait de Charles-Maurice Le Tellier par Robert Nanteuil en 1663 montre l'homme d'Eglise avant qu'il ne soit archevêque-duc de Reims de 1671 à sa mort. L'ecclésiastique évoque les sages-femmes dans le rituel qu'il a renouvelé et augmenté.
Ce portrait de Charles-Maurice Le Tellier par Robert Nanteuil en 1663 montre l’homme d’Eglise avant qu’il ne soit archevêque-duc de Reims de 1671 à sa mort. L’ecclésiastique évoque les sages-femmes dans le rituel qu’il a renouvelé et augmenté.

L’absence de documents particuliers au village ne permet pas d’en savoir plus sur le nom et le choix des maïeuticiennes, mais on peut penser que celui-ci se fait en fonction des instructions données dans le rituel de la province ecclésiastique de Reims [1], car les évêques ou les archevêques souhaitent « qu’il y ait une sage-femme pour chaque paroisse ». Ainsi, lorsque le choix d’une accoucheuse s’avère nécessaire, le curé doit réunir les femmes les plus honnêtes et les plus vertueuses et les avertit « d’élire celle qu’elles croiront la plus fidèle et la plus propre à exercer cette fonction ».

Ensuite, le curé lui enseigne « la véritable forme du baptême », lui fait prêter le serment selon la formule qui est dans le rituel. En outre, il l’avertit « de ne baptiser aucun enfant que dans la nécessité et en présence de deux femmes dont la mère de l’enfant si cela est possible ».  Si l’on se réfère à ces directives, on constate qu’à aucun moment il n’est question d’instruction professionnelle : la sage-femme est une simple matrone dont les conditions de vie sont très médiocres, et qui est peu rémunérée. Un accouchement payé, ce qui est loin d’être toujours le cas, l’est pour 30 sols (environ 25 euros de nos jours).


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, R Thi 402, Église catholique (auteur), Rituel de la province de Reims, renouvelé et augmenté par monseigneur Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims, Paris : Frédéric Léonard, 1677, 643 p.


Musée Flaubert et d'histoire de la médecine (Rouen), numéro d'inventaire 2004.0.58.1, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l'enseignement de l'art des accouchements, partie inférieure du corps d'une femme, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.
Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen), numéro d’inventaire 2004.0.58.1, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l’enseignement de l’art des accouchements, partie inférieure du corps d’une femme, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.

Le plus souvent, la sage-femme est assez âgée, mariée ou veuve d’un laboureur. Il faut attendre que le roi Louis XVI s’émeuve de tous les accidents qui surviennent lors des accouchements pour que l’on ouvre des cours publics et gratuits dans les diverses provinces afin de former les sages-femmes.


Musée Flaubert et d'histoire de la médecine (Rouen), numéro d'inventaire 2004.0.58.11, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l'enseignement de l'art des accouchements, appareil génital féminin représenté avec tous ses organes en taille naturelle en dehors de la grossesse, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.
Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen), numéro d’inventaire 2004.0.58.11, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l’enseignement de l’art des accouchements, appareil génital féminin représenté avec tous ses organes en taille naturelle en dehors de la grossesse, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.

Ainsi, elles seront « à même d’éviter des erreurs souvent fatales » et elles sauront aussi « faire appel au secours d’un chirurgien habile[1] ». Si l’on ne sait rien de la formation de la sage-femme de La Romage en 1774, on apprend que celle qui exerce à Chaumont-Porcien est « aux écoles » à Château-Porcien, preuve que la formation commençait à se répandre. Une correspondance entre l’intendant de Châlons monsieur Rouillé d’Orfeuil et le subdélégué de Château-Porcien concerne l’envoi du « sieur Colombier chirurgien à Château pour suivre le cours d’accouchement de Madame Ducoubry [sic, c’est-à-dire Du Coudray] et faire l’emplette de sa machine ».


Angélique Marguerite Le Boursier Du Coudray est la première sage-femme à enseigner en public l'art des accouchements. Elle promeut le remplacement des matrones autodidactes par des praticiennes formées.
Angélique Marguerite Le Boursier Du Coudray est la première sage-femme à enseigner en public l’art des accouchements. Elle promeut le remplacement des matrones autodidactes par des praticiennes formées.

Ce même sieur Colombier va ouvrir ensuite un cours gratuit pour l’instruction de huit sages-femmes. Ce document indique également que d’autres suivent ce cours entre le 3 janvier et le 1er février 1774. Un autre enseignement est dispensé la même année à Rethel par le docteur Jacques Télinge, qui en organise d’autres en 1775 et 1778.


[1] Bibliothèque nationale de France, document numérique, NUMM-6257391, Gosset, Paul, Les sages-femmes du pays rémois au XVIIe et au XVIIIe siècle : notes publiées à l’occasion du centenaire de la maternité de l’hôpital civil de Reims (6 avril 1809), Reims : Matot-Braine, 1909, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France 8-T3-229, consultable en ligne sur Gallica.


Musée Flaubert et d'histoire de la médecine (Rouen), numéro d'inventaire 2004.0.58.3, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l'enseignement de l'art des accouchements, fœtus à sept mois dans sa matrice, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.
Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen), numéro d’inventaire 2004.0.58.3, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l’enseignement de l’art des accouchements, fœtus à sept mois dans sa matrice, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.

