La Romagne a un réseau hydraulique constitué de nombreuses sources et de plusieurs cours d’eau, dont on peut citer quelques exemples :
Le ruisseau du Moulin Garot tire son nom du lieu-dit. Il est parfois dénommé ruisseau de Givron ;
Le Long Ruisseau ou ruisseau de Mainby prend sa source à la Fontaine aux Pous et se jette dans le ruisseau des Woicheux.
Ce dernier jaillit au Bois Diot et se déverse dans la Draize, qui naît près de la Cour Avril et passe à proximité du village.
Quoique le terroir soit largement irrigué, chacun veille à ce que l’eau ne soit pas détournée, sans quoi le contrevenant s’expose à quelques ennuis. C’est le cas pour Jean Baptiste Bienfait : ce dernier a capté, au détriment des religieux de la Piscine, le ruisseau qui coule sur leur terre, afin de le faire passer sur les siennes et assurer ainsi une bonne alimentation de ses terres empouillées[1]. La réaction est rapide, d’autant que cette dérivation modifie l’écoulement des eaux, provoquant temporairement l’inondation du chemin bordant ces pièces. L’homme est sommé de « remettre les choses en l’état » et, pour échapper à un procès, il accepte en plus « d’entretenir ledit chemin pratiquable[2]dans la nature de chemin et de garantir ledit pré de messieurs les religieux des dommages qui pourraient y survenir[3] ».
L’abondance de l’eau est fort utile, tant pour les hourliers (ou oseraies) que pour la culture du chanvre, dont l’apogée se situe à la fin du XVIIIe siècle. La plupart des ménages habitant le village possèdent une chènevière (ou chanvrière), tout comme le curé de La Romagne qui a, outre une somme fixe sur son église, deux arpents de prés et deux chènevières louées dont il tire un revenu de 60 livres[1].
Ce sont, le plus souvent, de petites pièces de dix à douze verges, ce qui montre le morcellement des terres. Cette culture demande des soins particuliers. La plante se sème au mois de mai, et se récolte en août pour le chanvre mâle. Ce dernier, dépourvu de graines, fournit une filasse de qualité supérieure destinée à la confection de chemises. Le chanvre femelle en donne une de qualité inférieure, que l’on utilise pour les cordages ou les couches des nourrissons. C’est après la récolte que la présence d’eau est indispensable, afin de faire tremper les tiges pour pouvoir séparer la fibre de la paille.
Au début du XVIIe siècle, les paysans sont soumis à un règlement de police rappelé en 1663[1], qui stipule que « les chanvres ne doivent point être mis rouis dans la rivière parce que la pêche en est ruinée et la boisson malsaine, mais dans un fossé ou marais du lieu » et qu’il faut veiller à « ne les seicher[2] jamais au four et cheminée, crainte d’accident de feu, mais dans les rues au soleil et au vent » (article XXXII). Ils creusent donc des fosses à proximité des cours d’eau. Ces endroits dans lesquels le chanvre trempe prennent le nom de roises[3]. La toponymie des villages environnants l’atteste puisque l’on trouve :
à La Romagne, la Côte des Roises ou le Pré des Roises ;
[1]Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20710 [ensemble de 133 feuillets = IV (pièces diverses), collection de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)], Instructions aux marguilliers de chaque paroisse du duché de Mazarin.
Après le rouissage[1], de nombreuses opérations sont nécessaires : séchage, broyage, teillage[2], peignage. Le filage, occupation des femmes durant l’hiver, est confirmé par la présence d’un ou plusieurs rouets dans chaque maison, selon les inventaires après décès. Le tissage est l’œuvre de tisserands. On en dénombre quelques-uns au cours du XVIIIe siècle grâce aux impositions. La toile produite, robuste et rêche, constitue la base du linge de maison ou de corps.
Années
Tisserands
1712
Jean Gorget l’aîné
1714
Jean Georget l’aîné et Jacques Boudesocq
1721
Jacques Boudesocq
1737/1742
Jacques Boudesocq et Jean Lahay
1770/1774
Jean Trippier et Jean Baptiste Deligny
Quelques tisserands de La Romagne au XVIIIe siècle.
[1] Immersion totale des tiges de chanvre dans l’eau.
[2] Opération qui consiste à enlever la partie ligneuse du chanvre.
La présence de nombreux rus a aussi pour conséquence que les terroirs romanais et de Rocquigny sont couverts d’osiers et permettent la fabrication de paniers. Une oseraie bien entretenue peut durer de cinquante à quatre-vingts ans, en fonction des soins du terreautage[1]. Un mandelier[2] présent dans un registre des tailles du village en 1702 atteste la pratique de ce métier. Cette culture perdure jusqu’au XXe siècle, tant que les maisons de champagne, principal débouché pour cette culture, utilisent cette matière pour leurs emballages.
Outre ces nombreux petits ruisseaux, de multiples sources sont disséminées sur tout le terroir. Avant l’arrivée de l’eau courante, chacun se la procure grâce à un puits pour alimenter son foyer, si bien qu’au XIXe siècle, on en compte dans chaque hameau, et une cinquantaine dans le village. L’un des derniers creusés est celui du presbytère. A défaut de soleil, La Romagne a eu l’ingéniosité de transformer son climat humide en une richesse locale.
En dehors des religieux, le grand propriétaire de terres de la Romagne est le Seigneur de Chaumont, qui possède en particulier la ferme de la Binotterie, mais aussi d’autres biens moins importants en superficie : les baux signés en 1668 avec Jadin Rifflé, laboureur qui demeure à La Romagne, portent sur un jardin et une masure[1] situés sur le terroir.
[1] En latin tardif du VIIIe siècle, le terme mansura désigne une tenure domaniale, une manse. A partir de 950, il peut signifier une demeure, une maison.
Le bail consenti le 15 décembre 1718 par Lassire, procureur fiscal de la baronnie de Chaumont[1], loue à Pierre Lepinois un jardin situé à La Romagne, sans oublier le bail à terrage fait au profit de Pierre Goulard demeurant au Petit Bois Dyot de deux pièces de terre sises au terroir du village. Dans ces exemples, le propriétaire est François d’Ambly, baron de Chaumont. Terwel[2] avance en 1657 que, sur les quatre cent quatre-vingts arpents de forêt qui couvrent le terroir, cent soixante-quatre appartiennent au seigneur (soit 34%).
[1]Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 9, pièce n° 4 [série T = papiers privés dans le domaine public, cotes T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés, cote T 471 = documents de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse].
On peut se faire une idée de la taille de la ferme de la Binotterie à travers sa vente en 1793, puisqu’elle est décrite comme comprenant quelque cent seize arpents de terre et huit de prés. Elle est réunie à celle de Place Aly (Alit) de Givron, qui inclut une maison, un bâtiment des fermiers, deux cent six arpents de terre, onze arpents de prés et pâture, le tout d’un seul morceau. Dans la cour de la ferme jaillit une belle source d’eau vive[1]. Le tout forme un ensemble dont le loyer annuel est de 1 500 livres, sans parler de sa valeur qui est de 30 000 livres[2].
[1]Bibliothèque Carnegie, CRV1189M Rés, vue 3/4, « A vendre », in Havé, Adrien (directeur de publication), Journal de Champagne, n° 1 du 1er janvier 1781-n° 34 du 20 août 1792. Reims : Imprimerie Pierard, 1781-1792, n° 23, lundi 8 mars 1790, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].
[2]Archives départementales des Ardennes, Q 136 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].
La ferme de la Binotterie a connu plusieurs bailleurs ou locataires, dont on peut citer les principaux :
Année
Durée du bail
Bailleurs ou locataires
22 janvier 1618
Neuf ans
Jean Doule (Douce le jeune)
21 décembre 1630
Prolongement du bail
Jean Doule (Douce le jeune)
1634
Six ans
Philippe Boudeau
1642-1649
Sept ans Prolongement du bail en 1649 pour sept ans
Jean et Hubert Lépinois. Seul ce dernier réside à la Romagne. Jean, lui, demeure à Fespin.
1701
Trois ans
Jean Lebrun (demeurant à Doumely) et Marie Chulme (sa femme)
12 mai 1714
Un an
Bail de terre en versaines (jachères) et prés (dépendant de la ferme de la Binotterie) à Jean Mouchet demeurant à Mauroy paroisse de Chaumont.
23 mai 1715
Un an
Location de terres en versaines dépendant de la ferme de la Binotterie à Claude Canard, laboureur demeurant à la place Alit (= Aly).
1723
Six ou neuf ans
Berthauld Pasgnière et Barbe Georget (sa femme)
1741
Trois, six, neuf ans
Besnoit Pasgnière
1755
Neuf ans (le bail sera renouvelé puis résilié en 1782).
Berthauld Bolle et Alexisse Cousin (sa femme)
1783
Conclusion du contrat non déterminée
Promesse et soumission de « passer bail » signé au début des versaines 1783 entre maître Vittot (avocat en Parlement, fondé de procuration de madame la vicomtesse de Boisgelin, baronne de Chaumont) et Jean Chéry, laboureur demeurant à la place Aly, paroisse de Givron.
1787
Estimation en vue d’une vente ou d’un partage des terres ?
Arpentage, mesurage et levée d’un plan topographique des terres, jardin, chènevières, bois, broussailles composant la Binotterie et appartenant à monsieur le vicomte de Boisgelin, baron de Chaumont [1].
[1]Archives nationales, site de Paris, T 471, liasse 12 [série T = papiers privés dans le domaine public, cotes T 1-982 = papiers séquestrés pendant la Révolution, provenant de particuliers émigrés ou condamnés, cote T 471 = documents de Louis Bruno, comte de Boisgelin de Cucé, et de Marie Stanislas Catherine de Boufflers, son épouse].
Souvent, les seigneurs ne percevaient pas directement le montant des baux mais les affermaient.
La ferme de la Cour Avril, à la différence de celle de la Binotterie, est tout d’abord la possession du sieur de Bouzonville. Cela est attesté dans l’acte de mariage de 1624 entre Christophe de Bouzonville, fils d’Adrien de Bouzonville, sieur de Sery, capitaine de cent hommes à pied, et sa femme Françoise Danois.
Ensuite, ce sont ses enfants Hugues (qui avait un arrière-fief[1] à la Romagne) et sa femme Marie de Mailly[2], ainsi que Renée et son mari, messire Gilles Duguet[3], qui y résident.
[1] Fief relevant au second degré d’un autre fief, dans la dépendance duquel se trouve celui dont il relève directement.
[2]Archives départementales des Ardennes, E 825 [série E = seigneuries, familles, état civil, notaires, cotes E 801-1745 = minutes notariales, cotes E 825-826 = étude Natalis Baillaux à Boulzicourt, 1741-1780].
[3]Archives départementales des Ardennes, E 1445 [série E = seigneuries, familles, état civil, notaires, cotes E 801-1745 = minutes notariales, cotes E 1422-1453 = étude Hachette à Novion-Porcien, 1661-1691].
Des différends éclatent régulièrement entre le sieur de Bouzonville et les religieux de l’abbaye de Chaumont. En 1630, selon le mémoire de cette abbaye[1], ces derniers l’accusent d’empiéter sur leurs terres en récupérant des terres provenant de leurs biens qui jouxtent ceux de la Cour Avril. Ils ont de telles difficultés pour faire valoir leur droit qu’ils ne peuvent espérer que la « mort de cet homme », ce qui finit naturellement par se produire. De plus, ils l’accusent de « ne rien respecter et de couper des arbres pour alimenter son four à briques qu’il emploie pour ses bâtiments ». On peut ainsi dater approximativement la construction du pavillon en brique et ardoise. Terwel ajoute dans son mémoire qu’en 1657, les bois de la Cour Avril sont de quinze arpents.
La propriété passe ensuite à la fille des propriétaires, Louise, qui épouse en 1687 Firmin Canelle[1], écuyer et seigneur de Gand. Est-ce à la suite de sa tentative avortée de s’impliquer dans l’industrie du fer qu’il la vend et qu’elle devient alors la propriété de Jean Baptiste Devie, sieur de la Horgne ? Celui-ci-ci la cède à son tour pour la somme de 2000 livres[2] à messire Paul Boucher (seigneur d’Avançon) et à son épouse. Cette dernière n’est autre que Marie-Thérèse Devie de La Horgne, fille dudit Jean Baptiste.
Quelques enfants de ce couple y naissent, dont Nicolas Paul Marie, qui sera seigneur de cette Cour Avril. A partir de 1756, on sait, sans en connaître de façon certaine le propriétaire, que les fermiers en sont François Leclerc et sa femme Marie-Jeanne Fréal. En 1766, y résident François-Auguste Baudrillart et sa femme[3].
[2]Archives départementales des Ardennes, inventaires sommaires, page 101 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].
[3]Archives départementales des Ardennes, C 985 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].
Elle passe ensuite, lors d’une vente[1] le 26 novembre 1767, des mains de messire Pierre-Antoine Thomas d’Avançon et consorts à celles du sieur Paul Legros, marchand à Wasigny. Cette transaction s’effectue contre 7150 livres et 5 livres de rente au profit de la fabrique de La Romagne.
Ce dernier cherche à la vendre dès juin 1782, sans que l’on sache si cette vente se fera finalement. Cette propriété est décrite de la manière suivante : « Ferme qui peut produire 8 à 900 livres de revenu et qui consiste en une maison bâtie en brique et pavillon couvert en ardoise, grange, écurie, remise, colombier, puits, belle cour et jardin potager entouré de beaux fossés[2] propres à mettre du poisson, cent vingt arpents de terre, trente arpents de bois garnis de futaies, quinze arpents de prés[3]. »
[1]Archives départementales des Ardennes, C 987 [série C = administrations provinciales avant 1790, cotes C 936-1050 = bureau de Château-Porcien, contrôle des actes des notaires et sous-seings privés, tables des mainmortes et des biens nobles, institutions laïques, centième dernier, 1710-1791].
[2] Ces fossés apparaissent encore très nettement sur le cadastre de 1936.
[3]Bibliothèque Carnegie, CRV1189M Rés, « A vendre », in Havé, Adrien (directeur de publication), Journal de Champagne, n° 1 du 1er janvier 1781-n° 34 du 20 août 1792. Reims : Imprimerie Pierard, 1781-1792, n° 23, lundi 10 juin 1782, p. 1 [presse locale ancienne, vue 1/4, consultable en ligne].
La ferme de la Prieuré se situait près du moulin Garot et, jusqu’en 1720, on est certain qu’elle appartenait à la famille Bechet, dans la mesure où elle faisait partie du partage des biens de la succession de Charles Bechet et de sa femme Marie Foulon. Elle tombe dans le lot de leur fille Prudence, sœur de Robert Bechet d’Arzilly et de Nicolas Bechet de Longueval.
Elle se compose d’un corps de logis, de bâtiments de grange et écurie, d’un jardin, de terres, prés et plants d’arbres ainsi que d’une chènevière[1]. Elle est, dans le dernier quart du XVIIIe siècle, la propriété de Marie Peltier (veuve de Pierre Jadart du Merbion) qui la loue à Jean Lépinois et à sa femme Nicole Cousin[2].
[2] Acte du 30 septembre 1771 maître Watelier notaire à Wasigny [Archives départementales des Ardennes, série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E = notaires, cotes 3E 35/1-613 = archives notariales de Wasigny].
Nicolas Bechet, dit Bechet de Longueval, tire son nom de la cense de Longueval. Durant de longues années, on ne sait rien de cette propriété, jusqu’à ce qu’elle soit mentionnée comme faisant partie des biens de la famille Merlin au XIXe siècle.
Les deux dernières censes dont on trouve trace sont celles du Pont Canelle et de Blanchebarbe : on connaît l’existence de la première par un échange de terres qui se fait entre Gérard Merlin, sa femme Jeanne Leblanc, et Jean Posé manouvrier de Saint-Jean-aux-Bois[1]. La seconde porte sur celle de Blanchebarbe qui, elle aussi, est évoquée dans un acte notarié entre Nicolas Langlet et Gérard Merlin. Les censes disparaissent avec la Révolution, qui modifie en conséquence la répartition des biens du village.
[1] Archives privées et personnelles [source non communicable en raison d’un accord de confidentialité].
Dès le Néolithique[1], les secteurs de Château-Porcien, Marlemont et La Romagne sont occupés, sans que l’on puisse préciser si ces lieux sont des demeures permanentes ou des lieux de fabrication d’objets en pierre taillée. La découverte de monsieur Alfred Merlin de trois haches polies et de vertillons ou pesons de fuseaux au lieu-dit le Vertillon[2] viennent renforcer cette hypothèse.
D’autres lieux sont marqués par la présence romaine, ne serait-ce que la voie plus communément appelée « le chemin des Romains » qui passe de Saint-Loup-en-Champagne vers Château-Porcien avant de suivre le trajet Bagnogne, Hannogne, le Point-du-Jour, la Guinguette (commune de Rocquigny) pour atteindre La Romagne au-dessus du Bois Diot et des Houis avant de se diriger vers Mézières.
On peut donc penser qu’après la construction des routes, des chemins et des camps[1], certains Romains, probablement d’anciens soldats, se sont fixés dans les environs et ont construit des habitations. La Romagne en tirerait son nom.
[1] Dont un assez important se trouvait dans le secteur de Chaumont-Porcien.
Les dénominations du village, dont la typographie a varié au cours des siècles, sont successivement Rommagnia, Rommaingna, Rommaigne (graphie attestée en 1248). Vers 1300, c’est la Roumaigne avec Gérard de La Roumaigne (moine de l’abbaye de Chaumont) qui exerce les fonctions de plaidator[1], mais aussi celle de prévôt de la ville de Chaumont-en-Porcien. Un document garde d’autre part la trace d’un certain Warin de la Roumaigne[2].
[2]Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, microfilm 35 mm, MFILM 4-K-311 (10,1), Lacaille, Henri ; Saige, Gustave, Trésor des chartes du comté de Rethel, Monaco : imprimerie de Monaco, 1902-1916, 5 vol. in-4°, Tome I. 1081-1328, p. 130 [collection de documents historiques publiés par ordre d’Albert Ier, prince souverain de Monaco].
Au XVIIe siècle, ainsi que l’atteste la carte du diocèse[1], c’est la graphie La Romaigne qui prévaut. On peut remarquer que les curés de la paroisse adoptent différentes orthographes, et ce n’est qu’en 1713 que le toponyme actuel apparaît sur une carte de la Champagne[2].
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 8J 111 [série J = archives privées, documents entrés par voie extraordinaire, sous-série 8J = fonds du chanoine Thibault, de Reims, 1612-1955].
Jusqu’au milieu du XIIe siècle, on ne trouve aucun renseignement sur La Romagne. En 1147, Samson, archevêque de Reims, confirme aux religieux de Chaumont leurs possessions, parmi lesquelles figure le village.
En 1227, La Romagne dépend du village de Rocquigny. A cette date, Henri de Dreux, archevêque de Reims, permet aux habitants de bâtir une église et de prévoir un cimetière dans le village, compte-tenu de la distance assez importante avec Rocquigny.
Pour cela, il charge Simon Pied de Loup, chanoine et official[1] de Reims, de dresser l’acte et de le faire parvenir à l’abbé et aux religieux de Chaumont-Porcien :
[1] Juge ecclésiastique délégué par l’évêque pour exercer en son nom la juridiction contentieuse.
En ces années, le village ne se compose que de quelques fermes éparses. Une dizaine d’années plus tard, Jacques de Montchâlons rend aux moines de Signy un hallier[1] près du chemin de Doumely à La Romagne, qu’ils avaient défriché[2] et que son beau-père Raoul de Château-Porcien avait usurpé. Ces religieux appartiennent à l’ordre des cisterciens, tandis que l’abbaye de Chaumont-Porcien relève de celui des prémontrés.
[1] Enchevêtrement de buissons serrés et touffus, d’un accès difficile.
[2]Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 8-LC19-232, Nouvelle revue de Champagne et de Brie, 1re année [n° 1] (janvier/février 1914) – [n° 5/6] (septembre/décembre 1914) ; 2e année [n° 1] (janvier/février 1924) – 15e année [n° 4] (octobre 1938), Reims : imprimerie Monce & Cie, 1914-1938, Tome XII, 1934, p. 245 [Nota bene : la livraison de septembre/décembre 1914 a été publiée en 1923, et le périodique n’a pas paru en 1937].
A cette époque, une bulle du pape Grégoire IX énumère les bénéfices des religieux de Chaumont, dans lesquels figurent ceux de La Romagne, Rocquigny et Montmeillant. En 1270, l’abbaye de Signy est l’un des principaux propriétaires du village, après une donation de Roger de Rozoy et de sa femme Aélis.
Elle comprend des terres sur lesquelles se trouvent un moulin et un vivier : en les louant, les religieux se procurent un revenu qui doit être consacré à donner une pitance aux moines le jour anniversaire de la mort des donateurs. Ils conservent aussi les poissons d’eau douce pour le Carême, période durant laquelle la viande est proscrite de l’alimentation. Les cisterciens reçoivent également de Clémence, comtesse de Saumes (parfois orthographiée Saulmes), une partie des terres qu’elle possède à La Romagne.
Les deux abbayes de Signy et de Chaumont-Porcien ont des rentes en froment, prés, terres, maisons, granges, étables, jardins à La Romagne, tout comme à Bégny, Hauteville, la Hardoye, etc. Mais, à la suite de divers échanges avec Signy, Chaumont va garder la tutelle de la paroisse de La Romagne.
A partir du XIIIe siècle, celle-ci est un territoire nettement délimité, sur lequel vit une communauté de fidèles placé sous la responsabilité d’un prêtre à qui l’on a confié la cura animarum (soin des âmes). Le curé va voir son autorité s’imposer au sein de cette structure.
Le 28 octobre 1284, dans une sentence arbitrale sur divers litiges entre l’abbaye de Chaumont, la commanderie de Seraincourt, et Logny-lès-Chaumont, des hommes sont désignés pour son application. Parmi eux, un certain « Ponsars li puissans » de La Romagne[1] et deux bourgeois de Rocquigny et de Rozoy. Cela semble montrer que le village a pris davantage d’importance dans le comté de Porcien.
[1]Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, 4-K-311 (11), Robert, Gaston, Documents relatifs au comté de Porcien : 1134-1464, Monaco : imprimerie de Monaco, 1935, XCVI-416 p., p. 104 [cet ouvrage correspond à une collection de documents historiques publiés par ordre de S. A. S. le prince Louis II, prince souverain de Monaco].
En dehors du curé, des marguilliers et du maître d’école, la vie de la paroisse est liée aux sages-femmes ou « belles-mères », car les naissances sont nombreuses. En ce qui concerne celles qui ont été présentes à La Romagne, nous ne savons que peu de choses et ignorons même le plus souvent leur identité, sauf pour quelques-unes d’entre elles. Celle qui exerce en 1663 se nomme Hélène Legros[1], tandis que celle qui aide aux accouchements en 1756 est Marie-Catherine Bellomé ou Bellommé, ainsi que le signale le curé dans un acte de naissance[2].
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2 G 252 page 212 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].
En 1772, c’est Marie Langlet qui assiste les mères pour les enfantements. En revanche, à Montmeillant au même moment, il n’y en a pas et le curé reçoit l’ordre d’en faire élire une au plus vite[1]. Tout comme pour le maître d’école, la présence de la sage-femme n’est attestée dans les diverses visites pastorales qu’à partir de 1745. Cette année-là, elle est présente « physiquement » lors de l’inspection du vicaire et « instruite sur les devoirs de son ministère », selon le procès-verbal.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2 G 252 page 213 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].
Le baptême administré par la sage-femme ne doit l’être que dans un cas bien précis, « la crainte qu’on n’aurait pas le temps de porter l’enfant à l’église » ; la lecture des registres ne fait apparaître que quelques cas de « baptême à la maison », et concerne les enfants nés d’un même couple. La sage-femme administre le baptême les 5 février 1753, 21 mars 1754 et 8 mai 1756 aux trois enfants du couple formé par Raulin Boudsocq et Marie Monnoy, puis en 1760 aux « enfants gémellaires » de Jean-Baptiste Tellier et Marguerite Pagnier. L’urgence de cet acte est avérée, puisque ces jumeaux décèdent le premier jour.
De même, celle qui exerce en 1774 est « bien instruite pour administrer en cas de nécessité le baptême mais elle n’a pas prêté serment ». Celle de 1783 n’est pas « jurée » mais « on ne se plaint pas » de celle qui « fait les fonctions ».
L’absence de documents particuliers au village ne permet pas d’en savoir plus sur le nom et le choix des maïeuticiennes, mais on peut penser que celui-ci se fait en fonction des instructions données dans le rituel de la province ecclésiastique de Reims [1], car les évêques ou les archevêques souhaitent « qu’il y ait une sage-femme pour chaque paroisse ». Ainsi, lorsque le choix d’une accoucheuse s’avère nécessaire, le curé doit réunir les femmes les plus honnêtes et les plus vertueuses et les avertit « d’élire celle qu’elles croiront la plus fidèle et la plus propre à exercer cette fonction ».
Ensuite, le curé lui enseigne « la véritable forme du baptême », lui fait prêter le serment selon la formule qui est dans le rituel. En outre, il l’avertit « de ne baptiser aucun enfant que dans la nécessité et en présence de deux femmes dont la mère de l’enfant si cela est possible ». Si l’on se réfère à ces directives, on constate qu’à aucun moment il n’est question d’instruction professionnelle : la sage-femme est une simple matrone dont les conditions de vie sont très médiocres, et qui est peu rémunérée. Un accouchement payé, ce qui est loin d’être toujours le cas, l’est pour 30 sols (environ 25 euros de nos jours).
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, R Thi 402, Église catholique (auteur), Rituel de la province de Reims, renouvelé et augmenté par monseigneur Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims, Paris : Frédéric Léonard, 1677, 643 p.
Le plus souvent, la sage-femme est assez âgée, mariée ou veuve d’un laboureur. Il faut attendre que le roi Louis XVI s’émeuve de tous les accidents qui surviennent lors des accouchements pour que l’on ouvre des cours publics et gratuits dans les diverses provinces afin de former les sages-femmes.
Ainsi, elles seront « à même d’éviter des erreurs souvent fatales » et elles sauront aussi « faire appel au secours d’un chirurgien habile[1] ». Si l’on ne sait rien de la formation de la sage-femme de La Romage en 1774, on apprend que celle qui exerce à Chaumont-Porcien est « aux écoles » à Château-Porcien, preuve que la formation commençait à se répandre. Une correspondance entre l’intendant de Châlons monsieur Rouillé d’Orfeuil et le subdélégué de Château-Porcien concerne l’envoi du « sieur Colombier chirurgien à Château pour suivre le cours d’accouchement de Madame Ducoubry [sic, c’est-à-dire Du Coudray] etfaire l’emplette de sa machine ».
Ce même sieur Colombier va ouvrir ensuite un cours gratuit pour l’instruction de huit sages-femmes. Ce document indique également que d’autres suivent ce cours entre le 3 janvier et le 1er février 1774. Un autre enseignement est dispensé la même année à Rethel par le docteur Jacques Télinge, qui en organise d’autres en 1775 et 1778.
Par la suite, l’activité des sages-femmes est davantage formalisée. Un nouveau règlement rendu pour elles par les officiers au bailliage royal et siège présidial de Reims en juin 1787 renforce les règles édictées dans le précédent du 30 août 1782 : il interdit en particulier l’exercice de l’art des accouchements « à toutes les personnes à moins qu’elles n’aient assisté exactement et pendant le temps nécessaire aux leçons qui se donnent gratuitement dans les lieux les plus voisins de leur domicile et à celles qui ne seraient pas munies de lettres de capacité délivrées à la suite de ces cours, ni en possession d’un certificat de bonne vie et mœurs délivré par le curé de la paroisse de leur domicile ».
Pour encourager les sages-femmes à s’instruire, ou pour susciter quelques vocations, des mesures sont prises comme des exemptions d’impôts, en particulier les tailles pour elles et leur mari. Petit à petit, l’instruction donnée va permettre une amélioration de la vie de la mère et du nouveau-né. Trop de femmes meurent en couches ou de leurs suites. Quant à la mortalité néo-natale, elle est aussi très importante. Il n’est pour s’en persuader que de lire les registres paroissiaux : ce ne sont parfois que quelques heures ou quelques jours qui séparent la naissance, le baptême et le décès. C’est aussi pour le royaume une perte infinie de sujets.
En l’an III, la sage-femme est Marie Mauroy. A moins d’une homonymie, il s’agit probablement de l’épouse de Sébastien Dourlet, décédée à La Romagne le 2 messidor an X.
Quelques noms apparaissent encore après cette période : Marie-Anne Bolommé ou Bonnomet (qui serait la femme de Hubert Sonnet) aurait tenu cette fonction avant l’an IX. De 1816 jusque 1822 au moins, on trouve Cécile Grandvalet. Ensuite, vers 1827, c’est Françoise Créquy de Rocquigny qui s’occupe des parturientes de La Romagne. Enfin, en 1835, Agnès Eléonore Davaux (épouse de François Xavier Lallement), habitant La Romagne, remplit « les fonctions à défaut d’autre ».
Aucune donnée ultérieure concernant la présence d’une sage-femme à La Romagne n’a pu être trouvée dans l’état actuel des recherches. Il semblerait que l’officier de santé de Rocquigny ait été de plus en plus sollicité, avant de laisser la place à un médecin.
En dehors des laïcs, les autres grands propriétaires de terres de la Romagne sont les religieux de l’abbaye de Chaumont-La-Piscine, qui exploitent trois censes : celles de la Marlière, de La Paternotte et la cense de la Bouloi.
La cense de La Marlière, parfois nommée aussi ferme de la Malterie, est le point de départ de la réalisation d’un patrimoine foncier dans le village. Elle a été acquise dès 1243, comme en attestent des recueils de titres de propriétés achetées dans ce secteur. Les religieux l’ont obtenue moyennant le « denier à Dieu » de 12 deniers tournois, 10 sous tournois pour vins et 320 livres tournois de principal auprès de Jean Tribout, Marin Guillaume et Alizon Garnin. Cette propriété se situait en face du chemin menant à la cense Longueval et se composait d’une maison, d’une grange, d’une étable, d’un jardin et pourpris[1], de terres et prés pour une superficie d’environ 30 setiers[2].
[2] Ancienne mesure de capacité, variable suivant les époques et les régions.
Pendant trois siècles, on ne sait rien des laboureurs qui l’ont exploitée. Ce n’est qu’en 1543 qu’apparaît le nom de Jean Mallet comme censier. Il loue ce bien pour la somme de 20 livres à laquelle s’ajoutent les suppléments habituels (deux livres de cire, deux sols, six deniers des Innocents, deux chapons).
Quarante ans plus tard, Guillaume Robin en prend la succession. Hélas, les temps sont si difficiles avec les guerres de Religion que cette cense, comme toutes les autres que possédait l’abbaye sur le terroir, est victime de divers ravages qui font tomber sa valeur locative à 12 livres en 1624.
Dans l’inventaire qui est établi à ce moment-là, il est question de trente arpents de terre et de trois fauchées de pré[1]. On peut penser que cette augmentation de la superficie est due, d’une part à des acquisitions, et d’autre part à la place laissée par la destruction de la maison et de tout son contour. Ces terrains sont très certainement récupérés pour être cultivés. Il faut attendre 1630 pour en connaître le nouveau censier : Jean Douce.