Par la suite, l’activité des sages-femmes est davantage formalisée. Un nouveau règlement rendu pour elles par les officiers au bailliage royal et siège présidial de Reims en juin 1787 renforce les règles édictées dans le précédent du 30 août 1782 : il interdit en particulier l’exercice de l’art des accouchements « à toutes les personnes à moins qu’elles n’aient assisté exactement et pendant le temps nécessaire aux leçons qui se donnent gratuitement dans les lieux les plus voisins de leur domicile et à celles qui ne seraient pas munies de lettres de capacité délivrées à la suite de ces cours, ni en possession d’un certificat de bonne vie et mœurs délivré par le curé de la paroisse de leur domicile ».


Musée Flaubert et d'histoire de la médecine (Rouen), numéro d'inventaire 2004.0.58.8, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l'enseignement de l'art des accouchements, tête d'un enfant mort, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.
Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen), numéro d’inventaire 2004.0.58.8, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l’enseignement de l’art des accouchements, tête d’un enfant mort, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.

Pour encourager les sages-femmes à s’instruire, ou pour susciter quelques vocations, des mesures sont prises comme des exemptions d’impôts, en particulier les tailles pour elles et leur mari. Petit à petit, l’instruction donnée va permettre une amélioration de la vie de la mère et du nouveau-né. Trop de femmes meurent en couches ou de leurs suites. Quant à la mortalité néo-natale, elle est aussi très importante. Il n’est pour s’en persuader que de lire les registres paroissiaux : ce ne sont parfois que quelques heures ou quelques jours qui séparent la naissance, le baptême et le décès. C’est aussi pour le royaume une perte infinie de sujets.


Musée Flaubert et d'histoire de la médecine (Rouen), numéro d'inventaire 2004.0.58.2, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l'enseignement de l'art des accouchements, fœtus à terme, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.
Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen), numéro d’inventaire 2004.0.58.2, machine de madame Du Coudray, mannequin utilisé pour l’enseignement de l’art des accouchements, fœtus à terme, 2e moitié du 18e siècle, notice consultable en ligne sur le portail des collections du Réseau des musées de Normandie.

En l’an III, la sage-femme est Marie Mauroy. A moins d’une homonymie, il s’agit probablement de l’épouse de Sébastien Dourlet, décédée à La Romagne le 2 messidor an X.

Quelques noms apparaissent encore après cette période : Marie-Anne Bolommé ou Bonnomet (qui serait la femme de Hubert Sonnet) aurait tenu cette fonction avant l’an IX. De 1816 jusque 1822 au moins, on trouve Cécile Grandvalet. Ensuite, vers 1827, c’est Françoise Créquy de Rocquigny qui s’occupe des parturientes de La Romagne. Enfin, en 1835, Agnès Eléonore Davaux (épouse de François Xavier Lallement), habitant La Romagne, remplit « les fonctions à défaut d’autre ».


Bibliothèque nationale de France, NUMM-1175483, Le Boursier Du Coudray, madame, Abrégé de l'art des accouchemens, dans lequel on donne les préceptes nécessaires pour le mettre heureusement en pratique Paris : Vve Delaguette, 1759, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-TE123-738, consultable en ligne sur Gallica.
Bibliothèque nationale de France, NUMM-1175483, Andrieu, mademoiselle (sage-femme), Du Rôle de la sage-femme dans la société, par Mlle Andrieu, Paris : imprimerie de Alcan-Lévy, 1889, texte numérisé d’après l’original de la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-TE123-738, consultable en ligne sur Gallica.

Aucune donnée ultérieure concernant la présence d’une sage-femme à La Romagne n’a pu être trouvée dans l’état actuel des recherches. Il semblerait que l’officier de santé de Rocquigny ait été de plus en plus sollicité, avant de laisser la place à un médecin.

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Poste, télégraphe et téléphone à La Romagne


Le roi Louis XI est le créateur de la poste d'Etat.
Le roi Louis XI est le créateur de la poste du roi par relais (journée du timbre 1945).

Le service de la poste est un service très ancien, dont la création remonte à 1477 sous le règne de Louis XI. Cet établissement a un double but : l’acheminement des dépêches et des voyageurs. Il perdure jusqu’après la Révolution. Le bureau de poste desservant alors La Romagne et les villages environnants est, soit celui de Wasigny (comme l’indique le curé dans l’enquête paroissiale de 1774), soit celui de Rethel. Ce dernier est l’un des sept existant pour le secteur ardennais depuis 1700. Ensuite, et selon l’importance de la paroisse, le courrier est distribué une ou deux fois par semaine

Le blason communal de Wasigny (Ardennes) est écartelé aux un et quatre d’argent au loup courant de sable, aux deux et trois d’azur à la gerbe de blé d’or.
Le blason communal de Wasigny (Ardennes) se décrit comme écartelé aux un et quatre d’argent au loup courant de sable, aux deux et trois d’azur à la gerbe de blé d’or.

Un facteur rural en 1830, journée du timbre, émission premier jour du 18 mars 1968 à Charleville-Mézières.
Un facteur rural en 1830, journée du timbre, émission premier jour du 18 mars 1968 à Charleville-Mézières.

A partir de la Révolution, la marque de l’origine du département figure sur la lettre et ce sera le chiffre 7 qui l’identifiera jusqu’en 1875, date à laquelle il est remplacé par le nom du département. D’autre part, le bureau d’où part le courrier est distingué par un autre numéro. A partir de 1835, le bureau de Chaumont-Porcien est créé et porte le n° 825. En 1866, celui de Rocquigny ouvre. Ce sont ces deux- là qui successivement ont desservi La Romagne.

Le développement de l’instruction primaire et la suppression de la taxe des lettres, établie d’après la distance au profit d’une taxe fixe et uniforme, vont petit à petit accroître le volume du courrier. Lors de leurs tournées, les facteurs ruraux se doivent d’avoir sur eux en permanence des timbres, afin que tous puissent s’en procurer facilement.