Après leurs démêlés avec le sieur de Bouzonville, les religieux finissent par retrouver la ferme dans un état encore plus lamentable qu’au début du siècle, puisqu’ils ne la louent à Jean Lespinois que pour 9 livres en 1668. Le travail de cet homme pendant plus d’une vingtaine d’années est fructueux, puisque cette propriété retrouve une certaine valeur lorsqu’elle est baillée pour 25 livres à André Douce (habitant de Gérigny, dans la paroisse de Rocquigny).
En plus de cette cense, les religieux lui laissent un arpent de broussailles et se réservent une chênaie. Bien soignés, les chênes au nombre de dix-sept atteignent quatre-vingts ans plus tard une belle taille. L’état de cette ferme ne cesse de progresser, puisque le loyer sous la gestion de Jean Chery et Jean Baptiste Canard passe de 50 à 90 livres entre 1767 à 1776. Par la suite, et jusqu’à la vente des biens nationaux, cette cense est incorporée dans les baux de location de la ferme de la place Alit de Givron[1].
Lors de la vente des biens de l’abbaye à la Révolution, cette ferme est adjugée à Jean-Charles Dupont, laboureur au Mont de Vergogne, pour la somme de 3825 livres, alors qu’elle avait été mise à prix à 2035 livres[1]. On peut penser qu’il n’en est pas le véritable acquéreur[2] mais un homme de paille.
[1]Archives départementales des Ardennes, Q 145 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 127-147 = ventes de biens nationaux, fonds concernant les affiches de la vente et enregistrement des affiches de vente par districts, 1790-an IV].
[2]Archives départementales des Ardennes, Q 272 n° 153 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 272-282 = ventes de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].
L’abbaye possède aussi au lieu-dit Le Mont Ballard royant[1] au chemin de Saint-Jean-aux-Bois et au terroir de Montmeillant La Cense de La Paternotte dont le nom, selon les uns, serait une déformation de Pater noster alors que plus prosaïquement le rédacteur du mémoire[2] des biens de la manse[3] conventuelle signale qu’il s’agit tout simplement du nom d’un des premiers preneurs.
[3] Exploitation agricole comprenant une habitation rurale avec ses jardins, champs, vergers.
La constitution de cette ferme date de 1531 environ. Elle repose sur la réunion de terres achetées ou échangées avec messire Jacques de Suzanne (seigneur de Chaumont) et sa femme, et des achats de l’abbaye auprès d’habitants de la Romagne : sept setiers (sis au Bois Couvert et au Beau Champ) viennent de Jean Constant ; trois autres de Pierre Noé ; enfin, une pièce et tenure au Mont Ballard ont pour origine les terres de Geoffroy de Mariaulcourt, laboureur de la paroisse. Les acquisitions se poursuivent ensuite auprès d’autres agriculteurs du village (Jean Bondo dit Leblanc père et fils, Pierre Legros et Pierre Malart), montrant le patient travail des religieux pour agrandir le foncier autour de leur ferme.
Dès 1544, après Jean Fondrillon, elle est laissée le temps et espace de vingt-sept ans et vingt-sept dépouilles à Lambert Fondrillon, sa femme Jeanne, leurs enfants, à condition de payer la redevance (trois muids de grains, moitié froment moitié avoine, et les annexes conformes aux us et vigueurs).
Ce contrat ne se borne pas à fixer le montant de la location, mais il répertorie également les devoirs du censier à l’égard de l’abbaye. Ce dernier ne peut ni couper ni aliéner aucune chose de ladite cense sans le consentement des religieux ; de plus, il se doit de planter et enter raisonnablement sur les jardins et les terres, et uniquement dans les lieux les plus convenables. Le censier et sa famille disposent outre les terres d’une superficie voisine de trente-deux arpents, d’une maison d’une grange, d’une écurie et d’un jardin (ce qui semble être la norme).
Le censier suivant que l’on identifie en 1619 est Pierre Legros mais, dans son contrat, il n’est plus question de la maison, ce qui laisse supposer qu’elle a été détruite lors des guerres. La cense passe ensuite en 1643, pour la somme de 60 livres, à Robert Frougneux, puis à Toussaint Decarreaux, avant d’être tenue en 1709 par Philippe Jadart (laboureur de Montmeillant). Lui succède sa veuve, avant que la cense n’échoie à Jean Soret de La Romagne.
Comme celui-ci loue également la ferme de la Bouloi, il rétrocède son bail à Henry Mallet. C’est à l’occasion de la déclaration des terres que fait ce dernier que l’on s’aperçoit que la superficie de cette ferme a diminué d’au moins six arpents.
Cette diminution est attribuée à la négligence de certains censiers et aux voisins qui, petit à petit, grignotent sur les terres de La Paternotte lorsqu’ils cultivent les leurs. Une fois de plus, les religieux parviennent à en récupérer une bonne partie, si ce n’est la totalité.
Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, plus précisément en 1777, les religieux qui ont beaucoup de mal parfois à louer leurs terres décident de planter des bois à La Paternotte, soit trente-deux arpents.
Lors de la vente des biens nationaux, la ferme de la Paternotte est intégrée à celle de la Bouloi et il ne subsiste de ce lieu de manière indépendante que vingt-huit arpents de bois et cinq quartels de pré[1].
[1]Archives départementales des Ardennes, Q 528 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 523-543 = administration du séquestre des biens nationaux, fonds concernant les églises collégiales, les abbayes, les prieurés, les cures, les presbytères et les chapelles, 1790-1840].
La ferme la plus importante possédée par l’abbaye de Chaumont est la ferme de la Bouloi ou de la Boullenoi (dont le nom pourrait provenir du latin betulla[1]). C’est en 1541 que Gobert Coulin, abbé de Chaumont, achète à Nicolas Vasselier (laboureur de La Romagne) cette ferme royée[2] au ban de Montmeillant et budant[3] au Petit Vivier pour la somme de 400 livres tournois. Elle se compose à l’époque d’une maison, d’une grange, d’une écurie, de six muids et demi de terres arables et, en friche, de cinq fauchées de pré. A cela s’ajoutent des terres qui sont rachetées à l’église de La Romagne.
[1] Les bouleaux font partie de la famille des bétulacées et du genre Betula [variante orthographique courante de betulla en botanique]. Ils sont très présents dans la forêt ardennaise.
[2] C’est-à-dire « attenant au ban de Montmeillant ».
Selon leur origine, certaines de ces terres sont chargées de droits divers, tantôt de cens, tantôt de cens et terrage, tantôt uniquement du terrage. Quoi qu’il en soit, elles sont toutes, selon le vieux cartulaire de l’abbaye, franches de dîmes. Cette exemption pose néanmoins quelques problèmes avec le curé de la paroisse.
Ce même abbé, un peu plus tard, fait de nouvelles acquisitions, tant auprès du premier vendeur que de Jean Jaudart, habitant de la paroisse. A l’issue de tous ces achats, la ferme contient sept muids et deux quartels soit quatre-vingt-quatre arpents et demi de terres et prés, mais continue d’être exploitée par Nicolas Vasselier. L’abbaye la lui loue à rente viagère pour le montant annuel de cinq muids de grains (moitié froment moitié avoine) et les suppléments.
D’après les documents étudiés, Nicolas Vasselier jouit de la ferme de la Bouloi jusque vers 1559 ou 1560, date à laquelle elle est attribuée à Aimand Grauet et Jean Rifflet. Comme ces deux-là se dispensent de payer le prix annuel durant la durée de leur bail, une première sentence est rendue au bailliage de Sainte-Menehould, puis une seconde par le Parlement de Paris condamnant les fermiers à tous les dépens, dommages et intérêts.
Avec les évènements qui émaillent le XVIIe siècle (guerre de Trente Ans, la Fronde, etc.), la ferme ne trouve pas preneur et est à bailler à louage, car seuls les prés de cette cense avec les fruits du jardin rendent quelque chose. Comme celles des autres fermes, la maison n’existe plus, ce qui fait que les religieux ne trouvent pas à La Romagne de censiers. Ils doivent alors se tourner vers des habitants de Montmeillant comme Gilles Frangeux, dont le bail est reconduit de 1619 à 1641.
En 1652, c’est à nouveau un laboureur de La Romagne, Nicolas Boudsocq, puis ses enfants qui la reprennent et tentent de la remettre en valeur jusqu’après 1701. A cette date, le père Davaux, curé de Montmeillant[1], demande de faire valoir cette ferme, mais il n’obtient pas gain de cause.
Est-ce pour cette raison que ce dernier, après beaucoup de tergiversations, doit se rendre aux injonctions de son archevêque et faire un retour à l’abbaye dont il était issu afin d’y méditer ?
[1] Selon monseigneur Le Tellier, il avait un faible pour la terre et sa culture plutôt que pour sa mission ecclésiastique auprès de ses paroissiens.
La réunion des deux fermes de La Paternotte et de la Bouloi à partir de 1718 permet la rétrocession d’une partie. Succédant à la veuve de Philippe Jadart, Jean Soret et sa femme, puis ses enfants, s’en occupent jusqu’en 1766. Elle est alors cédée à Thomas Devie pour la somme de 150 livres. Les religieux, en même temps qu’à la Paternotte, plantent treize arpents de bois.
Pour veiller sur ces nouveaux plants, ils choisissent comme garde un habitant du village, qui reçoit un salaire annuel de 30 livres. Lorsque la Révolution éclate, ces bois et les taillis font partie des ventes de biens nationaux et sont acquis indépendamment des fermes[1].
A sa mise en vente en 1791, la propriété est louée par un bail de neuf ans à Jean-Pierre Letellier, laboureur au Mont de Vergogne, pour la somme de 250 livres et huit livres de beurre. Il conserve l’exploitation de cette ferme jusqu’à l’expiration de son bail, puisque celui-ci avait été signé avant le 2 novembre 1789, ce qui interdit aux nouveaux acquéreurs d’évincer le locataire, même en l’indemnisant, en raison du décret du 14 mars 1790[2].
[1]Archives départementales des Ardennes, Q 528 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 523-543 = administration du séquestre des biens nationaux, fonds concernant les églises collégiales, les abbayes, les prieurés, les cures, les presbytères et les chapelles, 1790-1840].
Lors de la vente, cette ferme est adjugée pour la somme de 5475 livres à Nicolas Gabriel Billaudel, châtelain bourgeois demeurant à Rethel[1]. Ce n’est pas la seule acquisition de cet homme dans le village, puisqu’il s’y constitue un joli petit patrimoine, tant en terres qu’en bois.
Passé en quelques siècles des religieux de Chaumont à un privé, c’est tout le paysage foncier de La Romagne qui est redessiné.
[1]Archives départementales des Ardennes, Q 273 n° 372 [série Q = domaines, enregistrements, hypothèques depuis 1790, cotes Q 272-282 = ventes de biens nationaux, district de Rethel, 1790-an IV].
La densité des noms de parcelles et de lieux-dits autour de La Romagne est beaucoup plus forte entre le Moyen-Age et la fin de l’Ancien Régime que de nos jours. En témoignent les actes notariés qui font allusion à des dénominations que l’on ne peut plus localiser : les Rouages, par exemple, tenaient au chemin qui conduit à Montmeillant et à celui de Saint-Jean-aux-Bois (d’après la vente en 1719 d’une pièce de pré entre Gérard Merlin et Robert Bechet).
Par la suite, les plans cadastraux ont découpé le terroir avec une certaine rigueur. L’absence de terriers[1] ne permet pas de pousser plus loin l’étude comparative. Néanmoins, les relevés qui ont pu être faits dans le passé montrent une grande richesse et mettent en valeur :
des noms de propriétaires ;
l’aspect des lieux (mont, fosse ou vallon, partie basse ou fond) ;
la nature du sol (cailloux, pierre) ;
l’humidité de l’endroit ;
les plantes (arbres fruitiers et autres, plantes utiles) ;
les jardins (courtils) ;
les voies ou moyen de communication (chemin, voie ou son diminutif « voyette », pont) ;
les carrières ;
l’industrie ou le commerce (mines, moulins, briqueterie) ;
la religion (la croix, qui peut tout aussi bien désigner un calvaire qu’un carrefour).
[1] Dans les registres nommés terriers, on indiquait les limites des fiefs et des censives, les redevances dues, les services à rendre, les usages locaux. Les terriers de La Romagne ont disparu.
Bois, arbres divers et végétation
Bois d’Apremont, Bois Promsy, Bois Foissier, Bois de la Cense Longueval, Bois de la Paternotte, Bois de la Tachette, Bois du Grand Sart, Bois des Ribourés, Bois de la Queue de l’Etang, Bois de la Plaine ;
Le Bochet, le Bochet Croët, le Buisson Peautelet, la Haye Colin ;
Les Plants, le Plant Foucault, le Gros Faux, le Grand Poirier, les Bruyères.
Présence d’eau
La Fontaine Roger, la Fontaine aux Pous, la Fontaine aux Grues, le Long Ruisseau.
Nature du sol
La Petite Marnière, la Pierre, les Groettes, Les Minières, les Cailloux.
Terre
Les Terres de Belair, les Terres Jacques, la Grosse Terre, la Terre Martin, les Terres du Grand Chemin, les Terres de la Cense Longueval, les Terres de la Tachette, les Terres de la Pierre, la Rouge Terre, La Terre Grand-mère, les Longues Terres de la Huée, les Terres du Pré Mellier, les Terres des Hayes, les Terres des Veaux, les Terres Madame, les Terres de la Grosse Soule, la Terre aux Chênes, la Terre du Berger, la Ronde Terre
Pré
Le Pré Agnant, le Pré Agnant sous la Voye Libert, le Pré Potier, le Pré des Roises, le Pré Montagne, le Pré de la Biche, le Pré des Guitons, le Pré de la Houette, le Pré des Moisnes, le Pré Haut du Moulin Garot, le Pré du Chat Noyé, le Pré Merlin, la Huée du Pré Mellier, le Pré de la Passe, les Prés du Grand Sart, le Pré Hudrot, le Pré de la Voyette de Chaumont, le Pré de l’Etang.
Courtil (petit jardin)
Le Courtil Monnois, le Courtil Noirette, le Courtil Macheterre, le Courtil Jadin, le Courtil Habert, le Courtil Jean Rousseau, le Courtil Doré, le Courty Rogier.
Elévation
Le Mont Ballot, le Mont de Vergogne, etc. ;
La Côte Monnois, la Côte du Petit Moulin, la Côte de Montmeillant, la Côte de la Rouge Cotte, la Côte du Chat Noyé, la Côte Herbin, la Côte Hamel, la Côte au Saint Foin, la Côte des Cayotiers.
Mesures
Les Quatre Arpents, les Dix Quartels, la Fauchée Robin.
Lieux anciens
Le Fossé du Château, le Grand Fief et le Petit Fief, la Cense Longueval, le Moulin à Vent, le Petit Moulin à Vent, la Croix Renaud, le Pont Cannel, la Briqueterie, la Queue de l’Etang.
Le service de la poste est un service très ancien, dont la création remonte à 1477 sous le règne de Louis XI. Cet établissement a un double but : l’acheminement des dépêches et des voyageurs. Il perdure jusqu’après la Révolution. Le bureau de poste desservant alors La Romagne et les villages environnants est, soit celui de Wasigny (comme l’indique le curé dans l’enquête paroissiale de 1774), soit celui de Rethel. Ce dernier est l’un des sept existant pour le secteur ardennais depuis 1700. Ensuite, et selon l’importance de la paroisse, le courrier est distribué une ou deux fois par semaine
A partir de la Révolution, la marque de l’origine du département figure sur la lettre et ce sera le chiffre 7 qui l’identifiera jusqu’en 1875, date à laquelle il est remplacé par le nom du département. D’autre part, le bureau d’où part le courrier est distingué par un autre numéro. A partir de 1835, le bureau de Chaumont-Porcien est créé et porte le n° 825. En 1866, celui de Rocquigny ouvre. Ce sont ces deux- là qui successivement ont desservi La Romagne.
Le développement de l’instruction primaire et la suppression de la taxe des lettres, établie d’après la distance au profit d’une taxe fixe et uniforme, vont petit à petit accroître le volume du courrier. Lors de leurs tournées, les facteurs ruraux se doivent d’avoir sur eux en permanence des timbres, afin que tous puissent s’en procurer facilement.
Ces agents postaux ou « piétons » existent depuis la Révolution : le citoyen Jean-Baptiste Canon assure ce service pour La Romagne. Jusqu’à l’installation des boîtes aux lettres, c’est à eux que l’on confie le courrier à expédier. Leur tâche est pénible, puisqu’il leur faut parcourir chaque jour de longs trajets, et ce quel que soit le temps. Il n’en est pour preuve que le fait divers suivant : le 25 mai 1846, vers 10 heures du matin, Gérard Peltier âgé de 37 ans fait sa tournée dans le village. Il se présente au domicile d’Hubert Laroche, où il décède brutalement. Est-il victime d’une très grande fatigue, de chaleur précoce ou d’un malaise ? Rien ne permet d’avancer une explication.
Jusqu’en 1897, les facteurs ruraux sont rémunérés proportionnellement à l’étendue du parcours effectué, qui peut aller jusqu’à 32 km. Mais ce cas est assez peu répandu. Au cours de leur vie professionnelle, en fonction de leur avancée en âge, et en raison de leur impossibilité de faire d’aussi grands parcours, ils demandent de plus petites tournées, ce qui fait diminuer leurs salaires. C’est pourquoi une expérience menée au sein de cinq départements, dont celui des Ardennes, aboutit à donner aux facteurs un traitement fixe.
Depuis 1853 environ, il existe un système de voitures de nuit qui font la liaison Rethel Rocquigny pour y déposer le courrier. Un peu plus tard, elles font le tour par Chaumont-Porcien, Wasigny et Novion, avant de rejoindre Rethel. Par la suite, cet acheminement se fait par les trains de marchandises, bien que ceux-ci ne fonctionnent pas tous les jours. C’est pourquoi leur circulation journalière est demandée par les édiles du canton.
Bien que l’on connaisse peu de messagers effectuant la tournée du village, on sait cependant qu’en 1866, c’est Jean-François Devie puis, de 1867 à 1875, François-Pierre Mauroy qui s’en charge.
Les bureaux de poste vont se multiplier à partir de 1850 à travers le département. Lorsque les boîtes aux lettres sont installées, une à deux levées sont instaurées chaque jour. Les distributions sont journalières, et ce même le dimanche, comme le confirme une délibération du conseil municipal en juillet 1919.
Or, ces levées et distributions ne donnent pas toujours satisfaction quant à leurs horaires. Diverses propositions et demandes sont faites, sans qu’on ne trouve jamais le bon équilibre.
Dès 1890, des récriminations s’élèvent : en effet, les dépêches arrivent en gare de Draize – La Romagne vers 6 h 30 pour être acheminées au bureau de Chaumont dans la matinée, quoique la distance ne soit que de 6 km. Or, la route est accidentée, les pentes dangereuses pour des voitures à chevaux qui sont, pour la plupart du temps, obligées de circuler au pas.
Les habitants de Chaumont aimeraient bien bénéficier des passages des autres trains à Draize pour avoir un second service de voiture. Ce dernier pourrait également être utile à ceux qui souhaiteraient prendre le train. Ainsi, la voiture ne circulerait jamais à vide et les habitants bénéficieraient d’une possibilité d’une seconde distribution. Cette requête ne semble pas avoir abouti[1] .
Une fois à Chaumont, le courrier pour Rocquigny et ses environs est trié puis acheminé quelque temps après, ce qui a pour conséquence de mal desservir les commerçants, les notaires, et d’occuper les facteurs ruraux au plus fort de la chaleur en été.
La mise en place d’une organisation stable et rationnelle semble difficile pour l’administration des postes, si l’on tient compte qu’en quelque six mois entre 1907 et 1908, le service a dû faire appel à une dizaine de transporteurs différents pour faire la liaison de la gare de Draize à Chaumont.
En 1931, à des fins d’amélioration, la Poste envisage dans la région de Chaumont-Porcien la création d’un circuit automobile rural qui pourrait satisfaire les communes.
[1]Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 22, « Chronique locale et régionale », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, onzième année, n° 3484, vendredi 5 septembre 1890, p. 2 [presse locale ancienne, vue 2/4, consultable en ligne].
En dehors du courrier, un autre moyen de relier les habitants de La Romagne est le téléphone. Le Préfet des Ardennes propose en 1899 un projet d’organisation de réseau départemental. Ceci nécessite la mise en place d’un très important emprunt de 600 000 francs remboursable sur 30 ans. La Romagne pourrait se rattacher à ce projet. Mais elle attendra 1906 pour que cela soit effectif et que ce service assure aussi l’échange des télégrammes.
Le premier gérant choisi pour ce service est monsieur Varlet en raison de ses qualités de boulanger, épicier, aubergiste. Le local est l’une des pièces de la maison dans laquelle il exerce déjà. Afin que le service fonctionne sans interruption et sans attente, sa femme est désignée comme suppléante.
La première guerre mondiale et l’occupation allemande de tous les villages environnants met fin à ce service. Ce n’est qu’en juin 1921 que le bureau de La Romagne, tout comme ceux de Draize et de Givron, est rouvert au public[1].
Parmi les gérants successifs de cette cabine téléphonique, on notera Léon Briard, Gaston Boudsocq, Mariette Lesein née Henri, Adrien Ravignon et madame Van der Beke.
[1]Bibliothèque Carnegie, PER CH Atlas 2, « P. T. T. service téléphonique » [rubrique Ardennes] in Le Courrier de la Champagne : journal de Reims, 20e année, n° 1 (23 janv. 1854)-34e année, n° 4123 (7 mai 1868) ; 34e année (8 mai 1868)-? ; 85e année, n° 1 (30 avr. 1919)-87e année (25 sept. 1921), Reims : [s.n.], 1854-1921, 87e année, dimanche 5 juin 1921, p. 3 [presse locale ancienne, vue 3/4, consultable en ligne].
Rares sont les particuliers qui possèdent personnellement une ligne téléphonique jusqu’à l’après-guerre, en dehors des Etablissements Malherbe qui ont été les premiers. En 1954, le téléphone rural automatique est installé à La Romagne. Le développement du fixe et du portable fera disparaître définitivement ces cabines du village.
La Romagne est bâtie sur un contrefort entre deux petites vallées assez encaissées, tout en étant agrémentée de quelques forêts. Le sous-sol du village remonte au Crétacé inférieur et a été étudié à la fin du XIXe siècle, non seulement pour sa formation géologique, mais aussi pour la présence de fossiles.
Les versants des petites vallées sont constitués de roche siliceuse, de calcaire argileux bleuâtre et d’oolithes ferrugineuses. Ces roches oxfordiennes sont surmontées de gaize[1].
C’est « une des roches les plus légères ; elle est tendre, argileuse, siliceuse, et contient une assez forte proportion de silice gélatineuse soluble dans les alcalis ; on y remarque quelques grains de glauconie ; elle se délite à l’air avec une grande facilité, et donne des terres qui sont le plus souvent sableuses et sèches ; dans les endroits où elle est riche en argile, le sol est compact, peu perméable[2] ».
La présence de cette gaize sous une couche de terre variant de 0,5 à 1,5 m est attestée lors de l’exploitation de carrières à ciel ouvert tant au Courtil Mouriau [cadastre section B n° 639] qu’au Pré des Roizes (idem, section B n° 629 et 630] ou au Fossé du Château [idem, section B n° 555[3]].
[1] La gaize est une roche sédimentaire composée de silice, particulière aux Ardennes. Ce substantif féminin s’applique dans la région à un grès très fin, en partie détritique, en partie d’origine chimique, généralement entre gris et verdâtre, souvent poreux et léger.
La marne crayeuse, qui date du Cénomanien[1], « forme plusieurs îlots (124 hectares) aux points les plus élevés ; notamment entre le Mont Vergogne et la Blaisotterie : elle contient quelques nodules de phosphate de chaux. Une vingtaine de sources disséminées sur le territoire[2] ».
Le sol est en général assez pauvre, ce que confirme le mémoire des intendants qui couvre les années 1659 à 1665, et dans lequel le terroir est ainsi décrit : « Le territoire de ce lieu est de petite étendue et situé en mauvais pays ne consistant qu’en mauvaises terres maigres et partie stériles et en quelques bois qui donnent moyen aux habitants de gagner leur vie néanmoins avec peine. »
De son côté, l’enquête de Terwel[3] présente ce terroir comme « médiocre et de mauvaises terres ». Ceci est confirmé jusque dans les rapports établis au début XIXe siècle pour le canton de Chaumont-Porcien. Ils notent que la culture y est difficile. Cela reste vrai, jusqu’à ce que les exploitations du canton se tournent vers l’élevage : les terres qui le composent sont en effet « fortes, humides et propres aux prairies[4] ».
[1] Le Cénomanien est le premier étage stratigraphique du Crétacé supérieur.
[4]Archives départementales des Ardennes, 3W 18 [série W = archives publiques entrées par voie ordinaire hors état civil, officiers publics et ministériels, postérieures au 10 juillet 1940].
Dans le sous-sol environnant, on note que sont disséminées des oolithes[1] ferrugineuses, parfois abondantes, au point de constituer un minerai à gangue argileuse. Ce fer est exploité des XVIe au XIXe siècles comme l’attestent certains documents.
Concernant l’abbaye de Chaumont, ils relatent les différends de celle-ci avec quelques locataires des censes qui se trouvent sur le terroir de La Romagne : des actes notariés, les registres de tailles ou plus tardivement quelques statistiques du canton de Chaumont-Porcien permettent d’en savoir plus.
Le mémoire de 1649 de l’abbaye indique que les religieux permettent à leurs fermiers de la Paternotte et de la Bouloi de « tirer de la mine de fer des terres les moins labourables et de la vendre aux maîtres de forge du voisinage ».
De plus, ils octroient à leurs fermiers « le droit de toquage [1] » contre le versement d’une redevance : son maximum est de 60 livres mais elle s’élève en 1675 seulement à quelque 29 livres, et n’est plus que de 14 livres pour l’année 1695.
[1] Le toquage est un droit accordé pour tirer du minerai de fer d’une terre dans les Ardennes.
Est-ce la diminution de revenus, qui éveille les soupçons des religieux ? En tout cas, ils se montrent très vite inquiets de constater que leur fermier de la Bouloi laisse aux maîtres de forges du Hurtault le droit de tirer de la mine sans leur en avoir référé.
Aussitôt, ils adressent une requête à l’intendant. Comme celle-ci reste sans réponse, ils consultent un avocat rémois qui répond que c’était défendu car cela participait à la dégradation du fonds. Les religieux sont donc selon lui en droit de se pourvoir en dommages et intérêts contre leur fermier, sans parler de l’interdiction de cette exploitation.
On ne sait ce qui s’est passé après cet avis, mais le problème ressurgit une quarantaine d’années plus tard : cette fois, il met en cause Marie Peltier, qui continue de tenir, depuis la mort de son mari Philippe Jadart, la cense de la Paternotte. Aidée de Pierre Jadart, de Jean et de Robert Bréart, elle exploite la castine[1].
La réaction des religieux est extrêmement rapide et fait vraisemblablement cesser l’exploitation. Pour se protéger de tout nouveau désagrément, et s’assurer de cette interdiction d’exploitation par les censiers, ils en font une clause dans le contrat de location des censes de la Bouloi et de la Paternotte signé en 1745 avec Jean Soret.
[1] Pierre calcaire blanchâtre ou carbonate de chaux impur qu’on additionne à certains minerais de fer contenant trop d’argile ou de soufre, pour les aider à fondre.
L’extraction et le transport du minerai demandent de la main-d’œuvre. C’est ainsi qu’à La Romagne on dénombre huit tireurs de mine dont les noms apparaissent dans le rôle des tailles 1702 (Jean et Hugues Gouverneur, Toussaint Pagnier, Jean Langlet le Jeune, Berthélemy Pronier, Antoine Hénin, Remy Noiville et Hubert Meunier).
Les effectifs diminuent (probablement en raison de la surveillance accrue des religieux) et l’on note la présence de 1725 à 1732 de Jean Barré et de Louis Camuseaux comme voituriers de mine, ainsi que de Pierre Goulard comme dernier tireur de mine.
Après ces dates, plus aucune mention à la mine n’apparaît avant 1842, date à laquelle l’exploitation du fer est de nouveau attestée dans le sous-sol de la commune : on y extrait encore le minerai et on précise « qu’il y avait depuis fort longtemps des forges à bras »[1].
On peut penser que l’exploitation n’a jamais cessé malgré les restrictions posées par les moines, d’autres lieux étant riches en fer, comme les abords du Bois Diot et des Houis ainsi que le secteur de la Cour Avril.
Ce minerai suscite-t-il des convoitises à une époque où la plupart de la population est pauvre ? Ce pourrait être une des explications du tragique fait divers vécu par un homme originaire de la Besace, assassiné 14 février 1767 « tandis qu’il était occupé à tirer et laver de la mine dans le bois de La Cour Avril[2] ».
[2]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 5 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 5 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, 1763-1772], acte de décès, vue 19/46, consultable en ligne.
Le minerai est exploité à l’époque à proximité de son extraction. Si les forges du Hurtault situées sur le ban et la paroisse de Signy sont assez anciennes et font émerger une dynastie de fondeurs comme les Bienfait, cette industrie et les profits que l’on peut en tirer accélèrent la volonté de tout moderniser.
Firmin de Canel (de la Cour Avril) et Philippe Lemaire, maître de forges et sieur de Seraincourt investissent quelque 3000 livres dans un projet « de rétablissement et construction de la masse du fourneau du Mirbion » [sic, c’est-à-dire Merbion] et consacrent de l’argent aux
A côté de ce travail du « fer et des matières pour le service du roi », ainsi que l’on nomme la production du Hurtault, il se développe dans les villages environnants et principalement à Lalobbe un autre artisanat, représenté par des potiers en fer.
Outre les nodules ferrugineux dans le sous-sol de La Romagne, il faut également noter la présence de quelques nodules de phosphate de chaux[1] que l’on va exploiter par la suite pour « marner les terres », c’est-à-dire les amender. La chimie permet d’améliorer les sols que La Romagne a reçus de la nature.
Bonhomme, Désiré Vital, charpentier, classe de mobilisation 1896, n° matricule du recrutement 2146[1], décoré de la croix de guerre, carte du combattant délivrée le 14 août 1930, né le 14 février 1880 à La Romagne, fils de Barthélemy Bonhomme et d’Elisabeth Olive Dupont.
Désiré Vital Bonhomme, affecté au 132e régiment d’infanterie, est rappelé à l’activité par la mobilisation générale (décret du 1er août 1914) et arrive au corps le 12 août 1914 dans la 19e compagnie du 132e d’infanterie, unité combattante. Il y restera apparemment jusque fin septembre ou début octobre 1915.
Ce régiment du 132e est en garnison à Reims. Il se met en route pour se porter vers la Belgique par étapes successives sous une chaleur accablante. Le 23 août au soir, il franchit la frontière et bivouaque entre Sartiau et Beaumont. Dans le lointain, des villages sont en feu. Le 24 août, il reçoit le baptême du feu et se dirige le soir sur Berelles, puis atteint Saint-Hilaire-sur-Helpe. Les jours suivants sont pénibles en raison de la fatigue, de l’encombrement des routes et du manque de ravitaillement. Du 2 au 4 septembre, il suit le mouvement général de retraite et livre un rude combat à Courboin. Le recul se poursuit, et le régiment se retrouve aux environs de Villers-Saint-Georges.