Ces agents postaux ou « piétons » existent depuis la Révolution : le citoyen Jean-Baptiste Canon assure ce service pour La Romagne. Jusqu’à l’installation des boîtes aux lettres, c’est à eux que l’on confie le courrier à expédier. Leur tâche est pénible, puisqu’il leur faut parcourir chaque jour de longs trajets, et ce quel que soit le temps. Il n’en est pour preuve que le fait divers suivant : le 25 mai 1846, vers 10 heures du matin, Gérard Peltier âgé de 37 ans fait sa tournée dans le village. Il se présente au domicile d’Hubert Laroche, où il décède brutalement. Est-il victime d’une très grande fatigue, de chaleur précoce ou d’un malaise ? Rien ne permet d’avancer une explication.

Plaque de facteur rural du service des postes.
Plaque de facteur rural du service des postes.

Le facteur rural dans la grand-rue de La Romagne , carte postale ancienne (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur René Malherbe).
Le facteur rural dans la grand-rue de La Romagne (Ardennes), carte postale ancienne (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe).

Jusqu’en 1897, les facteurs ruraux sont rémunérés proportionnellement à l’étendue du parcours effectué, qui peut aller jusqu’à 32 km. Mais ce cas est assez peu répandu. Au cours de leur vie professionnelle, en fonction de leur avancée en âge, et en raison de leur impossibilité de faire d’aussi grands parcours, ils demandent de plus petites tournées, ce qui fait diminuer leurs salaires. C’est pourquoi une expérience menée au sein de cinq départements, dont celui des Ardennes, aboutit à donner aux facteurs un traitement fixe.

Depuis 1853 environ, il existe un système de voitures de nuit qui font la liaison Rethel Rocquigny pour y déposer le courrier. Un peu plus tard, elles font le tour par Chaumont-Porcien, Wasigny et Novion, avant de rejoindre Rethel. Par la suite, cet acheminement se fait par les trains de marchandises, bien que ceux-ci ne fonctionnent pas tous les jours. C’est pourquoi leur circulation journalière est demandée par les édiles du canton.

Bien que l’on connaisse peu de messagers effectuant la tournée du village, on sait cependant qu’en 1866, c’est Jean-François Devie puis, de 1867 à 1875, François-Pierre Mauroy qui s’en charge.

Un relais de poste (journée du timbre du
Un relais de poste (journée du timbre 1973).

Ancienne boîte aux lettres de La Romagne, située sur le mur de la salle des fêtes (ancienne école), rue des Fondys, photographiée en 2017 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).
Ancienne boîte aux lettres de La Romagne, située sur le mur de la salle des fêtes, rue des Fondys, photographiée en mars 2017 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).

Les bureaux de poste vont se multiplier à partir de 1850 à travers le département. Lorsque les boîtes aux lettres sont installées, une à deux levées sont instaurées chaque jour. Les distributions sont journalières, et ce même le dimanche, comme le confirme une délibération du conseil municipal en juillet 1919.

Or, ces levées et distributions ne donnent pas toujours satisfaction quant à leurs horaires. Diverses propositions et demandes sont faites, sans qu’on ne trouve jamais le bon équilibre.

Boîte aux lettres de La Romagne actuellement en service, située sur le mur de la salle des fêtes (ancienne école), rue des Fondys, photographiée en avril 2021 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).
Boîte aux lettres de La Romagne actuelle, située sur le mur de la salle des fêtes (ancienne école), rue des Fondys, photographiée en avril 2021 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).

La boîte aux lettres de La Romagne a visiblement essuyé pendant de nombreuses années les intempéries typiques des Ardennes. Son état est un indice de la dureté du métier de facteur rural.
La boîte aux lettres de La Romagne a visiblement essuyé pendant de nombreuses années les intempéries typiques des Ardennes. Son état est un indice de la dureté du métier de facteur rural.

Dès 1890, des récriminations s’élèvent : en effet, les dépêches arrivent en gare de Draize – La Romagne vers 6 h 30 pour être acheminées au bureau de  Chaumont  dans la matinée, quoique la distance ne soit que de 6 km. Or, la route est accidentée, les pentes dangereuses pour des voitures à chevaux qui sont, pour la plupart du temps, obligées de circuler au pas.

Les habitants de Chaumont aimeraient bien bénéficier des passages des autres trains à Draize pour avoir un second service de voiture. Ce dernier pourrait également être utile à ceux qui souhaiteraient prendre le train. Ainsi, la voiture ne circulerait jamais à vide et les habitants bénéficieraient d’une possibilité d’une seconde distribution. Cette requête ne semble pas avoir abouti[1] .


Modèle officiel de boîte aux lettres fabriquée pour la poste par la maison Foulon en 1930.
Modèle officiel de boîte aux lettres fabriquée pour la poste par la maison Foulon, en service entre les années 1930 et 1950.

Une fois à Chaumont, le courrier pour Rocquigny et ses environs est trié puis acheminé quelque temps après, ce qui a pour conséquence de mal desservir les commerçants, les notaires, et d’occuper les facteurs ruraux au plus fort de la chaleur en été.

La mise en place d’une organisation stable et rationnelle semble difficile pour l’administration des postes, si l’on tient compte qu’en quelque six mois entre 1907 et 1908, le service a dû faire appel à une dizaine de transporteurs différents pour faire la liaison de la gare de Draize à Chaumont.

En 1931, à des fins d’amélioration, la Poste envisage dans la région de Chaumont-Porcien la création d’un circuit automobile rural qui pourrait satisfaire les communes.