Le 12 au soir, il atteint Trigny (au nord-ouest de Reims) et, le lendemain, il doit se porter sur Prouvais. Il n’y reste pas et, à la suite de combats et sous le feu ennemi, il se porte sur Berry-au-Bac où il franchit l’Aisne. En octobre, il se trouve dans la région sud de Soissons. Le 13, il relève la tranchée entre Vailly et Soupir. Les bombardements sont incessants et le 30, il est cantonné à Limé où il se reforme durant les jours suivants. A partir du 7 novembre, il relève des fractions du premier corps d’armée dans les tranchées entre Vailly et Cys. Durant de longs mois, les soldats ne vont connaître que la vie de tranchées.
Désiré Vital Bonhomme rejoint ensuite le 1er génie compagnie 22/63 (le 1er octobre 1915) puis le 21e génie compagnie 22/63 (le 1er juillet 1917). Il est évacué le 1er août 1917 pour blessure à la jambe reçue à Verdun. A ce moment-là, il a le grade de maître-ouvrier. C’est une distinction traditionnelle spécifique de l’arme du génie, qui reconnaît par-là les qualités professionnelles du soldat, bien que le grade officiel soit celui de sapeur.
La compagnie 22/63 va avoir plusieurs citations, la première à l’ordre du 32e corps d’armée n° 672/A du 10 octobre 1917 : « A toujours fait preuve d’un entrain et d’un courage dignes d’admiration sous la conduite de son chef le capitaine Chalon ; s’est fait particulièrement remarquer par sa ténacité au cours des attaques du 20 août et du 8 septembre 1917 ; a continué ses belles traditions et n’a cessé de montrer les plus précieuses qualités militaires en travaillant sans relâche avec un calme qui ne s’est jamais démenti sous des bombardements journaliers d’une extrême violence et dans des nappes de gaz toxiques. Malgré des pertes sévères, a rempli à l’entière satisfaction de tous, les missions qui lui ont été confiées. Superbe unité, d’un moral des plus élevés, dont le dévouement et l’esprit de sacrifice sont au-dessus de tout éloge ».
L’unité reçoit une nouvelle citation à l’ordre de la 3e armée n° 514 du 19 septembre 1918 : « Sous l’énergique impulsion de son chef le capitaine Chalon, la compagnie 22/63 du 21e régiment de génie a continué ses belles traditions et n’a cessé de montrer les plus précieuses qualités militaires. Engagée dans la région de Monchy-Humières, a assuré dans des conditions particulièrement pénibles la construction des passerelles sur l’Aronde, a ensuite coopéré à la défense des positions et contribué par sa bravoure à briser les efforts ennemis pendant les journées du 9 au 11 juin 1918. Le 28 août 1918, brillamment entraînée par son chef le capitaine Paul Chalon, électrisée par l’attitude du sous-lieutenant Gaston Rey, a organisé le franchissement d’une rivière sans souci des lourdes pertes que lui faisaient subir quatre mitrailleuses ennemies installées sous casemate à moins de 50 m. A réussi à assurer avec des moyens de fortune, le passage de tout un bataillon, enthousiasmé par l’attitude héroïque de ses sapeurs ».
Le droit au port de la fourragère aux couleurs de la croix de guerre a été conféré à la compagnie 22/63 par ordre n° 132F du Général en chef commandant, en date du 3 octobre 1918. Désiré Vital Bonhomme est évacué le 22 mai 1918 pour éclats de grenade à la main gauche avec plaie profonde reçus à « Bois-le-Prêtre » (ambulance 5/69) puis pour blessures [sans plus de précisions] au cours d’opérations militaires (ambulance 15/17) et le 26 juillet 1918 pour avoir été atteint par le gaz moutarde (ypérite) à Soissons. En congé de démobilisation le 21 février 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1266 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne. Voir aussi les archives départementales des Ardennes, 3R2 28 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].
Carbonneaux, Adolphe Alfred Edmond, valet de chambre, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 2212[1], né le 17 avril 1878 à La Romagne, fils d’Auguste Adolphe Carbonneaux et de Marie Domitille Chanonier.
Adolphe Alfred Edmond Carbonneaux, affecté au 150e régiment d’infanterie, tué à l’ennemi le 26 septembre 1915 lors de la bataille de Champagne, est cité pour son action héroïque sur le monument aux morts de la Romagne.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1246 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Carbonneaux, Marceaux Alfred, peintre en bâtiment, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 618[1], décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire par décret du 23 octobre 1933, carte du combattant n° 13579, né le 17 février 1891 à La Romagne, fils de Nicolas Arsène Carbonneaux et de Marie Léa Rose Mauroy.
Marceaux Alfred Carbonneaux a participé à une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 31 octobre 1917. Blessé par éclats d’obus le 27 février 1916 au Fort de Vaux (Meuse) et atteint d’une plaie à la main gauche, il est cité à l’ordre du régiment n°9 du 31 mai 1916 « Soldat plein d’allant et de crânerie s’offrant toujours pour les missions périlleuses. A rempli son rôle d’agent de liaison volontaire avec le plus complet mépris du danger du 21 au 27 février. A été grièvement blessé ». Il a d’ailleurs été réformé suite à ses blessures (pour limitations des mouvements du poignet et des mouvements des doigts) par la commission de Toulouse le 25 juin 1917.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 248 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne. Voir aussi les archives départementales des Ardennes, 3R 241 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].
Carbonneaux, Nicolas Aristide, domestique, classe de mobilisation 1889, n° matricule du recrutement 1545[1], né le 22 avril 1869 à La Romagne, fils de Pierre Hubert Carbonneaux et de Marie Célina Bolle.
Nicolas Aristide Carbonneaux, mobilisé, est affecté au service des gardes des voies de communication. Il est libéré le 24 novembre 1914 puis est convoqué en avril 1915 et détaché en 1917 comme métayer à Sermiers (Marne). Il est renvoyé dans ses foyers le 30 novembre 1918. Il a participé à des campagnes contre l’Allemagne du 1er août 1914 au 22 novembre 1914 puis du 20 avril 1915 au 2 mars 1917.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1151 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Champenois, Arthur, cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 1016[1], né le 7 octobre 1882 à La Romagne, fils d’Ernest Joseph Champenois et Marie Léonie Ingebos.
Arthur Champenois a été mobilisé au 164e régiment d’infanterie, puis au 54e le 28 juillet 1916. Il a reçu une blessure de guerre par éclats d’obus. Il a dû subir une énucléation de l’œil droit. L’acuité visuelle de son œil gauche a été réduite à la perception lumineuse.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 185 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Chrétien, Eugène Jean Baptiste, ouvrier agricole, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 81[1], né le 20 mars 1883 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Venant Chrétien et de Marie Désirée Cugnard.
Eugène Jean Baptiste Chrétien a été affecté aux chemins de fer de l’Est comme poseur de rails. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 20 mars 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 177 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Chrétien,Gustave Henri, employé de commerce puis cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 245[1], né le 25 décembre 1887 à La Romagne, carte du combattant, fils de Jean-Baptiste Chrétien et de Marie Désirée Cugnard.
Gustave Henri Chrétien, mobilisé au 2e bataillon du 46e Régiment d’artillerie, est ensuite affecté au 161e régiment d’infanterie (le 17 avril 1915). Il est évacué en Champagne pour maladie fin septembre 1915. Il est alors détaché aux établissements Clément Bayard (le 23 octobre 1915). Il rejoint le 71e régiment d’infanterie le 20 juin 1916, puis le 25e régiment d’infanterie le 30 mai 1917. Plus tard, il est affecté à des sections de COA[2]. Il est intoxiqué par des gaz en août 1917. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne à partir du 2 août 1914 et a été démobilisé le 18 juillet 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 207 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne. Voir aussi les archives départementales des Ardennes, 3R2 49 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].
[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.
Chrétien, Pierre Firmin, vannier, classe de mobilisation 1895, n° matricule du recrutement 798[1], né le 26 novembre 1875 à La Romagne, fils de François Emile Chrétien[2] et de Marie Désirée Cugnard.
Pierre Firmin Chrétien passe du 5e au 3e régiment d’artillerie à pied le 7 mai 1916, puis au 70e régiment d’artillerie lourde grande puissance le 1er août 1917. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 22 janvier 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims,1R 1210 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
[2] Jean Baptiste Venant Chrétien d’après les archives départementales des Ardennes, 2E 369 6 [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 2E = documents de l’état civil en provenance du greffe du tribunal de grande instance de Charleville, cote 369 = fonds concernant La Romagne, sous-cote 6 = décennie 1873-1882].
Couvin, Armand Joseph, domestique puis cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 236[1], né le 3 novembre 1882, fils d’Alfred Fulgence Couvin et de Marie Eugénie Champenois.
Armand Joseph Couvin se trouve en novembre 1914 au 2e escadron du train des équipages puis passe au 82e régiment d’artillerie lourde, avant d’intégrer le 18 décembre 1918 le 85e régiment d’artillerie lourde. Il a été démobilisé le 3 mars 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 165 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Devie, Auguste Gustave, domestique, classe de mobilisation 1887, n° matricule du recrutement 1898[1], né le 15 août 1867 à La Romagne, fils de Nicolas Devie et de Marie Eugénie Lebrun.
Auguste Gustave Devie a été mobilisé et affecté au service des gardes des voies de communication. Il a été délivré de ses obligations le 2 septembre 1914. Il est pris dans les lignes allemandes le 7 septembre. Il ne sera libéré de l’occupation que le 6 novembre 1918. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 1er août 1918 au 2 septembre 1914.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1131 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Devie, Jean Baptiste Alfred, berger puis cultivateur, classe de mobilisation 1902, n° de matricule du recrutement 195[1], né le 24 février 1888 à La Romagne. Fils de Charles Victor Devie et de Marie Ursule Jennepin.
Jean Baptiste Alfred Devie, mobilisé au 161e régiment d’infanterie, part en convalescence durant 2 mois (du 25 août au 24 octobre 1914 à Chaumont-Porcien). Prisonnier civil, il est évacué par le centre de rapatriement du camp de Mailly. Il passe au 94e régiment d’infanterie le 23 janvier 1919 et est en congé de démobilisation en juillet 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 215 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Devie, Louis Aristide, ouvrier de culture, classe de mobilisation 1908, n° matricule du recrutement 226[1], né le 8 juin 1887 à La Romagne. Fils de Paul Emile Devie et Marie Armande Delaitre.
Louis Aristide Devie est maintenu dans son emploi de temps de paix au titre des sections de campagne de la compagnie des chemins de fer de l’Est du 2 août 1914 au 23 octobre 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 207 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Devie, Lucien Jude, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1893, n° matricule du recrutement 365[1], né le 15 avril 1873, fils naturel d’Eugénie Arthémise Deville.
Lucien Jude Devie est mobilisé au 5e régiment d’artillerie à pied au 16 avril 1916, puis rejoint le 82e régiment d’artillerie lourde. Il est affecté au 30 avril 1917 au 83e régiment d’artillerie lourde, revient au 82e le 3 octobre avant d’être versé le 21 décembre de la même année au 9e régiment d’artillerie à pied. Blessé le 9 avril 1916 à son poste de combat, il est cité à l’ordre de l’armée : « Bon soldat, courageux, très brave au feu. A été blessé à son poste de combat le 9 avril 1916. » Son congé de démobilisation intervient le 11 janvier 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1187 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Devie, Paul Alfred, cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° de matricule du recrutement 621[1], décoré de la médaille de la victoire le 23 février 1935, carte du combattant délivrée le 5 novembre 1927, né le 5 septembre 1882 à La Romagne, fils de Gustave Omer Devie et de Marie Emma Célestine Collet.
Paul Alfred Devie, mobilisé au 132e d’infanterie, est passé à la 6e section de COA[2] le 3 mars 1918 et au 1er régiment de zouaves le 6 mai 1918, puis au 355e régiment d’infanterie. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 12 août 1914 au 4 mars 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 169 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.
Devie, Paul Emile, domestique de culture, puis découpeur, conducteur d’automobiles, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 188[1], né le 26 janvier 1886 à La Romagne, fils de Paul Emile Devie et de Marie Armande Delaitre.
Paul Emile Devie a participé à une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 11 novembre 1918, au réseau de la Compagnie des chemins de fer de l’Est.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 200 série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Devie, Paul Henri, boulanger, classe de mobilisation 1888, n° matricule du recrutement 347[1], né le 21 janvier 1868 à La Romagne, fils naturel d’Eugénie Arthémise Devie.
Paul Henri Devie, parti pour le 106e régiment d’infanterie, rejoint la 6e section des COA[2]. Il est renvoyé dans ses foyers le 19 avril 1915.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1138 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.
Douce Jean Baptiste Emile, ouvrier agricole, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 136[1], né le 21 novembre 1890 à La Romagne, fils de Pierre Louis Isaie Douce et de Marie Estelle Miclet.
Jean Baptiste Emile Douce, tué à l’ennemi le 1e juin 1917, est cité pour son action héroïque sur le monument aux morts de la Romagne.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 234 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Dupont, Jean Baptiste Hippolyte, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1894, n° matricule du recrutement 1908[1], né le 15 avril 1874 à La Romagne, fils de Jean Louis Ernest Dupont et Marie Zoé Charbonneaux.
Jean Baptiste Hippolyte Dupont a été maintenu à son emploi de temps de paix au titre des sections de chemins de fer de campagne du 2 août 1914 au 5 janvier 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1201 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Gingembre, Emile, boucher (« sait tuer »), classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 1825[1], né le 8 octobre 1889 à La Romagne, fils d’André Emile Gingembre et de Marie Aline Ronsin.
Emile Gingembre, mobilisé au 30e régiment de dragons, passe au 1er génie à Versailles le 7 janvier 1916 puis au 21e génie le 1er avril 1918. Il a été démobilisé le 27 juillet 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 221 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Gosset, Emile Fernand, instituteur, classe de mobilisation 1898, n° matricule du recrutement 2135[1], né le 24 janvier 1879 à La Romagne, fils de Jean Nicolas Joseph Emile Gosset et d’Anne Philomène Trébuchet.
Emile Fernand Gosset, en unité combattante du 5 août 1914 au 18 février 1918, a été promu caporal-fourrier le 26 juin 1915, sergent-fourrier le 26 janvier 1916, puis sergent-major le 27 juin 1916. Il a été affecté au 9e bataillon du 135e régiment d’infanterie le 14 février 1918 puis au 9ème bataillon du 43ème régiment d’infanterie. Son congé de démobilisation a eu lieu le 20 janvier 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1156 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Hézette, Louis Julien, manœuvrier puis meuleur, classe de mobilisation 1898, n° matricule du recrutement 796[1], né le 20 mai 1881 à La Romagne, fils de Philomen Paulin Hezette et de Marie Catherine Léa Boudsocq.
Louis Julien Hézette est en unité combattante au 255e régiment, du 3 août 1914 au 13 avril 1916, puis du 9 août 1916 au 27 juillet 1918. Il est ensuite affecté au 103e régiment d’infanterie, où il se trouve du 9 septembre 1918 au 11 novembre. Il se rengage à la fin de la guerre.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 161 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Lacour, Marcel Georges, ouvrier agricole, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 2184[1], décoré de la médaille de la victoire, de la médaille commémorative française de la Grande Guerre et de la médaille militaire (par décret du 9 juillet 1928), né le 6 novembre 1880 à La Romagne, fils d’Auguste Lacour et de Florestine Dela.