[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 22, « Chronique locale et régionale », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, onzième année, n° 3484, vendredi 5 septembre 1890, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Le service des postes & télégraphes vend des bulletins de communication à partir des cabines publiques.
Le service des postes & télégraphes vend des bulletins de communication à partir des cabines publiques.

En dehors du courrier, un autre moyen de relier les habitants de La Romagne est le téléphone. Le Préfet des Ardennes propose en 1899 un projet d’organisation de réseau départemental. Ceci nécessite la mise en place d’un très important emprunt de 600 000 francs remboursable sur 30 ans. La Romagne pourrait se rattacher à ce projet. Mais elle attendra 1906 pour que cela soit effectif et que ce service assure aussi l’échange des télégrammes.

Emission premier jour représentant le télégraphe Chappe à l'occasion du bicentenaire de cette invention.
Emission premier jour représentant le télégraphe Chappe à l’occasion du bicentenaire de cette invention.

Le premier gérant choisi pour ce service est monsieur Varlet en raison de ses qualités de boulanger, épicier, aubergiste. Le local est l’une des pièces de la maison dans laquelle il exerce déjà. Afin que le service fonctionne sans interruption et sans attente, sa femme est désignée comme suppléante.


Madame Mariette Lesein, gérante de la cabine téléphonique de La Romagne, et monsieur Edmond Lesein (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Eric Lesein).
Madame Mariette Lesein, gérante de la cabine téléphonique de La Romagne, et monsieur Edmond Lesein (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Eric Lesein).

La première guerre mondiale et l’occupation allemande de tous les villages environnants met fin à ce service. Ce n’est qu’en juin 1921 que le bureau de La Romagne, tout comme ceux de Draize et de Givron, est rouvert au public[1].

Parmi les gérants successifs de cette cabine téléphonique, on notera Léon Briard, Gaston Boudsocq, Mariette Lesein née Henri, Adrien Ravignon et madame Van der Beke.


[1] Bibliothèque Carnegie, PER CH Atlas 2, « P. T. T. service téléphonique » [rubrique Ardennes] in Le Courrier de la Champagne : journal de Reims, 20e année, n° 1 (23 janv. 1854)-34e année, n° 4123 (7 mai 1868) ; 34e année (8 mai 1868)-? ; 85e année, n° 1 (30 avr. 1919)-87e année (25 sept. 1921), Reims : [s.n.], 1854-1921, 87e année, dimanche 5 juin 1921, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].


Enveloppe premier jour du centenaire du téléphone.
Enveloppe premier jour du centenaire de l’invention du téléphone par Graham Bell en 1876.

Rares sont les particuliers qui possèdent personnellement une ligne téléphonique jusqu’à l’après-guerre, en dehors des Etablissements Malherbe qui ont été les premiers. En 1954, le téléphone rural automatique est installé à La Romagne. Le développement du fixe et du portable fera disparaître définitivement ces cabines du village.

Photographie de la dernière cabine téléphonique publique de La Romagne prise en avril 2017 (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).Dernière cabine téléphonique publique de La Romagne photographiée en avril 2017 (collection privée, avec l'aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).
Dernière cabine téléphonique publique de La Romagne photographiée en 2017 (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Daniel Sené).
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L’école de La Romagne et l’affirmation de la laïcité


La Romagne (Ardennes), église et école, carte postale ancienne d’Augustin Wilmet, photographe-éditeur à Rethel.
La Romagne (Ardennes), église et école, carte postale ancienne d’Augustin Wilmet, photographe-éditeur à Rethel.

Jusqu’en 1789, l’enseignement primaire est globalement assuré dans les diverses paroisses du Porcien et tout particulièrement à La Romagne mais, avec les troubles révolutionnaires, on assiste momentanément à sa régression.

Les décrets des 30 mai 1793 et 29 frimaire an II (1er décembre 1793) cherchent à réorganiser l’enseignement primaire, et donc à le soustraire aux «  tenants du fanatisme et de la superstition », autrement dit aux religieux. Le décret du 27 brumaire an III, qui prévoit dans chaque département une école pour 1000 habitants, change l’organisation de l’enseignement dans les petits villages.

On en a la confirmation lors de la séance tenue le 11 nivôse an IV à Rocquigny, où l’administration signale qu’il n’y aura désormais plus que quatre écoles pour le canton. La  première se trouve à Rocquigny, chef-lieu du canton. La deuxième est à Rubigny et regroupe les enfants de La Hardoye, Vaux et Wadimont. La troisième, à Mainbressy, accueille les élèves de Mainbresson. La dernière se situe à Librebois (nom donné à Saint-Jean-aux-Bois sous la Révolution) pour les écoliers de ce village, de Montmeillant et de La Romagne.

Le blason communal de Rocquigny est de gueules au chevron accompagné en chef de deux besants et en pointe d'une mâcle le tout d'or.
Le blason communal de Rocquigny est de gueules au chevron accompagné en chef de deux besants et en pointe d’une mâcle le tout d’or.

A la suite de cette décision, l’agent communal de La Romagne fait remarquer que « les élèves de la commune sont dans l’impossibilité de se rendre à Librebois en raison du mauvais état des chemins » et demande qu’un « sous-instituteur » (ce que l’on appellerait de nos jours un instituteur adjoint) soit établi dans la commune. Cette solution est adoptée quelque temps plus tard.

La Révolution n’institue pas la gratuité de l’école, ce qui est un frein considérable pour l’instruction : chaque élève allant en classe doit payer au maître une rétribution annuelle de 25 livres moitié en valeur métallique et moitié en assignats[1], ce qui représente pour certaines familles une somme considérable.

L’assignat est une monnaie mise en place sous la Révolution française.
L’assignat est une monnaie mise en place sous la Révolution française.

Vers 1807, on retrouve à La Romagne une situation identique à celle de l’époque prérévolutionnaire[2], puisque le maître d’école « faute de local réunit les enfants des deux sexes jusqu’à l’âge de 12 ou 13 ans » chez lui.

En 1829, le maire du village François Merlin adresse une lettre au recteur de l’académie de Metz, en réponse à sa demande de renseignements sur les moyens de prouver l’instruction donnée aux enfants de la paroisse de La Romagne. On apprend qu’à cette date le village n’a toujours pas de « maison d’école » mais qu’il en loue une pour la somme annuelle de 50 francs. On y découvre en outre  que «  les filles et les garçons sont séparés pour recevoir cette instruction conformément à l’ordonnance du 27 janvier 1808 [3] ». En 1833, sur les 478 communes que comptait le département, quatre-vingts n’ont pas encore d’école, alors qu’en 1855 Il comptera 428 écoles mixtes.

Le blason communal de Metz est mi-partie d’argent et de sable.
Le blason communal de Metz est mi-partie d’argent et de sable.

[1] Archives départementales des Ardennes, L 1336 [série L = administration et tribunaux de la période révolutionnaire (1790-1800), cotes L 1336-1337 = canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819, fonds concernant les hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales].

[2] Archives départementales de la Moselle, 29J 370 [série J = archives privées, sous-série 29J = évêché de Metz (1093-1999)].

[3] Archives départementales des Ardennes, 7J 43  [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection Guelliot, érudit local].


La première école du village fut construite en 1843 et prit par la suite la dénomination d’école de garçons, puisqu’en 1866, à la suite d’un décret impérial, une école de filles devait ouvrir. Contrairement au cas de Rocquigny, où il y a une école de filles tenue par les religieuses de la Divine Providence de Reims, La Romagne veut absolument avoir deux écoles laïques.

Mademoiselle Marie Eugénie Devie (née le 3 septembre 1833 à La Romagne, décédée le 10 septembre 1864 à Reims), religieuse d’une congrégation féminine enseignante[1], fille de Jean-Baptiste Devie et de Marguerite Virginie Devie, va changer radicalement la situation. Son legs[2] à La Romagne d’une maison située rue Basse (avec ses dépendances), des objets mobiliers qu’elle contient, et d’une rente annuelle de 300 francs, fait l’objet d’une disposition testamentaire[3] très précise : la commune ne pourra disposer des biens qu’à la condition expresse que « la maîtresse choisie devra pratiquer les devoirs de la religion », ce qui ne veut pas dire qu’elle doit être entrée dans les ordres. Mais la frontière est mince…

Sur cette carte postale ancienne de l'église et de la rue Basse, il est possible d'apercevoir la maison léguée par Mademoiselle Marie Eugénie Devie.
Sur cette carte postale ancienne de l’église et de la rue Basse, il est possible de voir la maison léguée par Mademoiselle Marie Eugénie Devie.

Au départ, le conseil municipal ne semble pas s’en réjouir : il craint que ce don ne génère pour la commune des dépenses importantes. Mais, à la suite d’une intervention du sous-préfet, les édiles réexaminent leur position, tout en ayant connaissance des protestations du frère de la donatrice, qui se sent spolié.

Finalement, et après avoir reçu quelques aides départementales en vue de l’équipement de cette école, les élus décident d’accepter cette donation, mais insistent pour que l’institutrice soit laïque. Sur ce point, la municipalité aura gain de cause. Des travaux sont engagés afin que cette maison soit appropriée à sa nouvelle fonction. Le financement en est assuré par la vente du mobilier légué en même temps que le bâtiment. Une souscription et un crédit s’y ajoutent. Compte tenu de la population scolaire dénombrée après le recensement de 1891, la création d’un tel établissement est plus que nécessaire. Cette école fonctionnera jusqu’en 1923.


[1] Les sœurs de l’Enfant-Jésus sont présentes dans le diocèse de Reims.

[2] Archives départementales des Ardennes, 3Q 1583 p. 189 et 3Q 1584 p. 74 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII].

[3] Archives départementales des Ardennes, 3E 14/130 (testament), 3E 14/136 et 3E 14/137 (inventaire), étude de maître Courboin, notaire à Chaumont-Porcien [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E14/1-324 = archives notariales de Chaumont-Porcien et Seraincourt].


Cette carte postale ancienne de la mairie et de l'école est antérieure à la pose du monument aux morts de La Romagne.
Cette carte postale ancienne de la mairie et de l’école est antérieure à la pose du monument aux morts de La Romagne.

Au bout d’une petite quarantaine d’années d’existence, l’école de garçons a besoin de réparations malgré son entretien régulier. Sa façade la plus exposée est finalement couverte d’ardoises. Le chauffage de la classe peut incomber aux communes ou aux élèves, qui doivent alors apporter des bûches (sachant que La Romagne est tenue de fournir et de veiller à l’entretien du poêle et des tuyaux).

Durant l’occupation allemande du village pendant la première guerre mondiale, l’école reste ouverte le plus souvent possible (sauf lorsque des troupes de passage en prennent possession). Elle est fermée par ordre le 19 février 1917, puis occupée à partir du 21 par des troupes qui restent plus de 3 mois.

Ce plan de l'école de La Romagne a prévalu dans l'entre-deux-guerres (mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune).
Ce plan de l’école de La Romagne a prévalu dans l’entre-deux-guerres (mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune).