Marcel Georges Lacour, parti en 1901 dans le 16e régiment de dragons et envoyé dans la disponibilité le 22 septembre 1904, a rejoint par ordre de mobilisation générale la 6e légion de gendarmerie le 2 août 1914. Il s’y est rengagé après la première guerre mondiale. Il a été admis comme officier de carrière le 1er avril 1928.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1266 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Lallement,Elie Abel Félicien, ouvrier maréchal-ferrant, puis maréchal-forgeron, classe de mobilisation 1902, n° matricule du recrutement 2093[1], décoré de la médaille de la victoire et de la médaille commémorative de la Grande Guerre, né le 1er juin 1889 à La Romagne, fils d’Arsène Lallement et de Marie Clotilde Eugénie Cugnart.
Emile Abel Félicien Lallement, mobilisé au 3e régiment de cuirassiers, passe ensuite au 33e régiment d’artillerie (le 31 janvier 1916) puis au 49e régiment d’artillerie (le 8 décembre 1916). Du 25 décembre 1916 au 27 mai 1917, il est dirigé sur l’armée d’Orient, non combattante. Il passe au 115e régiment d’artillerie lourde avant d’être réaffecté au 49e (le 27 mai 1917), puis au 33e régiment d’artillerie (le 23 février 1918). Il est démobilisé le 13 février 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 224 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Lallement, Victor Elie, maréchal-ferrant, conducteur d’automobiles, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 193[1], décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, né le 25 février 1886 à La Romagne, fils d’Arsène Lallement et de Marie Clotilde Eugénie Cugnart.
Victor Elie Lallement est cité à l’ordre du 155e régiment d’infanterie du 28 novembre 1918 : « soldat brave et dévoué, a toujours donné entièrement satisfaction dans l’accomplissement de ses fonctions et principalement pendant les combats offensifs d’août et septembre 1918 ».
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 200 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Lambert, Auguste Julien, ouvrier agricole puis poseur au service des voies, classe de mobilisation 1902, carte du combattant n° 7734, n° matricule du recrutement 1351[1], né le 25 juin 1893 à La Romagne, fils de Jules Emile Lambert et de Marie Léontine Fétrot.
Auguste Julien Lambert a été incorporé au 61e régiment d’artillerie de campagne puis au 13e régiment d’artillerie de campagne le 1e juillet 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 270 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Lambert, Auguste Ulysse, domestique de culture, puis jardinier, classe de mobilisation 1904, n° matricule du recrutement 162[1], carte du combattant délivrée le 28 février 1930, né le 10 avril 1890 à La Romagne, fils de Jules Emile Lambert et de Marie Léontine Fétrot.
Auguste Ulysse Lambert, mobilisé au 132e d’infanterie, est fait prisonnier aux Éparges le 8 mai 1915. Il est évacué par le centre de rapatriement de Nancy et arrive au dépôt transition isolé de la 6e région le 16 décembre 1918, selon un avis du 132e régiment d’infanterie du 14 janvier 1919. Son congé de démobilisation débute le 17 juillet 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 234 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Lange, Pierre Arthur, cultivateur, classe de mobilisation 1887, n° de matricule du recrutement 123[1], né le 29 juillet 1867 à La Romagne, fils d’Auguste Lange et d’Aglaé Eliacime Larmigny.
Pierre Arthur Lange, parti le 10 novembre 1888 au 37e régiment d’infanterie, caporal maître-armurier le 25 septembre 1890, rappelé par ordre du 1e août 1914, puis libéré le 2 septembre 1914, est resté en pays envahi pendant toute la durée de l’occupation allemande.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R1128 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Larchet, Alfred Zéphirin, manœuvrier, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 632[1], décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec palme, né le 29 avril 1882 à La Romagne, fils de Léon Ponce Larchet et de Désirée Lebrun.
Alfred Zéphirin Larchet a été cité à l’ordre du régiment par décision 1218 du grand quartier général le 31 juillet 1915 : « A eu les pieds gelés à la suite d’un séjour prolongé dans les tranchées. Il a été amputé du pied gauche et a subi la désarticulation du gros orteil droit. S’est toujours bien conduit, très bon soldat sous tous les rapports ». Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 12 août 1914 au 29 avril 1916.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 169 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Ledouble, Jean Baptiste Jules, sans profession, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 2256[1], né le 31 août 1892 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Ovide Ledouble et de Marie Catherine Brodier.
Jean Baptiste Jules Ledouble est exempté de service militaire. Il est pris dans les lignes allemandes le 28 août 1914 et sera délivré de l’occupation le 6 novembre 1918.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 259 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Legros,Victor Auguste, boulanger, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 112[1], décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, né le 1er novembre 1883 à La Romagne, fils de Charles Adolphe Auguste Legros et de Maria Devie.
Victor Auguste Legros a rejoint la 3e section de COA[2] le 15 décembre 1915. Il est affecté au 5e régiment d’infanterie le 23 avril 1916, est incorporé au 35e régiment d’infanterie le 25 septembre 1916, au 242e régiment d’infanterie le 15 décembre 1916, puis au 372e régiment d’infanterie le 30 septembre 1917. Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 27 mars 1919. Il est cité à l’ordre du régiment n° 484 du 21 juin 1918 : « Très bon sous-officier au cours de l’attaque du 10 juin 1918, a fait preuve de la plus belle endurance et d’une énergie remarquable ». Son congé de démobilisation date du 27 mars 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 177 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.
Lelong, Jules Alcide, cultivateur, classe de mobilisation 1889, n° matricule du recrutement 1502[1], né le 16 octobre 1869 à La Romagne, fils de Jean Baptiste Joseph Lelong et de Zélie Canneaux.
Jules Alcide Lelong, mobilisé, est dégagé de ses obligations militaires le 2 septembre et pris dans les lignes allemandes à La Romagne le 9 septembre 1914. Il a participé à une campagne contre l’Allemagne du 1e août au 2 septembre 1914.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1151 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Macquin, Brice Adolphe, menuisier puis épicier, classe de mobilisation 1900, n° matricule du recrutement 1013[1], né le 8 mai 1884 à La Romagne, fils de François Aristide Macquin et de Marie Sidonie Brodier.
Brice Adolphe Macquin a été maintenu à son emploi de temps de paix au titre des sections de chemins de fer de l’Est. Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 20 mars 1919. Il n’a pas sollicité la carte de combattant.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 185 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Macquin, Joseph Emile, cultivateur, classe de mobilisation 1906, n° matricule du recrutement 157[1], né le 27 mars 1890 à La Romagne, fils de François Aristide Macquin et Marie Sidonie Brodier.
Joseph Emile Macquin est au 16e régiment de dragons puis au 9e de dragons, avant de rejoindre le 1er groupe de remonte. Il est touché à la joue gauche et au thorax par éclats d’obus le 9 janvier 1918 : « Grenadier d’élite, blessé à son poste qu’il a occupé avec beaucoup de décision et courage sous un bombardement très violent (certificat n°21/4 par ordre du régiment n°27 au 1er février 1918) ». Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 29 mai 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 234 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Macquin, Paul Eugène, vannier, classe de mobilisation 1891, n° matricule du recrutement 1882[1], né le 1er mars 1874 à La Romagne, fils d’Antoine Jude Macquin et de Marie Elvire Devie.
Paul Eugène Macquin est mobilisé au 46e régiment territorial d’infanterie. Il effectue une campagne contre l’Allemagne du 1er août 1914 au 22 novembre 1914. Il est libéré des obligations militaires comme père de six enfants. Il sera rappelé le 5 mars 1915 au 46e régiment d’infanterie territoriale mais sera renvoyé dans ses foyers à la même date.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1201 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Marandel, Célestin Alfred, maréchal-ferrant, classe de mobilisation 1890, n° matricule du recrutement 403[1], né le 28 octobre 1870, fils de Jean Louis Marandel et de Marie Ernestine Millet.
Célestin Alfred Marandel est convoqué dès la mobilisation à la commission de réquisition des chevaux et voitures du camp de Châlons, puis libéré le 12 août 1914. Il reste ensuite en pays envahi pendant toute l’occupation allemande.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1159 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Marandel, Ernest Florentin, classe de mobilisation 1894, boulanger (« sait cuire »), n° matricule du recrutement n° 1896[1], né le 4 janvier 1874 à La Romagne, fils de Jean Louis Marandel et de Marie Ernestine Millet.
Ernest Florentin Marandel, caporal depuis le 1e décembre 1897, est mobilisé à la 6e section de COA[2], passe ensuite à la 1ère section de COA le 1er février 1916, puis à la 17ème section de COA le 16 mars 1917. Il effectue une campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 10 janvier 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1201 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.
Mauroy, Frédéric Henri, manœuvrier, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 239[1], né le 31 octobre 1887 à La Romagne, fils de Louis Alfred Mauroy et de Marie Léonie Devie.
Frédéric Henri Mauroy est maintenu dans son emploi de temps de paix au titre des sections des chemins de fer de campagne du 2 août 1914 au 23 octobre 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 207 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Mauroy, Henri Alphonse, menuisier en voitures puis charron carrossier, industriel, permis de conduire 8178 (toutes voitures) classe de mobilisation 1900, n° matricule du recrutement 1001[1], né le 28 juin 1884 à La Romagne, fils de Napoléon Mauroy et d’Irma Varlet.
Henri Alphonse Mauroy est mobilisé au 5e régiment d’artillerie à pied. Il est fait prisonnier à Givet[2] le 26 août 1914 et passe sa captivité à Konigsbrück. Il est rapatrié le 28 décembre 1918 puis rejoint le 5e régiment d’artillerie en janvier 1919. Il a fait une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 18 mars 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 185 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne. Voir aussi les archives départementales des Ardennes, 3R2 160 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 3R = anciens combattants et victimes de guerre].
[2] Le dossier d’ancien combattant dit « à Longwy ».
Mauroy, Louis Emile, couvreur puis plombier, conducteur d’automobiles, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 356[1], né le 9 mai 1881 à La Romagne, fils de Napoléon Mauroy et d’Irma Varlet.
Louis Emile Mauroy est mobilisé au 132e Régiment d’infanterie. Caporal le 24 mars 1915, il est détaché à la maison Barthe à Toulouse le 10 mars 1916. Il passe au 23e régiment d’artillerie le 1er juillet 1917. Il est détaché une seconde fois le 25 février 1918 dans une fabrique de Pont-de-Claix (Isère). Il passe le 28 février au 147e régiment d’infanterie. Il, est blessé aux Éparges le 5 avril 1915 par balle au coude gauche. Son congé de démobilisation date du 2 mars 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1272 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Mauroy, Louis Paul, garçon charcutier, classe de mobilisation 1896, n° matricule du recrutement 392[1], décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, né le 13 juillet 1876 à La Romagne, fils de Pierre Evangéliste Mauroy et de Marie Léa Bolle.
Louis Paul Mauroy est mobilisé au 37e territorial d’infanterie. Ensuite, il passe au 204e régiment d’infanterie le 28 janvier 1915, puis au 27e régiment d’infanterie territoriale le 17 juin 1917. Il a été blessé le 14 juin 1915 à Notre-Dame-de-Lorette (plaies par éclats d’obus). Il a été cité à l’ordre du régiment n° 131 en date du 21 octobre 1917. Son congé de démobilisation date du 27 janvier 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1220 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Mauroy Paulin Pierre, charpentier, classe de mobilisation 1898, n° matricule du recrutement 2190[1], né le 19 avril 1878 à la Romagne, fils de Pierre Evangéliste Mauroy et de Marie Léa Bolle.
Paulin Pierre Mauroy rejoint tout d’abord le 6e escadron du train, puis est détaché auprès de la maison A. Masson : matériel de guerre du génie, rue Preuilly à Auxerre. II passe au 46e régiment d’infanterie le 1er juillet 1917. Il est en congé de démobilisation le 27 février 1919. Il a effectué une campagne contre l’Allemagne du 4 août 1914 au 1er décembre 1915.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1 R 1246 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Millet, Irénée Alfred, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1890, n° matricule du recrutement 400[1], né le 21 avril 1870, fils de François Xavier Millet et d’Elisabeth Esther Deville.
Irénée Alfred Millet a été mobilisé, alors que son pays était envahi. Il rejoint le 9e régiment de génie le 7 septembre 1914. Il est renvoyé dans ses foyers en décembre 1914, mais est rappelé toujours au 9e régiment du génie à partir d’avril 1915. Il passe ensuite au 1er puis au 5e avant d’être affecté au 37e régiment d’infanterie en novembre 1917, pour être ensuite détaché agricole compagnie B à la préfecture de Troyes (Aube). Il est renvoyé dans ses foyers le 1er décembre 1918. Il a effectué des campagnes contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 12 décembre 1914 puis du 1er Avril au 26 août 1917.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1159 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Millet, Edmond Abel, ouvrier agricole, classe de mobilisation 1895, n° matricule du recrutement 736[1], né le 27 février 1877 à La Romagne, fils de François Xavier Millet et d’Elisabeth Esther Deville.
Edmond Abel Millet a d’abord été mobilisé au 5e régiment d’artillerie à pied. Il passe ensuite au 6e groupe d’artillerie à pied d’Afrique puis au 10e régiment d’artillerie à pied. Son congé de démobilisation commence le 31 janvier 1919.
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1232 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Noël, Jean-Baptiste Hubert, ouvrier agricole puis mécanicien sur locomotive, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 127[1], décoré de la croix de guerre, carte du combattant n° 11388 délivrée le 28 mars 1935, né le 7 juin 1885 à La Romagne, fils de Pierre Emile Noël et de Clémence Mauroy.
Jean Baptiste Hubert Noël est mobilisé au 19e régiment de chasseurs (le 3 août 1914). Ensuite, il passe au 10e régiment de chasseurs (le 17 février 1915), au 4e régiment des chasseurs d’Afrique (le 31 juillet 1915), au 97e régiment d’infanterie (le 7 septembre 1915), au 152e régiment d’infanterie (le 9 novembre 1916), et enfin au 68e régiment d’artillerie (le 18 septembre 1917). Il est cité à l’ordre du 152e régiment d’infanterie n° 100 en date du 14 juin 1917 : « Fusilier mitrailleur d’un courage et d’un sang-froid au-dessus de tout éloge. S’est distingué d’une façon toute particulière le 28 mai 1917 pendant l’attaque et au moment de la contre-attaque ». Il a été blessé par éclats d’obus à Vaux (Meuse).
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 193 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Pagnié, Antoine Elie, cultivateur, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 192[1], né le 16 février 1888 à La Romagne, fils de Jules Pagnié et de Marie Adeline Alixe Noiret.
Antoine Elie Pagnié été convoqué à la mobilisation générale puis renvoyé dans ses foyers le 18 août 1914. Rappelé le 7 novembre 1914, il n’a pas rejoint son régiment : il est présumé être resté en pays envahi, pris dans les lignes allemandes à La Romagne le 28 août 1914 (selon l’avis de la gendarmerie de Chaumont-Porcien en date du 1er mai 1919).
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 215 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Pagnié, Frédéric Lucien, cultivateur puis propriétaire éleveur, classe de mobilisation 1897, n° matricule du recrutement 315[1], né le 24 septembre 1885 à La Romagne, fils de Jules Pagnié et de Marie Adeline Noiret.
Frédéric Lucien Pagnié est mobilisé au régiment d’infanterie de Toulouse (ville dans laquelle il réside alors). Il est ensuite au 57e régiment d’artillerie, puis détaché à la poudrerie de Toulouse avant d’être au 14e régiment d’infanterie (le 1er juillet 1917). Il est démobilisé le 4 avril 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 193 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Petitti, François Désiré, patron boulanger, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 2288[1], né le 18 septembre 1884 à La Romagne, fils de Bernard Petitti et de Marie Angèle Dupont.
François Désiré Petitti, borgne de l’œil droit, est tout d’abord exempté par la commission de réforme mais, le 26 mai 1917, il doit rejoindre la 22e section COA[2]. Il est placé ensuite en sursis du 15 janvier au 30 juin 1918. Mais ce sursis est annulé et il rentre au corps le 13 avril 1918. Il est démobilisé en mars 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 186 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
[2] Commis et ouvriers militaires d’administration.