Il ne semble pas que l’école ait eu à subir de gros dégâts durant cette guerre. Pendant l’année 1919/1920, outre l’enseignement primaire qui s’y déroule, des cours d’adultes et des conférences populaires s’y tiennent. Une enquête en date de 1921, faite auprès de l’instituteur (monsieur Bion) et de l’institutrice (mademoiselle Sinet), permet de mieux connaître la réalité du moment.


L’inspecteur primaire, dès 1922, pense qu’il serait bon de remplacer les deux écoles par une seule qui serait mixte[1]. Ce projet est en opposition avec les vœux d’un conseil municipal, qui s’élève contre une telle décision, et qui essaie de tirer argument de certaines conditions du legs reçu, en particulier à propos de la rente.

Ce représentant de l’inspection, fort d’un arrêté ministériel approuvant la délibération du conseil départemental de l’enseignement primaire des Ardennes relative à cette suppression tient bon. Il propose que, malgré l’opposition de la mairie, une demande soit adressée au ministre pour la suppression de ces deux écoles, en échange de la création d’une école mixte à classe unique. Il souligne toutefois que « si les effectifs futurs le permettaient l’école de filles serait rouverte ».

Le blason départemental des Ardennes est d'azur à la bande d'argent accostée de deux cotices potencées et contre-potencées d'or, surchargées d'un écusson d'argent au sanglier de sable ; au chef de gueules chargé de trois râteaux d'or.
Le blason départemental des Ardennes est d’azur à la bande d’argent accostée de deux cotices potencées et contre-potencées d’or, surchargées d’un écusson d’argent au sanglier de sable ; au chef de gueules chargé de trois râteaux d’or.

Cette promesse n’est qu’un peu de baume donné à ceux qui étaient attachés au passé scolaire du village. Mais cette clause n’a aucune chance de se réaliser, compte tenu du contexte. La décision de cette suppression entraîne aussitôt un conflit entre la municipalité et une habitante, héritière présomptive et déçue, qui prétend que la commune viole les intentions de la testatrice. Le différend est porté devant le tribunal, qui réfute cet argument, et qui souligne que la volonté bien certaine de la testatrice est d’exclure ses héritiers légitimes. L’affaire s’arrête là , et la rente trouve un autre emploi : elle sert désormais à financer un cours d’enseignement ménager de deux heures hebdomadaires, comprenant un cours de cuisine élémentaire et de couture.


[1] Archives départementales des Ardennes, TSUPPL 79 [série T = enseignement général, affaires culturelles, sports, sous-série TSUPPL = fonds supplémentaires].


L'école de La Romagne se trouve dans les bâtiments de la mairie, sur la place principale.
L’école de La Romagne se trouve dans les murs de la mairie. Le conseil municipal se réunit au premier étage du bâtiment.

Quant au bâtiment de l’école des filles, il va devenir, pour un temps, le presbytère de cette paroisse. Dès 1932, la construction d’une nouvelle mairie-école mixte est sérieusement envisagée par la municipalité, mais les instances scolaires  tergiversent et ce projet n’est pas réalisé.

Les dégâts subis par le village en 1940 ont des répercussions tant sur le bâtiment que sur le fonctionnement de l’école. Celle-ci a une seule façade couverte en ardoise et des murs latéraux en torchis. Elle n’a comme seul aménagement que l’électricité. Les dégâts concernent le préau, la salle de classe et sa vitrerie. En effet, le mur mitoyen qui sépare la salle de classe et le logement de l’instituteur est largement percé. La salle du conseil municipal (qui se trouve juste au-dessus de la classe) a elle aussi assez souffert, sans parler de la toiture des toilettes qui est en partie arrachée.


Quoique l’école fonctionne normalement quant à l’enseignement dès le retour de la paix, la restauration du bâtiment n’est plus possible en raison de sa vétusté : plafonds trop bas, murs délabrés, boiseries pourries et cheminées dangereuses. De plus, sa situation à proximité du cimetière (pouvant causer des problèmes d’eau contaminée) et son inadaptation aux normes (manque d’espace par élève, etc.) sont signalées depuis longtemps.

Promesse de vente d'une parcelle de terrain pour la construction de la nouvelle école (mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune).
Promesse de vente d’une parcelle de terrain pour la construction de la nouvelle école (mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune).

En 1949, la décision de construire une école sur un autre emplacement est prise. Pour cela, la municipalité achète deux terrains contigus, dont l’un contient une source qui alimentera l’école en eau potable.

Plan des parcelles de la nouvelle école (mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune).
Plan des parcelles de la nouvelle école (mairie de La Romagne, avec l’aimable autorisation de monsieur René Malherbe, maire de la commune).

La commune confie la réalisation des plans à Robert Gauze, architecte parisien qui va privilégier la luminosité du bâtiment, en multipliant les fenêtres et les ouvertures.

La nouvelle école de La Romagne (inaugurée en 1954) est un lieu lumineux et ouvert sur le village.
La nouvelle école de La Romagne inaugurée en 1954 est un lieu lumineux et ouvert sur le village.

C’est en 1954 que la nouvelle mairie-école est inaugurée, et en 1953 que la dernière promotion d’élèves se réunit avec monsieur René Jonnart dans la cour de l’ancien bâtiment.