Roncin, Calixte Sulpice, maréchal-ferrant, classe de mobilisation 1894, n° matricule du recrutement 1887[1], né le 2 novembre 1874, fils de Chrysostome Sulpice Roncin et de Stéphanie Fressencourt.
Calixte Sulpice Roncin, mobilisé au 46e territorial d’infanterie, est libéré le 20 août 1914. Il a effectué une campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 20 août 1914. Il est décédé le 15 août 1917 à Labry (Meurthe et Moselle).
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 1R 1201 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Sinet, Jules, ouvrier agricole, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 17[1], décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre du régiment, carte du combattant n° 10158, né le 24 mai 1879 à La Romagne, fils de Paulin Sinet et de Marie Olive Lelong.
Jules Sinet est mis en sursis d’appel (prolongé jusqu’au 31 janvier 1917) au titre de la société anonyme du chemin de fer industriel de la plaine Saint-Denis et d’Aubervilliers. Il est ensuite détaché au 19e régiment de chasseurs à cheval, puis au 72e régiment d’infanterie comme éclaireur monté. Il est démobilisé le 30 janvier 1919. Il a obtenu une citation : « A, sous un bombardement d’une extrême violence, assuré la liaison avec un bataillon engagé dans des circonstances particulièrement difficiles ».
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 149 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Vuilmet, Lucien Hubert, vannier, classe de mobilisation non indiquée, n° matricule du recrutement 1009[1], né le 18 mai 1884 à La Romagne, fils de Pierre Marcellin Vuilmet et d’Appolline Adoxie Noël.
Lucien Hubert Vuilmet a été maintenu dans son emploi de temps de paix au titre des sections des chemins de fer de l’Est. Il a effectué une campagne contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 20 mars 1919.
[1]Archives départementales des Ardennes, 1R 185 [série R = affaires militaires, organismes de temps de guerre, sous-série 1R = préparation militaire et recrutement de l’armée, mobilisation, recensement des classes], registre matricule consultable en ligne.
Jusqu’en 1789, l’enseignement primaire est globalement assuré dans les diverses paroisses du Porcien et tout particulièrement à La Romagne mais, avec les troubles révolutionnaires, on assiste momentanément à sa régression.
Les décrets des 30 mai 1793 et 29 frimaire an II (1er décembre 1793) cherchent à réorganiser l’enseignement primaire, et donc à le soustraire aux « tenants du fanatisme et de la superstition », autrement dit aux religieux. Le décret du 27 brumaire an III, qui prévoit dans chaque département une école pour 1000 habitants, change l’organisation de l’enseignement dans les petits villages.
On en a la confirmation lors de la séance tenue le 11 nivôse an IV à Rocquigny, où l’administration signale qu’il n’y aura désormais plus que quatre écoles pour le canton. La première se trouve à Rocquigny, chef-lieu du canton. La deuxième est à Rubigny et regroupe les enfants de La Hardoye, Vaux et Wadimont. La troisième, à Mainbressy, accueille les élèves de Mainbresson. La dernière se situe à Librebois (nom donné à Saint-Jean-aux-Bois sous la Révolution) pour les écoliers de ce village, de Montmeillant et de La Romagne.
A la suite de cette décision, l’agent communal de La Romagne fait remarquer que « les élèves de la commune sont dans l’impossibilité de se rendre à Librebois en raison du mauvais état des chemins » et demande qu’un « sous-instituteur » (ce que l’on appellerait de nos jours un instituteur adjoint) soit établi dans la commune. Cette solution est adoptée quelque temps plus tard.
La Révolution n’institue pas la gratuité de l’école, ce qui est un frein considérable pour l’instruction : chaque élève allant en classe doit payer au maître une rétribution annuelle de 25 livres moitié en valeur métallique et moitié en assignats[1], ce qui représente pour certaines familles une somme considérable.
Vers 1807, on retrouve à La Romagne une situation identique à celle de l’époque prérévolutionnaire[2], puisque le maître d’école « faute de local réunit les enfants des deux sexes jusqu’à l’âge de 12 ou 13 ans » chez lui.
En 1829, le maire du village François Merlin adresse une lettre au recteur de l’académie de Metz, en réponse à sa demande de renseignements sur les moyens de prouver l’instruction donnée aux enfants de la paroisse de La Romagne. On apprend qu’à cette date le village n’a toujours pas de « maison d’école » mais qu’il en loue une pour la somme annuelle de 50 francs. On y découvre en outre que « les filles et les garçons sont séparés pour recevoir cette instruction conformément à l’ordonnance du 27 janvier 1808 [3] ». En 1833, sur les 478 communes que comptait le département, quatre-vingts n’ont pas encore d’école, alors qu’en 1855 Il comptera 428 écoles mixtes.
[1]Archives départementales des Ardennes, L 1336 [série L = administration et tribunaux de la période révolutionnaire (1790-1800), cotes L 1336-1337 = canton de Rocquigny, délibérations, an IV-1819, fonds concernant les hôpitaux, prisons, affaires cantonales et municipales].
[3]Archives départementales des Ardennes, 7J 43 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 7J = collection Guelliot, érudit local].
La première école du village fut construite en 1843 et prit par la suite la dénomination d’école de garçons, puisqu’en 1866, à la suite d’un décret impérial, une école de filles devait ouvrir. Contrairement au cas de Rocquigny, où il y a une école de filles tenue par les religieuses de la Divine Providence de Reims, La Romagne veut absolument avoir deux écoles laïques.
Mademoiselle Marie Eugénie Devie (née le 3 septembre 1833 à La Romagne, décédée le 10 septembre 1864 à Reims), religieuse d’une congrégation féminine enseignante[1], fille de Jean-Baptiste Devie et de Marguerite Virginie Devie, va changer radicalement la situation. Son legs[2] à La Romagne d’une maison située rue Basse (avec ses dépendances), des objets mobiliers qu’elle contient, et d’une rente annuelle de 300 francs, fait l’objet d’une disposition testamentaire[3] très précise : la commune ne pourra disposer des biens qu’à la condition expresse que « la maîtresse choisie devra pratiquer les devoirs de la religion », ce qui ne veut pas dire qu’elle doit être entrée dans les ordres. Mais la frontière est mince…
Au départ, le conseil municipal ne semble pas s’en réjouir : il craint que ce don ne génère pour la commune des dépenses importantes. Mais, à la suite d’une intervention du sous-préfet, les édiles réexaminent leur position, tout en ayant connaissance des protestations du frère de la donatrice, qui se sent spolié.
Finalement, et après avoir reçu quelques aides départementales en vue de l’équipement de cette école, les élus décident d’accepter cette donation, mais insistent pour que l’institutrice soit laïque. Sur ce point, la municipalité aura gain de cause. Des travaux sont engagés afin que cette maison soit appropriée à sa nouvelle fonction. Le financement en est assuré par la vente du mobilier légué en même temps que le bâtiment. Une souscription et un crédit s’y ajoutent. Compte tenu de la population scolaire dénombrée après le recensement de 1891, la création d’un tel établissement est plus que nécessaire. Cette école fonctionnera jusqu’en 1923.
[2]Archives départementales des Ardennes, 3Q 1583 p. 189 et 3Q 1584 p. 74 [série Q = domaines, enregistrement, hypothèques, sous-série 3Q = enregistrement et timbre, depuis l’an VII].
[3]Archives départementales des Ardennes, 3E 14/130 (testament), 3E 14/136 et 3E 14/137 (inventaire), étude de maître Courboin, notaire à Chaumont-Porcien [série E = état civil, officiers publics et ministériels, sous-série 3E14/1-324 = archives notariales de Chaumont-Porcien et Seraincourt].
Au bout d’une petite quarantaine d’années d’existence, l’école de garçons a besoin de réparations malgré son entretien régulier. Sa façade la plus exposée est finalement couverte d’ardoises. Le chauffage de la classe peut incomber aux communes ou aux élèves, qui doivent alors apporter des bûches (sachant que La Romagne est tenue de fournir et de veiller à l’entretien du poêle et des tuyaux).
Durant l’occupation allemande du village pendant la première guerre mondiale, l’école reste ouverte le plus souvent possible (sauf lorsque des troupes de passage en prennent possession). Elle est fermée par ordre le 19 février 1917, puis occupée à partir du 21 par des troupes qui restent plus de 3 mois.
Il ne semble pas que l’école ait eu à subir de gros dégâts durant cette guerre. Pendant l’année 1919/1920, outre l’enseignement primaire qui s’y déroule, des cours d’adultes et des conférences populaires s’y tiennent. Une enquête en date de 1921, faite auprès de l’instituteur (monsieur Bion) et de l’institutrice (mademoiselle Sinet), permet de mieux connaître la réalité du moment.
L’inspecteur primaire, dès 1922, pense qu’il serait bon de remplacer les deux écoles par une seule qui serait mixte[1]. Ce projet est en opposition avec les vœux d’un conseil municipal, qui s’élève contre une telle décision, et qui essaie de tirer argument de certaines conditions du legs reçu, en particulier à propos de la rente.
Ce représentant de l’inspection, fort d’un arrêté ministériel approuvant la délibération du conseil départemental de l’enseignement primaire des Ardennes relative à cette suppression tient bon. Il propose que, malgré l’opposition de la mairie, une demande soit adressée au ministre pour la suppression de ces deux écoles, en échange de la création d’une école mixte à classe unique. Il souligne toutefois que « si les effectifs futurs le permettaient l’école de filles serait rouverte ».
Cette promesse n’est qu’un peu de baume donné à ceux qui étaient attachés au passé scolaire du village. Mais cette clause n’a aucune chance de se réaliser, compte tenu du contexte. La décision de cette suppression entraîne aussitôt un conflit entre la municipalité et une habitante, héritière présomptive et déçue, qui prétend que la commune viole les intentions de la testatrice. Le différend est porté devant le tribunal, qui réfute cet argument, et qui souligne que la volonté bien certaine de la testatrice est d’exclure ses héritiers légitimes. L’affaire s’arrête là , et la rente trouve un autre emploi : elle sert désormais à financer un cours d’enseignement ménager de deux heures hebdomadaires, comprenant un cours de cuisine élémentaire et de couture.
Quant au bâtiment de l’école des filles, il va devenir, pour un temps, le presbytère de cette paroisse. Dès 1932, la construction d’une nouvelle mairie-école mixte est sérieusement envisagée par la municipalité, mais les instances scolaires tergiversent et ce projet n’est pas réalisé.
Les dégâts subis par le village en 1940 ont des répercussions tant sur le bâtiment que sur le fonctionnement de l’école. Celle-ci a une seule façade couverte en ardoise et des murs latéraux en torchis. Elle n’a comme seul aménagement que l’électricité. Les dégâts concernent le préau, la salle de classe et sa vitrerie. En effet, le mur mitoyen qui sépare la salle de classe et le logement de l’instituteur est largement percé. La salle du conseil municipal (qui se trouve juste au-dessus de la classe) a elle aussi assez souffert, sans parler de la toiture des toilettes qui est en partie arrachée.
Quoique l’école fonctionne normalement quant à l’enseignement dès le retour de la paix, la restauration du bâtiment n’est plus possible en raison de sa vétusté : plafonds trop bas, murs délabrés, boiseries pourries et cheminées dangereuses. De plus, sa situation à proximité du cimetière (pouvant causer des problèmes d’eau contaminée) et son inadaptation aux normes (manque d’espace par élève, etc.) sont signalées depuis longtemps.
En 1949, la décision de construire une école sur un autre emplacement est prise. Pour cela, la municipalité achète deux terrains contigus, dont l’un contient une source qui alimentera l’école en eau potable.
La commune confie la réalisation des plans à Robert Gauze, architecte parisien qui va privilégier la luminosité du bâtiment, en multipliant les fenêtres et les ouvertures.
C’est en 1954 que la nouvelle mairie-école est inaugurée, et en 1953 que la dernière promotion d’élèves se réunit avec monsieur René Jonnart dans la cour de l’ancien bâtiment.
L’arrivée du rail dans les Ardennes se fait à partir de 1860 pour les grandes lignes et dès 1865/1867 pour des lignes secondaires, ce qui permet à tous de se déplacer jusqu’au chef-lieu d’arrondissement ou du département pour vaquer à leurs affaires. Désormais, ceux qui n’ont pas comme certains particuliers une carriole, un cabriolet, ou même une voiture à quatre roues, vont pouvoir connaître d’autres horizons.
L’intérêt d’une voie locale traversant la Thiérache en partant du nord du département de l’Aisne pour aboutir soit à Amagne soit à Rethel est très vite compris et va donner des débouchés aux productions agricoles et industrielles (filatures, scieries, etc.). Si l’attrait économique est indéniable, l’intérêt militaire a aussi une grande importance et se fait sentir dès la guerre de 1870, même si celle-ci met pour quelque temps un frein à ce développement des communications.
Les premières difficultés qui surgissent sont celles du tracé et du lieu d’implantation des gares. Chaque commune défend ses intérêts avec véhémence et âpreté, essayant d’attirer la plus grande attention sur elle, en faisant parfois jouer les « relations parisiennes » de certains habitants (comme ce fut le cas pour Wasigny).
La solution définitive adoptée est le trajet Hirson – Amagne en passant par Liart, Draize, La Romagne, avec une desserte vers Amagne ou Rethel. Cette ligne, qui permet de relier le nord et l’est, compte un peu moins de 61 km ponctués d’un certain nombre d’arrêts aux gares suivantes :
dans le département de l’Aisne : Martigny et Aubenton ;
pour ce qui est des Ardennes : Rumigny, Liart, Montmeillant – Saint-Jean-aux-Bois (= Le Merbion), Draize – La Romagne (au kilomètre 41,253 m), Wasigny, Novion-Porcien, Novy et Amagne.
La ligne est exploitée par la Compagnie des chemins de fer de l’Est et est déclarée d’utilité publique en 1879. A l’origine, lors des discussions de 1880, l’implantation de la gare était prévue à Draize sur la droite du village. Mais c’était sans compter sur la municipalité de La Romagne, qui entendait ne pas négliger ses propres intérêts.
Le conseil municipal s’élève en effet contre ce choix et demande que la gare soit construite « en deçà du village de Draize sur le plein de Croanne pour en faciliter l’accès et permettre un développement ultérieur[1] ». Cette situation facilite le stockage et l’expédition des bois de grume et de sciage. On peut citer l’exemple de la scierie à vapeur de Douai, installée au niveau du quai à bois, et qui acquiert les arbres vendus par les communes de La Romagne ou de Givron. D’autre part, cette implantation aidera l’expédition des produits de la cidrerie Malherbe dans l’entre-deux-guerres. Plus tard, le train assurera le transport du courrier et des colis postaux, remplaçant les voitures qui partaient de Rethel.
Ce choix est un argument supplémentaire pour obtenir le classement du chemin n° 34 « en chemin de grande communication » puisqu’il permet les liaisons avec Hirson. La commune pourrait ainsi obtenir des subventions sur les fonds départementaux pour son entretien[1]. La Romagne obtient gain de cause et, en 1896, le chemin d’intérêt commun n° 34 est incorporé à la gare de Draize[2]. Cela permet de relier la gare au chemin de grande communication n° 2 de Tournes à Sevigny[3].
[2] « Les Moyens de transport » in Le Curieux vouzinois, Vouziers : mairie, 1982-, n°7, 1984, p. 45 et suivantes.
[3]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/MONTMEILLANT/O 5 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série MONTMEILLANT/O 5 = chemins vicinaux de Montmeillant], Chemin vicinal de grande communication de Rocquigny à la gare de Draize-la-Romagne : extrait de la carte départementale, rapport, pièce, 1886, signalée en ligne.