La dernière promotion (année scolaire 1952/1953) de l'ancienne école accompagnée de son instituteur, monsieur René Jonnart. Cette photographie de la promotion 1953 se lit de bas en haut et de gauche à droite. Première rangée : Daniel ou Maurice Lavric, Raymond Marandel, Françoise, Cugnart, Yvette Lelong, Martine Mouton, Michel Mauroy, Jean-Michel Taillette, Alain Mouton. Deuxième rangée : Georges Malherbe, [debout], François Lavric, Jean-Claude Milhau, Yves Albertini †, Jean-Michel Guillaume, Alain Ravignon, Michel Lesein, Jean-Michel Milhau, Norbert Lelong. Troisième rangée : Jeannine Courtois, Colette Cugnard, Jacky Ravignon, Michel Marandel. (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Malherbe).
Cette photographie de la dernière promotion (1953) de l’ancienne école de La Romagne, se lit de bas en haut et de gauche à droite. Première rangée : Georges Malherbe [debout], Daniel (ou Maurice) Lavric, Raymond Marandel, Françoise Cugnart, Yvette Lelong, Martine Mouton, Michel Mauroy, Jean-Michel Taillette, Alain Mouton [debout]. Deuxième rangée : monsieur René Jonnart, François Lavric, Jean-Claude Milhau, Yves Albertini †, Jean-Michel Guillaume, Alain Ravignon, Michel Lesein, Jean-Michel Milhau, Norbert Lelong. Troisième rangée : Jeannine Courtois, Colette Cugnard, Jacky Ravignon, Michel Marandel (collection privée, avec l’aimable autorisation de monsieur Georges Malherbe).
Catégories
Métiers Professions Sapeurs-pompiers

Incendies à La Romagne


Les départs de feux sont assez fréquents à La Romagne jusqu’à la première guerre mondiale, compte tenu des matériaux utilisés dans la construction d’une part, et le stockage de paille et de foin d’autre part. Ils permettent également (dans l’inconscient collectif d’une société étroite) des accusations à l’encontre de personnes peu appréciées. Ces griefs ne sont pas toujours fondés, loin s’en faut, ce qui se traduit au XIXe siècle (lorsque ces affaires sont jugées devant les divers tribunaux) par un certain nombre d’acquittements, faute de preuves recevables.

Jusqu’en 1764, les habitants qui avaient le malheur d’être incendiés n’obtenaient pour tout secours que d’être exemptés de taille et de corvées de chemin pendant trois ans. A partir de cette date, l’intendant décide qu’il sera octroyé des secours pécuniaires, à condition que les bâtiments ne soient plus recouverts de paille.


Portrait de monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, cardinal de la Sainte Église romaine, archevêque-duc de Reims (1777-1816).
Monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, cardinal, archevêque-duc de Reims (1777-1816).

Concomitamment, dès 1779 dans le diocèse de Reims, on établit un bureau des incendiés composé essentiellement d’ecclésiastiques. Des quêtes sont faites plusieurs fois par an, afin de pouvoir distribuer dans les paroisses du matériel contre l’incendie (pompes, seaux, échelles, etc.). Elles permettent aussi d’accorder des indemnités pour le changement des couvertures des bâtiments, afin de rendre moins fragiles les maisons et les granges.

Armoiries de monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, cardinal, archevêque-duc de Reims (1777-1816).
Armoiries de monseigneur Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord.

Le 24 mars 1780, Claude Lambert, habitant de La Romagne, perd sa maison et ses meubles. La même année, Jean-Baptiste Bienfait et sa femme sont à leur tour victimes d’un incendie, dans lequel une partie de leurs meubles et effets disparaît. En 1783, ils sont exonérés de taille pour la troisième et dernière année[1]. Vers 1782, un incendié de La Romagne refuse de se conformer aux instructions du bureau des incendiés, relativement à la reconstruction de ses bâtiments : il est privé du secours auquel il avait droit.

Ce n’est pas le seul village à être touché par les incendies : Wasigny en l’espace de quelques mois en est victime deux fois (décembre 1798 et février 1799), Sery est concerné en 1807. Draize en 1832 voit disparaître douze de ses maisons, tandis qu’une dizaine brûle à Saint-Jean-aux-Bois en juillet 1833.


[1] Archives départementales de la Marne, centre de Châlons-en-Champagne, C 953 [série C =  administrations provinciales, cotes C 749-965 = intendance de Champagne, fonds concernant les finances, l’assiette et la répartition des impositions, la taille (1593-1793)].


Armoiries de monseigneur Jean-Charles de Coucy.
Monseigneur Jean-Charles de Coucy, archevêque de Reims (1817-1824).

La première caisse des incendiés née à l’initiative du diocèse avant la révolution pâtit de cette période troublée, mais une institution quelque peu semblable renaît en 1805 sous l’Empire et est renouvelée en 1818 lors de la Restauration. Elle est sous la responsabilité du préfet et sous la protection de l’archevêque de Reims. Elle comprend dans chaque canton un ou plusieurs correspondants : messieurs Beaudet (maire de Remaucourt) et Macquart (juge de paix à Saint-Jean-aux-Bois) le sont durant quelque temps.

Armoiries de monseigneur Jean-Charles de Coucy, archevêque de Reims (1817-1824).
Armoiries de monseigneur Jean-Charles de Coucy.

Tout comme précédemment, il est fait une collecte annuelle : au niveau du canton de Chaumont-Porcien la somme récoltée est d’environ 1100 francs, tout en sachant que cette somme progresse en fonction de l’intérêt croissant des habitants pour cette institution. Dans chaque commune, lorsque la collecte est terminée, l’argent recueilli est versé entre les mains du percepteur. Tout habitant qui a fait une offrande, s’il est victime d’un incendie, reçoit un secours proportionnel à son versement, à condition, s’il s’agit de l’incendie d’un bâtiment, de le recouvrir de tuiles ou d’ardoises lors des réparations. Pour La Romagne, on n’a aucun versement en 1827, mais un en 1828, qui s’élève à 14,75 francs pour 9 participants, alors qu’à Draize on notait 79 participants et 43 à Adon[1].

Les infractions en relation avec le fléau qu’était un incendie étaient dûment répertoriées et faisaient l’objet de poursuites auprès du juge de paix. Plusieurs habitants de La Romagne et de bien d’autres villages se trouvent poursuivis comme l’est un des habitants le 7 avril 1859 pour imprudence et pour « avoir circulé dans les granges avec une chandelle allumée ». Il est condamné à une amende et au paiement des frais. Il n’y a pas, heureusement, de conséquences (justice de paix du canton de Chaumont-Porcien).

Le blason communal de Chaumont-Porcien est d'azur à la croisette surmontée d'un croissant, accosté de deux fleurs de lis et soutenue d'un lion, le tout d'argent.
Le blason communal de Chaumont-Porcien est d’azur à la croisette surmontée d’un croissant, accosté de deux fleurs de lis et soutenue d’un lion, le tout d’argent.

[1] Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 7J 58 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 7J = fonds de l’archevêché de Reims (1637-1963)].


Vers 1860, un incendie éclate un dimanche aux Houïs et l’un des habitants de ce hameau est accusé par certains de ses voisins d’en être l’incendiaire, d’autant qu’il avait souscrit une police d’assurance (ce qui était loin d’être courant à l’époque). Il est arrêté et, après un jugement en cours d’assises, il est acquitté non sans avoir passé plusieurs mois en prison.

Un important incendie entre le 4 et 5 décembre 1895 semble avoir nécessité l’aide des sapeurs-pompiers des villages voisins[1]. Un autre éclate dans la nuit du 4 au 5 janvier 1897 vers minuit et prend dans le grenier à foin d’une maison. Une remise, un cellier, et le grenier au-dessus de celui-ci sont touchés, mais l’incendie a pu être maîtrisé. Les dégâts sont importants et s’élèvent à plus de 1400 francs.

Un autre, dont la cause est inconnue, éclate à la fin de cette même année et ravage des bâtiments à usage de culture, ne laissant indemne que le corps de logis. Les pertes sont importantes (2500 francs) mais couvertes[2].


[1] Archives départementales des Ardennes, compte rendu du conseil municipal en date du 16 août 1896.

[2] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 36, « Chronique locale et régionale », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, n° 6058, 7 décembre 1897, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].


Pompe à bras Champenois (circa 1840) du musée des sapeurs-pompiers Lyon-Rhône.
Pompe à bras Champenois (circa 1840) du musée des sapeurs-pompiers Lyon-Rhône.

Trois mois après, c’est une tentative d’incendie criminel qui vise un Romanais, alors qu’il était absent. En effet, l’incendiaire avait placé une torche allumée dans un tas de bois près du fournil. Mais sa manœuvre est déjouée, grâce à l’intervention d’un habitant qui réussit à éteindre, seul, ce début d’incendie[1].  Un petit incendie éclate le 31 juillet 1906, entrainant la destruction d’une meule de paille appartenant à un cultivateur   qui perd ainsi une somme égale à 130 francs.

Une nouvelle fois, en septembre 1909, c’est un incendie volontaire (selon les dires d’un gamin qui a vu s’enfuir l’auteur des faits vers Draize). Deux meules de paille appartenant à l’aubergiste sont détruites[2]. Le 28 septembre 1910, débute un nouvel incendie à La Romagne. Il est d’une telle violence qu’il dure plusieurs heures, faisant disparaître un bâtiment et son contenu de foin et d’avoine avant de gagner une maison voisine qui s’enflamme à son tour, ce qui nécessite l’intervention de pompiers « étrangers » (entendons d’autres villages)[3]. En mai 1963, un début d’incendie dans l’ancienne école (devenue une salle des fêtes) est très vite éteint, ne causant que quelques dégâts mineurs.

Véhicules de lutte contre l'incendie utilisés actuellement par les sapeurs-pompiers de La Romagne (collection privée, avec l'aimable autorisation de madame Véronique Sené et de monsieur Daniel Sené).
Véhicules de lutte contre l’incendie utilisés autrefois par les sapeurs-pompiers de La Romagne (collection privée, avec l’aimable autorisation de madame Véronique Sené et de monsieur Daniel Sené).

Chacun de ces incendies soulève la nécessité pour les particuliers de s’assurer. Il faudra du temps pour responsabiliser les habitants et faire évoluer les mentalités, mais aussi le concours du législateur et de particuliers, qui font désormais figurer dans des actes notariés de prêt une clause qui garantit que celui-ci est obligatoirement assuré jusqu’à l’extinction de la dette[4].

Casque tradition porté par les sapeurs-pompiers lors des cérémonies.
Casque tradition porté par les sapeurs-pompiers lors des cérémonies.

[1] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 37, « Chronique locale et régionale », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, n° 6157, 18 mars 1898, p.2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].

[2] Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 60, « Chronique locale et régionale », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, n° 10211, 25 septembre 1909, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].

[3] Archives départementales des Ardennes, PERH149, L’Espoir [Texte imprimé] : journal politique, littéraire et commercial de l’arrondissement de Rethel [« puis » journal républicain], n° 10200, 1e octobre 1910, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].

[4]  Archives départementales des Ardennes, 3E14/23 [série E = État civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E14/1-324 = archives notariales de Chaumont-Porcien et Seraincourt].