La ligne de chemin de fer entre en service en 1885, après la réalisation d’importants travaux. Ces derniers nécessitent l’emploi d’une main d’œuvre nombreuse et souvent d’origine étrangère, en raison du manque de ressources locales. Ce sont surtout des Italiens que l’on retrouve dans la construction de la partie qui concerne le village. En effet, entre 1883 et 1886, on relève dans les registres d’état civil la confirmation de la présence de ces ouvriers. Les uns sont terrassiers, les autres sont poseurs de rails.
Si la plupart d’entre eux vivent avec leur famille (soit au village soit aux Houïs), d’autres, beaucoup plus jeunes, se sont mariés avec des jeunes filles du village. Leur présence n’est attestée dans les registres de la commune que sur une période de quatre à cinq ans. La plupart d’entre eux ont ensuite quitté le village.
La construction de la gare de La Romagne est achevée dès 1884 et comprend :
un bâtiment voyageurs précédé d’une cour ;
un pavillon de lieu d’aisances de type A ;
une halle à marchandises de type n° 1 bis : ( = « ouverte avec une cour des marchandises bordée d’un quai découvert derrière lequel se trouve une grue hydraulique qui sert à peser les wagons »).
La voie 1 permet la circulation des trains dans le sens Hirson – Amagne à raison de quatre trains par jour[1] et s’arrête à la gare de Draize – La Romagne.
Départ
Horaires d’été
Draize – La Romagne
Hirson
5 h 37 11 h 20 16 h 48 21 h 35
6 h 40 12 h 26 17 h 53 22 h 37
Amagne
7 h 10 9 h 43 14 h 50 18h 50
7 h 51 10 h 17 15 h 22 19 h 24
La circulation des trains à la gare de Draize – La Romagne.
Chaque convoi comporte trois employés : un chauffeur, un mécanicien et un chef de train. La voie 2 est réservée pour la circulation inverse. Elle est équipée :
d’une fosse « à piquer », c’est-à-dire d’une cavité permettant de recevoir les résidus des machines et de faire le nettoyage du bas de la locomotive ;
d’un abri voyageurs sur le quai.
Les deux voies sont à écartements normaux (soit 1,44 m). D’autres lignes secondaires ouvrent dans les alentours jusqu’à la veille de la guerre de 1914 : certains lieux ont un intérêt stratégique (comme Liart où l’on construit des quais militaires). Avant chaque construction de ligne, il est nécessaire de prendre l’avis de la hiérarchie militaire qui autorise soit des voies normales soit des voies plus étroites (1 m ou 0,75 m), comme c’est le cas pour le tronçon Renneville – Wasigny – Signy. Selon cette instance, ce sont des voies qui seraient plus difficilement transformables et qui ne supporteraient pas de matériel lourd. L’ennemi serait ainsi ralenti.
[1]Archives départementales des Ardennes, DEP/ARDENNAIS 26. « Chemins de fer de l’Est : service d’été 1892 », in Le Petit Ardennais : journal politique [« puis » journal républicain] quotidien. 1re année, n° 1 du 31 mars 1880-35e année, n° 11991 du 25 août 1914. Charleville : [s.n.], 1880-1944, n° 4128, 2 juillet 1892, p. 4 [presse locale ancienne, vue 4/4, consultable en ligne].
L’alimentation en eau des machines se fait à partir de la capture d’une source située sur le pré vacher juste à côté du Pas de la vache. Elle remplit tout au moins au début un réservoir de 100m3. Ce dernier se révèle assez rapidement insuffisant, surtout dans le cas où il faudrait acheminer des troupes. C’est pourquoi, à partir de 1905, un réservoir de 200m3 fonctionnant indépendamment est adjoint au premier. Ces réservoirs sont détruits durant la première guerre, si bien qu’à la fin de 1918 et de façon provisoire, deux réservoirs de 30m3 sont installés jusqu’à la reconstruction, à partir de 1920, de deux châteaux d’eau. Il faut aussi réparer les voies dont certaines parties ont été arrachées par les troupes allemandes.
L’après-guerre fait émerger des considérations nouvelles pour le développement et la fréquence des trains. Selon certains, c’est un argument pour faciliter le repeuplement des campagnes : le transport ferroviaire offre un moyen d’évasion aux habitants. Ces derniers peuvent aller en ville pour traiter leurs affaires ou, tout simplement, rompre avec leur quotidien le temps d’une journée.
Ces demandes ne sont pas vraiment entendues, car des transformations de ce réseau secondaire se mettent en place petit à petit. Le trafic des voyageurs sur la ligne Liart – Draize ferme le 10 octobre 1938 mais il est rétabli pour un temps dès la déclaration de guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939.
La ligne subit des dégâts durant la seconde guerre mondiale. Ceux-ci sont réparés mais, comme la gare voit son activité décliner, elle est fermée au trafic voyageurs en 1952. C’est un service de bus qui assure la liaison des villages avec les bourgades proches. Le trafic marchandises se poursuit jusqu’en 1953 pour Liart et Draize et 1979 entre Draize et Amagne[1] (en circulation en voie unique). Cette ligne est déclassée en octobre 1967 pour le tronçon Liart Draize – La Romagne et en novembre 1965 pour le tronçon allant jusque Novion-Porcien.
[1] Dumont, Pascal ; Geerinck, Olivier, Sur les rails d’Ardennes et de Gaume, Breil-sur-Roya : les Éditions du Cabri, 2004, 175 p., collection « Images ferroviaires ; 14 », p. 75-78.
L’électrification du village est envisagée dès 1922 par l’adhésion de la commune au syndicat des communes rurales des cantons de Chaumont, Rumigny, Signy-le-Petit et Rocroi. Elle ne sera effective que quelques années plus tard, après la réalisation des travaux (dans un premier temps uniquement pour le village). Le maire Alfred Malherbe et le conseil municipal s’impliquent dans cette modernisation de La Romagne, au point que les bâtiments communaux disposent de l’éclairage électrique dès 1925. L’électrification des hameaux et des fermes isolées n’est approuvée que six ans plus tard.
Quant à l’éclairage des rues, il est installé en 1932 par la Société rurale d’énergie électrique des Ardennes. Les rues Haute et Basse sont pourvues de lampadaires. Leur disposition est étudiée de façon à éviter des accidents pouvant survenir à proximité du gué, ce dernier n’étant protégé par aucune barrière[1]. Tout comme le reste du village, le réseau électrique subira d’importantes dégradations au cours de la seconde guerre et ne sera complètement réparé qu’en 1947.
Dès que les conflits opposèrent catholiques et protestants, le Porcien et la Thiérache furent deux lieux de leur violente et farouche opposition, d’autant que certaines familles locales comme les Croÿ étaient partagées entre les deux religions. Pendant toute la génération précédant la promulgation de l’édit de Nantes[1], le pays fut ensanglanté et dévasté, les terres abandonnées faute de laboureurs, car les ligueurs du duc de Guise et la domination espagnole s’étendaient sur toute la région.
[1] Cet acte législatif allait permettre la pacification et donner des droits aux protestants, comme celui d’avoir leur propre cimetière (celui de Rocquigny date-t-il de cette époque ?).
A La Romagne, si on se fie au compte rendu du 2 juillet 1673 rédigé à la suite d’une visite pastorale par monseigneur Le Tellier (archevêque de Reims et frère de Louvois), il y aurait quatre ou cinq ménages protestants qui « vivent sans scandale » et qui « vont au prêche dans le diocèse de Laon », à moins qu’ils ne se rendent à celui « que la dame d’Heurcourt de La Hardoye fait tenir en son château, et auquel assistent les huguenots des villages circonvoisins[1] ».
[1]Archives départementales de la Marne, centre de Reims, 2G 252 [série G = clergé séculier, sous-série 2G = fonds de l’archevêché de Reims, cotes 2G 250-252 = administration spirituelle du diocèse, état des paroisses, visites des églises (1348-1789)].
Cette tolérance de l’ecclésiastique est d’autant plus remarquable que le contexte religieux des années postérieures le conduira à prendre des mesures relativement plus rigoureuses. Ce que montrent deux de ses ordonnances, l’une sur le mariage des nouveaux convertis (28 août 1686), l’autre sur le baptême (12 septembre de la même année) :
« Note pour les nouveaux convertis qui diffèrent depuis un an de s’approcher des sacrements, refusent de se confesser lorsqu’ils sont sur le point de se marier et de communier avant de recevoir la bénédiction nuptiale : ordonnons aux curés que les fiancés doivent se confesser et communier dans leurs paroisses deux ou trois jours avant et non ailleurs. Défense sous peine de suspense[1] au curé de donner la bénédiction nuptiale à ceux qui auront été absous de leur hérésie mais qui ne voudront pas se préparer à recevoir le sacrement de mariage par une bonne confession et une sainte communion. Lecture de cette ordonnance au prône de la messe de paroisse et par trois dimanches consécutifs[2] ».
« Ne peuvent être parrain et marraine les personnes suspectes d’hérésie ou qui ne veulent pas promettre de vivre et de mourir dans la foy[3] catholique. Même défense pour ceux qui ne se sont pas confessés dans l’année et qui n’ont pas fait leur communion pascale. Sont interdits tous les nouveaux convertis qui n’auront pas communié depuis leur abjuration ou qui dans la suite ne se seront pas confessés pendant l’année et n’auront point fait leur communion pascale ou ceux qui ne voudront pas promettre de vivre et de mourir dans la foy[4] de l’Eglise catholique[5] ».
[1] Mesure de droit canonique qui consiste à suspendre un prêtre de ses fonctions (ou de l’usage de son bénéfice).
[2]Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20720, pièce 13 [ensemble de 57 documents = XIV (mandements, ordonnances, etc. 1676-1709) de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)].
[5]Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des Manuscrits, Français 20720, pièce 20 [ensemble de 57 documents = XIV (mandements, ordonnances, etc. 1676-1709) de Charles Maurice Le Tellier, archevêque-duc de Reims (1642-1710)].
On se rend compte qu’au fur et à mesure du déroulement de son règne, Louis XIV entend que son royaume n’ait qu’une seule religion : pour aboutir à ce résultat, les brimades commencent. C’est ainsi que l’on va assister à des conversions d’abord sporadiques, puis plus fréquentes au cours de son règne. La majorité se déroule après la signature le 15 octobre 1685 de l’édit de Fontainebleau, qui met fin à la liberté religieuse.
La première à abjurer dont on retrouve la trace est Marguerite Crouet, native de la Romagne, qui abandonne sa religion en l’église de Rethel en 1682[1]. Cette date est très significative, car elle correspond à l’intensification des mesures décidées par le roi et son entourage pour lutter contre le protestantisme. Ces dernières sont en réalité déjà assez anciennes : depuis longtemps, le roi et le clergé encouragent les vexations et les avanies au nom du principe politique cujus regio, ejus religio exigeant que la religion du peuple soit nécessairement celle de son souverain.
Des ordonnances royales restreignent les applications de l’édit de Nantes promulgué en 1598, puisqu’elles permettent aux enfants de sept ans de se convertir, sans l’avis de leurs parents. On essaie aussi la corruption : une caisse des conversions est créée, et les nouveaux convertis peuvent toucher la somme de 6 livres (un peu moins de 180 euros actuels).
On apprend grâce aux registres paroissiaux que les conversions à La Romagne se sont déroulées pour leur majorité dans les deux années précédant la révocation de cet édit (qui fut durant 90 années environ la base de la paix civile dans le royaume, fondée sur l’acceptation de la diversité des confessions).
[1] Jailliot, Dr. J., « Le Protestantisme dans le Rethélois et dans l’Argonne jusqu’à la révocation de L’édit de Nantes (suite et fin) : XXIX les conversions dans l’Argonne et le Rethélois », in Revue d’Ardenne & d’Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique [publiée par la Société d’études ardennaises La Bruyère » puis, à partir de mars/avril 1895 par la « Société d’études ardennaises »], 1re année, n° 1 (novembre/décembre 1893) -22e année, n° unique (1915/1923), Sedan : imprimerie Laroche, 1893-1923, 13e année, 1905-1906, p. 216. [Nota bene : la collectivité éditrice du périodique, née en 1888 et morte dans les années 20, ne saurait être confondue avec la Société d’études ardennaises fondée le 26 janvier 1955 et devenue la Société d’histoire des Ardennes le 2 mars 2013].
Le 4 novembre 1683, Anne Boucquerie (femme de Pierre Crouet) abjure, tandis qu’une quinzaine de jours plus tard ce dernier fait de même. Il est bientôt suivi de Daniel et Jeanne Crouet (âgée de 90 ans) et Favet L’Escollier (nom qu’on trouve parfois orthographié Lescoyer ou Lescuyer). Ensuite, c’est le tour de Lazare Barré, Daniel de Troye, Pierre Bouquerie, Daniel L’Escholier et sa femme Marie Roland, Marie Crouet et Pierre Lanenant (plus probablement Lallement), dont la plupart réside aux Houis. Le 22 novembre 1685, on note l’abjuration de Daniel Coulon, un autre natif de La Romagne[1] (mais demeurant à L’Echelle[2]).
[1]Archives départementales des Ardennes, 49J 72 [série J = archives d’origine privée (entrées par voie d’achat, don, legs ou dépôt), sous-série 49J = collections généalogiques].
[2]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ECHELLE[L’]/E 1 [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ECHELLE[L’]/E 1 = registres paroissiaux et d’état civil de l’Echelle, 1669-1717], acte d’abjuration, vue 108/334, consultable en ligne.
Après ces reniements, on retrouve des traces de l’intégration de ces anciens protestants. Lazare Barré, marié à Marçon Petitfrère, a un fils Pierre en 1694 puis une fille en avril 1697, dûment baptisés et enregistrés dans le registre paroissial. Marguerite Crouet, épouse d’Abraham Vaché (dont le prénom biblique laisse supposer d’anciens liens avec le protestantisme[1]), met au monde en 1696 un garçon, dont le parrain est « Jean-Baptiste Dehaulme en lieu et place de frère Norbert Dehaulme » (ce dernier n’étant autre que le curé de la paroisse), et la marraine Louise Duguet (épouse de messire de Canelle).
De même, lors de la rédaction du testament de Jean Pronier et de sa femme Poncette Maupin, le curé choisit Daniel L’Escholier pour l’accompagner et lui servir de témoin. Ce choix peut montrer la volonté de réintégrer au sein de la paroisse des anciens adeptes de la religion réformée. Néanmoins, et probablement malgré les efforts déployés par le curé, il reste quelques farouches religionnaires : le 13 février 1714, à l’occasion de son mariage avec Michel Lefèvre (manouvrier[2] de la paroisse de Montmeillant), Claude Barjolle (fille de Jean Barjolle et de Rachel Barré) se convertit au catholicisme juste avant la célébration de la cérémonie. La renonciation se fait en présence du prieur de Montmeillant et « de la plus grande partie de la paroisse « ensemblée[3] » [sic, id est « assemblée »], marquant ainsi une certaine solennité. Comme les deux actes se suivent dans le registre, le lien entre ces deux événements est simple à comprendre.
Après cette date, plus rien n’apparaît dans les registres qui nous sont parvenus. Tous ces exemples prouvent que le protestantisme était bel et bien répandu dans le village et formait un solide foyer qui ne résista pas aux sanctions prévues : le logement des gens de guerre à titre de rétorsion était une véritable calamité. L’influence des curés ou des autorités communales, reflets des pouvoirs religieux et royal, a également beaucoup joué…
[1] On peut s’interroger sur la sincérité de l’adhésion de ce couple au catholicisme malgré les signes extérieurs de sa conversion.
[2] Ouvrier employé à de gros travaux, notamment dans l’agriculture.
[3]Archives départementales des Ardennes, EDEPOT/ROMAGNE[LA]/E 2, [série EDEPOT = archives communales déposées, sous-série ROMAGNE[LA]/E 2 = registres paroissiaux et d’état civil de La Romagne, 1713-1721], acte d’abjuration, vue 5/34, consultable en ligne.